M. le président. « Art. 1er. _ Est approuvé le rapport annexé à la présente loi relatif aux orientations de la politique de santé et de sécurité sociale et aux objectifs qui déterminent les conditions générales de l'équilibre financier de la sécurité sociale pour l'année 1998. »
Je donne lecture du rapport annexé :
« Rapport du Gouvernement
présentant les orientations de la politique de santé
et de sécurité sociale et les objectifs
qui déterminent les conditions générales
de l'équilibre financier
« La loi organique du 22 juillet 1996 a prévu que la loi de financement de la
sécurité sociale approuverait chaque année un rapport définissant les
orientations de la politique de santé et de sécurité sociale et les conditions
générales de l'équilibre de la sécurité sociale.
« Préserver, améliorer, renforcer notre système de protection sociale, donner
à chacun la meilleure chance de garder la santé, tels sont les objectifs du
Gouvernement à l'occasion de cette loi de financement. Ils s'expriment dans
trois priorités :
« _ améliorer la santé : l'objectif de la politique de santé, c'est
d'identifier au mieux les besoins de santé des populations, de développer et
d'organiser au mieux les moyens de prévention comme de soins pour y répondre
;
« _ réduire les inégalités et prêter une attention particulière aux plus
fragiles, tout en consolidant l'universalité de la sécurité sociale ;
« _ retrouver l'équilibre financier de la sécurité sociale, condition de sa
pérennité, à la fois par un financement plus assuré et plus équitable et par
une maîtrise des dépenses au service de l'impératif de meilleure utilisation
des ressources.
« Condition de la cohésion sociale, élément essentiel de la garantie des
droits fondamentaux, outil majeur de solidarité, la protection sociale concerne
tous les citoyens. C'est à eux qu'il appartient, en définitive, de définir les
priorités de la protection sociale et le volume global de moyens que la
collectivité entend y consacrer. C'est le sens de l'intervention du Parlement,
essentielle pour débattre et fixer les objectifs de la protection sociale.
Cette exigence de démocratie doit se retrouver sur le terrain, dans la
construction des priorités concrètes de l'action, en particulier dans le
domaine de la santé. Elle se traduit aussi dans le rôle des caisses de sécurité
sociale et de leurs conseils d'administration. Elle suppose une plus grande
transparence sur l'état sanitaire et social de notre pays et le fonctionnement
de notre système de protection sociale.
« 1. Une politique de santé au service des populations :
« Au regard des indications très synthétiques que sont l'espérance de vie
totale et l'espérance de vie sans incapacité, l'état de santé de la population
française apparaît satisfaisant, que ce soit par référence à des pays
comparables ou que ce soit en termes d'évolution. L'espérance de vie s'allonge
et les années de vie gagnées sont des années de vie en bonne santé.
« Il subsiste cependant un écart très important entre l'espérance de vie à la
naissance des femmes _ 81,9 ans _ et celle des hommes _ 74,0 ans _ en 1996
(données provisoires). La mortalité prématurée est importante par rapport aux
autres pays. Elle est notamment liée à l'alcoolisme, au tabagisme, mais aussi
aux accidents et morts violentes. De nouvelles maladies iatrogènes ou
transmissibles se développent. En outre, demeurent des inégalités importantes
entre groupes sociaux et entre régions. En 1993, l'espérance de vie des hommes
est de 70,4 ans dans le Nord - Pas-de-Calais et de 75,1 ans en Midi-Pyrénées ;
pour les femmes, respectivement, 79,4 et 82,4 années. Et l'on constate une
accentuation de ces disparités dans les années récentes. Certains groupes
sociaux sont de plus en plus vulnérables.
« Ces situations sont, pour partie, la conséquence de l'évolution des
conditions socio-économiques, et notamment de la montée du chômage, de la
précarité et de l'exclusion. Elles appellent aussi une politique de santé
publique renforcée, qui tire le meilleur parti de l'ensemble des moyens de
santé, au service des populations.
« 1.1. L'impératif de la participation :
« La politique de santé concerne tout le monde, professionnels de santé, élus,
associations et, en définitive, chaque citoyen. Leur participation à la
construction des priorités de santé est une condition pour atteindre les
objectifs de la politique de santé : une meilleure réponse aux besoins de la
population, une plus grande efficacité du système de soins et de tout ce qui
peut concourir à une meilleure utilisation des masses financières affectées à
la couverture maladie, une amélioration de la qualité, une meilleure adhésion
des populations à ces choix. C'est pourquoi le Gouvernement mettra en oeuvre
des Etats généraux de la santé, en liaison avec la Conférence nationale de
santé, qui se concluront à l'automne prochain. Il s'agit de permettre
l'organisation d'un très large débat public autour des objectifs de santé, des
droits des patients et de l'organisation du système de soins. Ces Etats
généraux comporteront une première étape, au niveau régional, à laquelle seront
associées les conférences régionales de santé. Par ailleurs, le Gouvernement
étudiera la possibilité de doter, d'une part, la Conférence nationale de santé
de moyens lui permettant de définir des orientations précises pour la prise en
charge des soins et, d'autre part, les conférences régionales de santé de
moyens et de structures permanentes afin de suivre, en liaison avec les
observatoires régionaux de santé, l'évolution des besoins de santé et de la
situation sanitaire des populations et de mieux préparer leurs travaux.
« Dans le même esprit, et en liaison étroite avec ces démarches, afin de
disposer rapidement de documents d'orientation servant de base à la nécessaire
recomposition des établissements de santé, les schémas régionaux d'organisation
sanitaire seront remis en chantier avec un double objectif : partir des besoins
de santé des populations et impliquer, dans leur élaboration, toutes les
parties concernées, dès l'amont de celle-ci.
« Par ailleurs, la création, en 1998, au sein du ministère, dans le champ de
la santé et des affaires sociales, d'une direction de la recherche, des études,
de l'évaluation et des statistiques devrait permettre de disposer de données
d'ensemble cohérentes à partir des productions des systèmes d'information
existants dans le domaine de la santé et, plus largement, du social.
« Son action favorisera la mise en cohérence, la transparence des différents
éléments d'information disponibles, la production de nouveaux matériaux et la
recherche, au service des pouvoirs publics, des décideurs de toute nature, des
professionnels, de la population, et, en définitive, du débat public. Elle
s'appliquera en particulier à mettre en place, en liaison avec les caisses
nationales de la sécurité sociale, un outil de suivi des objectifs de dépenses
par branche de l'ensemble des régimes obligatoires de base comptant plus de
vingt mille cotisants votés par le Parlement.
« 1.2. Une politique de la santé publique renforcée :
« Réunie les 30 juin, 1er et 2 juillet 1997 à Lille, la Conférence nationale
de santé a souligné la permanence des orientations qu'elle avait exprimées en
1996 et mis l'accent sur quatre objectifs :
« _ renforcer la prévention et la promotion de la santé des enfants, des
adolescents et des jeunes ;
« _ améliorer la prévention, le dépistage et la prise en charge des cancers
;
« _ diminuer l'incidence des affections iatrogènes et des infections
nosocomiales ;
« _ réduire les inégalités de santé inter et intrarégionales.
« Le Gouvernement partage les priorités de la Conférence nationale de santé.
Il agira, en particulier, dans les directions suivantes :
« 1.2.1. L'impératif de prévention :
« 1.2.1.1. Renforcer l'action à l'égard de l'alcoolisme et du tabagisme qui
sont responsables de plus de 20 % des décès :
« A cet égard, le Gouvernement confirme sa volonté d'appliquer intégralement
la loi Evin et son opposition à toute dérogation concernant la publicité en
faveur de l'alcool, même lorsqu'il s'agit de la Coupe du monde de football en
1998. Les taxes sur le tabac sont relevées de 1,3 milliard de francs, qui
serviront à financer des actions de prévention et d'éducation sanitaire
concernant, notamment, la lutte contre l'alcoolisme, le tabagisme et la
toxicomanie.
« Le dispositif spécialisé de lutte contre l'alcoolisme (centres d'hygiène
alimentaire et d'alcoologie), qui pratique une prise en charge globale, à la
fois sanitaire et sociale, sera renforcé. Le Gouvernement entend améliorer, en
1998, sa reconnaissance juridique et la prise en charge financière des soins
qu'il administre.
« 1.2.1.2. Développer la promotion de la santé des enfants, des adolescents et
des jeunes :
« Cette priorité s'insère dans l'objectif plus large d'un renforcement des
actions auprès de la jeunesse, dans le cadre scolaire et extrascolaire.
« La promotion de la santé en milieu scolaire sera renforcée en développant
d'une part l'éducation sanitaire qui relève de l'enseignement et, d'autre part,
les services de santé scolaire qui relèvent de la médecine scolaire. Le
Gouvernement développera les services de médecine scolaire, en particulier en
facilitant des reconversions de médecins libéraux dans la médecine scolaire et
en favorisant l'accès des médecins de ville en milieu scolaire. Les services de
médecine scolaire devront organiser, en lien avec les chefs d'établissement,
l'éducation à la santé dès le primaire.
« Le Gouvernement entend simplifier les dispositifs et améliorer la
coordination des intervenants en matière de santé des enfants et des
adolescents. Des expériences pilotes seront menées dès 1998, et notamment dans
le cadre des programmes régionaux de santé. Le problème de l'accueil, de la
prise en charge et du suivi des jeunes en souffrance sera prioritairement
examiné.
« La prévention du saturnisme infantile sera renforcée. Un programme
systématique de dépistage des intoxications au plomb sera mis en place en 1998.
Parallèlement, le dépistage des immeubles à risque et le programme de
réhabilitation seront étendus à l'ensemble du territoire national.
« Un programme de prévention bucco-dentaire est mis en place par la CNAMTS
(Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés) dans le
cadre d'un accord entre celle-ci et l'Etat.
« 1.2.1.3. Améliorer la prévention et le dépistage des cancers :
« Outre les mesures contre l'alcoolisme et le tabagisme, qui sont une cause
essentielle de surmortalité par le cancer dans notre pays, sera développé, dans
le cadre d'un accord entre l'Etat et la CNAMTS, un programme renforcé de
dépistage. En particulier, le dispositif de dépistage systématique des cancers
du sein et du col de l'utérus sera renforcé afin de couvrir l'ensemble du
territoire, d'ici à l'an 2000.
