Projet de loi de finances pour 2003 - TOME III - LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES (Deuxième partie de la loi de finances) - Équipement, transports, logement, tourisme et mer : II. - Urbanisme et logement
MARINI (Philippe), Rapporteur général ; GIROD (Paul), Rapporteur spécial
RAPPORT GENERAL 68 Tome III (2002-2003) Annexe 15 - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 316 Ko )Table des matières
- I. LES CREDITS INSCRITS DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2003
- II. L'EXÉCUTION DU BUDGET « URBANISME ET LOGEMENT » EN 2001 ET 2002
- I. LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE A PERMIS A L'ÉTAT DE RÉALISER DES ÉCONOMIES SUBSTANTIELLES
- II. SE DONNER LES MOYENS DE MIEUX MAÎTRISER LA CROISSANCE DES AIDES PERSONNELLES A L'AVENIR
- I. UNE CERTAINE REPRISE DE LA CONSTRUCTION SOCIALE EN 2001
- II. S'ENGAGER PLUS CLAIREMENT DANS UNE POLITIQUE DE REHABILITATION DU PARC
-
III. ENGAGER UN MOUVEMENT CLAIR DE
DÉCENTRALISATION ET D'ÉVALUATION DE LA POLITIQUE DU LOGEMENT
- A. UNE LOI « SOLIDARITÉ ET RENOUVELLEMENT URBAINS » TROP RIGIDE
- B. RÉFORMER LA POLITIQUE DU LOGEMENT SOCIAL VERS PLUS DE DÉCENTRALISATION
- C. RÉFORMER PLUS PROFONDÉMENT LA GESTION DU LOGEMENT SOCIAL
-
I. DES AIDES POUR L'ACCESSION A LA
PROPRIÉTÉ NON REVALORISÉES
- A. LE PRÊT À TAUX ZÉRO : MALGRÉ D'EXCELLENTS RÉSULTATS, UNE RÉDUCTION DES MOYENS
- B. RÉFORMER LE PRÊT À TAUX ZÉRO ?
- C. LA SÉCURISATION DES PRÊTS À L'ACCESSION SOCIALE
-
II. LES AIDES A LA RÉNOVATION DU LOGEMENT
PRIVÉ SOUS FORTE CONTRAINTE BUDGÉTAIRE
- A. LES AIDES AUX PROPRIÉTAIRES OCCUPANTS DOIVENT ÊTRE SIMPLIFIÉES ET REVALORISÉES
- B. DES AIDES AUX PROPRIÉTAIRES BAILLEURS IMPORTANTES MAIS CRITIQUÉES
-
C. DES MENACES SUR LES MOYENS DE RÉHABILITATION DU
PARC LOCATIF
- 1. La tentation de réduire les moyens de l'ANAH après la baisse du taux de TVA
- 2. Une tentation a priori confirmée pour 2003
- 3. Des aides pourtant essentielles pour résorber la vacance et rénover le parc locatif ancien
- 4. La nécessité de préserver certaines opérations essentielles pour les collectivités locales
- D. LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'INSALUBRITÉ : VERS UNE RÉORIENTATION ?
- III. LA FISCALITÉ DES BAILLEURS PRIVÉS
N° 68
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2002-2003
Annexe au procès verbal de la séance du 21 novembre 2002
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2003 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 15
ÉQUIPEMENT, TRANSPORTS, LOGEMENT, TOURISME ET MER :
II. - URBANISME ET LOGEMENT
Rapporteur spécial
: M. Paul GIROD
(1) Cette commission est composée de : M. Jean Arthuis, président ; MM. Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; M. Philippe Marini, rapporteur général ; MM. Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Paul Girod, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Roger Karoutchi, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
12
ème
législ.) :
230
,
256
à
261
et T.A.
37
Sénat
:
67
(2002-2003)
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Ces
dernières années, le budget de l'urbanisme et du logement a
été élaboré dans un contexte très favorable
de reprise du marché immobilier et de croissance du secteur de la
construction.
Après des reculs entre 1995 et 1997, le niveau des mises en chantier
s'est en effet nettement élevé en 1998 et surtout en 1999 pour
atteindre plus de 314.000 logements commencés (+ 12 % par rapport
à 1998).
Avec 303.400 logements mis en chantier en 2001, la
construction neuve s'est maintenue à un niveau élevé.
Les autorisations de construire ont progressé de 3 % pour atteindre
356.207 unités, stimulées notamment par le logement collectif
(+ 3,1 %) alors que le logement individuel (+ 1,3 %) a
connu en fin d'année des signes de fléchissement.
Sur l'ensemble de l'année 2001, les résultats de
l'enquête sur la commercialisation des logements neufs font
apparaître une hausse des ventes de plus de 6 % par rapport à
2000,
soit plus de 80.000 logements vendus. Les prévisions pour 2002
laissent présager un léger tassement de la construction neuve
compte tenu surtout des perspectives générales de croissance
économique moins favorables et incertaines.
Début septembre 2002, l'activité immobilière reste dans
son ensemble soutenue.
Fin juillet 2002, les autorisations de construire et
les mises en chantier baissent respectivement de 1,7 % et de 0,6 %.
Globalement, le nombre de mises en chantier devrait se maintenir en 2002
au-dessus de 300.000 logements.
Outre la construction neuve, il ne faut pas oublier que l'offre de logement se
nourrit des logements réhabilités et réaffectés. La
réhabilitation, après une progression continue, voire
exceptionnelle en 2000, se stabilise à un haut niveau en
2001. L'entretien-amélioration bénéficie d'un
environnement économique porteur. Le maintien et la prolongation pour un
an supplémentaire dans le présent projet de loi de finances de
l'application du taux de TVA réduit à 5,5 % pour tous les
types de travaux d'entretien du logement, et les mesures de relance du logement
social sont des facteurs favorables qui laissent augurer un bon niveau de
l'activité en 2002 même si son ampleur devrait être moindre
qu'en 2001.
Malgré cette situation encore assez favorable, il est
désormais incontestable que le budget 2003 est réalisé
dans un contexte moins porteur que les précédents.
Les économies budgétaires sur les aides personnelles au logement,
résultant de l'effet de ciseaux entre la hausse des versements des
employeurs et de la modération des prestations, ne peuvent se poursuivre
dans les mêmes conditions.
Le ralentissement économique, une
hausse du chômage et ces aides pourraient repartir fortement à la
hausse. Plus d'un quart des français touchent des aides personnelles au
logement, soit le plus fort taux de l'Union européenne. Il y a
nécessité de dégager les marges de manoeuvre
nécessaires.
Ensuite, alors que l'investissement en logement se tasse
légèrement, alors que le marché locatif se
caractérise par des tensions accrues,
force est de constater que les
aides à la pierre pour le logement privé, notamment les dotations
de l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat et les moyens de
prêt à taux zéro, sont sous forte contrainte
budgétaire
. Si l'application du taux réduit de TVA sur les
travaux d'entretien dans les logements d'une part et la diminution des taux
d'intérêt du marché d'autre part peuvent expliquer
certaines économies de constatation, les besoins sont encore importants.
S'agissant du prêt du taux zéro, un rapport d'inspection est
récemment venu confirmer tout l'intérêt d'un dispositif que
votre commission n'a cessé d'encourager.
Enfin,
les dotations pour l'investissement et la réhabilitation du
parc de logements sociaux sont en hausse sensible pour 2003, ce qui montre tout
l'intérêt que porte le Gouvernement à la politique de
renouvellement urbain
, politique dans laquelle il s'est clairement
engagé.
Votre rapporteur estime toutefois essentiel
qu'un effort significatif soit
réalisé dans deux directions
:
d'une part, une
évaluation des attentes et des compétences des
collectivités locales en matière de logement
, dans le cadre
de la réforme engagée par le Premier ministre en faveur de la
décentralisation, d'autre part une véritable « mise
à plat » de l'organisation des organismes sociaux dans une
démarche d'évaluation de l'efficacité de la politique du
logement.
CHAPITRE PREMIER :
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES
CRÉDITS
I. LES CREDITS INSCRITS DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2003
A. LES GRANDES MASSES DU BUDGET « URBANISME ET LOGEMENT » POUR 2003
Pour 2003, le budget de l'urbanisme et du logement s'établit à 7,3 milliards d'euros en moyens de paiement, soit une quasi-stabilité par rapport à la loi de finances initiale pour 2002. Les crédits sont cependant réduits de 3,5 % en moyens d'engagement, en raison d'une sensible inflexion des autorisations de programme (-7,6 %).
|
LFI 2002 |
PLF 2003 |
Evolution |
Dépenses ordinaires |
5 406,10 |
5 403,10 |
- 0,1% |
Dépenses en capital
|
1 896,80 |
1 889,70 |
- 0,4% |
Total moyens de paiement |
7 302,90 |
7 292,80 |
- 0,1% |
Dépenses en capital
|
2 141,90 |
1 979,30 |
- 7,6% |
Total moyens d'engagement |
7 548,00 |
7 282,40 |
- 3,5% |
1. Les dépenses ordinaires
Les
dépenses ordinaires s'élèvent à 5,4 milliards
d'euros pour 2003, soit un montant identique à celui inscrit en loi de
finances initiale pour 2002. Elles représentent 74 % des
crédits du fascicule et sont constituées à 97 % des
crédits d'aides personnelles au logement.
Depuis 1999, des économies de constatation avaient été
réalisées sur les aides personnelles au logement grâce
à la stabilisation du nombre de bénéficiaires, soit 6,3
millions de ménages.
En 2001 et 2002, une importante réforme des aides personnelles a
été mise en oeuvre. Le premier volet a entraîné une
hausse sensible des dépenses, malgré les économies de
constatation. Le second volet, mis en oeuvre en 2002, pour un coût de
244 millions d'euros, a été plus que compensé par des
économies de constatation à hauteur de 409,7 millions
d'euros après prise en compte d'une provision pour la majoration des
aides au 1
er
juillet 2002. De surcroît, il faut rappeler que
195 millions d'euros de dotations budgétaires ont été
annulées par le collectif budgétaire pour 2001 afin de
résorber la trésorerie excédentaire des caisses
d'allocations familiales, trésorerie qui n'avait pas été
portée auparavant à la connaissance du Parlement.
Pour 2003,
72,5 millions d'euros sont dégagés pour l'extension
en année pleine
de l'actualisation des aides au 1er juillet 2002 et
8,94 millions d'euros doivent permettre l'ajustement des prestations aux
besoins. Parallèlement,
des « mesures d'économies
sur les barèmes » permettraient de stabiliser le montant des
dotations budgétaires en 2003
. Comme l'an dernier, la revalorisation
des aides au 1
er
juillet 2003 n'est pas clairement
provisionnée.
Les dotations aux aides personnelles au logement
(en millions d'euros)
LFI 2002 |
5.234,06 |
PLF 2003 |
5.239,00 |
écart 2003/2002 |
+ 4,94 |
dont |
|
extension en année pleine de l'actualisation au 1/07/2002 |
+ 72,50 |
Mesures d'économies |
- 76,50 |
On rappellera que l'ensemble des aides s'élève, y compris la part financée par les régimes de prestations familiales, à 12,7 milliards d'euros 1( * ) .
2. Les dépenses en capital
Les
dépenses en capital, s'élèvent à 1,9 milliard
d'euros en crédits de paiement pour 2003, soit une stabilité
(-0,4 %) après les baisses de 1,9 % et 1,3 % dans les
lois de finances initiales 2001 et 2002.
Les investissements exécutés par l'Etat
(titre V)
représentent 30,2 millions d'euros en 2003, soit une baisse de 3,5
%. Il s'agit des actions foncières (8,3 millions d'euros) et de la
réalisation de travaux d'office de sortie d'insalubrité (3,5
millions d'euros) dont les crédits sont reconduits en moyens de paiement
mais sensiblement réduits en autorisations de programme (de
18,3 à 11,7 millions d'euros), pour les acquisitions en
Ile-de-France. Les crédits d'études en matière de
construction, de logement, d'habitat et d'urbanisme sont réduits de 5,7
% en crédits de paiement mais reconduits en autorisations de programme.
Il s'agit des dotations aux études centrales et locales pour 15,5
millions d'euros et des crédits d'étude du plan urbanisme,
construction et architecture (PUCA) pour 2,9 millions d'euros.
Les subventions d'investissement du titre VI soit
1,86 milliard
d'euros en 2003, représentent 98,4 % des dépenses en
capital
. Elles se décomposent en quatre chapitres d'importance
très inégale.
1 - les crédits destinés aux
villes nouvelles et à
l'action foncière et à l'aménagement urbain
,
dont
les contrats de plan Etat-régions
(chapitre 65-23) passent de
40,86 millions d'euros en LFI 2002 à 27 millions d'euros dans le
PLF 2003. Les moyens d'engagement sont réduits de 40,46 millions d'euros
à 31 millions d'euros.
2 - les subventions
en matière de recherche
(chapitre 65-30) sont
reconduites en 2003, et s'élèvent à 2,13 millions d'euros.
3 - les crédits destinés à la
construction et à
l'amélioration de l'habitat
(chapitre 65-48)
qui
représentent 1,8 milliard d'euros, sont en hausse modérée
de 1,1 %.
Plus précisément, la quasi totalité des lignes concernant
le logement social progresse sensiblement :
- les crédits de paiement pour
l'amélioration de la
qualité de service dans le logement social
sont presque
triplés et passent de 11,4 à 31,6 millions d'euros. Les
autorisations de programme sont en revanche réduites de 47,3 à
31,3 millions d'euros.
- les
crédits pour la construction et l'amélioration de
l'habitat locatif social
progressent de 401 à 435,5 millions d'euros
(+ 8,6 %), les autorisations de programme passant de 459,1 à 474
millions d'euros (+ 3,2 %). Cette ligne dite "fongible" finance les
prêts locatifs aidés, les prêts locatifs à usage
social PLUS et les primes à la réhabilitation PALULOS.
- les
subventions au titre d'acquisitions foncières pour
l'implantation de logements locatifs en Ile-de-France
passent de 33,2
à 39 millions d'euros en crédits de paiement et de 63,8
à 80 millions d'euros en autorisations de programme.
- les
aides à la préparation et à la mise en oeuvre des
opérations d'amélioration de l'habitat
progressent de 7,6
à 17 millions d'euros en moyens de paiement, mais avec une
réduction de 20,6 à 18 millions d'euros en autorisations de
programme.
- les
opérations les plus sociales
(réquisitions,
démolitions et changement d'usage, aires d'accueil des gens du voyage)
progressent de 69 à 72,8 millions d'euros en crédits de paiement
et diminuent de 102,9 à 95,4 millions d'euros en autorisations de
programme.
