II. L'OFFRE DE SOINS : DES CRÉDITS EN TROMPE L'oeIL
Après examen par l'Assemblée nationale en
première lecture, les dépenses consacrées à l'offre
de soins, en dépenses ordinaire et crédits de paiement, diminuent
de 39,6 millions d'euros, soit une baisse de 17 %, pour
s'établir à 187 millions d'euros (1,23 milliard de
francs).
En autorisations de programme, elles augmentent en revanche de 137 %, pour
atteindre 212 millions d'euros (1,4 milliard de francs).
Les crédits consacrés à l'offre de soins ont en effet
été majorés par l'adoption, par l'Assemblée
nationale, d'un amendement portant les autorisations de programme du Fonds
d'investissement pour la modernisation des hôpitaux (FIMHO) de 45,7
millions d'euros à 198,2 millions d'euros (1,3 milliard de
francs) et inscrivant 15,3 millions d'euros (100 millions de francs) en
crédits de paiement.
Ces crédits présentent cette année un caractère
particulièrement irréel, qui conduit votre rapporteur à
les qualifier de « crédits en trompe
l'oeil »
:
- une part importante des crédits fait l'objet d'une
débudgétisation à hauteur de 400 millions de francs aux
dépens de l'assurance maladie ;
- certains chapitres se voient dotés de crédits de paiement
sans commune mesure avec les autorisations de programmes qui y sont
inscrites ;
- certains crédits ne figurent pas dans le PLF alors qu'ils
résultent pourtant d'un engagement de l'Etat et qu'ils devront du
même coup être inscrits en gestion, dans un collectif 2002.
A. LE FINANCEMENT DES FORMATIONS MÉDICALES ET PARAMÉDICALES : UN DÉSENGAGEMENT FINANCIER DE L'ETAT
Les
crédits consacrés à la formation, au recyclage et aux
bourses des professions médicales et paramédicales
(art.
43-32)
diminuent de 39,6 millions d'euros, soit une baisse de
30 %, à 92,4 millions d'euros (605,8 millions de francs).
En réalité, cette diminution apparente cache deux
opérations de débudgétisation massive aux dépens,
une nouvelle fois, de l'assurance maladie.
1. Une débudgétisation massive aux dépens de l'assurance maladie
Le
chapitre 43-32 subit en 2002 deux modifications de
périmètre :
- la première porte sur l'article 10
(Ecoles de formation des
sages-femmes et des professionnels paramédicaux)
;
- la seconde concerne l'article 21
(Etudiants en médecine, en
odontologie et en pharmacie)
.
L'article 10 du chapitre 43-32 finance les structures de formation publiques et
privées des sages-femmes et des professionnels paramédicaux. Ces
structures se répartissent ainsi : 456 structures publiques, 33
structures privées avec support hospitalier et 64 structures
privées sans support hospitalier.
Répartition en 2001 des crédits entre
structures de
formation
(chapitre 43-32, article 10)
|
|
Ecoles et instituts publics |
Ecoles et instituts privés |
|||||||
LFI |
Crédits ouverts* |
Crédits disponibles |
Nombre d'élèves |
Subvention
|
Crédits disponibles |
Nombre d'élèves |
Subvention
|
|||
44,36 M€ |
50,49 M€ |
25,11 M€ |
56 655 |
443 € |
25,30 M€ |
13 610 |
1 859 € |
* : crédits effectivement disponibles en
gestion du
fait de mouvements de crédits intervenus en gestion
Afin de permettre à l'appareil de formation de mettre en oeuvre
l'augmentation des quotas d'entrée dans les instituts de formation en
soins infirmiers (8.000 étudiants supplémentaires à partir
de la rentrée de septembre 2000, soit plus de 40 % d'augmentation)
prévue dans le cadre du protocole du 14 mars 2000, les crédits
inscrits en loi de finances initiale pour 2001 ont été
augmentés de 14 % par rapport aux trois années
précédentes.
Des crédits supplémentaires d'un montant de 40 millions de francs
ont en outre été alloués en cours d'exercice dans le cadre
de la loi de finances rectificative, portant à 29 % l'augmentation des
crédits disponibles.