« Pour garantir la chaîne de qualité dans le dépistage, sera créé, d'ici à la
fin de cette année, un comité national de pilotage du dépistage.
« 1.2.2. Le renforcement des actions de santé publique :
« 1.2.2.1. Lutter contre les infections nosocomiales et les affections
iatrogènes :
« Dans ces domaines, notre pays a un effort particulier à faire. Le
Gouvernement a décidé d'accélérer la mise en place des équipes opérationnelles
d'hygiène hospitalière, ce qui implique des engagements supplémentaires de 182
millions de francs sur trois ans. De même, sera engagée la généralisation de ce
processus dans les établissements privés. En particulier, sera étendue
l'obligation de mise en place des comités de lutte contre les infections
nosocomiales. En outre, l'INSERM (Institut national de la santé et de la
recherche médicale) entame une expertise collective sur les maladies et
accidents dus aux médicaments et à leurs modalités de prescription.
« 1.2.2.2. Renforcer la lutte contre les maladies transmissibles :
« Le sida : au cours de l'année 1997, la lutte contre l'infection VIH s'est
caractérisée notamment par l'efficacité des associations thérapeutiques
antirétrovirales. Même si ces traitements comportent des limites (effets
secondaires, résistances, incertitude sur l'efficacité à long terme), on a
constaté une diminution importante des nouveaux cas de sida depuis un an.
Cependant, on estime de 4 à 5 000 par an les nouvelles contaminations. Et
l'accès au dépistage n'est pas suffisant puisqu'un tiers des personnes
atteintes ne connaissent leur infection qu'au stade de la maladie. Plus que
jamais, l'attention doit être portée sur la prévention. L'information du public
et la formation des professionnels seront renforcées en 1998, de façon
coordonnée, en prenant en compte ces éléments. Enfin, la prise en charge du VIH
par la médecine de ville et la mise en place des réseaux de soins seront
développées dès la fin 1997 et en 1998.
« L'hépatite C est une infection grave. Sa prévalence dans la population
générale est estimée à environ un demi-million de personnes, dont un quart
seulement connaît son statut sérologique. Le Gouvernement mènera en 1998 une
politique active d'incitation au dépistage de l'hépatite C, à travers un
élargissement des missions des centres de dépistage anonymes et gratuits, le
développement d'une stratégie de dépistage, fondée sur le volontariat,
notamment en milieu pénitentiaire, un développement des réseaux ville-hôpital
" hépatite C ".
« l.2.2.3. Poursuivre la lutte contre la toxicomanie et la politique de
réduction des risques en direction des usagers de drogues :
« Le Gouvernement renforcera les stratégies de prévention en direction des
plus jeunes avec le souci d'une approche globale. Les lieux de prévention et
d'orientation vers des prises en charge sanitaires et sociales, notamment en
direction des toxicomanes sortant de prison et des plus marginalisés, seront
augmentés. La coordination entre la médecine de ville, l'hôpital et les centres
spécialisés sera renforcée. Les crédits de la mission interministérielle de
lutte contre les drogues et la toxicomanie seront renforcés en 1998.
« 1.2.2.3.
bis.
Lutter plus efficacement contre le dopage en matière
sportive :
« La prévention et le contrôle des substances dopantes seront renforcés. La
recherche contre le dopage sera accrue, notamment en vue de permettre le
dépistage de substances actuellement indétectables.
« 1.2.2.4. Développer une politique active des soins palliatifs. Faire de la
lutte contre la douleur une priorité de santé publique :
« Un premier plan d'action sera mis en oeuvre en 1998 comportant une
information large du public, un renforcement de la formation initiale et
continue des médecins et une amélioration de l'organisation des soins. Par
ailleurs, le Gouvernement établira, avant la fin de l'année 1998, un bilan de
l'application des dispositions de la loi hospitalière du 31 juillet 1991
prévoyant que les établissements de santé mettent en oeuvre les moyens, définis
dans leur projet d'établissement, propres à prendre en charge la douleur des
patients qu'ils accueillent et ont l'obligation de leur dispenser les soins
palliatifs que requiert leur état.
« 1.2.2.5. Prévenir, reconnaître et traiter en tant que tels les maladies
professionnelles et les accidents du travail :
« Une politique forte s'avère nécessaire dans ce domaine, avec un dispositif
de reconnaissance des maladies professionnelles et des accidents du travail. Il
conviendra de renforcer le rôle et les moyens de la médecine du travail et des
comités d'hygiène et de sécurité. Un rapport sera présenté sur ces points au
Parlement à l'appui de la loi de financement de la sécurité sociale pour
1999.
« 1.2.3. Une nouvelle impulsion à la veille et à la sécurité sanitaire :
« Après la réforme de l'organisation sanitaire en 1992 et au début de l'année
1993 _ qui a vu notamment la création du Réseau national de santé publique, de
l'Agence du médicament et de l'Agence française du sang _, le Gouvernement
souhaite franchir une nouvelle étape pour tenir compte de l'évolution de notre
système de santé et pour que l'Etat s'organise afin de conduire une politique
active de prévention du risque.
« Le renforcement de la veille et de la sécurité sanitaire passe d'abord par
la mise en place de trois institutions nouvelles :
« _ l'Institut de veille épidémiologique aura en charge l'observation et la
surveillance permanentes de l'état de santé de la population et un rôle
d'information et d'alerte des pouvoirs publics à partir des données
épidémiologiques recueillies. La création de cet établissement public, par
transformation du Réseau national de santé publique, répond à la nécessité de
remédier à la dispersion de l'information sur les maladies qui nuit à
l'efficacité de la politique de santé publique dans notre pays ;
« _ une agence chargée de la sécurité sanitaire assurera l'évaluation et le
contrôle de l'ensemble des produits de santé. Elle assurera des missions, qui
sont aujourd'hui réparties entre plusieurs administrations, ou qui ne sont pas
suffisamment assurées. Elle sera dotée d'une forte capacité d'expertise interne
et externe pour mener à bien ses missions ;
« _ la création d'une agence chargée de la sécurité alimentaire répond à
l'impératif d'une politique active dans le domaine de la protection de la santé
au regard des risques d'origine alimentaire, dont la crise de l'encéphalopathie
spongiforme bovine a montré l'importance.
« L'efficacité de la sécurité sanitaire _ au-delà des responsabilités
fondamentales que l'Etat doit assumer _ repose aussi sur la participation de
tous, en particulier des professionnels de santé. Le Gouvernement s'emploiera à
ce que celle-ci soit une composante importante des actions de formation, des
projets d'établissement et de la politique d'évaluation et de recherche.
L'évaluation des pratiques professionnelles, la diffusion de recommandations
doivent s'inscrire dans cette perspective.
« Un crédit de 80 millions de francs est prévu en loi de finances pour
renforcer les moyens des institutions en charge de la sécurité sanitaire. Au
total, les programmes et dispositifs de l'Etat en faveur de la protection
sanitaire de la population (hors programme spécifique de lutte contre
l'alcoolisme, le tabagisme, la toxicomanie et le SIDA) se montent à 490
millions de francs, en augmentation sensible par rapport à 1997 (430 millions
de francs).
« En outre, la convention entre l'Etat et la CNAMTS permettra de dégager 300
millions de francs pour de nouvelles actions de prévention respectant les
priorités de santé publique retenues par la Conférence nationale de santé et le
Parlement dans la loi de financement de la sécurité sociale. Enfin, le
renforcement de l'implication des généralistes dans la prévention et leur
participation aux actions de santé publique décidées dans le cadre de l'option
conventionnelle devraient également favoriser cette nouvelle impulsion de la
politique de santé publique.
« 1.3. Un système de soins plus efficace et tourné vers les besoins de santé
:
« L'engagement et la compétence des personnels, à la ville et à l'hôpital, le
haut niveau technique des installations permettent à notre système de soins de
dispenser, globalement, des soins de haute qualité. En même temps, il subsiste
des pertes d'efficience, des gaspillages, conjointement à des besoins mal
satisfaits. Les difficultés d'accès aux soins des plus démunis, comme les
fortes inégalités inter et intrarégionales et entre catégories sociales, sont
des illustrations de cet état de fait. Parallèlement, le vieillissement durable
de la population réclame, à l'évidence, le développement de capacités de soins
spécifiques.
« Les comparaisons menées avec les pays voisins montrent que la dépense de
santé est relativement élevée dans notre pays malgré un taux de remboursement
moyen parmi les plus bas. Il existe, à l'évidence, des marges de manoeuvre pour
que, tout à la fois, notre système de santé réponde, dans les meilleures
conditions, à des besoins croissants de la population, tout en améliorant son
efficience globale. C'est la volonté forte du Gouvernement de mener à bien ce
double objectif en s'appuyant sur l'engagement des professionnels et des
populations, sans lequel rien de profond ni de durable n'est possible.
« 1.3.1. Dégager les priorités des systèmes de soins, à partir des besoins de
santé :
Si on veut tout à la fois maîtriser les dépenses de santé, améliorer la qualité
des soins et répondre aux besoins légitimes et croissants de la population, une
recomposition progressive de notre système de soins, appuyée sur les besoins de
santé, est indispensable. La définition de ces besoins doit s'appuyer
naturellement sur les comparaisons statistiques, les données épidémiologiques,
les travaux d'experts, mais aussi sur les points de vue des professionnels et
les attentes des populations. C'est dans cet esprit que le Gouvernement va
lancer les Etats généraux de la santé. C'est avec la même préoccupation que le
Gouvernement met en place un nouveau processus d'élaboration des SROS (schémas
régionaux d'organisation sanitaire), qui se mettra en oeuvre dès la fin 1997,
pour la construction d'une nouvelle génération de ces schémas, selon une
méthode d'élaboration interactive, avant la fin de l'année 1998. Le point de
départ de la démarche sera la prise en compte des besoins de santé et des
conditions de vie et de déplacement des populations. A partir de ces éléments,
les nouveaux SROS définiront la part qui revient à l'hospitalisation dans la
satisfaction de ces besoins et, corrélativement, éclaireront la place de la
médecine de ville et les liens entre le sanitaire et le médico-social.