- les
subventions d'investissement à l'Agence nationale pour
l'amélioration de l'habitat (ANAH)
qui incluent les versements de la
prime à l'amélioration de l'habitat (PAH) s'élèvent
à 411,6 millions d'euros en crédits de paiement, soit une
progression substantielle de 13,2 %. Il faut toutefois noter que cette
progression apparente pourrait ne pas être suffisante compte de la forte
réduction de la trésorerie de l'ANAH en 2002 (cette
trésorerie avait permis de suppléer la réduction des
moyens budgétaires). De surcroît, les autorisations de programme
de l'ANAH sont réduites de 11 % ce qui laisse craindre une
réduction réelle de ses interventions
2(
*
)
.
Les crédits pour la
résorption de l'habitat insalubre
sont
stables à 8,93 millions d'euros pour 2003.
Enfin, la seule ligne budgétaire réduite en crédits de
paiement comme en autorisations de programme pour 2003, et sur laquelle porte
donc l'essentiel de l'effort d'économie, est la ligne consacrée
aux subventions du prêt à taux zéro. Les moyens de paiement
sont réduits de 884,2 à 780 millions d'euros (-11,8 %) et
les moyens d'engagement sont réduits de 869 à 778
millions d'euros (-10,5 %).
La diminution du coût moyen des
prêts est invoquée pour expliquer cette nouvelle réduction,
mais elle traduit en fait la réduction en termes réels du
dispositif engagée depuis plusieurs années, et ceci malgré
l'appréciation très positive sur l'efficacité sociale et
économique.
B. LES AGRÉGATS
Le budget de l'urbanisme et du logement comprend deux grands agrégats : « solidarité dans le logement » et « développement de l'habitat et renouvellement urbain ».
(en millions d'euros)
|
Crédits votés en 2002 |
Crédits demandés |
Evolution |
|||
Agrégats |
|
en 2003 |
|
|||
|
DO + CP |
AP |
DO + CP |
AP |
DO + CP |
AP |
Solidarité dans le logement |
5.349,2 |
- |
5.349,0 |
- |
0,0% |
- |
Développement de l'habitat et renouvellement urbain |
1.953,8 |
2.141,9 |
1.943,8 |
1.979,3 |
-0,5% |
-7,6% |
TOTAL |
7.302,9 |
2.141,9 |
7.292,8 |
1.979,3 |
-0,1% |
-7,6% |
1. Solidarité dans le logement
L'agrégat « solidarité dans le
logement » est la nouvelle dénomination de l'ancien
agrégat « aides à la personne ».
Il regroupe la contribution de l'Etat aux
aides à la personne
,
qui ont pour finalité d'abaisser, dans le secteur locatif ainsi que dans
le secteur de l'accession, le taux d'effort des ménages, et
les
subventions pour les personnes défavorisées
(fonds de
solidarité pour le logement, subventions aux associations) ou
les
accédants en difficulté
(fonds d'aide aux accédants en
difficulté).
-
• La contribution de l'Etat au financement des aides à la
personne, aide personnalisée au logement (APL) et allocation de logement
sociale (ALS) atteint donc 5,23 milliards d'euros en 2003 soit une
stabilité par rapport à 2002.
Pour la première fois, la contribution au Fonds national de l'habitat (FNH), qui verse l'APL et la contribution au Fonds national de l'aide au logement (FNAL), qui verse l'ALS, sont fusionnées sous l'appellation « contribution de l'Etat au financement des aides à la personne ».
Les années précédentes, notre collègue Jacques Pelletier, rapporteur spécial, avait critiqué les estimations des dotations aux deux fonds, le FNH et le FNAL, qui ne recouvraient absolument pas l'évolution des prestations. Cette fusion des moyens met donc fin à la fiction de deux aides distinctes de l'Etat et pourrait présager d'une fusion réelle des fonds dans un objectif de simplification.
• L'effort de solidarité en faveur du logement des personnes modestes se complète de deux contributions aux actions des départements et des associations :
- 31,7 millions d'euros pour l'aide au logement temporaire , soit une diminution de 4,2 %. L'an passé, la ligne avait fortement progressé pour donner des moyens nouveaux destinés à financer les aides à la gestion des aires de nomades. Les aires d'accueil bénéficient, par ailleurs, d'aides à l'investissement pour leur réalisation ou leur réhabilitation pour un montant de 32,6 millions d'euros (à comparer à 22,87 millions d'euros en LFI 2002).
2. Développement de l'habitat et renouvellement urbain
Cet
agrégat regroupe une série d'anciens agrégats :
« logement", "études, expérimentation, information",
"recherche", "aménagement foncier et urbanisme". Malgré sa
diversité,
l'essentiel de l'agrégat est constitué des
aides à la pierre.
Les aides à la pierre, plus particulièrement concentrées
sur le chapitre 65-48 (construction et amélioration de l'habitat) sont
stables en moyens de paiement mais diminuent de 7,6 % en autorisations de
programmes.
•
La
ligne fongible
(prêts locatifs
aidés PLA-prêts locatifs à usage social PLUS-primes
à l'amélioration des logements à usage locatif et à
occupation sociale-PALULOS), destinée à la construction et
à la réhabilitation des HLM (chapitre 65-48/10) progresse de 401
à 435,5 millions d'euros (+ 8,6 %), les autorisations de
programme passant de 459,1 à 474 millions d'euros (+ 3,2 %).
Cette dotation permettra
la réalisation effective de 54.000
logements
en 2003, soit un niveau sensiblement égal à celui
budgété en 2002 (55.000) auxquels devraient s'ajouter près
de 4.000 logements réalisés par la nouvelle association
foncière du 1 % logement, créée à l'initiative
du Sénat par la loi de finances pour 2002.
L'augmentation de la ligne devrait permettre surtout de faire davantage de
PALULOS
, qui avaient été réduits ces dernières
années, de façon à satisfaire les besoins de
réhabilitation du patrimoine HLM ; parmi les 100.000 logements
réhabilités, les opérations relevant des sites
prioritaires de la politique de la ville ou intégrés dans une
action de renouvellement urbain ainsi que les opérations concernant la
mise en sécurité des installations d'ascenseur seront
prioritaires.
Il faut noter
que l'an dernier avait été annoncée la
distribution de 110.000 PALULOS contre 120.000 en 2001
, mais que ces
chiffres n'ont pas été respectés, l'année 2001
ayant connu une très forte chute des opérations de
réhabilitation lourdes, de 123.000 à 88.000. Paradoxalement,
l'objectif de 100.000 PALULOS pour 2003 est donc un objectif plus
réaliste que celui de l'an dernier, compte tenu des nouveaux moyens
financiers dégagés.
•
L'accession à la propriété
(article 65-48/30) bénéficiera de 780 millions d'euros
de crédits de paiement en 2002. Depuis 1998, les dotations en faveur de
l'accession à la propriété auront diminué de
234 millions d'euros.
•
La subvention d'investissement à
l'Agence
nationale pour l'amélioration de l'habitat
(ANAH) qui inclue les
versements de la prime à l'amélioration de l'habitat (PAH)
s'élève à 411,6 millions d'euros en crédits de
paiement, soit une progression de 13,2 %. Elle est toutefois réduite de
11 % en autorisations de programme de 442,1 à 392 millions d'euros, ce
qui laisse craindre une réduction de ses interventions, comme cela s'est
amorcé ces deux dernières années
4(
*
)
.
C. UN EFFORT GLOBAL TRÈS IMPORTANT
1. D'importantes aides fiscales et ressources extra-budgétaires
L'examen du seul budget de l'urbanisme et du logement ne permet pas d'avoir une idée précise de l'effort collectif en faveur du logement. En effet, des mesures très importantes concernant le secteur du logement sont décidées en dehors de la discussion du budget du logement, ou sous la forme de mesures fiscales. Le tableau ci-après montre que l'effort global en faveur du logement s'est fortement accentué en 1999 et en 2000 pour connaître une pause depuis 2001 5( * ) .
EFFORT PUBLIC EN FAVEUR DU LOGEMENT hors collectivités locales (DO + CP ouverts en LFI en M€)
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
PLF 2003 |
|
Aides personnelles au logement (APL et ALS via FNAL et FNH) |
4 532 |
5 054 |
5 279 |
5 236 |
5 336 |
5 234 |
5 239 |
FSL/ ALT/FAAD |
69 |
70 |
104 |
110 |
110 |
115 |
110 |
Total aides budgétaires à la personne |
4 601 |
5 124 |
5 384 |
5 346 |
5 445 |
5 349 |
5 349 |
Anciennes aides aux HLM et à l'accession |
204 |
116 |
98 |
51 |
37 |
31 |
22 |
Fonds de garantie de l'accession sociale (FGAS) |
61 |
40 |
46 |
65 |
56 |
38 |
28 |
Prêt à 0% |
1 067 |
1 012 |
956 |
899 |
894 |
886 |
782 |
Construction et amélioration de l'habitat (Ligne fongible) |
545 |
489 |
440 |
415 |
457 |
446 |
506 |
Amélioration de l'habitat (ANAH+PAH+RHI) (1) |
409 |
442 |
459 |
469 |
419 |
373 |
421 |
Aide au logement dans les DOM (1) |
71 |
87 |
137 |
140 |
145 |
161 |
173 |
Compte d'affectation spéciale Ile de France (2) |
86 |
78 |
75 |
0 |
0 |
0 |
|
Opérations sociales et divers |
30 |
56 |
45 |
58 |
55 |
102 |
112 |
Total aides budgétaires à la pierre |
2 473 |
2 320 |
2 256 |
2 097 |
2 063 |
2 036 |
2 043 |
Epargne-logement |
915 |
1 235 |
1 235 |
1 143 |
1 372 |
1 479 |
1 480 |
Compensation de l'exonération de TFPB |
95 |
69 |
45 |
30 |
120 |
96 |
96 |
Compensation de la réduction des droits de mutation à titre onéreux (part logement) |
564 |
1 273 |
1 317 |
1 370 |
1 402 |
||
TOTAL AIDES BUDGETAIRES |
8 083 |
8 747 |
9 483 |
9 890 |
10 317 |
10 330 |
10 370 |
Réduction d'impôt des propriétaires occupants * (3) |
1 540 |
1 671 |
1 616 |
1 229 |
535 |
310 |
185 |
Régime TVA des travaux dans les locaux à usage d'habitation * |
656 |
3 049 |
3 300 |
3 400 |
3 500 |
||
Réduction d'impôt des propriétaires bailleurs * |
1 220 |
1 442 |
1 531 |
1 804 |
1 967 |
1 966 |
1 927 |
Exonération des intérêts et primes des CEL et PEL * |
1 189 |
1 342 |
1 342 |
1 570 |
1 675 |
1 780 |
1 880 |
Exonération des organismes HLM de l'IS |
213 |
198 |
259 |
259 |
310 |
299 |
290 |
Régime TVA des terrains à bâtir pour la construction de logements sociaux |
102 |
61 |
50 |
46 |
44 |
44 |
44 |
Régime TVA sur la construction, l'aménagement ou la vente de logements sociaux |
183 |
320 |
610 |
717 |
660 |
638 |
633 |
Exonération de l'IR des intêrets livret A- part logement * |
610 |
595 |
579 |
503 |
475 |
570 |
585 |
Total dépenses fiscales (4) |
5 057 |
5 628 |
6 642 |
9 177 |
8 966 |
9 007 |
9 044 |
1% logement (Total des emplois à long terme) * |
1 849 |
1 816 |
1 852 |
1 875 |
2 328 |
2 420 |
2 600 |
Contribution des régimes sociaux au financement de l'AL et de l'APL * |
5 586 |
5 751 |
5 950 |
6 024 |
6 212 |
6 496 |
6 510 |
Contribution des employeurs au FNAL * |
1 305 |
1 381 |
1 506 |
1 441 |
1 659 |
1 678 |
1 726 |
TOTAL AIDES NON BUDGETAIRES |
13 795 |
14 577 |
15 950 |
18 517 |
19 165 |
19 601 |
19 880 |
TOTAL GENERAL |
21 878 |
23 324 |
25 433 |
28 407 |
29 482 |
29 931 |
30 250 |
progression/année n-1 |
-0,3% |
6,6% |
9,0% |
11,7% |
3,8% |
1,5% |
1,1% |
*
Estimations pour 2002 et 2003
(1) A partir de 1998, les opérations nouvelles au titre de la RHI dans
les DOM sont inscrits sur le budget de l'Outre-mer
(2) CAS 902-30 supprimé en LFI 2000. Crédits inscrits sur le
budget général à partir de 2000.
(3) Cette série ne tient plus compte de l'exonération du revenu
en nature des logements dont le propriétaire se réserve la
jouissance.
(5) La suppression de la contribution annuelle représentative du droit
de bail prévue en LFI 2000 n'est pas prise en compte, dans la mesure
où elle ne constitue pas une disposition dérogatoire en faveur du
logement à un impôt existant, mais conduit à la disparition
d'un impôt notamment applicable au logement.