En 2002, les crédits inscrits dans le projet de loi de finances
s'élèvent à 22,6 millions d'euros (148 millions de
francs). Ils correspondent au financement des dépenses des seuls
instituts et écoles privés sans support hospitalier, les
instituts publics et privés avec support hospitalier étant
désormais exclusivement financés sur les crédits de
l'assurance maladie.
Cette décision représente un transfert de charge de 25,6 millions
d'euros (168 millions de francs) pour l'assurance maladie.
La deuxième modification de périmètre porte sur les
crédits inscrits dans le chapitre 43-32 article 21, lesquels servent
à financer :
- le remboursement des rémunérations avancées par les
centres hospitaliers universitaires (CHU) lorsque les internes effectuent
certains stages extra-hospitaliers ;
- le paiement des indemnités versées aux maîtres de
stages accueillant pendant 30 demi-journées en moyenne des
résidents issus de promotions antérieures à celles de
novembre 1996 (en voie d'extinction) ;
- le remboursement des rémunérations avancées par les
CHU aux résidents issus des promotions postérieures à
novembre 1996 qui effectuent un semestre pratique de formation chez un ou
plusieurs médecins généralistes ;
- le versement des « honoraires pédagogiques »
des maîtres de stages qui perçoivent un montant forfaitaire au
titre de l'accueil, pouvant aller jusqu'à six mois, de résidents
issus des promotions postérieures à novembre 1996.
Dorénavant, à compter de 2002, la charge des stages pratiques
des résidents auprès des praticiens généralistes
ainsi que des honoraires pédagogiques versée aux maîtres de
stage pour un montant total de 35,3 millions d'euros (231,6 millions de
francs) sera supportée par l'assurance maladie, via la dotation globale
hospitalière prévue à l'article L.174-1 du code de la
sécurité sociale.
Aussi, la dotation budgétaire de l'article 21 est-elle minorée en
conséquence et ne concernera plus que les dépenses
afférentes aux stages extra hospitaliers des internes pour lesquels une
somme de 8,1 millions d'euros (53 millions de francs) est prévue
dans le PLF 2002.
Ces deux transferts représentent respectivement 25,6 millions d'euros
(168 millions de francs) et 35,3 millions d'euros (232 millions de
francs), soit un total de 61 millions d'euros (400 millions de francs) de
dépenses nouvelles pour l'assurance maladie.
Pratique hélas récurrente depuis quelques années, la
débudgétisation atteint cette année un niveau sans
précédent puisqu'elle concerne plus du quart (27 %) du
montant de l'agrégat « offre de soins » en
2001 !
2. Un effort bienvenu en faveur des formations paramédicales
Cette
méthode pour le moins contestable consistant, pour l'Etat, à se
décharger du financement des missions qui lui incombent amène
à relativiser la hausse des crédits de ce chapitre,
qui
progressent, hors effet de structure, de 21,3 millions d'euros (139,7
millions de francs).
Cette hausse sert à financer :
- pour 3,8 millions d'euros la majoration des subventions aux
écoles de formation, du fait de l'augmentation des quotas
(art.
10)
;
- pour 5,3 millions d'euros l'ajustement de la dotation en faveur des
stages des internes en médecine du travail, en santé publique et
en pharmacie
(art. 21)
;
- pour 12,2 millions d'euros l'augmentation des crédits inscrits
à l'article 60 du chapitre (Bourses - professions paramédicales
et sages-femmes).
En 2002, les crédits inscrits à l'article 60 augmentent en
effet de 28 %, soit 12,2 millions d'euros (80 millions de francs).
Ces crédits financent des bourses d'études pour les
élèves et étudiants qui effectuent une des formations
paramédicales rappelées dans le tableau ci-après.