L'implication des professionnels, des élus et de la population sera effective à
toutes les étapes et pas seulement en fin de parcours. Les conférences
régionales de santé seront étroitement associées à ce processus. L'animation de
cette démarche reposera à la fois sur les agences régionales de
l'hospitalisation (ARH), appuyées par les directions régionales
d'administration sanitaire et sociale et les caisses régionales d'assurance
maladie, et sur l'engagement de professionnels et de personnalités ayant une
légitimité dans le domaine de la santé. Ces démarches doivent tout à la fois
améliorer la pertinence des schémas, asseoir leur légitimité aux yeux des élus
et des populations et renforcer leur opérabilité.
« 1.3.2. Consolider le rôle de l'hôpital par une recomposition progressive du
tissu hospitalier et une amélioration de son organisation interne . »
« L'hôpital est une composante centrale de notre système de soins. Développant
les technologies les plus modernes, il est en même temps ouvert à toutes les
catégories sociales. S'appuyant sur un personnel mobilisé et de haute
qualification, il rend de grands services à la population. Cet apport est
essentiel. Le Gouvernement tient à le souligner. Il se traduira, en 1998, dans
l'évolution des budgets hospitaliers, sensiblement supérieure à celle que nous
avons connue en 1997.
« En s'appuyant sur les nouveaux SROS, les ARH mèneront une politique active
de recomposition du tissu hospitalier, avec le souci du décloisonnement des
différentes composantes de l'offre de soins et des découpages actuels des
secteurs sanitaires et du développement de réseaux. A partir d'une vision
d'ensemble des enjeux de santé sur leur territoire, et avec le souci d'une
légitimité démocratique renforcée, les ARH passeront avec les hôpitaux des
contrats pluriannuels, qui traduiront leurs priorités stratégiques, telles
qu'elles doivent ressortir des SROS, en prenant en compte leur projet
d'établissement.
« La recomposition du tissu hospitalier reposera sur trois critères
indissociables : le besoin, la qualité et l'efficience. L'hôpital doit en
priorité répondre aux besoins de la population, qui évoluent dans leur nature,
dans leur ampleur et dans leur localisation. L'hôpital doit, en outre, offrir
des prestations de qualité conformes aux exigences professionnelles et dans le
respect des normes de sécurité. L'hôpital, enfin, doit être une organisation
efficiente.
« Les inégalités à l'intérieur du système hospitalier seront combattues. Le
Gouvernement veillera à assurer une plus grande transparence dans les
procédures relatives aux relations entre l'Assistance publique-Hôpitaux de
Paris (AP-HP) et l'agence régionale de l'hospitalisation d'Ile-de-France. La
politique de réduction des inégalités entre régions sera poursuivie, à partir
de critères affinés comme le recommande la Conférence nationale de santé, en
s'appuyant notamment sur les travaux du Haut Comité de la santé publique. En
outre, les inégalités entre établissements seront également réduites en tenant
compte de la disparité qui peut exister entre la zone d'influence d'un
établissement et le découpage administratif auquel il est soumis. Enfin,
l'objectif des cliniques privées sera régionalisé, comme le prévoit la loi,
afin de rapprocher les modes de régulation des deux secteurs de
l'hospitalisation.
« Pour faciliter ces évolutions, l'Etat met en place un fonds de modernisation
hospitalière, doté de 500 millions de francs (en autorisations de programme),
dès 1998, destiné à financer des investissements nécessaires à la
recomposition. Parallèlement, un fonds de 300 millions de francs financé par
l'assurance maladie facilitera les adaptations sociales liées à ces
évolutions.
« Une impulsion aux actions de réorganisation interne des hôpitaux sera donnée
dans le triple souci de l'amélioration de la qualité des soins, du renforcement
de l'efficience et de l'amélioration des conditions de travail du personnel.
Dans le même esprit, seront étudiés les moyens d'améliorer les modes de gestion
interne de l'hôpital. Sur la base des observations de la Cour des comptes
relatives à l'activité libérale des praticiens hospitaliers, une attention
particulière sera portée à l'évolution des règles d'encadrement de cette
activité libérale et à leur contrôle.
« L'objectif de qualité des soins sera renforcé, grâce au développement des
procédures d'accréditation et de l'évaluation des pratiques, outils au service
de l'hôpital, des professionnels et, en définitive, des patients. C'est dans
cet esprit que l'ANAES (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en
santé) développera son activité, en lançant, dès réception des premières
demandes, les premières procédures d'accréditation des établissements de
santé.
« 1.3.3. Impliquer les professionnels dans la régulation de la médecine de
ville :
« Les dépenses de médecine de ville sont le résultat de millions d'actes et de
prescriptions réalisés par de très nombreux professionnels. L'évolution des
connaissances, des techniques, des médicaments conduit à une évolution des
pratiques. La diversité des patients et de leurs modes de vie rend inévitable
une multiplicité des pratiques médicales.
« C'est dans ce contexte qu'il faut concevoir la régulation des dépenses de
médecine de ville. Celle-ci s'appuie sur deux types de dispositifs, tous deux
nécessaires, tous deux, en eux-mêmes, insuffisants :
« _ la régulation globale qui s'articule autour d'objectifs, d'enveloppes et
de mécanismes propres à assurer leur mise en oeuvre. Fixer ainsi un cadre
général à l'évolution des dépenses est nécessaire pour assurer la pérennité de
notre système de couverture maladie, qui ne survivrait ni au déficit permanent
ni à la hausse constante de cotisations ou à la diminution des remboursements.
Pour autant, ces objectifs ne garantissent pas en eux-mêmes la qualité des
soins ni l'adéquation des ressources aux besoins ;
« _ la maîtrise médicalisée qui vise à bannir les pratiques dangereuses et
inutiles, mais plus largement à améliorer, en continu, les interventions des
professionnels. Personne ne conteste la nécessité d'éviter des gaspillages.
Mais cela ne passe pas seulement par des normes car l'acte médical ne peut
s'enfermer dans des protocoles uniformes, et la relation entre un patient et
son médecin ou d'autres professionnels de santé n'obéit pas à des standards. Et
il ne s'agit pas seulement de combattre les fautes et les déviances, mais aussi
de permettre une amélioration permanente des pratiques professionnelles.
« Le Gouvernement entend donc mener une politique de régulation des dépenses
de médecine de ville, en s'appuyant sur ces deux types de dispositifs, qui sont
complémentaires. Cela passe par une implication plus grande des professionnels
dans les dispositifs de régulation, qui ne peuvent fonctionner qu'avec leur
adhésion et leur participation. Cette perspective repose sur la conviction que
les intérêts des professionnels et de la protection sociale, loin d'être
antagonistes, sont convergents.
« Le Gouvernement est prêt au dialogue sur les moyens d'améliorer les
dispositifs de régulation globale, avec le souci, sauf événement particulier et
inattendu, d'assurer le respect des enveloppes fixées en début d'année en
fonction de l'objectif national d'évolution des dépenses d'assurance maladie
voté par le Parlement dans la loi de financement de la sécurité sociale. Il a
indiqué aux représentants des professions qu'il était prêt à étudier leurs
propositions. La maîtrise médicalisée doit également évoluer. Organisée
aujourd'hui autour des références médicales opposables (RMO), elle doit
s'enrichir par la diffusion de recommandations de bonne pratique. C'est,
d'ailleurs, un enjeu central de l'option conventionnelle. Le Gouvernement
souhaite prendre, en lien avec la profession, des initiatives pour dynamiser
l'activité des unions régionales de médecins libéraux en faveur de l'évaluation
des pratiques professionnelles, en vue de l'amélioration des soins, d'une
participation active à l'informatisation et aux systèmes d'information de santé
et, plus largement, de renforcer leur place dans le système de soins et dans
les actions en faveur de la santé publique. Il favorisera également le
développement d'expérimentations de réseaux de soins, avec le souci de la
qualité des soins, de la non-sélectivité des patients, de la coordination des
intervenants et de l'économie des moyens mis en oeuvre. Dans ce contexte, la
coopération ville-hôpital constitue un objectif essentiel. Le Gouvernement
s'emploiera à étudier la situation des infirmières et infirmiers libéraux. Il
s'attachera à prendre en compte les spécificités de l'exercice de cette
profession, notamment en milieu urbain.
« L'informatisation de notre système de santé peut être un levier majeur pour
les progrès de notre système de soins libéral. Provoqué par la volonté
d'automatiser les remboursements, il est important que ce projet acquière une
dimension plus large au service des professionnels et de la qualité des soins :
volet d'information médicale de la future carte d'assuré social, développement
des échanges d'informations entre praticiens pour une meilleure cohérence du
suivi des patients, diffusion de logiciels d'aide à la prescription et de
référentiels de bonnes pratiques, production d'informations à partir des
codages des actes et des pathologies à destination tant des praticiens que des
caisses et des organismes publics tels que l'Institut de veille
épidémiologique.
« Le Gouvernement donnera une impulsion nouvelle à l'informatisation du
système de santé, avec le double souci de mettre en place un pilotage cohérent
de l'ensemble du projet et de construire un dispositif au service des assurés
sociaux, des professionnels et de la qualité des soins.
« Il s'engage à accélérer la révision de la nomenclature.
« 1.3.4. Une attention soutenue à la formation des professionnels de santé
:
« Le Gouvernement a engagé une réflexion sur la réforme des études médicales,
tenant compte du changement profond du contexte scientifique et culturel de la
médecine et de la santé. Cette indispensable rénovation des études médicales
doit permettre de prendre en compte les besoins non satisfaits en matière de
prévention, de santé publique, et d'encourager l'orientation des étudiants dans
des disciplines pour lesquelles se fait jour une pénurie, comme l'anesthésie,
l'obstétrique et la psychiatrie. Elle doit s'attacher à promouvoir le rôle des
médecins généralistes. Compte tenu de l'urgence de la situation, le
Gouvernement présentera au Parlement, au cours de l'année 1998, des
propositions en vue d'améliorer les conditions d'exercice des spécialités
mentionnées ci-dessus dans les établissements participant au service public
hospitalier.
« La formation médicale continue, consacrée comme un devoir professionnel par
le code de déontologie, a été rendue obligatoire par les ordonnances du 24
avril 1996. Le caractère obligatoire est rendu indispensable par la rapidité de
l'évolution des connaissances.
« Le Gouvernement définira un cadre qui permette au dispositif de la formation
médicale continue de fonctionner correctement en répondant aux impératifs de
qualité, d'indépendance, de transparence qui, seuls, peuvent garantir son
efficacité et son adéquation aux objectifs généraux de la politique de santé.