2. Un effort global pourtant difficile à chiffrer
Les mesures fiscales en faveur du logement sont importantes. Le tableau ci-joint en livre le détail, par catégorie de bénéficiaires. On notera que certaines mesures ne sont pas chiffrées par les services du ministère des finances.
|
|
Evaluation en M€
|
||
Intitulé de la mesure |
Art. CGI |
|||
|
|
2001 |
2002 |
2003 |
Propriétaires occupants |
|
|
|
|
Réduction d'impôt au titre des intérêts des emprunts contractés pour l'habitation principale |
199 sexies |
390 |
210 |
60 |
Crédit d'impôt pour dépenses d'acquisition de gros équipements et assimilés |
200 quater |
63 |
100 |
125 |
Exonération des plus-values de cession des résidences principales et de certains logements |
150 C-I et II |
nc 6( * ) |
nc |
nc |
Abattement sur la résidence principale pour l'assiette de l'ISF |
885 S |
107 |
111 |
115 |
Abattement sur la résidence principale pour l'assiette des droits de successions |
764 bis |
nc |
nc |
nc |
Bailleurs privés |
|
|
|
|
Réduction d'impôt au titre des dépenses engagées pour la construction ou l'acquisition de logements neufs destinés à la location (dépenses engagées jusqu'au 31 décembre 1997). |
199 nonies à 199 decies D |
6 |
- |
- |
Réduction d'impôt au titre des investissements locatifs dans les résidences de tourisme situées dans les zones de revitalisation rurale |
199 decies E, F et G |
2 |
4 |
7 |
Exonération du revenu des logements loués à certaines personnes défavorisées |
15 bis |
69 |
69 |
46 |
Déduction des dépenses de grosses réparations et d'amélioration. |
31-I-1° a,b,b bis et 31-I-2°a |
800 |
820 |
870 |
Déduction forfaitaire majorée sur les revenus des logements neufs et des logements loués sous conditions de loyer et de ressources du locataire |
31-I-1° e |
36 |
31 |
28 |
Déduction au titre de l'amortissement sur les revenus des logements neufs loués à usage d'habitation principale (sous conditions de loyer et de ressources du locataire à compter du 1.1.1999) |
31-I-1°-f et g |
604 |
582 |
514 |
Déduction des dépenses de démolition et de reconstitution de toiture ou des murs extérieurs effectuées dans les zones franches urbaines. |
31-I-1 b
quater
|
nc |
nc |
nc |
Déduction forfaitaire majorée sur les revenus des logements loués à des personnes modestes |
31-I-1° e |
- |
- |
15 |
Régime d'imposition simplifié des revenus fonciers (régime micro-foncier) |
32 |
75 |
90 |
90 |
Exonération des produits tirés de sous-locations de logements consenties à des personnes socialement défavorisées |
92 L |
nc |
nc |
nc |
Exonération accordée sous certaines conditions, aux personnes louant ou sous-louant en meublé, une partie de leur habitation principale. |
35 bis-I et II |
nc |
nc |
nc |
Exonération des revenus tirés des locations de logements meublés à des personnes défavorisées |
35 bis-III |
nc |
nc |
nc |
Logement social |
|
2001 |
2002 |
2003 |
Exonération d'IS des organismes d'HLM et des offices publics d'aménagement et de construction (OPAC) |
207-1-4°,4°bis et 4°ter |
310 |
299 |
290 |
Exonération des transferts de biens de toute nature opérés entre organismes HLM et sociétés de crédit immobilier ou leurs unions en matière de droit proportionnel |
1051-1° |
nc |
nc |
nc |
Application du droit réduit de 1 % sur les cessions d'actions de sociétés d'économie mixte exerçant une activité de construction ou de gestion de logements sociaux et d'organismes d'HLM |
762-I-2° |
nc |
nc |
nc |
Enregistrement gratis des constitutions et dissolutions d'organismes d'habitation à loyer modéré |
1052-I |
nc |
nc |
nc |
Exonération de TVA des cessions de terrains par les collectivités locales aux offices publics d'HLM |
261-5-2° |
nc |
nc |
nc |
Exonération de TVA de la vente de logements sociaux par les organismes d'HLM et les sociétés d'économie mixte. |
261-5-7° |
|
|
|
Taux de 5,5 % applicable aux terrains à bâtir achetés par des organismes d'HLM ou des personnes bénéficiaires de prêts spécifiques pour la construction de logements sociaux à usage locatif |
278 sexies I-1 et II |
44 |
44 |
44 |
Taux de 5,5% pour les livraisons à soi-même d'opérations de construction ou de travaux d'amélioration, de transformation, d'aménagement et d'entretien de logements sociaux à usage locatif et pour la vente de logements sociaux neufs à usage locatif |
278 sexies I-2,3 et 4 |
660 |
638 |
633 |
Autres mesures |
|
|
|
|
Crédit d'impôt pour dépenses d'entretien de l'habitation principale |
200 ter |
82 |
- |
- |
Exonération d'impôt sur le revenu de l'allocation logement et de l'aide personnalisée au logement |
81-2° bis |
450 |
460 |
460 |
Exonération d'impôt sur le revenu des intérêts et primes versés dans le cadre de l'épargne logement |
157-9° bis |
1 675 |
1 780 |
1 880 |
Exonération des plus-values immobilières issues de petits patrimoines et des plus-values de cessions de faible importance |
150 B, 150 F |
nc |
nc |
nc |
Abattements divers sur le montant de la plus-value imposable. |
150 Q, DA |
nc |
nc |
nc |
D'une
manière générale, le tableau sur l'effort global de la
Nation en faveur du logement fait apparaître
des évolutions
majeures, et notamment l'accroissement des dépenses fiscales dans
l'ensemble des dépenses en faveur du logement.
La montée en
charge du régime de TVA à taux réduit pour les logements
sociaux, sous forme de livraison à soi-même, depuis 1997 est un
premier élément. La mise en oeuvre d'une baisse
généralisée de la TVA sur les travaux
réalisés dans les logements à usage d'habitation, pour un
coût estimé à 3,5 milliards d'euros, mesure reconduite en
2003, est le second élément qui permet d'expliquer l'importance
grandissante des mesures fiscales dans la politique du logement.
Parmi l'évolution générale des aides au logement, on
peut également distinguer l'évolution des aides à la
pierre par rapport à celle des aides à la personne.
Les aides budgétaires à la pierre ne représentent que
6,7 % du total des dépenses en faveur du logement
en
2003
soit une légère diminution par rapport à 2002, et
les aides à la personne passent de 18,2 % du total en 2002 à
17,7 % en 2003. A titre de comparaison, les aides fiscales représentent
29,9 % du total en 2003 contre 30,8 % en 2002 : le maintien des aides
fiscales s'explique en particulier par le prolongement de la TVA à taux
réduit sur les travaux réalisés dans les logements
d'habitation.
Les lignes qui augmentent le plus fortement sont celles consacrées
à
l'épargne-logement
et diverses contributions
« non budgétaires » comme le 1 % logement et
les contributions
des régimes sociaux
aux aides personnelles
au logement.
Part des dépenses d'épargne-logement dans les aides
budgétaires au logement
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
1 235 |
1 143 |
1 372 |
1 479 |
1 480 |
9 483 |
9 890 |
10 317 |
10 330 |
10 370 |
13,02% |
11,56% |
13,30% |
14,32% |
14,27% |
Pour
2003, les versements au titre de l'épargne-logement atteindront 1,48
milliard d'euros, alors que l'ensemble des aides budgétaires à la
pierre ne représente que 2 milliards d'euros
(prêt à
taux zéro, prêts à la construction sociale, subventions
pour l'amélioration de l'habitat privé).
La mention de l'épargne-logement dans les aides budgétaires au
logement montre enfin la limite de la présentation globale de l'effort
de la Nation en faveur du logement.
Des différences d'appréciation existent au sein même des
présentations des services de l'Etat : le compte du logement
considère, par exemple, que les avantages fiscaux liés à
l'exonération des intérêts du livret A et de
l'épargne logement n'ont pas à être comptabilisés
« en faveur du logement » car ce sont des avantages accordés
aux épargnants. Toutefois, dans le tableau « effort public en
faveur du logement » présenté plus haut et conçu par
la direction du budget, ont été rajoutées à cette
liste l'exonération des intérêts et primes versés
dans le cadre de l'épargne logement ainsi que l'exonération des
intérêts des livrets A.
Il conviendrait qu'une coordination s'établisse entre les services de
l'Etat pour distinguer clairement ce qui relève de l'aide au logement de
ce qui relève, par exemple, du soutien à l'épargne
populaire. La faible utilis ation des plans d'épargne-logement pour des
acquisitions immobilières plaide actuellement pour une
présentation de l'épargne-logement comme un simple produit
d'épargne non spécifique au logement.
II. L'EXÉCUTION DU BUDGET « URBANISME ET LOGEMENT » EN 2001 ET 2002
A. L'EXÉCUTION DU BUDGET EN 2001
1. Des annulations au-delà du contrat de gestion
Pour
l'année 2001, le gouvernement a reconduit le dispositif du
« contrat de gestion » instauré en 1999 et dont l'objet
est de mettre en réserve certains crédits correspondant à
des économies constatées, après un examen contradictoire
des perspectives de consommation pour l'année entre la direction du
budget et le ministère dépensier. Ce contrat de gestion se
décline en deux volets :
- pour l'ensemble des crédits en dépenses ordinaires et
dépenses en capital, des gels en vue d'annulations futures ;
- un engagement pour les dépenses ordinaires et les crédits de
paiement sur un montant minimum de reports.
Au total, les crédits annulés dans le cadre du contrat de gestion
ont été de 472 millions d'euros en autorisations de programme et
de 265,787 millions d'euros en dépenses ordinaires plus crédits
de paiement.
Les annulations de crédits ont été opérées
par trois arrêtés en date du 21 mai 2001, du 14 novembre 2001 et
du 27 décembre 2001.
Par ailleurs, la direction générale de l'urbanisme, de l'habitat
et de la construction s'était engagée à maintenir sur son
budget 134,7 millions d'euros de reports à fin 2001 en dépenses
ordinaires et crédits de paiement.
La négociation du contrat de gestion et des annulations a eu pour
contrepartie une négociation sur les redéploiements
autorisés.
(en millions de francs)
|
Contrat de gestion |
Arrêté 21 mai 2001 |
Arrêté 14 novembre 2001 |
Arrêté 27 décembre 2001 |
Total annulations |
||||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
|
AP |
CP |
TOTAL TITRE III |
0,0 |
-50,0 |
0,0 |
-50,0 |
0,0 |
-1,5 |
|
- |
-51,5 |
37-40 saturnisme |
|
-50,0 |
|
-50,0 |
|
-1,5 |
|
- |
-51,5 |
TOTAL TITRE IV |
0,0 |
-525,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
-1300,0 |
|
- |
-1300,0 |
4 ème partie |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
|
- |
|
6 ème partie |
0,0 |
-525,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
-1300,0 |
|
- |
-1300,0 |
46-40 FNAL/FNH |
|
-500,0 |
|
|
|
-1275,0 |
|
- |
-1275,0 |
46-50 FSL/ALT/FAAD |
|
-25,0 |
|
|
|
-25,0 |
|
- |
-25,0 |
TOTAL TITRE V |
-12,0 |
-32,0 |
-10,0 |
-10,0 |
-2,0 |
-44,0 |
|
-12,0 |
-54,0 |
55-21 urbanisme, acquisitions |
-10,0 |
-10,0 |
-10,0 |
-10,0 |
|
|
|
-10,0 |
-10,0 |
57-30 études |
-2,0 |
-22,0 |
|
|
-2,0 |
-44,0 |
|
-2,0 |
-44,0 |
TOTAL TITRE VI |
-210,0 |
-340,0 |
-200,0 |
-140,0 |
-60,0 |
-198,0 |
-200,0 |
-460,0 |
-338,0 |
65-23 Urbanisme, aménagement |
|
|
|
|
|
-38,0 |
|
|
-38,0 |
65-48 : |
-210,0 |
-340,0 |
-200,0 |
-140,0 |
-60,0 |
-160,0 |
-200,0 |
-460,0 |
-300,0 |
dont Ligne fongible |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
- art 02 qualité de service |
200,0 |
|
|
|
|
|
|
- |
|
- art 10 locatif social |
0,0 |
|
|
|
|
|
|
- |
|
- art 20 surcharge foncière IdF |
-160,0 |
-100,0 |
|
|
|
-55,0 |
|
- |
-55,0 |
- art. 40 Prêt à taux zéro |
|
|
|
|
-50,0 |
-105,0 |
|
-50,0 |
-105,0 |
- art. 60 Opérations soc |
100,0 |
-50,0 |
|
-50,0 |
|
|
|
|
-50,0 |
- art 70 RHI |
-50,0 |
|
|
|
-10,0 |
|
|
-10,0 |
|
- art 90 ANAH |
-300,0 |
-190,0 |
-200,0 |
-90,0 |
|
|
-200,0 |
-400,0 |
-90,0 |
TOTAL LOGEMENT |
-222,0 |
-947,0 |
-210,0 |
-200,0 |
-62,0 |
-1543,5 |
-200,0 |
-472,0 |
-1743,5 |
Les
annulations les plus significatives ont porté sur
les aides
personnelles au logement
,
et ceci bien au-delà du contrat de
gestion.
Ainsi, les crédits annulés ont représenté 195
millions d'euros sur les aides personnelles
, soit 4 % des crédits
initiaux.
Il s'agissait de l'annulation de crédits budgétaires constitutifs
d'une « cagnotte » accumulée depuis l'exercice 2000,
mais qui n'était pas visible dans les comptes de l'Etat. En effet, les
versements de l'Etat aux caisses d'allocations familiales (CAF) pour les aides
personnelles correspondent aux crédits budgétaires et ne tiennent
compte qu'
a posteriori
et selon un mécanisme complexe,
de
l'évolution réelle des aides. De cet écart aurait
résulté sur les deux dernières années un
excédent de trésorerie au profit des caisses d'allocations
familiales (CAF) que l'Etat n'a récupéré que très
tardivement.
L'an passé, notre collègue Jacques Pelletier, rapporteur
spécial avait mis en valeur cette anomalie :
« Votre rapporteur spécial regrette ce manque
caractérisé de transparence du budget de l'Etat en matière
de dotations aux aides personnelles. Chaque année, les aides
personnelles au logement évoluent de manière
incompréhensible entre les deux fonds qui les gèrent (fonds
national d'aide au logement, fonds national de l'habitat), l'impact des
revalorisations au 1
er
juillet et des aménagements
n'étant pas clairement identifié. Le Parlement est ainsi
amené à voter des dotations de plus en plus
éloignées de la réalité des besoins et ne
bénéfice pas du minimum de sincérité sur
l'évolution réelle des dotations aux aides personnelles au
logement. »
On ne peut que se réjouir que des améliorations de
présentation aient lieu dans le budget pour 2003 (fusion des aides
budgétaires) mais de nombreux efforts restent à
réaliser.
Enfin, les annulations ont été particulièrement
importantes sur le chapitre 65-48 « construction et
amélioration de l'habitat » et en particulier sur le budget du
prêt à taux zéro et sur celui de l'ANAH
. On peut
d'ailleurs noter que les annulations sur les crédits de l'ANAH ont
clairement dépassé les estimations du contrat de gestion. La
dernière annulation, par arrêté du 27 décembre
2001, a suivi de quelques jours la revalorisation des moyens de l'Agence
votée à l'initiative du Parlement.
2. La consommation des crédits en 2001
Au
total, la consommation des crédits du budget « urbanisme et
logement » en 2001 est assez élevée :
-
96,7 % du total des crédits disponibles soit 93,7 % du total des
crédits obtenus en loi de finances initiale ont été
consommés pour les dépenses ordinaires
: seules les
dépenses de lutte de saturnisme demeurent à un niveau très
inférieur aux prévisions ;
-
94 % des crédits disponibles pour les autorisations de programme
et 87,7 % des crédits disponibles pour les crédits de paiement
ont été consommés
. Sur le chapitre 65-48 qui
représente 95 % des crédits du titre VI, à
l'exception des articles budgétaires 65-48/40 «Accession à
la propriété Prêt sans intérêt» et
65-48/90 «Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat
Subventions d'investissement » qui ont connu une réduction sensible
de leur consommation au regard de celle de l'année antérieure,
tous les autre articles sont très fortement consommés, notamment
en raison de l'effet du plan de relance du logement social sur les articles
65-48/10 (ligne fongible) et 65-48/20 (surcharge foncière en Ile de
France).
