Mme la présidente. L'amendement n° 117, présenté par Mmes Schillinger, Bricq et Emery-Dumas, MM. Bérit-Débat et Caffet, Mmes Campion, Claireaux et Génisson, MM. Daudigny, Durain, Godefroy, Jeansannetas et Labazée, Mmes Meunier, Riocreux et Yonnet, MM. Tourenne, Vergoz et les membres du groupe socialiste et républicain, est ainsi libellé :
Alinéa 2, première phrase
Après les mots :
d’un savoir-faire
insérer les mots :
par l’exercice d’une ou plusieurs activités professionnelles en relation avec la qualification recherchée
La parole est à Mme Catherine Génisson.
Mme Catherine Génisson. Cet amendement de précision est motivé par la nécessité de ne pas perdre de vue, au cours des acquisitions de savoir-faire dans diverses entreprises, l’objet de la formation du salarié en contrat de professionnalisation. Ces expériences peuvent être incontestablement bénéfiques pour celui-ci, grâce à l’insertion dans de nouveaux milieux professionnels et à l’acquisition de nouvelles méthodes de travail, mais il faut éviter que le fil de la formation ne soit rompu.
En effet, l’objectif du contrat de professionnalisation doit toujours rester l’acquisition d’une formation qualifiante, en évitant l’abandon et la dispersion. Sont en jeu non seulement l’avenir professionnel du jeune et sa promotion personnelle, mais aussi notre développement économique.
Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Catherine Procaccia, rapporteur. Indépendamment de l’alourdissement de la rédaction qu’entraînerait l’adoption du présent amendement, il semble à la commission que son objet est satisfait par l’article L. 6325-2 du code du travail, que l’article 23 nonies tend à compléter. En effet, cet article dispose que c’est « par l'exercice en entreprise d'une ou plusieurs activités professionnelles en relation avec les qualifications recherchées » que s’acquiert le savoir-faire constituant le socle du contrat de professionnalisation.
Ma chère collègue, dans la mesure où l’objet de votre amendement est satisfait, je vous propose de le retirer.
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Génisson. Je retire l’amendement, madame la présidente !
Mme la présidente. L'amendement n° 117 est retiré.
Je mets aux voix l'article 23 nonies.
(L'article 23 nonies est adopté.)
Articles additionnels après l’article 23 nonies
Mme la présidente. L'amendement n° 139 rectifié quater, présenté par Mmes Doineau, Gatel et Férat, M. Détraigne et Mme Gruny, est ainsi libellé :
Après l’article 23 nonies
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le premier alinéa de l’article L. 1263-1 du code du travail est ainsi modifié :
a) La référence « L. 8112-1 » est remplacée par la référence « L. 8271-1-2 » ;
b) Les mots « leurs actions » sont remplacés par les mots : « l’action des agents mentionnés au 1° de cet article ».
La parole est à Mme Élisabeth Doineau.
Mme Élisabeth Doineau. À travers cet amendement, je souhaite soulever une nouvelle fois la question du travail détaché dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, le BTP, et celle du contrôle sur les chantiers en dehors des jours de semaine.
Vous le savez, monsieur le ministre, il existe une concurrence authentiquement déloyale des salariés détachés d’entreprises établies au sein de l’Union européenne. En effet, celles-ci pratiquent des tarifs très bas et bafouent souvent la réglementation sur les conditions de travail et les salaires ; 12 euros de l’heure, toutes charges comprises, contre 33, cela est en effet totalement déloyal !
Le 8 juin dernier, M. le Premier ministre et vous-même avez demandé à Bruxelles de revoir sa copie sur la directive encadrant le travail détaché ; vous avez alors déclaré : « La fraude au détachement est en train de gangréner la société française. » Nous sommes donc en phase sur ce sujet.
Le rapport d’information de M. Bocquet sur les normes européennes en matière de détachement des travailleurs fait état de 300 000 travailleurs détachés non déclarés en 2013. Les fraudes sont donc massives ! Elles sont dues à la difficulté, pour les inspecteurs du travail, d’effectuer leurs contrôles, et ce pour deux raisons.
