B. ACTION SOCIALE
Composé exclusivement de dépenses ordinaires, cet
agrégat connaît dans le projet de loi de finances pour 2002 une
progression nettement ralentie à
1,581 milliard d'euros
(10,37 milliards de francs), contre 1,565 milliard d'euros en
2001(10,26 milliards de francs), soit une
hausse de
1,3 %
.
Après avoir augmenté de 8,2 % en 1999 et en 2000, puis de
6,8 % en 2001, soit au total de 25 % sur la période 1999-2001,
en raison de la mise en place du «
plan social
étudiant
», les dépenses d'action sociale
inscrites au budget de l'enseignement supérieur atteignent donc un
palier.
La part des dépenses d'action sociale dans les dépenses de
fonctionnement et d'intervention du budget de l'enseignement supérieur
se replie ainsi à 19,8 %, après avoir augmente de
19,1 % en 1998, à 20,3 % en 2001.
Ce ralentissement concerne davantage les
aides directes
(dont la hausse
est limitée à + 1,2 % en 2002, contre
+ 29,7 % sur la période 1999-2001), puisque la progression des
aides indirectes
est identique à celle des trois années
précédentes (+ 1,6 % par an).
Récapitulation des dépenses d'action sociale
au titre du budget de l'enseignement supérieur
(en millions d'euros)
|
LFI1998 |
LFI1999 |
LFI2000 |
LFI2001 |
PLF 2002 |
Aides indirectes (fonctionnement du CNOUS et des CROUS) |
253 |
263 |
269 |
265 |
269 |
Evolution en % |
+ 0,2 |
+ 4,0 |
+ 2,1 |
- 1,2 |
+1,6 |
Nombre de lits subventionnés (en milliers) 26( * ) |
100,1 |
99,5 |
99,8 |
99,4 |
99,4 |
Nombre de repas subventionnés (en millions) |
63,3 |
62,1 |
60,7 |
|
|
Aides directes (bourses, secours d'étude et contribution de l'Etat aux transports collectifs parisiens) |
1002 |
1094 |
1197 |
1299 |
1315 |
Evolution en % |
+0,7 |
+9,3 |
+9,4 |
+8,5 |
+1,2 |
Etudiants boursiers 27( * ) (en milliers) |
410 |
454 |
476 |
nc |
|
Taux d'étudiants boursiers 28( * ) |
24,1% |
27,2% |
28,2% |
30 ,0% |
|
Total pour l'action sociale |
1255 |
1367 |
1466 |
1564 |
1584 |
Source : ministère de l'Education nationale
1. Les objectifs assignés à cet agrégat
Les
objectifs
assignés à l'action sociale du ministère
ne répondent qu'à la seule préoccupation
« d'efficacité socio-économique ».
Contrairement aux préconisations conjointes du bon sens et de la
direction du budget (cf. les observations de votre Rapporteur spécial),
ces objectifs ne répondent ainsi ni à des préoccupations
de bonne gestion, ni à des préoccupations de
« qualité du service ».
En matière d'aide sociale, la
qualité du service
offert
aux usagers, par exemple les délais d'octroi et de paiements des
bourses, sont pourtant essentiels.
Quoi qu'il en soit, le projet de budget pour 2002 décline cet objectif
« d'efficacité socio-économique » en
quatre sous objectifs
.
a) Les objectifs assignés aux aides indirectes
Trois de
ces sous objectifs concernent
les aides indirectes
. Ils consistent
respectivement à :
- «
offrir aux étudiants des logements à prix
modérés
», les indicateurs associés
étant le loyer résiduel à la charge des
étudiants ;
- «
remettre à un niveau le patrimoine
» des
résidences universitaires, les indicateurs associés étant
le nombre de lits crées ou rénovés, ces indicateurs de
flux s'étant substitués à l'indicateur de stock
utilisé dans le budget pour 2001 (le nombre de lits
subventionnés), qui s'inscrivait en diminution ;
- enfin «
offrir aux étudiants un repas
équilibré à prix modéré
», les
indicateurs associés étant le prix et le coût moyen du
repas en restaurant universitaire au 1
er
janvier. Ces indicateurs se
sont substitués dans le projet de loi de finances pour 2002 à
l'évolution du nombre de repas servis. Il est vrai que cet indicateur,
retenu en 2001, mettait tout particulièrement en relief la
désaffection des étudiants envers les restaurants universitaires.
