SEANCE DU 3 OCTOBRE 2000


M. le président. Avant de mettre aux voix l'ensemble de la proposition de loi, je donne la parole à Mme Printz, pour explication de vote.
Mme Gisèle Printz. Le groupe socialiste ne votera pas le texte de la proposition de loi relative à l'égalité professionnelle tel qu'il résulte des modifications apportées par la majorité sénatoriale.
Sur le travail de nuit, j'ai déjà indiqué notre volonté de voir mieux respectés les droits des salariés en matière de santé, de temps de travail, de protection en cas de licenciement. Je n'y reviens donc pas.
Pour ce qui est du texte de la proposition de loi tel qu'il nous a été transmis, la majorité du Sénat en a ôté, et ce n'est pas pour nous surprendre, tout ce qui ressemblait à une contrainte, fût-elle très modeste, pour les employeurs. En revanche, elle n'a en rien modifié ce qui leur est favorable.
Ainsi, elle a supprimé les sanctions en cas de non-respect de la loi, mais elle n'a pas touché à l'article 8, qui élargit l'aide financière de l'Etat.
D'une manière générale, le texte de cette proposition de loi est maintenant déséquilibré. Il a perdu tout aspect volontariste et dynamique en faveur de la réalisation sur le terrain de l'égalité professionnelle. Le principe est affirmé mais vidé de sa substance, avec le risque de voir des employeurs négligents n'être jamais sanctionnés.
Nous comprenons fort bien et nous partageons les préoccupations exprimées par Mme Bocandé sur la vie familiale des femmes,...
Mme Annick Bocandé, rapporteur. Ah, quand même !
Mme Gisèle Printz. ... la nécessité d'assouplir et de développer les modes de garde, de faciliter le retour à l'emploi après un congé parental. Il est manifestement possible d'avoir un débat intéressant sur ces questions relatives à des situations que beaucoup de femmes ont personnellement vécues.
Mais la question des droits des femmes va bien au-delà de cet aspect, qui est souvent l'alpha et l'omega pour la majorité du Sénat.
Cette différence importante entre nos points de vue se retrouve dans le texte issu des amendements de la majorité, au-delà, bien sûr, de nos divergences de fond en matière de droits de salariés.
C'est pourquoi le groupe socialiste votera contre la proposition de loi, telle qu'elle a été amendée par le Sénat.
M. le président. La parole est à M. Muzeau.
M. Roland Muzeau. La proposition de loi sur l'égalité professionnelle est un dispositif qui a retenu et qui retient encore, pour aujourd'hui et pour demain, toute l'attention de sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen.
La persistance d'inégalités professionnelles entre les hommes et les femmes, connues de tous dans le monde du travail, est inacceptable, d'autant que plus de 45 % des femmes sont maintenant confrontées à cette réalité.
Dans l'esprit de la loi Roudy comme du texte qui nous est soumis, nous pensons qu'il faudra, pour résorber le retard de notre pays en matière d'égalité professionnelle, bien d'autres dispositions à caractère incitatif et coercitif.
Si, comme l'ensemble des groupes du Sénat, nous faisons le constat du peu de portée des mesures prises jusqu'à ce jour contrairement à la majorité sénatoriale, nous ne pensons pas que la politique contractuelle permettra seule de mettre un terme à la situation inégalitaire des femmes dans la vie professionnelle.
En la matière, il n'y a pas de progrès sans une volonté forte du législateur, volonté affirmée dans la mise en place de la parité dans la vie politique, même s'il reste beaucoup à faire.
Les femmes qui exercent une activité professionnelle sont, dans une très large majorité, confrontées à une double contrainte : contraintes de la vie professionnelle et exigences de la vie familiale. Leur imposer comme le fait le « marché » du travail une inégalité de fait, c'est livrer les femmes de notre pays à un mode d'organisation de la société archaïque et quoiqu'il en soit bien peu digne, à l'approche imminente du xxie siècle.
