EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le 15 novembre 2001 sous la présidence de
M.
Roland du Luart, vice-président, la commission a examiné les
crédits de l'aménagement du territoire et de l'environnement - I.
Aménagement du territoire, sur le rapport de M. Roger Besse, rapporteur
spécial.
M. Roger Besse, rapporteur spécial, a indiqué que le budget de
l'aménagement du territoire s'élevait à un peu moins de
300 millions d'euros. Il a précisé que, selon le « jaune
», l'ensemble des dépenses de l'Etat relatives à la
politique d'aménagement du territoire atteignait près de 8
milliards d'euros, dont plus de la moitié correspondant à des
dépenses du ministère de l'équipement. Il a ajouté
que le budget de l'aménagement du territoire ne correspondait donc
qu'à environ 3,5 % des dépenses consacrées à
l'aménagement du territoire.
Il a indiqué qu'au mois de juillet de l'année 2001, il avait
adressé au délégué à l'aménagement du
territoire et à l'action régionale, ainsi qu'aux préfets
de région, un questionnaire relatif à l'utilisation des
crédits du fonds national d'aménagement et de
développement du territoire (FNADT). Si le premier lui avait rapidement
et complètement répondu, il a déploré attendre
encore la réponse de près de la moitié des préfets.
Il a indiqué que le budget de l'aménagement du territoire
rassemblait les crédits gérés par la
délégation à l'aménagement du territoire et
à l'action régionale (DATAR), c'est-à-dire le budget de
fonctionnement de la DATAR, la prime d'aménagement du territoire (PAT)
et le FNADT. Il a constaté que le projet de loi de finances pour 2002
montrait un budget plus dynamique que celui pour l'année 2001 (+ 6,8 %,
au lieu d'une diminution de 9,8 %), et qu'il s'élevait à 285
millions d'euros. Il a précisé que cette augmentation
était due essentiellement aux mouvements affectant les crédits de
la prime d'aménagement du territoire, sans conséquence sur le
montant des crédits disponibles, les crédits de la PAT donnant
lieu à des reports importants d'année en année.
Exprimant ses principales observations, il a tout d'abord abordé la
question de la réforme de la prime d'aménagement du territoire
(PAT). Il a rappelé que, le 24 février 1998, la Commission
européenne avait indiqué à la France qu'elle devait mettre
sa carte et ses dispositifs d'aide en conformité avec les nouvelles
règles communautaires relatives aux aides à finalité
régionale avant le 31 décembre 1999. Il a observé que la
France n'avait pas satisfait à temps à cette obligation, la
nouvelle carte de la PAT n'ayant été approuvée par la
Commission qu'au mois de mars de l'année 2000 et le décret
relatif au régime des aides étant seulement paru au mois d'avril
de l'année 2001. Il a indiqué que, depuis la réforme, la
PAT ne concernait plus que 34 % de la population (contre 40 % auparavant). Il a
précisé qu'elle prévoyait trois catégories d'aides
: celles relatives aux projets industriels, celles relatives aux entreprises de
services à l'industrie et celles concernant les projets de
recherche-développement. Il a souligné que le Gouvernement
n'avait pas été totalement transparent à l'occasion de
cette réforme, puisqu'il savait déjà, lors du vote des
crédits de la PAT en 1999, que celle-ci ne pourrait pas être
attribuée en l'an 2000 aux nouveaux dossiers.
Il a considéré que la politique d'aménagement du
territoire donnait une impression de flou. Il a constaté que les dates
annoncées étaient souvent repoussées. Il a observé
que la réforme des zonages, annoncée il y a deux ans par la
ministre pour la loi de finances pour 2001, n'avait pas dépassé
le stade des rapports, le dernier en date étant celui remis au Premier
ministre par Mme Geneviève Perrin-Gaillard et M. Philippe Duron le
27 mai 2001. Il a déploré que les schémas de services,
prévus pour une publication avant le 31 décembre 1999 par la
loi « Voynet » de manière à servir de base aux contrats
de plan, puis arbitrés lors du CIADT du 9 juillet 2001, étaient
encore au Conseil d'Etat, ainsi que le décret d'approbation auquel ils
étaient annexés. Il a affirmé que les fonds
créés par la loi « Pasqua » du 4 février 1995
étaient soit supprimés, soit vidés de leur contenu. Il a
souligné que si le fonds de gestion de l'espace rural existait encore
juridiquement, il n'était pas prévu de le doter en 2002. Il a
considéré que le fonds national de développement des
entreprises n'avait jamais existé concrètement et que le sigle
FNDE servait de label à diverses mesures d'aide aux entreprises. Il a
rappelé que le projet de loi de finances pour 2001 avait supprimé
le fonds d'investissement des transports terrestres et des voies navigables
(FITTVN). Il a estimé que, si le fonds d'intervention pour les
aéroports et les transports aériens (FIATA) était
doté dans le projet de loi de finances pour 2002 (contrairement à
ce qui avait été le cas l'année précédente),
on pouvait se demander si ses crédits étaient suffisants, alors
que l'avenir du transport aérien semblait soumis à de fortes
incertitudes, en particulier depuis le 11 septembre 2001, et que l'aide aux
lignes aériennes non rentables constituait un élément
essentiel de la politique de désenclavement.
