II. LA PRIORITÉ AUDIOVISUELLE
A. UNE RATIONALISATION FRUCTUEUSE
Votre
rapporteur a déjà eu l'an passé l'occasion de
décrire la réforme de l'audiovisuel extérieur
présentée le 30 avril 1998 par le Ministre des Affaires
étrangères : quatre grandes orientations avaient alors
été arrêtées par le gouvernement :
- la clarification des missions des deux principaux opérateurs
télévisuels publics oeuvrant pour l'action extérieure CFI
et TV5. Celle-ci s'est vue reconnaître le rôle de chaîne de
diffusion directe de programmes francophones à destination du public
international et CFI recentrée dans sa mission de banque de programmes
mais aussi d'outil de coopération, tout en développant ses
activités de conseil et d'ingéniérie ;
- la désignation de M. Jean Stock comme président commun aux deux
sociétés ;
- l'adossement de TV5 aux chaînes nationales publiques par l'ouverture du
capital de cette société à la Sept-Arte (12,5 %),
à la Cinquième (12,5 %) et à RFO (4 %) ;
- l'amélioration des programmes de TV5, bénéficiant pour
ce faire de moyens financiers nouveaux à hauteur de 80 MF.
•
TV5 sur la bonne voie
Sur le plan de la diffusion, TV5 avait déjà l'atout majeur
d'être accessible facilement pour le plus large public possible. Via 27
satellites en effet, la chaîne francophone couvre l'ensemble du monde et
est reçue par 500 millions de téléspectateurs sur les
5 continents, ce qui fait d'elle, hors marché domestique, la
3
e
chaîne mondiale après MTV et CNN. Une vingtaine de
bouquets satellitaires la distribuent, notamment en Amérique latine, en
Indonésie, en France, en Espagne, en Italie, en Egypte, au Moyen-Orient,
etc... De même a-t-elle conforté sa diffusion classique par
réseaux câblés et réception satellitaire directe. Au
total, ce sont plus de 106 millions de foyers qui peuvent recevoir TV5
dont 60 millions en Europe, 21,6 millions en Amérique, 6,4 au
Maghreb et Proche-Orient, 17,1 en Asie et 1,3 en Afrique.
Forte de ce capital d'audience, la nouvelle présidence commune s'est
donnée comme objectif prioritaire d'améliorer la qualité
de l'antenne. Dans cette perspective, 5 orientations ont été
définies, désormais intégrées dans une
programmation rénovée.
-
le renforcement de l'information :
A toutes les heures ondes, TV5 diffuse en direct ou en léger
différé les principaux journaux télévisés de
ses chaînes partenaires -France Télévision, RTBF, SSR,
Radio Canada. Une rédaction propre à la chaîne produit par
ailleurs, aux heures où les chaînes partenaires ne diffusent pas
de journaux télévisés, une quinzaine de journaux et flashs
quotidiens consacrés à l'actualité internationale et aux
nouvelles françaises. Bénéficiant essentiellement de
reportages réalisés par les télévisions nationales
partenaires, cette rédaction est en mesure d'intervenir à
n'importe quel moment à l'antenne si l'actualité l'exige ;
- une
sélection des meilleurs magazines
est désormais
effectuée en faveur de ceux qui sont les plus porteurs ;
-
priorité au cinéma et à la fiction
: les
films et fictions, français pour la plupart, sont multidiffusés
de manière à rejoindre les publics, selon leurs implantations
géographiques, aux horaires les mieux adaptés ;
-
l'ouverture limitée à la publicité
: 1
minute et 30 secondes maximum par écran permet à TV5 de mettre en
valeur la création publicitaire française et de dégager
une source supplémentaire de revenus ;
-
l'intensification du sous-titrage en français.
Celui-ci,
très apprécié par les francophiles qui ne maîtrisent
pas parfaitement notre langue permet également à TV5 de toucher
la population des enseignants.
Cette nouvelle programmation aux contours enrichis et mieux adaptée aux
demandes du public a, par ailleurs, été largement
valorisée par le lancement, le 8 janvier dernier, de quatre signaux
régionalisés distincts vers l'Europe, l'Afrique, l'Asie et
l'Orient, là où ne parvenait initialement qu'un signal unique,
sans prise en compte des décalages horaires, celle-ci étant
désormais facilitée grâce à la structure modulaire.