Les évolutions de ces indicateurs, telles qu'elles sont retracées
dans le bleu budgétaire, sont édifiantes :
tous ces
indicateurs se sont dégradés entre 1997 et l'an 2000
.
En effet, le loyer résiduel en chambre de cité universitaire a
augmenté de 25 % et le loyer résiduel d'un studio de
résidence universitaire, ainsi que le prix et le coût d'un repas
en restaurant universitaire ont augmenté de 8 % ; alors que
l'indice des prix à la consommation n'a progressé que de 4 %
en glissement annuel sur la même période. En outre, le nombre de
lits créés a baissé de 15 % et le nombre de lits
rénovés a baissé de 47 %.
En fait, ces évolutions traduisent bien la priorité exclusive
accordée aux aides directes au détriment des aides indirectes.
La réponse à la question de votre rapporteur spécial
relative à l'état de mise en oeuvre des recommandations de
l'audit des restaurants universitaires réalisé en 1998-1999
atteste d'ailleurs de l'absence d'orientations claires en ce domaine,
puisqu'elle est identique, à un chiffre près, à celle de
l'an passé.
b) Les objectifs assignés aux aides directes
S'agissant des dépenses d'aide directes (soit
près de
1,4 milliards d'euros), un seul sous-objectif leur est
assigné : «
atteindre un taux de 30 %
d'étudiants aidés
», l'indicateur associé
étant le ratio étudiants boursiers / étudiants des
formations du ministère de l'Education nationale susceptibles
d'accueillir des boursiers.
Cet objectif est en fait la transcription directe de l'un et d'un seul des deux
objectifs qui avaient été assignés au plan social
étudiant lancé à la rentrée 1998, à savoir
accroître de 23 % en 1997-1998 à 30 % en 2001-2002 la
proportion d'étudiants bénéficiant d'une aide directe et
augmenter de 15 % le niveau des aides.
Cet objectif appelle
trois remarques
:
- en premier lieu, entre les années universitaires 1997-1998 et
2000-2001, le montant
moyen
des bourses ne s'est accru que de 2,5 %
en francs courants (de 16 100 francs à 16 507 francs), ce qui correspond
à une baisse en francs constants.
Contrairement aux assertions du
dossier de presse
29(
*
)
de la
rentrée universitaire 2001, le niveau
moyen
des aides n'aura donc
pas augmenté de 15 % entre 1997 et 2001.
Cela résulte d'un
effet de structure : la création de bourses à taux
zéro et l'élargissement de la proportion d'étudiants
aidés tendent spontanément, à freiner le montant
moyen
des bourses (les nouveaux étudiants aidés disposant,
toutes choses égales par ailleurs, de ressources supérieures et
donc de montants de bourses inférieures), malgré le
relèvement des taux de 15 % ;
- en second lieu, votre rapporteur spécial avait souligné dans
son rapport sur le projet de loi de finances pour 2001 que les statistiques
publiées par le ministère de l'Education nationale relatives au
nombre et à la proportion de boursiers étaient
incohérentes et probablement fausses.
On peut ainsi rappeler que les estimations du nombre de boursiers pour
l'année universitaire 1999-2000 s'établissaient ainsi à la
rentrée 2000-2001 à 459.718 dans le dossier de
présentation de la loi de finances réalisé par la mission
de la communication du ministère, mais à 457.719 dans le bleu
budgétaire et à 453.442 dans la réponse du
ministère au questionnaire de la Commission des finances, trois
documents pourtant concomitants. Un an plus tard, dans sa réponse au
questionnaire de la commission des finances sur le projet de budget pour 2002,
le ministère estime désormais très
précisément le nombre de boursiers en 1999-2000 à 447.955.
On ne peut ainsi que
s'étonner de
l'incapacité du
ministère à dénombrer rétrospectivement les
boursiers de manière fiable ;
- on peut surtout s'étonner de ce que
le ministère soit
incapable d'estimer de manière satisfaisante le nombre
d'étudiants boursiers de l'année universitaire en cours
.
Dans le projet de loi de finances pour 2001 publié à la
rentrée universitaire 2000-2001, le nombre d'étudiants boursiers
était ainsi prévu à 490.000 en 2000-2001, alors qu'il est
aujourd'hui estimé à 467.000, soit un écart de près
de 5 %, que ne justifie aucunement l'évolution de la
démographie étudiante (plus dynamique qu'escompté). Cette
surestimation du nombre de boursiers
s'est notamment traduite par une
dotation excessive des crédits d'aide directe.
