B. ESQUISSE D'UN BILAN PATRIMONIAL
1. Rappel des enjeux
La
dimension financière de la fusion a suscité bien des
interrogations.
La question a porté en substance sur la détermination de la
quotité du capital du nouvel ensemble à attribuer à MHT et
donc sur l'évaluation implicite d'Aérospatiale et des apports de
Lagardère.
Les enjeux attachés à cette question fondamentale doivent
être rapidement mentionnés.
Hormis les enjeux, privés,
concernant Lagardère, ils apparaissent relever de deux
catégories, patrimoniale et stratégique.
Sur le plan stratégique
, l'évaluation de MHT étant
supposée connue en raison de la cotation en bourse de Lagardère
SCA, l'attribution d'une quotité de titres Aérospatiale en
échange de l'apport de MHT à l'entreprise peut être
considérée comme une évaluation implicite
d'Aérospatiale. A l'heure où la structuration de l'industrie
aéronautique européenne bute en particulier sur des divergences
d'évaluation des entreprises, une telle évaluation consiste
à dévoiler ses cartes aux partenaires.
Elle résout implicitement les inconnues portant sur la valeur de
l'entreprise publique nées de son absence de cotation. C'est d'ailleurs
bien ainsi que les industriels extérieurs et les responsables politiques
à l'étranger rencontrés par votre rapporteur ont
appréhendé devant lui l'opération.
C'est probablement aussi la raison pour laquelle la Commission des
participations et des transferts (CPT) insiste tant dans son avis sur la
fusion
26(
*
)
sur l'absence de
prise en compte à ce stade des effets de synergie résultant du
rapprochement des deux entités et souligne que de tels effets devront en
revanche être estimés lors de la mise sur le marché du
nouveau groupe.
Sur le plan patrimonial
, étant rappelé
qu'Aérospatiale est jusqu'à nouvel ordre une entreprise publique,
il semble aller de soi que la valorisation implicite telle que retenue à
l'occasion de la fusion devait néanmoins, malgré les
précautions de la CPT, peser d'un poids certain au moment de la mise sur
le marché annoncée d'une quotité de 20 % du capital.
En outre, et surtout il importe de vérifier que la valorisation de
l'actif public n'a pas été minorée par rapport à
celle de l'actif apporté par Lagardère SCA ce qui serait synonyme
de perte sèche pour l'Etat.