CHAPITRE II -
LA POSTE FACE À L'OUVERTURE PROGRAMMÉE A LA
CONCURRENCE
I. DES RÉSULTATS FLÉCHISSANTS
A. UNE CROISSANCE DU COURRIER ET DES COLIS PEU ENTHOUSIASMANTE
1. Le courrier : croissance ralentie et dégradation de la qualité
a) Une croissance ralentie
Les dernières données de trafic consolidées dont dispose la direction du courrier de La Poste concernent les flux de trafic de l'exercice 2000. Le tableau suivant détaille ces évolutions :
TRAFIC POSTAL DE 1998 À 2000 (1)
En millions d'objets, dépôts en métropole |
1998 |
1999 |
2000 |
Evol 99/2000 |
TOTAL |
25 563,2 |
25 845,5 |
26 199,9 |
1,4% |
CORRESPONDANCES |
11 819,9 |
11 823,0 |
11 862,2 |
0,3% |
Lettres < 20g, CPU, AR |
5 408,2 |
5 429,0 |
5 455,0 |
0,5% |
Lettres>20g, Distingo |
1 289,1 |
1 359,5 |
1 397,8 |
2,8% |
Lettre rec. |
180,0 |
180,3 |
186,0 |
3,2% |
Ecopli, CNPU, franchises |
4 942,6 |
4 854,2 |
4 823,4 |
-0,6% |
PRESSE (franchises incluses) |
2 111,6 |
2 091,2 |
2 069,8 |
-1,0% |
COLIS |
287,2 |
286,5 |
292,5 |
2,1% |
PROSPECTION COMMERCIALE |
11 344,3 |
11 644,8 |
11 975,4 |
2,8% |
Catalogues (tarifs spéciaux, guichet) |
77,9 |
78,1 |
85,6 |
9,5% |
Gamme Postimpact |
4 088,2 |
4 251,8 |
4 377,4 |
3,0% |
Gamme Postcontact |
7 056,4 |
7 177,4 |
7 392,3 |
3,0% |
Annuaires à distribution spéciale |
31,4 |
20,1 |
6,5 |
-67,4% |
Postréponse |
90,3 |
117,4 |
113,6 |
-3,2% |
(1)
L'évolution des méthodes statistiques nécessite de
reconstituer les séries par « lissage », ce qui peut
expliquer de légers écarts avec les chiffres communiqués
en 2000 pour les années 1998
et 1999.
Ce tableau fait apparaître les évolutions suivantes :
Une croissance modérée du trafic global
depuis 1998
(et même sur la période 1994-2000, de l'ordre de 1,8 %). En
effet, la croissance du trafic postal, dynamique en 1997 et 1998 (+3,5 %)
a, depuis, nettement ralenti.
Elle n'est plus que de 1,4 % en 2000
,
du fait de la stabilisation du trafic de correspondances depuis
2 ans (+0,3 %).
Une croissance « tirée » par la prospection
commerciale
-adressée et non adressée-, dont le volume a
dépassé pour la première fois le trafic des
correspondances, mais selon un rythme de croissance bien
supérieur : +3,67 % par an en moyenne sur la période
1994-2001, contre +0,8 % seulement pour la correspondance. Longtemps
dynamisé par la publicité non adressée (Postcontact), avec
un taux de croissance supérieur à 10 % jusqu'en 1995,
le
trafic de la prospection commerciale
connaît aujourd'hui une
évolution plus contrastée, qui résulte de l'arrivée
à maturité de ce marché. D'où de moindres
perspectives de croissance (3 % en 2000). Ceci s'explique d'abord par
l'évolution des stratégies de communication des grands clients
« traditionnels » (grands annonceurs, grande distribution)
d'un média « de conquête »
(caractérisé par la publicité non adressée), vers
des stratégies de fidélisation (tournées vers la
publicité adressée). Cela s'explique ensuite par le niveau de
saturation atteint par la distribution des publicités non
adressées dans certaines zones.
Inversement, le principal trafic de courrier publicitaire adressé
(Postimpact), après avoir connu une croissance annuelle moyenne de
2,6 % sur la période 1994-2000, connaît un regain
d'intérêt et enregistre une croissance de 3 % en 2000.