Au total, les systèmes d'information et les capacités de
pilotage du ministère en matière de bourses semblent
particulièrement défaillants
.
2. Les crédits d'aides indirectes
Les
aides indirectes sont désormais regroupées au chapitre 36-14 du
titre III, qui recouvre l'ensemble des moyens de fonctionnement (y compris
les rémunérations des personnels) du centre national des oeuvres
universitaires (CNOUS), des vingt-huit centres régionaux (CROUS), de la
Cité internationale universitaire de Paris, et de l'Observatoire de la
vie étudiante (OVE), soit 269 millions d'euros en 2002 (+
1,6 %).
Ces aides recouvrent pour l'essentiel :
- la rémunération des
personnels
du CNOUS et des
CROUS
, à hauteur de
96,9 millions d'euros en 2002
, contre
93,9 millions d'euros en 2001, soit une hausse de 3,2 % (contre
+ 0,6 % en 2001). Cette hausse s'explique notamment par la
création de 42 emplois non budgétaires dans les CROUS
à partir du 1
er
septembre 2002 ;
- les subventions de
fonctionnement
aux
restaurants
universitaires
, à hauteur de
95,1 millions d'euros
prévus pour 2002 (sans changement par rapport à 2001), sur la
base d'une subvention par repas de 10,27 F, et sous l'hypothèse de
stabilité du nombre de repas d'étudiants constaté en l'an
2000, soit 60,8 millions.
Rappelons à cet égard que le nombre de repas étudiants
servis par les restaurants universitaires s'est toutefois réduit de
6,2 % entre 1997 et 2000, en raison notamment du repli du nombre
d'étudiants (- 1,2 %) de la transformation des pratiques
alimentaires des jeunes (déstructuration des repas), mais aussi d'une
certaine
désaffection
envers ce type de restauration, qu'un audit
réalisé en 1998-1999 imputait notamment aux files d'attente et au
manque de place. Au total, sur la base de deux repas par jour, les restaurants
universitaires ne servent environ que 5 % des repas des étudiants
durant l'année universitaire ;
- les subventions de
fonctionnement
aux
résidences
universitaires
(environ 99 000 lits). Ces subventions, qui pourraient
atteindre
29,5 millions
d'euros
en 2002, se réduisent
depuis 1995, en raison de la baisse du nombre de lits en résidence
universitaires traditionnelles (- 9 % entre 1990 et 2000), d'une
part, de la diminution de la part du fonctionnement pris en charge par l'Etat
(de 26 % en 1995 à 19 % en 2002), au profit d'une hausse
des redevances versées par les étudiants (+ 18% depuis
1995), d'autre part.
Néanmoins, le potentiel total d'accueil des étudiants (environ
149 500 lits, soit + 20 % par rapport à 1990, mais - 0,1
% par rapport à 1997), pourrait se stabiliser en raison de la
légère augmentation du nombre de studios et d'appartement
nouvellement construits en application de la loi du 15 juillet 1985, dont
l'équilibre financier est assuré par les seules recettes
provenant des étudiants, mais qui ouvrent droit à l'aide
personnalisée au logement (APL) ;
- les subventions prévues pour la
rénovation
et
l'entretien
des restaurants et résidences universitaires, qui
s'élèvent à 38,4 millions d'euros en 2002 (sans
changement par rapport à 2001).
Ces subventions ne sont pas à la hauteur des
besoins
. En effet,
selon le ministère de l'Education nationale, les besoins restant
à satisfaire en matière de logement des étudiants sont les
suivants :
-
en matière de construction, les besoins sont évalués
sur 20 ans à 20.000 logements (y compris les résidences
internationales destinées à l'accueil des étudiants
étrangers) : 15.000 logements en Ile de France et
5 000 en Province. Cette estimation est modulable selon
l'évolution démographique revue à la baisse de la
population étudiante et les tensions propres au marché du
logement étudiant, où la concurrence du secteur privé est
très forte. Un tiers de ces 20.000 logements (6.700) devrait
présenter un caractère très social : 5.000 en Ile de
France y compris Paris et 1.700 en Province.
- en matière de rénovation, environ 78.000 chambres en
résidences traditionnelles restent à réhabiliter. Le
coût de réhabilitation est estimé à environ 6
milliards de francs, à raison de 80.000 F par chambre. Ce montant
correspond à une rénovation incluant dans les chambres
l'implantation d'une cabine 3 fonctions (wc, douche, lavabo), le remplacement
du mobilier d'origine par un mobilier neuf et les prises d'accès aux
réseaux informatiques
».
