EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le 24 octobre 2001 sous la présidence de M. Claude Belot, vice-président, la commission a procédé à l'examen des crédits inscrits au budget des anciens combattants pour 2002 , sur le rapport de M. Jacques Baudot, rapporteur spécial.

M. Jacques Baudot, rapporteur spécial,
a d'abord rappelé que les crédits du secrétariat d'Etat aux anciens combattants prévus dans le projet de loi de finances pour 2002 s'élèvent à 3,63 milliards d'euros (soit un peu moins de 23,8 milliards de francs).

A périmètre constant, c'est-à-dire en ne tenant pas compte des transferts entre sections intervenant cette année, il a noté que le budget pour 2002 était en diminution de 1,99 % par rapport aux crédits votés en loi de finances initiale pour 2001.

Il a cependant indiqué qu'il fallait tenir compte de la baisse mécanique des dotations en fonction du nombre de bénéficiaires (- 4 %) et que, de fait, rapportées au nombre de bénéficiaires potentiels, les dotations affectées en 2002 au monde combattant augmentaient de 4,1 % en moyenne.

En outre, il fait observer que les crédits inscrits au budget des anciens combattants et de la défense ne représentaient pas la totalité de la dépense collective en faveur du monde combattant.

Au total, il a estimé que l'effort global de la Nation en faveur des anciens combattants en 2002 était de l'ordre de 4 milliards d'euros, soit un peu plus de 26 milliards de francs, ce qui inclut les crédits inscrits au budget de la défense, ainsi que la « dépense fiscale » constituée par les exonérations et déductions diverses dont bénéficient les anciens combattants.

M. Jacques Baudot, rapporteur spécial , a ensuite précisé que le budget des anciens combattants était, pour l'essentiel, un budget de prestations et que la dette viagère, qui comprend les pensions d'invalidité et la retraite du combattant, pèserait 3,1 milliards d'euros, soit 20,3 milliards de francs, en 2002.

Il a souligné que la masse des dépenses d'intervention, qui atteindrait 3,6 milliards d'euros - 23,5 milliards de francs - en 2002 (plus de 98 % du budget total), enregistrait des évolutions divergentes et caractéristiques de la politique menée en faveur du monde combattant.

Il a d'abord insisté sur la forte progression (+ 14,8 %) des charges de retraite, liées aux conséquences immédiates de la politique d'élargissement des conditions d'attribution menées depuis 1997.

Parallèlement, il a souligné la diminution de la charge des pensions (- 3,1 %) en raison de la disparition naturelle des bénéficiaires.

Dès lors, il s'est étonné de ce qu'une partie seulement des « économies » potentielles réalisables sur ce budget, en raison de la disparition naturelle des bénéficiaires, évaluées à près de 170 millions d'euros, soit plus d'1 milliard de francs, fût « recyclée » par le secrétariat d'Etat pour financer des mesures supplémentaires en faveur du monde ancien combattant.

M. Jacques Baudot, rapporteur spécial , a par la suite présenté le contenu des quatre articles rattachés au budget des anciens combattants dans le projet de loi de finances pour 2002. Il a rappelé que deux de ces mesures s'inscrivaient dans le droit fil des mesures prises les années précédentes en faveur des anciens combattants tandis que les deux autres présentaient un caractère plus innovant.

Il a d'abord présenté l'article 61 correspondant à une nouvelle progression à 115 points de pension militaire d'invalidité du plafond majorable servant au calcul des majorations spécifiques sur les rentes mutualistes, pour un coût de 2,29 millions d'euros (15 millions de francs) en 2002.

Il a détaillé les dispositions de l'article 62  consistant dans l'augmentation de la majoration de pension des veuves de grands invalides, pour un coût en 2002 de 2,29 millions d'euros (15 millions de francs).

Il a ensuite abordé le contenu de l'article 63 correspondant à l'attribution de la retraite du combattant, dès l'âge de 60 ans, aux bénéficiaires d'une pension militaire d'invalidité, pour un coût estimé à 12,2 millions d'euros (soit 80 millions de francs) pour la seule année 2002 et 29.500 bénéficiaires attendus.

Enfin, il a présenté les dispositions de l'article 64 prévoyant le rétablissement de l'unicité de la valeur du point de la pension militaire d'invalidité, pour un coût de 2,59 millions d'euros, soit 17 millions de francs.

M. Jacques Baudot, rapporteur spécial , a ensuite reconnu l'intérêt des avancées réalisées cette année mais il a estimé légitime d'insister, cette année encore, sur les quelques points restant en suspens.

Il a d'abord évoqué la question de la « décristallisation » des prestations versées aux Anciens combattants de nos anciennes colonies comme un point majeur de « responsabilité morale et collective ».

Il a rappelé que les études menées avaient montré que, à niveau de droits équivalent, le pouvoir d'achat des pensions servies aux Anciens combattants des pays du Maghreb était inférieur d'un tiers à celui des métropolitains et a souhaité que le Gouvernement prenne une décision « équitable » concernant les retraites des combattants originaires du Maghreb.