Cette inversion de tendance est significative des évolutions attendues
au cours des prochaines années : La Poste considère que
le marketing direct adressé
, média clé des
stratégies de fidélisation des annonceurs, constituera le moteur
de croissance du courrier. Ainsi, si La Poste mise sur une croissance moyenne
du chiffre d'affaires d'environ 2,2 % sur la période 1998-2002
(à conditions inchangées), cette croissance devrait
essentiellement être portée par la croissance du trafic et du
chiffre d'affaires provenant du courrier publicitaire adressé, avec un
taux moyen d'environ 6 % par an.
La quasi stagnation du trafic des correspondances
s'explique, quant
à elle, surtout par celle des lettres de moins de 20 g, qui
représentent le plus gros flux de courrier adressé. Après
une période de reprise, liée à l'absorption des pertes de
1995, l'inflexion s'est produite en 1999, date à laquelle le trafic des
lettres de moins de 20 g est resté stable. Si cette croissance plus
lente des trafics de courrier de transaction s'observe dans l'ensemble des pays
industrialisés, notamment en Europe, il existe en France des
déterminants pour partie spécifiques :
- le développement de la carte Vitale, dont on estime qu'elle fait
perdre à La Poste près de 400 millions de plis par an, soit
plus de 152,4 millions d'€ (~1 milliard de francs) par an ;
- la rationalisation des dépenses des entreprises, parmi lesquelles
figure le courrier ;
- la raréfaction des échanges des particuliers ;
- le développement des nouvelles technologies (Internet,
procédures télé- relevées telles que TVA,
fiscalité, formulaires administratifs...) ;
- le développement du prélèvement automatique
opéré par les grands facturiers et les administrations.
b) Des indicateurs de qualité dégradés
Les résultats des mesures de la qualité du courrier en 2000 sont en général inférieurs à ceux de 1999 et en dessous des objectifs fixés par le contrat de plan, comme l'indique le tableau ci-dessous :
MESURES DES DÉLAIS D'ACHEMINEMENT * POSTAUX
Catégories de courrier |
Source |
2000 |
Objectifs internes |
Lettre tous flux confondus en J+1 |
SOFRES |
73,5 % |
80,4 % |
Lettre CEDEX tous flux confondus J+1 |
SOFRES |
72,6 % |
80,8 % |
Lettre
intra-
|
SOFRES |
86,4 % |
89,7 % |
Lettre en nombre J+2 |
Research International |
89,0 % |
94,7 % |
Ecopli
en nombre J+4
|
Research International |
87,9 % |
93,5 % |
Publicité adressée POSTIMPACT à J+7 |
Research International |
86,4 % |
93,7 % |
(*)
Mesure de bout-en-bout : mesure du délai d'acheminement du moment
où l'institut de mesure confie sa lettre au réseau postal (avant
l'heure limite de dépôt) jusqu'au moment où la lettre est
remise à l'institut de mesure destinataire.
Parmi les causes de cette dégradation, on peut citer la mise en oeuvre
des
accords relatifs à l'aménagement et à la
réduction du temps de travail
, à côté des
difficultés rencontrées par l'Aéropostale, à cause
d'une part d'une immobilisation pour réparation de la flotte et, d'autre
part, de mouvements sociaux chez les pilotes.
2. Les colis et la logistique : FEDEX et les alliances méditerranéennes
Le chiffre d'affaires « colis et logistique » a progressé de 15,9 % en 2000. En vue de représenter 10 % du marché européen des colis, La Poste a procédé à des acquisitions (comme cela était détaillé dans le rapport pour avis de l'an dernier) lui permettant d'atteindre les chiffres de 37 % de part de marché en France, 11 % en Allemagne, 6 % au Royaume-Uni et 2 % au Benelux. En outre, elle a conclu une alliance commerciale avec Fedex et s'est alliée aux postes espagnoles et italiennes.
a) L'accord avec la poste espagnole
Les
postes française et espagnole sont associées, depuis 1999, au
travers d'une
société commune
détenue à
50/50, « Chronopost Espana », spécialisée
dans le trafic express domestique et international. Elle réalise un
chiffre d'affaires de 62 millions d'euros, dont 11 % à
l'international (mais ne représente que 5,8 % du marché
espagnol, contre un objectif de 15 % en 2003). Plusieurs pistes de
développement sont envisagées : outre des acquisitions sur
le marché espagnol du colis et de la logistique, le cadre de
coopération actuel pourrait être modifié :
- Correos prendrait le contrôle majoritaire de la
société, via une augmentation de capital ;
- un nouveau pacte d'actionnaires régirait les relations entre les
deux postes et la société prendrait le nom de son futur produit
domestique : Chrono Express. Aux côtés de ses
activités domestiques, elle commercialiserait des produits
internationaux express et rapides, en utilisant sous licence les noms
proposés par GeoPost (Chronopost International, DPD) ;
- en contrepartie, Correos serait susceptible d'entrer dans l'ensemble
GeoPost.
