II. DÉPENSES : DES ÉCONOMIES IMPOSÉES PAR UN CONTEXTE MOINS PORTEUR
A. LA FAIBLE ÉLASTICITÉ À LA BAISSE DES DÉPENSES
A
hauteur de
189,19 millions d'euros
(1,241 milliard de francs), les
dépenses brutes de fonctionnement pour 2002 affichent une
quasi-stabilité
par rapport au budget voté pour 2001.
Mais il convient de nuancer ce propos et voir plutôt une baisse.
En effet, le poste le plus lourd - les achats - a
bénéficié, en 2001, d'un report de crédits 2000 et
donc, même si le surplus d'activité de frappe de l'euro en 2001
n'a pas généré de demandes de crédits
supplémentaires, le montant des dépenses constatées sur ce
poste dépassera inévitablement celui qui avait été
initialement prévu.
Le budget voté 2001 ne constitue donc pas
une référence pertinente.
La question est de savoir si la baisse est suffisante.
En toute rigueur économique, la réponse est négative.
Mais, outre que la Monnaie de Paris subit la diminution du programme de frappe
de l'euro, une forte part du budget « Monnaies et
médailles » résulte de
frais fixes ou faiblement
variables
: le recours, pour la frappe de l'euro, à des
contractuels sous contrat à durée indéterminée a
forcément rigidifié la masse des frais de personnel ; par
ailleurs, les missions de service public telles que l'expertise des monnaies
présumées fausses, la gestion du musée de la Monnaie,
l'entretien de l'Hôtel des Monnaies (classé monument historique),
entraînent des coûts relativement incompressibles.
Votre commission des finances estime toutefois que les crédits
demandés sont un maximum et espère que l'année 2002 sera
mise à profit pour
rechercher et trouver de nouvelles
économies.
B. LES DÉPENSES ORDINAIRES
1. Les achats
Ce poste
de dépenses est
le plus lourd
; il représente un peu
plus de la moitié des dépenses d'exploitation. Il regroupe
notamment les achats de métaux, de flans
2(
*
)
, de fournitures, l'acquisition de
petits matériels.
Pour ce chapitre, la comparaison avec le montant inscrit en loi de finances
initiale 2001 sera évitée pour les raisons évoquées
ci-dessus.
Évalué à
100,9 millions d'euros
, le poste
« Achats » retrouve le niveau de 2000, pour une production
de pièces d'euros inférieure de 33 %.
Mais outre que les achats ne dépendent pas que de l'euro, le calcul de
ce poste résulte de
variables autres que la simple quantité de
pièces
à produire : les
augmentations des cours
de la plupart des
métaux
utilisés et une proportion plus
importante de pièces à fort coût de production. Ainsi, en
2002, l'établissement de Pessac ne fabriquera plus les pièces les
moins coûteuses en matières premières, à savoir
celles de 1 et 2 centimes d'euros.
Les crédits du poste Achats sont répartis à 88 % sur
Pessac et à 12 % sur Paris. L'enveloppe réservée à
l'établissement parisien a été revue à la baisse en
raison des faibles perspectives qui s'offrent à cet établissement.
Pour la production de l'euro, et selon la part des différentes coupures
qui ne nécessitent pas toutes les mêmes métaux, le
métal de loin le plus utilisé est le
cuivre
(environ 80
%). Puis, viennent le nickel et le zinc (environ 10 % et 7 %), et beaucoup plus
accessoirement l'aluminium et l'étain.
Par rapport à 2001, les
cours prévisionnels
des
métaux ont été réactualisés à la
hausse pour le cuivre (+ 8,1 %)
, l'aluminium (+ 12 %), l'étain (+
4,6 %). Le cours du nickel augmenterait peu (+ 1,1 %) et celui du zinc
diminuerait (- 4 %).