Tout d’abord, il leur est particulièrement difficile de vérifier, comme le prévoit pourtant la réglementation européenne, que les conditions de travail respectent la législation française, notamment du point de vue du temps de travail et du salaire minimum. Ensuite, se présentent des obstacles pratiques : les infractions en la matière s’observent principalement le soir ou le weekend, quand les inspecteurs ne sont pas disponibles. Aussi la question du contrôle sur les chantiers en dehors des heures habituelles et des jours de semaines est-elle centrale.
Il est nécessaire de mettre fin à ce fléau ! Il convient pour cela de permettre aux douaniers, mais également à l’ensemble des agents de contrôle compétents, de suppléer les inspecteurs du travail dans leurs tâches de contrôle sur les chantiers de BTP.
Prenons l’exemple des agents des douanes. Non seulement ils ont la capacité d’intervenir les soirs et les weekends en raison des spécificités de leur charge de travail, mais encore ils disposent de compétences propres qui diffèrent de celles des inspecteurs du travail.
Ainsi, au regard de l’ampleur prise par le détachement non déclaré et des conditions de travail indignes auxquelles il peut aboutir, il importe d’employer les ressources complémentaires des agents de contrôle compétents, la douane au premier chef, pour lutter efficacement contre ce phénomène.
Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Catherine Procaccia, rapporteur. Mme Doineau propose que l’ensemble des agents chargés de la lutte contre le travail illégal échangent des informations sur le contrôle des salariés détachés.
Nous avons souvent évoqué, dans cet hémicycle, les fraudes au détachement, qui avaient d’ailleurs fait l’objet, au sein de la commission des affaires sociales, d’une confusion avec le travail illégal ; il est vrai que ces notions se chevauchent souvent.
Sur ma recommandation, Mme Doineau a modifié son amendement initial, dans lequel elle ne mentionnait que les agents des douanes et des impôts, pour l’étendre à tous les autres agents de contrôle compétents en la matière.
La commission des affaires sociales et moi-même trouvons intéressante l’idée contenue dans cet amendement. Ce sujet touche en effet beaucoup de nos collègues sénateurs, que les employeurs excédés par ces fraudes interpellent dans leurs départements.
La commission a souhaité solliciter l’avis du Gouvernement. Je précise toutefois que, dans la mesure où l ‘amendement a été rectifié dans le sens que j’avais suggéré, à titre personnel, j’y suis favorable.
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. François Rebsamen, ministre. Je vous remercie, madame Doineau, d’avoir rappelé, d’une part, notre détermination commune à lutter contre le travail détaché non déclaré – je pense qu’elle est d’ailleurs partagée sur toutes les travées – et, d’autre part, la volonté affirmée par mon ministère de mobiliser autant que possible les inspecteurs du travail – à raison de mille recherches par mois à partir de septembre – pour mettre fin aux fraudes au détachement.
Vous proposez de mobiliser également les services des douanes, en particulier. C’est précisément ce qu’ont décidé voilà peu le Premier ministre et le Gouvernement, à travers une coopération entre services.
Toutefois, je ne peux donner un avis favorable sur votre amendement parce que je n’ai pas, moi, le pouvoir de modifier le fonctionnement des douanes ; je ne suis pas en mesure de prendre d’engagement en ce sens.
Mme Nicole Bricq. Bien sûr !
M. François Rebsamen, ministre. Cela étant, la Commission nationale de lutte contre le travail illégal, dont sont membres des parlementaires, s’est réunie à Bercy mardi dernier et a décidé à cette occasion que les douanes, les services des impôts et les inspecteurs du travail devaient coopérer et partager leurs informations.
Je comprends tout à fait l’esprit de votre amendement, d’autant que le président de la Fédération nationale du bâtiment m’a dit souhaiter, lui aussi, la mobilisation des douanes. Le ministre en charge des douanes s’est en tout cas engagé à mobiliser ses agents pour lutter contre la fraude au détachement.
Mme la présidente. La parole est à Mme Nicole Bricq, pour explication de vote.
Mme Nicole Bricq. En vérité, cet amendement me semble purement déclaratif. En effet, la volonté exprimée par le ministre impliquera forcément un travail d’adaptation, car les systèmes d’information ne sont probablement pas compatibles ! Or, par cet amendement, on enjoint aux uns et aux autres de communiquer. Il est déjà difficile de faire communiquer plusieurs services au sein d’un même ministère ; j’ai donc quelques doutes quant aux chances d’y parvenir avec des services relevant de ministères différents…
Par ailleurs, je voudrais rappeler que nous avons tous adopté, me semble-t-il, en première lecture du projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, la disposition relative à la carte d’identité professionnelle dans le secteur du bâtiment, qui sera exigée lors des contrôles de l’inspection du travail.