3. Les crédits d'aides directes
Les aides directes constituent désormais la totalité du titre IV de cet agrégat. Elles sont regroupées dans un seul chapitre (43-71), pour lequel le projet de budget pour 2002 demande 1,315 milliard d'euros (8,63 milliards de francs) de crédits de paiement, soit une progression de 1,2 %, contre + 8,5 % en 2001.
- • Ce chapitre recouvre en fait quatre articles d'importance très inégale :
- l'article 43-71.40 regroupe les crédits destinés aux prêts d'honneur sans intérêt, remboursables au plus tard 10 ans avant la fin des études et accordés par un comité académique spécialisé. Les crédits demandés pour cette action s'élèvent à 3,05 millions d'euros (20 millions de francs) d'euros en 2002 (contre 3,96 millions d'euros en 2001, soit une baisse de 23 %). En cours de gestion, ces crédits sont traditionnellement abondés par les fonds de concours résultant des remboursements effectués par les étudiants (à hauteur de 3,05 millions d'euros en l'an 2000) ;
- l'article 43-71.70 regroupe l'ensemble des « bourses spéciales pour l'étranger », c'est à dire les bourses associées aux stages industriels et commerciaux (à hauteur de 914.691 euros en l'an 2001), les « bourses d'enseignement supérieur et frais de voyage à l'étranger, notamment dans les pays de langue arabe » (à hauteur de 99.275 euros en l'an 2001), les autres secours exceptionnels aux enfants de familles françaises résidant à l'étranger (à hauteur de 2.623 euros seulement en l'an 2001), enfin et surtout les aides complémentaires aux bourses ERASMUS (à hauteur de 1,524 million d'euros en l'an 2001, soit en moyenne moins d'un euro par an par étudiant des universités).
Les crédits demandés pour cet article augmentent de 3,96 millions d'euros en 2002, pour atteindre 6,50 millions d'euros (soit 42,6 millions de francs), en raison notamment du doublement des aides complémentaires aux bourses ERASMUS à partir de la rentrée 2001. L'aide complémentaire reçue par les étudiants demeure toutefois très modeste (de l'ordre d'une trentaine d'euros par mois durant un semestre) ;
- l'article 43-71.10 comprend en fait en fait 99 % des crédits de ce chapitre, dont la nomenclature est sans doute à revoir . En effet, cet article regroupe à la fois des crédits destinés à des actions sociales diverses (« voyages de port à port », frais de transport des étudiants étrangers vers les établissements universitaires, etc.), pour un montant cumulé de 2 millions d'euros ; la contribution de l'Etat au financement de la carte « Imagine R » permettant aux étudiants franciliens de voyager avec 40 % de réduction dans les transports collectifs parisiens (290.000 étudiants étant concernés en 2000-2001), à hauteur de 11,4 milllions d'euros en 2001, enfin les bourses proprement dites, à hauteur de 1.276 millions d'euros en 2001, soit 99 % de l'article et 98 % du chapitre.
Les crédits demandés pour cet article s'élèvent à 1.302 millions d'euros en 2002, soit une hausse de 1 %.
- • L'évolution des crédits demandés pour l'article 43-71.10 appelle quatre séries de remarques :
- la Cour des Comptes a toutefois souligné dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'an 2000 que les dépenses n'ont pas suivi le même rythme de progression sur la période 1998-2000, le taux de consommation des crédits du chapitre 43-71 s'établissant ainsi à 98 % en 1999 et à 95 % en l'an 2000.
