B. LE CHÔMAGE STRUCTUREL DE MASSE RESTE UNE RÉALITÉ
La plupart des partenaires sociaux et des organismes auditionnés par votre rapporteur sont d'accord avec votre commission pour considérer que les causes du chômage structurel n'ont pas été véritablement combattues depuis 1997.
1. L'absence de réformes structurelles du marché du travail
L'absence de réformes structurelles du marché du
travail explique pourquoi le taux de chômage n'est pas descendu en
dessous de 9 % contrairement à ce que l'on observe dans la plupart
des pays développés.
Comme le remarque en effet la CGPME,
« le retournement de
conjoncture déjà visible dans le tourisme et le transport, s'il
n'est pas encore alarmant, se traduit déjà par une
décélération du nombre de créations d'emplois, ce
qui montre que la politique de l'emploi n'a pas traité les vraies causes
du chômage »
.
Pour la CGT-FO,
« il y a eu une réduction du chômage
mais elle n'a pas attaqué le noyau dur du chômage de longue
durée et des personnes les plus fragiles »
.
Ce point de vue des partenaires sociaux est corroboré par les
estimations du taux de chômage structurel français qui demeure
très élevé autour de 9 %.
Estimation récente du Nairu 4( * ) en France
Richardson et al. (2000) |
10,1 % |
FMI (1999) |
10 % |
Artus (2000) |
8 % |
Irac (1999) |
10-11 % |
l'Horty-Rault (1999) |
12 % |
Heyer et al. (1999) |
9,1 % |
Cotis et al. (1997) |
10 % |
Sources : OCDE, op. cité.
Cela signifie clairement que la baisse du taux de chômage observée
depuis 1997 s'explique par la conjoncture et que toute baisse supérieure
ne peut qu'être la conséquence de réformes structurelles du
marché du travail sur le modèle de la nouvelle convention
d'assurance chômage
5(
*
)
.
2. Une politique qui accroît les pénuries de main-d'oeuvre
Les
carences de la politique de l'emploi menée depuis 1997 ont pris toute
leur dimension avec le développement des pénuries de
main-d'oeuvre dans certains secteurs d'activité dans un contexte
marqué par la persistance d'un fort taux de chômage.
Selon M. Michel Bernard, directeur général de l'ANPE,
« même si elles sont moindres, des difficultés de
recrutement demeurent dans certains secteurs »
. Ces
pénuries de main-d'oeuvre sont considérées comme
très importantes par la CCIP et l'IFEC.
La DARES insiste sur le fait que les difficultés de recrutement tiennent
autant à des facteurs géographiques qu'à la nature des
métiers concernés
6(
*
)
. Les tensions sur le marché du
travail sont ainsi particulièrement accentuées en Ile-de-France
et dans ses franges sud-ouest, en Alsace, dans une partie de la
Champagne-Ardenne, de Rhône-Alpes et du massif central. Les facteurs de
ces disparités sont multiples : spécificités et
dynamiques des systèmes de production, ajustements différents
entre emploi et population active, mobilité plus ou moins importante des
salariés. Par ailleurs, la sensibilité à l'environnement
régional est variable selon les métiers.
Encore une fois, force est de constater que la seule réforme de nature
à combattre ces pénuries de main-d'oeuvre, entreprise depuis
1997, ne saurait être portée au crédit du Gouvernement,
puisqu'il s'agit de la nouvelle convention d'assurance-chômage qui
prévoit, par exemple, une aide à la mobilité.