ALLEMAGNE
La
protection du patrimoine relève de la compétence des
Länder
. Chaque
Land
dispose donc de ses propres
règles. Dans certains
Länder
, les immeubles
protégés sont ceux qui ont fait l'objet d'une procédure de
classement. Ils figurent alors sur la liste établie par les services
régionaux de la conservation. Dans d'autres, les immeubles
protégés sont ceux qui répondent aux critères
énoncés par la loi.
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I. AU MOMENT DE L'ACQUISITION
La loi sur les droits d'enregistrement ne comporte aucune disposition spécifique favorable aux personnes qui achètent un immeuble ancien. En revanche, la loi relative aux impôts sur les successions et les donations en prévoit.
1) L'exemption totale ou partielle de l'impôt sur les successions
Certains immeubles anciens n'entrent pas dans l'assiette de
l'impôt sur les successions et bénéficient d'une
exonération totale. D'autres bénéficient d'une
exonération à hauteur de 60 %.
Totale ou partielle, l'exonération est subordonnée au fait que la
conservation de l'immeuble relève de l'intérêt
général et que cet immeuble procure des revenus inférieurs
aux dépenses qu'il engendre. Elle est reprise si l'immeuble est vendu
dans les dix ans ou s'il cesse de répondre aux critères.
a) L'exonération totale
Elle concerne :
- les immeubles que leurs propriétaires ont décidé,
sans y être obligés, d'ouvrir au public ;
- ceux que les acquéreurs décident de soumettre à la
loi du
Land
sur la protection du patrimoine, dans la mesure où
ils sont soit classés soit propriété de la famille depuis
au moins vingt ans.
b) L'exonération partielle
Elle est subordonnée au fait que les propriétaires, dans la
limite de leurs possibilités, laissent l'immeuble accessible aux
chercheurs ou aux visiteurs.
En outre,
l'assiette de l'impôt sur les successions est souvent
réduite
. Cet impôt est en effet assis sur la
« valeur fiscale unitaire »
de l'immeuble. La valeur
fiscale unitaire est une notion qui a été introduite par la loi
d'évaluation de 1991, afin d'harmoniser la valeur des biens prise en
compte pour le calcul de différents impôts. Or, la valeur fiscale
unitaire des immeubles protégés peut être réduite
par l'administration fiscale, pour tenir compte des contraintes que les
propriétaires de tels immeubles doivent respecter. En règle
générale, la réduction est comprise entre 5 % et 10 %.
2) L'exemption totale ou partielle de l'impôt sur les donations
Les règles de l'impôt sur les successions sont applicables aux donations.
II. PENDANT LA PÉRIODE DE DÉTENTION
1) La déductibilité des frais d'entretien
a) Le bien ne produit pas de revenus
•
Les propriétaires d'immeubles protégés ou qui font partie
d'un ensemble protégé peuvent
déduire de leur revenu
imposable les dépenses d'entretien ou de réhabilitation de leurs
biens.
La déduction porte sur la totalité des frais dont le
propriétaire a la charge. Elle est répartie sur dix ans
à raison de 10 % par an et à partir de l'année au
cours de laquelle la dépense est engagée, sans possibilité
de rattrapage d'une année sur l'autre.
Le droit à déduction n'est ouvert que si le propriétaire
remplit les conditions suivantes :
- il dispose d'un document de l'administration des affaires culturelles
attestant de la nécessité des travaux ;
- il n'habite pas l'immeuble où les travaux ont lieu ;
- il ne retire aucun revenu (par exemple aucun droit d'entrée) de
l'immeuble pendant l'année où les dépenses sont
réalisées ;
- il ne bénéficie d'aucun autre avantage fiscal pour
réaliser les travaux.
Cette mesure est spécifique aux immeubles protégés.
•
La même possibilité de déduction existe pour les
propriétaires occupants.
La déduction est alors ouverte non
seulement aux propriétaires d'immeubles protégés par la
loi du
Land
, mais aussi aux propriétaires des immeubles qui
présentent un intérêt historique, artistique ou
architectural, attesté par l'administration de la commune. Le droit
à déduction est subordonné à l'absence d'autre
avantage fiscal.