L'organisation de la formation continue doit, en outre, favoriser les échanges
entre les différents modes d'exercice professionnel et non pas consacrer les
cloisonnements dont souffre notre système de santé.
« La même attention sera portée à la formation des autres professions
médicales et des professions paramédicales ainsi qu'à la formation médicale
continue hospitalière.
« 1.3.5. Une politique du médicament qui favorise l'innovation et évite les
surconsommations :
« Les dépenses de médicaments représentent 15 % des dépenses de santé, soit un
niveau élevé à l'intérieur de l'Union européenne, principalement du fait des
consommations très élevées de certains produits.
« Pour de nombreuses classes de médicaments, les comparaisons internationales
semblent indiquer une surconsommation de médicaments en France. L'Observatoire
des prescriptions établira un bilan de l'adéquation entre les prescriptions et
les besoins pour les principales classes thérapeutiques, et des objectifs
seront définis pour chacune d'elles.
« Sur cette base, sera développée la politique conventionnelle avec les
industriels, avec l'objectif global de réduction des volumes d'unités vendues,
tout en favorisant la recherche de nouvelles molécules. En outre, le Comité
économique du médicament fera appliquer, lors de l'inscription ou de la
réinscription des médicaments au remboursement, les règles de conditionnement
qui viennent d'être redéfinies par la Commission de transparence. De même,
l'objectif de limitation des dépenses promotionnelles sera poursuivi avec une
vigueur renforcée, dans le cadre de la politique conventionnelle. La taxe sur
la publicité pharmaceutique sera aménagée : son taux sera croissant en fonction
de la part des dépenses de promotion dans le chiffre d'affaires ; mais la
promotion des médicaments génériques bénéficiera d'un abattement. Le rendement
de cette mesure est de 300 millions de francs.
« Parallèlement, l'utilisation de génériques et de médicaments essentiellement
comparables sera encouragée. L'option conventionnelle ouvre également, à cet
égard, des perspectives qu'il faudra consolider. Enfin, le Gouvernement mettra
à l'étude la mise en oeuvre d'un droit de substitution des pharmaciens tenant
compte de la nécessaire adhésion des prescripteurs.
« Enfin, la qualité de la prescription pharmaceutique sera améliorée, dans le
cadre de l'action globale auprès des prescripteurs, de promotion des « bonnes
pratiques ». C'est un enjeu essentiel que d'améliorer l'information des
prescripteurs. Il y a là un rôle central pour l'action publique, dans lequel la
CNAMTS doit prendre une place déterminante.
« 1.3.6. L'assurance maladie ouverte à tous avec une attention particulière
aux plus modestes :
« Le Gouvernement présentera au Parlement, en 1998, un projet de loi
permettant la mise en place d'une assurance maladie universelle. Cette réforme,
en rupture avec l'organisation actuelle de la Sécurité sociale, vise à offrir à
l'ensemble des personnes résidant en France un dispositif garantissant le droit
aux prestations en nature de l'assurance maladie. Le système actuel, constitué
au fil du temps, est d'une extrême complexité, qui ne garantit pas la sécurité
des droits accordés et ne permet pas aux plus défavorisés d'y accéder
facilement.
« La réforme mise en place garantira à tous les résidents l'accès à la
sécurité sociale et, pour les plus démunis, la prise en charge du ticket
modérateur. La prochaine mise en oeuvre de l'assurance maladie universelle a
pour corollaire la généralisation de la contribution des résidents à son
financement. C'est le sens de la substitution de la CSG à la cotisation
maladie.
« 2. Une politique de sécurité sociale axée sur l'approfondissement des
solidarités :
« 2.1. Une politique familiale davantage tournée vers les familles modestes
:
« L'effort de notre pays en matière de politique familiale, sous forme de
prestations sociales et d'aides sociales et fiscales, est important en regard
de ce que font les autres pays européens. Il est cependant inégalement réparti.
Le Gouvernement souhaite mettre davantage de justice dans les transferts
financiers vers les familles, avec le souci d'une appréhension globale de la
politique familiale et la volonté de restaurer l'équilibre financier, gravement
compromis aujourd'hui, de la branche famille.
« 2.1.1. Des transferts financiers plus justes :
« Aujourd'hui, les allocations familiales ne sont distribuées entre dix-huit
et vingt ans que si l'enfant est étudiant ou suit une formation en alternance,
sous certaines conditions. Elles ne sont pas attribuées à des familles, souvent
modestes, qui conservent des enfants à charge, chômeurs ou sans activité
particulière. Le Gouvernement a décidé de corriger cette situation pour les
jeunes de dix-huit à dix-neuf ans. A l'inverse, les allocations familiales ne
seront plus versées pour les familles qui disposent d'un revenu net supérieur à
25 000 francs. Ce plafond est majoré de 7 000 francs pour les biactifs et les
familles monoparentales et de 5 000 francs par enfant à partir du troisième. Le
Gouvernement veillera à ce que les caisses d'allocations familiales puissent
faire face aux évolutions de la situation des ménages concernés. Cela touche
350 000 familles sur un total de 4 500 000 qui perçoivent les allocations
familiales. Et, aujourd'hui, ce sont les familles les plus favorisées qui
bénéficient des aides les plus importantes. Un couple avec deux enfants qui
gagne 700 000 francs nets par an reçoit 40 500 francs. S'il gagne 100 francs,
il reçoit 9 200 francs. Cette mesure sera réexaminée en 1998 à l'occasion de la
redéfinition de l'ensemble des aides à la famille.
« Par ailleurs, les aides au logement, qui concernent des familles modestes et
très modestes (le niveau moyen des ressources annuelles par ménage est estimé à
49 160 francs en 1995), ont été revalorisées au 1er juillet 1997, après trois
ans de stagnation, ce qui représente un coût, pour la CNAF (Caisse nationale
des allocations familiales) de 650 millions de francs. Le Gouvernement entend
poursuivre cet effort avec le souci de rapprocher progressivement l'allocation
de logement familiale (ALF) et l'aide personnalisée au logement (APL).
L'implication des caisses d'allocations familiales dans les fonds de solidarité
pour le logement sera généralisée et amplifiée.
« 2.1.2. Des aides à la garde d'enfants plus justes et mieux orientées :
« Aujourd'hui, outre les 250 000 enfants de moins de trois ans accueillis à
l'école maternelle, près de 500 000 enfants bénéficient d'un accueil aidé ;
plus de la moitié est gardée par une assistante maternelle, ce qui induit le
bénéfice de l'AFEAMA (Aide à la famille pour l'emploi d'une assistante
maternelle agréée) ; plus de 40 % sont en crèche et environ 7 % sont gardés à
domicile par un salarié, leurs parents bénéficiant de l'AGED (Allocation de
garde d'enfant à domicile). Il existe des différences très importantes dans les
aides publiques aux différents modes de garde, qui privilégient la garde
individuelle (le cumul de l'AGED et de la réduction d'impôt pour emplois
familiaux peut représenter une aide publique dépassant 80 000 francs par an),
au détriment des modes de garde en crèche familiale ou collective.
« Le Gouvernement rééquilibrera l'aide aux différents modes de garde. Le taux
de prise en charge des cotisations sociales par l'AGED passera de 100 % à 50 %.
Ce taux sera toutefois de 75 % et le montant maximal majoré en conséquence pour
la garde d'un enfant de moins de trois ans lorsque les ressources du ménage
sont inférieures à un plafond annuel de 300 000 francs.
« Plus largement, le Gouvernement engagera une réflexion sur les conditions
d'accueil des petits enfants, afin de favoriser les prises en charge
collectives qui assurent un meilleur éveil des enfants et une plus grande
mixité sociale.
« 2.1.3. Une politique de la famille repensée :
« Au-delà de ses évolutions, la famille reste la cellule de base de
l'éducation et de la cohésion sociale. Le Gouvernement entend promouvoir une
politique d'aide aux familles, qui prenne en compte la globalité des situations
auxquelles elles sont confrontées et des problèmes auxquels elles doivent faire
face.
« C'est dans cette optique que le Gouvernement a souhaité améliorer les aides
au logement qui touchent un aspect essentiel de la vie quotidienne de l'enfant
et de sa famille.
« La politique de la famille ne se réduit pas à des aides financières. C'est
pourquoi, plus largement, le Gouvernement souhaite soutenir les familles dans
leur rôle éducatif : accompagnement parental, médiation familiale, aménagement
du temps de l'enfant et développement des activités extrascolaires, aide aux
devoirs... Le Gouvernement attache une importance toute particulière à une
augmentation et une meilleure adaptation des réponses aux besoins des six-seize
ans, en particulier dans les quartiers en difficulté. Un programme spécifique
dans ces domaines sera présenté en 1998. Les politiques publiques devront
particulièrement prendre en compte cet objectif.
« La fonction de médiateur sera développée dans tous les organismes
dispensateurs de prestations.
« Le Gouvernement mettra en place un délégué interministériel à la famille.
« Plus largement, le Gouvernement souhaite que la politique à l'égard des
familles fasse l'objet d'un réexamen d'ensemble, en ce qui concerne tant la
fiscalité, notamment par l'étude de la révision du quotient familial et de
l'intégration des allocations familiales dans le revenu imposable, que les
prestations familiales et l'ensemble des actions publiques qui y concourent.
Dans cette perspective, la question de l'attribution des allocations familiales
dès le premier enfant sera examinée. Il s'agit à la fois de tirer les leçons
des évolutions qui se produisent dans la société et de proposer une politique
efficace et active au service des familles. Le Gouvernement réunira la
Conférence de la famille et présentera au Parlement, avant la fin de l'année
prochaine, les lignes d'action d'une politique familiale ambitieuse adaptée aux
réalités de notre temps.