Au delà du calcul nécessairement technique du poste Achats, il
est surtout attendu de la direction des Monnaies et médailles qu'elle
concrétise la politique volontariste de réduction des coûts
qu'elle a affichée l'an dernier.
Fin 2000, la société Price-Waterhouse-Coopers a
procédé à une mission d'évaluation de
l'organisation des achats. En est ressortie la nécessité
d'efforts en termes d'expression des besoins, de planification des travaux et
de maîtrise des délais, d'application des procédures, de
négociation des prix.
Un groupe de travail a, depuis, été constitué. Il doit
proposer, dans le cadre de la réforme des marchés publics, la
mise en place de mesures pratiques avant fin 2001, pour remédier aux
dysfonctionnements relevés et améliorer les performances. Le
détail des mesures concrètes qui auront été
décidées et leur impact sur l'année 2002 seront
examinés en temps voulu.
2. Les services extérieurs
Ce chapitre, qui marque une forte diminution (- 35 %), s'élève à 20,9 millions d'euros . Il regroupe des dépenses correspondant en grande partie (les deux tiers en budget voté 2001, la moitié en prévision 2002) à des prestations effectuées pour le compte de la direction du Trésor, qui font l'objet d'une « refacturation » à cette dernière. La baisse observée tient essentiellement à la disparition des opérations de préalimentation en euros.
a) Les dépenses pour le compte de la direction du Trésor
(1) Le stockage des pièces en francs succède à celui des pièces en euro
Les
pièces en euro se trouvent, jusqu'à fin 2001, dans cinq centres
de stockage loués au SERNAM dont un, ouvert en juin 2001, est
directement géré par la Banque de France. Les pièces, une
fois conditionnées, sont stockées dans 80 centres secondaires
sous la responsabilité de la Banque de France.
En 2002, le
stockage représente 9,15 millions d'euros
, comme en
prévision 2001, mais il
concerne le franc
, qui aura
été retiré de la circulation.
(2) La démonétisation des pièces en francs succède aux opérations de préalimentation en euros
Jusqu'à fin 2001, la direction des Monnaies et
médailles est responsable de la réalisation, qu'elle sous-traite,
des sachets « premiers euros » destinés aux
particuliers (40 pièces d'euro d'une valeur de 15,24 euros ou 100
francs) et des sachets « fonds de caisse » destinés
aux commerçants (2 rouleaux de chacune des huit coupures, soit 640
pièces d'une valeur de 222 euros ou 1456,22 francs). La banque de
France a demandé courant 2001 un complément de 8 millions de
sachets « premiers euros » et 400 000 sachets
« fonds de caisse » pour les commerçants. Au total,
ce n'est pas moins de 53 millions de sachets « premiers
euros » et 1,5 million de sachets « fonds de
caisse » qui seront livrés fin 2001.
Par ailleurs, sont constituées des palettes
hétérogènes contenant les différentes coupures,
pour la grande distribution.
Pour toutes ces opérations de préalimentation, la somme de
11,4 millions d'euros avait été budgétée et
fera l'objet d'un dépassement, suite aux commandes
supplémentaires de la Banque de France.
Pour 2002, la prévision tombe à 1,2 million d'euros et se
rapporte à la démonétisation du franc.
b) Les dépenses hors direction du Trésor
Ces
dépenses passent de 11,4 à 10,2 millions d'euros. Les principales
variations portent sur :
- La publicité
: les dépenses relatives à ce
poste portent sur des actions commerciales en France, à l'international
et pour le musée.
Des économies ont été réalisées en
2000 : 1,68 million d'euros dépensés pour une enveloppe
allouée de 3,3 millions d'euros. De la même manière,
l'enveloppe 2001 de 3,05 millions d'euros ne sera probablement pas
utilisée, par suite d'ajustement à l'évolution du chiffre
d'affaires.
En
2002
, pour la deuxième année consécutive, ce
poste subit une
diminution significative
et s'élève
à
2,4 millions d'euros
, compte tenu de la révision
à la baisse des recettes commerciales et de la
réduction
volontariste du ratio « crédits publicité / chiffre
d'affaires »
.
