C. DES MOYENS SUPPLÉMENTAIRES POUR L'AIDE AU LOGEMENT

1. Contexte général

Le problème du logement social dans les départements d'outre-mer, à Mayotte et à Saint pierre et Miquelon se pose encore aujourd'hui en termes de pénurie, d'insalubrité et de précarité :

- le parc de logements est très insuffisant et surpeuplé avec un nombre moyen de personnes par logement de 3,57 (au lieu de 2,57 en métropole) ;

- 26 % des logements sont précaires ou dépourvus d'éléments de confort .

En raison d'une croissance démographique encore élevée, à laquelle s'ajoute une immigration importante en Guyane et à Mayotte, on peut encore parler de pénurie de logements, ce qui se traduit par la cherté des loyers et une hausse sensible du coût de la construction et du foncier .

Le taux de chômage élevé et le niveau moyen des salaires encore inférieur à celui de la métropole nécessitent un effort très particulier de l'Etat en faveur du logement social. Pour traiter le seul problème de l'insalubrité sur quinze ans, il faudrait construire chaque année 3.000 logements supplémentaires et réhabiliter 3.500 logements privés, au lieu des 1.500 réalisés actuellement.

Les objectifs prioritaires de la politique du logement outre-mer doivent être de loger dans des conditions décentes et à un coût abordable le plus grand nombre de ménages, en particulier les personnes les plus défavorisées, de reloger les ménages occupant les zones d'habitat insalubre et de contribuer à un aménagement équilibré du territoire.

2. Des moyens supplémentaires pour l'aide au logement

Dans la loi de finances pour 1999, les crédits budgétaires inscrits au chapitre 65-01 avaient progressé de 57,8 % pour s'établir à 897,4 millions de francs dont 96 millions de francs réservés à la résorption de l'habitat insalubre. Par ailleurs, 541 millions de francs étaient venus abonder ce chapitre, au titre de la part logement de la créance de proratisation du RMI. Il était aussi prévu de financer 13.300 logements en 1999, dont 2.390 réhabilitations. Au 30 juin 1999, près de 80 % des crédits du chapitre avaient été ordonnancés.

Le tableau ci-dessous présente le nombre de logements neufs ou améliorés financés sur la LBU selon leur localisation géographique.

 

1994

1995

1996

1997

1998

1999*

Guadeloupe

2 671

2 898

2 765

2 406

3 037

3 250

Martinique

2 140

2 344

2 082

2 346

2 688

2 810

Guyane

865

815

875

1 120

1 170

1 300

Réunion

5 229

4 532

4 742

4 100

3 850

4 960

Mayotte

1 006

993

908

1 020

1 064

980

TOTAL

11 911

11 582

11 372

10 992

11 809

13 300

(*) Prévisions indicatives

Dans le projet de loi de finances pour 2000, 918 millions de francs de crédits de paiement sont inscrits au chapitre 65-01 pour le financement du logement, la résorption de l'habitat insalubre et l'aide exceptionnelle de l'Etat dans la zone des cinquante pas géométriques, en application de l'article 3 de la loi n° 96-1241 du 31 décembre 1996.

Les crédits ainsi inscrits progressent de 2,3 %, sur lesquels 57,6 millions de francs sont réservés à la résorption de l'habitat insalubre. Par ailleurs, la part logement de la créance de proratisation du RMI devrait venir abonder ce chapitre à hauteur de 650 millions de francs soit une augmentation de 20 % par rapport à 1999.

Les prévisions de construction sont de 11.000 logements auxquels s'ajoutent 2.300 logements en réhabilitation ou en amélioration ainsi que la sortie d'insalubrité d'environ 2.200 ménages.

3. L'impact des mesures fiscales prises en faveur du logement

Il convient de noter que la baisse du taux de TVA sur les travaux d'entretien réalisés dans les logements d'habitation s'applique également dans les DOM depuis le 15 septembre 1999. Le taux de TVA est passé de 9,5 % à 2,1 % au lieu de 5,5 % en métropole .

De plus l'année 1999 aura été celle de la recherche de diversification des produits de logements offerts aux populations des DOM :

- extension du champ d'application de l'aide à l'amélioration des logements, en autorisant la participation des familles à la réalisation des travaux ;

- recherche d'une meilleure adaptation de la réglementation technique aux spécificités de l'outre-mer ;

- mobilisation des maîtres d'oeuvre pour la recherche de solutions innovantes, à travers le concours Europan-DOM.

L'amélioration de l'habitat, priorité dans les DOM, a fait en mars 1999 l'objet d'une charte pour le développement des PACT, qui engagent ces derniers dans la voie d'une efficacité encore améliorée, et d'une augmentation en 2000 du nombre d'opérations de ce type.

En parallèle, une première amélioration des conditions d'octroi des aides au logement a permis, en 1999, une meilleure solvabilisation des locataires des logements anciens, en particulier après leur réhabilitation. Les logements construits avant le 1 er janvier 1976 bénéficient désormais du même barème que les logements construits avant le 31 décembre 1985, et l'objectif affiché par les pouvoirs publics est de parvenir à l'unification des barèmes d'aides au logement.

Enfin, la politique décidée au niveau national, qui repose sur la baisse des taux d'intérêts, devrait être répercutée outre-mer et permettre une amélioration sensible de l'offre de logements.

Mais, les modalités d'application pour l'outre-mer de certaines de ces mesures ne sont toujours pas en place . Il en est ainsi de l'impact de la baisse du taux du livret A de 0,75 %, qui a été intégralement répercutée sur les taux d'intérêt des prêts aux HLM en métropole. Il devrait en être de même outre-mer, ce qui donnerait un taux pour les prêts aux HLM de 1,6 % environ. Or, votre rapporteur pour avis vient d'interroger M. le Secrétaire d'Etat à l'outre-mer 1( * ) sur l'arbitrage rendu pour l'application de ce dispositif outre-mer, qui semble remettre en cause la répercussion intégrale de la baisse du taux du livret A sur les prêts des DOM . Si tel était le cas, ceci nuirait certainement à la politique de construction et de rénovation du logement social outre-mer, alors que les besoins restent considérables.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page