II. QUELQUES SIGNES D'AMÉLIORATION DANS LES TERRITOIRES ET LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES
La
conjoncture économique des territoires d'outre-mer en 1998 a
été marquée par d'assez fortes divergences selon les
collectivités territoriales concernées.
En Nouvelle-Calédonie, la crise sévissant sur le marché
mondial du nickel
a affecté la situation des entreprises
liées directement ou indirectement à ce secteur,
et
occulté les évolutions relativement favorables
enregistrées par ailleurs
, l'évolution politique en cours
étant jugée positivement dans les enquêtes menées
auprès des agents économiques.
En Polynésie française, en revanche, l'économie locale
reste marquée par le dynamisme de la consommation et de
l'investissement
. La baisse sensible des cours de la perle semble avoir
été gérée de manière positive par la
profession, qui prospecte de nouveaux marchés.
A Mayotte, où l'économie repose principalement sur la commande
publique, l'année a été marquée par une certaine
morosité
liée à la situation de la collectivité
territoriale en phase d'assainissement de ses finances et par le débat
sur l'évolution du statut de l'île.
A Wallis-et-Futuna, le niveau satisfaisant de la commande publique a permis
de maintenir l'activité.
A. LA NOUVELLE CALÉDONIE : UN BILAN ÉCONOMIQUE LÉGÈREMENT POSITIF
1. La mise en place d'un cadre institutionnel rénové
La
mise en oeuvre de l'accord de Nouméa paraphé par le Premier
ministre le 5 mai 1998 nécessitait une modification de la
Constitution qui a été votée par l'Assemblée
nationale, puis par le Sénat dans les mêmes termes, et
adoptée par le Parlement réuni en Congrès à
Versailles le 6 juillet 1998.
Un titre XIII de la Constitution a été rétabli
intitulé " Dispositions transitoires relatives à la
Nouvelle-Calédonie ". Il prévoyait la consultation des
populations de la Nouvelle-Calédonie sur les dispositions de l'accord
signé le 5 mai 1998. Les électeurs ont approuvé
l'accord du 8 novembre 1998 avec 71,85% des suffrages exprimés.
L'Assemblée nationale et le Sénat ont ensuite adopté la
loi organique et la loi qui traduisent en termes juridiques les orientations
définies par l'accord de Nouméa. Celles-ci ont été
promulguées le 19 mars 1999 après examen par le Conseil
constitutionnel, qui a formulé une réserve interprétative
concernant le corps électoral spécial pouvant participer aux
élections au Congrès et aux assemblées de province :
toute personne domiciliée depuis dix ans en Nouvelle-Calédonie
peut participer aux élections, quelle que soit la date de son
arrivée sur le territoire.
Le Gouvernement a souhaité garantir de façon indiscutable le
respect de l'accord de Nouméa et concrétiser aussi les
engagements qu'il avait pris envers les partenaires calédoniens avant
les élections au Congrès et aux assemblées de province,
qui se sont déroulées le 9 mai 1999. Le projet de loi
constitutionnelle précisant le tableau auquel se réfère
l'accord de Nouméa vient d'être adopté par le Sénat,
après le vote de l'Assemblée nationale intervenu en juin 1999.
En mai 1999, se sont déroulées les élections au
Congrès, aux assemblées de province et celle du Gouvernement de
la Nouvelle-Calédonie par le Congrès.
Lors de la réunion solennelle du Congrès et du Gouvernement, qui
s'est tenue en juin dernier, le Secrétaire d'Etat à l'outre-mer a
confirmé que l'Etat serait présent comme acteur du
développement de la Nouvelle-Calédonie et garant du bon
fonctionnement des nouvelles institutions. Il a annoncé la
réunion, avant fin 1999, du comité des signataires de l'accord de
Nouméa ainsi que les premiers transferts de compétence.
Les contrats de développement seront signés avec les provinces et
la Nouvelle-Calédonie et définiront le cadre de la
coopération entre l'Etat et les collectivités de
Nouvelle-Calédonie.
Les décrets d'application de la loi organique et de la loi du
19 mars 1999 relatives à la Nouvelle-Calédonie ont
été préparés. La plupart ont été
transmis pour consultation au Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, en
application de l'article 133-I de la loi organique.
Les conseils coutumiers sont en cours de désignation. Le Sénat
coutumier a été installé le 27 août 1999 et le
conseil économique et social est en cours d'installation.