En outre, nous examinerons la semaine prochaine, lors de la deuxième lecture de ce texte, une disposition adoptée par l’Assemblée nationale, issue d’ailleurs d’un amendement gouvernemental, qui renforce les sanctions contre les fraudes.
M. Éric Doligé. Oui !
Mme Nicole Bricq. Je pense que le Gouvernement a entendu la revendication des professionnels du bâtiment. Dès lors, je considère qu’il vaut mieux en rester là. Les administrations sont prêtes à coopérer et le ministre s’assurera que cette coopération sera effective, ce qui n’est pas toujours évident…
Mme la présidente. La parole est à M. Dominique Watrin, pour explication de vote.
M. Dominique Watrin. Pour ma part, je pense précisément qu’il ne faut pas en rester là. Car, reconnaissons-le, on se donne bonne conscience avec cet amendement !
Vous entendez faire collaborer avec l’inspection du travail, à laquelle incombe prioritairement le contrôle du travail détaché, des services – les douanes, l’administration fiscale – qui ont été saignés par la révision générale des politiques publiques et qui continuent de perdre des effectifs ! Et je ne parle même pas des effectifs réels de l’inspection du travail : ils sont tels que celle-ci est dans l’incapacité de mener à bien ses missions !
On se donne donc bonne conscience, alors que nous nous trouvons face à un problème considérable, et je veux à cet égard rappeler quelques éléments.
Il a été fait référence, à juste titre, aux propositions de notre collègue Éric Bocquet dans le cadre d’une résolution européenne. À côté des travailleurs détachés déclarés, il y a aussi les 220 000 à 300 000 « salariés […] à bas coût, présents sur le territoire français, sans avoir fait l’objet d’une déclaration ». C’est dire l’ampleur du phénomène ! Il va donc falloir envisager un traitement d’une tout autre nature.
Le rapport de notre collègue indiquait que, au cours des dernières années, on avait pu constater un véritable phénomène d’« optimisation sociale, voire de dumping social ». Il précisait par ailleurs que la directive européenne relative au détachement de travailleurs, telle qu’elle est conçue, peut entraîner des distorsions de concurrence importantes, avec des écarts pouvant atteindre 30 % entre un salarié polonais détaché et un salarié français, du fait de la différence de cotisations sociales. Il soulignait enfin que la fraude était très répandue.
J’ajoute que les contrôles sont très complexes. En effet, dans certains cas, les documents présentés à l’inspection du travail ne concordent pas du tout avec la réalité. Ainsi, il n’est pas rare que des travailleurs détachés ne soient pas rémunérés au salaire déclaré parce qu’on leur enlève un forfait pour leur nourriture et leur hébergement.
Le rapport fait aussi apparaître que, pour pouvoir frauder, certains grands groupes – que l’on connaît, et qui sont français ! – n’hésitent pas, dans le cadre de leurs réponses aux appels d’offres, à faire de la sous-traitance en cascade, allant jusqu’à une douzaine d’échelons ! Cela leur permet de gagner des marchés, en sachant très bien que des salariés seront sous-payés et surexploités. Cela fausse donc complètement les termes de la concurrence !
On peut certes imaginer une meilleure coordination entre différents services de l’administration, et tant mieux si vous y arrivez, mais cela paraît peu probable eu égard à ce que sont aujourd'hui les effectifs.
Face à un tel problème, il faudrait surtout remettre en cause la directive européenne elle-même, qui institutionnalise ces distorsions de concurrence.
M. Dominique Watrin. Il faudrait aussi insérer dans les contrats de marchés publics des clauses empêchant, par exemple, que les candidats aient plus de trois sous-traitants.
Voilà ce qui permettrait de s’attaquer réellement à ce grave problème. Les solutions qui nous sont proposées ici sont largement insuffisantes et ne servent guère, je le répète, qu’à se donner bonne conscience.
Mme Laurence Cohen. Très bien !
Mme la présidente. La parole est à Mme Élisabeth Doineau, pour explication de vote.