- Les dépenses de fonctionnement informatique
: 95 % des
dépenses de fonctionnement informatique figurent dans le chapitre
« Services extérieurs », le reliquat se trouvant en
« Achats » et en « Autres charges de gestion
courante ».
Les dépenses concernent les prestations de services, l'entretien, la
formation, les télécommunications, etc.
Elles s'élèvent à
1,5 million d'euros en 2002,
en augmentation de 8 %, essentiellement due aux prestations de
services.
- Les études
: ce poste passe de 0,7 à
0,5 million d'euros.
Si les principales études ont
été achevées, il reste néanmoins des travaux
importants à poursuivre en matière de
contrôle de
gestion.
-
Les travaux d'entretien
: en matière de crédits
d'entretien, la dotation est réduite de près de 8 % par
rapport à 2001.
3. Les impôts et taxes
Après une diminution de 10 % l'an passé, qui représentait 4 millions de francs, ce poste marque encore une baisse , de 4,8 % , en 2002 et s'élève à 5,17 millions d'euros. La diminution du montant de la base d'imposition de la taxe professionnelle explique ce mouvement, rendu possible par un meilleur suivi des immobilisations des deux établissements.
4. Les dépenses de personnel
Ces
dépenses diminuent pour la troisième année
consécutive.
Les
effectifs pondérés
par les temps partiels (environ 55
% à Paris, 45 % à Pessac) passent de 879,1 au 1er janvier
2001 à 849,1 au 1er janvier 2002, soit une
baisse de 3,4 %.
Certains chiffres cités dans le « bleu
budgétaire » sont légèrement erronés et
seront rectifiés. Le chiffre de 951 agents cité dans ce
« bleu », s'entend en nombre de personnes et
intègrerait, comme il l'a été précisé
à votre rapporteur, des fonctionnaires rémunérés
par d'autres administrations et détachés à la Monnaie de
Paris. Quoiqu'il en soit, la relation entre les effectifs réels et les
effectifs budgétaires semble pour le moins floue.
Les personnels rémunérés sur le budget des Monnaies et
médailles sont de trois sortes : le personnel sous statut
« Monnaie » (ouvriers d'Etat et fonctionnaires techniques
de la Monnaie), les fonctionnaires du ministère de l'économie et
des finances et enfin des contractuels à durée
indéterminée.
Par rapport au budget voté 2001,
les dépenses de
personnel
, toutes mesures confondues,
diminuent de 1,9 %,
la baisse
des effectifs ayant une incidence plus forte que celle des revalorisations du
point fonction publique.
L'effet des départs à la retraite sera ressenti surtout
à compter de 2005
et d'ici à 2010, plus de 300 ouvriers et
fonctionnaires techniques partiront.
Après les recrutements effectués pour la frappe de l'euro,
aucune embauche à court terme n'est prévue
compte tenu de
la réduction progressive du plan de charge à Pessac et de la
morosité de l'activité à Paris.
5. Les autres dépenses
Par
rapport à la loi de finances 2001, une mesure de redéploiement
des crédits du chapitre 65.00 « Autres charges de gestion
courante » vers les chapitres 66.00 « Charges
financières » et 67.00 « Charges
exceptionnelles » permet d'ajuster au mieux les dotations aux
dépenses constatées en gestion et ce, compte non tenu des charges
exceptionnelles, imprévisibles par nature.
L'ensemble de ces trois chapitres ne représente qu'un montant assez
faible : 0,73 million d'euros.
La dotation aux amortissements et aux provisions progresse de 3,9 %, pour
s'élever à 6,4 millions d'euros. Ceci traduit l'incidence de la
modernisation des installations tant de l'établissement de Paris que de
celui de Pessac.
