II. PRINCIPAUX ENJEUX
A. LES ENJEUX DE LA RÉFORME DE LA PAT
1. L'ancienne carte de la PAT n'était plus conforme au droit communautaire depuis le 1er janvier 2000
a) Les nouvelles règles
Par
courrier du 24 février 1998, la Commission européenne a
signifié à tous les Etats membres que de nouvelles règles
relatives aux aides à finalité régionale allaient
s'appliquer en Europe à compter du 1
er
janvier 2000.
Ce courrier demandait aux Etats de modifier tous leurs dispositifs d'aide
à finalité régionale pour qu'ils soient conformes aux
nouvelles règles à compter du 1
er
janvier 2000.
Les principaux régimes d'aide à finalité régionale
concernés en France par ces modifications étaient : la PAT,
l'exonération de taxe professionnelle en zone PAT
« industrie », les aides à l'immobilier d'entreprise
des collectivités locales (décret n° 82-809), les aides
à l'investissement des PMI (FDPMI), les aides au tourisme, les aides des
sociétés de conversion (FIBM, FINORPA, SODIV, SODIE etc...).
Le Parlement tenu à l'écart ?
Dans le
questionnaire qu'il avait adressé en juillet 1999 à la ministre
de l'aménagement du territoire, dans la perspective de l'examen de la
loi de finances pour 2000, votre rapporteur avait posé la question
suivante : «
Préciser la nature des
réglementations européennes auxquelles le projet de
réforme de la PAT doit se conformer.
»
La ministre avait transmis la réponse suivante : «
La
réglementation européenne, à laquelle doit se conformer la
réforme PAT, est fixée par les lignes directrices des aides
à finalités régionale et l'article 88.3 du Traité
CE.
»
Sans être inexacte, cette réponse apparaît a posteriori
comme lacunaire. Votre rapporteur estime que cette question fournissait
à la ministre l'occasion d'indiquer que le régime de la PAT ne
serait plus conforme au droit communautaire à compter du 1
er
janvier 2000.
b) La mise entre parenthèse des aides à finalité régionale en 2000
Le
gouvernement a décidé de suspendre les aides de la PAT à
partir du 1
er
janvier 2000.
Par conséquent, en l'an 2000, le comité interministériel
d'aide à la localisation d'activités (CIALA) ne s'est
réuni qu'une seule fois et n'a pas examiné les dossiers
déposés après le 31 décembre 1999
1(
*
)
.
Outre la PAT, le fonds d'aide à la délocalisation, le FAD, dont
les crédits figurent au sein du FNADT mais qui sont, comme ceux de la
PAT, attribués par le comité interministériel d'aide
à la localisation d'activités (CIALA), a également
été suspendu en l'an 2000.
2. La nouvelle carte de la PAT
a) Les modalités d'élaboration du nouveau zonage
La DATAR a transmis à votre rapporteur la « méthodologie » de l'élaboration de la nouvelle carte de la PAT :
|
METHODE DE ZONAGE DE LA CARTE PAT « INDUSTRIE » POUR 2000-2006 |
|
3 SERIES DE CRITERES DE ZONAGE |
|
1) Une série de critères d'aménagement du territoire : |
|
Cette série comporte 2 critères cumulatifs qui permettent de classer en zone PAT 15.3 millions d'habitants |
|
*Un critère mesurant la faiblesse de la richesse de la zone : |
|
les zones
d'emploi ayant un revenu net imposable moyen par foyer fiscal inférieur
à 78.454 F par foyer fiscal
|
et |
*Un critère mesurant la fragilité de la zone |
|
- les
zones ayant un taux chômage supérieur à la moyenne
nationale (11,3 % en 1998)
|
|
2) Une série de critères « mutations industrielles » |
|
Avec 2 critères alternatifs, qui permettent de classer 3,7 millions d'habitants en zone PAT « industrie » |
|
*Un critère mesurant les pertes d'emploi : |
|
- les
zones d'emploi ayant de fortes suppression d'emplois décidées
depuis 1996
|
|
*Un critère de mesure des emplois dans secteurs « sensibles » |
|
- les
zones d'emploi avec un nombre élevé d'emplois dans les secteurs
sensibles
|
|
3) Une troisième série de critères : |
|
Cette série permet de sélectionner les grandes agglomérations fortement touchées par le chômage |
|
*Un critère pour les zones en soutien transitoire de l'objectif 1 des fonds structurels |
|
*Un critère destiné à certaines zones urbaines sensibles : |
|
- les
zones ou agglomérations ayant un taux de chômage
élevé supérieur à 13,9 %
|
b) La nouvelle carte est entrée en vigueur en l'an 2001
En droit
interne, la nouvelle carte des zones PAT n'est entrée en vigueur qu'au
mois d'avril dernier, avec la parution du nouveau décret relatif
à la PAT (décret n° 2001-312 du 11 avril 2001 relatif
à la prime d'aménagement du territoire). C'est ce décret
qui sert de base juridique interne à la carte des aides à
finalité régionale établie sous l'autorité de la
commission européenne.