Boursiers par formation pour les années scolaires
1999-2000 et 2000-2001
formations |
1999-2000 |
2000-2001 |
Aides-soignants |
1.299 |
1.371 |
Auxiliaires de puériculture |
526 |
499 |
Infirmiers |
12.334 |
14.797 |
Pédicures-podologues |
213 |
191 |
Techniciens en analyses biomédicales |
109 |
102 |
Manipulateurs en électroradiologie médicale |
348 |
369 |
Masseurs-kinésithérapeutes |
619 |
586 |
Ergothérapeutes |
146 |
161 |
Psychomotriciens |
40 |
42 |
Sages-femmes |
471 |
479 |
TOTAL |
16.105 |
18.598 |
soit en bourses à taux plein |
12.653 |
14.434 |
Les
crédits servent également au versement de bourses à des
étudiantes sages-femmes, bien qu'il s'agisse d'une profession
médicale. En revanche, les bourses dont peuvent bénéficier
les étudiants en médecine, en chirurgie dentaire ou en pharmacie
sont gérées par le ministère chargé de
l'enseignement supérieur.
Les 12,2 millions d'euros de mesures nouvelles permettront le financement de
bourses supplémentaires induites notamment par l'augmentation du nombre
d'étudiants en formation médicale et paramédicale et le
souci d'harmoniser le système avec celui de l'Education nationale.
Le montant de la bourse à taux plein s'est élevé, à
la rentrée scolaire de septembre 2000, à 3.153 euros (20.700
francs). A compter du 1
er
septembre 2001, le montant annuel de la
bourse d'études à taux plein sera porté, sous
réserve du vote du PLF pour 2002, à 3.262 euros (21.400 francs).
Cette augmentation permettra de poursuivre l'effort d'alignement du montant des
bourses des formations de santé sur celui des bourses des formations du
secteur social et de l'enseignement supérieur.
En outre le nombre de bourses à attribuer a été
augmenté de 2.812 pour passer de 14.434 à 17.246 afin de prendre
en compte, d'une part, les 8.000 étudiants en soins infirmiers
supplémentaires de la rentrée de septembre 2001 et, d'autre part,
de poursuivre l'amélioration des conditions d'attribution.
S'il ne peut que déplorer les débudgétisations
auxquelles se livre une nouvelle fois l'Etat, votre rapporteur accueille en
revanche très favorablement les moyens supplémentaires
prévus pour la formation des professions paramédicales, notamment
des infirmières et infirmiers. Il espère que cet effort suffira
à terme à remédier à la pénurie de
personnels infirmiers que connaissent aujourd'hui les établissements de
santé publics et privés.
B. LA PRISE EN CHARGE DE L'IVG : UNE DOTATION INSUFFISANTE POUR APURER LA DETTE DE L'ETAT
1. Une dotation inchangée depuis 1997
Les
sommes consacrées au remboursement aux organismes de protection sociale
(chapitre 46-22)
restent inchangées à 24,7 millions
d'euros (162 millions de francs).
Ce niveau, stable en loi de finances initiale depuis 1997, est
légèrement supérieur aux dépenses effectives, ce
qui permet de résorber très lentement les dettes
accumulées au titre des années antérieures auprès
des régimes de protection sociale.
2. Une dette encore importante à l'égard des organismes de protection sociale
Si en quatre ans, de 1997 à 2000, la dette a diminué de 14 millions de francs, elle s'établissait encore en 2001 à près de 80 millions de francs.
Evolution du chapitre 46-22
(Remboursement aux
organismes de
sécurité sociale
de dépenses afférentes
à l'IVG)
(en francs)
Année |
Montants engagés par les organismes de sécurité sociale |
Crédits ouverts
|
Solde |
antérieures à 1990 |
|
|
- 8.751.672 |
1990 |
145.373.302 |
137.000.000 |
- 8.373.302 |
1991 |
155.685.988 |
139.000 000 |
- 16.685.988 |
1992 |
170.898.143 |
137.750.000 |
- 33.148.143 |
1993 |
153.726.794 |
140.000.000 |
- 13.726.794 |
1994 |
152.068.960 |
150.000.000 |
- 2.068.961 |
1995 |
150.356.440 |
150.000.000 |
- 356.441 |
1996 |
160.783.338 |
150.000.000 |
- 10.783.339 |
1997 |
157.079.691 |
162.000.000 |
(1) 4.920.309 |
1998 |
159.236.211 |
162.000.000 |
(1) 2.763.789 |
1999 |
157.629.541 |
162.000.000 |
(1) 4.370.459 |
2000 |
159.833.212 |
162.000.000 |
(1) 2.166.788 |
Total du reliquat |
|
|
79 673
292 F
|
(1) Les excédents de crédits permettent de résorber les insuffisances de crédits des années antérieures
Eu
égard à l'importance des flux financiers croisés entre
l'Etat et la sécurité sociale, ce montant peut paraître de
faible ampleur.