A partir de novembre 1999, un cinquième signal, spécifiquement
dédié à l'Europe francophone (Suisse, Belgique, France)
permettra d'améliorer encore la programmation à destination des
pays européens.
Les résultats de cette stratégie sont déjà au
rendez-vous : un an après les premières décisions et
les premiers changements, le nombre de téléspectateurs a
crû de 21 % et d'excellents retours d'audience ont pu être
mesurés en Europe.
Dans ce tableau assez positif
, la place et l'audience de TV5 sur le
continent américain restent une source de préoccupation
. La
responsabilité de la programmation des signaux diffusés au
Canada, aux Etats-Unis et en Amérique latine incombe aux partenaires
canadiens de TV5 (CTQC -Consortium de télévision
Québec-Canada) alors même que c'est la France qui assure au moins
la moitié de l'effort financier. Or nos partenaires canadiens se sont
longtemps montrés réticents à suivre une nouvelle
orientation comparable à celle prise par la partie
" européenne " de TV5 en ce qui concerne la modernisation de
la programmation. La réunion des ministres francophones du mois de
janvier 2000 sera l'occasion de résoudre les différences
d'appréciation dans la stratégie, faute de quoi on s'acheminerait
vers une
TV5 à deux vitesses
, d'autant plus dommageable qu'elle
affecterait un continent essentiel à la promotion d'images et de
programmes francophones de qualité. Le récent mouvement intervenu
à la tête du dispositif canadien de TV5 est prometteur. Les
premières déclarations du nouveau responsable démontrent
son souci d'imaginer, en coordination étroite avec les partenaires
européens, des méthodes nouvelles et spécifiques
-notamment par le recours à des " niches " thématiques
francophones, plus porteuses aux Etats Unis qu'un dispositif
généraliste, ainsi qu'au multimédia et notamment à
internet.
•
CFI, outil de coopération et de développement
L'avenir de Canal France International se recentre désormais sur sa
mission originelle, à savoir ses activités de banque de
programmes.
Sur cette base, CFI a donc concentré ses efforts à destination
des chaînes étrangères, en introduisant
deux innovations
principales
dans cette mission :
- ses interventions seront géographiquement resserrées sur les
pays où il n'existe pas encore de perspectives de marché ;
- le service qu'elle rend sera amélioré par le recours au
" preview-broadcast " qui permet de tester les besoins et les
tendances des télévisions partenaires. A ce titre, CFI travaille
avec des opérateurs des pays du monde entier mais c'est
l'Afrique
francophone
qui, pour des raisons évidentes, constitue la principale
zone d'intervention de CFI.
Toutefois, l'activité de CFI en tant que
chaîne de
diffusion
demeure sur l'Afrique à travers CFI-TV, distincte de
CFI-PRO, banque de programmes. Cette activité de
chaîne
publique internationale
sur le continent, ciblée sur les jeunes
adultes urbains, et dont la grille de programme a été
réorganisée en faveur des programmes africains sera
complémentaire de TV5 Afrique.
CFI est enfin invitée, dans le cadre des orientations
stratégiques qui lui ont été fixées, à
développer ses partenariats avec le secteur privé
(télévisions françaises et étrangères,
producteurs français et africains), sans se substituer à eux ni
les concurrencer. CFI lance également des actions communes
expérimentales avec TVFI (prévisionnage de programmes par
satellite, diffusion de bandes annonces) ainsi qu'avec Unifrance Films,
destinées à développer la diffusion de films en paiement
à la séance par les opérateurs satellitaires
étrangers.
•
Le cadre budgétaire de la télévision
extérieure
Votre rapporteur avait déploré, avec d'autres, le non-respect des
engagements budgétaires pris dans le cadre du plan quinquennal pour
l'audiovisuel décidé en 1994. A la faveur de la réforme
d'avril 1998, un véritable accompagnement financier a été
mis en place, notamment en 1999 : l'augmentation nette des moyens
budgétaires en faveur de l'action télévisuelle
extérieure a été portée à 95 MF, permettant
le financement des actions décrites plus haut et concernent tout
à la fois l'exportation des programmes, l'appui à la diffusion
satellitaire ou encore la relance de TV5 et de CFI.