En outre, mais nous avons eu l'occasion de le dire à de multiples reprises, si la croissance permet à certains de nos concitoyens de trouver un emploi, le chômage et la précarité dominent encore les rapports entre les salariés et les employeurs dans notre pays. Dès lors, et dans ce contexte, il est irréaliste de renvoyer à des accords sociaux le règlement de telle ou telle partie de notre droit social.
Pour négocier, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, il faut être au moins deux et le plus souvent les salariés sont bien démunis dans la relation avec l'employeur.
Si la négociation avait permis d'atteindre l'égalité professionnelle pour laquelle nous légiférons aujourd'hui, peut-être n'aurions-nous pas besoin de légiférer. Hélas ! nous le savons, il n'en est rien.
Comme nous l'avons indiqué au cours de la discussion générale, l'insertion dans un texte relatif à l'égalité professionnelle de dispositions concernant le travail de nuit n'est pas la meilleure des initiatives que le Gouvernement pouvait prendre.
Du point de vue de la symbolique et de l'affichage, nos compatriotes restent, nous en sommes persuadés, attachés au caractère exceptionnel que revêt le travail de nuit chez les femmes, comme chez les hommes d'ailleurs.
A cet égard, le rejet de l'amendement n° 1 rectifié ter relatif au travail de nuit nous conforte dans notre combat pour l'amélioration de la législation du travail, pour les hommes comme pour les femmes.
Le Gouvernement a proposé un certain nombre de dispositions qui peuvent a priori paraître intéressantes, pour peu qu'elles fassent l'objet d'un strict encadrement juridique.
Une société de progrès, une société construite sur des valeurs de solidarité, une société orientée vers la connaissance et l'épanouissement individuel ne peut se construire autour des seuls impératifs économiques à court terme ou autour d'un objectif partagé par quelques-uns seulement.
Cette proposition de loi sur l'égalité va dans le bon sens, et le groupe communiste républicain et citoyen voulait lui apporter son soutien.
Nous souhaitons que de multiples concertations s'engagent entre le Gouvernement et les partenaires sociaux sur l'approfondissement de ce texte de progrès. L'égalité des droits entre les femmes et les hommes dans l'activité professionnelle figure au nombre de nos préoccupations essentielles. Sachez, madame la secrétaire d'Etat, que vous pouvez compter sur le groupe communiste républicain et citoyen du Sénat pour faire progresser cette juste cause.
Mme Hélène Luc. Très bien !
M. Roland Muzeau. Vous pourrez également compter, nous en sommes certains, sur le groupe communiste à l'Assemblée nationale, où cette proposition de loi sera bientôt examinée.
Nous adopterons, face à cette proposition de loi, une attitude responsable, avec la volonté d'aboutir à un bon texte, qui permette de résorber les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes dans les entreprises et de faire reculer les injustices.
Nous avons évidemment quelques regrets eu égard aux différents amendements qui ont été imposés par la majorité sénatoriale. Nous ne pouvons aujourd'hui voter ce texte. Nous nous contenterons donc de nous abstenir, mais avec la ferme volonté de le voir aboutir dans les semaines à venir. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen. - Mme Dieulangard applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Joyandet.
M. Alain Joyandet. Madame la secrétaire d'Etat, la proposition de loi que nous venons d'examiner et qui est relative à l'égalité des femmes et des hommes dans le monde professionnel n'était sans doute pas la meilleure voie à emprunter. Sans doute aurait-il été plus judicieux de laisser les partenaires sociaux ouvrir des négociations sur ce thème, ainsi qu'ils s'y sont engagés.
Néanmoins, ce texte aborde un sujet essentiel, même s'il ne semble pas apporter les réponses adéquates.
En effet, si les femmes sont de plus en plus prises en considération dans de nombreux secteurs d'activité, les terrains à conquérir restent très importants.
Citons, entre autres exemples, le cas de l'enseignement. A l'heure actuelle, les bachelières et les étudiantes sont plus nombreuses que les garçons. C'est une révolution considérable. Cependant, on parle de « fausses réussites scolaires », car les filles réussissent mieux sans avoir pour autant accès aux mêmes positions sociales que les hommes. Elles sont plutôt orientées vers des filières dites féminines, qui renvoient à l'image de la femme enseignant, soignant, protégeant.