B. L'EXÉCUTION DU BUDGET EN 2002
1. Les modifications de crédits en cours d'année
Les
reports de crédits
de 2001 sur 2002 ont été
actés par les arrêtés suivants :
-
pour les dépenses ordinaires
par deux arrêtés en
date du 26 mars 2002. Ces reports étaient de 171,4 millions d'euros dont
144,8 millions d'euros sur le chapitre 46-40 « contribution de l'Etat au
financement des aides à la personne ». Il s'agit de crédits
engagés non mandatés.
-
pour les crédits de paiement
par arrêté du 25 mars
2002 pour un montant de 226,528 millions d'euros.
Par décret du 7 février 2002,
7,6 millions d'euros ont
été annulés sur l'article 65-48/40 « Accession
à la propriété. Prêts sans
intérêt. ».
Cette annulation est intervenue en
contrepartie de l'ouverture du décret d'avance n°2002-143 du 7
février 2002 destiné à réduire une partie du
déficit de la compagnie Air Liberté.
Le principal fait à relever est la mise en oeuvre de la
régulation républicaine
qui s'est accompagnée d'un gel
d'une partie des crédits, gels qui ont été levés en
mi-septembre .
Le taux de consommation des crédits, au 30 septembre 2002,
s'élève à :
- 69,5 % de la dotation disponible pour les dépenses ordinaires
(68,5 % constaté au 30 septembre 2001).
- 49,9 % de la dotation disponible pour les autorisations de programme
(71,5 % constaté au 30 septembre 2001).
- 53,3 % de la dotation disponible pour les dépenses en crédits
de paiement (64,9 % constaté au 30 septembre 2001).
Il y a donc manifestement une réduction de la consommation des
crédits d'investissement du budget de l'urbanisme et du logement, qui se
confirme avec les annulations inscrites dans le second projet de loi de
finances rectificative pour 2002 présenté par le Gouvernement.
2. Les modifications de crédits dans le projet de loi de finances rectificative pour 2002
Les
ouvertures de crédits
pour le budget de l'urbanisme et du
logement dans le projet de loi de finances rectificative pour 2002 sont
très faibles et s'élèvent à 4,18 millions d'euros
en dépenses ordinaires. La décomposition de ces crédits
est la suivante :
- 175.051 euros sur le chapitre 44-30 (interventions en faveur du logement, de
l'habitat et de l'urbanisme) correspondant au remboursement à l'Agence
foncière et technique de la région parisienne (AFTRP) des
indemnités de licenciement de personnels de la mission d'étude du
schéma directeur de la région Ile-de-France (SDRIF).
- 4 millions d'euros sur le chapitre 55-21 (urbanisme, acquisition et travaux)
correspondant au rattachement de produits de cessions immobilières
provenant de l'ex Fonds d'aménagement de la région Ile-de-France
(FARIF).
Les
annulations de crédits
sont par contre importantes
puisqu'elles s'élèvent à 224,75 millions d'euros en
dépenses ordinaires et crédits de paiement et 138 millions
d'euros en autorisations de programme.
Ce sont les dépenses
d'investissement qui sont le plus touchées
, alors que les
années précédentes, des économies de constatation
avaient également pu être réalisées sur les aides
personnelles au logement.
- en
dépenses ordinaires
, 12,7 millions d'euros sont
annulés, dont 8,4 millions d'euros sur le chapitre 37-40 consacré
à la lutte contre le saturnisme et 4 millions d'euros sur le chapitre
46-50 relatif à la participation de l'Etat aux fonds de
solidarité pour le logement, aux fonds d'aides aux accédants en
difficulté et au logement des personnes défavorisées.
- en
dépenses en capital
, 224,7 millions d'euros en
crédits de paiement et 138 millions d'euros en autorisations de
programme sont annulés.
Les annulations de crédits portent
pour l'essentiel sur le chapitre 65-48 (construction et amélioration de
l'habitat) pour 211,5 millions d'euros en crédits de paiement
et
128 millions d'euros en autorisations de programme
. Les autres annulations
portent sur le chapitre 65-23 (urbanisme, aménagements du cadre de vie
urbain) pour 9,9 millions d'euros en crédits de paiement, sur le
chapitre 57-30 (études en matière de construction, de logement,
d'habitat et d'urbanisme) pour 3,35 millions d'euros en crédits de
paiement et 6,85 millions d'euros en autorisations de programme.
Si l'on décompose davantage le chapitre 65-48, les annulations en
crédits de paiement concerneraient, sous réserve
d'éventuelles modifications, les subventions pour l'implantation de
logements locatifs en Ile-de-France à hauteur de 50 millions d'euros,
les prêts à aux zéro à hauteur de 61,5 millions
d'euros, les opérations les plus sociales à hauteur de 35
millions d'euros et les subventions d'investissement de l'Agence nationale
d'amélioration de l'habitat à hauteur de 65 millions d'euros. Les
annulations portent donc essentiellement sur l'aide à la pierre dans le
logement privé, ce qui confirme la tendance à la réduction
de ces interventions de l'Etat observée depuis deux ans par votre
commission.
CHAPITRE II :
LES AIDES PERSONNELLES AU LOGEMENT, MAÎTRISER
LA DÉPENSE DANS UN CONTEXTE BUDGÉTAIRE PLUS DIFFICILE
I. LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE A PERMIS A L'ÉTAT DE RÉALISER DES ÉCONOMIES SUBSTANTIELLES
A. UNE STABILISATION DES AIDES VERSÉES AUX MÉNAGES, DES CONTRIBUTIONS DES EMPLOYEURS EN HAUSSE
1. Une stabilisation du nombre de bénéficiaires
Entre
1991 et 1998, le nombre de bénéficiaires des aides personnelles
au logement s'est accru de 34 %, passant de 4,7 millions à
6,3 millions de bénéficiaires. Depuis, ce chiffre s'est
stabilisé pour décroître même
légèrement.
En effet, le « bouclage » est terminé.
L'évolution d'une année sur l'autre n'est plus liée
qu'à l'augmentation générale du nombre des ménages,
aux comportements de « décohabitation », aux
modifications de la réglementation (par exemple l'augmentation des
loyers plafonds supérieure à celle des loyers réels
conduit à élargir le champ des bénéficiaires) et
à la situation économique générale qui conduit les
ménages à « rentrer ou sortir » du
système des aides personnelles.
Les aides personnelles au logement
concernent 6,2 millions de ménages
en 2001, dont 5,3 millions au titre de la location et 853.000 au titre de
l'accession
. Le nombre de bénéficiaires d'aides à
l'accession se réduit progressivement au profit des
bénéficiaires d'aides à la location, même si le
nombre de ces derniers s'est stabilisé depuis 1998, en raison de
l'amélioration de la conjoncture économique.
Les bénéficiaires des aides personnelles au logement
Nombre
en milliers
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Location |
5.176 |
5.186 |
5 . 360 |
5 . 368 |
5 . 391 |
5.345 |
Accession |
973 |
994 |
943 |
905 |
887 |
853 |
TOTAL |
6.158 |
6.169 |
6.303 |
6.274 |
6.278 |
6.198 |
2. Des dotations budgétaires maîtrisées
Les
aides à la personne comprennent donc des aides à la location
(87,4 %) et dans une moindre mesure des aides à l'accession
(12,6 %).
Les prestations versées s'élèvent à 12,7
milliards d'euros en 2001
, dont 6 milliards d'euros pour l'aide
personnalisée au logement, 3,7 milliards d'euros pour l'allocation de
logement sociale et 3 milliards d'euros pour l'allocation de logement familiale.
(en milliards d'euros )
|
APL |
ALS |
ALF |
Total |
Locatif |
5,1 |
3,6 |
2,4 |
11,1 |
Accession |
0,9 |
0,1 |
0,6 |
1,6 |
TOTAL |
6,0 |
3,7 |
3,0 |
12,7 |
Source : balances comptables 2001 CNAF et CCMSA (montants arrondis à la centaine de millions)
Les prestations sont prises en charge pour environ 40 % par l'Etat . Cette part a eu tendance à se réduire ces dernières années, compte tenu de l'augmentation des cotisations employeurs et de la baisse corrélative des prestations. Entre 1997 et 2001, les versements des employeurs ont progressé de 1 milliard d'euros, pour atteindre 7,9 milliards d'euros tandis que les versements de l'Etat se sont stabilisés à près de 5 milliards d'euros. L'Etat a donc pleinement profité de la croissance, ce qui pourrait poser problème pour les années à venir.
Part de l'Etat dans le financement des aides à la personne
(en millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
TOTAL ETAT |
4.941 |
4.925 |
5.104 |
5.262 |
4.997 |
TOTAL EMPLOYEURS |
6.873 |
7.111 |
7.436 |
7.465 |
7.870 |
PART DE L'ETAT DANS LE FINANCEMENT TOTAL |
41,8% |
40,9% |
40,7% |
41,3% |
38,8% |
3. Une réforme des aides personnelles financée par la croissance
Un
groupe de travail avait été mis en place suite à la
signature de la convention d'objectifs et de gestion entre l'Etat et la Caisse
nationale d'allocations familiales le 14 mai 1997. Sur la base de ses travaux,
le précédent Gouvernement a présenté une
réforme des aides personnelles en 2000.
Cette réforme poursuivait deux objectifs :
- harmoniser et simplifier les barèmes des aides, regroupés dans
un barème unique (hors le cas des logements-foyers) ;
- améliorer l'équité des aides en prenant en compte tous
les revenus de la même manière (revenus du travail, minima
sociaux, RMI).
Elle harmonisait et simplifiait le dispositif des aides personnelles et
permettait donc un traitement équitable et cohérent de l'aide des
ménages ayant de très faibles revenus, qu'ils soient issus du
travail ou de transferts sociaux ; un ménage ayant des revenus du
travail de même niveau que le RMI aura au terme de la réforme la
même aide que le Rmiste alors que son aide était nettement
inférieure. La réforme a été mise en place en deux
étapes :
-
au 1er janvier 2001
: un barème intermédiaire permettant
le même niveau d'aide jusqu'à environ 75 % du RMI ;
-
au 1er janvier 2002
: le barème définitif avec aide
identique jusqu'au niveau de revenu correspondant au RMI.
La réforme a eu un coût important, au total 990 millions d'euros,
dont une partie seulement a été prise en charge sur les
crédits du budget de l'urbanisme et du logement (544 millions d'euros)
puisque l'Etat ne contribue que pour une part au financement des aides à
la personne.
Cependant,
la réforme des aides au logement, malgré
son coût élevé pour l'Etat (300 millions d'euros en 2001
et 244 millions d'euros en 2002) aura pu se faire à effort
budgétaire nul.
Cette situation exceptionnelle s'explique par l'amélioration de la
conjoncture économique, qui tend à la fois à augmenter les
contributions des entreprises privées au financement des aides et
à diminuer le nombre de bénéficiaires. Entre 1997 et 2001,
les versements des employeurs ont progressé de 1 milliard d'euros, pour
atteindre 7,9 milliards d'euros tandis que les versements de l'Etat se sont
stabilisés à près de 5 milliards d'euros
B. LES AIDES PERSONNELLES AUJOURD'HUI
1. Une stabilisation avec un fort pourcentage d'aide à la location
(en milliards d'euros)
Comme l'illustre la graphique ci-dessus, l'augmentation des aides personnelles sur la période 1992-2000 s'explique uniquement par les aides à la location, la part des aides à l'accession ne cessant de se réduire. Il y a dix ans, ces aides représentaient 27 % des aides au logement, elles ne représentent plus que 13 % des aides en 2000. Il y a fort à craindre, compte tenu de la réforme des aides à la location entreprise en 2001 et 2002, et compte tenu de la faiblesse des réflexions sur les aides à l'accession, que ce mouvement se poursuive, voire s'amplifie, dans les années qui viennent.
2. Des aides au logement ayant acquis le statut de minimum social
La France connaît des dépenses d'aides à la personne très élevées, par rapport aux autres pays européens.
Evolution des dépenses d'aides à la personne (en euro/hab)
|
Allemagne |
France |
Grande-Bretagne |
Pays Bas |
Suède |
1991 |
29,2 |
146,4 |
187,6 |
59,0 |
155,5 |
1992 |
43,2 |
159,2 |
227,9 |
61,7 |
170,4 |
1993 |
40,8 |
174,5 |
262,3 |
60,6 |
203,7 |
1994 |
35,9 |
184,9 |
280,2 |
65,7 |
234,1 |
1995 |
35,9 |
192,0 |
296,9 |
64,3 |
234,3 |
1996 |
38,2 |
196,0 |
304,8 |
69,3 |
217,9 |
1997 |
41,4 |
201,4 |
294,3 |
74,2 |
187,3 |
1998 |
43,5 |
212,5 |
294,2 |
84,3 |
183,0 |
1999 |
|
216,6 |
313,2 |
96,9 |
178,8 |
2000 |
|
215,5 |
317,6 |
94,9 |
195,6 |
La
France arrive en deuxième position après la Grande-Bretagne pour
les aides par habitant, au même niveau que la Suède, et
elle
connaît le plus fort taux de ménages bénéficiaires
d'aides à la personne : plus d'un ménage sur quatre, contre
seulement 20 % en Grande-Bretagne, 15 % aux Pays-Bas et 8 % en
Allemagne.
L'Allemagne est le pays où la dépense est la plus faible, les
barèmes n'ayant pas été réévalués
depuis 1990. La Grande-Bretagne et la Suède ont pris des mesures pour
faire baisser les dépenses, ce qui se traduit par la baisse du nombre de
bénéficiaires à partir de 1996. En Suède c'est le
régime des retraités qui représente les deux tiers des
dépenses.
3. Un écart important avec les aides à la pierre
La
France est donc, avec la Grande-Bretagne, le pays d'Europe où la
différence entre les aides à la pierre et les aides à la
personne est la plus marquée.
II. SE DONNER LES MOYENS DE MIEUX MAÎTRISER LA CROISSANCE DES AIDES PERSONNELLES A L'AVENIR
Les
années précédentes, votre commission regrettait que les
économies sur les aides personnelles au logement aient
résulté seulement de la bonne tenue de l'économie
en 2000 et 2001
(baisse du chômage, croissance des revenus,
augmentation des cotisations des employeurs).
Elle avait aussi noté qu'un éventuel ralentissement
économique aurait son plein impact dès le budget 2003 du fait du
décalage d'un an de la «base ressources » qui permet de
calculer les allocations. Dès 2002, les contributions des employeurs qui
dépendent de la masse salariale pouvaient être moins fortes que ce
qui était anticipé (+5,6 % selon les hypothèses retenues
par les comptes de la sécurité sociale) et un accroissement du
chômage majorerait les allocations (les chômeurs peuvent
bénéficier d'un abattement de 30 % sur l'évaluation de
leurs revenus). Au total, dès 2002, un aléa à la hausse
des prestations existe.