Le retard s'explique ainsi, selon la DATAR :
- Le projet de carte PAT a été adressé en juin 1999
à la Commission ; celle-ci a pris des délais pour
répondre ;
- la Commission a refusé la première carte en septembre 1999, au
motif que l'Etat avait découpé le zonage à
l'intérieur des zones d'emploi (pour ajuster au mieux le zonage) ce que
la Commission n'acceptait pas.
L'Etat a donc adressé une nouvelle carte le 24 janvier 2000 à la
Commission après avoir révisé la méthode.
La Commission a finalement approuvé la carte par décision du
13 mars 2000.
La révision du zonage s'est faite avec une réduction de
population imposée par Bruxelles (moins 3,6 millions d'habitants) ;
l'exercice de zonage est donc devenu très difficile, puisqu'il a fallu
faire sortir des zones anciennement éligibles.
La méthode de zonage devait répondre aux nouvelles exigences de
la Commission :
n'utiliser qu'une unité statistique pour le zonage (la zone
d'emploi)
classer la totalité de la zone ou l'exclure en totalité
avoir des zones éligibles d'au moins 100.000 habitants
définir une méthode avec 5 critères
statistiques maximum
classer les zones en ordre croissant selon la gravité des
critères statistiques
La méthode de zonage a été évoquée et
discutée devant le CNADT ; plusieurs scénarios ont
été présentés au CNADT, ce qui a donné lieu
à de nombreux débats.
c) Le nouveau régime
Le
zonage a été modifié. Désormais, la PAT ne concerne
plus que 34 % de la population (contre 40 % auparavant).
Depuis longtemps, votre rapporteur estimait que les seuils
d'éligibilité à la prime d'aménagement du
territoire devaient être abaissés. Il se félicite que le
nouveau régime de la PAT aille dans ce sens, en portant le
critère d'éligibilité à 15 emplois
créées (contre 20 emplois précédemment). Dans le
cas des activités industrielles (en zones de « PAT
industrielle »), le critère d'investissement passe à
2,3 millions d'euros (contre 3 millions d'euros précédemment).
• Les conditions d'attribution de la PAT varient selon la zone
concernée.
Dans les zones de «
PAT industrielle
», la prime
peut être attribuée à des entreprises industrielles,
à hauteur d'au maximum 11,5 % à 23 % de l'investissement, selon
la zone concernée (pour un montant maximum par emploi créé
compris entre 8 000 euros et 11 000 euros selon la zone concernée) ou
aux entreprises qui exercent des activités de services rendus aux
entreprises, à hauteur d'au maximum 11,5 % à 23 % du coût
salarial de l'emploi créé (pour un montant maximum de 11 000
euros par emploi).
Dans les zones de «
PAT tertiaire
» (ensemble du
territoire national à l'exception de l'Ile-de-France et de la
région lyonnaise), la prime peut être attribuée aux petites
et moyennes entreprises qui exercent des activités de services rendus
aux entreprises, dans la limite de 17 % du coût salarial de l'emploi
créé (pour un montant maximum de 11 000 euros par emploi).
Dans toutes ces zones, la prime peut être attribuée aux
entreprises qui mettent en oeuvre un programme de recherche et de
développement, dans la limite des plafonds autorisés par
l'encadrement communautaire des aides à la recherche et au
développement (pour un montant maximum de 11 000 euros par emploi).
• Les entreprises peuvent bénéficier de la prime :
- Pour des programmes de création ou d'extension d'activités ;
- Pour des programmes de délocalisation d'activités issue des
zones d'Ile-de-France les plus favorisées ;
- Pour des programmes de recherche et de développement.
En cas d'extension d'activité, les créations d'emplois doivent,
en outre, correspondre à une augmentation d'au moins 50 % de l'effectif
de l'établissement concerné par l'extension, sauf si plus de
trente emplois sont créés.