« 2.2. Une politique de la vieillesse, au service des plus fragiles, qui tire
les conséquences des évolutions démographiques :
« La situation financière de la branche vieillesse reste déséquilibrée. Cette
situation devrait perdurer dans les années à venir à législation constante,
sans connaître cependant une aggravation significative jusqu'en 2005. Cette
situation appelle une réflexion approfondie sur l'évolution des prestations et
des ressources des systèmes de retraite que le Gouvernement entend conduire en
prenant en compte l'évolution des conditions du vieillissement, de la durée et
du mode de vie. L'observation continue de la situation et des perspectives du
système de retraite n'est aujourd'hui pas possible. Pour disposer d'une
projection à long terme des régimes de retraite, une réflexion sera engagée sur
la mise en place d'un observatoire des retraites. Les mesures financières que
le Gouvernement propose au Parlement pour 1998 devraient cependant réduire le
déficit du régime général vieillesse de plus de moitié par rapport à son
évolution tendancielle. En tout état de cause, le Gouvernement réaffirme sa
volonté absolue de sauvegarder le socle de solidarité que constitue le
mécanisme de répartition.
« La loi instaurant une prestation spécifique dépendance a été votée sous la
précédente législature et sa mise en oeuvre est largement engagée. Elle
comporte des avancées (développement de la coordination gérontologique,
élaboration d'un plan d'action personnalisée au domicile du demandeur...), mais
aussi des risques, notamment du fait des inégalités de traitement sur le
territoire. Un suivi attentif sera assuré avec le Comité national de
coordination gérontologique. Au vu des informations recueillies sur les
conditions d'application de la loi, il conviendra d'apporter au dispositif en
vigueur les améliorations et les réformes nécessaires.
« Le Gouvernement a également décidé de proposer au Parlement de créer 7 000
lits de section de cure médicale et 2 000 places nouvelles de services de soins
infirmiers à domicile, qui n'ont pas été ouverts faute de financements.
L'objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM) pour 1998 intègre
les moyens financiers destinés à cet effort supplémentaire. En outre, le
Gouvernement souhaite mener en 1998 l'indispensable réforme de la tarification
des établissements accueillant les personnes âgées.
« 2.3. Le développement d'actions en faveur des personnes particulièrement
vulnérables :
« 2.3.1. Les personnes handicapées :
« Le Gouvernement renforcera les programmes d'action en faveur des personnes
handicapées. Son objectif est de leur apporter des réponses adaptées et
diversifiées, conjuguant harmonieusement le respect de leur citoyenneté et de
leurs droits, l'exigence d'égalisation des chances et la prise en compte de
leurs souhaits légitimes d'une meilleure intégration et vie sociale.
« Dans cet esprit, la couverture du territoire en centres d'action
médico-sociale précoce sera améliorée par la création de cinq nouveaux centres.
L'intérêt de ces structures est manifeste, à travers leurs fonctions de
prévention, de dépistage et de diagnostic précoce mais aussi d'aide et
d'accompagnement du jeune enfant handicapé et de sa famille, dans le cadre de
réseaux coordonnés associant en aval les services d'éducation spécialisés et de
soins à domicile et les instituts médico-éducatifs.
« Les insuffisances de places pour adultes handicapés ont engendré le
dispositif issu de l'amendement Creton, lequel a généré, au fil des ans, des
difficultés de gestion de plus en plus importantes. C'est pourquoi un plan
d'action sera mis en place à partir de 1998 et, dès le prochain exercice, des
moyens nouveaux seront dégagés afin de développer la création de places
nouvelles pour l'accueil de ces jeunes adultes, soit en maisons d'accueil
spécialisées, soit en foyers à double tarification dont le statut juridique
sera conforté.
« Par ailleurs, un plan d'action sera initié pour améliorer la prise en charge
des personnes atteintes d'un handicap rare (sourds-aveugles, aveugles ou sourds
multi handicapés, dysphasiques, personnes handicapées porteuses d'une affection
somatique grave). En outre, le programme de création de places médico-sociales
adaptées aux traumatisés crâniens sera poursuivi à hauteur de 50 millions de
francs.
« Enfin, l'accent sera mis sur le développement de la possibilité, pour les
personnes handicapées, d'exercer le libre choix de leurs lieu et mode de vie,
en rendant possible le maintien ou le retour, dans leur cadre de vie ordinaire,
si elles le souhaitent, grâce au développement des services d'aide à domicile
par des formules complémentaires de celles déjà existantes et grâce à un
meilleur recours aux aides techniques qui fait l'objet d'une expérimentation en
cours dans cinq départements.
« 3. Un redressement financier très important et un financement plus assuré
qui consolident la protection sociale.
« En 1997, le régime général connaîtra un déficit d'environ 37 milliards de
francs. Le Gouvernement entend arrêter l'hémorragie qui touche notre système de
protection sociale depuis 1993 et prendre les mesures qui permettent un
équilibre financier durable. Par rapport à une évolution tendancielle qui
conduirait à un déficit de 33 milliards de francs, le Gouvernement entend faire
un effort net supérieur à 20 milliards de francs, à travers des économies et
des recettes nouvelles, qui prenne également en compte les dépenses nouvelles
déjà présentées. Sur la base des hypothèses économiques disponibles
aujourd'hui, le Gouvernement entend parvenir à l'équilibre des comptes en
1999.
« 3.1. Une évolution maîtrisée des dépenses de santé.
« L'ONDAM est fixé pour 1998 à 613,6 milliards de francs, soit une
augmentation de 2,2 % par rapport à l'année 1997, sensiblement plus importante
que celle de l'année dernière (1,7 %). Cette évolution, qui reste rigoureuse,
traduit une double volonté : d'une part, notre système de santé doit être à
même de répondre, dans les meilleures conditions, aux besoins croissants de la
population ; d'autre part, il faut en améliorer l'efficience globale.
« L'évolution des dépenses est moins rapide que celle des prévisions de
recettes spontanées, ce qui induit une économie implicite de 9 milliards de
francs. La politique de santé contribue également à l'équilibre financier de
l'assurance maladie, sans nouveaux déremboursements.
« Cette évolution de l'ONDAM est cohérente avec l'évolution globale des
dépenses de santé. Expression de la solidarité devant la maladie, le niveau de
prise en charge des soins par le système de protection sociale doit, en effet,
être maintenu et, dans la mesure du possible, amélioré. Comparé aux autres pays
développés, il est relativement faible en France où il se situe à 73,5 %. La
fixation d'un objectif de dépenses d'assurance maladie ne conduira pas à une
diminution du taux de couverture.
« 3.2. Une réforme en profondeur du financement de la protection sociale qui
élargit l'assiette des cotisations sociales et consolide le financement de la
protection sociale :
« Le financement de la protection sociale en France repose de façon dominante
sur la masse salariale, sensiblement plus que dans la plupart des autres pays
européens. Cette situation fragilise les comptes de la Sécurité sociale, compte
tenu de la sensibilité de la masse salariale à la conjoncture, alors que
l'évolution des dépenses y est beaucoup moins liée. En outre, elle ne
correspond pas, du moins en ce qui concerne les branches famille et maladie, à
l'économie des régimes qui visent à toucher tous les résidents. La mise en
place de l'assurance maladie universelle en est d'ailleurs la confirmation, en
ce qui concerne cette branche.
« C'est pourquoi le Gouvernement entend élargir l'assiette du financement de
la protection sociale, en particulier par la substitution de la CSG à la
cotisation maladie, et conforter ainsi les ressources du régime.
« La CSG sera augmentée de 4,1 points sur les revenus d'activité et ceux tirés
de l'épargne et de 2,8 points sur les revenus de remplacement. Les cotisations
maladie des actifs salariés seront fortement réduites. L'augmentation de la CSG
prélevée sur les revenus d'activité, de remplacement et du patrimoine soumis à
l'impôt sur le revenu au barème progressif sera en totalité déductible du
revenu imposable.
« Ce transfert a pour objectif :
« _ de rééquilibrer les prélèvements sociaux entre revenus du travail et du
capital. Il est, en effet, équitable que l'ensemble des revenus contribue à un
système d'assurance maladie qui vise à s'adresser à tous. Ce rééquilibrage
entre les divers types de revenus sera prolongé par l'extension de l'assiette
des prélèvements de 1 %, sur les revenus du capital, actuellement affectés à la
CNAF et la CNAVTS (Caisse nationale d'assurance vieillesse des travailleurs
salariés), à l'ensemble des revenus du capital concernés par la CSG ;
« _ d'accroître substantiellement le pouvoir d'achat des actifs salariés et
d'une grande part des autres actifs, ce qui contribuera à la relance de la
consommation et permettra d'engager, dans les meilleures conditions, les
négociations sur la réduction du temps de travail.
« Le Gouvernement souhaite, par ailleurs, voir évoluer progressivement
l'assiette des cotisations patronales, afin de consolider le financement de la
protection sociale. Dans cet esprit, seront poursuivies les réflexions sur les
modifications d'assiette, notamment en référence à la valeur ajoutée. L'impact
économique des scénarios envisagés sera étudié parallèlement par le Conseil
d'analyse économique placé auprès du Premier ministre. Le Gouvernement
disposera ainsi de l'ensemble des éléments nécessaires pour engager la
réforme.
« 3.3. Des mesures complémentaires qui consolident le redressement financier
:
« Le projet de loi de financement prévoit de transférer à la CADES la dette du
régime général, à nouveau constatée depuis 1996, en dehors de 17 milliards de
francs déjà provisionnés au titre de l'année 1996. En conséquence, la
perception du RDS sera prolongée de cinq ans. Le taux du RDS restera inchangé.
Le Gouvernement présentera à l'appui de la loi de financement pour 1999 un
rapport étudiant les possibilités d'harmonisation des assiettes du RDS et de la
CSG.
« La cotisation d'allocations familiales des travailleurs indépendants non
agricoles est aujourd'hui plafonnée pour une part (0,5 point sur un taux global
de 5,4 points), alors qu'ils perçoivent les mêmes prestations que les autres
résidents. Le déplafonnement du 0,5 point restant permettra d'aligner les
contributions des différentes catégories d'actifs. Un gain de 300 MF en 1998 et
450 MF en année pleine est attendu de cette mesure.
« La taxe sur les contrats de prévoyance passera de 6 à 8 %, ce qui procure
une recette supplémentaire de 500 millions de francs.
« Les grossistes de distribution pharmaceutiques exercent une fonction de
service public en assurant la livraison de médicaments sans délai sur
l'ensemble du territoire national. Le développement des ventes directes des
laboratoires pharmaceutiques aux pharmacies, fragilise ce système de
distribution. C'est pourquoi il est proposé de taxer les ventes directes, qui
représentent environ 10 % du marché, pour un rendement attendu de 300 millions
de francs.