Enfin, il a insisté sur l'enjeu essentiel que constituait la
création d'entreprise en zone défavorisée. Il a
rappelé que, depuis plusieurs années, il soulignait
l'intérêt des plates-formes d'initiative locale dans le soutien
à la création d'entreprise dans les parties les plus fragiles du
territoire. Il a indiqué que ces associations, qui rassemblaient des
acteurs publics et privés, ainsi que des fonds publics et privés,
attribuaient des prêts d'honneur aux créateurs d'entreprise, et
suivaient la mise en place des projets par le biais de parrainages. Il a
estimé que les plates-formes connaissaient un réel succès.
Il a indiqué que leur nombre était passé de 87 en 1996
à 228 en 2001, et qu'en 2000, elles avaient financé 4.600
entreprises, accordé 212 millions de francs de prêts d'honneur et
permis la création de 11.000 emplois. Il s'est félicité de
la réforme, par la loi de finances rectificative du 30 décembre
2000, de l'article 238 bis du code général des impôts, qui
limitait jusqu'alors le bénéfice de l'agrément du
ministère des finances aux seules associations qui aidaient à la
création d'entreprise, et rappelé qu'il avait
déposé à plusieurs reprises un amendement en ce sens.
Il a déploré que les nouvelles dispositions de la loi
d'orientation sur l'aménagement du territoire ne se soient pas traduites
par des changements notables. Il a estimé que les
inégalités régionales s'accroissaient. Il a
considéré que les dispositifs de péréquation et de
rééquilibrage du territoire n'étaient pas à la
hauteur des enjeux. Il a jugé que les zonages relatifs à la PAT
et les zonages européens étaient déterminés de
façon arbitraire. Il a déploré que, du fait de leur
caractère tardif, les neuf schémas de services collectifs aient
été sans effet sur le contenu des contrats de plan
État-régions. Il a regretté la poursuite du recul des
services publics en zone défavorisée. Il a néanmoins
souligné l'apparition de nouveaux concepts, comme celui de maison des
services publics, lui semblant aller dans le bon sens. Il a
déploré que l'essentiel des moyens de l'aménagement du
territoire soit consacré aux zones urbaines, et en particulier que le
réseau TGV et le réseau de télécommunications
à haut débit laissent à l'écart un tiers du
territoire.
M. Aymeri de Montesquiou a demandé à M. Roger Besse, rapporteur
spécial, si le Gouvernement menait des actions soutenant le
développement des réseaux de télécommunication
à haut débit dans les régions les plus
défavorisées, comme il s'y était engagé à
l'occasion du comité interministériel d'aménagement du
territoire de Limoges.
En réponse, M. Roger Besse, rapporteur spécial, a indiqué
que, selon les informations qui lui avaient été
communiquées, de telles actions étaient effectivement
prévues, bien qu'aucun crédit ne leur ait encore
été affecté, et que les régions concernées
n'aient pas encore été déterminées.
M. Roland du Luart, président, a demandé à M. Roger Besse,
rapporteur spécial, ce qu'était l'agence française pour
les investissements internationaux.
En réponse, M. Roger Besse, rapporteur spécial, a indiqué
que cette agence regroupait les divers organismes chargés jusqu'alors de
favoriser les investissements étrangers en France. Il a
déploré qu'elle ait été créée, un peu
à la sauvette, par un amendement du Gouvernement à l'occasion de
la discussion de la loi n° 2001-420 du 15 mai 2001 relative aux nouvelles
régulations économiques. Il a néanmoins estimé que
sa création était justifiée.
La commission, suivant la proposition de son rapporteur spécial, a
décidé de proposer au Sénat de rejeter les crédits
du budget de l'aménagement du territoire pour 2002.