SEANCE DU 6 DECEMBRE 2001


Je vais mettre aux voix les crédits figurant au titre III.
M. Ivan Renar. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Monsieur le ministre, je profite de cette explication de vote pour vous dire non pas que je me plains, mais que je porte plainte, en quelque sorte, car des étudiants vous n'avez pas parlé. Vous ne me donnez donc pas beaucoup de raisons de voter le budget, bien que j'aie l'intention de le voter.
Vous avez dressé des perspectives exaltantes, concernant le plan social étudiant, que je partage. Mais si je me félicite de ces succès remportés, il n'en reste pas moins que des problèmes subsistent. On dénombre plus d'un million d'étudiants dans ce pays, dont 100 000 vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Je ne vais pas reprendre ce que j'ai dit au cours de mon intervention.
Vous n'aviez pas non plus répondu tout à l'heure aux questions que je vous avais posées sur les problèmes de santé, et je le regrette. Ce n'est pas une question de nombrilisme. Ce n'est pas non plus « le soupir de la créature accablée », c'est le cri de protestation de cette même créature !
Etant donné que les étudiants auront, demain, la responsabilité de ce pays, de leurs conditions d'études et de vie dépendent beaucoup de choses. Je regrette, par conséquent, votre silence sur ces questions, monsieur le ministre. Bien évidemment, il ne m'empêchera pas de voter ce budget.
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Monsieur le sénateur, je voulais économiser le temps des uns et des autres. En outre, M. Sueur ayant parfaitement répondu à vos questions, je n'avais pas cru bon de répéter ce qu'il avait excellement dit.
M. Ivan Renar. Ce sont vos réponses que je voulais entendre !
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. On peut toujours se plaindre et dire que les mesures prises ne sont pas suffisantes. Mais dans aucun pays d'Europe 30 % des étudiants bénéficient de bourses comme en France !
Certes, on peut toujours faire mieux, me direz-vous !
Qui plus est, leur montant a augmenté d'année en année, et cette année encore.
Quant au plan social étudiant, non seulement il a été pleinement respecté, mais nous sommes allés au-delà en créant 12 000 bourses destinées à favoriser la mobilité internationale des étudiants, ainsi que des bourses attribuées sur critères sociaux pour les étudiants en DESS. Ces deux nouvelles mesures sociales, qui sont essentielles et qui n'avaient pas été réclamées, représentent un effort très important de la collectivité.
N'oubliez pas non plus l'allocation logement, qui a été créée voilà une dizaine d'années.
Je ne prétends pas que la situation en France est parfaite, mais, lorsque je la compare avec celle des autres pays d'Europe, à partir de ce que me rapportent mes homologues, elle est, pour nos étudiants, la moins mauvaise, pour ne pas dire la meilleure. Consultez les étudiants britanniques, espagnols, italiens ou allemands ! La situation française est même enviée !
Nous continuerons, naturellement, à améliorer, je l'espère, la condition des étudiants en France, pour favoriser la démocratisation. Si notre système universitaire ne permet pas à tous les étudiants d'origine sociale modeste de parvenir à un haut niveau d'études supérieures - j'ai entendu certains évoquer les insuffisances dans ce domaine - nous avons quand même réussi, en une quinzaine d'années, à multiplier par cinq le nombre des étudiants d'origine ouvrière entrant à l'Université française !
Nous avons encore des progrès à faire, c'est évident, et vous savez très bien que, sur ce plan, je partage votre idéal. Il n'en reste pas moins que, cette année, nous avons fait un pas supplémentaire vers plus d'égalité culturelle et sociale !
M. Ivan Renar. Je souhaitais que vous le signaliez, monsieur le ministre !
M. Eric Doligé. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Doligé.
M. Eric Doligé. Monsieur le ministre, M. Renar vient de dire que vous aviez quelque peu oublié les étudiants. Vous venez de vous rattraper en quelque sorte.
Personnellement, j'ajouterai que vous avez oublié les efforts des collectivités, et c'est précisément en raison des investissements que je ne voterai pas ce budget.
Je prendrai l'exemple que je connais le mieux, celui de l'université d'Orléans, qui est connu aussi de mon collègue Jean-Pierre Sueur.
A la suite de la signature, voilà deux ans, d'un contrat de plan Etat-région, une vingtaine de projets ont été prévus, pour lesquels la contribution financière des collectivités sera plus importante que celle de l'Etat.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Rien n'a été fait, car les dossiers sont bloqués au niveau du ministère, vingt directions étant concernées, chacune par un dossier...
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Il n'y en a pas vingt !
M. Eric Doligé. En tout cas, selon l'ancien préfet, il est impossible de renégocier le dossier, car il faudrait reprendre contact avec chacune des directions concernées.
M. Jack Lang, ministre de l'éducation nationale. Il n'y en a que deux !
M. Eric Doligé. Consultez le dossier de cette université ; vous verrez que, deux ans après la signature du contrat de plan et à un an de la renégociation, il est au point mort. De ce fait, les étudiants attendent d'entrer à l'université, et d'autres espèrent avoir des espaces dignes d'un enseignement de qualité.
Nous rencontrerons, dans quelques jours, le préfet et le président de la région Centre pour faire le point sur un dossier qui est resté en suspens. Bien que nous ayons les financements et que les collectivités se soient accordées sur les maîtrises d'ouvrage, nous attendons toujours les signatures de l'Etat. Cela n'est pas normal vis-à-vis des étudiants et d'une université de qualité.
Voilà ce que je tenais à dire, et c'est pourquoi, en dépit des efforts que font les collectivités pour aider l'Etat, je ne voterai pas ce budget qui, selon moi, n'est pas de qualité.
Mme Nelly Olin. Très bien !
M. le président. Je mets aux voix les crédits figurant au titre III.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des finances.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 29:

Nombre de votants 312
Nombre de suffrages exprimés 312
Majorité absolue des suffrages 157
Pour l'adoption 112
Contre 200

M. le président. « Titre IV : 11 788 268 euros. »