Le plan de relance et la rationalisation de l'action télévisuelle
extérieure prévoyait, à compter de 1999, un effort
financier du ministère des Affaires étrangères à
hauteur de 130 MF. Le ministère de l'économie et des finances a
refusé la possibilité -envisagée initialement par le
cabinet du Premier ministre- qu'une partie de cet effort soit financée
grâce à une dotation complémentaire au ministère des
Affaires étrangères. Celui-ci a donc dû financer par
redéploiement l'intégralité des 130 MF.
Le montant global de 130 MF a donc dû en premier lieu intégrer les
redéploiements liés à la nouvelle orientations
assignée à TV5 et CFI, celle-ci transférant à TV5,
avec une part de ses missions, les ressources qui leur étaient
allouées : 35 MF ; en second lieu, 20 MF ont été
prélevés sur RFI. Ce n'est que le solde de 75 MF (somme au
demeurant considérable, dégagée par redéploiement
au sein du ministère des Affaires étrangères) qui
correspond donc, pour l'audiovisuel extérieur, à des moyens
nouveaux.
Au total, ce sont 101,6 MF en mesures nouvelles qui ont été
accordés à la télévision extérieure en 1999,
répartis de la façon suivante entre les trois axes d'action
présentés par le ministre :
- appui à l'exportation de programmes + 8,8 MF
- appui aux bouquets satellitaires + 40 MF
- amélioration de TV5 + 52,8 MF
Total
101,6 MF
Par ailleurs, la nouvelle dotation de l'audiovisuel extérieur (chapitre
42-14) a bénéficié de l'apport des crédits que
consacre à ce secteur l'ex-ministère de la coopération,
soit, en 1998, 86,5 MF, répartis comme suit :
- TV5 Afrique 15,5 MF
- CFI 58,2 MF
- Portinvest (bouquet satellitaire Afrique) 12,8 MF
Total
86,5 MF
Le projet de budget 2000 pour la télévision extérieure
prévoit 25,3 MF en mesures nouvelles, en particulier
destinées au financement de la poursuite du " plan Stock "
à TV5.
Globalement, le cadre budgétaire de l'action télévisuelle
extérieure en 2000 et son évolution depuis 1997, se
présente comme suit :
Dotations publiques aux opérateurs
de l'action
télévisuelle extérieure
(En millions de francs)
Opérateurs bénéficiaires |
LF 1997 |
LF 1998 |
LF 1999 |
LF 2000 |
|||
|
Initiale |
Exécutée |
Initiale |
Exécutée |
Initiale |
Exécution
|
Prévision |
TV5 |
215,5 |
232,4 |
236,9 |
273,5 |
338,2 |
342,5 |
367,5 1( * ) |
CFI |
173,5 |
169,6 |
176,8 |
155,9 |
147,9 |
147,7 |
147,7 |
Diffusion internationale de France Télévision, dont |
18,8 |
18,8 |
19,3 |
19,3 |
20,3 |
19,3 |
19,3 |
- F2 Tunisie |
11,5 |
11,5 |
12,0 |
12,0 |
13,0 |
13,0 |
13,0 |
- F2 divers |
7,3 |
7,3 |
7,3 |
7,3 |
7,3 |
6,3 |
6,3 |
Bouquets satellitaires, dont : |
47,7
|
47,7 |
61 ,0
|
52,9 |
93,4 |
90,1 |
85,4
|
- Europe |
|
30,7 |
|
29,7 |
|
33,2 |
|
- Maghreb-Proche Orient |
|
0 |
|
6,4 |
|
7,0 |
|
- Asie |
|
6,8 |
|
4,0 |
|
3,0 |
|
- Afrique (le Sat) |
|
10,2 |
|
12,8 |
|
20,7 |
|
- Amérique |
|
0 |
|
0 |
|
3,1 |
|
- non réparti |
|
|
|
|
|
23,1 |
|
Euronews |
24,1 |
24,1 |
23,8 |
21 ,4 |
21,4 |
21,4 |
21,4 |
Appui aux exportations de programmes (dont TVFI) |
6,2 |
6,3 |
9,2 |
9,8 |
18 ,0 |
20,0 |
20,0 |
TOTAL |
489,9 |
498,9 |
527,0 |
533,4 |
639,2 |
641,0 |
661,3 |
Dont budget MAE 2( * ) |
429,6 |
438,6 |
448,8 |
455,4 |
560,6 |
560,4 |
580,7 |
Dont budget Culture |
60,3 |
60,3 |
78,2 |
78,2 |
78,6 |
80,6 |
80,6 |
•
RFI : la modernisation de l'antenne dans un cadre budgétaire
qui reste contraint
RFI a, en 1999, poursuivi la modernisation de ses programmes et de ses moyens
de diffusion.
