B. CHARGE FISCALE LOCALE : QUELQUES ÉLÉMENTS DE COMPARAISON AVEC L'ALLEMAGNE, LE ROYAUME-UNI, L'IRLANDE ET LE DANEMARK
La
charge fiscale que représente l'imposition locale sur les entreprises
peut faire l'objet d'une comparaison en construisant très simplement un
indicateur mesurant le coin fiscal local. C'est la démarche retenue par
Denny et Smith (1993) qui simulent la charge fiscale supportée par une
même entreprise dans différents pays. Cette entreprise est
supposée avoir une masse salariale de 60 et un chiffre d'affaire de
100. La valeur des immobilisations foncières bâties et non
bâties est égale à 50 et celle des autres imobilisations
corporelles (mobilier, matériel, outillage) est égale à
100. On suppose enfin que le coût du capital représente environ 16
% du stock de capital de cette entreprise. Le calcul de la charge fiscale
locale tient compte dans l'ensemble des simulations de l'éventuelle
déductibilité de l'imposition locale de l'assiette de
l'impôt national sur les entreprises.
• En ce qui concerne la France, les simulations faites par les deux
auteurs reposent sur l'hypothèse que l'impôt sur les
sociétés (IS) est égal à 35 %. L'assiette de la
taxe professionnelle est égale à 18 % de la masse salariale et
à 16 % de la valeur locative des immobilisations corporelles et on
suppose que cette valeur locative est elle-même égale à 16
% du stock de capital. Le résultat après impôt
rapporté au stock de capital est utilisé comme une mesure de
rentabilité, toute variation de ce taux étant due à la
seule taxe professionnelle.
En Allemagne, l'imposition locale des entreprises est encore plus complexe
qu'en France. La taxe professionnelle allemande
(
Gewerbesteur
), encore appelée impôt
commercial, est partagé entre les Länder et les communes, avec une
part prédominantes pour ces dernières (la quote-part de taxe
professionnelle représente 35 % des recettes fiscales communales en
1995). Le
Gewerbesteur
est en fait constitué de deux impôts
distincts : d'une part le
Gewerbekapitalsteur
, assise sur le
capital d'exploitation des entreprises, d'autre part le
Gewerbeertragsteeur
, assise sur le bénéfice. Depuis 1979,
la masse salariale a été exclue de l'assiette de cet impôt.
Outre l'impôt commercial, les entreprises allemandes (comme d'ailleurs
les particuliers) sont généralement redevables des impôts
fonciers dont le plus important est le
Grundsteur
B qui frappent le
bâti et le non bâti.
En Grande Bretagne, l'impôt local sur les entreprises est
l'Uniform
Business Rate
. C'est un impôt foncier assis sur la valeur locative
nette annuelle des biens fonciers bâtis ou non bâtis à usage
industriel et commercial et des équipements considérés
comme partie intégrante d'un bâtiment et inscrits sur une liste
nationale. Son taux est voté par la chambre des communes et son produit
est redistribué aux collectivités territoriales en fonction de
leur population adulte. C'est en 1990 que les britanniques sont passés
d'une imposition locale à une imposition nationale. Avant cette
réforme, la situation était semblable à celle que l'on
observe en Allemagne avec des disparités de taux de 1 à 5 (contre
1 à 30 en France). Depuis cette réforme, les taux effectifs sont
les mêmes sur tout le territoire, du moins si l'on fait
l'hypothèse que les valeurs locatives sont révisées
régulièrement.
• Le tableau 6 fait clairement apparaître, en France, une importante
dispersion des taux de rentabilité après impôt entre les
communes. Cette dispersion est beaucoup plus importante que dans les quatre
autres pays étudiés. A l'inverse, cette disparité de taux
est très réduite au Danemark et, depuis la mise en place de
l'Uniform Business tax
, il n'existe théoriquement plus de
différences de taux en Grande Bretagne.
Cependant, ce n'est pas tant la charge que représente la
fiscalité locale qui pourrait constituer un frein à
l'implantation d'entreprises en France que le manque de lisibilité qui
provient de l'émiettement de la carte administrative.
6. Taux de rentabilité après impôt dans 5 pays de l'Union européenne
Pays |
Echantillon |
Moyenne |
Ecart-type |
Moyenne/écart-type |
France
|
851
|
0,047
|
0,005
|
0,1094
|
Source
: Denny et Smith (1993).