« Diverses mesures d'intégration de caisses vieillesse (CCI de Roubaix,
Cultes) procureront 300 millions de francs de recettes au régime général en
1998, mais pèseront sur les comptes futurs, compte tenu des déséquilibres
démographiques. L'application de la règle commune à la compensation bilatérale
entre la CNAMTS et la Caisse de retraite et de prévoyance des employés et
clercs de notaires procure un supplément de ressources de 230 millions de
francs au régime général. Elle ne remet en cause ni l'existence de ce régime
spécial ni sa pérennité.
« Enfin, le régime général bénéficiera d'une affectation partielle de
l'excédent de la contribution sociale de solidarité des sociétés pour un
montant de 2,2 milliards de francs. »
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer.
Monsieur le président, madame le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, mes
chers collègues, l'un des défauts inhérents aux lois de financement de la
sécurité sociale a été de limiter la capacité d'intervention et de proposition
des parlementaires en matière de dépenses de protection sociale, l'essentiel de
la politique de santé et de protection sociale étant, en fait, uniquement
défini dans le cadre du rapport annexé à l'article 1er et confié, dans son
application concrète, à des organismes de contrôle non élus, depuis les
ordonnances du plan Juppé.
Cette interrogation initiale a toute sa place quand on se demande, en
particulier, s'il est admissible de ne laisser au Parlement que le droit
d'encadrer les dépenses de protection sociale et de donner, par exemple, à ces
super - préfets des dépenses de santé que sont les directeurs des ARH, les
agences régionales de l'hospitalisation, toute latitude pour imposer des choix
de gestion pour le moins discutables.
On ne peut en effet admettre que des dépenses d'un montant supérieur à celui
que représentent les dépenses du budget de l'Etat ne soient pas soumises à un
contrôle plus démocratique de leur élaboration et de leur ordonnancement.
Concevez qu'il y a quelque anomalie à permettre aux agents affiliés à la
Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales d'élire
démocratiquement leurs représentants au conseil d'administration de la caisse
et de priver de ce droit élémentaire les affiliés du régime général !
L'un des objectifs de la protection sociale doit donc être bel et bien
constitué par la mise en oeuvre d'une véritable démocratie sociale, qui manque
cruellement aujourd'hui et dont la renaissance passe notamment par l'abrogation
de l'ordonnance Juppé relative à la composition des conseils d'administration
des organismes de sécurité sociale.
L'article 1er du projet de loi précise donc - nous ne nous en satisfaisons pas
totalement, ainsi que je viens de le souligner - les orientations de la
politique mise en oeuvre en matière de protection sociale.
Nous partageons un certain nombre des préoccupations et des orientations qu'il
contient, ces finalités rompant quelque peu avec ce que nous avons été
accoutumés à lire ces dernières années, comme nous l'avons dit à plusieurs
reprises.
Pour autant, la discussion générale l'a montré, d'autres propositions ne nous
satisfont pas, nous l'avons dit en toute loyauté. Nous estimons donc nécessaire
de recadrer ces propositions dans une nouvelle dynamique tant sur les
ressources que sur les dépenses du système de protection sociale.
Nous ne partageons pas, par exemple, la volonté de faire de la contribution
sociale généralisée l'élément principal du financement par les assurés de
l'assurance maladie. De même, pour des raisons de principe que nous avons
soulignées, nous ne sommes pas partisans de la mise sous plafond des
allocations familiales.
Nous nous interrogeons également sur la portée et l'efficacité de la logique
comptable qui nous semble encore aujourd'hui trop présider à la définition des
orientations de notre système de protection sociale, au détriment, notamment,
des facultés d'intervention de l'hôpital public, des moyens consacrés à la
prévention ou encore à l'action sociale des caisses d'allocations familiales en
direction des modes de garde collectifs.
Les aspects contradictoires du rapport nous auraient conduits à ne pas le
voter.
Cela étant, la commission des affaires sociales a décidé de transformer ce
rapport pour en faire un contre-projet.
Il n'y a plus d'éléments, dans ce rapport, concernant la question cruciale de
la prévention en matière de santé publique.
Il n'y a plus de développement sur la question de l'assurance vieillesse, même
pas l'affirmation, par exemple, de la consolidation du régime par
répartition.
Toute évolution future des cotisations patronales y est liée à un processus de
réduction de ces cotisations, alors même que cette évolution doit, à notre
sens, recouvrir un objectif de redistribution globale de l'effort de
financement qui préserve les entreprises de main-d'oeuvre et mette à
contribution celles de nos entreprises qui choisissent la finance plutôt que
l'emploi.
Le texte de l'amendement proposé par la commission inclut même des
dispositions en matière d'encadrement des dépenses de protection sociale qui
risquent de priver l'hôpital public de ses capacités d'action et encadrent les
moyens des structures médico-sociales, dont l'intervention est pourtant
cruciale en ces temps d'exclusion sociale accélérée.
Pour tous les sous-amendements que nous présentons, nous avions préparé un
argumentaire détaillé. Cependant, compte tenu de l'heure, conscients aussi
qu'au cours des débats qui ont été organisés ici même nous avons largement pu
développer notre point de vue, nous nous contenterons d'en exposer les
idées-forces, afin que la présente discussion s'achève dans de bonnes
conditions.
(Très bien ! sur de nombreuses travées.)
M. le président.
La parole est à M. Autain.
M. François Autain.
Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, mes
chers collègues, il est rare qu'un rapport annexé à un projet de loi puisse
être amendé et soumis à un vote. Je me demande même s'il existe d'autres
exemples.
Certes, chaque texte de loi est précédé d'un exposé des motifs, mais celui-ci
ne donne jamais lieu à un vote, et encore moins à des amendements.
Si l'on se réfère à la loi organique, il est dit à l'article L.O. 111-3 : «
Chaque année la loi de financement de la sécurité sociale approuve les
orientations de la politique de santé et de sécurité sociale et les objectifs
qui déterminent les conditions générales de l'équilibre financier de la
sécurité sociale. »
Quant à l'article L.O. 111-4, il est ainsi conçu : « Le projet de loi de
financement de la sécurité sociale de l'année est accompagné d'un rapport
présentant les orientations de la politique de santé et de sécurité sociale et
les objectifs qui déterminent les conditions générales de l'équilibre financier
de la sécurité sociale. »
Vous avez pu le remarquer, à aucun moment il n'est indiqué que ce rapport doit
être soumis à un vote du Parlement. C'est seulement l'interprétation qui a été
retenue l'an dernier qui nous impose cet exercice auquel nous allons nous
livrer dans quelques instants.
Pour ma part, il me semble paradoxal d'amender un rapport qui n'a aucune
portée normative. D'où mes questions : est-il vraiment indispensable d'intégrer
au corps de la loi un rapport qui n'est, en fait, qu'un rapport de présentation
? Dans ces conditions, ne serait-il pas possible de revoir l'interprétation
très originale du texte de la loi organique, qui nous conduit chaque année à
nous livrer à cet exercice sur la nécessité et la portée duquel on peut
s'interroger ? Ne conviendrait-il pas d'en revenir à une interprétation
beaucoup plus respectueuse du texte de la loi organique ?
M. le président.
Le vote sur l'article 1er est réservé jusqu'après l'examen du rapport
annexé.
Par amendement n° 2, M. Descours, au nom de la commission des affaires
sociales, propose de rédiger comme suit le rapport annexé à l'article 1er :
« Annexe
« Rapport sur les orientations de la politique de santé et de sécurité sociale
et les objectifs qui déterminent les conditions générales de l'équilibre
financier.
« La loi organique du 22 juillet 1996 a prévu que la loi de financement de la
sécurité sociale approuverait chaque année un rapport définissant les
orientations de la politique de santé et de sécurité sociale et les conditions
générales de l'équilibre de la sécurité sociale.
« Conforter le retour à l'équilibre de la sécurité sociale avec un déficit du
régime général ramené à 12 milliards de francs (moins de 1 % des dépenses) ;
« Réaffirmer les principes qui fondent notre système de protection sociale
dans le domaine de la famille et quant à l'évolution de son financement ;
« Compte tenu des légitimes priorités de santé définies par la conférence
nationale de santé, rétablir une véritable maîtrise des dépenses, car le rôle
d'une loi de financement de la sécurité sociale n'est pas de constater une
évolution tendancielle, mais d'arrêter des orientations.
« Tels sont les trois objectifs que doit poursuivre le présent projet de
loi.
« Ces objectifs se traduisent par trois axes principaux :
« 1. Sauvegarder la politique familiale.
« La famille ne doit pas être la seule branche pour laquelle des
"économies" soient décrétées. Car une telle démarche conduirait à une
remise en cause des fondements de notre politique familiale qui est en réalité
un investissement pour l'avenir.
« Le maintien de l'universalité des allocations familiales et de l'aide à la
création d'emplois familiaux à travers l'AGED est donc impératif.
« L'équilibre des comptes de la branche famille doit être recherché par une
analyse objective et approfondie des causes de son déficit. Les charges indues
qui pèsent sur cet équilibre doivent être notamment examinées de même que les
missions qui ont été confiées à cette branche par le passé et dans une autre
conjoncture et qui ne correspondent en rien à la vocation d'une politique
familiale.
« Dans l'attente d'une telle analyse qui doit orienter la définition d'une
politique pour la famille à laquelle le Gouvernement entend lui-même réfléchir,
des ressources exceptionnelles et proposées à titre transitoire doivent être
dégagées en faveur de cette branche. C'est la raison pour laquelle est proposée
une majoration, temporaire et limitée à 1998, de 0,1 point du taux de la CSG
famille.
« 2. Préserver la cohérence du financement de la protection sociale.
« Clarifier les comptes, asseoir les ressources sur une assiette plus
diversifiée et dynamique que la seule masse salariale, identifier ce qui relève
de l'assurance ou de la solidarité, assainir les relations financières avec
l'Etat, tels sont les enjeux d'une réforme du financement de la sécurité
sociale qui doit être poursuivie.