• La prime d'aménagement du territoire est attribuée par
décision du ministre chargé de l'aménagement du
territoire, après avis d'un comité interministériel.
L'attribution de la prime est décidée en prenant en
considération la capacité d'attirer le projet dans la zone
éligible et le besoin de financement qu'il requiert. Le montant de la
prime accordée par emploi créé peut être
modulé, en tenant compte notamment de l'effet structurant du projet, de
la situation socio-économique du bassin d'emploi et de l'importance du
montant de l'investissement.
Il peut être dérogé au montant maximum par emploi
créé pour des opérations exceptionnelles, soit par leur
coût, soit par l'intérêt économique qu'elles
présentent, notamment lorsqu'elles sont localisées dans les
régions où existent des problèmes particulièrement
graves d'emploi ou de déclin démographique.
Le premier versement de la prime est égal au tiers de son montant. Le
solde est ensuite versé en une ou plusieurs fois : chaque versement
complémentaire est calculé en fonction des emplois
créés et des investissements réalisés au moment du
versement, déduction faite des précédents versements.
La création des emplois et la réalisation des investissements
retenus pour le calcul de la prime doivent intervenir dans un délai de
trois ans.
B. LA POLITIQUE D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE : UNE PÉRIODE DE TRANSITION ?
La
politique d'aménagement du territoire mise en oeuvre par le gouvernement
actuel présente deux caractéristiques :
- un délaissement des dispositifs traditionnels : les outils
financiers créés par la loi du 4 février 1995 n'ont pas
été remis en cause par la loi du 25 juin 1999, mais ils
sont, dans la pratique, vidés de leur contenu ;
- un flou dans le calendrier de la mise en oeuvre des instruments nouveaux, si
bien qu'il est difficile de savoir si la période actuelle est une
période de transition ou de point mort.
1. Certaines réformes annoncées tardent à entrer en vigueur
a) A quand une révision des zonages ?
Lors de
son audition par votre commission des finances le 27 octobre 1999, la ministre
de l'aménagement du territoire a estimé que les dispositifs de
zonage existants étaient «
nombreux, complexes et
incompréhensibles
» et que la plupart d'entre eux
«
ne servaient à rien
».
Malgré son
a priori
négatif à l'endroit des
zonages, elle avait déclaré, lors de la discussion en
séance des crédits de l'aménagement du territoire le
4 décembre 1999 : «
Ce n'est donc qu'
au cours
de l'année 2000 que nous procéderons à la réforme
des zonages
et, à l'occasion du projet de loi de finances pour 2001,
nous soumettrons des propositions qui tiendront compte non seulement des
résultats du recensement mais aussi des négociations en cours au
niveau communautaire sur le régime d'exonération de taxe
professionnelle en zonage.
»
Finalement, le gouvernement a choisi d'attendre et, après avoir
demandé un rapport sur le même sujet à Jean Auroux en 1998,
a nommé nos collègues députés Geneviève
Perrin-Gaillard et Philippe Duron parlementaires en mission. La mission
parlementaire devait produire un état des lieux des zonages en France
ainsi que des propositions, en concentrant son attention sur les zonages
d'intervention et les zonages environnementaux.
Le rapport a été remis au Premier ministre le 27 mai dernier.
Il propose, afin de rendre plus lisible le dispositif actuel, de simplifier les
zonages, par exemple en fusionnant certains d'entre eux (zones urbaines
sensibles et sones de redynamisation urbaine)
2(
*
)
ou en harmonisant les
procédures de classement d'espaces de valeur patrimoniale et
paysagère.
Le rapport préconise également de renforcer le rôle de la
contractualisation.
Enfin, la législation serait modifiée afin d'élargir les
possibilités d'intervention des collectivités territoriales dans
le domaine économique.
b) Les schémas de service
La loi
du 25 juin 1999 prévoyait que les nouveaux schémas de service
devaient entrer en vigueur avant le 31 décembre 1999, notamment pour
servir de base à la négociation des nouveaux contrats de plan.
Finalement, le calendrier a été inversé.
Le 26 octobre 2000, les schémas ont été finalisés.
Ils ont ensuite fait l'objet d'une concertation régionale et nationale,
qui s'est close avec l'avis des deux délégations parlementaires
à l'aménagement et au développement durable du territoire.
