3. Une industrie de main d'oeuvre
L'industrie aéronautique a sans doute connu une nette
diminution de ses effectifs. Entre 1980 et 1995, ils sont passés, dans
l'ensemble constitué de l'Europe, des Etats-Unis, du Canada et du Japon
de 1.381.487 à 1.023.600 unités, soit une baisse de l'ordre de
358.000, ou près de 25 % de la situation de départ.
Cette réduction, de date à date, a principalement touché
les Etats-Unis où les effectifs se sont contractés entre 1980 et
1995 de 250 000 personnes.
Ces données ne doivent cependant pas être
considérées comme significatives d'une tendance lourde au terme
de laquelle l'industrie aéronautique serait fortement destructrice
d'emplois.
En réalité, la moyenne des effectifs occupés a beaucoup
moins varié que ce qu'indiquent des comparaisons en glissement.
Celles-ci enregistrent en effet les variations cycliques de l'activité
qui génèrent des évolutions fortes d'effectifs du fait de
la flexibilité à l'oeuvre chez certains industriels, tout
particulièrement américains. L'évolution de l'emploi
aéronautique aux Etats-Unis respectivement entre 1980 et 1990 et depuis
illustre spectaculairement les effets de cette flexibilité.
Le niveau des emplois atteignait, en 1990, 946 000 personnes, soit 116 000 de
plus qu'en 1980 ; il n'était plus en 1995 que de 580 000, soit 250
000 de moins qu'en 1980 et même une perte de 366 000 par rapport à
1990.
Ces à coups, nettement moins accusés en Europe en moyenne,
n'empêchent pas l'industrie aéronautique d'être,
malgré les progrès technologiques, une industrie de main d'oeuvre.
Effectifs des principales industries aéronautiques et spatiales occidentales en 1997
|
France |
Allemagne |
Grande-Bretagne |
Etats-Unis |
Grands systémiers |
46.900 |
38.076 |
44.745 |
358.600 |
Motoristes |
20.900 |
8.534 |
29.501 |
100.600 |
Equipementiers |
27.500 |
16.404 |
46.845 |
139.400 |
Total |
95.300 |
63.014 |
121.091 |
598.600 (1) |
(1)
Autres + 270.000 = 868.600
Source : GIFAS - Rapport 1997-1998
Ils
témoignent plutôt des enjeux qui s'attachent pour chaque
entreprise et chaque pays à accroître ses parts d'un marché
fluctuant pour sauvegarder et développer l'emploi.
Cette ambition se justifie encore par les qualifications exigées par un
travail hautement spécialisé.
Effectifs de l'industrie aéronautique française (1)
|
|
1990 |
1996 |
1997 |
|||
|
Ingénieurs et cadres |
26.700 |
22,1 % |
25.000 |
26 % |
25.200 |
26,4 % |
|
Techniciens, dessinateurs, agents de maîtrise |
|
|
|
|
|
|
|
Employés |
16.300 |
13,5 % |
12.500 |
13 % |
12.200 |
12,8 % |
|
Ouvriers |
35.600 |
29,5 % |
23.900 |
25 % |
24.100 |
25,3 % |
|
Total |
120.700 |
100 % |
96.000 |
100 % |
95.300 |
100 % |
|
Grands systémiers |
57.000 |
47,2 % |
47.900 |
49,9 % |
46.900 |
49,2 % |
d'activités |
Motoristes |
27.800 |
23 % |
21.500 |
22,4 % |
20.900 |
21,9 % |
|
Equipementiers |
35.900 |
29,8 % |
26.600 |
27,7 % |
27.500 |
28,9 % |
(1)
95.300 salariés inscrits au 31 décembre 1997
(- 0,7 %), 92.000 emplois en équivalents temps plein.
Source : GIFAS Rapport 1997-1998
Cette caractéristique de l'emploi aéronautique rend, en effet,
beaucoup plus lourds de conséquences à la fois pour les
personnels et pour les entreprises les ajustements que peut nécessiter
la marche des affaires. Pour les premiers, ils peuvent s'accompagner d'une
déqualification qui, à son tour, est susceptible de menacer les
secondes d'une perte de substance difficilement recouvrable.