Votre rapporteur juge cependant souhaitable, pour des raisons de principe, que
cette situation soit prochainement régularisée.
C. L'AIDE AUX INVESTISSEMENTS HOSPITALIERS : UNE GESTICULATION POLITIQUE ?
1. Un effort pour le moins virtuel en faveur du Fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux (FIMHO)
Les
crédits de la santé ont aussi pour vocation de financer le
Fonds d'aide à l'adaptation des établissements
hospitaliers
, plus communément appelé
Fonds
d'investissement pour la modernisation des hôpitaux
(FIMHO),
créé en 1998 afin de subventionner les investissements
restructurants.
La vocation de ce fonds est d'apporter aux établissements de
santé sous dotation globale une aide de l'Etat destinée à
permettre la réalisation d'opérations contribuant d'une
façon déterminante à l'adaptation de l'offre de soins.
Les critères de sélection des opérations fixés par
la circulaire DH n° 52 du 28 janvier 1998 et rappelés par
circulaire DH n° 134 du 3 mars 1999, pour la préparation du
programme 1999, ont été élargis, par circulaire DH
n° 247 du 4 mai 2000, en application des décisions du
protocole d'accord du 14 mars passé avec les organisations syndicales
représentatives du service public hospitalier. Les dispositions de la
circulaire du 4 mai 2000 sont demeurées inchangées pour la
campagne 2001 du FIMHO.
Dans son rapport sur les fonds médicaux et hospitaliers
2(
*
)
, présenté en mai
dernier à l'occasion de ses travaux de contrôle sur pièces
et sur place de l'application des lois de financement de la
sécurité sociale,
notre collègue Charles Descours avait
relevé que le FIMHO se caractérisait par des crédits peu
utilisés et des réalisations limitées.
Dans son rapport sur l'application des lois de financement de la
sécurité sociale de septembre 1999, la Cour des comptes avait
déjà établi un bilan très critique du
fonctionnement de ce fonds.
Deux ans plus tard, le constat dressé par M. Descours n'est guère
différent.
Si 2 milliards de francs ont été ouverts sous forme
d'autorisations de programme de 1998 à 2001, seuls 282 millions de
francs ont été effectivement engagés sur la même
période, soit 13,8 % des AP votés par le Parlement.
M. Descours constatait que l'on ne pouvait, dans ces conditions, qu'être
extrêmement surpris de voir le FIMHO continuer à être
abondé à chaque loi de finances. Il recommandait de ne pas se
laisser abuser par l'affichage d'autorisations de programme très
importantes qui comme toutes les « AP dormantes »
risquaient de devenir à brève échéance des
« AP annulées ».
Dans le projet de loi de finances initial pour 2002 déposé
à l'Assemblée nationale, le chapitre 66-12, créé en
1997 pour accueillir la dotation du FIMHO, voyait sa dotation en crédits
de paiement (100 millions de francs, soit 15,25 millions d'euros, en 2001)
disparaître, et, en autorisations de programme, diminuer de 76,2 millions
d'euros (500 millions de francs) à 45,7 millions d'euros (300
millions de francs).
L'arrêté du 21 mai 2001 avait d'ailleurs déjà
annulé 50 millions de francs d'autorisations de programme (7,6 millions
d'euros) et 25 millions de francs (3,8 millions d'euros) de crédits de
paiement, témoignant en quelque sorte du
« succès » rencontré par le fonds.
Cependant, confronté à la « grogne » d'une
partie de sa majorité plurielle, qui menaçait de ne pas voter le
projet de loi de financement de la sécurité sociale, le
Gouvernement a été contraint de mobiliser en urgence des moyens
supplémentaires pour les établissements hospitaliers.
