B. LE CADRE DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE FRANÇAISE
1. Les priorités : développer les exportations et encourager l'émergence d'un monde multipolaire
Les priorités assignées à la politique étrangère française ont été, comme chaque année, définies par le Chef de l'Etat, le Premier Ministre et le Ministre des Affaires étrangères lors de la réunion des ambassadeurs ouverte le 29 août 1996. Il s'agit de "répondre avec pragmatisme aux exigences de notre temps", en appuyant le rayonnement économique de la France, et en contribuant à l'émergence d'un monde multipolaire.
a) Le combat pour l'exportation, priorité de l'action diplomatique
Le développement des exportations, dont l'ardente nécessité a déjà été soulignée il y a un an, doit faire de nos ambassadeurs les "ambassadeurs de l'économie française" et les "avocats efficaces de nos entreprises" auprès des pays de résidence, et les conduire à jouer, auprès des grands groupes et des PME français, le rôle de relais des marchés offerts par leurs pays d'accréditation.
La recherche de nouveaux marchés à l'exportation est liée à la lutte contre le chômage , puisque, comme l'a souligné le Président Jacques Chirac, "un milliard de francs d'exportations permet la création ou la consolidation de 1 000 emplois pendant trois ans". Les perspectives de croissance en Asie, en Amérique Latine ou en Europe de l'Est sont donc autant de chances à saisir pour notre pays où "un Français sur quatre travaille pour l'exportation".
b) La diplomatie française au service de l'émergence d'un monde multipolaire
L'effondrement du communisme et la fin de l'affrontement Est-Ouest tendent, comme on l'a vu plus haut, à encourager la montée en puissance de l'hégémonie américaine, alors même qu'il convient de mettre en place un monde multipolaire, en vue de défendre, selon les mots du Chef de l'Etat, un "ordre international plus stable et plus juste".
. Le rééquilibrage des tendances internationales actuelles passe par le soutien apporté aux puissances émergentes et aux organisation régionales comme le Mercosur et l'ASEAN, avec lesquelles Bruxelles a passé des accords de commerce.
. Le développement des liens entre l'Europe et l'Asie du Sud-Est , qui faisait l'objet du Sommet de Bangkok, constitue "la nouvelle frontière" de la diplomatie française, selon M. Hervé de Charette.
C'est dans cette perspective que s'inscrit la réouverture, en 1997, du consulat général de Canton, ainsi que la nomination d'ambassadeurs en mission au Turkménistan et en Mongolie. Des événements comme le sommet de la francophonie d'Hanoï, l'organisation de l'année de la France au Japon et le renforcement de TV5 en Asie contribueront également à asseoir la présence française en Asie sur des bases plus solides.
. Dans le même esprit, la volonté d'encourager les liens avec l' Amérique Latine relève du souci de rééquilibrer les relations internationales, en renouant des liens solides avec un continent transformé par la démocratie et les réformes économiques, et où M. le Président de la République séjournera au printemps 1997.
. De manière générale, il importe de faire de l'Europe un acteur à part entière des relations internationales , ce qui passe par l'élaboration d'un espace européen de sécurité, à partir de la réforme de l'OTAN visant à créer un pilier européen au sein de l'Alliance atlantique, fondé sur un nouveau partage de responsabilités entre Européens et Américains. L'émergence d'une défense européenne crédible pose le problème de l'élargissement de l'OTAN à certains pays d'Europe centrale et orientale, qui met en évidence le risque de voir apparaître une nouvelle cassure de l'Europe entre les pays membres de l'OTAN élargie et les autres. Les réticences formulées par la Russie à l'encontre de l'élargissement de l'OTAN illustrent ces difficultés. Celles-ci pourraient toutefois trouver une solution dans l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, où pourraient se retrouver sur un pied d'égalité tous les Etats européens.
. La réforme de l'OTAN et la constitution d'un espace européen de sécurité auraient peu d'effets si n'était pas définie une véritable politique étrangère européenne , élément déterminant de la construction de l'Union, au même titre que l'élargissement et que la monnaie unique. La volonté française de créer la fonction de haut représentant , chargé de représenter l'Union à l'extérieur et de mettre en oeuvre les mandats définis par le Conseil européen, vise précisément à donner un visage à la diplomatie européenne.