C. LES DÉPENSES D'INVESTISSEMENT
Les investissements les plus lourds ont été réalisés ces dernières années. Les autorisations de programme, déjà en baisse l'an dernier, chutent de 33 % en 2002.
1. les investissements hors informatique
En
2001
, les investissements ont encore été conséquents.
A Paris,
ils s'élèvent à
1,5 million
d'euros
et ont concerné notamment la mise en place d'un plan
sûreté, l'installation d'autocommutateurs
téléphoniques, l'achat d'un four de traitement thermique sous
vide, le réaménagement de bureaux et de douches, la
réimplantation du service international. L'exécution
d'opérations importantes a été décalée, en
attente d'études permettant de préciser celles-ci (plan de
sûreté) ou de juger de leur opportunité (réfection
de la boutique).
A Pessac
, les investissements, de l'ordre de
2 millions d'euros,
ont porté principalement sur un four de recuit à passage, la
réfection de la distribution électrique, l'acquisition de
nouveaux outils et machines, l'aménagement de locaux et l'acquisition de
matériels pour le Centre national français d'analyse des
pièces (CNAP) et le Centre technique et scientifique européen
(CTSE), créés dans la cadre de la lutte contre la
contrefaçon à laquelle l'administration des Monnaies et
médailles est étroitement associée.
L'établissement monétaire de Pessac constitue aujourd'hui, sur
le plan industriel, une référence,
l'évolution de la
certification vers la norme I.S.O. 9001 ayant été engagée
positivement à la suite d'un audit effectué en juin 2000.
L'essentiel des investissements hors informatique ayant été
réalisé ces dernières années, ceux-ci
diminuent
en 2002 d'environ 20 %
et s'élèvent à
2,8 millions d'euros
, répartis à peu près pour
moitié sur chaque site.
A Paris
, ils concerneront notamment la réimplantation de
l'atelier emballage-expédition, le réaménagement de
l'atelier de gravure et de la boutique et l'achat d'une fraiseuse à
commande numérique.
A Pessac
, les acquisitions porteront sur une ligne de conditionnement
des euros par coupure, le renouvellement pour moitié du parc
d'encartoucheuses, des engins de manutention et matériels divers.
Un projet de création, à l'établissement monétaire
de Pessac, d'un
complexe fonderie-laminage
permettant de disposer d'une
production totalement intégrée, d'un coût d'environ
24,4 millions d'euros (160 millions de francs), a été
envisagé. Les études qui ont été menées ont
montré un excédent, par rapport à la demande, des
capacités de production disponibles au plan international. Par ailleurs,
les gains éventuellement obtenus en termes de qualité des
produits et de réactivité à des commandes externes
apparaissent trop modestes. Enfin, cet investissement ne conduirait pas
à une évolution positive de la compétitivité de la
direction des Monnaies et Médailles, les coûts de production de
l'établissement monétaire de Pessac étant quasiment
doublés.
Il a donc été décidé de ne pas
donner suite à ce projet.
2. Les investissements informatiques
Sur le
plan informatique, la direction des Monnaies et médailles poursuit
depuis quelques années le but de se doter d'un système
informatique intégralement modernisé, apportant
réactivité et compétitivité, et apte à
gérer l'euro. Les simulations du passage à l'euro du logiciel
SIREPA (logiciel budgétaire) ont été
réalisées en juin 2001 et n'ont fait apparaître aucun
incident de fonctionnement.
En
2001
, l'enveloppe de
1,3 million d'euros
a permis la poursuite
de la modernisation du parc applicatif et matériel.
Pour
2002
, les crédits demandés diminuent fortement (-
44 %) pour s'élever à
0,708 million d'euros.
La direction des Monnaies et Médailles devrait se doter d'un nouveau
système de comptabilité analytique. En outre, l'évolution
des éditeurs de logiciels vers des technologies sur Internet
entraînera la migration de certaines applications dans cet environnement.
Il est enfin prévu d'acquérir de nouveaux matériels et
logiciels.