SEANCE DU 17 DECEMBRE 2001
M. le président.
« Art. 26
ter
. - I. - Le II de l'article L. 5211-29 du code général des
collectivités territoriales, est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« A compter de 2002, la dotation moyenne par habitant des communautés de
communes ne faisant pas application des dispositions de l'article 1609
nonies
C du code général des impôts qui perçoivent la dotation
d'intercommunalité dans cette catégorie au titre de la deuxième année au moins
est majorée, le cas échéant, d'une somme lui permettant d'atteindre le montant
de la dotation moyenne par habitant qui leur a été notifiée l'année précédente,
augmentée comme la dotation forfaitaire visée à l'article L. 2334-7. Pour
l'application de ces dispositions en 2002, la dotation moyenne par habitant
prise en compte au titre de 2001 intègre la quote-part de la régularisation de
la dotation globale de fonctionnement prévue par l'article L. 1613-2-1.
« Cette majoration est répartie entre les établissements publics de
coopération intercommunale bénéficiaires comme les dotations de base et de
péréquation auxquelles elle s'ajoute.
« II. - Au septième alinéa de l'article L. 2334-7 du même code, le taux : "50
%" est remplacé par le taux : "45 %". »
L'amendement n° 66, présenté par M. Fréville, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 26
ter
. »
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville.
Du fait du retrait de l'amendement n° 71 rectifié de M. Charasse, le coup de
pouce de 200 millions de francs donné aux communautés de communes à fiscalité
additionnelle sera prélevé sur la régularisation de 2001, à moins qu'une
correction n'intervienne lors de l'examen du projet de loi relatif à la
démocratie de proximité.
L'article 26
ter
va beaucoup plus loin puisqu'il dispose qu'à compter
de 2002 ces 200 millions de francs seront pérennisés. Autrement dit, dans la
dotation d'intercommunalité, la part des communautés de communes à fiscalité
additionnelle sera systématiquement accrue de 200 millions de francs.
Dès lors, la possibilité d'utiliser les fonds, qui a fait l'objet de
l'intervention de Michel Charasse, n'existe plus et la disposition résultant du
vote de l'amendement de M. Bonrepaux par l'Assemblée nationale revient à donner
la possibilité d'opérer ce prélèvement sur la dotation forfaitaire des
communes. Cela est réalisé techniquement en abaissant le seuil de progression
de la dotation forfaitaire de 50 % à 45 % du taux de croissance de la DGF.
En d'autres termes, 200 millions de francs seront pris aux communes.
Evidemment, quand on compare les 200 millions de francs à la masse de la
dotation forfaitaire, cela représente une goutte d'eau ! Mais c'est le signal
qui est important : désormais, on va faire de la dotation forfaitaire des
communes la variable d'ajustement de la dotation d'intercommunalité, alors que
ce n'était pas le cas jusqu'à présent.
Dans ces conditions, il me paraît tout à fait logique d'appliquer ce qui vient
d'être dit : puisque c'est une mesure qui s'applique en 2002, ne tranchons pas
la question dès maintenant, donnons-nous le temps d'y réfléchir et prenons
notre décision en 2002.
Voilà pourquoi je préconise la suppression de l'article 26
ter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission n'a pas été complètement convaincue par
les arguments de notre collègue. Il lui semble que, à le suivre, on
s'exposerait au risque de voir sensiblement décroître, au fil des années, la
dotation forfaitaire des communes.
Certes, globalement, l'essor de l'intercommunalité devrait se traduire par de
moindres besoins financiers à l'échelon des communes. Cependant, une situation
moyenne ne doit pas masquer l'existence de cas où l'on observera une réalité
différente. Il ne faudrait pas que, par des décisions uniquement inspirées par
le constat d'évolutions tendancielles, on mette certaines communes dans
l'impossibilité de faire vivre leurs structures.
Bref, la commission n'a pas souhaité aller aussi loin que notre collègue Yves
Fréville et elle lui demande de bien vouloir retirer son amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je partage l'avis du rapporteur général.
M. le président.
Monsieur Fréville, l'amendement n° 66 est-il maintenu ?
M. Yves Fréville.
Je le maintiens, monsieur le président.
Il s'agit non pas de défendre l'intercommunalité, mais de protéger les
communes et la dotation forfaitaire des communes, contrairement à ce qu'a
semblé dire M. le rapporteur général.
Pour que les choses soient très claires, je vais prendre un exemple : la
commune de Bruz - bien connue depuis que le parti socialiste y a tenu son
congrès - a vu sa population croître de 60 %. De combien sa dotation
forfaitaire va-t-elle augmenter ? De 30 % seulement !
Ce sont des communes dans cette situation qui devront payer l'effort de
l'intercommunalité. Je pense qu'il faut défendre la ligne selon laquelle la
dotation forfaitaire croît d'au moins la moitié de la DGF, et pas moins.
Même au risque d'être battu, je maintiens cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 66.
M. Thierry Foucaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud.
L'amendement n° 66 pose une intéressante question, qu'il convient de
relever.
En effet, dans ses termes actuels, l'article 26
ter
du projet de loi de
finances rectificative vise à majorer le montant de la dotation des communautés
de communes par prélèvement sur la dotation forfaitaire. Dans les faits, au
lieu d'une péréquation des ressources, nous aurions donc un simple processus de
vases communicants : on déshabille Pierre pour habiller Paul !
Financer le développement de la coopération intercommunale en réduisant le
montant de la dotation forfaitaire des communes elles-mêmes ne nous paraît pas
de bonne politique. Nous pensons que cette opération est susceptible de
dégrader les relations entretenues entre l'Etat et les collectivités
territoriales.
D'autres voies peuvent être empruntées. C'est ainsi que nous proposons
régulièrement la taxation des actifs financiers des entreprises au titre de la
taxe professionnelle. Ce mécanisme aurait de surcroît l'avantage de réduire les
écarts flagrants d'imposition entre secteurs d'activité encore observés
aujourd'hui.
Cela étant, nous voterons l'amendement n° 66.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 66, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 26
ter.
(L'article 26
ter
est adopté.)
Article 26 quater et 26 quinquies