Mme Élisabeth Doineau. Je veux tout d'abord remercier Mme la rapporteur, qui a permis que la commission des affaires sociales avance sur le sujet.
Je veux ensuite remercier M. le ministre, qui nous a montré sa volonté de lutter lui aussi contre cette forme de concurrence déloyale dont sont victimes nos entreprises.
Il me semble que cette lutte suppose la mobilisation d’une chaîne et je pense qu’il faut y inclure notamment les services des douanes.
Monsieur Watrin, je tiens à vous dire qu’il ne s’agit absolument pas pour moi de me donner bonne conscience. Ce qui m’anime, en vérité, dans cette démarche, c’est que j’entends autour de moi des artisans et des responsables de petites entreprises du bâtiment me dire combien ils souffrent de cette situation – car les grandes entreprises du BTP ne sont pas les seules à la subir – et m’expliquer que 30 % des entreprises de moins de cinq salariés ont déposé leur bilan l’année dernière. Comme ils le disent crûment, aujourd'hui, pour ces entreprises, c’est « fraude ou crève ! »
Je suis donc inquiète pour ces entreprises qui maillent notre territoire et je pense qu’il faut lutter résolument contre la fraude au travail détaché. Certes, la proposition que je fais ici n’est pas radicale, mais il me semble qu’elle permettrait d’envoyer un signal fort à ces entreprises en leur montrant que l’on va consacrer des moyens à cette lutte sur le terrain.
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.
M. François Rebsamen, ministre. Madame la sénatrice, je comprends votre position. Je répète que mon avis défavorable porte non sur le fond, mais sur la forme.
J’ajouterai deux remarques.
Premièrement, la carte d’identité professionnelle du bâtiment, dont la création figure dans le projet de loi pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, sera l’un des moyens de lutter contre le travail illégal ou la fraude au détachement, ainsi que l’a rappelé Mme Bricq.
Voilà onze ans que la Fédération française du bâtiment demandait la mise en place de cette carte ! J’avoue que j’ai même dû forcer un peu la main à mon administration, qui n’était guère enthousiaste. Finalement, nous y sommes parvenus. Cet élément d’identification contribuera à la lutte contre la fraude.
Deuxièmement, monsieur Watrin, vous avez raison, c’est l’inspection du travail qui est sur le terrain. Elle fait tout ce qu’elle peut, mais il faut savoir qu’il y a des montages très compliqués et qu’il n’est pas facile de les démonter.
Nous agissons aussi au niveau européen. Ainsi, l’initiative et l’action de la France ont permis de déboucher, en 2014, sur un accord, qui a été transposé dans la législation française par la loi dite « Savary ».
Sachez que nous travaillons actuellement avec Mme Thyssen, commissaire européenne à l’emploi, aux affaires sociales, aux compétences et à la mobilité du travail, sur la révision de la directive de 1996. Cependant, nous le faisons avec une extrême vigilance, car il faut que cette révision se fasse dans le sens que nous souhaitons…
Mme Nicole Bricq. Eh oui ! Tout le monde n’est pas d’accord.
M. François Rebsamen, ministre. … et non dans celui d’une libéralisation plus grande encore, qui serait insupportable pour nos entreprises dans un certain nombre de secteurs, comme le bâtiment, mais également l’hôtellerie-restauration.
Je précise en outre que la fraude concerne souvent des métiers en tension. En effet, pour les entreprises qui, sur le marché du travail, ne trouvent pas de personnes répondant à leurs offres d’emploi, il est tentant de faire appel à des travailleurs détachés : c’est une facilité ! Je sais que cela pourra choquer certains, mais il y a des secteurs entiers où l’on cherche des travailleurs ! Par exemple, dans l’aéronautique, nous manquons d’ajusteurs. Encore faut-il des formations adaptées, comme l’a dit Jean Desessard. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous avons identifié 40 000 formations prioritaires.
Mme la présidente. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 23 nonies.
L'amendement n° 140 rectifié quater, présenté par Mmes Doineau, Gatel et Férat, M. Détraigne et Mme Gruny, est ainsi libellé :
Après l’article 23 nonies
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Au premier alinéa de l’article L. 1264-3 du code du travail, les mots : « de l'inspection du travail mentionnés aux articles L. 8112-1 et L. 8112-5 » sont remplacés par les mots : « mentionnés à l’article L. 8271-1-2 ».
