III. PERSPECTIVES INCERTAINES POUR 2001
La
croissance de l'économie mondiale, si vigoureuse l'an passé, est
en perte de vitesse en 2001. Toutes les régions géographiques
sont touchées à l'exception, peut-être, de l'Afrique, qui a
enregistré le plus faible taux de croissance en 2000. L'Amérique
du Nord, les économies en transition et les pays en développement
d'Asie de l'Est -autres que la Chine- devraient voir leur PIB diminuer
fortement en 2001. Le PIB américain a connu sa progression la plus
faible depuis la récession du premier trimestre 1993 :
l'investissement en équipement a en effet poursuivi son repli
entamé à l'hiver 2000.
En outre, la fragile économie japonaise ne semble pas devoir se
redresser. En effet, après deux trimestres de croissance positive,
l'activité s'est de nouveau contractée au deuxième
trimestre 2001 (-0,8 % en volume). Le soutien du plan de relance public
à la croissance ne semble en effet pas avoir été suffisant
pour compenser le repli des investissements privés. Par ailleurs, les
taux de croissance en Europe occidentale et en Amérique latine devraient
perdre environ 1 point de pourcentage, du fait du ralentissement de la
consommation et du repli de l'investissement.
Le Fonds Monétaire International (FMI), début novembre
2001 , a ramené ses prévisions de croissance mondiale de
2,6% à 2,4% pour 2001 et de 3,5% à 2,4% pour 2002. Il
prévoit, pour l'Union européenne, une croissance de 1,7% en 2001
et de 1,4 % en 2002. Les prévisions publiées, quelques jours
après, par l'OCDE et par la Commission européenne sont
inférieures de 0,2 point à certaines prévisions du FMI.
S'il existe un large consensus au sujet du ralentissement général
de la croissance, l'incertitude demeure quant à la gravité de
cette décélération et à la forme qu'elle prendra.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont encore accru cette
incertitude. L'évolution de l'économie des États-Unis est
considérée comme l'élément clé, non
seulement en raison de son poids dans la production et les échanges
mondiaux mais aussi en raison de sa position dominante dans la
« nouvelle économie ».
Les perspectives du commerce mondial en 2001 se sont donc nettement assombries
au cours des derniers mois.
En progression soutenue jusqu'au troisième trimestre de l'année
dernière, le commerce mondial a marqué un recul sensible, de
près de 1 % au quatrième trimestre 2000 et au premier
trimestre 2001. Ce recul s'explique en partie par le net repli des importations
asiatiques dès la fin 2000, et celui très marqué,
début 2001, des importations américaines et de celles des
principaux pays de la zone euro, peu à peu touchés par le
ralentissement mondial.
Le commerce mondial reviendrait au second semestre sur des rythmes de
progression trimestrielle de l'ordre de 1 % et pourrait s'intensifier en
fin d'année ; cependant, du fait d'une fin d'année 2000
et d'un début d'année 2001 particulièrement
défavorables, le commerce mondial ne progresserait que très
faiblement sur l'année 2001, d'à peine 2 %, soit une
croissance divisée par plus de six par rapport à l'année
2000. Il reviendrait en 2002 sur un rythme de croissance
légèrement inférieur à son rythme tendanciel qui
est de l'ordre de 6 %.
En 2001, le net ralentissement du commerce mondial s'expliquerait par un
moindre dynamisme des importations de la plupart des grands pays ou zones,
industrialisés comme émergents.
C'est la zone euro qui serait le moteur principal du commerce mondial en 2001,
contribuant pour près de la moitié à sa croissance, loin
devant l'Europe hors zone euro et l'ALENA, dont les contributions seraient de
l'ordre d'un quart. Dernier grand pays industrialisé, le Japon, dont la
croissance devrait être nulle en 2001, ne contribuerait que très
peu au commerce mondial.
L'Asie émergente, particulièrement touchée par le
ralentissement des économies américaine et japonaise et le
retournement du cycle de l'électronique devrait connaître une
nette contraction de ses importations et par conséquent fortement peser
sur le commerce mondial en 2001.
En 2002, avec la reprise attendue de l'activité mondiale, les
importations de la plupart des zones devraient nettement
accélérer, permettant ainsi au commerce mondial de revenir sur un
rythme de croissance voisin de celui atteint en 1999. Comme en 2001, la zone
euro serait parmi les zones les plus porteuses, dans une moindre mesure
cependant, du fait des contributions également nettement positives de
l'ALENA et de l'Asie hors Japon.