I. LA HAUSSE DU CHÔMAGE RÉVÈLE LES FAILLES DE LA POLITIQUE DE L'EMPLOI MENÉE DEPUIS 1997
A. UNE REMONTÉE DU CHÔMAGE QUI POURRAIT DURER
Après avoir connu de très bonnes performances en
termes de créations d'emplois à la suite du retour de la
croissance (le taux de chômage atteignait 12,3 % en juin 1997), la France
est aujourd'hui confrontée à une hausse sensible de son taux de
chômage.
Ce brusque retournement éclaire d'un jour nouveau les résultats
d'hier et balaye l'idée selon laquelle la politique menée par le
Gouvernement aurait été à l'origine d'une
« exception » française en termes de baisse du
chômage.
1. Une dégradation très nette du marché du travail
Après avoir atteint un plancher en mars à 8,7 %, le taux de chômage est remonté pour atteindre, en septembre, 9,1 %. Le nombre des demandeurs d'emploi a ainsi augmenté de 5.500 en mai, 8.500 en juin, 39.600 en juillet, 11.100 en août et 13.100 en septembre.
Evolution du taux de chômage français au cours
des
douze derniers mois
Avec
2.140.900 chômeurs, notre pays est encore loin du « plein
emploi » imprudemment évoqué au printemps comme une
perspective réaliste dans un horizon rapproché. Le chômage
de masse reste dans notre pays une réalité, ce qui doit nous
faire nous interroger sur les fondements de la politique que nous pouvons mener
pour le combattre.
Car, outre la fragilité de nos résultats en termes de baisse du
chômage, dont témoigne la récente hausse du nombre de
demandeurs d'emploi, c'est l'idée même selon laquelle nous aurions
eu des résultats extraordinaires depuis 1997 qui est aujourd'hui battue
en brèche y compris, sinon surtout, par les partenaires sociaux.
2. Des partenaires sociaux critiques sur la politique menée depuis 1997
La
très forte sensibilité de l'évolution de l'emploi à
la conjoncture amène naturellement à nuancer très
sensiblement les mérites de l'action Gouvernementale dans la baisse du
chômage intervenue depuis 1997.
Ainsi la Chambre de commerce et d'industrie de Paris considère que
« les performances françaises en termes de réduction
du chômage ne sont pas si extraordinaires que cela comparées au
reste de l'Europe »
2(
*
)
. Elle ajoute qu'
« il
n'y a pas eu d'exception française »
.
L'Institut Français des Experts-Comptables (IFEC) corrobore cette
analyse en attribuant les mérites du retour de l'emploi à la
conjoncture.
La CFTC
« confirme le rôle très important joué
par la conjoncture depuis 1997 en observant qu'une entreprise n'embauche pas si
elle n'a pas besoin d'un salarié »
.
La CFE-CGC également
« considère que la baisse du
chômage s'explique d'abord par la croissance, comme l'illustre a
contrario la hausse à laquelle on assiste depuis plusieurs
mois »
.
La CGT dresse même un véritable réquisitoire de la
politique menée par le Gouvernement en estimant que :
« le chômage remonte parce que la croissance des
années 1997-2000 n'a pas été suffisamment
élevée et surtout parce qu'elle portait des contradictions
importantes qui ont affaibli les bases d'une croissance durable. Il s'agit
surtout des facteurs suivants : la progression de la
précarité, l'insuffisance des investissements en France (surtout
dans les nouvelles technologies et dans la recherche-développement),
l'importance des investissements à l'étranger, l'insuffisance des
efforts de qualification (notamment de la part des entreprises) et un partage
de la valeur ajoutée qui reste en défaveur des
salaires »
3(
*
)
.