La parole est à Mme Élisabeth Doineau.
Mme Élisabeth Doineau. Je ne vais pas reprendre ici les arguments que j’ai exposés tout à l'heure. Simplement, je crains que, si l’on ne fait rien, le bâtiment ne finisse par connaître le phénomène de délocalisation qu’a d’ores et déjà subi une partie de notre industrie. Je voudrais vraiment que l’on soit attentif à ce risque et que l’on agisse concrètement sur le terrain.
Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
Mme Catherine Procaccia, rapporteur. Le précédent amendement visait à faire communiquer les services, ce qui ne paraît tout de même pas insurmontable. (Mme Nicole Bricq s’exclame.) En tout cas, c’est possible techniquement !
Le présent amendement est beaucoup plus ambitieux puisqu’il vise à élargir le champ des agents compétents pour constater les manquements à l’obligation de déclaration préalable au détachement.
La commission a souhaité entendre l’avis du Gouvernement.
En effet, cet amendement risque d’être source de complexité pour les directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi, les DIRECCTE, car le système d’amende administrative prévu par la loi du 10 juillet 2014 visant à lutter contre la concurrence sociale déloyale pour sanctionner ces manquements vient juste d’être mis en place, et il est spécifique et interne aux DIRECCTE.
À titre personnel, j’étais favorable à l’amendement, mais, compte tenu de toutes les impossibilités que M. le ministre a évoquées, je m’interroge sur le caractère opérationnel de cette proposition.
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. François Rebsamen, ministre. J’ai dit ce que j’avais à dire. Je m’en remets à la sagesse du Sénat.
Mme Élisabeth Doineau. Je retire l’amendement, madame la présidente !
Mme la présidente. L'amendement n° 140 rectifié quater est retiré.
L'amendement n° 326, présenté par Mme Procaccia, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :
Après l’article 23 nonies
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
La seconde phrase du troisième alinéa de l’article L. 124-6 du code de l’éducation, dans sa rédaction résultant de l’article 1er de la loi n° 2014-788 du 10 juillet 2014 tendant au développement, à l’encadrement des stages et à l’amélioration du statut des stagiaires, est ainsi rédigée :
« Cette gratification est forfaitaire et ne varie pas en fonction du nombre de jours ouvrés dans le mois. ».
La parole est à Mme la rapporteur.
Mme Catherine Procaccia, rapporteur. Cela fait des années que j’essaie d’avancer sur le problème des stagiaires et de leur rémunération.
Lors de la discussion du projet de loi relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche, nous avions introduit, avec le soutien de nos collègues socialistes, une telle disposition permettant à un stagiaire de percevoir une rémunération de base dont le montant est indépendant du nombre de jours travaillés. Or, du fait de la rédaction qui a finalement été retenue par la commission mixte paritaire, les stagiaires gagnent désormais encore moins qu’auparavant ! Cela s’est tout particulièrement vérifié en mai dernier, ce mois comptant de nombreux jours chômés.
Cet amendement vise à réitérer cette volonté du Sénat. Je ne vois pas comment l’Assemblée nationale pourrait ne pas partager cette préoccupation !
Monsieur le ministre, si votre projet de loi n’avait pas été l’occasion de traiter d’un grand nombre de sujets qui n’entraient pas a priori dans son cadre initial – je pense aux CDD, par exemple –, je n’aurais pas cherché à y introduire cet élément. Je l’avoue, je veux à mon tour, pour une fois, profiter de ce véhicule ! (Sourires.)
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme la présidente. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 23 nonies.
Je note que l’amendement n° 326 a été adopté à l’unanimité des présents.
Article 23 decies
(Supprimé)
Mme la présidente. Je suis saisie de deux amendements identiques.
L'amendement n° 60 est présenté par M. Desessard, Mme Archimbaud et les membres du groupe écologiste.
