III. L'ARTISANAT : UN SECTEUR DYNAMIQUE OÙ LA CROISSANCE DE L'EMPLOI N'EST PAS ACQUISE
A. LA PLACE DE L'ARTISANAT DANS L'ÉCONOMIE FRANÇAISE
Au
1
er
janvier 2000, les 795.000 entreprises inscrites au
Répertoire des Métiers, en France métropolitaine, au titre
d'une activité artisanale principale ou secondaire,
représentaient environ le tiers des entreprises françaises en
activité, en dehors de l'agriculture.
Le chiffre d'affaires total de l'artisanat s'élève à
865 milliards de francs. L'implantation des entreprises artisanales sur
l'ensemble du territoire est harmonieuse : 32 % d'entre elles sont
installées dans les communes rurales, 38 % dans les unités
urbaines de moins de 200.000 habitants et 30 % dans les communes de
plus de 200.000 habitants.
Les secteurs d'activité
Trois grands secteurs d'activité (bâtiment, services et
alimentation) regroupent 81 % des inscrits au RIM (respectivement 36%,
13 % et 32 %) ; les 19 % restant se répartissent
dans l'artisanat de production : travail des métaux, textile, cuir
et habillement, bois et ameublement et autres fabrications.
Le nombre d'inscrits, qui avait progressé de 1,3 % en 1995 et de
0,8 % en 1996, a baissé de 0,5 % en 1997 et en 1998, puis
s'est stabilisé en 1999 et progresse de 0,6 % en 2000. En effet, le
taux de renouvellement des entreprises artisanales, notamment dans les
activités nécessitant un diplôme (boulangerie, charcuterie,
coiffure...), est plus faible que dans les autres secteurs.
ÉVOLUTION DU NOMBRE D'INSCRITS AU RÉPERTOIRE DES MÉTIERS EN FRANCE MÉTROPOLITAINE AU Ier JANVIER DE L'ANNÉE
Activités |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Alimentation |
106 031 |
106 651 |
105 530 |
104 500 |
103 847 |
103 017 |
Travail des métaux |
42 551 |
43 095 |
42 868 |
42 648 |
42 922 |
43 171 |
Textile, habillement, cuir |
19 310 |
18 999 |
18 284 |
17 851 |
17 596 |
17 096 |
Bois et ameublement |
30 256 |
30 213 |
29 797 |
29 413 |
29 286 |
29 087 |
Autres fabrications |
56 622 |
57 824 |
57 656 |
57 431 |
57 439 |
57 609 |
Bâtiment |
289 990 |
293 029 |
290 646 |
289 027 |
281 829 |
287 036 |
Réparation, transport, autres services |
241 870 |
247 938 |
248 104 |
247 518 |
247 569 |
248 197 |
Activités non réparties |
6 184 |
1 265 |
1 547 |
1 454 |
10 051 |
9 846 |
Ensemble |
792 814 |
799 014 |
794 432 |
789 842 |
790 539 |
795 059 |
Evolution des statuts juridiques
Le fait marquant est la poursuite de la baisse du nombre de
propriétaires exploitants au profit des sociétés, de plus
en plus nombreuses. Celles-ci représentaient seulement 7 % des inscrits
en 1980, mais déjà 23 % en 1991 et elles en constituent 36 %
en 2000 (contre 35 % en 1999).
Cette évolution résulte, d'une part, des transformations
d'entreprises individuelles existantes en sociétés, d'autre part,
du choix de nouveaux entrepreneurs de se constituer en société.
Evolution de la taille des entreprises
Le fait d'avoir des salariés est fortement corrélé avec le
statut juridique de l'entreprise : parmi les 40 % d'inscrits au
Répertoire des Métiers qui n'emploient aucun salarié,
88 % sont des personnes physiques et 12 % des sociétés.
Le phénomène inverse s'observe pour les tranches de taille les
plus élevées. 13 % des inscrits emploient plus de 5
salariés et 85 % d'entre eux sont des sociétés.
La répartition des entreprises inscrites selon l'effectif employé
s'est modifiée de 1989 à 2000. On comptait, au 1er janvier 1989,
50 % d'entreprises n'ayant aucun salarié, 7 % d'entreprises
ayant entre 6 et 10 salariés et 3 % d'entreprises en
ayant plus de 10. Au début 2000, la part des entreprises sans
salarié a diminué à 40 %, celle des entreprises ayant
de 6 à 10 salariés est passée à 9 % et
celles de plus de 10 salariés à 4 %. Cette évolution
est particulièrement marquée pour le travail des métaux,
le textile et les autres fabrications.
Les entreprises inscrites au répertoire des métiers qui ont des
salariés en ont en moyenne 4,2. Cette moyenne est plus
élevée pour les secteurs du travail des métaux (6,9) et
des autres fabrications (5,6). C'est dans les services et le bâtiment que
le nombre moyen de salariés est le plus faible (3,7).