Sur la base des différents avis émis lors de ces consultations,
le Gouvernement a modifié les projets initiaux. Arbitrés lors du
CIADT du 9 juillet 2001, les schémas, dans leur version
définitive, ainsi que le décret d'approbation auquel ils sont
annexés, ont été transmis pour avis au Conseil d'Etat.
Les schémas portent sur neuf politiques publiques structurantes pour
l'aménagement du territoire que sont l'enseignement supérieur et
la recherche, la culture, la santé, l'information et la communication,
les transports de marchandises et les transports de voyageurs,
l'énergie, les espaces naturels et ruraux, et le sport.
c) La question lancinante des services publics en zone rurale
-
•
La levée en 1998 du moratoire sur les fermetures de services
publics en milieu rural
Un moratoire opposable aux fermetures de services publics en milieu rural a été mis en place le 10 mai 1993. Selon la DATAR, ses effets auraient été limités, la plupart des services publics étant installés dans des communes plus importantes que celles qui étaient visées. Aussi, sa levée a été décidée lors du CIADT du 15 décembre 1998, et confirmée par les circulaires du Premier ministre aux ministres et aux préfets du 7 juillet 2000, publiées au Journal Officiel du 12 juillet 2000.
L'évolution de l'implantation territoriale des services publics, en particulier en zone rurale, fait désormais l'objet d'un processus de coordination, de concertation et de compensation, décrit dans les circulaires susdites, et que la DATAR et les préfets sont chargés de mettre en oeuvre.
• Les maisons des services publics
- la loi n°99-533 du 25 juin 1999 d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire, dans son article 30-V ;
- la loi 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations, dans ses articles 27 à 30.
Le décret n°2001-494 du 6 juin 2001, pris pour l'application des articles 27 et 29 de la loi n°2000-321 du 12 avril 2000 et relatif aux maisons des services publics, précise les dispositions à suivre, notamment dans l'hypothèse d'un groupement d'intérêt public.
La DATAR a transmis à votre rapporteur spécial les informations suivantes.
« Résultant d'initiatives et de négociations locales », les maisons des services publics sont « très hétérogènes. L'Etat ne participe pas à toutes. Il n'en existe d'ailleurs à ce jour ni recensement, ni suivi centralisés. La Délégation interministérielle à la réforme de l'Etat renouvelle pendant l'été 2001 l'effort de recensement auquel elle avait procédé en 1999.
Leurs modalités de financement reflètent leur hétérogénéité. Selon une tendance fréquente, chaque administration ou organisme participant prend en charge ses salariés et son équipement informatique, ainsi qu'une quote-part de charges communes.
Le CIADT du 9 juillet 2001 a décidé la création d'un comité de suivi des maisons des services publics, afin que les administrations, les organismes publics et les associations d'élus puissent se concerter au niveau central. Il a également décidé de lancer un appel à projets doté de 10 millions de francs afin d'aider la constitution de nouvelles maisons des services publics ».
d) la politique des pays et des agglomérations
A la
date du 20 juillet 2001, plus de 280 pays, constitués, en cours de
constitution ou en projet, étaient répertoriés au niveau
national.
La parution, le 19 septembre 2000, du décret n°2000-09
d'application de l'article 22 de la LOADT du 4 février 1995
modifiée a permis d'initier les procédures de reconnaissance des
périmètres (d'étude ou définitifs) de nombre
d'entre eux.
Interrogée par votre rapporteur spécial sur sa contribution au
financement des pays, la DATAR a fourni les informations suivantes.
Elle indique que «
Depuis le comité interministériel
du 15 décembre 1997, la DATAR a consacré une part significative
de crédits du FNADT à la politique de pays, tant pour soutenir
les capacités d'animation et d'études de pays en phase de
préfiguration que pour soutenir certains de leurs
investissements
».
Ainsi, la DATAR a lancé en 1998 plusieurs appels à projets en
faveur des pays, et en 1999 a apporté un soutien à
l'ingénierie territoriale au sein des pays.
En outre, la DATAR «
a soutenu sur la section
générale du FNADT, notamment dans le cadre des décisions
du CIADT, de nombreux projets d'investissement intégrés au sein
d'une stratégie de pays. Le pays devient progressivement le cadre
d'intervention de référence de la DATAR pour son action en faveur
du développement local
».
