B. LA GUADELOUPE : UNE SITUATION ÉCONOMIQUE DÉGRADÉE
Après une année 1997 marquée par la reprise de l'activité économique de certains secteurs, l'année 1998 est caractérisée par un retournement de tendance au deuxième trimestre, qui touche l'ensemble des secteurs économiques. Il est dû à la multiplication de conflits sociaux parfois très durs, ce qui a fortement pesé sur l'image de marque de la Guadeloupe au plan touristique.
1. Une détérioration de l'activité des principaux secteurs de l'activité économique
En
ce qui concerne l'agriculture, les conditions climatiques et sociales ont
perturbé les productions de la Guadeloupe.
Ainsi, les exportations
de banane ont été freinées par les grèves des
ouvriers des exploitations en janvier et des dockers durant
l'été. Puis, le passage du cyclone George en septembre 1998 a
entraîné une perte de récoltes estimée à
70.000 tonnes, dont la moitié au titre de 1998. Ainsi, les
exportations se sont établies à 78.658 tonnes, en diminution
de 20 %.
S'agissant de la production de cannes à sucre, après deux
années de progression, une baisse de 26 % a été
enregistrée
, en raison de la forte sécheresse,
constatée début 1998 à laquelle ont succédé
des pluies diluviennes. La production de sucre -désormais
concentrée sur deux unités industrielles- a également
diminué pour atteindre seulement 38.324 tonnes, en raison d'un
conflit social et de difficultés techniques. Néanmoins, la
campagne 1998-1999, commencée en février 1999, s'annonce plus
prometteuse, en raison des conditions climatiques.
Parmi les autres production végétales, le melon, en raison de
bons résultats en contresaison, constitue un produit d'exportation
à destination, notamment, de l'Europe continentale. Cependant,
après avoir progressé jusqu'en 1994, la production diminue en
raison de difficultés diverses (sécheresse, parasites,
épuisement des sols, dissémination des parcelles entraînant
un surcoût de production) ce qui fait peser des doutes sur son avenir
économique.
En ce qui concerne le tourisme, qui est devenu essentiel à
l'équilibre de l'économie locale, l'année 1998 n'a pas
permis d'enregistrer de bons résultats. Si la fréquentation des
Iles du nord s'est maintenue, celle de la Guadeloupe continentale a
baissé d'environ 20 %.
Néanmoins, le nombre de touristes accueillis en 1998 a encore
progressé puisqu'il est estimé à 693.000 personnes
(hors les Iles du Nord) contre 660.000 en 1993.
Mais, il convient de
noter une forte baisse de la croisière de transit amorcée en 1997
et confirmée en 1998. Ceci est dû à une très nette
dégradation de l'image de marque de la Guadeloupe en raison de la
multiplication des conflits sociaux, des mauvaises conditions d'accueil des
touristes et de la faible qualité des services offerts.
Le secteur du bâtiment et des travaux publics se trouve toujours dans
une situation de surcapacité de l'offre, même si le secteur du
logement social permet d'assurer une activité régulière.
2. L'aggravation du chômage se poursuit
Le
marché du travail s'est à nouveau dégradé en 1998
avec une progression du nombre de demandeurs d'emplois de + 5,3 % sur un
an, soit 53.712 personnes.
Le taux de chômage calculé en
décembre 1998 est de 29,5 %. Le taux de chômage des jeunes de
moins de 25 ans a encore reculé (18,4 % contre 19,9 % en
1997), mais il est, cette année, légèrement
supérieur à celui constaté en métropole.
Le nombre de bénéficiaires du RMI s'élève à
48.880, en progression de 11,3 % et représente 11,5 % de la
population.
3. La dégradation du solde commercial
La poursuite de la progression des importations (+ 4,6 % en 1998), conjuguée à la diminution de 14 % des exportations en raison des pertes de recettes de l'industrie sucrière, creuse le déficit commercial en 1998. Celui-ci s'établit à - 10 milliards , ramenant le taux de couverture à 6,6 % contre 8 % en 1997.
BALANCE COMMERCIALE
(millions de francs)
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Importations |
8 635 |
9 601 |
10 010 |
102 317 |
10 704 |
Exportations |
847 |
804 |
557 |
819 |
704 |
Balance commerciale |
- 7 788 |
- 8 797 |
- 9 453 |
- 94 118 |
- 10 000 |
Taux de couverture (importations/exportations) |
9,8 % |
8,4 % |
5,6 % |
8,0 % |
6,6 % |
Source : Direction générale des douanes