B. LES PRESTATIONS SOCIALES
Elles constituent 82 % du montant total des emplois de protection sociale et s'élevaient à près de 2.500 milliards de francs en 1998.
Evolution des prestations de protection sociale par risque
Montants en millions de francs courants |
1995 |
1996 |
96/95 |
1997 |
97/96 |
1998 |
98/97 |
98/95 (1) |
Santé |
762.579 |
791.638 |
3,8 |
805.285 |
1,7 |
833.828 |
3,5 |
3,0 |
Vieillesse - survie |
976.141 |
1.018.340 |
4,3 |
1.050.463 |
3,2 |
1.083.770 |
3,2 |
3,5 |
Maternité - Famille |
235.178 |
242.611 |
3,2 |
254.262 |
4,8 |
253.769 |
- 0,2 |
2,6 |
Emploi |
194.788 |
203.603 |
4,5 |
204.908 |
0,6 |
207.416 |
1,2 |
2,1 |
Logement |
72.313 |
72.358 |
0,1 |
79.416 |
9,8 |
83.456 |
5,1 |
4,9 |
Pauvreté - Exclusion sociale |
27.659 |
29.183 |
5,5 |
30.895 |
5,9 |
33.590 |
8,7 |
6,7 |
Ensemble des prestations |
2.268.658 |
2.357.733 |
3,9 |
2.425.229 |
2,9 |
2.495.829 |
2,9 |
3,2 |
(1)
Evolution annuelle moyenne
Source : Annexe G au PLFSS 2000.
Sur l'ensemble de la période, ce sont donc les prestations en faveur de
la pauvreté et de l'exclusion sociale puis celles en faveur du logement
qui connaissent la plus forte hausse. En revanche, la part consacrée
à la maternité et à la famille et celle consacrée
à l'emploi tendent à ralentir, la première sous l'effet
d'une baisse des dépenses en 1998, la seconde de l'amélioration
relative de la situation de l'emploi. Cependant, l'évolution globale
reste conditionnée aux trois quarts par la santé et la vieillesse
/ survie : la moitié de la hausse des dépenses de protection
sociale vient de ce dernier poste et 40 % de la santé.
En 1998, la part respective de chaque agrégat dans ces dépenses
était de 77 % pour les régimes de sécurité sociale
(dont 45 points pour le seul régime général), de 5 % pour
l'indemnisation du chômage, 4 % pour les régimes de la
mutualité, de retraite supplémentaire et de prévoyance, 11
% pour les régimes d'intervention des pouvoirs publics, 2,5 % pour les
régimes d'employeurs et 0,5 % pour les régimes d'intervention
sociale des ISBLSM.
En leur sein, la part des prestations sous condition de ressources augmente
légèrement, de 13,4 % en 1995 à 13,7 % en 1998
essentiellement par la progression des prestations chômage et des
prestations familiales sous condition de ressources (hors allocations
familiales et AGED en 1998), et par celle de la part globale des prestations
logement et pauvreté / exclusion sociale, toutes soumises à ces
conditions.
Le poids très important des prestations sociales dans l'économie
française se retrouve bien entendu sur le revenu des ménages. Le
taux de socialisation des revenus, qui compare les prestations sociales au
revenu disponible brut des ménages, montre une progression sur la
période, marque avec certain ralentissement en 1998, alors même
que la part des prestations dans le PIB augmente. Cela vient d'une plus forte
progression du revenu disponible brut des ménages que le PIB.