Cette déduction constitue une réelle incitation, car les
propriétaires occupants d'un logement ancien qui suit les règles
de droit commun peuvent bénéficier pendant huit ans d'une
prime annuelle de 1 278 €, cette possibilité étant
réservée aux contribuables dont les revenus n'excèdent pas
un certain plafond (81 807 € par an pour un célibataire).
b) Le bien produit des revenus
Le
traitement fiscal des dépenses d'entretien dépend de leur
qualification, qui est définie par l'administration. Les dépenses
de réhabilitation sont celles qui augmentent durablement la valeur de
l'immeuble, tandis que les autres dépenses d'entretien correspondent
à l'entretien courant (changement de crépis, rénovation
des sanitaires, remplacement des fenêtres...). En règle
générale, l'administration fiscale considère comme
dépenses d'entretien courant celles qui n'excèdent pas
2 000 €.
•
L'amortissement accéléré des dépenses de
réhabilitation
Lorsque l'immeuble est protégé par la loi du
Land
ou qu'il
présente un intérêt historique, artistique ou
architectural, les dépenses de réhabilitation peuvent être
amorties de façon accélérée :
10 % par
an pendant dix ans
, ce qui équivaut à une
déduction de ces dépenses du revenu immobilier. Cette mesure
existe également pour les immeubles qui sont situés dans des
zones urbaines à réhabiliter.
L'avantage est réel, puisque, pour les immeubles construits avant 1925
et qui obéissent au droit commun, l'amortissement des dépenses de
gros entretien est étalé sur quarante ans et s'effectue donc
au rythme de 2,5 % par an.
•
L'étalement de la déduction des frais d'entretien des
immeubles donnés en location
Les propriétaires des immeubles protégés par la loi du
Land
peuvent déduire les frais d'entretien des immeubles
donnés en location en étalant la déduction sur une
période de deux à cinq ans.
L'étalement de la déduction constitue un avantage parce que,
selon le droit commun, ces frais sont déductibles des revenus
immobiliers de l'année au cours de laquelle la dépense a lieu.
Les déficits fonciers sont certes imputables sur les autres revenus et,
le cas échéant, reportables d'une année sur l'autre, mais
pas en totalité lorsqu'ils dépassent 51 500 €.
2) L'exemption de l'impôt foncier communal ou la prise en compte d'une assiette favorable
L'impôt foncier communal, dont les règles
générales sont fixées au niveau fédéral,
constitue, avec la taxe professionnelle, la principale source de revenus des
communes. Son taux est fixé par les communes.
•
D'après la loi, les communes ont l'obligation d'exempter de
l'impôt foncier les propriétaires des immeubles dont la
conservation relève de l'intérêt général
,
à cause de leur valeur artistique, historique ou scientifique, dans la
mesure où ces immeubles procurent des revenus inférieurs aux
coûts qu'ils engendrent.
En pratique, pour bénéficier de cette exemption, le
propriétaire doit présenter un document de l'administration des
affaires culturelles.
• Lorsque l'immeuble n'est pas exempté d'impôt foncier,
l'assiette d'imposition peut être réduite, car cet impôt est
assis sur la valeur fiscale unitaire.
III. LORS DE LA VENTE
En cas de revente d'un bien immobilier dans les dix années qui suivent l'acquisition, la plus-value est imposable comme un « revenu divers » (au titre de l'impôt sur le revenu). Pour les immeubles anciens, le calcul de la plus-value s'effectue selon les règles de droit commun : la plus-value est égale à la différence entre le prix de cession et le coût d'acquisition, ce dernier étant éventuellement augmenté du montant des dépenses d'amélioration. Cependant, si le propriétaire d'un bien ancien a bénéficié d'amortissements accélérés ou d'une autre mesure de déduction des frais d'entretien, les dépenses d'amélioration sont réduites du montant des déductions déjà obtenues.