Enfin, la DATAR indique que les CPER 2000-2006 «
prévoient
une mobilisation sans précédent en faveur des pays. Sur
l'ensemble des régions françaises, 4,3 milliards de francs de
crédits FNADT ont ainsi été réservés et
contractualisés avec les collectivités régionales pour
accompagner les démarches territoriales de pays, d'agglomération
et de parcs naturels régionaux. Aucune ventilation précise n'a
encore été établie entre ces trois catégories de
territoires, mais il ne fait pas de doute qu'une part importante de ces
crédits pourra être mobilisée par les pays au cours de la
période 2000-2006. Le FNADT servira en l'occurrence à accompagner
les besoins d'ingénierie de ces territoires de projet mais
également à financer les actions de développement ou
d'aménagement innovantes ne pouvant bénéficier d'autres
moyens ministériels
».
2. Les fonds créés par la loi du 4 février 1995 en déshérence
La loi du 4 février 1995 avait créé des fonds destinés à être les instruments financiers d'une politique ambitieuse d'aménagement du territoire. Où en sont ces fonds aujourd'hui ?
a) L'ancien fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables (FITTVN)
L'article 22 du projet de loi de finances pour 2001 a
supprimé le fonds d'investissement des transports terrestres et des
voies navigables, ce à quoi s'était opposé le Sénat.
Dans son questionnaire relatif à la loi de finances pour 2002, votre
rapporteur a demandé à la DATAR de présenter la
répartition dans le budget de l'Etat des anciens crédits du
FITTVN. Cette question est demeurée sans réponse.
b) Le fonds national de développement des entreprises (FNDE)
Le FNDE,
créé par le CIADT du 15 décembre 1997, n'a jamais eu
d'existence véritable. Par exemple, il ne dispose pas d'un comité
de gestion. Il n'est pas non plus identifié en tant que tel dans les
documents budgétaires.
Il comprend la DATAR, la Direction du Trésor, la Direction du Budget, la
DARPMI, la DECAS, ainsi que des organismes gestionnaires : la
BDPME/SOFARIS, la Caisse des dépôts et consignations. Son
secrétariat est assuré par la DATAR.
Le label « FNDE » est utilisé pour englober diverses
mesures d'aides aux entreprises.
c) Le fonds d'intervention pour les aéroports et le transport aérien (FIATA)
La loi
du 4 février 1995 avait créé le fonds de
péréquation des transports aériens (FPTA), financé
par une taxe spécifique. L'article 75 de la loi de finances pour 1999
l'a transformé en FIATA, financé par une fraction du produit de
la taxe de l'aviation civile.
Le nouveau FIATA finance les infrastructures aéroportuaires, mais
également l'ancienne mission du FPTA : le versement de subventions
aux compagnies aériennes qui exploitent des lignes peu rentables mais
dont l'intérêt d'aménagement du territoire est
avéré.
Ce fonds constitue un élément extrêmement précieux.
Aussi, votre rapporteur spécial s'inquiétait l'année
dernière de constater que la section « transport
aérien » du fonds, qui verse les subventions, n'était
pas dotée dans le projet de loi de finances pour 2001.
Cette absence de dotation s'explique par la masse importante de crédits
reportés d'année en année depuis 1996 en raison de la
faible consommation constatée au cours des premiers exercices.
Votre rapporteur se réjouit de constater que la section
« transport aérien » du FIATA fait l'objet d'une
nouvelle dotation dans le projet de loi de finances pour 2002, de 15,245
millions d'euros.
Il s'inquiète cependant de la réduction du trafic aérien
qui pourrait résulter des
attentats
du 11 septembre 2001, et se
demande si des
crédits plus importants
ne seraient pas
justifiés.
d) Le fonds de gestion de l'espace rural (FGER)
•
Le fonds de gestion de l'espace rural, créé par l'article 38 de
la loi du 4 février 1995, n'a jamais réellement
fonctionné.
Il ne dispose pas de la personnalité morale. Il est géré
par le ministère de l'Agriculture et ses crédits figurent au
chapitre 44-83 du budget de ce ministère. Ces crédits sont
presque intégralement déconcentrés. Ils sont alors
distribués par le préfet dans le cadre d'orientations
pluriannuelles départementales définies après consultation
d'une commission départementale de gestion de l'espace (CODEGE).
Il a pour objet de soutenir les actions concourant, notamment, à
l'entretien et à la réhabilitation d'espaces agricoles.