« En revanche, un basculement massif et inconsidéré des cotisations
d'assurance maladie vers la CSG ne serait pas acceptable :
« - les effets réels de ce basculement qui porterait sur des masses
financières énormes (300 milliards de francs, soit plus de 3 points de PIB)
doivent être précisément mesurés, de même que l'ampleur des
"compensations" qui pourraient être accordées à telle ou telle
catégorie et, en premier lieu, aux fonctionnaires ;
« - de même, doit être préalablement évalué l'impact sur le comportement des
ménages de l'aggravation sans précédent des prélèvements sur l'épargne
qu'entraînerait un tel basculement ;
« - en outre, l'objectif poursuivi, au travers des taux choisis pour un tel
transfert, ne saurait être totalement étranger au financement de la sécurité
sociale. Il en serait ainsi si ce transfert visait à distribuer du pouvoir
d'achat aux actifs salariés financé par une ponction sur les autres catégories
dans le seul but de faciliter la réduction de la durée du travail que le
Gouvernement souhaite imposer aux partenaires sociaux ;
« - enfin, cette fiscalisation ne pourrait intervenir qu'au vu d'un calendrier
précis pour la mise en place de l'assurance maladie universelle, qui constitue
la contrepartie du financement par la solidarité de la branche maladie, et
d'une réflexion achevée sur l'indispensable réforme de l'assiette des
cotisations patronales.
« 3. Rétablir un véritable objectif de maîtrise des dépenses.
« Le présent projet de loi ne doit pas constater l'évolution tendancielle pour
1998 des dépenses dans le domaine de l'assurance maladie. L'intervention du
Parlement, au travers des lois de financement de la sécurité sociale, doit
avoir au contraire pour vocation d'indiquer clairement des orientations.
« Aussi, l'objectif de maîtrise des dépenses doit être réaffirmé sans
ambiguïté.
« Il est donc proposé de contenir la progression de l'objectif national de
dépenses d'assurance maladie dans des proportions comparables à celles fixées
pour 1997.
« Mais, pour qu'un tel objectif arrêté par le Parlement ait un sens, il est
normal et il est nécessaire que toutes les dépenses qui y figurent soient
encadrées et se plient dans leur évolution à la même discipline que celle
acceptée par la médecine de ville et les établissements hospitaliers.
« En outre, il est indispensable que soient confirmés des objectifs ambitieux
en matière d'économies de gestion au sein des caisses de sécurité sociale dans
le cadre d'une clarification des missions et des tâches qui leur sont confiées.
»
Cet amendement est assorti de quinze sous-amendements.
Par sous-amendement n° 81, Mme Borvo, M. Fischer, et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent :
I. - Après le quatrième alinéa du texte présenté par l'amendement n° 2 pour le
rapport annexé, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Consolider notre système d'assurance vieillesse.
II. - De compléter
in fine
le même texte par cinq alinéas ainsi rédigés
:
« 4. Une politique équilibrée de l'assurance vieillesse.
« En 1998, il sera procédé à une analyse critique des dispositions
actuellement en vigueur en matière de retraités et personnes, et notamment des
modalités de liquidation des droits définis dans le cadre de la loi
"retraités" de 1993.
« Il sera également analysé la situation résultant de l'application de la loi
portant création de la prestation spécifique dépendance.
« Par ailleurs, une étude d'impact sera établie sur les effets d'une
modification des critères d'indexation des personnes et retraités.
« Enfin, un effort particulier sera accompli pour la remise à niveau des
retraites du régime agricole. »
Par sous-amendement n° 82, M. Fischer, Mme Borvo, et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent :
I. - Après le quatrième alinéa du texte présenté par l'amendement n° 2 pour le
rapport annexé, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Renforcer la transparence et la démocratie dans la gestion des organismes
sociaux.
II. - Dans les cinquième et sixième alinéas du même texte, de remplacer le mot
: « trois » par le mot : « cinq ».
III. - De compléter
in fine
le même texte par un alinéa ainsi rédigé
:
« 5. Renforcer la transparence et la démocratie dans la gestion des organismes
sociaux, ce qui implique notamment, et à brève échéance, qu'il soit procédé à
l'organisation d'élections des membres de ces conseils d'administration par les
assurés sociaux eux-mêmes. »
Par sous-amendement n° 83, M. Fischer, Mme Borvo, et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de remplacer le troisième alinéa du
1 du texte présenté par l'amendement n° 2 pour le rapport annexé par deux
alinéas ainsi rédigés :
« Le Gouvernement rééquilibrera l'aide aux différents modes de garde.
« A cette fin, le Gouvernement engagera une réflexion sur les conditions
d'accueil des petits enfants, afin de favoriser les prises en charge
collectives qui assurent un meilleur éveil des enfants et une plus grande
mixité sociale, notamment au travers d'un soutien aux initiatives d'innovation
sociale des entreprises. »
Par sous-amendement n° 85, M. Fischer, Mme Borvo et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de rédiger comme suit le dernier
alinéa du 1 du texte proposé par l'amendement n° 2 pour le rapport annexé :
« Plus largement, le Gouvernement souhaite que la politique à l'égard des
familles fasse l'objet d'un réexamen d'ensemble, notamment par l'analyse
critique de la loi famille de 1994, celle de l'évolution des prestations
familiales et de l'ensemble des actions publiques qui y concourent. Dans cette
perspective, la question de l'attribution des allocations familiales dès le
premier enfant sera examinée. Il s'agit à la fois de tirer les leçons des
évolutions qui se produisent dans la société et de proposer une politique
efficace et active au service des familles. Le Gouvernement réunira la
conférence de la famille et présentera au Parlement, avant la fin de l'année
prochaine, les lignes d'action d'une politique familiale ambitieuse adaptée aux
réalités de notre temps, prenant notamment en compte la question de son
financement. »
Par sous-amendement n° 84, M. Fischer, Mme Borvo, et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent, dans la seconde phrase du
quatrième alinéa du 1 du texte présenté par l'amendement n° 2 pour le rapport
annexé, de remplacer les mots : « , temporaire et limitée à 1998, de 0,1 point
des taux de la CSG famille » par les mots : « des cotisations dues par les
entreprises. »
Par sous-amendement n° 86, Mme Borvo, M. Fischer et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de compléter
in fine
le 1 du
texte présenté par l'amendement n° 2 pour le rapport annexé par un alinéa ainsi
rédigé :
« En 1998, sera engagée une réflexion sur le devenir du revenu minimum
d'insertion, tendant notamment à établir le caractère personnel et non plus
différentiel de cette prestation. »
Par sous-amendement n° 87, Mme Borvo, M. Fischer et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de rédiger ainsi le 2 du texte
présenté par l'amendement n° 2 pour le rapport annexé :
« Le financement de notre système de protection sociale doit évoluer, en vue
de répondre aux besoins collectifs à satisfaire en matière de santé, de
politique familiale, de retraites et d'action en faveur des plus démunis.
« S'appuyant sur des cotisations sociales aux niveaux adaptés pour dégager les
ressources nécessaires, et tendra, dès 1998, à mettre plus directement à
contribution les revenus financiers des particuliers comme des entreprises, qui
demeurent aujourd'hui largement exonérés de toute participation.
« Cette contribution plus équilibrée des revenus financiers visera à répondre
également à un objectif de réduction des cotisations acquittées sur les revenus
d'activité salariée ou non. »
Par sous-amendement n° 69 rectifié
bis
, MM. Ostermann, Jean-Jacques
Robert, Doublet, Fayolle, Gérard, Flandre, Lemaire et Blanc proposent, après le
troisième alinéa du 2 du texte présenté par l'amendement n° 2 pour le rapport
annexé, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« - En outre, ce basculement devrait être neutre financièrement pour les
actifs non salariés et les retraités non salariés. » Par sous-amendement n° 88,
M. Fischer, Mme Borvo et les membres du groupe communiste républicain et
citoyen proposent de compléter le sixième alinéa du 2 du texte présenté par
l'amendement n° 2 pour le rapport annexé par les mots : « notamment par
référence à l'utilisation de la valeur ajoutée ».
Par sous-amendement n° 89, Mme Borvo, M. Fischer et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent :
I. - De rédiger ainsi l'intitulé du 3 du texte présenté par l'amendement n° 2
pour le rapport annexé :
« 3. Promouvoir une véritable politique de santé publique »
II. - De rédiger comme suit le premier alinéa du 3 du texte proposé par
l'amendement n° 2 pour le rapport annexé :
« L'intervention du Parlement, au travers des lois de financement de la
sécurité sociale, a pour vocation d'indiquer clairement des orientations. »
Par sous-amendement n° 91, Mme Borvo, M. Fischer et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent :
I. - De rédiger comme suit le quatrième alinéa du 3 du texte présenté par
l'amendement n° 2 pour le rapport annexé :
« Une politique de prévention sanitaire ambitieuse doit être développée. »
II. - De rédiger comme suit le cinquième alinéa du 3 du texte proposé par
l'amendement n° 2 pour le rapport annexé :
« Elle passe notamment par une action spécifique sur certaines affections
faisant l'objet d'un dépistage précoce, comme les cancers du sein et du col de
l'utérus, le saturnisme infantile, l'hépatite C, le sida, la tuberculose. »
Par sous-amendement n° 90, Mme Borvo, M. Fischer et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent :
I. - De supprimer le dernier alinéa du 3 du texte présenté par l'amendement n°
2 pour le rapport annexé.
II. - De rédiger comme suit le troisième alinéa du même texte :
« La progression de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie doit
permettre de répondre aux besoins de santé publique, de prévention sanitaire et
de renforcement du tissu hospitalier du pays. »
Par sous-amendement n° 92, Mme Borvo, M. Fischer et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de compléter
in fine
le 3 du
texte présenté par l'amendement n° 2 pour le rapport annexé par un alinéa ainsi
rédigé :
« La progression de l'enveloppe globale des établissements hospitaliers tendra
à faciliter la réduction des inégalités de couverture hospitalière des
différentes régions du pays tout en renforçant l'efficience des équipements
existants. »
Par sous-amendement n° 93, Mme Borvo, M. Fischer et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de compléter
in fine
le 3 du
texte présenté par l'amendement n° 2 pour le rapport annexé par un alinéa ainsi
rédigé :
« Elle passe aussi par la prévention des affections liées aux conditions
d'activité professionnelle. »
Par sous-amendement n° 94, Mme Borvo, M. Fischer et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de compléter
in fine
le 3 du
texte présenté par l'amendement n° 2 pour le rapport annexé par deux alinéas
ainsi rédigé :
« La médecine scolaire, dans le cadre de la loi de finances et dans un souci
de couverture des besoins sanitaires de la jeunesse, verra ses moyens
renforcés.
