INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Votre nouveau rapporteur pour avis tient tout d'abord à rendre hommage
à notre ancien collègue Germain Authié qui a pendant
de nombreuses années examiné les crédits consacrés
aux services généraux du ministère de la justice au nom de
votre commission des Lois.
La progression des crédits du ministère de la justice inscrits
dans le projet de loi de finances pour 1999 (+ 5,6 %), nettement
supérieure à celle de l'ensemble du budget de l'Etat
(+ 2,3%), traduit la priorité maintenue en faveur du renforcement
des moyens des juridictions, dont la situation reste, cette année
encore, marquée par des délais de jugement excessifs et un
gonflement des stocks en instance.
Comme les années précédentes, votre commission des Lois,
particulièrement soucieuse d'une amélioration du fonctionnement
de la justice au quotidien, a souhaité analyser l'évolution de
ces crédits à la lumière de la réalité des
difficultés constatées sur le terrain et en prenant en compte les
réformes envisagées, qui ne sauraient être menées
à bien sans les moyens correspondants.
Après avoir présenté l'évolution
générale des crédits affectés au services
généraux du ministère de la justice et rappelé
quelques données relatives à l'activité des juridictions,
le présent avis s'attachera plus particulièrement aux incidences
des efforts de recrutement, ainsi qu'à la poursuite de
l'amélioration de l'équipement et de la gestion des juridictions.
Seront en outre évoquées les mesures prévues pour
faciliter l'accès au droit et le recours aux modes amiables de
règlement des litiges, ainsi que les réflexions en cours en vue
d'une réforme de la carte judiciaire.
I. UN BUDGET PRIORITAIRE ET EN NETTE PROGRESSION
Après le vote de la loi de programme en 1995, le budget
en
forte hausse de 1996, la limitation de cette progression en 1997 et
l'augmentation significative des crédits pour 1998 (+ 4,03 %),
le budget de la justice demeure, cette année encore, une priorité
nationale.
En effet, les crédits de paiement pour 1999, qui atteignent un montant
total de 26 257,75 millions de francs, enregistrent une hausse de
5,59 % par rapport à 1998, soit une progression très
nettement supérieure à la moyenne des autres budgets civils
(+ 2,3 %), les autorisations de programme se stabilisant pour leur
part à un montant de 1 725 millions de francs
(+ 0,29 %).
Cependant, la part du budget de la justice dans le budget général
de l'Etat ne progresse que faiblement : 1,6 % en 1999 contre 1,55 %
en 1998
1(
*
)
.
A. UNE PROGRESSION MARQUÉE DES CRÉDITS POUR 1999
Le
tableau suivant récapitule l'évolution des crédits des
trois agrégats qui font l'objet du présent avis
présenté par votre commission des Lois ; l'administration
générale, les services judiciaires et les juridictions
administratives.
Les crédits consacrés d'une part, aux services
pénitentiaires et, d'autre part, aux services de la protection
judiciaire de la jeunesse, sont quant à eux examinés dans le
cadre de deux autres avis présentés au nom de votre commission
des Lois, respectivement par nos collègues Georges Othily et Patrice
Gélard.
Evolution des crédits de paiement
|
Dotations 1998 |
Crédits demandés pour 1999 |
Evolution 1998-1999 en % |
||
|
Montant |
% du total |
Montant |
% du total |
|
Ensemble du ministère de la justice dont : |
24 868,58 |
(100 %) |
26 257,75 |
(100 %) |
+ 5,59 |
- administration générale |
3 475,29 |
13,97 |
3 594,08 |
13,69 |
+ 3,42 |
- services judiciaires |
11 038,78 |
44,39 |
11 667,91 |
44,44 |
+ 5,70 |
- juridictions administratives |
735,29 |
2,96 |
803,00 |
3,06 |
+ 9,21 |
(en
millions de francs)
Si les trois agrégats étudiés connaissent une progression,
la hausse des crédits est particulièrement marquée pour
les services judiciaires (+ 5,7 %) et surtout pour les juridictions
administratives (+ 9,2 %).
S'agissant des
services judiciaires
, qui représentent à
eux seuls près de la moitié des crédits du
ministère de la justice, le détail de la répartition des
crédits fait toutefois apparaître que certains chapitres absorbent
une large part de la progression des crédits.
Ainsi, les
frais de justice
(chapitre 37-11), d'un montant total de
1 776,54 millions de francs pour 1999, en augmentation de
121 millions de francs (+ 7,3 %), continuent, comme les
années précédentes, de progresser plus rapidement que
l'ensemble des crédits du ministère, bien que les crédits
nouveaux inscrits pour financer la mise en oeuvre des réformes (et
notamment l'impact de la loi relative à la prévention et à
la répression des infractions sexuelles et à la protection des
mineurs), d'un montant de 42 millions de francs, soient compensés
par une mesure d'économie de 51 millions de francs correspondant
à l'effort de maîtrise de la dépense, sur lequel on
reviendra plus loin.
Les crédits de l'
aide juridique
(chapitre 46-12), d'un montant de
1 443,72 millions de francs pour 1999, connaissent eux aussi une
progression importante, de plus de 215 millions de francs (+17,5 %),
notamment en raison d'un abondement de 97,4 millions de francs
destiné à la mise en oeuvre du plan de réforme de la
justice (réforme de l'accès au droit, réforme de la saisie
immobilière, lutte contre les exclusions, présence de l'avocat
dès la première heure de la garde à vue...).
B. UNE EXÉCUTION QUASI-ACHEVÉE DE LA LOI DE PROGRAMME DE 1995
L'examen
des crédits du ministère de la justice prévus par le
projet de loi de finances pour 1999 constitue l'occasion de dresser le bilan de
l'exécution de la loi de programme quinquennale n° 95-9 du
6 janvier 1995 relative à la justice.
S'agissant tout d'abord des
créations d'emplois
qui avaient
été prévues pour la période 1995-1999, ce bilan
s'établit comme suit :
|
Nombre de créations d'emplois prévues |
Nombre de créations d'emplois inscrites en lois de finances |
Taux de réalisation de la loi de programme |
Total pour le ministère dont : |
6 100 |
3 947 |
64,70 % |
- Services judiciaires (et magistrats de l'administration centrale) |
|
|
|
- Juridictions administratives |
380 |
361 |
95,00 % |
En ce qui concerne les autorisations de programme inscrites pour la réalisation des équipements , le bilan pour la période 1995-1999 est le suivant :
|
Enveloppe totale prévue par la loi de programme |
Total des autorisations de programme |
Taux d'exécution de la loi de programme |
Total pour le ministère dont : |
8 100,00 |
7 567,09 |
93,42 % |
- Services judiciaires (et administration centrale) |
|
|
|
- Juridictions administratives |
200,00 |
207,52 |
103,76 % |
(en
millions de francs)
L'exécution de la loi de programme est donc presque complète pour
les services judiciaires et les juridictions administratives, même si
elle est un peu moins satisfaisante pour l'ensemble du ministère de la
justice.
C. UNE PROGRESSION QUI DOIT NÉANMOINS ÊTRE RELATIVISÉE DANS LE CADRE D'UNE ÉVOLUTION SUR LONGUE PÉRIODE
Si l'on
retrace l'évolution réelle du budget du ministère de la
justice au cours des vingt-cinq dernières années, la forte
progression constatée dans le projet de loi de finances pour cette
année se trouve relativisée, ainsi que le montre le graphique
ci-dessous.
En effet, si en francs courants elle atteint 5,59 % pour 1999, en francs
constants, la progression du budget de la justice, calculée par
référence à une base 100 en 1974, n'est plus que de
4,65 %.