Sa ligne budgétaire a été supprimée en 1999, et n'a
pas été rétablie par la suite. Cette situations s'explique
notamment par l'ampleur des reports de l'année
n-1
, que le
tableau ci-après permet de mettre en évidence.
Les crédits du FGER depuis 1997
En millions d'euros
Année |
LFI |
Annulations de crédits |
Reports de l'année n-1 |
Crédits ouverts |
Crédits consommés |
1997 |
22,87 |
22,11 |
46,19 |
46,95 |
27,59 |
1998 |
21,34 |
6,71 |
18,60 |
33,23 |
13,26 |
1999 |
- |
- |
20,05 |
20,05 |
10,32 |
2000 |
- |
- |
9,73 |
9,73 |
ND |
2001 |
- |
- |
7,32 |
7,32 |
ND |
Source : DATAR.
Votre
rapporteur regrette la suppression du FGER
, qui en son temps s'était
révélé extrêmement utile pour les zones rurales,
touchées par la dégradation de leur situation économique.
• Les dotations du FGER ont été intégrées en
2000 dans le fonds de financement des
contrats territoriaux d'exploitation
(CTE)
. Les CTE ont été créés par la loi n°
99-574 du 9 juillet 1999 d'orientation agricole.
Toute personne physique ou morale exerçant une activité agricole
peut souscrire avec l'autorité administrative un CTE. Celui-ci comporte
un ensemble d'engagements, portant sur les orientations de la production de
l'exploitation, l'emploi et ses aspects sociaux, la contribution de
l'activité de l'exploitation à la préservation des
ressources naturelles, à l'occupation de l'espace ou à la
réalisation d'actions d'intérêt général et au
développement de projets collectifs de production agricole.
Le CTE a pour objectif d'inciter les exploitations agricoles à
développer un projet économique global qui intègre les
fonctions de l'agriculture mentionnées à l'article 1
er
de la loi n° 99-574 du 9 juillet 1999 d'orientation agricole
3(
*
)
.
Le préfet arrête un ou plusieurs CTE types, avec lesquels
doivent être compatibles les CTE.
Les CTE sont financés par un « fonds de financement des
contrats territoriaux d'exploitation », dont les opérations
sont inscrites au budget du ministère de l'agriculture dans les
conditions fixées par la loi de finances. Le projet de loi de finances
pour 2002 prévoit de le doter de 76 millions d'euros.
Alors que l'objectif de départ était de 100 000 contrats à
la fin de la législature, seulement 19 000 contrats, représentant
près de 5 % des exploitations françaises, ont
été signés. L'essor, tardif, semble cependant
enclenché.
Selon les informations publiées par le gouvernement, 27 % des aides
aux investissements iraient à l'amélioration des performances
environnementales et du bien-être des animaux et 12 % à
l'amélioration de la qualité des produits. Un exploitant
toucherait en moyenne 26 680 euros par contrat.
• L'article 33 de la loi n°99-553 du 25 juin 1999 d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire a
créé un autre fonds, le fonds de gestion des milieux naturels
(FGMN), destiné à appuyer financièrement les projets
d'intérêt collectif spécifiquement orientés vers la
protection, la réhabilitation ou la gestion des milieux ou habitats
naturels. Ce fonds, qui ne remplace donc aucunement le FGER, finance,
notamment, la mise en place du réseau Natura 2000 et des actions
communautaires (LIFE).
C. L'INSUFFISANTE PÉRÉQUATION DES CONTRATS DE PLAN ETAT-REGIONS
Les
contrats de plan pourraient utilement jouer un rôle
péréquateur puisqu'ils sont destinés à financer des
actions structurantes favorables au développement économique.
Dans son rapport public de 1998, la Cour des comptes a constaté que les
précédentes générations de CPER ne remplissaient
pas cet objectif :
« La décision a été prise en CIAT, au
début de l'année 1993, de moduler la contribution de l'Etat aux
troisièmes contrats de plan sur la base de critères objectifs
permettant d'aider davantage les régions les moins favorisées. Il
s'agissait de s'affranchir de la règle implicite selon laquelle l'Etat,
jusqu'alors, apportait autant que les régions, favorisant ainsi celles
qui faisaient un effort financier plutôt que celles qui avaient le plus
de besoins.
