2. Un marché postal en berne
a) Un secteur du courrier en perte de vitesse
Le secteur du courrier a jusqu'à récemment constitué une priorité pour La Poste, comme l'illustre l'importance de son plan de modernisation de son outil industriel en ce domaine. Cependant, face aux évidences de long terme, et plus particulièrement à partir de 2008, il lui a fallu reconnaître que le recul de l'activité dans ce secteur était appelé à être long et structurel .
Ainsi, si le volume total de courrier n'a que faiblement reculé en France (- 1,5 %) sur la période 2003-2006, et ce grâce à la poursuite concomitante de la croissance en marketing direct (+ 6 %), ce secteur est toutefois largement touché par la décroissance depuis 2008 (- 2,6 %), et plus encore 2009 (- 5,3 %).
Cette rupture, qui tient essentiellement aux effets de la dématérialisation , a été accélérée par la crise économique ainsi que par le développement d'outils performants de marketing sur Internet, qui non seulement offrent des supports d'annonce alternatifs, mais également font baisser les prix de l'offre publicitaire. Comme le montre le tableau ci-dessous, tous les types de correspondance sont touchés , qu'il s'agisse du courrier publicitaire (- 7 % en 2009), du courrier de gestion des entreprises (- 4 % en 2009) et de la correspondance grand public (- 4,6 % en 2009).
b) Des perspectives peu encourageantes pour l'avenir
Comme votre rapporteur pour avis le faisait remarquer dans son rapport sur le projet de loi portant réforme du statut de La Poste, « l'avenir du marché « courrier » ne semble pas porter à l'optimisme ». En effet, le plan stratégique Performance et confiance 2008-2012 , qui prévoyait une baisse des volumes contenue à - 1,5 % en 2010 et - 2 % à compter de 2011, a du être dévalué. La Poste s'attend désormais à une diminution annuelle d'au moins 3 % sur la période.
Et la demi-décennie à venir ne laisse pas entrevoir, bien au contraire, de redressement. Selon les prévisions de La Poste elle-même, un recul de 30 % des volumes de courrier doit être envisagé d'ici 2015 . Or, ainsi que l'évoque la Cour des comptes, « des évolutions plus défavorables ne doivent pas être exclues et dans cet esprit, des simulations complémentaires tournant autour d'une hypothèse alternative à - 40 % devraient être effectuées ».
La grande concentration du courrier de gestion , qui représente plus de 70 % du chiffre d'affaires global du courrier, n'y est pas étrangère. Les 50 plus gros clients représentent en effet les deux-tiers du chiffre d'affaires réalisé avec les entreprises hors marketing direct. La perte d'un seul d'entre eux, très plausible à l'aune de l'ouverture complète du marché postal à la concurrence, au 1 er janvier 2011, risque de se traduire en effet par des manques à gagner substantiels.