Les programmes de RFI sont depuis trois ans structurés autour des trois
pôles RFI1, chaîne d'actualités en français, RFI2,
émissions en langues étrangères et RFI 3, fil musical
essentiellement français et francophone.
Les derniers développements de RFI ont particulièrement
concerné ses modes de diffusion. Compte tenu des inconvénients
techniques -confort d'écoute- autant qu'économiques, liés
à la diffusion ondes courtes, RFI s'est progressivement
séparée de ses émetteurs liés à ce type de
diffusion pour s'engager dans des dispositifs mieux adaptés à la
demande du public : FM voire Internet.
Pour autant, RFI n'a pas bénéficié aussi pleinement
qu'elle pouvait l'espérer des économies liées à cet
abandon partiel de l'onde courte. En effet, les 80 MF d'économies
potentielles annuelles n'ont pas été, en 1997 et 1998, et
contrairement au voeu de RFI, anticipées sur le budget de la
société, ce qui a conduit ces deux années à un
déficit d'exploitation. En fin de compte, sur ces 80 MF
d'économies, 50 MF ont servi à résorber ces
déficits et à rétablir le fonds de roulement de RFI ainsi
qu'au financement des nouveaux modes de diffusion alternatifs à l'onde
courte : FM et internet.
Le projet de loi de finances 2000 rétablit, dans la dotation du
ministère des Affaires étrangères pour RFI, les 20 MF qui
lui avaient été prélevés en 1999 au profit de la
télévision extérieure, sans pour autant lui restituer, en
base budgétaire, les 9,2 MF prélevés en 1999 sur la
redevance. Le budget "
ressources
" 2000 de RFI
s'élèvera donc à 745,2 MF, conformément au tableau
ci-après :
Recettes |
Budget 1999 |
Budget 2000 |
Redevance |
165,4 |
285,4 |
Subventions d'exploitation dont :
|
|
|
Publicité |
5,5 |
5,5 |
Produits financiers |
0 |
0 |
Recettes diverses |
2,3 |
2,3 |
TOTAL |
725,2 |
745,2 |
Sur ces
bases, RFI poursuivra en 2000 son développement autour des
priorités suivantes :
-
l'évolution du réseau de diffusion,
qui
nécessitera la
location d'émetteurs ondes courtes
complémentaires à destination de l'Asie, là où
l'implantation de relais FM est impossible, ainsi que le développement
des relais et des reprise FM -en particulier en Afrique, zone toujours
prioritaire, mais aussi à Buenos Aires ou Budapest. De même, RFI
poursuivra-t-elle le développement des
nouvelles technologies de
diffusion
, satellite ou internet.
-
le développement des contenus
concernera
l'enrichissement
des journaux régionaux
-Moyen-Orient, Amérique latine, Asie.
Les émissions en anglais et vietnamien seront reformatées
(tranches de programmes de 30 minutes et bulletins d'informations de 10
minutes). Cette démarche, déjà réalisée pour
plusieurs autres langues est destinée à faciliter la reprise des
programmes de RFI dans le grilles des radios partenaires. RFI créera
deux fils musicaux spécifiques
(Afrique anglophone et lusophone,
Méditerranée). Le renouvellement de l'autorisation de
fréquence à Chypre pour RMC-Moyen-Orient fera l'objet de
négociation compte tenu des enjeux financiers en cause.