La Cour des comptes conclut à cet égard : « certes, cette évolution est vraisemblablement due à un « effet retard » du plan étudiant, dont les crédits ont été mis en place en fonction de l'échéancier prévu, alors que le rythme de consommation habituel des crédits et la nouveauté de certaines mesures ont été un frein à leur mise en oeuvre. Mais on doit aussi remarquer que la sur-dotation des chapitres concernés est un phénomène ancien, constaté dès avant l'existence du plan social, qui n'a donc pas été résorbé, malgré les mesures successives d'annulation ayant concerné ce même chapitre depuis plusieurs années [8,28 millions d'euros en 1999 et 15,24 millions d'euros en l`an 2000] » ;
- à la fin de l'an 2000, le reliquat de fin de gestion des crédits du chapitre 43-71 atteignait ainsi 59 millions d'euros, soit près de 5 % des dotations initiales. Ce reliquat a été entièrement reporté le 22 mars 2001 sur les crédits pour 2001, une fraction (10,75 millions d'euros) en étant toutefois annulée le 21 mai 2001. Malgré cette nouvelle annulation, les crédits disponibles pour l'exercice 2001 demeuraient ainsi supérieurs de 4 % aux crédits votés en loi de finances initiale ;
- les crédits demandés pour 2002 pour le chapitre 43-71 ne progressent que de 16 millions d'euros 30( * ) . Cette faible progression est étonnante compte tenu des montants cumulés (environ 100 millions d'euros) de l'effet en année pleine des mesures déjà annoncées l'an passé pour la rentrée 2001 31( * ) (environ 76 millions d'euros) et de l'effet des mesures qui viennent être annoncées (26 millions d'euros). Ce paradoxe ne peut trouver que deux explications : ou bien les crédits demandés pour 2002 sont sous-estimés ; ou bien les crédits demandés pour 2001 ont été de nouveau grossièrement surestimés et les mesures d'ajustement prévues dans le projet de budget pour 2002 (- 10 millions d'euros) sont insuffisantes.
Dans les deux cas la gestion de ce chapitre soulève un problème de sincérité budgétaire (le chapitre servant délibérément de chapitre « réservoir ») et/ou de maladministration du dispositif d'aide sociale du ministère.
Les
bourses d'enseignement supérieur,
le plan social étudiant et les autres aides en faveur des
étudiants.
Les
bourses d'enseignement supérieur financées par l'article 43-71.10
sont accordées par le recteur, après instruction des dossiers par
les CROUS, aux étudiants suivant des formations habilitées (soit
1,7 million d'étudiants sur 2,1 millions).
Ces bourses se décomposaient traditionnellement comme suit :
- des bourses sur critères sociaux (environ 453.000 en 2000-2001)
attribuées en fonction des ressources et des charges des parents ou du
tuteur légal appréciées en fonction du barème
national. Ces bourses ne concernaient pas les étudiants de
troisième cycle. Leur montant maximum était de 21.402 francs par
an en 2000-2001;
- des bourses sur critères universitaires (environ 15. 000 en 2000-2001)
accordées sur proposition des présidents d'université en
fonction de critères universitaires et sociaux à des
étudiants suivant des formations particulières (bourses de DEA et
d'agrégation, d'une part, bourses de services public pour des
étudiants préparant des concours de la haute fonction publique,
au nombre de 577 en 2000-2001, d'autre part).
Composé d'un ensemble de mesures de portée inégale,
le
plan social étudiant
lancé à la rentrée
universitaire 1998 a consisté jusqu'aux nouvelles mesures
annoncées à la rentrée 2001 à :
-
relever les plafonds de ressources
ouvrant droit à l'octroi
d'une bourse ;
-
augmenter les
taux
nominaux
des bourses
(de 15 % au
total en quatre ans, dont + 3 % à + 5 % selon les
échelons à la rentrée 1998 ; + 0 % à la
rentrée 1999 ; + 0 % à +3,5 % à la rentrée
2000, et + 7,5 % à la rentrée 2001), ce qui correspond à
une revalorisation du pouvoir d'achat d'environ 10 %, la progression du montant
moyen des bourses allouées étant toutefois nettement plus faible
en raison d'un effet de structure ;
- créer la
carte de transport
« Imagine R »
pour les étudiants franciliens ;
- mettre en place à partir de la rentrée 1999
des nouvelles
bourses sur critères
sociaux
(des bourses à taux
zéro, au nombre de 30.000 en 2000-2001, permettant seulement aux
étudiants de bénéficier de l'exonération des droits
d'inscription et de sécurité sociale, et des bourses de
cycle, au nombre de 36.000 en 2000-2001, permettant aux étudiants de
conserver leur bourse alors même qu'ils rencontrent des
« difficultés dans leurs études », le plus
souvent un redoublement) ;
- mettre en place à partir de la rentrée des
«
allocations d'études
» destinées
à aider les étudiants confrontées à des situations
personnelles difficiles (par exemple la rupture des liens familiaux) mais ne
répondant pas aux critères sociaux (notamment lorsque les
ressources de leurs parents sont au dessus des plafonds prévus). Le
contingent de ces allocations d'études fut porté de 7.000
à la rentrée 1999 à 11.000 à la rentrée
2001.