Se refusant à augmenter la dotation hospitalière incluse dans
l'ONDAM 2002, il a été obligé de recourir à des
expédients peu glorieux, mobilisant les différents fonds
hospitaliers existants.
Le Gouvernement avait à ce titre promis 1 milliard de francs
supplémentaires pour le FIMHO.
Relevant que ce fonds a la particularité d'être toujours richement
doté en autorisations de programme (AP) et très chichement en
crédits de paiement (CP), votre commission avait alors souligné
qu'il convenait d'attendre le vote des amendements de crédits par
l'Assemblée nationale pour évaluer l'effort effectif fourni par
le Gouvernement.
Les craintes qu'elle avait ainsi exprimées ont été
confirmées. Le Gouvernement a en effet fait adopter par
l'Assemblée nationale un amendement au projet de loi de finances pour
2002 majorant les AP au titre du FIMHO de 1 milliard de francs (152,45
millions d'euros) et les CP de seulement 100 millions de francs (15,25 millions
d'euros) !
Au total, le FIMHO disposera donc pour 2002 de 1,3 milliard de francs d'AP
(198,2 millions d'euros) et de seulement 100 millions de francs
(15,25 millions d'euros) de CP puisque le projet de loi de finances ne
comportait initialement aucun CP.
Votre rapporteur souhaite attirer l'attention sur cette situation pour le
moins exceptionnelle. A l'évidence, le Gouvernement n'a pas les moyens
de sa politique : il affiche 1,3 milliard de francs de crédits
budgétaires pour l'hôpital, sous forme d'AP, mais ne
débloque effectivement que 100 millions de francs !
Les mesures nouvelles en faveur de l'hôpital, annoncées par le
Gouvernement lors de l'examen du projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2002, se limitent donc en tout et pour tout
à 2,1 milliards de francs, dont 2 milliards viennent de la seule
assurance maladie.
L'effort budgétaire de l'Etat reste quant à
lui très virtuel puisque cantonné pour l'essentiel aux seules
AP...
Chacun conviendra que les besoins en matière d'investissements
hospitaliers restent pourtant considérables, comme en témoignent
les retards que connaît par exemple notre pays en matière
d'imagerie médicale.
2. Une agence technique de l'information sur l'hospitalisation dépourvue de base légale
La loi
de finances initiale pour 2001 comportait un nouvel article 93 au sein du
chapitre 36-81 «
établissements nationaux à
caractère sanitaire et social
», intitulé
«
Agence technique de l'information sur
l'hospitalisation
» et doté de 9,5 millions de francs
(1,45 million d'euros).
Cette dotation était la traduction budgétaire de l'article 32 du
projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2001,
qui créait un établissement public administratif permettant de
réunir l'ensemble des équipes (médecins, statisticiens,
informaticiens) qui interviennent dans la mise en oeuvre du programme de
médicalisation des systèmes d'information (PMSI).
Pour sa part, le Sénat avait exprimé un certain scepticisme quant
à la nécessité de créer une telle structure.
L'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation a connu depuis lors
bien des vicissitudes : l'article qui la créait a été
annulé par le Conseil constitutionnel au motif qu'il constituait un
cavalier dans le projet de loi de financement de la sécurité
sociale.
La disposition législative a donc été réintroduite
dans le projet de loi de modernisation sociale, dont elle avait
été retirée pour figurer dans le projet de loi de
financement de la sécurité sociale, lors de l'examen de ce texte
par l'Assemblée nationale.
L'article a été rapidement voté conforme mais le projet de
loi de modernisation sociale a connu une cheminement assez chaotique et n'a pas
encore été adopté définitivement.
La création de l'Agence technique de l'information sur l'hospitalisation
ne repose donc pour le moment sur aucune base légale et celle-ci n'a
a priori
pas commencé à fonctionner. Comme en 2001, elle
se voit cependant dotée par le projet de loi de finances pour 2002 de
1,45 million d'euros de crédits inscrits à l'article 93 du
chapitre 36-81
« établissements nationaux à
caractère sanitaire et social »
.
On notera par ailleurs que le chapitre 47-19
« organisation du
système de soins »
voit sa dotation quasiment
inchangée à 41,07 millions d'euros contre 41,09 millions en 2001.