Les régions métropolitaines ont ainsi été
classées en trois groupes, en fonction de trois
éléments : le potentiel fiscal par habitant en 1992 ;
la moyenne du taux de chômage au cours des années 1990, 1991 et
1992 ; la variation de l'emploi entre 1984 et 1991. Par rapport aux
contrats précédents, leurs enveloppes financières devaient
être majorées, selon ce classement, de 23,5 %, 14,1 % et
9,4 % en francs courants, l'Ile-de-France devant avoir, pour sa part, une
dotation réduite de 10 %.
Cette décision n'a pas été respectée.
(...)
A deux exceptions près (Picardie et Nord-Pas-de-Calais) les
régions ont obtenu une majoration supérieure à celle qui
avait été annoncée ; que la dotation de
l'Ile-de-France a été elle aussi augmentée ; que
chacun des trois groupes s'est vu attribuer en moyenne à peu près
la même augmentation (42 % pour le premier, 38 % pour chacun
des deux autres) et, surtout, que le classement relatif des régions a
été complètement bouleversé. »
Plus le potentiel fiscal d'une région est élevé et
plus, du point de vue de la péréquation, le montant de son
attribution par habitant devrait être faible
.
Cette règle est globalement respectée par les contrats de plan
2000-2006, comme l'indique le graphique ci-après.
Comparaison des enveloppes par habitant au titre des contrats de plan 2000-2006 et du potentiel fiscal des régions
Enveloppe du contrat de plan, par habitant (en francs par habitant)
Potentiel fiscal par habitant (en francs)
Source : Michel Mercier, rapport au nom de la mission d'information
chargée de dresser le bilan de la décentralisation (n°
447, 1999-2000).
En
effet, la tendance (représentée par la droite) indique que les
enveloppes de contrat de plan sont d'autant plus élevées que le
potentiel fiscal de la région est faible.
Cependant, on observe également que certaines régions sont
éloignées de cette droite. Les régions situées
au-dessus reçoivent beaucoup de subventions par rapport à leur
potentiel fiscal, celles situées en-dessous étant dans la
situation inverse. Ainsi, la Corse est la région qui
bénéficie le plus des contrats de plan. Paradoxalement, l'Ile de
France figure parmi les régions favorisées par les contrats de
plan. Inversement, certaines régions reçoivent peu de subventions
par rapport à leur potentiel fiscal, ce qui dans certains cas peut
sembler difficile à justifier (Auvergne).
Ce graphique montre donc que
la pratique de l'aménagement du
territoire ne correspond pas toujours aux objectifs affichés.
Dans
certains cas, elle tend à rendre les régions les plus riches
encore plus riches, et les régions les plus pauvres encore plus
pauvres.
D. LA CRÉATION DE L'AGENCE FRANÇAISE POUR LES INVESTISSEMENTS INTERNATIONAUX
1. La création de l'AFII
a) La situation initiale : un système éclaté
Avant la
création de cette agence, les dispositifs visant à attirer les
investissements étrangers en France avaient besoin d'être
rationalisés. Leur complexité et parfois leur redondance ont
été dénoncées dès 1995 par le rapport dit
« Sautter-Melchior » puis plus récemment par la Cour
des comptes et par le rapport de notre collègue Serge Vinçon au
nom de l'office parlementaire d'évaluation des politiques publiques.
Un texte législatif était indispensable pour créer la
nouvelle agence. En effet, cet établissement ne semblait pouvoir
être rattaché aisément à une catégorie
existante d'établissements publics.
b) La création de l'AFII par un amendement gouvernemental à la loi sur les nouvelles régulations économiques
Finalement, un peu à la sauvette, le gouvernement a
choisi de
déposer un amendement, tendant à créer une agence
regroupant tous ces dispositifs, au projet de loi n° 2001-420 du 15 mai
2001 relative aux nouvelles régulations économiques à
l'occasion de son examen par le Sénat. Votre rapporteur
déplore cette méthode qui a interdit à la commission des
finances d'examiner dans le détail le projet du gouvernement et
d'envisager les aménagements qui auraient pu se révéler
nécessaires. Le Sénat a néanmoins adopté cet
amendement.
Les conditions d'application de la loi doivent être fixées par un
décret d'application actuellement soumis au Conseil d'Etat, section
Finances. Il devrait être publié à l'automne, à une
date qui sera celle de création effective de l'Agence.
Votre rapporteur, s'il est réservé sur la méthode retenue
par le gouvernement pour la création de cet établissement public
d'un type nouveau, approuve le principe d'une rationalisation des dispositifs
existants.