b) L'accord avec la poste italienne
Les
postes française et italienne ont conclu un accord-cadre de
coopération en matière de colis express et rapide, signé
le 1
er
juin 2001, dont l'objectif est de renforcer la
coopération à court terme entre les deux postes dans le domaine
des colis en particulier, et de créer les conditions à long terme
pour un développement conjoint des activités colis. Il pose les
principes d'une
coopération opérationnelle
et d'un accord
capitalistique de
participations croisées :
- entrée de GeoPost au capital de SDA participazioni, actionnaire
de la société de colis rapides Bartolini (correspondant de DPD en
Italie) ;
- entrée de Poste Italiane au capital de GeoPost.
L'accord cadre est signé pour une durée de 5 ans,
renouvelable. Il prévoit la possibilité d'étendre le champ
de la coopération entre les deux postes à d'autres
activités telles que la logistique, le courrier et les services
financiers.
c) L'accord avec Federal Express
La Poste
a conclu un contrat de prestations de services avec Fedex, sur la base de
prestations réciproques à des conditions tarifaires librement
consenties. Outre la France, le contrat actuel couvre aussi la Belgique et
permet à GeoPost de devenir l'agent de FEDEX dans les autres territoires
européens, dès lors que le réseau GeoPOst est en
capacité d'effectuer cette prestation de services.
Il ne s'agit toutefois que d'une alliance commerciale qui, pour
stratégique qu'elle soit, n'a pas la pérennité d'une
alliance capitalistique.
B. DES SERVICES FINANCIERS EN VOIE DE MARGINALISATION ?
1. Un quart du chiffre d'affaires et une croissance de 6 %
a) Un produit net bancaire de 3,7 milliards d'euros
Le
produit net bancaire des services financiers de La Poste s'élève,
en 2000, à 3,7 milliards d'euros, en progression de 6 % par
rapport à 1999. Il représente un quart du chiffre d'affaires
total de La Poste.
Le niveau total des encours a été porté à 186
milliards d'euros au 31/12/2000, en progression de 4,9% par rapport à
1999.
Le tableau ci-dessous détaille les principaux résultats des
activités financières de La Poste :
ACTIVITÉ DES CLIENTÈLES FINANCIÈRES DE LA POSTE
(en millions d'euros) |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Rémunération sur les fonds des CCP |
1 202 |
1 207 |
1 270 |
1 345 |
Rémunération de l'épargne et des placements |
1 379 |
1 445 |
1 591 |
1 725 |
Rémunération CNE (livrets A et B) |
652 |
677 |
670 |
646 |
Autres produits d'épargne |
726 |
768 |
921 |
1 078 |
Autres produits |
606 |
620 |
619 |
623 |
Services rendus à l'Etat |
150 |
138 |
92 |
34 |
Droits et commissions |
457 |
482 |
527 |
589 |
Total produits des Services Financiers |
3 187 |
3 272 |
3 480 |
3 693 |
Source : La Poste
Ce tableau appelle les commentaires suivants :
Depuis le 7 avril 2000, et conformément aux dispositions du contrat
d'objectifs et de progrès portant contrat de plan entre l'Etat et La
Poste, les avoirs créditeurs des titulaires des
comptes-chèques postaux
, ne sont plus intégralement
versés au Trésor.
Votre Commission des Affaires
économiques s'en était vivement félicitée.
Une partie de ces fonds sont investis par la filiale EFIPOSTE de La Poste en
titres sans risque. La rémunération sur la collecte des
comptes-chèques postaux correspond donc désormais, pour une part,
à la rémunération accordée à La Poste par
l'Etat pour la collecte des fonds et la tenue des comptes chèques
postaux, et pour le restant, à la contribution d'EFIPOSTE.
La rémunération sur la collecte de la
Caisse nationale
d'épargne
(CNE) correspond à la rémunération
accordée à La Poste par la Caisse des Dépôts et
Consignations pour la gestion des Livrets A et B.