Pour le moment, cet aléa à la hausse n'a pas été
clairement confirmé. Il semble en particulier que les contributions des
employeurs se maintiennent. Cependant, l'absence de mesures d'annulations de
crédits d'aides personnelles au logement dans le collectif
budgétaire pour 2002, contrairement aux années
précédentes, montre que les « marges de
manoeuvre » se sont évanouies. Les années à
venir pourraient être assez délicates. Il est donc temps de
poursuivre les réformes en vue de la simplification des aides.
A. LE CHANTIER DE LA SIMPLIFICATION DES AIDES DOIT ETRE PLEINEMENT EXPLORÉ
1. Envisager une unification complète des aides personnelles
La
réforme des aides personnelles au logement a concerné les
ménages locataires en logements ordinaires, hors étudiants. Les
aides en faveur du secteur locatif en foyer, qui concernent des ménages
disposant en majorité de petits revenus, sont exclues, de même que
les aides aux accédants à la propriété.
La réforme concerne donc 4,3 millions de ménages, soit à
peu près deux tiers de l'ensemble des bénéficiaires
d'aides personnelles.
La réforme est donc incomplète
.
Elle ne prend notamment pas en compte les aides à
l'accession
: on retrouve là le souci du
précédent gouvernement de privilégier la location
plutôt que l'accession à la propriété des personnes
modestes.
Il conviendrait de reprendre cette question, en lien avec une
réflexion approfondie sur les modalités de l'accession sociale
à la propriété.
D'autre part
,
il est regrettable que certains hébergements
spécifiques comme les logements-foyers ne soient pas concernés,
alors qu'ils accueillent les personnes les plus fragiles.
Selon le scénario n° 2 élaboré par le groupe de
travail de la conférence de la famille, la réforme aurait pu
être complétée dès juillet 2001 par une
réforme des aides à l'accession, et dès 2002 par une
réforme des aides aux foyers puis du conventionnement.
Les scénarios envisagés par le groupe de travail
interministériel montrent également que la réforme
entreprise peut être suivie d'autres aménagements très
substantiels, visant à la simplification du système.
La réforme est en effet inachevée
en ce qu'elle n'aboutit pas
à une unification complète des aides, qui supposerait une
réforme du conventionnement : il s'agirait d'avoir une aide
à la personne identique dans le parc privé et dans le parc social.
Tous les barèmes étant unifiés, avec une aide identique,
la réforme pourrait être achevée par trois
éléments :
- la redéfinition du conventionnement ;
- la refonte des clés de financement des prestations ;
- et une réforme du cadre institutionnel des aides personnelles.
2. Simplifier les mécanismes de financement
Le
financement des aides à la personne est aujourd'hui très complexe
et mériterait d'être simplifié, les relations entre l'Etat
et les caisses d'allocations familiales devraient être en particulier
revues.
Votre commission des finances, qui se préoccupe de ce sujet depuis
quelques temps, a d'ailleurs interrogé sur ce point la Cour des comptes,
à l'occasion de son rapport sur la loi de règlement 2001. La
réponse de la Cour est reproduite en annexe du présent rapport.
Les aides au logement : un financement complexe
Trois
fonds alimentés par diverses contributions, gèrent les aides
personnelles au logement :
1)
Le fonds national des prestations familiales
(FNPF) finance
l'allocation de logement familiale (ALF) et est alimenté exclusivement
par des cotisations employeurs
2)
Le fonds national d'aide au logement
(FNAL) créé par la
loi du 16 juillet 1971 finance l'allocation de logement sociale (ALS) et l'aide
aux organismes qui hébergent à titre temporaire des personnes
défavorisées. Il est alimenté par une contribution de
l'Etat, le produit d'une cotisation à la charge des employeurs assise
sur les salaires plafonnés (0,10%) et le produit d'une contribution
à la charge des employeurs occupant plus de neuf salariés (0,40%)
3)
Le fonds national de l'habitation
(FNH) institué par la loi du
3 janvier 1977 finance l'aide personnalisée au logement (APL). Il
est alimenté par des contributions provenant des régimes de
prestations familiales et une subvention d'équilibre inscrite au budget
du ministère du logement.
Dans son rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 1998, la
Cour des comptes a critiqué la coexistence de plusieurs fonds, ainsi que
le taux de rémunération versé aux caisses d'allocations
familiales et de mutualité sociale agricole.
Pour la première fois en 2003, la contribution au Fonds national de
l'habitat (FNH), qui verse l'APL et la contribution au Fonds national de l'aide
au logement (FNAL), qui verse l'ALS, sont fusionnées sous l'appellation
« contribution de l'Etat au financement des aides à la
personne ».
Les années précédentes, notre collègue Jacques
Pelletier, rapporteur spécial, avait critiqué les estimations des
dotations aux deux fonds, le FNH et le FNAL, qui ne recouvraient absolument pas
l'évolution des prestations.
Cette fusion des moyens met donc fin
à la fiction de deux aides distinctes de l'Etat et pourrait
présager d'une fusion réelle des fonds dans un objectif de
simplification
.
Il faut enfin noter
l'impérieuse nécessité de
simplifier les relations financières entre l'Etat et les caisses
d'allocations familiales.
En 2001, 195 millions d'euros de dotations
budgétaires ont été annulées afin de
résorber la trésorerie excédentaire des caisses
d'allocations familiales, trésorerie qui n'avait pas été
portée auparavant à la connaissance du Parlement.
La simplification du financement des aides personnelles au logement est donc
un impératif de transparence, à l'égard également
des parlementaires.
3. Réaliser des économies sur la gestion des aides
Pour
2003,
le gouvernement a décidé de mener une action sur les
frais de gestion des aides personnelles, comme notre commission l'avait
souhaité, après les observations de la Cour des comptes.
En aide personnalisée au logement (APL), les frais de gestion
étaient égaux à 4 % des prestations jusqu'en 2001. Suite
à une décision du conseil de gestion du Fonds national de
l'habitat (FNH) du 26 novembre 2001, les frais de gestion ont été
baissés en 2002 à 3 %, en raison notamment des simplifications
qu'entraîne l'unification des barèmes en secteur locatif. Dans le
cadre de l'actualisation des aides personnelles au 1er juillet 2002, le
gouvernement a décidé de diminuer le montant des frais de gestion
à 2 % des prestations. Cette mesure n'a toutefois pas encore
été validée par une décision du FNH.
Le coût budgétaire des frais de gestion de l'APL s'élevait
à 115,3 millions d'euros en 2001. Avec la réduction du
montant des frais de gestion entre 2001 et 2003 (de 4 % à 3 % en 2002
puis 2 %), l'économie réalisée pourrait atteindre environ
40 millions d'euros.
Au-delà des frais de gestion, il est nécessaire, comme votre
commission l'a souligné, de poursuivre la simplification du dispositif
de financement des aides personnelles.
Dans un premier temps, il convient qu'un seul fonds finance l'aide au logement
sociale et, en aide personnalisée au logement, la part non prise en
compte par les prestations familiales.
Dans un deuxième temps, et en lien avec la poursuite de l'unification
des barèmes, il serait logique d'envisager la mise en place d'un fonds
unique de financement des aides personnelles au logement, alimenté par
le budget de l'Etat, d'un côté, et par des cotisations employeurs
qui pourraient elles aussi être unifiées en une seule cotisation
«aide au logement ».
Enfin, une réflexion doit également s'engager sur une
modification du calendrier de revalorisation des aides personnelles
. La
revalorisation au 1er juillet de chaque année n'est pas prise en compte
correctement dans les dotations budgétaires et crée des
complications en termes de gestion des aides personnelles. D'après les
informations recueillies auprès du ministère, la mise à
disposition des fichiers fiscaux permettrait d'envisager de supprimer les
formulaires de demandes d'aides personnelles actuellement remplis en cours
d'année et de revaloriser les aides au 1er janvier plutôt qu'au
1er juillet, ce qui aurait l'avantage de faire coïncider la revalorisation
des barèmes avec l'année budgétaire et d'économiser
la saisie de 5 millions de formulaires.
B. EXAMINER SÉRIEUSEMENT LES PROPOSITIONS D'ÉCONOMIES BUDGÉTAIRES
1. Des propositions d'économies sur les aides personnelles n'avaient pas été retenues par le précédent gouvernement
La
réforme des aides personnelles a coûté très cher,
1 milliard d'euros, alors que le montant des aides personnelles est
déjà très élevé. Elle a été
heureusement compensée par des économies de constatation, ce qui
a masqué l'effort budgétaire consenti. Pour garantir un
financement pérenne, et préparer des jours moins favorables, il
faudrait cependant trouver des mesures d'économies.
Pour gager les dépenses, des pistes ont été
examinées par la conférence de la famille lors de la
préparation de la réforme :
- l'intégration de l'allocation parentale d'éducation dans la
base ressources :
la proposition consistait à intégrer
l'allocation parentale d'éducation dans la base ressources (prise en
compte à hauteur de 72 %), un abattement de 30 % sur les revenus de la
personne qui s'arrête de travailler pour s'occuper d'un enfant de moins
de trois ans étant en même temps mis en place. L'économie
sur les aides à la personne aurait été à l'horizon
de cinq ans, de 51 millions d'euros.
- l'adaptation des aides fiscales au logement des jeunes et de leur
famille :
les familles des jeunes et principalement des
étudiants peuvent actuellement cumuler avantage fiscal (lié au
rattachement ou au versement d'une pension alimentaire) et aide au logement
pour le jeune qui décohabite. La délégation à la
famille a élaboré une proposition consistant à affirmer le
principe « d'une seule aide au logement par foyer fiscal ». Le mode
de calcul des aides au logement serait modifié :
- si les parents bénéficient d'un avantage fiscal au titre de
l'enfant, l'aide sera calculée sur la base du revenu des parents (et du
jeune) ; un abattement pour double résidence serait appliqué
à ces ressources dans le cas où le jeune aurait un logement
autonome (cet abattement, existant aujourd'hui en APL, serait
revalorisé) ;
- si aucun lien fiscal ou de logement n'existe entre parents et jeune, on
considérera qu'il y a deux foyers autonomes, en matière de
fiscalité comme de droit aux aides personnelles.
L'économie brute engendrée aurait été d'environ
762 millions d'euros provenant essentiellement de moindres dépenses
fiscales
; une amélioration de l'aide au logement des
étudiants modestes fiscalement autonomes et la revalorisation de
l'abattement pour double résidence aurait pu réduire à 150
millions d'euros l'économie globale.
La direction de la législation fiscale et la direction du budget se sont
opposées à cette proposition au motif que contrairement à
l'aide au logement versée aux étudiants, le quotient familial ne
constituait pas une aide à l'enfant mais une aide à la famille
destinée à compenser forfaitairement les différentes
charges, qui ne se limitaient pas aux frais de logement induites par
l'entretien des enfants concernés. Le même raisonnement
s'appliquerait à la déduction d'une pension alimentaire dont le
versement constitue une obligation légale.
Au-delà des aspects techniques et juridiques qui empêcheraient de
prendre en compte une seule aide au logement par foyer fiscal,
votre
rapporteur rappelle que la réflexion sur les aides personnelles
versées aux étudiants doit se poursuivre afin d'adapter
réellement ces aides à leur situation.
Si, comme l'ont
révélé des études récentes, un certain
nombre d'étudiants sont en grande difficulté financière,
les 650.000 étudiants recevant une aide au logement pour un total de 915
millions d'euros ne sont pas tous dans la même situation. Il importe donc
que leur situation soit appréciée au regard du contexte
économique et familial dans lequel ils évoluent.
2. Des premières mesures d'économies sont prises en 2003
Pour
2003 seul est pris en compte le coût budgétaire de l'extension en
année pleine de l'actualisation au 1er juillet 2002 qui
s'élève à 145 millions d'euros en année pleine,
dont la moitié sera supportée par le budget du logement.
Des mesures d'économies sont prises sur les barèmes
mais
leur effet réel devrait être relativement faible, soit de l'ordre
de 30 millions d'euros pour l'Etat. Le complément devrait être
apporté par le rétablissement de l'évaluation forfaitaire
des ressources des jeunes de moins de 25 ans. Ce dispositif avait
été supprimé en avril 2002. La mesure pourrait
réduire de 70 millions d'euros le coût des prestations.
Les mesures relatives aux aides personnelles en 2003
• Le mécanisme de compensation mis en place
dans le
barème unique en secteur locatif est reconduit jusqu'au 1er juillet 2003
mais son montant maximal est limité à 30 euros mensuels.
• Concernant l'évaluation forfaitaire des ressources, le
mécanisme d'évaluation forfaitaire des ressources est
rétabli pour les jeunes de moins de 25 ans; mais une procédure
plus favorable est maintenue pour les jeunes en contrat à durée
déterminée.
• La base ressources est arrondie aux 100 euros supérieurs (au
lieu de 76,22 euros);
• Pour les étudiants : application du revenu minimum
étudiant dans un couple où c'est le conjoint qui est
étudiant et non le bénéficiaire et instauration d'un
plancher spécifique pour les couples d'étudiants ; lorsque deux
étudiants vivent en couple, le plancher de ressources qui leur est
appliqué est celui d'un étudiant seul ; leur traitement est plus
favorable que celui des colocataires pour lesquels l'aide est calculée
avec le plancher pour chaque étudiant. Le plancher pour les couples sera
égal au plancher étudiant actuel majoré de 2.000 euros.
Au total, les dotations pour les aides personnelles en 2003 sont
résumées dans le tableau suivant.
D'une manière
générale, il faut reconnaître que l'évaluation des
aides d'une année sur l'autre est particulièrement difficile
à comprendre. L'information des parlementaires est
particulièrement faible sur les conditions de réalisation des
estimations budgétaires, comme en témoigne d'ailleurs
l'annulation « surprise » de crédits au cours de
l'exercice 2001.
(en millions d'euros)
|
Ch.46-40 |
LFI 2002 |
5 234,06 |
PLF 2003 |
5239,00 |
écart 2003/2002 |
+ 4,94 |
dont |
|
extension en année pleine de l'actualisation au 1/07/2002 |
+72,50 |
Mesures d'économies |
-76,50 |
ajustement |
+ 8,94 |
3. D'autres économies pourraient être envisagées notamment sur l'épargne-logement
Au-delà des propositions d'économies sur les
aides
personnelles au logement, d'autres sources d'économies pourraient
être envisagées, sur des lignes budgétaires qui, sans
être inscrites au budget du logement, n'en sont pas moins
présentées, pour l'essentiel à tort comme un outil en
faveur de la politique du logement.
Il existe en effet une distorsion croissante entre l'encours des
dépôts de l'épargne-logement et l'encours des prêts.