« De même, une évaluation des moyens et des objectifs de la médecine
universitaire sera réalisée en vue notamment de faciliter et promouvoir la
spécificité de la prévention en milieu étudiant. »
La parole est à M. Descours, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 2.
M. Charles Descours,
rapporteur pour les équilibres financiers généraux et l'assurance maladie.
Avec votre permission, monsieur le président, je souhaite d'abord répondre à
notre collègue M. Autain, qui s'est demandé s'il convenait ou non d'amender le
rapport.
L'année dernière, monsieur Autain, le Sénat ne souhaitait pas amender le
rapport ; mais, vous le savez, c'est l'Assemblée nationale qui a le dernier mot
et, cette année, vous vous en trouvez bien. Eh bien, l'année dernière aussi,
l'Assemblée nationale avait eu le dernier mot ! Vous le voyez, ce qui était
mauvais l'année dernière est bon pour vous cette année !
M. François Autain.
Je me pose des questions, c'est tout !
M. Charles Descours,
rapporteur pour les équilibres financiers généraux et l'assurance maladie.
Mais si vous voulez, mon cher collègue, que le Sénat ait le dernier mot sur la
loi de financement de la sécurité sociale, nous en sommes d'accord !
(
Sourires.
) Plus sérieusement, le rapport du Gouvernement s'analyse
comme l'exposé des motifs des dispositions que nous avons considérées comme
contestables tout au long de ce débat et qui ont été introduites dans le projet
de loi, et, pour le reste, comme une démarche tendant à remettre à plus tard la
définition de véritables orientations dans le domaine de la santé : pour ce qui
est de la famille, on attend les états généraux, on attend la conférence sur la
famille, qui permettra de mettre en place une nouvelle politique familiale ;
pour ce qui est de la vieillesse, référence est faite à une réflexion qui doit
s'engager.
La commission des affaires sociales propose de faire figurer en annexe à
l'article 1er les principales orientations qu'elle a proposées et que le Sénat
a bien voulu adopter pour le projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 1998.
Elle renvoie, naturellement, pour le détail de ces orientations, aux
nombreuses observations et propositions fort intéressantes qui figurent dans
les trois premiers tomes de son rapport consacrés à la santé, à l'assurance
maladie, à la famille et à l'assurance vieillesse.
Elle propose d'adopter, en conséquence, l'article 1er tel que le Sénat l'a
amendé.
Nous avons donc, en réalité, trois rapports : le rapport qui émane du
Gouvernement, dans lequel celui-ci défend sa politique ; le rapport que nous
avons réécrit et dans lequel nous défendons les grandes orientations que le
Sénat a bien voulu retenir avec nous ; enfin, nos collègues du groupe
communiste républicain et citoyen réécrivent un troisième rapport, en
présentant une série de sous-amendements sur lesquels j'argumenterai assez peu
puisqu'il y a trois écritures bien distinctes et que chacun a évidemment le
droit de mettre par écrit ce à quoi il croit.
M. le président.
La parole est à M. Fischer, pour présenter les sous-amendements n°s 81, 82,
83, 85, 84, 86 et 87.
M. Guy Fischer.
Le sous-amendement n° 81 tend à clarifier les orientations de la politique
suivie en matière d'assurance vieillesse. A cette fin, nous proposons de
compléter le texte par cinq alinéas.
Le sous-amendement n° 82 vise à renforcer la transparence et la démocratie
dans la gestion des organismes sociaux, ce qui implique notamment, et à brève
échéance, qu'il soit procédé à l'organisation d'élections des membres des
conseils d'administration par les assurés sociaux eux-mêmes. C'est un point
auquel nous tenons.
Le sous-amendement n° 83 ouvre des pistes de réflexion pour la mise en oeuvre
d'une nouvelle politique de la petite enfance, politique qui nous semble
indispensable dans cette période où les familles vivent cruellement la
crise.
Le sous-amendement n° 85 vise à resituer les objectifs de la politique
familiale. Nous nous sommes largement exprimés à ce sujet, notamment lors du
débat consécutif à la déclaration du Gouvernement.
Le sous-amendement n° 84 a pour objet de compléter la réflexion sur les modes
et sources de financement de la protection sociale. Il aurait mérité d'être
développé.
Le sous-amendement n° 86 vise à resituer certains des objectifs de la
politique familiale.
Enfin, le sous-amendement n° 87 se justifie par son texte même.
M. le président.
La parole est à M. Blanc, pour défendre le sous-amendement n° 69 rectifié
bis.
M. Paul Blanc.
L'amendement de suppression du basculement des cotisations maladie sur la CSG
de la commission a été adopté par le Sénat. Cependant, l'amendement que j'ai
déposé avec plusieurs de mes collègues garde tout son intérêt.
Après différents calculs des organisations professionnelles des travailleurs
indépendants non salariés non agricoles, il semblerait que ce basculement ne
soit pas neutre à leur égard, contrairement à ce qui nous a été indiqué
hier.
Je tiens à votre disposition un tableau comparatif des conséquences de ce
basculement sur les salariés et sur les professions indépendantes, tableau qui
montre pour ces derniers, en fonction des ressources, une progression
croissante de la perte de pouvoir d'achat qu'ils subiraient à la suite de ce
transfert.
En effet, à titre d'exemple, les chefs d'entreprise individuelle doivent
réintégrer dans leur bénéfice 40 % des charges sociales alors que, dans le même
temps, les salariés n'en reportent que 2 % dans leur rémunération brute, qui
est, en outre, diminuée de 5 %.
Il me paraît donc indispensable qu'une réflexion soit menée sur l'assiette
actuelle de la CSG pour les non-salariés avant que l'on procède à tout
basculement.
De même, il semble important que les retraités non salariés ne soient pas non
plus pénalisés par ce transfert, ce qui est le cas dans le dispositif que
souhaite mettre en place le Gouvernement.
M. le président.
La parole est à Mme Borvo, pour défendre les sous-amendements n°s 88, 89, 91,
90, 92, 93 et 94.
Mme Nicole Borvo.
Le sous-amendement n° 88, qui consiste à faire référence à l'utilisation de la
valeur ajoutée, est un amendement de cohérence.
Le sous-amendement n° 89 tend à clarifier les objectifs de la politique de
santé du pays.
Le sous-amendement n° 91 vise à caractériser certaines des priorités de la
politique de prévention sanitaire en accord avec les orientations proposées par
le Gouvernement.
Le sous-amendement n° 90 vise à favoriser un recentrage des orientations de la
politique de santé, notamment en renforçant le tissu hospitalier de notre
pays.
Le sous-amendement n° 92 vise à caractériser la politique choisie en matière
hospitalière, dans la suite logique de ce que j'ai dit tout à l'heure.
Le sous-amendement n° 93 vise à caractériser les facteurs conduisant à la
persistance d'inégalités devant la santé, en particulier celles qui sont liées
à l'activité professionnelle.
Enfin, le sous-amendement n° 94, qui pourrait peut-être faire l'objet d'un
consensus, car je crois qu'il obtiendra l'accord de la commission des affaires
sociales, vise à préciser les objectifs de la politique sanitaire, notamment en
ce qui concerne la médecine scolaire et universitaire.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'ensemble des sous-amendements ?
M. Charles Descours,
rapporteur pour les équilibres financiers généraux et l'assurance maladie.
Je l'ai dit voilà quelques instants, trois logiques s'opposent : celle du
Gouvernement, celle de la commission des affaires sociales, qui est désormais
celle du Sénat, et celle de nos collègues du groupe communiste républicain et
citoyen.
La manière dont ils abordent le financement de la sécurité sociale n'est pas
la nôtre. Nous sommes en total désaccord sur le fond. En conséquence, la
commission est défavorable aux sous-amendements n°s 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87,
88, 89, 90, 91, 92 et 93.
En revanche, la commission est favorable au sous-amendement n° 69 rectifié
bis,
défendu par M. Blanc, même s'il est en partie satisfait puisque
nous avons supprimé le basculement des cotisations vers la CSG.
La commission est également favorable au sous-amendement n° 94. En effet, nous
n'avons pas suffisamment précisé les politiques de prévention sanitaire,
notamment la médecine scolaire, qui est très importante et, malheureusement,
très insuffisante dans notre pays. Nous approuvons totalement le
sous-amendement n° 94 présenté par le groupe communiste républicain et
citoyen.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 2 et sur les
sous-amendements qui l'affectent ?
Mme Martine Aubry,
ministre de l'emploi et de la solidarité.
Comme M. le rapporteur l'a
indiqué à juste titre, il y a plusieurs logiques dans ce rapport, logiques qui
reprennent d'ailleurs les débats que nous avons eus ces dernières heures.
Le Gouvernement ne peut accepter l'amendement n° 2, qui traduit une logique
différente de la sienne et, pour des raisons évidentes, il ne peut pas
davantage accepter les sous-amendements qui l'assortissent.
Cela dit, je tiens à dire que, sur le fond comme sur la forme, le Gouvernement
était favorable à un certain nombre de sous-amendements du groupe communiste
républicain et citoyen, notamment le sous-amendement n° 81, le sous-amendement
n° 83, relatif à la petite enfance, le sous-amendement n° 85, le
sous-amendement n° 89 sur la politique de santé, le sous-amendement n° 91
concernant la politique de prévention sanitaire, le sous-amendement n° 90, le
sous-amendement n° 92 relatif à l'hospitalisation, le sous-amendement n° 93 et
aussi le sous-amendement n° 94 sur la médecine scolaire, que vous avez retenu
vous aussi, monsieur le rapporteur.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 81, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 82, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 83, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 85, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 84, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 86, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 87, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 69 rectifié
bis
, accepté par la
commission et repoussé par le Gouvernement.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 88, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 89, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 91, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 90, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 92, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 93, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 94, accepté par la commission et
repoussé par le Gouvernement.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 2, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 1er et le rapport annexé, modifié.
(L'article 1er et le rapport annexé sont adoptés.)
M. le président.
Je rappelle au Sénat que, conformément à la décision de la conférence des
présidents, les explications de vote et le vote sur l'ensemble du projet de loi
sont renvoyés au mardi 18 novembre 1997, à dix-huit heures trente.
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