La rémunération sur les autres produits d'épargne
correspond :
- à la rémunération accordée par la Caisse des
Dépôts et Consignations pour la gestion des produits
d'épargne-logement, d'épargne populaire, du Codevi et du livret
Jeunes (depuis 1996) ;
- aux rémunérations des activités des organismes de
placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM), c'est-à-dire
aux rémunérations accordées par les organismes tiers pour
la gestion des opérations de clientèle ;
- aux rémunérations des activités d'assurance
réalisées avec la Caisse nationale de prévoyance (CNP) et
qui font l'objet d'un engagement contractuel.
Enfin, la rémunération des services rendus à l'Etat
correspond à la rémunération accordée à La
Poste pour la gestion des comptes chèques postaux des comptables
publics.
b) Des positions consolidées
La
croissance économique en 2000 (+ 3,2 %), soutenue par la
demande intérieure, a conduit les ménages à maintenir un
niveau de liquidités élevé sur leurs
comptes-chèques postaux. Les avoirs moyens
rémunérés atteignent ainsi 27 milliards d'euros, en
progression de 5,3 % par rapport à 1999.
La rémunération des livrets A et B diminue de 3,6 % par
rapport à 1999. Bien que l'annonce en juin 2000 d'un relèvement
des taux de 0,75 point sur le livret A ait permis de freiner le mouvement
de décollecte, ce résultat traduit l'impact de la baisse du taux
de rémunération servi aux déposants
(- 0,75 points) intervenue au mois d'août 1999. Le taux de
commissionnement des Livrets A et B est fixé à 1,5 % pour la
période 1998-2001.
Les produits (produit net bancaire) liés à l'épargne, hors
livrets A et B, progressent de 21 %, du fait des bonnes performances
réalisées notamment sur l'épargne logement,
l'assurance-vie, le LEP
11(
*
)
,
le Livret Jeune et les OPCVM :
- l'encours du LEP atteint près de 10 milliards d'euros, en
progression de 6,8 % ;
- l'encours sur les Livrets Jeunes atteint 0,9 milliard d'euros,
soit une progression de 1,7 % ;
- malgré les fluctuations boursières, le placement des OPCVM
et FCP (fonds communs de placement) a dépassé 18 milliards
d'euros d'encours, soit une progression de 11 % par rapport à 1999.
La collecte nette progresse de 52 %.
Au total, la collecte nette globale
(épargne + dépôts à vue) a
progressé en 2000 de 13,5 %.
Par ailleurs, en matière de réalisation de crédits
immobiliers avec épargne préalable (les seuls qu'elle puisse
offrir), La Poste a progressé de près de 18 %, avec
3,7 milliards d'euros de crédits nouveaux.
En conclusion, ce développement commercial soutenu, conduit dans la
perspective d'une réorientation des produits d'épargne liquide
vers les produits d'épargne stable (50 % des encours
gérés), a permis à La Poste de se positionner sur des
marchés où elle était peu présente (OPCVM,
crédits) et de consolider la structure de ses autres encours.
Au total, les parts de marchés de La Poste sur ces différents
segments sont détaillés dans le tableau ci-dessous :
PARTS DE MARCHÉS * DE LA POSTE
En pourcentage |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Dépôts à vue |
11,1 |
10,5 |
10,2 |
9,7 |
9,4 |
Livret A |
35,5 |
35,4 |
35,3 |
35,7 |
36,3 |
Autres livrets |
9,5 |
9,9 |
10,4 |
10,9 |
11,2 |
Epargne Logement |
8,2 |
8,8 |
9,5 |
10,2 |
10,8 |
OPCVM |
5,1 |
4,3 |
3,7 |
3,6 |
3,6 |
Assurance vie |
7,2 |
7,5 |
7,7 |
7,8 |
7,7 |
*Les
séries ont été revue revues et actualisées en
fonction de diverses corrections apportées par la Banque de France.
Source : La Poste
c) Un rôle social réaffirmé
Mais
au-delà de ce panorama chiffré, votre commission souligne une
réalité récemment confirmée par une étude du
Conseil national du crédit et du titre :
le rôle social
des services financiers de La Poste.
Cette étude dont les
résultats ont été publiés au mois de septembre,
indique que 98 % des 5,5 millions de personnes ne disposant que des
minima sociaux pour vivre ont un compte bancaire ou postal. Ces personnes
représentent un peu moins de 10 % de la population
française. La quasi-totalité des personnes interrogées
aurait accès au service bancaire de base (compte, carte de retrait,
relevé d'identité bancaire, paiement à distance gratuits).