L'utilisation des plans d'épargne logement (en milliards d'euros)
au 31 décembre |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
encours des dépôts |
120,36 |
136,59 |
165,71 |
186,54 |
203,36 |
217,91 |
219,63 |
226,89 |
encours des prêts |
42,52 |
43,23 |
44,76 |
42,65 |
37,57 |
30,71 |
27,03 |
25,41 |
dispo./encours des dépôts |
64,6% |
68,4% |
73% |
77,1% |
81,5% |
85,9% |
87,69% |
88,8 % |
La
diminution continuelle du ratio de prêts constatée depuis
plusieurs années s'explique principalement par
la baisse
d'attractivité des prêts d'épargne-logement au regard des
taux libres pratiqués sur le marché
et, à
l'inverse, par l'attractivité du taux de rémunération des
plans d'épargne-logement, notamment pour les anciennes
générations.
Actuellement, le contexte de taux est peu favorable à l'attribution de
prêts épargne logement : en raison de la baisse des taux sur les
marchés, les taux d'emprunt ne sont plus aussi intéressants. La
diminution de l'encours des prêts épargne logement au cours en
l'an 2001 est accentuée par l'amortissement et le remboursement
anticipé des crédits mis en force au cours des années
précédentes et dont les taux ne sont plus en relation avec les
taux du marché.
Utilisation des prêts d'épargne-logement
Année |
Nombre |
Montant total |
Répartition de ce montant (en %) |
|||
d'attribution |
de prêts |
des prêts (Md€) |
Travaux |
Ancien |
Neuf |
Achats
de parts
|
1994 |
773 742 |
10,31 |
26,38 % |
55,72 % |
17,74 % |
0,16 % |
1995 |
716 565 |
9,73 |
24,56 % |
53,22 % |
22,03 % |
0,19 % |
1996 |
843 246 |
12,03 |
22,47 % |
53,07 % |
24,44 % |
0,02 % |
1997 |
761. 383 |
7,21 |
26,00 % |
50,32 % |
23,67 % |
0,01 % |
1998 |
528.312 |
4,57 |
34,62 % |
41,78 % |
23,58 % |
0,02 % |
1999 |
585 020 |
3,6 |
43,71 % |
38,48 % |
17,80 % |
0,01 % |
2000 |
678 931 |
4,97 |
33,37% |
50,71 % |
15,90 % |
0,02 % |
2001 |
687 183 |
5,28 |
33,04 % |
46,44 % |
20,50 % |
0,02 % |
Les
fonds versés sur un plan d'épargne logement sont
rémunérés depuis le 1er juillet 2000 au taux de 4,5%, dont
5/7ème à la charge des établissements de crédit et
2/7ème à la charge de l'Etat sous forme de prime. Cette prime est
plafonnée à 1 525 d'euros depuis 1er janvier 2002.
Les crédits nécessaires au versement de la prime figurent
à la section budgétaire des charges communes
.
Années |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Nombre de plans |
12.288.300 |
12.616.011 |
14.516.669 |
15.477.304 |
15.476.229 |
15.589.812 |
15.063.844 |
15.192.554 |
Prêts nouveaux (Md €) |
6,48 |
6,21 |
7,28 |
4,29 |
1,53 |
0,53 |
1,13 |
2,07 |
Primes versées (M €) |
894,57 |
743,8 |
872,47 |
891,06 |
881,46 |
981,31 |
1.377,22 |
1.468,76 |
Nombre de comptes |
7.497.735 |
7. 605.567 |
7.700.035 |
7.820.813 |
8.024.728 |
8.145.066 |
8.288.120 |
8.530.631 |
Prêts nouveaux (Md€) |
3,13 |
3,03 |
3,40 |
3,06 |
3,09 |
3 |
3,02 |
3,17 |
Primes versées (M€) |
134 |
123,64 |
122,11 |
116,17 |
110,68 |
96,20 |
96 |
95,80 |
Compte tenu de la faiblesse des prêts
octroyés, il
serait envisageable de lier l'octroi de la prime et du prêt.
Des
économies substantielles pourraient être réalisées
sur l'épargne-logement en liant le prêt au logement et la prime et
en révisant les taux des PEL, mais ces propositions se heurtent à
la difficulté de réformer cette forme d'épargne populaire.
Votre rapporteur spécial note qu'un simple
« recadrage » de l'épargne-logement, dont le
coût s'élève pour l'exonération des
intérêts perçus par les épargnants et pour les
primes versées en fin de période d'épargne à 2,5
milliards d'euros par an, permettrait de dégager de substantielles
économies
. Ces mesures ne seraient pas suffisantes pour financer les
aides personnelles, qui devront elles aussi faire l'objet d'aménagements
pour les rendre plus efficaces en faveur du logement des personnes
défavorisées. Toute politique doit en effet être
évaluée à l'aune de ses résultats
économiques et sociaux.
CHAPITRE III :
LE LOGEMENT SOCIAL OU COMMENT PROMOUVOIR LE
RENOUVELLEMENT URBAIN
Depuis
1997, le gouvernement tente de relancer la construction sociale. Cependant,
loin de redémarrer, celle-ci a eu tendance à stagner en nombre de
logements construits, voire à régresser ces dernières
années. Un nouveau « plan de relance » a encore
été présenté au printemps 2001.
Au-delà de ce nouveau plan, la réforme essentielle est celle
figurant dans la loi solidarité et renouvellement urbains, qui impose
aux collectivités locales de réaliser des logements sociaux. Le
gouvernement a ainsi fait le choix de la coercition, sans considération
pour les nombreux appels à faire de la politique du logement social une
politique plus décentralisée, fondée sur la recherche
d'une réponse locale à des problèmes spécifiques.
I. UNE CERTAINE REPRISE DE LA CONSTRUCTION SOCIALE EN 2001
A. 1997-2000 : L'ÉCHEC DES PRODUITS CIBLÉS
1. 1997-1999 : le choix de produits « ciblés »
Le financement des logements sociaux a fait l'objet, entre 1997 et 1999, de nombreuses réformes successives.
-
• Une réforme significative est intervenue avec
la mise en
place du régime de la livraison à soi-même
(LASM)
équivalent à un taux réduit de TVA pour la construction de
logements sociaux, avec un élargissement à la rénovation
et à l'amélioration à compter de 1998.
Cette réforme s'est accompagnée de la suppression de la subvention accordée au prêt locatif aidé (PLA) pour le neuf, à compter du 1er octobre 1996, et de la réduction du taux de subvention de 12 % à 5 % pour l'ancien à partir du 1er janvier 1998.
• Lors de son arrivée au pouvoir, en juin 1997, le précédent gouvernement a souhaité relancer la construction sociale.
Les PLA-LM et PLA-I ont remplacé les anciens PLA très sociaux (PLA-TS). Les PLA-LM sont attribués aux ménages qui rencontrent des difficultés économiques mais pas de difficulté d'accompagnement social. Les PLA-I sont destinés aux ménages cumulant difficultés économiques et sociales. L'objectif du gouvernement était de réaliser 20.000 PLA-LM et 10.000 PLA-I .
Les PLA construction-démolition sont destinés à accompagner les opérations de démolition. Ils doivent permettre le relogement dans la même commune ou agglomération des ménages occupant les immeubles à démolir à des conditions de loyer aussi proches que possibles de celles du logement initial. Une enveloppe de 5.000 PLA-CD était prévue en 1998 et 1999.
2. Le résultat : une stagnation de la construction sociale
Malgré des dotations budgétaires élevées, la construction sociale n'a pas redémarré, en raison d'une sous-consommation importante des crédits, comme l'illustre le tableau ci-dessous.
Consommation des PLA-I et PLA-TS
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Crédits disponibles (en millions de francs) |
1.297,63 |
844,1 |
941,9 |
1.198,2 |
1 287,9 |
Objectif annoncé (en nombre de logements) |
28.000 |
20.000 |
30.000 |
30.0000 |
30 000 |
Nombre de logements PLAI ou PLATS financés |
15.481 |
11.419 |
11.783 |
15.568 |
14 780 |
Montants de subvention consommés (MF) |
1.160,5 |
735,7 |
719,4 |
816,8 |
959,0 |
Ttaux de consommation |
89,4 % |
87,2 % |
76% |
68% |
74% |
Ainsi,
seuls 14.780 PLA-LM et PLA-I ont été réalisés en
1999 soit une nette sous-consommation des dotations.
C'est le relatif échec des produits différenciés qui a
incité le précédent gouvernement à mettre en place
un nouveau produit, le prêt locatif à usage social.
B. 2001-2002 : UN PLAN DE RELANCE AVEC CERTAINS RÉSULTATS
1. La création du prêt locatif à usage social (PLUS)
Face
à la crise de la construction sociale, le précédent
gouvernement a souhaité mettre en place un nouveau produit.
Le prêt locatif à usage social (PLUS) regroupe les PLA et les
PLA-LM. Les organismes d'HLM et les sociétés d'économie
mixte ayant pour objet statutaire la réalisation de logements sont les
seuls bénéficiaires du nouveau produit.
Le « PLUS » bénéficie d'un taux de subvention
de 5 % pour la construction neuve et 10 % pour les opérations
d'acquisition-amélioration dans l'ancien, avec un prêt de la
caisse des dépôts et consignations de 3,45 %.
Par ailleurs le PLUS prévoit que :
- au moins 30 % des logements doivent être occupés par des
ménages dont les ressources n'excèdent pas 60 % des plafonds
des ressources fixés pour l'attribution des logements sociaux
(ménages éligibles aux anciens PLA à loyer minoré),
- parallèlement, 10 % des logements de chaque opération
peuvent être loués à des locataires dont les ressources
excèdent, dans la limite de 120 %, les plafonds de ressources
fixés pour l'attribution des logements sociaux.
Alors que six types de prêts existaient auparavant, la réforme
du financement du logement social procède par réunification des
produits en ne laissant plus subsister que trois formules
:
- le PLA intégration destiné aux ménages aux revenus
très modestes. Il bénéficie d'une subvention à 20 %
et d'un taux ramené de 3,8 à 3,05 % ;
- le PLA construction-démolition, avec une substitution à
12 % et un taux ramené de 3,8 à 3,05 % ;
- le « PLUS », prêt locatif à usage social,
avec un taux de 3,45 % contre 4,3 % pour l'ancien PLA. Le taux de la
subvention associée est de 5 % dans le neuf et 10 % en
acquisition-amélioration, le taux de TVA à 5,5 %
étant maintenu pour toutes les opérations. La durée des
prêts est en outre allongée à 50 ans pour
l'acquisition du foncier et les opérations
d'acquisition-amélioration.
2. Un nouveau « plan de relance » du logement social qui précède une hausse des mises en chantier
Un
plan de relance de la production de logements locatifs sociaux a
été lancé par décret du 18 avril 2001.
Il prévoit la conclusion de
contrats locaux de relance
entre
l'Etat et les maîtres d'ouvrage qui s'engagent à accroître
leur production de logements locatifs sociaux. Ces contrats, auxquels
peuvent être associés, le cas échéant, les
collectivités territoriales intéressées ou leurs
groupements, sont conclus au niveau départemental ou régional
pour une durée de trois ans et comportent des objectifs annuels en
nombre de logements. Les maîtres d'ouvrage qui ont signé avec
l'Etat un contrat de relance peuvent bénéficier de taux de
subvention PLUS majorés pour un quart des opérations inscrites
dans le contrat (taux de 8 % pour les opérations de construction neuve
et taux de 15 % pour les opérations d'acquisition-amélioration).
Enfin,
les paramètres du PLUS ont été
réajustés à la hausse
en avril 2001 : augmentation de
10 % des valeurs de base servant au calcul de l'assiette de la subvention,
augmentation des taux. L'évolution rapide des conditions
économiques (augmentation du taux d'intérêt du livret A des
caisses d'épargne, augmentation du coût des opérations,
reconstitution des marges des entreprises du BTP par exemple...)
nécessitait un suivi attentif des conditions d'équilibre
financier des opérations financées en PLUS.
L'ensemble de ces mesures et notamment la mise en place des contrats de
relance ont eu des effets
puisqu'elles ont permis, pour l'année
2001, le financement de 56.000 logements locatifs sociaux contre
42.000 logements en 2000.
Pour 2002, les chiffres ne sont pas disponibles, car 70 % des opérations
sont réalisées au cours du dernier trimestre de
l'année
. Compte tenu des effets du plan de relance, le nombre de
logements financés devrait toutefois être sensiblement
équivalent à celui de 2001. On notera cependant que malgré
la levée du « gel républicain » pour les
crédits relatifs à la construction de logements locatifs sociaux,
les constructeurs sociaux craignent encore une programmation plus faible que
prévue en fin d'année.
Nombre de logement sociaux construits chaque année
|
Total logements aidés PLA et PLUS, PLAI et PLUS CD |
TOTAL PLA I |
||||
|
Neuf |
Acquisition |
Total |
Neuf |
Acquisition |
Total |
1994 |
66 275 |
13 378 |
79 653 |
3 336 |
7 742 |
11 078 |
1995 |
48 901 |
11 640 |
60 541 |
7 471 |
8 010 |
15 481 |
1996 |
41 603 |
10 233 |
51 836 |
2 945 |
5 672 |
8 617 |
1997 |
45 272 |
10 129 |
55 401 |
5 755 |
6 063 |
11 818 |
1998 |
37 176 |
9 300 |
46 476 |
9 913 |
5 684 |
15 597 |
1999 |
33 932 |
8 895 |
42 827 |
8 708 |
5 213 |
13 921 |
2000 |
29 329 |
8 707 |
38 036 |
1 859 |
3 191 |
5 050 |
2001 |
37 193 |
10 458 |
47 651 |
2 493 |
2 934 |
5 427 |
Votre rapporteur note toutefois les insuffisances persistantes et structurelles de la politique du logement social. En effet, la réforme du PLUS est un aménagement à la marge d'un instrument qui reste centralisé et peu adapté aux marchés fonciers locaux . L'obligation uniforme prévue dans la loi solidarité et renouvellement urbains (SRU) d'un minimum de 20 % de logements sociaux pour les communes de plus de 3.500 habitants dans les agglomérations de plus de 50.000 habitants traduit cette réticence de l'Etat central à privilégier une véritable approche locale en matière de mixité sociale.
II. S'ENGAGER PLUS CLAIREMENT DANS UNE POLITIQUE DE REHABILITATION DU PARC
A. LE PATRIMOINE HLM A BESOIN DE RÉNOVATION ET PARFOIS DE RÉHABILITATIONS LOURDES
1. La construction neuve chute dans tous les pays européens
La
part de la construction sociale dans la construction neuve s'est fortement
réduite entre 1993 et 2000 en France, mais également dans
l'ensemble des pays européens
. Le parc de logements sociaux est en
effet un parc vieillissant, qui nécessite avant tout des moyens de
réhabilitations pour répondre aux attentes des locataires et
remédier à certains phénomènes de vacance de
logements.
2. Réhabiliter un parc ancien
Dès 2000,
l'orientation fixée par le
précédent gouvernement a été de recentrer la
programmation de la « ligne fongible » (qui regroupe les
crédits de construction et de rénovation) au profit de la
production de nouveaux logements et donc au détriment de la
rénovation du parc HLM
.