Si ces métiers sont tout à fait honorables, ils restent moins bien rémunérés et présentent moins de possibilités de développement de carrière.
Un autre terrain à conquérir est celui de la sphère domestique. En effet, si les hommes participent plus aux tâches quotidiennes que par le passé, ils y consacrent toujours bien moins de temps que les femmes. L'enfant, plus rare et plus désiré qu'autrefois, est un être dont on s'occupe davantage. Et c'est presque toujours la femme qui s'y consacre. Elle choisit de demeurer à la maison pour cela. Mais quelle est la part du choix et la part de contrainte qu'elle assume ?
Que nous proposez-vous donc, madame la secrétaire d'Etat, pour remédier à cela ? Quelques nouvelles dispositions légales qui viennent toiletter une législation bien peu appliquée.
L'évolution tant désirée de la position des femmes dans la société peut-elle se décréter ?
Doit-elle passer par la revendication de l'égalité, sans revendication de la différence, comme vous le proposez ?
Comme l'ont excellemment bien exposé le rapporteur de la commission des affaires sociales et le représentant de la délégation aux droits des femmes, que je tiens à remercier pour la qualité de leurs rapports, qui ont permis d'enrichir la qualité des travaux de notre Haute Assemblée, l'égalité des femmes dans le monde du travail passe tout d'abord par la recherche de l'égalité en dehors de l'entreprise, là où naissent les difficultés pour concilier harmonieusement vie familiale et vie professionnelle.
Elle passe aussi par la lutte contre les préjugés tenaces qui existent au sein de l'école et par la promotion des filles vers des filières qui offrent des débouchés dans des métiers ouvrant des perspectives de carrière.
C'est pourquoi nous nous félicitons des amendements proposés par la commission des affaires sociales et qui ont été adoptés par le Sénat. Ils vont dans le bon sens en ouvrant de nouvelles pistes pour améliorer véritablement la situation des femmes.
Quant aux dispositions concernant le secteur public, nous approuvons les amendements présentés par la commission des lois, et adoptés par le Sénat, qui ont amélioré le texte afin de tenir compte des éventuelles difficultés d'application dans certains corps.
S'agissant de l'examen des dispositions portant sur le travail de nuit des femmes, les méthodes employées par le Gouvernement ont été bien désinvoltes. Cependant, madame la secrétaire d'Etat, faute reconnue - c'est ce que vous avez fait tout à l'heure - est à moitié pardonnée. En tout cas, nous n'avons pas abordé ce débat dans d'excellentes conditions. Je ne reviendrai pas longuement sur ce qui vient de se passer.
Malgré ce contexte notre groupe votera ce texte tel qu'il résulte de nos travaux.
M. le président. La parole est à M. Nogrix.
M. Philippe Nogrix. Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nous venons d'examiner un texte qui nous a été transmis par l'Assemblée nationale. En commission, nous avons essayé d'en comprendre la teneur et, comme toujours au Sénat, nous sommes arrivés dans l'hémicycle avec une série d'amendements destinés à enrichir le texte, de façon que, petit à petit, la loi s'élabore.
Mais quel n'est pas notre étonnement !
L'égalité professionnelle des hommes et des femmes, sujet sur lequel nous travaillons depuis quelques jours, devrait nous réunir. Effectivement, lors de la discussion générale tout le monde semblait d'accord. Tous les intervenants, quelles que soient les travées sur lesquelles ils siègent, ont reconnu que cette proposition de loi devait être adoptée pour faire avancer le droit du travail et l'égalité des hommes et des femmes au regard des conditions de travail.
Dans ces conditions, je ne vois pas très bien comment, après les excellents amendements présentés par Mme le rapporteur, on pourrait aujourd'hui voter contre le texte. Serait-ce parce que tout à coup un projecteur est braqué sur le travail de nuit des femmes ? Peut-on réclamer tout et son contraire ? Les hommes travaillent la nuit. Les femmes auront les mêmes droits que les hommes ! C'est le texte de loi. Il s'agit bien d'instaurer l'égalité entre les hommes et les femmes. Et le texte achoppe sur ce point ! Comprenne qui pourra ! Est-ce de la démagogie ? Est-ce de l'incompréhension des textes ? Est-ce une volonté de rétablir de l'inégalité ?