En outre, l'étude précise que 21 % des personnes
interrogées qui ont un compte de dépôts l'ont ouvert
à La Poste (contre seulement 4 % des Français en
général), ce qui confirme le rôle social très
important des services financiers de La Poste.
Au delà de ce rôle social, La Poste a vocation à
être un des grands acteurs français des services financiers, avec
une gamme de produits destinés à tous les publics.
2. Une gamme incomplète
L'article 2 de la loi n° 90-568 du
2 juillet 1990 relative à l'organisation du service public de
la poste et des télécommunications prévoyait que La Poste
avait notamment pour objet d'offrir «
tous produits
d'assurance
».
Le contrat d'objectifs et de progrès portant contrat de plan entre
l'Etat et La Poste pour la période 1998/2001 prévoyait la
diversification des services financiers de La Poste dans
l'assurance des
personnes
, mais pas dans l'assurance-dommages.
Pour ce faire, La Poste a organisé un réseau de filiales :
alors que la filiale SOPASSURE était créée avec les
Caisses d'épargne pour mettre en oeuvre leur participation dans la CNP,
que SOGEPOSTE était mise sur pied avec la Caisse des dépôts
pour la gestion des activités OPCVM de La Poste, ASSURPOSTE, filiale de
La Poste et de la CNP, créée en 1998 pour porter la gamme des
produits de prévoyance de La Poste, démarrait en 2000 ses
activités. Avec Assurposte, La Poste a pour objectif de mettre à
la disposition du réseau des produits simples et grand public. Ainsi,
« Complétys Santé » répond à un
vrai besoin et élargit le champ de l'assurance-santé :
50 % des clients n'avaient pas de couverture complémentaire
santé avant d'y souscrire. Sa commercialisation est en cours de
généralisation. De nouveaux produits de prévoyance ont
été lancés en 2000, permettant d'assurer la protection de
la famille contre les conséquences financières d'un
décès accidentel (Prémunys Accident) ou la prise en charge
du financement des obsèques (Résolys Obsèques).
La Poste entend poursuivre, avec Assurposte, le développement de son
offre dans ce domaine.
Comme elle a déjà eu l'occasion de l'affirmer, votre
commission souhaite que le contrat de plan en cours de discussion soit
l'occasion d'appliquer la loi de 1990 en matière de services financiers.
Outre la question de l'assurance-dommages, beaucoup considèrent que
la question de l'offre, par La Poste, de crédits à la
consommation et immobiliers, sans épargne préalable, doit
être posée, pour compléter la gramme des services
financiers postaux.
3. Quelle place pour La Poste dans « l'Alliance » Caisse des dépôts-Ecureuil ?
En juin
dernier, les dirigeants de l'établissement public Caisse des
dépôts et consignations (CDC) et du groupe mutualiste des Caisses
d'Epargne ont annoncé
la création de
« l'Alliance »
, société commune devant
aboutir à la constitution, avant la fin de l'année 2001, du
3
ème
établissement bancaire
français
, juste devant la Société
générale mais loin derrière le Crédit Agricole et
BNP Paribas. Le nouvel ensemble compte 48.000 personnes, représente
16,6 milliards d'euros de fonds propres
pour un produit net
bancaire agrégé de 10 milliards d'euros. Cette
opération a été présentée, à juste
titre, par le ministre de l'économie comme un «
projet
majeur
» puisqu'il crée une banque globale présente
dans tous les métiers et proposant une offre complète à
tous les types de clientèle.
Compte-tenu notamment des participations respectives de ces
établissements dans la CNP, la question de l'intégration de La
Poste au nouvel ensemble est, de fait, posée.
Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a
affirmé que cette restructuration en cours du pôle financier
public et semi-public avait «
vocation à se
poursuivre
». Les liens qui unissent La Poste à la Caisse
des dépôts et aux Caisses d'Epargne, rappelés ci-dessus,
sont nombreux. Le rapprochement entre la Caisse des Dépôts et les
Caisses d'Epargne n'est donc pas, en théorie, pour le Gouvernement,
exclusif de partenariats futurs avec La Poste.