Cette orientation a été renforcée en 2001, dans le cadre
du plan de relance du logement locatif social : seulement 88.102
réhabilitations lourdes ont été financées sur
PALULOS contre 123.248 en 2000. S'il faut tenir compte de l'application du taux
réduit de TVA, les opérations ont toutefois connu une diminution
sensible.
PALULOS : Nombre de logements et crédits utilisés
|
Nombre de logements (1) |
Crédits utilisés en euros courants |
|||
|
PALULOS (Réhabilitations lourdes) |
PALULOS (Petits travaux) |
PALULOS (Réhabilitations lourdes) |
PALULOS
|
Total |
1994 |
136 414 |
36 282 |
303 495 994 € |
11 948 865 € |
315 444 859 € |
1995 |
95 086 |
29 600 |
208 501 405 € |
8 481 217 € |
216 982 622 € |
1996 |
108 273 |
27 888 |
221 548 373 € |
6 140 831 € |
227 689 203 € |
1997 |
156 073 |
20 105 |
316 171 288 € |
5 446 061 € |
321 617 350 € |
1998 |
139 531 |
26 621 |
161 332 876 € |
5 031 231 € |
166 364 107 € |
1999 |
134 075 |
25 875 |
172 700 776 € |
4 362 054 € |
177 062 829 € |
2000 |
123 248 |
31 928 |
174 716 974 € |
6 117 340 € |
180 834 314 € |
2001 |
88 102 |
30 445 |
131 824 055 € |
6 806 567 € |
138 630 623 € |
Le
budget 2003 consacre un effort particulièrement important pour la
réhabilitation du parc social : la ligne fongible
bénéficie d'une augmentation de son montant en passant de 459,15
millions d'euros à 474 millions d'euros.
L'augmentation de la ligne
devrait permettre ainsi de desserrer la contrainte appliquée en 2001 et
2002 sur les moyens de rénovation du parc
(PALULOS), de façon
à satisfaire les besoins toujours élevés de
réhabilitation du patrimoine HLM.
Pour 2003,
il appartient toutefois aux organismes de définir une
stratégie d'intervention sur leur parc
qui prenne en compte la
qualité du service global (qualité du logement, qualité
des espaces extérieurs, services urbains de proximité) à
offrir aux habitants et analyse les perspectives alternatives de
démolition et de réhabilitation. La contrainte plus forte qui
pèse dorénavant sur les crédits de PALULOS doit conduire
les organismes HLM à mieux hiérarchiser leurs besoins selon les
différentes composantes de leur parc et à concevoir la
réhabilitation dans le cadre d'une réflexion d'ensemble sur
l'évolution de leur patrimoine. Dans cette perspective, le gouvernement
incite les organismes à se doter de « plans stratégiques de
patrimoine » qui pourront être subventionnés jusqu'à
hauteur de 50 % de leur coût et prévoit que la moitié du
parc HLM devra avoir fait l'objet d'un plan d'ici fin 2002 .
On observera enfin que la ligne « PALULOS » devrait
également contribuer en 2003 à des opérations de mise en
sécurité des HLM et notamment des ascenseurs, pour un coût
non négligeable. Les crédits devraient de fait être
davantage orientés vers ces objectifs prioritaires.
B. QUELLE POLITIQUE DE RENOUVELLEMENT URBAIN ?
1. Une montée en charge relativement lente des démolitions-reconstructions
Le
précédent gouvernement avait mis l'accent en 2002 sur les
démolitions et la qualité de service.
Pour 2002, les
crédits consacrés aux démolitions avaient
été triplés
, passant de 25,9 millions d'euros à
76,2 millions d'euros, cette enveloppe visant à permettre la
démolition d'environ 15.000 logements HLM en 2002 (contre 10.000 en 2001
et 6.000 en 2000) tout en améliorant le montant de l'aide
apportée par opération.
Votre commission avait souscrit l'an dernier à l'objectif
annoncé mais rappelait que l'objectif d'accroître les
démolitions était déjà ancien et que les
résultats étaient encore faibles.
En effet, les procédures de démolition sont complexes et
nécessitent de trouver des solutions pour le relogement des habitants
des immeubles démolis. De plus, le coût des démolitions ne
cesse d'augmenter.
Le coût des opérations de démolition
Année |
Nombre de logements financés à démolir |
Coût moyen par logement en euros pour |
|
||
travaux |
dont désamiantage |
coûts sociaux |
capital restant dû |
||
1997 |
3 311 |
4138 |
s.o. |
299 |
4700 |
1998 |
3 518 |
4758 |
s.o. |
1139 |
3845 |
1999 |
5 502 |
5361 |
1529 |
773 |
2830 |
2000 |
6 134 |
6146 |
1157 |
427 |
3017 |
2001 |
6 258 |
7089 |
1396 |
671 |
2669 |
La
décomposition des coûts moyens constatés, rentrant dans
l'assiette de la subvention, étudiée à partir des dossiers
de demande de subvention déposés par les bailleurs comporte trois
grands postes principaux :
- les coûts directs de démolition (préparation de
chantiers, travaux démolition),
- les coûts sociaux,
- le capital restant dû.
On constate
une augmentation des coûts moyens de travaux de
près de 15 % entre 2000 et 2001
, même si ce coût
moyen cache des écarts importants. Les opérations les plus
coûteuses se situent essentiellement en Ile-de-France. Il s'agit
essentiellement d'opérations de démolition portant sur un nombre
restreint de logements, entre 14 et 55 logements, et pour la plupart
d'opérations de démolition partielle plus coûteuses.
Il faut également signaler que
le coût moyen de
désamiantage
, composante du coût direct, passe de 1.155 euros
à 1396 euros par logement et concerne plus de logements (52% de
logements en 2001 contre 34% en 2002)
En revanche, les
coûts liés au capital restant dû sont en
diminution
d'environ 10 %. Depuis 1997, ce coût moyen diminue.
Ce type de coût dépend du montage financier initial des
opérations et de la date de construction, les opérations les plus
anciennes, largement amorties étant moins coûteuses.
Depuis l'année 1997,
les coûts sociaux par opération ont
connu une évolution apparemment erratique.
Ils ne reflètent
pas la réalité des coûts d'accompagnement supportés
par le bailleur (déménagements, accompagnement social) dans la
mesure où les dépenses engagées avant la décision
de financement n'étaient pas prises en compte dans l'assiette de la
subvention jusqu'à fin 2001.
Pour 2003, avec 60 millions d'euros de crédits, auxquels s'ajoutent les
subventions automatiques du 1 % logement prévues par les
conventions du 11 octobre et 11 décembre 2001,
la démolition
de 12.000 logements est prévue
. L'objectif est réduit par
rapport à 2002 (15.000 logements détruits) mais il est plus
proche de la réalité des contraintes pour ce type
d'opérations.
La réduction de l'enveloppe de crédits
résulte donc d'un souci de transparence en ajustant les crédits
aux besoins réels.
On rappellera enfin que les spécialistes chiffrent entre 150.000 et
200.000 les besoins en matière de reconstruction-démolition. Les
opérations menées, bien qu'en progrès certain, ne sont pas
à la hauteur des besoins. La lourdeur des procédures
administratives, le coût élevé des opérations de
démolition, la difficulté de reloger des familles avec dans des
logements aux loyers souvent plus élevés, sont autant d'obstacles
à une vraie politique de réhabilitation.
De fait, des
changements devraient avoir lieu, en coordination avec la politique de la
ville.
2. Une approche plus globale dans le cadre d'une véritable politique de la ville serait-elle la solution ?
L'année 2003 devrait précisément se
caractériser
par la priorité accordée, en
matière de rénovation sociale, à la politique de la ville,
suivant en cela les déclarations de M. Jean-Louis Borloo, ministre
délégué à la ville
.
Parmi les 100.000 logements sociaux réhabilités en 2003, sont
prioritaires les opérations :
-
situées dans les quartiers de la géographie prioritaire de
la politique de la ville
;
-
qui accompagnent un projet de renouvellement urbain
. Dans ce cas,
lorsque des restructurations lourdes seront nécessaires, le taux du
prêt complémentaire à la PALULOS peut - en concertation
avec la Caisse des dépôts et consignations - être
abaissé à 3 % et la durée du prêt portée
jusqu'à 25 ans ;
-
qui améliorent la qualité de la vie quotidienne des
habitants
, comme la réalisation de loges de gardiens et la lutte
contre le bruit. Pour ce dernier point qui constitue une priorité du
gouvernement, des dérogations aux montants plafonds de travaux peuvent
être accordées. De même, le taux maximal de subvention a
été porté à 15 % pour certains travaux
d'isolation phonique.
Les opérations inscrites dans les contrats locaux de relance du
logement social sont également prioritaires pour
bénéficier des concours privilégiés du « 1 %
logement ».
Il est prévu, en effet, un apport exceptionnel de
la participation des employeurs à l'effort de construction à
hauteur de 152 millions d'euros, destiné à améliorer
l'équilibre économique de certaines opérations.
D'une manière générale, le ministre
délégué à la ville a annoncé des objectifs
ambitieux en termes de démolition et reconstruction dans les quartiers
difficiles
. Dans un premier temps,
la mise en place d'un
« guichet unique »
pour regrouper les opérateurs
publics, la Caisse des dépôts et consignations et les partenaires
sociaux du 1 % logement devrait constituer un outil de simplification. Dans un
second temps, il conviendra d'envisager une vraie politique
interministérielle en faveur du renouvellement urbain.
3. Le rôle de la nouvelle « association foncière »
Une
association foncière, a été constituée depuis le
7 janvier 2002 par les partenaires sociaux sous l'appellation
« Foncière Logement ». L'action de cette association
est complémentaire de la montée en puissance des
opérations de démolition qui rend souhaitable l'intervention d'un
nouvel opérateur faisant construire des logements sur une partie des
emprises libérées par les démolitions.
Financée par des fonds du 1 % logement et gérée par
les partenaires sociaux, l'association foncière
doit progressivement
investir, à l'horizon 2006, dans des programmes immobiliers locatifs
deux milliards d'euros par an
.
En particulier, les opérations financées par l'apport de fonds du
1 % logement et par recours à l'emprunt seront :
-
d'une part construites, pour au moins 40% des sommes investies, sur les
terrains reçus par l'association foncière en contrepartie du
soutien du 1 % logement aux opérations de renouvellement
urbain
. Ces logements ne seront soumis ni à plafond de loyer, ni
à plafond de ressources ;
-
d'autre part, construites ou acquises dans les communes souffrant d'une
insuffisance de l'offre locative sociale
. Ces logements entreront dans le
décompte loi SRU, mais ne pourront pas représenter, commune par
commune, plus de 30 % de l'engagement triennal.
Les actifs ainsi constitués ont pour vocation exclusive
d'être transférés aux régimes de retraite
complémentaire après une durée minimale de
détention de 15 ans.
En terme de calendrier
, d'ici 2006, la part annuelle des revenus du
1 % affectée à la nouvelle association foncière
représentera environ un milliard d'euros Cette somme constituera les
fonds propres de l'association. Pour les programmes d'investissement, elle
pourra mobiliser des emprunts dans la limite de 150 % du montant des fonds
propres. Afin de permettre à l'Association Foncière de remplir un
objectif d'engagement significatif en 2002 et 2003, ce pourcentage pourra
être porté à 200 % pour les opérations
engagées au titre de ces deux années.
Pour 2003, le gouvernement prévoit déjà la mise en
chantier de 4.000 logements grâce à la nouvelle association
foncière.
III. ENGAGER UN MOUVEMENT CLAIR DE DÉCENTRALISATION ET D'ÉVALUATION DE LA POLITIQUE DU LOGEMENT
A. UNE LOI « SOLIDARITÉ ET RENOUVELLEMENT URBAINS » TROP RIGIDE
1. Les dispositions de la loi SRU
La loi « solidarité et renouvellement urbains » a créé un dispositif de sanctions à l'égard des communes ne disposant pas d'un nombre suffisant de logements sociaux. La loi institue en effet, à compter du 1er janvier 2002, un prélèvement sur les recettes des communes ayant moins de 20 % de logements sociaux. Le produit est versé à la communauté urbaine, à la communauté d'agglomération ou à une communauté de communes, à un établissement public foncier ou, à défaut, à un fonds d'aménagement urbain affecté aux communes pour des actions en faveur du logement social
2. Un dispositif en cours de révision
Votre
commission rappelle qu'un dispositif coercitif n'est pas de nature à
régler de manière satisfaisante les problèmes structurels
de la construction sociale
, qui ont déjà été
longuement exposés dans ses rapports précédents :
faiblesse de la demande, déséquilibre des opérations,
complexité de la réglementation etc.
De fait, le Sénat a adopté le 13 novembre dernier, une
proposition de loi modifiant la loi solidarité et renouvellement
urbains, présentée par six de nos collègues
sénateurs et rapportée par notre collègue Dominique Braye.
Concernant le logement social, le texte adopté par le Sénat
substitue un « contrat de confiance » avec les élus locaux
à une logique de contrainte financière, en remplaçant des
impératifs de « stocks » de 20 % de logements sociaux dans les
communes par des obligations portant, chaque année, sur l'affectation au
logement social de 33 % des constructions nouvelles.
Par ailleurs, votre commission a expliqué à de nombreuses
reprises qu'il convenait de mener une politique de demande plutôt que
d'offre
, ce qu'est venu confirmer le rapport de la mission
d'évaluation et de contrôle de l'assemblée nationale sur le
logement social, mené par Jean-Louis Dumont, selon lequel «
il faut cesser de gérer le logement social comme au temps de la
pénurie, mais refonder la politique du logement sur la volonté de
répondre à une demande diversifiée
».
De fait, le parc social ne répond pas à la demande
. Les
ménages les plus pauvres sont davantage logés dans le parc
locatif privé que dans le parc HLM. En 1996, date de la dernière
enquête logement, les ménages du premier décile de revenus
étaient logés pour 21 % en locatif social et pour 31 % en locatif
privé. Par ailleurs, la vacance a également tendance à
s'accroître dans le parc social même si elle est très
concentrée (un quart des logements vacants se trouve dans 1,5 % du
parc).
Il faut donc reconnaître que la qualité du logement des
personnes à faible revenu ne dépend pas uniquement du nombre de
logements sociaux construits,
mais également des mesures en faveur
de leur accès au parc privé. A cet égard, on pourra se
référer aux efforts consistant à créer un parc de
logements locatifs conventionnés (dispositif dit
« Besson » en remplacement du dispositif
« Périssol »).
D'une manière générale, il est indispensable que le
logement social réponde à la demande, comme le souligne encore un
rapport de mission de l'inspection générale des finances et du
conseil général des ponts et chaussées de mars 2002 sur le
logement social.