Ce montant se répartit ainsi :
- 17,19 millions d'euros (112,8 millions de francs) pour les agences
régionales de l'hospitalisation (ARH). Les ARH, créées par
l'ordonnance du 24 avril 1996, sont des groupements d'intérêt
public qui assument, sous l'autorité d'un directeur et d'une commission
exécutive, certaines compétences des DRASS (et DDASS) et des CRAM
(et CPAM). Elles ont pour mission de définir et de mettre en oeuvre la
politique régionale d'offre de soins hospitaliers, d'analyser et de
coordonner l'activité des établissements de santé publics
et privés et de déterminer leurs ressources ;
- 61.000 euros (400.000 francs) pour des interventions non
déconcentrées dans le domaine hospitalier et 1,07 million d'euros
(7 millions de francs) pour des opérations déconcentrées
équivalentes ;
- 374.000 euros (2,45 millions de francs) pour le GIP Carte de
professionnel de santé ;
- 22,38 millions d'euros (146,9 millions de francs) pour la dotation des
services de santé dans les territoires d'outre-mer et à
Mayotte.
D. LE REMPLACEMENT DES PERSONNELS HOSPITALIERS : DES CRÉDITS UNE NOUVELLE FOIS OUBLIÉS ?
1. Le financement inachevé du protocole du 14 mars 2000
Votre
rapporteur souhaite enfin mettre l'accent sur la question cruciale du
financement des remplacements de personnels hospitaliers.
Le protocole signé le 14 mars 2000 prévoyait, au titre
des années 2000, 2001 et 2002, des crédits à hauteur de
2 milliards de francs chaque année pour financer les remplacements
de ces personnels.
La somme de 2 milliards de francs a bien été
intégrée dans la loi de finances rectificative pour 2000 (n°
2000-656 du 13 juillet 2000) à travers une dotation ouverte dans un
nouveau chapitre 47-20 intitulé «
Aide exceptionnelle au
service public hospitalier
».
Cependant, rien de tel n'a été prévu dans le projet de loi
de finances pour 2001, le chapitre concerné n'étant même
pas mentionné dans les documents budgétaires.
Votre commission s'était, l'année dernière, émue de
cette situation.
La somme nécessaire -2 milliards de francs- vient finalement
d'être inscrite au chapitre 47-19
(Organisation du système de
soins)
, dans le projet de loi de finances rectificative pour 2001,
déposé à l'Assemblée nationale le 14 novembre
2001.
Il sera naturellement trop tard pour la répartir en 2001.
Or, les personnels sont déjà en place dans les
établissements, souvent depuis le 1
er
janvier 2001, les ARH
ayant eu pour instruction de répartir ces 2 milliards de francs en
2001. En attendant de percevoir l'argent, les hôpitaux utilisent des
solutions de trésorerie avec beaucoup de difficultés dans
certains cas.
Si la disposition est votée dans la loi de finances rectificative pour
2001, promulguée à la fin décembre, l'argent devra
être reporté et versé en 2002, mars ou avril au mieux,
compte tenu des procédures habituelles d'engagement.
La situation ainsi créée s'avère donc extrêmement
délicate pour les gestionnaires hospitaliers.
2. Vers une nouvelle régularisation « en gestion » ?
De
surcroît, persistant dans cette méthode qui s'apparente, d'un
point de vue comptable, à de la cavalerie, le Gouvernement n'a pas
davantage inscrit dans le projet de loi de finances initiale pour 2002 les 2
milliards de francs dus au titre de l'année 2002.
Une nouvelle fois, l'opération devra sans doute se régulariser
« en gestion » !
Les hôpitaux ont aujourd'hui besoin de ces crédits qui leur ont
été promis et votre commission estime que ces derniers auraient
dû figurer dans le projet de loi de finances pour 2002.
*
* *
En définitive, constatant que les critiques que votre rapporteur formule à l'encontre du volet « offre de soins » de ce projet de budget l'emportent très largement sur les quelques points positifs susceptibles d'être relevés dans le volet « politiques de santé publique », la commission a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits de la santé pour 2002.