Taux de socialisation des revenus
(en %)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Prestations de protection sociale / RDB ajusté |
36,5 |
37,1 |
37,0 |
36,8 |
Transferts de biens et services non marchands individuels / RDB ajusté |
8,2 |
8,4 |
8,4 |
8,4 |
Prestations sociales et transferts en nature / RDB ajusté |
44,7 |
45,5 |
45,4 |
45,2 |
Source : Compte de la protection sociale - Drees
Comptes nationaux - Insee
Prestations de protection sociale en 1998
(en millions de francs)
|
Assurances sociales |
|
Régimes de la |
Régimes |
Régimes |
|
||||||
|
Régimes de la
sécurité
|
Régime
|
Total |
Régimes
|
mutualité, de la retraite sup-plémentaire et de la prévoyance |
d'inter-vention sociale des pouvoirs publics |
d'interven-tion sociale des ISBLSM |
TOTAL |
||||
RISQUES |
Régime général |
Autres régimes |
Total |
|
|
|
|
|
|
|
||
SANTE |
568.366 |
125.685 |
694.051 |
0 |
694.051 |
14.001 |
75.235 |
49.719 |
822 |
833.828 |
||
Maladie |
466.970 |
103.944 |
570.914 |
0 |
570.914 |
12.554 |
69.587 |
9.074 |
822 |
662.951 |
||
Invalidité |
71.535 |
12.363 |
83.898 |
0 |
83.898 |
304 |
5.442 |
40.645 |
0 |
130.289 |
||
Accidents du travail |
29.861 |
9.378 |
39.239 |
0 |
39.239 |
1.143 |
206 |
0 |
0 |
40.588 |
||
VIEILLESSE-SURVIE |
359.175 |
674.965 |
1.034.140 |
58 |
1.034.198 |
693 |
25.797 |
23.082 |
0 |
1.063.770 |
||
Vieillesse |
337.843 |
565.885 |
903.728 |
0 |
903.728 |
693 |
11.756 |
16.098 |
0 |
932.275 |
||
Survie |
21.332 |
109.080 |
130.412 |
58 |
130.470 |
0 |
14.041 |
6.984 |
0 |
151.495 |
||
MATERNITE-FAMILLE |
174.414 |
1.877 |
176.291 |
0 |
176.291 |
21.950 |
1.006 |
53.974 |
548 |
253.769 |
||
Maternité |
29.391 |
1.626 |
31.017 |
0 |
31.017 |
0 |
217 |
0 |
0 |
32.234 |
||
Famille |
145.023 |
251 |
145.274 |
0 |
145.274 |
21.950 |
789 |
53.974 |
548 |
225.535 |
||
EMPLOI |
0 |
3.845 |
3.845 |
122.884 |
126.729 |
25.928 |
0 |
54.759 |
0 |
207.416 |
||
Chômage |
0 |
3.845 |
3.845 |
112.263 |
116.108 |
25.928 |
0 |
34.015 |
0 |
176.051 |
||
Insertion et réinsertion professionnelle |
0 |
0 |
0 |
10.621 |
10.621 |
0 |
0 |
20.744 |
0 |
31.365 |
||
LOGEMENT |
17.209 |
1.098 |
18.307 |
0 |
18.307 |
0 |
0 |
65.149 |
0 |
83.456 |
||
PAUVRETE-EXCLUSION SOCIALE |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
27.377 |
6.213 |
33.590 |
||
TOTAL DES PRESTATIONS |
1.119.164 |
807.470 |
1.926.634 |
122.942 |
2.049.576 |
62.572 |
102.038 |
274.060 |
7.583 |
2.495.829 |
La protection sociale dans l'Union européenne en 1996
Le poids
des dépenses de protection sociale
" La part des dépenses de protection sociale dans le PIB
s'élève à 28,7 % en moyenne dans l'Union européenne
en 1996. C'est en l'Irlande qu'elle est la plus faible (18,9 %) et en
Suède la plus élevée (34,8 %). Les pays du sud de l'Europe
(Espagne, Grèce, Italie, Portugal) consacrent généralement
une part moins importante de leur PIB à la protection sociale, alors que
les pays nordiques (Danemark, Finlande, Suède) se situent au-dessus de
la moyenne européenne.
Cette situation est pour une part importante liée au niveau de
développement, les pays les plus riches étant ceux qui
redistribuent le plus. La Suède, par exemple, avec 19 200 SPA
(parité de pouvoir d'achat, c'est à dire monnaie artificielle
reflétant en termes réels le pouvoir d`achat de chaque pays) de
PIB par habitant, en redistribue 34,8 %, alors que le Portugal avec 13 000 en
redistribue 21,6 %. Cette tendance n'est cependant pas systématique
et d'autres facteurs influent sur le niveau des dépenses sociales :
ainsi l'Italie a un niveau de PIB par tête du même ordre que celui
de la Suède, mais consacre 10 points de moins à la protection
sociale. Interviennent à cet égard des causes structurelles,
comme la pyramide des âges, la structure des ménages ou le taux de
chômage, mais aussi et surtout d'autres facteurs touchant aux
différences dans les systèmes nationaux de protection sociale,
aux solidarités familiales, etc.
Le poids des dépenses de protection sociale dans le PIB s'est accru
jusqu'en 1993 pour redescendre ensuite légèrement, sauf dans des
pays comme l'Allemagne, la Belgique, la Grèce, le Luxembourg et le
Portugal. Le ralentissement de la croissance, la progression du chômage
et de l'exclusion sociale dans la première partie de la période
ont poussé à la hausse des dépenses sociales dans le PIB.
