VII. APPROFONDISSEMENT DU CONTRÔLE SÉNATORIAL SUR LA PUBLICATION DES MESURES D'APPLICATION DES LOIS

A. LA PROCÉDURE DES QUESTIONS, ÉCRITES OU ORALES

Le nombre de questions posées par les sénateurs sur l'application des lois suivies par la commission des affaires économiques est passé, en une seule année parlementaire, de 6 à 20. Seule, la dernière, en date du 8 juillet 2003, n'a pas reçu de réponse.

Ces questions sont les suivantes :

Sur l'application de la loi n° 99-5 du 6 janvier 1999, concernant les décrets attendus sur la réglementation de l'élevage canin, 5 questions ont été posées :

- QE n° 03601 du 31/10/2002 de Mme Gisèle Gautier

- QE n°s 03768 et 03780, du 07/11/2002, de M. Bernard Joly

- QE n° 05366 du 30/11/2002 de M. Henri de Richemont

- QE n° 05483 du 30/01/2002 de M. Jean-François Humbert

- QE n° 06128 du 06/03/2003 de M. Gérard Le Cam

Sur l'application de la loi n° 95-101 du 2 février 1995, concernant les décrets attendus sur lutte contre les friches, 4 questions ont été posées :

- QE n° 02758 du 03/10/2002 de M. Philippe Richert

- QE n° 02779 du 03/10/2002 de M. Joseph Ostermann

- QE n° 02935 du 10/10/2002 de M. Daniel Hoeffel

- QE n° 07243 du 01/05/2003 de M. Bernard Murat

Sur l'application de la loi n° 2001-602 du 9 juillet 2001, 3 questions ont été posées :

- QE n° 07120 du 17/04/2003 de M. Daniel Reiner

- QE n° 07268 du 01/05/2003 de M. Georges Mouly

- QE n° 08104 du 19/06/2003 de M. Yann Gaillard

Sur l'application de la loi n° 99-574 du 9 juillet 1999, concernant les décrets attendus sur les carrières de marne, une question a été posée :

- QE n° 04767 du 19/12/2002 de M. Alain Vasselle

Sur l'application de la loi n° 96-1236 du 30 décembre 1996, concernant le « plan bois environnement », une question a été posée :

- QO n° 0108S du 27/11/2002 de M. Philippe Leroy

Sur l'application de la loi n° 2001-6 du 4 janvier 2001, concernant la mise en place des réseaux de surveillance des risques zoosanitaires, une question a été posée :

- QO n° 1237S du 9 avril 2003 de M. Jean-Paul Emorine

Sur l'application de la loi n° 2003-8 du 4 janvier 2003, concernant les parcs d'éoliennes, une question a été posée :

- QE n° 05084 du 2 janvier 2003 de M. Jean-Louis Masson

Sur l'application de la loi n° 86-2 du 3 janvier 1986, une question a été posée :

- QE n° 04759 du 19 décembre 2002 de M. Serge Mathieu

Sur l'application de la loi n° 2001-153, concernant la création d'un observatoire des impacts de l'effet de serre, une question a été posée :

- QE n° 03248 du 17 octobre 2002 de M. Emmanuel Hamel

- QE n° 8948 du 8 juillet 2003 de M. Aymeri de Montesquiou sur les décrets d'application de la loi n° 2003-590 du 2 juillet 2003 « urbanisme et habitat ».

Enfin, sur les taux d'application des lois votées par le Parlement, une question a été posée :

- QE n° 4483 du 5 décembre 2002 de M. Jean-Marc Pastor.

La commission des lois rappelle également que les questions écrites, posées régulièrement aux ministres, mais également les questions orales, permettent aux parlementaires de contrôler le travail du Gouvernement. Au cours de cette session, de très nombreuses questions portant sur l'application des lois ont été publiées au Journal Officiel, sur des sujets qui ont sensiblement évolué depuis l'année dernière.

Elle note :

« Au thème de l'insécurité qui prévalait l'an passé ont succédé de nombreuses interrogations sur des problèmes d'administration locale.

Ainsi, de nombreuses questions ont concerné l'application de la loi du 27 février 2002 sur la démocratie de proximité, dont de nombreuses mesures d'application se sont fait attendre, notamment en ce qui concerne le statut de l'élu local, alors même que l'urgence avait été déclarée lors de la discussion parlementaire.

Le retard dans l'application de la loi du 3 janvier 2001 relative à la résorption de l'emploi précaire et à la modernisation du recrutement dans la fonction publique ainsi qu'au temps de travail dans la fonction publique territoriale a également été le sujet de nombreuses questions adressées au gouvernement.

La mise en oeuvre de la loi relative au nom de famille a également suscité de nombreuses interrogations de la part des sénateurs.

Ce problème a été réglé par la voie législative, avec l'adoption de la loi du 18 juin 2003 relative à la dévolution du nom de famille qui a reporté l'entrée en vigueur de la réforme et modifié certaines de ses dispositions.

Enfin, d'autres questions concernent l'application des lois en général et s'inspirent de la publication du bilan annuel de l'application des lois par le service des commissions ».

B. DES PROPOSITIONS FORMULÉES PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES

La commission des Affaires économiques a engagé un effort de réflexion pour approfondir le contrôle de l'application des lois.

Elle ouvre trois perspectives.

1) En réponse à l'initiative du Premier Ministre de désigner, au sein de chaque ministère un responsable de l'application des lois, la commission pourrait désigner en son sein un interlocuteur pour chaque loi ; cet interlocuteur pourrait être le rapporteur de la loi, ou, lorsque celui-ci ne fait plus partie de la commission, le rapporteur budgétaire pour avis du secteur concerné.

Il pourrait notamment :

- être destinataire des échéanciers prévisionnels de parution des décrets établis par les ministères ;

- informer périodiquement la commission de l'évolution de l'application de la loi ;

- organiser, si nécessaire, une communication médiatique sur le sujet ;

- avoir mandat pour interroger le ministre sur le sujet, soit par voie de questions écrites ou orales, soit au cours des auditions en commission.

2) La commission pourrait organiser une audition du Ministre chargé des relations avec le Parlement sur ce sujet. Cette audition serait l'occasion de préciser aux parlementaires le processus de publication des décrets, de faire le point sur les décrets en attente, et de présenter à la commission les interlocuteurs ministériels sur l'application des lois.

3) Afin de mieux affirmer l'implication du législateur dans le suivi des lois, il est rappelé que les rapporteurs ont la possibilité d'inscrire dans la loi un délai limite pour la publication d'un décret . L'obligation pour le Gouvernement « de prendre dans un délai raisonnable les mesures qu'implique nécessairement l'application de la loi » (CE, 28/08/2000) est en effet sanctionnée par le Conseil d'Etat, et l'inscription d'une telle mention dans la loi sert à l'appréciation par le juge administratif et le Conseil d'Etat du « délai raisonnable » ; l'opportunité du recours à cette mention sera bien sûr laissée à l'appréciation des rapporteurs, et, plus généralement, du Parlement, qui tiendront également compte du fait qu'elle peut ainsi être source de contentieux.

N'exagérons cependant pas la portée de cette mesure, puisque sur la loi n° 86-2 du 3 janvier 1986 dite loi « littoral », le Conseil d'Etat a enjoint le Gouvernement, en juillet 2000, de prendre le décret d'application de l'article 2 dans un délai de six mois et l'a condamné à une astreinte de 1000F par jour passé ce délai ; or cette injonction n'a pas été suivie d'effet à ce jour.

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