L'amendement n° 118 est présenté par Mmes Schillinger, Bricq et Emery-Dumas, MM. Bérit-Débat et Caffet, Mmes Campion, Claireaux et Génisson, MM. Daudigny, Durain, Godefroy, Jeansannetas et Labazée, Mmes Meunier, Riocreux et Yonnet, MM. Tourenne, Vergoz et les membres du groupe socialiste et républicain.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Rétablir cet article dans la rédaction suivante :
Afin d'anticiper les impacts économiques, sociaux et professionnels de la transition énergétique, le Gouvernement remet au Parlement, avant le 1er juillet 2016, un rapport sur les transitions professionnelles liées à la transition énergétique, permettant, dans le cadre du Conseil national de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles :
1° D'identifier les certifications existantes en lien avec la transition énergétique et le besoin de nouvelles certifications ;
2° D'identifier les compétences et l'offre de formation manquante pour répondre aux besoins de la transition énergétique et de proposer aux organismes paritaires collecteurs agréés de la formation professionnelle d'intégrer ces besoins à leur politique d'achats ;
3° De proposer aux partenaires sociaux de définir un socle de compétences de base liées à la transition énergétique et de rendre éligibles au compte personnel de formation tout ou partie des certifications précédemment identifiées.
La parole est à M. Jean Desessard, pour présenter l’amendement n° 60.
M. Jean Desessard. La transition écologique peut être un fantastique vivier d’emplois amenés à se développer dans les années à venir. Il appartient aux pouvoirs publics d’activer tous les leviers pour que notre pays exploite au mieux cette formidable opportunité. Cela passe aussi par la formation.
Depuis plusieurs années, notre pays s’est engagé dans la voie de la décentralisation en ce qui concerne les politiques de formation. Depuis la dernière loi en date sur ce sujet, la loi relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale du 5 mars 2014, la région est désormais compétente pour la formation de tous les publics, structurant et coordonnant les offres de formation.
Les écologistes sont partisans d’une telle évolution : ils pensent que la région est l’échelon le plus adapté pour mettre en œuvre les politiques de formation.
Toutefois, nous considérons que l’échelon national a également son rôle à jouer, notamment en ce qui concerne la prospective.
Mme Laurence Cohen. Ça, on peut le voter…
M. Jean Desessard. Identifier les secteurs porteurs, anticiper les besoins des entreprises, prévoir les certifications qui seront nécessaires : ce sont là des missions qui ne peuvent être accomplies qu’au niveau national, en soutien aux politiques publiques nationales.
C’est précisément le sens de notre amendement, qui tend à ce qu’un rapport soit établi afin de bâtir, dans le cadre du Conseil national de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles, le CNEFOP, une offre de diplômes, de titres et de certifications correspondant aux compétences identifiées pour assurer la transition professionnelle des individus vers les métiers de la transition énergétique.
Cela correspond d’ailleurs à l’une des priorités de la « stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2015-2020 », adoptée le 4 février 2015 en conseil des ministres, qui prévoit « d’accompagner les transitions professionnelles ». Il s’agit de mettre en place l’offre de formation et les parcours nécessaires pour doter les salariés d’aujourd’hui et de demain des compétences qui permettront à notre économie de relever les défis de la transition énergétique.
Les députés avaient reconnu le caractère nécessaire de ce rapport en adoptant un amendement similaire. La commission des affaires sociales du Sénat a fait le choix de supprimer cette disposition, en vertu de son opposition de principe à tous les rapports. Néanmoins, au vu des enjeux fondamentaux pour notre pays que recouvre cet amendement, je vous demande, mes chers collègues, de l’adopter.
Mme la présidente. La parole est à Mme Catherine Génisson, pour présenter l'amendement n° 118.
Mme Catherine Génisson. Notre collègue Jean Desessard vient de défendre le principe de cet amendement. J’estime qu’il faut vraiment accompagner le sujet de la transition énergétique et passer des intentions aux actes.
J’ajouterai que les formations concernées doivent être inscrites sur les listes de formations éligibles au compte personnel de formation et, bientôt, au compte personnel d’activité, ce qui implique la mobilisation des organismes collecteurs et des organismes de formation.
Je veux également insister pour que le rapport qui fait l’objet de cet amendement soit établi dans le cadre du CNEFOP, c'est-à-dire avec l’implication des partenaires sociaux.
Certes, cet amendement tend à créer un rapport supplémentaire, mais celui-ci porterait sur un sujet qui, sans être nouveau, n’a pas encore donné lieu à la définition de mesures concrètes permettant d’avancer sur le sujet de la transition énergétique.
En tant que membre du conseil régional de la région Nord-Pas-de-Calais,…