VII. RÉSUMÉ DE L'ÉTUDE
L'étude qui suit, réalisée pour la
Commission
des finances du Sénat, s'attache à préciser la
réalité actuelle de la concurrence fiscale en Europe et les
évolutions probables de celle-ci dans le nouveau contexte de l'union
monétaire. Elle est centrée sur les prélèvements
directs et les droits d'accise, laissant ainsi de côté la TVA et
les impôts sur les revenus de placements mobiliers des ménages,
qui avaient fait l'objet d'une grande attention lors de l'achèvement du
marché intérieur européen (voir, notamment, la
précédente étude réalisée par l'OFCE sur le
thème de l'harmonisation fiscale en Europe, en 1990 : Sterdyniak et
alii, 1991).
Le premier chapitre est consacré à l'analyse théorique de
la concurrence fiscale entre entités gouvernementales dans un espace
économiquement, financièrement et monétairement
intégré ; s'appuyant essentiellement sur les travaux traitant du
cas des gouvernements locaux dans les fédérations, ce chapitre
met en exergue les principales conclusions des analyses théoriques de la
concurrence fiscale. Il conclut à l'existence de nombreuses
inefficiences dans la concurrence fiscale entre gouvernements.
Le deuxième chapitre traite de l'impôt sur les
sociétés. Il présente et met en oeuvre une méthode
permettant d'obtenir un indicateur synthétique des conditions
d'imposition du capital investi dans les entreprises des pays : le taux
d'imposition effectif, qui mesure l'écart entre le taux de rendement
brut -avant impôt- du capital et son taux de rendement net d'impôt
sur les sociétés. Le calcul d'un tel indicateur pour
différentes configurations envisageables de décisions
d'investissement d'entreprises européennes résidant dans l'un des
pays membres et investissant dans le même ou chez l'un des voisins,
permet d'évaluer l'intensité moyenne actuelle de la concurrence
fiscale pour attirer les implantations d'entreprises. Le chapitre conclut
à un degré relativement faible de concurrence fiscale en moyenne
; mais il souligne également que celle-ci peut être forte sur
certains types d'investissements, et qu'elle est susceptible de s'intensifier
à l'avenir, ce qui pose la question de l'harmonisation de l'impôt
sur les sociétés dans l'Union européenne.
Le troisième chapitre fait le point sur la question des cotisations
sociales et de leur lien avec le coût de la main-d'oeuvre.
Synthétisant de nombreux travaux existants, il insiste sur la
nécessité de distinguer les cotisations sociales ouvrant droit
à des prestations proportionnelles au salaire -chômage et
retraite, essentiellement-, qui ont un caractère assurantiel et
s'apparentent à un salaire différé, de celles qui
financent des prestations " universelles ", qui s'apparentent à
l'impôt. Les modes de financement de la couverture sociale sont
aujourd'hui en Europe extrêmement divers, et le France apparaît
relativement singulière dans ce domaine. Globalement pourtant, il en
ressort que la hiérarchie des niveaux de coût de main-d'oeuvre en
Europe ne reflète pas celle des taux de cotisations sociales. Quant
à la concurrence fiscale sur ces prélèvements, elle
apparaît actuellement limitée.
Le quatrième chapitre étudie en détail et compare les
modalités de l'imposition directe du revenu des ménages dans les
pays de l'Union européenne. Il met l'accent sur la progressivité
des barèmes et sur les questions de traitement fiscal des couples et des
enfants. Là encore, c'est l'extrême diversité qui frappe.
Ce chapitre conclut à la faiblesse de la concurrence fiscale sur ce type
de prélèvement, sans toutefois nier sa possibilité pour
certains segments de la population des ménages.
Le cinquième chapitre traite de l'imposition indirecte et plus
précisément des droits d'accise. Après avoir
présenté la situation actuelle en Europe et
hétérogénéïté qui prévaut en ce
domaine, ce chapitre s'attache à évaluer les conséquences
économiques des droits d'accise, en estimant des
élasticités-prix et revenu des demandes des biens
concernés, ainsi que des degrés de déprotection effective
liés à ce type de prélèvement. Il conclut que
ceux-ci sont, généralement faibles pour les consommations
privées, mais potentiellement plus importants pour les biens
intermédiaires taxés.