Conformément à l'accord de Nouméa, un accord est intervenu
le 11 février 1999 pour permettre le transfert de 30 % du
capital de la société Le Nickel (SLN) à une structure
publique appelée la Société territoriale
calédonienne de participation et d'investissement. Avec cette structure,
la Nouvelle-Calédonie entrera à hauteur de 6 % dans le
capital de la société Eramet.
2. Une activité économique pénalisée par la crise du nickel et celle du sud-est asiatique
Le
secteur du nickel représente environ 11 % de la valeur
ajoutée de la Nouvelle-Calédonie, et les cours du nickel sont
susceptibles de varier de 1 à 3, voire 5 points dans des cas
exceptionnels.
En 1998, la production de minerai a régressé de
8 %, mettant fin à la progression enregistrée les
années précédentes et la valeur du minerai exporté
a baissé de 40 %.
La transformation locale s'est maintenue. En revanche, les exportations ont
reculé sensiblement, atteignant 484 millions de francs pour le
minerai et 1.381 millions de francs pour le métal.
Les débuts de l'année 1999 ont encore été faibles
mais l'amélioration des cours s'est traduite dès le
deuxième semestre de manière très sensible et
l'année 1999, s'il n'y a pas de rechute de fin d'année, pourrait
s'avérer correcte.
Le tourisme a été affecté par la crise asiatique,
à la fois par la baisse des monnaies des pays concurrents et la perte de
pouvoir d'achat de ses clients. Le nombre de touristes a stagné
légèrement au-dessus de 100.000 pour la deuxième
année consécutive.
Des mesures fiscales d'encouragement au tourisme local (déduction du
revenu imposable d'une part des dépenses touristiques effectuées
sur le territoire par des résidents) ont néanmoins
dynamisé ce secteur qui représente 4 % du PIB, ce qui le
place au niveau des industries hors BTP.
Le premier semestre de 1999 a enregistré une baisse des flux en partie
due à la modification de la desserte aérienne au détriment
de la métropole avec le retrait de Corsair, mais surtout à une
perte de compétitivité. La remontée du yen, du dollar
australien et néo-zélandais, ainsi que la baisse de l'euro par
rapport au dollar devraient contribuer à rétablir cette
compétitivité.
Les secteurs de la pêche et de l'aquaculture font preuve d'un
dynamisme incontestable
: l'aquaculture a maintenu son dynamisme en
1998 avec une production en hausse sensible à 1.218 tonnes. La
restructuration de la filière porte ses fruits en 1999, puisque la
production du seul premier semestre dépasse déjà celle de
l'année 1998. La saisonnalité de la production, concentrée
pendant la saison chaude pour éviter les pathologies, ne permet pas
d'extrapoler de manière simple, mais la production devrait encore
progresser en 1999. Les exportations se développent
parallèlement, les préalables réglementaires pour
l'entrée sur le marché européen ayant été
satisfaits.
Le retournement de la tendance dans le secteur du BTP en 1997 s'est
confirmé en 1998 et constitue un élément fort de la
conjoncture, compte tenu du poids de cette activité (8 % du
PIB).
Il a été déterminé par l'adoption, par le
congrès, de mesures fiscales en faveur du logement, par la
défiscalisation de programmes importants de logements et
également par le lancement de quelques grandes opérations
d'infrastructures. Les ventes de ciment en 1998 ont encore progressé de
6,4 %, l'encours des prêts bancaires à l'habitat ayant pour
sa part augmenté de 18,4 %.
Le déficit commercial se creuse sensiblement en 1998 pour atteindre
- 58,4 milliards de FCFP, en raison d'une diminution de 28,6 %
des exportations.
Le taux de couverture enregistre une baisse de 17 points
sur un an pour s'établir à 41 % au 31 décembre
1998.
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Variations
|
Importations |
87 307 |
86 894 |
93 087 |
98 561 |
99 531 |
1,0 % |
Exportations |
42 088 |
48 110 |
50 225 |
57 612 |
41 127 |
- 28,6 % |
Déficit commercial |
- 45 219 |
38 784 |
- 42 862 |
- 40 949 |
- 58 404 |
+ 42,6 % |
Taux de couverture (importations/exportations) |
48 % |
55 % |
54 % |
58 % |
41 % |
|
Source : ITSEE et Service des mines (chiffres rectifiés)
3. Une dégradation du marché de l'emploi
Malgré la croissance soutenue des offres d'emplois en
1998, le chômage progresse de 5,2 % sur un an et atteint
8.321 personnes.
Les statistiques disponibles ne permettent pas, de plus, d'appréhender
la réalité en matière de sous-emploi. Parmi les demandeurs
d'emplois, 34 % sont des jeunes ayant moins de 25 ans.