La reprise économique, la décrue du chômage, mais
également les efforts d'ajustements budgétaires
précédant l'entrée dans l'Union monétaire
européenne, expliquent l'inversion du mouvement observée par la
suite. "
Les prestations de protection sociale par fonction
" Dans la plupart des pays, les prestations vieillesse et survie
représentent le poste le plus important : 44,8 % du total en
moyenne dans l'Europe des Quinze en 1996. Seuls quatre pays (Finlande, Irlande,
Pays-Bas et Portugal) font exception. L'Irlande avec 20 % et l'Italie avec
près de 66 % sont situées aux extrêmes de la
distribution. En Irlande, la proportion de personnes âgées est
beaucoup moins élevée que partout ailleurs dans l'Union
européenne (11 % de plus de 65 ans en 1996 contre 16 % pour l'Union
européenne). En Italie, les préretraites pour motif
économique sont classées dans cette fonction et non avec le
chômage, comme le font la plupart des pays ; en outre, la part des
retraités dans la population est plus importante que dans les autres
pays européens.
Le second poste de dépenses sociales est celui des dépenses de
santé (35,4 % pour l'ensemble de l'Union européenne).
Prépondérant dans les dépenses en Finlande, en Irlande,
aux Pays-Bas et au Portugal, il représente plus de 30 % du total des
dépenses dans les autres pays, à l'exception du Danemark (28,4 %)
et de l'Italie (28,6 %).
Les prestations liées à la famille représentent
globalement 7,9 % du total des prestations dans l'Union européenne.
Parmi les pays y consacrant une part assez importante de leurs dépenses
(plus de 10 %), on trouve à côté du Luxembourg, de
l'Irlande et de l'Autriche, les pays du Nord de l'Europe,
caractérisés par l'importance des prestations en nature
dispensées par les services sociaux. La part des allocations logement
est généralement faible (2 % en moyenne), sauf au Royaume-Uni
(7,2 %) où ces prestations sont ciblées sur les ménages
démunis. "
La structure de financement de la protection sociale (hors transferts)
" En 1996, les deux tiers du financement de la protection sociale dans
l'Union européenne sont assurés, en moyenne, par les cotisations
sociales ; le solde est constitué principalement des contributions
publiques et des impôts et taxes affectés. Bien que ces sources de
financement soient communes à l'ensemble des pays, leur poids relatif
varie en fonction de l'histoire et des logiques institutionnelles des
systèmes de protection sociale. On classe schématiquement les
pays en deux groupes : ceux dits de tradition bismarckienne où
le système reposait sur une assurance, souvent sur une base
professionnelle, et les pays de tradition beveridgienne où le
système a pris originellement la forme d'une aide universelle sans
préalable de versement de cotisations. Le premier groupe serait
plutôt formé de pays de l'Europe continentale ; dans le
second, on retrouverait les pays nordiques, l'Irlande et le Royaume-Uni. Les
autres pays européens se rattachent à l'une ou l'autre tradition.
Aujourd'hui, le deux systèmes sont en voie de rapprochement, en
particulier du fait de l'accroissement du financement fiscal dans les pays
où prédominent les cotisations. C'est particulièrement net
pour la France où la part des cotisations a baissé de 8 points
entre 1996 et 1998.
Entre 1990 et 1996, la part des cotisations a diminué de 1,5 point pour
l'ensemble des pays de l'Union européenne. Au sein des cotisations
sociales, la part des cotisations versées par les employeurs reste
prépondérante, malgré un mouvement de baisse assez
généralisé, traduisant l'objectif déclaré
d'alléger les coûts de la main d'oeuvre pour favoriser l'emploi.
Le Danemark, les Pays-Bas et la Belgique se situent toutefois en dehors de
cette évolution. Parallèlement, la part des cotisations
versées par les salariés, les indépendants et les
bénéficiaires de prestations sociales s'est
légèrement accrue, phénomène
particulièrement net dans les pays nordiques et aux Pays-Bas. Dans
d'autres pays, comme en France, en Irlande et au Royaume-Uni, leur poids a
baissé du fait d'une réorientation du financement de la
protection sociale vers les recettes fiscales.
Les contributions publiques et les impôts et taxes affectés
pèsent en moyenne européenne pour près de 32 % dans les
recettes de protection sociale en 1996, contre moins de 29 % en 1990. Le
mouvement de hausse est assez général dans les pays où la
part des cotisations était importante ; à l'inverse, au
Danemark, l'introduction de nouvelles cotisations pour alimenter des fonds du
marché du travail en 1994 a contribué à réduire la
part largement prépondérante des contributions publiques et des
impôts et taxes affectés. "
Source : " Les comptes de la protection sociale en 1998 ", in
Etudes et résultats
, n° 36, octobre 1999, Drees,
Ministère de l'emploi et de la solidarité.