Dans certaines activités, beaucoup d'artisans ont 1, 2 ou 3
salariés : on peut citer les fleuristes, les poissonniers, les
bouchers charcutiers, les couvreurs, les plombiers et les maçons.
D'autres activités se caractérisent par des tailles d'entreprises
en général supérieures à
4 salariés : ambulances, imprimeries, traitement et
revêtement des métaux, chaudronnerie, menuiserie métallique
du bâtiment.
La spécificité de l'artisanat : les métiers
Même s'il prend de plus en plus fréquemment la forme banale d'une
société, l'artisanat présente la spécificité
de reposer sur l'exercice d'un métier ; certaines
caractéristiques de son activité distinguent ce secteur :
- un fort taux de valeur ajoutée (valeur ajoutée
rapportée au chiffre d'affaires) et une faible productivité du
travail, ce d'autant plus que l'entreprise est de petite taille ;
- des revenus moyens faibles (inférieurs à
23.000 euros, soit 150.000 francs annuels) ;
- moins d'innovation que chez les autres indépendants (11 %
des artisans souhaitent proposer un produit nouveau, contre 17 % des
autres entrepreneurs) ;
- un plus grand isolement à la création : 30 % des
artisans ont un lien de coopération avec d'autres entreprises, contre 58
% pour les autres créations ;
- plus de sous-traitance : 39 % des artisans sont sous-traitants
contre 22 % pour les autres entrepreneurs ;
- 45 % des repreneurs d'entreprises artisanales sont d'anciens
salariés de l'entreprise et 38 % des entreprises
cédées avaient déjà été reprises par
leur cédant ; il y a donc une forte pérennité de
l'outil et des méthodes de production, surtout dans l'artisanat
alimentaire ;
- l'installation à son compte s'hérite plus souvent dans
l'artisanat que dans les autres secteurs.
B. UN SECTEUR OÙ LA CRÉATION D'EMPLOIS SE REDRESSE
En
1999, les entreprises artisanales employaient, en France métropolitaine,
2.278.000 personnes. L'emploi dans les entreprises artisanales
représente 12,7 % de l'emploi de l'industrie, du commerce et des
services
, soit une part plus importante que celle des industries agricoles
et alimentaires (583.000 emplois), de la construction (1.418.000) et des
transports (1 million).
Relativement à l'emploi total du seul
secteur du commerce, l'artisanat emploie 73 % des effectifs
.
Pour évaluer le nombre de non-salariés, on utilise les
résultats des enquêtes annuelles d'entreprises, en retenant les
entreprises de moins de 20 salariés et exerçant une
activité artisanale au titre de l'activité principale.
Les
artisans non-salariés
(chefs d'entreprise individuelle, conjoints et
membres de la famille participant à l'entreprise) représentent
619.000 personnes en 1998, soit environ 28 % des emplois dans
l'artisanat. En revanche
les salariés
sont recensés par
les statistiques de l'UNEDIC. Selon cet organisme les entreprises artisanales
employaient 1.659.000 salariés, fin 1999, dans les
établissements de moins de 20 salariés. Après avoir
globalement stagné de 1993 à 1997 autour de 1.600.000, l'emploi
salarié de l'artisanat a rebondi en 1998 (+1,7 %) et 1999
(+2,3 %), notamment dans le bâtiment (15.000 emplois
créés en 1998 et 25.000 en 1999) et les services (7.000 en
1998 et 9.000 en 1999). Il progresse légèrement dans les
activités de production.
En 1999, dans les secteurs où opèrent les entreprises
artisanales, tous les établissements ont accru leurs effectifs
salariés
. L'emploi salarié est toutefois mieux orienté
dans les entreprises artisanales (+2,3 % pour les établissements de
moins de 20 salariés ayant une activité principale
située dans le champ de l'artisanat) que dans les grands
établissements (+0,9 %), soit 37.000 salariés de plus
dans les entreprises artisanales qu'en 1999.
Ce sont les
établissements de 5 à 19 salariés qui ont
enregistré les meilleures hausses, ce qui atteste bien que les
entreprises artisanales sont les meilleurs soutiens aux créations
d'emplois de ces secteurs d'activité
.
Il faut aussi rappeler que l'artisanat joue un rôle essentiel dans la
formation
et forme la moitié des apprentis ; en 1994, la
moitié des artisans se sont installés avec un CAP ou un BEP,
22 % sans diplôme. Pourtant les jeunes ne semblent pas
attirés par ce secteur où moins de 8 % des entrepreneurs
individuels ont moins de 30 ans, alors que, par rapport aux
activités commerciales, le coût à l'installation n'est pas
une barrière à l'entrée dans la profession (capital
professionnel et endettement plus faibles que dans le commerce).