2. Présentation de l'AFII
Selon
l'article 144 de la loi sur les nouvelles régulations économiques
promulguée le 15 mai 2001, «
il est créé sous
le nom d'Agence française pour les investissements internationaux, un
établissement public à caractère industriel et commercial,
placé sous la tutelle du ministre chargé de l'économie et
des finances et du ministre chargé de l'aménagement du
territoire
».
Le dispositif est le suivant :
- un établissement public industriel et commercial basé à
Paris, dénommé Agence française pour les investissements
internationaux (AFII). Son conseil d'administration sera ouvert aux
collectivités locales et aux entreprises ;
- des correspondants à l'étranger : les bureaux de la
DATAR ;
- des correspondants dans les régions (un seul par région) qui
pourront être soit les commissaires de la DATAR, soit des agents des
collectivités locales. La désignation des correspondants
résultera du dialogue local entre les différents partenaires.
Les ressources de l'Agence seront constituées de dotations de l'Etat, de
redevances pour service rendu, et du produit de ventes. Le projet de budget
pour 2002 est de l'ordre de 15 millions d'euros, dont 80 % de ressources
budgétaires par des subventions directes du MINEFI et de la DATAR.
E. LA CRÉATION D'ENTREPRISE EN ZONE DÉFAVORISÉE
1. Un outil essentiel de la politique d'aménagement du territoire
Le
soutien à la création d'entreprise est une
nécessité qui ne concerne pas que les nouvelles technologies. La
création d'activité est une composante essentielle d'une
politique d'aménagement du territoire fructueuse.
Depuis plusieurs années maintenant, votre rapporteur souligne
l'intérêt des plates-formes d'initiative locale dans le soutien
à la création d'entreprise dans les parties les plus fragile du
territoire.
Ces associations, qui rassemblent des acteurs publics et privés, ainsi
que des fonds publics et privés, attribuent des prêts d'honneur
aux créateurs d'entreprise. Elles suivent la mise en place des projets
par le biais de parrainages.
Le succès des plates formes est réel. Leur nombre est
passé de 87 en 1996 à 228 aujourd'hui. Selon les chiffres fournis
par la DATAR, en l'an 2000, elles ont financé 4 600 entreprises (contre
2800 en 1999 et 1950 en 1998), ont accordé 212 millions de francs (32
millions d'euros) de prêts d'honneur (les prêts bancaires
s'élevant à 800 millions de francs, soit 122 millions
d'euros, l'effet de levier des prêts d'honneur se renforçant selon
la DATAR), et ont permis la création de 11 000 emplois (contre
7 000 emplois en 1999, et 4300 emplois en 1998).
Il convient de souligner le taux élevé d'entreprises survivantes
après 5 ans d'activité (80 %).
Ces résultats ont été obtenus, notamment, par la
mobilisation des acteurs locaux, en particulier de 10 000
bénévoles (administrateurs, membres du comité
d'agrément et parrains), qui complètent l'action des 300
permanents des associations.
Lors de son déplacement à la Réunion en 1999, il avait
été indiqué à votre rapporteur que 10 % des emplois
créés dans l'île résultaient d'entreprises
aidées par la plate-forme. Votre rapporteur a pu constater que le
fonctionnement des autres plate-formes visitées en 1999 (Marseille,
Besançon, Aurillac, Rodez, Orléans) était également
satisfaisant.
2. L'amélioration du cadre juridique
Il y
a un an, votre rapporteur déplorait que l'activité des
plates-forme se heurte à des contraintes législatives
. En
particulier, la rédaction de l'article 238
bis
du code
général des impôts limitait le bénéfice de
l'agrément du ministère des finances aux seules associations qui
aidaient à la création d'entreprise. Par conséquent, une
plate-forme qui aidait à la création mais aussi à la
reprise d'entreprise ne pouvait plus bénéficier de
l'agrément.
Pourtant, l'aide à la reprise d'entreprise est essentielle dans les
zones marquées par le déclin économique. C'est pourquoi,
à trois reprises depuis 1999 (projet de loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire, projet de loi de
finances pour 2000, proposition de loi « entreprise et
territoire »), votre rapporteur spécial a proposé un
amendement
destiné à remédier à cette
incohérence.
Votre rapporteur spécial se réjouit que ce problème ait
été
résolu
par l'article 43 de
la loi n°
2000-1353 du 30 décembre 2000 de finances rectificative pour 2000.