Toutefois, force est de constater que, malgré ces propos rassurants,
et en l'absence d'une réflexion portant, notamment, sur le statut des
services financiers, La Poste est aujourd'hui exclue de ce rapprochement. Faute
d'un partenariat industriel solide pour la production de ses services
financiers, ces derniers risquent -on peut en tous cas le craindre-
d'être durablement fragilisés par cet isolement.
C. UN RÉSULTAT FINANCIER DÉGRADÉ
1. Un effondrement de la rentabilité en 2000
La rentabilité de La Poste, déjà inférieure à celle de ses concurrents, s'est fortement dégradée en 2000, comme le montre le tableau suivant :
CHIFFRE D'AFFAIRES ET RÉSULTAT DE LA POSTE
(en
millions de francs et d'euros)
|
1999 |
2000 |
||
|
Francs |
(Euros) |
Francs |
(Euros) |
Résultat d'exploitation |
3 931 |
|
2 778 |
|
Résultat financier |
(897) |
|
(639) |
|
Résultat courant |
3 034 |
|
2 139 |
|
Résultat net avant impôt |
1 980 |
|
1 052 |
|
Résultat net après impôt |
1 269 |
283 |
781 |
139 |
Si le
chiffre d'affaires courrier a progressé, entre 1999 et 2000, de
1,4 %, le chiffre d'affaires colis progressant de 15,9 % et le
produit net bancaire s'accroissant de 8 %, le
résultat
d'exploitation
du groupe ne s'élève quant à lui plus
qu'à 420 millions d'euros en 2000 (soit une diminution de 29 %
par rapport à 1999). Cette forte détérioration est
essentiellement liée au
coût du passage aux 35 heures
et à la tension observée sur les prix dans des secteurs
essentiels à l'activité de la poste (transports notamment), qui
ont très fortement pesé sur les charges de consommations
intermédiaires.
Le
résultat financier
est de -141 millions d'euros en 2000,
soit une amélioration de 30 millions d'euros par rapport à
1999 (+17,7 %), qui résulte de la hausse des produits
d'intérêts liés aux comptes à terme ainsi que de la
réduction de l'encours et du coût de la dette obligataire. Par
ailleurs, le résultat financier de la maison mère s'est
également amélioré de 39 millions d'euros.
La quote-part de résultat des sociétés mises en
équivalence passe de 87 millions d'euros en 1999 à
94 millions d'euros, et correspond principalement à la quote-part
de résultat de la Caisse Nationale de Prévoyance. Le
résultat courant avant impôt du groupe La Poste diminue de
148 millions d'euros et s'élève à 338 millions
d'euros.
Le résultat exceptionnel, négatif de 206 millions d'euros,
est constitué principalement
des charges relatives à la mise
en oeuvre de l'aménagement et de la réduction du temps de
travail
, ainsi que des dotations aux provisions dans le cadre du passage
à l'euro.
Avant impôt sur les sociétés, le résultat est de
132 millions d'euros. Après déduction de l'impôt sur
les sociétés, le résultat net consolidé est de
144 millions d'euros. Le résultat net part du groupe est
ramené à
139 millions d'euros
, contre
283 millions d'euros en 1999, soit une diminution de 38,5 %.
Le tableau ci-dessous résume les chiffres les plus significatifs :
EVOLUTION DES PRINCIPAUX SOLDES INTERMÉDIAIRES
DE
GESTION DU GROUPE
(en millions de francs)
|
1999 |
2000 |
Evolution |
Excédent bout d'exploitation (EBE) (1) |
8 056 |
5 861 |
-27 % |
Chiffre d'affaires (2) |
93 054
|
95
485
|
+2,6 % |
(1)/(2) EBE en % du chiffre d'affaires |
8,7 % |
6,1 % |
-2,6 points |
Résultat net (3) |
1
269
|
781
|
-38,5 % |
(3)/(2) Résultat en % du chiffre d'affaires |
1,3 % |
1,2 % |
-0,1 point |
Source : La Poste
Ces chiffres montrent, s'il en était besoin, le poids très
lourd pour La Poste du passage aux 35 heures sans aide de l'Etat.
2. Une année 2001 probablement difficile
Il est vraisemblable que l'année 2001 poursuive et amplifie les tendances observées en 2000, tassement de la croissance et dérapage des charges risquant de dégrader encore la rentabilité et les résultats postaux. Ainsi, les comptes semestriels font déjà apparaître un « retard » de 200 millions de francs sur le chiffre d'affaires courrier, avant même tout ralentissement lié aux suites des attentats.