B. L'INQUIÉTANTE DÉGRADATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L'UNÉDIC

Cette détérioration de la situation de l'emploi n'est bien sûr pas sans incidence sur la situation financière de notre régime d'assurance chômage qui se dégrade rapidement.

1. Des comptes désormais « dans le rouge »

En février 2001, l'Unédic estimait que l'année 2002 devrait se solder par un résultat net d'environ 430 millions d'euros.

En juillet dernier, prenant acte du « contexte économique moins porteur » , l'Unédic tablait sur un déficit de 2,4 milliards d'euros en 2002.

Mais les dernières prévisions rendues publiques le 6 novembre dernier sont encore plus alarmantes. Le déficit d'exploitation du régime devrait atteindre 3,7 milliards d'euros en 2002, après un excédent de 250 millions d'euros en 2001. Si l'on y ajoute un remboursement d'emprunt à hauteur de 1,83 milliard d'euros en novembre 2002, le résultat net du régime serait négatif de 5,5 milliards d'euros, soit une situation pire encore que celle qu'a pu connaître le régime en ses heures les plus sombres de 1992-1993.

D'ores et déjà, l'Unédic a dû se résoudre à recourir à l'emprunt (d'un montant de 2,9 milliards d'euros sur trois mois) pour faire face à ses échéances et pour rétablir sa trésorerie.

Le résultat financier de l'assurance chômage 4 ( * )

(en millions d'euros)

1996 ®

1997 ®

1998®

1999®

2000®

2001®

2002 (P)

RECETTES

20.462

19.629

20.549

21.331

22.775

22.723

22.540

DÉPENSES

18.892

19.957

20.867

21.748

21.444

22.476

26.229

RÉSULTAT DE L'ANNÉE

1.570

- 328

- 318

- 417

1.331

247

- 3.689

® : réalisé

(P) : prévision Source : Unédic, novembre 2002

Cette dégradation a été extrêmement rapide, la situation financière du régime restant très sensible aux évolutions du marché du travail.

La révision à la baisse des prévisions s'explique alors largement par « l'explosion du nombre de chômeurs indemnisés », comme l'analyse l'Unédic dans sa note du 6 novembre dernier :

« Les prévisions financières présentées dans cette note font apparaître des écarts importants par rapport à celles du 3 juillet dernier. Ces écarts sont tout d'abord imputables à des perspectives de croissance revues à la baisse. En effet, la prévision de croissance du PIB pour 2002 s'établit aujourd'hui à + 0,9 %, au lieu de + 1,2 % au mois de juillet. L'optimisme partagé qui régnait encore lors des prévisions de cet été, ne l'est plus aujourd'hui. En effet, la reprise attendue de la production et de l'investissement dès le second semestre 2002 ne s'est pas manifestée.

« Cette révision à la baisse des hypothèses de croissance entraîne des effets conséquents sur les prévisions d'emploi et de chômage pour 2002. Les prévisions d'emploi affilié ont largement été revues à la baisse depuis celles du mois de juillet : l'écart atteint - 106.000 personnes (+ 63.000 contre + 169.000). Symétriquement, les prévisions de chômage ont été revues largement à la hausse : l'écart atteint, sur l'ensemble des catégories de demandeurs d'emploi, (+ 164.000 contre + 55.000).

« Mais la plus forte révision concerne le chômage indemnisé par l'assurance chômage. L'explosion du nombre de chômeurs indemnisés (+ 415.700 entre janvier 2001 et septembre 2002, soit 2.026.000 au 30 septembre), s'explique par des entrées massives au chômage après une longue période de forte croissance économique (plus de 2 millions d'emplois créés en 5 ans) ayant conduit à des salaires de référence plus élevés qu'auparavant et, surtout, des droits à l'indemnisation plus longs. Dans ce contexte, la proportion de chômeurs indemnisés a progressé de plus de 10 points, atteignant aujourd'hui les 52 %. En juillet, l'orientation de la plupart des économistes et prévisionnistes vers une reprise rapide de la croissance aurait permis la stabilisation, voire la baisse du nombre de chômeurs. Mais, dans le contexte retenu dorénavant, c'est-à-dire celui d'une poursuite de la dégradation de la conjoncture économique en 2002 et une reprise encore incertaine pour 2003, le nombre de chômeurs indemnisés devrait encore augmenter au cours des prochains mois » .

Même si l'Unédic n'a pas publié de prévisions pour 2003, on peut craindre que cette dégradation ne se poursuive et s'amplifie en l'absence de toute mesure de redressement.

* 4 Ce résultat ne prend pas en compte le fait que l'assurance chômage devra rembourser la deuxième tranche de l'emprunt à hauteur de 1,83 milliard d'euros en novembre 2002 et a inscrit une contribution exceptionnelle à l'Etat de 1,22 milliard d'euros reportée en 2003.

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