Comme votre rapporteur l'avait déjà souligné, ces
contingents ne sont toutefois
pas entièrement consommés
,
seules 5.368 bourses sur 7.000 en 1999-2000 et 8.009 bourses sur 9.000 en
2000-2001 ayant été effectivement attribuées. Cela
résulte à la fois d'un défaut d'information des
étudiants et des difficultés de gestion d'un dispositif par
essence relativement discrétionnaire, dont certaines
académies ont fait un usage très parcimonieux ;
- créer des
bourses de mérite
d'un montant maximum de
40.005 francs par an pour les étudiants bacheliers avec mention
très bien issus de familles modestes et se destinant aux études
de médecine ou aux études menant vers les concours
d'entrée à l'ENA, à l'Ecole nationale de la magistrature
(ENM) ou aux grandes écoles scientifiques. Le nombre de ces bourses a
été progressivement porté de 200 à la
rentrée 1998 à 800 à la rentrée 2001, le taux de
consommation de ces bourses étant toutefois en repli (95 % en 1998-1999;
91 % en 1999-2000 ; 83 % en 2000-2001).
Les mesures nouvelles annoncées à la rentrée
universitaire 2001
, qui sont d'effet immédiat, visent à :
- l'extension aux
étudiants inscrits en DESS
du système
des bourses sur critères sociaux, pour un coût de 18,6 millions
d'euros en 2001, le dispositif antérieur de bourses sur critères
« sociaux et universitaires » étant toutefois
maintenu ;
- la création d'un contingent de 36.000 mois de
bourses de
mobilité
destinées à permettre à environ 12.000
étudiants déjà boursiers sur critères sociaux de
suivre une formation à l'étranger en bénéficiant
d'un complément de bourse de 384 euros (2.519 francs) par mois durant en
moyenne trois mois. Le coût de ce dispositif est en de 13,8 millions
d'euros en année pleine ;
- la
revalorisation
du taux des bourses de 1,2 % à la
rentrée 2002.
Au total, le dispositif mis en place par le plan social étudiant
apparaît très
touffus
, un même étudiant
pouvant parfois bénéficier de cinq ou six dispositifs alternatifs
ou complémentaires, ce qui soulève des problèmes
d'information
.
Pourtant, ce dispositif ne recouvre qu'une minorité des aides
allouées aux étudiants
. Alimenté par une fraction des
droits universitaires (55 francs), le
fonds d'aide à la vie
étudiante
(FAVE), mis en place à la rentrée 1991
consacre ainsi environ un tiers de ses ressources (85 millions de francs en
1998, dernière année connue avec précision) à des
actions sociales.
Surtout, comme le rappelait notre collègue M. Roland MUZEAU dans son
rapport au nom de la commission des affaires sociales sur
« l'allocation autonomie des jeunes de moins de vingt-cinq
ans »
32(
*
)
, les
étudiants bénéficient d'aides au logement majorées
par rapport au droit commun et de nombreuses aides sont déployées
indirectement (c'est à dire par l'intermédiaire de leurs
familles) ou directement en faveur des jeunes de 16 à 25 ans :
allocations familiales et complément familial versées aux
familles au titre des jeunes de moins de 20 ans, majoration des aides au
logement attribuées aux familles du fait des enfants âgées
de moins de 21 ans, majoration du RMI du fait d'un enfant à charge de
moins de 25 ans, avantages fiscaux au titre du quotient familial ou au titre de
la déduction d'une pension alimentaire, exonération sous un
certain plafond des revenus perçus à l'occasion d'emplois
occasionnels, etc.
Le dispositif d'aide aux étudiants apparaît ainsi d'une
extrême complexité
.
Cependant, le rapport « regards sur l'Education »
publié en l'an 2000 par l'OCDE suggérait que les aides publiques
attribuées aux étudiants en France étaient sensiblement
inférieures à celles attribuées à leurs homologues
en Allemagne et aux Etats-Unis.
C'est dans ce contexte que des
rapports successifs
du
Commissariat
général du Plan
(en février 2001) et du
Conseil
économique et social
(en mars 2001) ont prôné la
création respectivement d'une allocation d'autonomie pour les jeunes
(18-25 ans) en contrepartie d'une formation et/ou d'un travail et d'une
contribution de formation insertion, puis que fut créée par voie
législative une « Commission nationale pour l'autonomie des
jeunes » chargée en principe de rendre ses conclusions avant
le 31 décembre 2001, délai qui ne semble pas pouvoir être
respecté.