B. LA POLYNÉSIE FRANÇAISE : LA POURSUITE DE LA CROISSANCE

1. Une évolution institutionnelle très largement engagée

Le Président de la République et le Premier ministre ont décidé d'engager une révision constitutionnelle pour franchir une nouvelle étape de l'autonomie de ce territoire, permettant de répondre aux attentes des Polynésiens qui souhaitent rester intégrés à la République française.

Un projet de loi constitutionnelle, élaboré après concertation avec les autorités locales et soumis à la consultation de l'assemblée de la Polynésie Française, qui a donné un avis favorable, reconnaît, dans la Constitution, le statut singulier de " pays d'outre-mer " et l'autonomie renforcée de la Polynésie française. Le projet de loi constitutionnelle a été adopté par l'Assemblée nationale en première lecture le 10 juin 1999 et vient d'être examiné par le Sénat en octobre 1999.

D'après ce statut de " self-government ", la Polynésie française se gouverne librement et cesse d'être un territoire d'outre-mer pour devenir un " pays d'outre-mer " dont le statut est garanti par la Constitution.

A l'exception des compétences régaliennes qui restent assurées par l'Etat, le statut de " pays d'outre-mer " comprend des transferts progressifs de compétences de l'Etat à la Polynésie française .

Il est institué une citoyenneté polynésienne qui accorde des avantages spécifiques aux Polynésiens pour l'accès à l'emploi, le droit d'établissement pour l'exercice d'une activité économique et l'accession à la propriété foncière.

Les pouvoirs de l'assemblée de la Polynésie française seront accrus en raison des compétences transférées et de la faculté de voter des actes qui auront valeur législative et le caractère de " lois du pays ". Comme pour les lois votées par le Parlement français, le contrôle avant publication de ces actes relèvera du Conseil constitutionnel et non plus du tribunal administratif.

Les relations extérieures demeureront une compétence de l'Etat. Mais, la Polynésie française pourra intervenir plus activement en matière internationale et s'intégrer davantage dans son environnement régional , notamment en développant ses relations avec les Etats du Pacifique. La Polynésie française pourra être membre d'une organisation internationale, être représentée auprès des Etats du Pacifique et négocier avec ceux-ci des accords internationaux portant sur les matières relevant de sa compétence.

Le statut du nouveau pays d'outre-mer sera défini par une loi organique dont l'élaboration donnera lieu à une concertation avec les autorités locales et les principales forces vives de la Polynésie française.

La première phase du contrat de développement instauré par la loi du 5 février 1994 d'orientation pour le développement économique, social et culturel de la Polynésie française arrive à son terme à la fin de l'année 1999. Elle fait l'objet d'un rapport d'exécution qui sera déposé sur le bureau du Parlement. Des discussions sont en cours avec les autorités du territoire pour définir la deuxième phase, ainsi que l'enveloppe financière qui sera accordée par l'Etat.

2. Une conjoncture économique bien orientée

La poursuite de la croissance s'est confirmée, avec une hausse de 5 % du produit intérieur brut par rapport à 1997. Les efforts d'investissement des entreprises ont été soutenus par plusieurs mesures de défiscalisation, comme en témoignent les importations de biens d'équipement. Mais les secteurs de la pêche et de la perliculture ont été gravement pénalisés par la baisse des cours internationaux, ce qui a pesé sur le montant des exportations.

La production de coprah et de ses produits dérivés est essentielle au maintien du niveau des ressources des populations rurales des îles, notamment aux Tuomotu et sur les atolls où la perliculture n'existe pas . Cette culture est soutenue notamment par les interventions de la Caisse de soutien des prix du coprah.

La production est achetée par l'huilerie de Tahiti, qui broie le coprah séché pour en retirer de l'huile brute. Une partie de cette huile est raffinée sur place pour permettre la fabrication du monoï et l'autre partie est écoulée auprès de l'industrie de la cosmétique, tandis que les résidus de broyage (tourteaux) sont achetés par l'industrie agro-alimentaire.

LA PRODUCTION DE L'HUILERIE DE TAHITI EST ÉVALUÉE AINSI :

(Tonnes)

PRODUCTION

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Coprah trituré

9 883

10 055

9 843

10 575

10 976

9 857

6 133

Huile brute

5 707

6 036

5 380

6 620

6 260

6 386

3 586

Huile raffinée

284

224

356

342

187

185

269

A l'inverse de 1997, les exportations d'huile brute ont fortement baissé en tonnage (- 55 %) et en valeur (- 61 %). En revanche, les exportations de monoï ont bénéficié d'une demande soutenue sur les marchés français et nord-américain.

S'agissant de la perliculture, qui a pris son essor à partir de 1983, on peut rappeler que la perle représente le premier poste d'exportation en valeur du territoire. L'année 1998 a été marquée par une forte baisse des prix de négociation des perles sur le marché international, conséquences de la crise financière asiatique et d'une forte demande de perles de petite taille. Les recettes à l'exportation n'ont pu être maintenues que grâce à une augmentation du nombre de kilos exportés. Il faut enfin signaler que l'exportation des perles de qualité inférieure est interdite depuis le 1 er janvier 1999, ce qui devrait favoriser une remontée des cours.

Dans le secteur du tourisme, après un exercice difficile en 1996, les années 1997 et 1998 ont été marquées par une activité soutenue. En 1998, la Polynésie française a accueilli 188.933 touristes, soit une progression de 4,7 % (contre + 10 % en 1997). L'année 1998 a, par ailleurs, vu l'ouverture de plusieurs unités hôtelières à Bora Bora, à Tahiti et à Huahine, la mise en exploitation au mois de janvier du paquebot Paul Gauguin , venu remplacer le Windsong et le Club Med II et surtout le lancement de la compagnie aérienne locale, Air Tahiti Nui, au quatrième trimestre.

S'agissant du commerce extérieur, l'année 1998 a été marquée par une nouvelle dégradation du solde de la balance commerciale, passé de - 75,5 milliards de francs CFP en 1997 à - 89,9 milliards de francs CFP. Le taux de couverture des importations par les exportations s'établit donc à 22,7 % en baisse de 1,3 point par rapport à l'année précédente.

Mais l'actualisation de l'enquête sur les dépenses touristiques du territoire a permis d'affiner l'évaluation du montant des recettes touristiques pour les années 1996 et 1997 et l'estimation pour 1998. Le solde de la balance commerciale corrigé des recettes touristiques s'élève, pour l'année 1998, à - 50,2 milliards de francs CFP, soit un taux de couverture des importations par les exportations de 56,8 % en recul de 4,8 points.

BALANCE COMMERCIALE

(en millions de francs CFP)

 

1994

1995

1996

1997

1998 (1)

Variations

1998/1997

(en %)

Importations

87 827

91 383

94 551

99 339

116 355

+ 17,1

Exportations

22 287

17 548

23 433

23 804

26 462

+ 11,2

dont réexportations

9 282

6 950

7 966

7 326

9 899

+ 35,1 %

Solde commercial

- 65 540

- 73 835

- 71 118

- 75 535

- 89 893

- 19,0 pt

Taux de couverture (importations/exportations)

25,4 %

19,2 %

24,8 %

24,0 %

22,7 %

- 1,3 %

Recettes touristiques

27 100

32 615

32 249

37 367

39 664 (1)

6,1

Solde commercial corrigé

- 38 440

- 41 220

- 38 869

- 38 168

- 50 229

31,6

Taux de couverture corrigé

56,2 %

54,9 %

58,9 %

61,6 %

56,8 %

- 4,8 pts

( Source : ITSTAT - Chiffres rectifiés)

(1) Estimations.

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