En outre, M. Jacques Baudot, rapporteur spécial , a évoqué les autres points suivants :

- l'anticipation de l'âge de versement de la retraite du combattant : il a rappelé que, certes le présent projet de loi prévoyait l'attribution à 60 ans de la retraite du combattant aux bénéficiaires d'une pension militaire d'invalidité, mais a déploré que les conditions d'une généralisation de cette attribution à 60 ns ne fussent toujours pas évoquées par le secrétaire d'Etat ;

- la situation des veuves d'anciens combattants : il a souligné que le projet de loi de finances pour 2002 contenait une mesure en faveur des veuves de grands invalides, mais a estimé que, plus généralement, il eût été souhaitable d'oeuvrer en faveur de toutes les autres veuves. Parmi les mesures envisageables il a évoqué la réversion de la retraite du combattant, l'assouplissement des conditions de réversion de la pension d'invalidité ou encore la revalorisation des pensions de veuves ;

- l'indemnisation des orphelins de déportés : il a estimé que, dans un souci d'équité et d'indifférenciation raciale ou religieuse, la mesure de réparation pour les orphelins dont les parents ont été déportés et victimes de persécutions antisémites, devait être étendue à tous les orphelins de déportés non juifs, fusillés ou massacrés ;

- l'indemnisation des incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes : il a déploré que les engagements pris, par alignement sur la situation des incorporés de force dans l'armée allemande, n'eussent toujours pas été tenus.

Enfin, il a considéré que l'abaissement du plafond de remboursement des frais d'hébergement engagés à l'occasion de cures thermales était une mesure injustifiée et constituait une remise en cause du droit à réparation des anciens combattants.

M. Jacques Baudot, rapporteur spécial , a ensuite proposé à la commission de réserver le vote sur le budget des anciens combattants ainsi que celui sur les articles rattachés jusqu'à l'audition du ministre de la défense, tout en préconisant un rejet du budget et un avis favorable sur les articles 61 à 64 attachés.

Au cours de la discussion qui s'est engagée après l'intervention de M. Jacques Baudot, rapporteur spécial, M. François Trucy a souhaité interroger le rapporteur spécial sur le nombre des anciens combattants dits des nouveaux conflits, à savoir des conflits récents et notamment des opérations de maintien de la paix exercées dans le cadre de l'Organisation des Nations unies (ONU) ou de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN).

M. Jacques Baudot a rappelé que le budget des anciens combattants s'adressait aussi à cette catégorie d'anciens combattants dits des « nouveaux conflits » mais aussi aux victimes d'attentat par exemple. Il a rappelé qu'en 1994 le nombre d'anciens combattants des nouveaux conflits était de 24.600, de 43.200 en 1998 et qu'il serait de 57.500 en 2003. S'agissant des ressortissants du secrétariat d'Etat aux anciens combattants classés « hors guerre », leur nombre s'élevait à 183.700 en 1989, 140.300 en 1994, 156.800 1998 et serait de 133.300 en 2003.

Mme Marie-Claude Beaudeau a souhaité interroger le rapporteur spécial sur plusieurs points : sur l'application de certaines mesures votées dans les dernières lois de finances, notamment le dispositif de l'allocation de remplacement pour l'emploi (ARPE) dont peuvent bénéficier les salariés titulaires de la carte du combattant au titre des conflits d'Afrique du Nord ; sur la politique de « décristallisation » du Gouvernement ; sur la prise en charge des psychotraumatismes de guerre subis par les anciens combattants d'Afrique du Nord et d'Indochine, enfin sur la politique de la mémoire menée par le Gouvernement, et notamment l'entretien des nécropoles et carrés militaires.

S'agissant de la politique de la mémoire et de l'entretien des nécropoles et de tous les lieux de mémoire militaires, M. Jacques Baudot, rapporteur spécial , a souligné les réels efforts engagés depuis quelques années par le secrétariat d'Etat aux anciens combattants et a estimé que ces lieux étaient aujourd'hui de très bonne qualité.

S'agissant de la décristallisation, il a simplement souligné qu'une avancée avait été réalisée dans le projet de loi de finances pour 2001 avec la levée de la forclusion sur l'attribution de droits nouveaux s'agissant des retraites des anciens combattants d'outre-mer ainsi que la mise en place d'une commission d'étude de la revalorisation des pensions. Il a toutefois déploré la profonde injustice que constituait de la « cristallisation », notamment à l'égard des populations du Maghreb.

La commission a alors décidé de réserver sa position jusqu'à l'audition, l'après-midi même, du ministre de la défense.

A la suite de l'audition du ministre, la commission, suivant l'avis de M. Jacques Baudot, rapporteur spécial des crédits des anciens combattants a décidé de proposer au Sénat le rejet de ces crédits, et l'adoption sans modification des articles 61 à 64 rattachés .

Réunie le jeudi 22 novembre 2001, sous la présidence de M. Alain Lambert, président , la commission a décidé de proposer au Sénat l'adoption sans modification de l'article 64 bis rattaché et a pris acte des modifications de crédits adoptées à l'Assemblée nationale.

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