Quoiqu'il en soit, le groupe de l'Union centriste, devant l'excellence de nos travaux, votera ce texte, enrichi par les amendements présentés par la commission. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Après mon collègue Roland Muzeau, je voudrais, madame la secrétaire d'Etat, faire une dernière remarque sur l'amendement n° 1 rectifié ter , qui vise à supprimer l'interdiction du travail de nuit pour les femmes et que vous vouliez faire adopter ce soir. Je me dois de présenter cette observation car, comme plusieurs de nos collègues qui se sont exprimés ce matin, je considère qu'une ambiguïté demeure dans la présentation de votre texte. Les choses ne sont pas assez claires.
Votre amendement était-il présenté au nom de l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes ou au nom de l'Europe et des directives de Bruxelles ? Comme le débat est appelé à se poursuivre, il faudra bien, à un moment, clarifier la situation, et que le législateur voir les possibilités qui existent de refuser cette directive européenne.
La France a parfaitement le droit de conserver cette disposition dans le cadre de l'Union européenne. Résister aux pressions de Bruxelles et de Luxembourg est tout à fait possible. Les atouts ne manquent pas, vous le savez bien.
Dans ce cas précis, pour une fois, on peut même s'appuyer sur le texte de la directive. Dans ses considérants, et vous le savez bien, madame la secrétaire d'Etat, on peut lire que « l'égalité de traitement entre les travailleurs masculins et féminins constitue un des objets de la Communauté, dans la mesure où il s'agit notamment de promouvoir l'égalisation dans le progrès des conditions de vie et de travail de la main-d'oeuvre ».
En fait, avec votre amendement, vous détournez le texte et vous vous trouvez en contradiction avec l'esprit affiché de cette directive européenne.
De même, dans l'article 5 de la directive, sur lequel la Cour de justice des Communautés européennes fonde sa décision contre la France, on lit, à l'alinéa 3, que « les Etats membres prennent les mesures nécessaires afin que soient révisées celles des dispositions législatives, réglementaires et administratives contraires au principe de l'égalité de traitement lorsque le souci de protection qui les a inspirées à l'origine n'est plus fondé ». Madame la secrétaire d'Etat, il me semble tout de même difficile d'estimer que c'est le cas pour le travail de nuit des femmes.
Il n'y a certainement pas qu'en France que des femmes et des hommes agissent, résistent et sont prêts à se mobiliser pour défendre ou rétablir cet acquis social. Ne pourrait-on pas s'appuyer sur cette mobilisation ? A mon avis, les arguments ne manquent pas pour constituer un rapport de forces favorable en Europe en faveur des salariés et de leurs familles,
Vous le constatez, une autre solution positive est à la disposition du Gouvernement. Elle consiste à se conformer à la directive « par le haut ».
L'amendement que nous avions proposé visant à interdire le travail de nuit des hommes, comme celui des femmes, permettrait de pleinement respecter, dans un esprit progressiste, le principe édicté par la directive européenne « d'égalité de traitement ». Madame la secrétaire d'Etat, ne serait-ce pas un signe fort de la part de la France, qui préside actuellement l'Union, que d'orienter l'application d'une directive européenne dans un sens progressiste ?
Telle est, madame la secrétaire d'Etat, la remarque que je souhaitais formuler en cet instant.
M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, nous voici parvenus au terme d'une discussion qui, après avoir débuté dans le calme, se termine dans une certaine agitation. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Et tout d'abord, madame le secrétaire d'Etat, pourquoi avez-vous souhaité inscrire à l'ordre du jour prioritaire de nos travaux une proposition de loi concernant l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, adoptée par l'Assemblée nationale ?
Tout cela résulte de l'attitude des différents gouvernements, socialistes en particulier, qui, au cours des dix-sept années écoulées depuis l'adoption de la loi Roudy, n'ont pas fait preuve d'un grand souci de parvenir à une telle égalité.
Par ailleurs, le dialogue social a connu des dysfonctionnements ; je dois d'ailleurs dire que le spectacle que nous donne actuellement le dialogue social concernant l'UNEDIC laisse à penser que ces mêmes gouvernements ne manifestent pas beaucoup plus de respect vis-à-vis des partenaires sociaux. (Très bien ! sur les travées des Républicains et Indépendants.)
Je n'en veux pour preuve supplémentaire que les discussions que nous avons entendues aujourd'hui ; mais nous aurons certainement l'occasion d'en reparler.
Le Gouvernement a déposé, à l'occasion de l'examen en première lecture de cette proposition de loi par le Sénat, un amendement, non encore discuté par l'Assemblée nationale, en vue de répondre à la nécessité de transposer une directive européenne dans le droit français. La France a signé le traité de Rome en 1957, et nul ne songe, je crois, à ne pas suivre ces directives européennes. Il fallait donc passer par la voie législative, qui est sans doute meilleure que la transposition de directives par voie d'ordonnances qui va bientôt nous êtes proposée. Mais le point examiné aujourd'hui donnera peut-être lieu à une ordonnance supplémentaire, qui s'ajoutera aux quelque cinquante-six déjà prévues...
S'agissant de l'amendement déposé par le Gouvernement, la commission et son rapporteur ont fait un travail qui, certes, ne pouvait pas plaire à tous, mais qui permettait de conserver l'essentiel de ce texte tout en y apportant des modifications qui, même si elles correspondaient sans doute plus à notre sensibilité qu'à celle de l'opposition sénatoriale, n'en constituait pas moins des points positifs ; ce faisant, nous donnions en quelque sorte au Gouvernement une trame lui permettant de ne pas partir de zéro lors de la discussion en deuxième lecture à l'Assemblée nationale. En effet, j'imagine que les débats qui se déroulent au Sénat sont étudiés par nos collègues de l'Assemblée nationale, tout comme, pour notre part, nous examinons les prises de position au sein de cette dernière.
A présent, il n'y a plus d'amendement n° 1 rectifié ter modifié par les différents sous-amendements l'affectant. Nous en prenons acte. Ce n'est pas, pour nous, un moment de tristesse, car nous n'avions pas souhaité le débat sous cette forme. Toujours est-il que la discussion se termine en queue de poisson !
En revanche, en ce qui concerne les deux premiers points de cette proposition de loi qui nous a été transmise, nous avons, à mon avis, fait avancer le débat et, contrairement aux membres des groupes qui soutiennent le Gouvernement et qui vont soit voter contre, soit s'abstenir, nous avons effectivement oeuvré à une plus grande égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Ce progrès sera à mettre à l'actif de ceux qui voteront le texte tel qu'il résulte, pour l'instant, de nos débats. Je souhaite donc que la majorité du Sénat adopte la proposition de loi, confirmant ainsi les votes émis sur les différents articles.
Pour une fois, dirai-je, le Gouvernement n'a pas déclaré l'urgence. En effet, combien d'autres textes plus importants encore nous ont été soumis selon la procédure d'urgence, interdisant toute discussion entre l'Assemblée nationale et le Sénat ! Lors des commissions mixtes paritaires auxquelles nous étions amenés à participer, nous butions dès les premiers mots ou presque, et aucun travail constructif n'était fait entre les deux assemblées.
Si, comme je le souhaite, la majorité du Sénat vote ce texte, nous aurons la possibilité de reparler sereinement de tout cela lors de la deuxième lecture. J'observe d'ailleurs que, aujourd'hui, nous avons été, par moments, très près d'aboutir à un accord entre, notamment, les propositions de Mme le rapporteur et celles du groupe socialiste, s'agissant en particulier de la protection des femmes enceintes. J'espère que nous pourrons retrouver des moments de cette nature qui nous permettront de bâtir une oeuvre législative positive.
C'est pourquoi, mes chers collègues, je vous demande d'adopter le texte tel qu'il résulte de nos débats. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de la proposition de loi.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires sociales.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 2:

Nombre de votants 318
Nombre de suffrages exprimés 296149
Pour l'adoption 219
Contre 77

19