« Le calibrage des actions publiques ne peut être
optimisé que s'il est appuyé sur une connaissance fine de la
demande, qui n'est accessible et interprétable qu'au niveau local.
Plus profondément, la programmation des crédits d'aide au
logement locatif a longtemps reposé sur l'idée qu'il convenait de
répondre quantitativement à des « besoins » de
construction et, plus récemment, de réhabilitations. Or, les
« besoins en logement » ne peuvent être
appréhendés au plan national. L'absence de définition
normative de cette notion ne permet pas, en effet, d'évaluer
objectivement la proportion de ménages dont les conditions de logement
ne sont pas satisfaisantes selon la collectivité publique. En outre, une
telle étude supposerait une connaissance du fonctionnement des
marchés locaux de l'habitat, en particulier de la façon dont
l'offre privée satisfait une partie des « besoins » en
logement social. Or, cette connaissance fait défaut au plan national.
Enfin, l'estimation des aides publiques à la réhabilitation et
à la démolition est fondée sur des enquêtes
déclaratives à la portée opérationnelle
contestée. »
Enfin,
il faut rappeler que dans la plupart des pays la réalisation
de logements sociaux a tendance à diminuer
. Elle reste en tout
état de cause directement proportionnelle au stock, c'est à dire
que les pays ayant très peu de logement sociaux ne connaissent pas de
renversement de tendance. Par contre un pays comme le Royaume Uni qui disposait
d'un parc très important a fortement ralenti ses investissements dans ce
domaine.
B. RÉFORMER LA POLITIQUE DU LOGEMENT SOCIAL VERS PLUS DE DÉCENTRALISATION
1. La politique du logement social ne peut être décidée « d'en haut »
Un
rapport de séminaire de l'Ecole nationale d'administration rendu public
l'an dernier avait parfaitement résumé les difficultés de
la politique du logement social et plus globalement de la politique du logement
en France.
Celle-ci souffre en effet d'un excès de centralisation.
Ainsi, les objectifs quantitatifs sont fixés au niveau central
: une
circulaire annuelle de programmation est envoyée aux services
déconcentrés. Dans les autres pays européens, seules les
orientations générales de la politique du logement sont
définies au niveau national, les objectifs chiffrés relevant du
niveau local. En Espagne, le plan quadriennal fixe un cadre national au sein
duquel chaque région autonome choisit les priorités qu'elle
retiendra.
Les aides sont également définies au niveau national
: les
aides à la personnes sont octroyées selon des barèmes
nationaux d'attribution et les aides à la pierre sont définies
par une réglementation nationale uniforme (taux et durée des
prêts, montant des subventions, plafonds de ressources et de loyers). Les
aides fiscales sont également indépendantes de la situation
locale. Or, en Allemagne comme au Royaume-Uni, les aides à la pierre et
avantages fiscaux liés au logement sont différents selon les
Länder et les régions.
Un récent rapport de mission de l'inspection générale
des finances et du Conseil Général des Ponts et Chaussées
de mars 2002 confirme l'importance de « prendre en compte le niveau
local », ce que votre commission a souligné à plusieurs
reprises
7(
*
)
.
« Une nécessaire prise en compte du niveau local »
Les
trois pays étudiés (Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni) accordent
une responsabilité plus grande aux collectivités locales. Cette
donnée est fortement liée à l'organisation administrative
et politique des pays, et donne donc difficilement lieu à une
comparaison. Cependant, au-delà des différents degrés de
décentralisation, tous les pays examinés ont pris acte de la
difficulté de fixer des règles nationales, voire
régionales trop rigides.
Ainsi, au Royaume-Uni, les règles en matière de loyer ou
d'attribution sont indicatives pour les communes, qui peuvent fixer des
règles différentes. Aux Pays-Bas, l'Etat central se contente des
règles générales, et les communes sont chargées de
réguler le marché local de l'habitat. Enfin, en Allemagne, la
récente réforme du droit de la construction (octobre 2001) vise
à associer davantage les communes et groupements de communes à la
fixation des règles, jusqu'alors principalement édictées
par les Länder.
Par ailleurs, cette réforme du droit de la construction allemand a
également cherché à enrichir les outils dont peuvent
disposer les acteurs locaux pour intervenir sur le marché de l'habitat
de manière fine. Ainsi, elle prévoit la possibilité de
déconventionnement du parc conventionné et même de
transfert de conventionnement, afin de coller au mieux à
l'évolution des besoins.
Source : rapport sur le financement du logement social - IGF/CGPC - mars
2002
Enfin, le rapport de l'ENA précité confirme qu'il n'y a pas de
politique interministérielle
. On constate un empilement des
dispositifs avec la superposition des normes issues de ministères
différents (par exemple, les normes d'insalubrité sont
fixées à la fois par la direction générale de
l'urbanisme, de l'habitat et de la construction et par la direction de l'action
sociale). En Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, on essaye de simplifier les
dispositifs. En France, le ministère de la ville est peu associé
à la définition de la politique du logement, de même que le
ministère de l'emploi et de la solidarité.
Votre rapporteur estime donc que
l'idée d'impliquer davantage le
ministère de la ville dans la rénovation urbaine est
particulièrement positive
. Il rejoint en cela les observations de
son collègue Eric Doligé, rapporteur spécial des
crédits de la ville. Pour que la politique interministérielle de
la ville soit effective, il faudrait toutefois que des moyens humains et
financiers soient clairement attribués au ministre
délégué à la ville et à la rénovation
urbaine, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
2. Le rôle des collectivités locales dans la politique du logement est négligé
Il
n'existe pas de document de synthèse pertinent sur l'effort des
collectivités locales en faveur du logement
.
De manière significative, le tableau sur l'effort financier de la Nation
en faveur du logement ne les prend pas en compte, alors que son
mentionnées les aides de l'Etat et des partenaires sociaux.
Le tableau fourni par le ministère de l'économie et des finances
et le ministère chargé du logement sur les interventions des
collectivités locales manque singulièrement d'explication pour
qu'il puisse être permis d'en vérifier la pertinence. La modestie
des sommes annoncées laisse à penser que certaines actions
essentielles des collectivités locales, comme par exemple la mise
à disposition de terrains à bâtir, n'ont pas
été prises en compte.
Interventions en faveur du logement des collectivités locales en 2000
(en millions d'euros)
|
Communes |
Départements |
Régions |
Aides directes |
252 |
94 |
68 |
Aides indirectes |
12 |
1 |
3 |
Total |
264 |
95 |
71 |
Source : DCP Notes bleues de Bercy n°229-230
Le ministère chargé du logement explique clairement qu'il
n'existe pas de statistiques fiables en la matière.
Participation au financement du logement des collectivités locales : des statistiques inexistantes
Il
n'existe pas de sources exhaustives actualisées
régulièrement sur ce sujet. Les données exploitées
par la Direction de la Comptabilité Publique ne retracent que
partiellement les dépenses des collectivités locales dans le
domaine du logement parce qu'une partie des dépenses ne correspond pas
exactement à la nomenclature du domaine du logement et inversement une
partie des dépenses de ce domaine n'ont pas trait à la politique
du logement mais à des logements de fonction. De plus, les aides en
nature par apport de terrains ne sont pas identifiables dans les comptes
administratifs des communes.
Une étude effectuée par la CDC sur les interventions des
collectivités locales dans le domaine du logement depuis 1993 vues
à travers les comptes administratifs, fait apparaître les
éléments ci-après.
Les interventions réalisées par les collectivités
territoriales d'Ile-de-France sont sans commune mesure avec le reste du
territoire. En ce qui concerne les régions, les dépenses moyennes
effectuées en Ile-de-France en 1996-1997 représentent 60% de
l'ensemble des dépenses des régions.
Les régions ont dépensé en moyenne 137,2 millions d'euros
par an en 1996-97, dont 80,8 millions pour l'Ile-de-France. Rapportée au
nombre d'habitants, la dépense moyenne de l'ensemble des régions
est de 2,44 € par habitant, celle de la région Ile-de-France
représente 7,62 € par habitant et celle du reste de la France
représente 1,22 € par habitant. A noter que deux régions ne
font aucune dépense pour l'habitat.
En ce qui concerne les départements, là encore il faut distinguer
Ile-de-France et province. Les départements ont dépensé
en moyenne 335 millions d'euros par an en 1996-97 dont 198 millions € pour
l'Ile-de-France. Cela représente une dépense moyenne par habitant
de 5,64 € pour la France, de 18,45 € par habitant en Ile-de-France et
de 2,74 € par habitant hors Ile-de-France. Il faut noter qu'au sein
même de l'Ile-de-France il y a de fortes disparités : trois
départements dépensent plus de 30 € par habitant, ce sont
dans l'ordre décroissant de dépenses : Le Val de Marne, Paris et
les Hauts de Seine, à l'autre extrémité le
département des Yvelines dépense seulement 1,37 € par
habitant.
Il faut noter que Paris étant à la fois département et
ville, à ce montant ne s'ajoute pas d'autre participation, alors que
dans les autres départements de la petite couronne, notamment, les
dépenses des villes pour le logement sont importantes 23,93 € par
habitant en 1995 dans 25 villes d'Ile-de-France.
L'étude commandée par la CDC traite également des grandes
villes et des groupements et fait apparaître pour cette catégorie
une dépense moyenne de 6,25 € par habitant.
A partir de ces données, on peut tenter d'évaluer l'ensemble des
dépenses des collectivités locales pour le logement en
distinguant l'Ile-de-France et le reste du pays. En Ile-de-France, la
région affecte 7,62 € par habitant, auxquels se rajoutent 19,67
€ des départements (hors Paris) et on peut estimer à environ
3,05 € par habitant ce que rajoutent les villes, ce qui conduit à
une dépense totale de l'ordre de 30,49 € par habitant hors Paris
soit : 274 millions € et une dépense de 44,52 € pour Paris
soit 93,76 millions d'euros.
Pour le reste de la France, on a environ 1.22 € par habitant pour les
régions auxquels s'ajoutent 2,74 € pour les départements, et
compte tenu des disparités importantes de dépenses des communes,
on peut rajouter 0,76 € par habitant, ce qui fait un total de 4,73 €
par habitant, ce qui conduit à une dépense d'environ 228,67
millions d'euros, soit. une estimation totale d'environ 762,25 millions €
par an.
Par ailleurs, en 2000, d'après l'enquête auprès des
comptables des collectivités de plus de 700 habitants, c'est 430
millions d'euros qui ont été consacrés au logement, somme
en diminution par rapport à l'année précédente (
467,35 M€), la part des régions est en baisse
régulière. Mais cette enquête ne prend en compte qu'une
partie des aides effectives.
Le ministère du logement fait par ailleurs savoir que
«
s'agissant de la décentralisation, le gouvernement a
initié un processus de réflexion, de concertation et de recueil
des propositions en vue de présenter un projet de loi dans les prochains
mois. Les orientations concernant le logement ne sont pas encore
arrêtées. Leur généralisation à l'ensemble du
territoire sera, en tout état de cause, précédé
d'une phase d'expérimentation.
»
En complément d'une réflexion sur le rôle des
collectivités locales et la décentralisation en matière de
logement, il convient d'approfondir la réflexion sur la réforme
du logement social.
C. RÉFORMER PLUS PROFONDÉMENT LA GESTION DU LOGEMENT SOCIAL
1. Mieux répondre aux demandes des citoyens
a) Adapter le logement social à la demande : réduire le taux de vacance
Au
31 décembre 2000, on dénombre un peu moins de
130.000 logements vacants dans le parc locatif social (3,3% du parc),
dont :
-
23.000 logements vides (0,5% du parc) pour cause de réhabilitation
lourde, de démolition ou de vente prochaine
(qui ne sont donc pas
proposés à la location) ;
-
45.000 logements vacants (1,2% du parc) depuis moins de trois mois,
c'est-à-dire en période d'attente « normale »
entre deux occupants ;
-
65.000 logements vacants (1,6 % du parc) inoccupés depuis plus
de trois mois faute de nouveau locataire
: ce dernier aspect de la
vacance augmente fortement depuis quelques années.
L'enquête sur l'occupation des logements sociaux au 1er janvier 2000 a
mis en évidence
le taux de vacance beaucoup plus élevé
dans les zones urbaines sensibles (ZUS)
que dans le reste du parc ; en
effet ce taux est de 6 % dans les ZUS et de 2,6 % hors ZUS et zones
de revitalisation rurale (ZRR).
Ce phénomène de la vacance du parc social devrait être
mieux analysé afin d'engager réellement une politique de
reconquête de l'habitat social dans certains quartiers
.
b) Favoriser l'accession sociale à la propriété
Un autre thème important est l'accession sociale à la propriété . Le nombre de ventes de logements HLM au niveau national de 1993 à 2000 est excessivement réduit comme le montrent les chiffres ci-dessous.
L'accession sociale à la propriété dans le parc HLM
Années |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
ventes |
4.632 |
6.443 |
9.857 |
5.825 |
7.838 |
7.951 |
5.053 |
La
création de la société de garantie des opérations
d'accession sociale à la propriété des organismes d'HLM,
prévue par la loi relative à la solidarité et au
renouvellement urbains (SRU), a été retardée en raison des
difficultés rencontrées pour dégager les fonds
nécessaires à la dotation initiale de cet organisme.
Une solution a finalement été trouvée.
C'est la raison
pour laquelle votre rapporteur a déposé un amendement visant
à permettre à la Caisse de garantie du logement locatif social de
verser 15 millions d'euros en 2003 et en 2004 à la société
de garantie. Cet amendement a été adopté par le
Sénat en première lecture du projet de loi de finances.
Il conviendrait, tout comme pour la vacance, d'engager une vraie
réflexion sur l'accession sociale à la propriété,
son intérêt, ses objectifs et ses moyens.
2. Mieux organiser et contrôler le secteur des organismes HLM
a) Une multiplicité de statuts avec d'importants inconvénients
Le poids
des organismes HLM et surtout leur lien étroit avec la sphère
publique, constituent une particularité française.
Localement,
le nombre important d'organismes constitue un frein à la politique du
logement social et rend difficile la coordination des acteurs locaux.
Or, les organismes HLM ont une responsabilité importante dans le rythme
de mises en chantier de logements sociaux et qu'ils doivent, par
conséquent, mettre tout en oeuvre afin de répondre aux demandes
de logements.
Il convient à la fois de réformer le secteur HLM et de lui
donner les moyens d'agir.
Il faut tout d'abord réfléchir sur
la multiplicité des
statuts des organismes HLM et ses conséquences
.
Si l'on se réfère uniquement au régime fiscal des
organismes sociaux,
les divergences sont telles qu'elles peuvent
entraîner des distorsions de concurrence.
Ainsi, les sociétés d'économie mixte (SEM) intervenant
dans le domaine du logement social sont entièrement soumises à
l'impôt sur les sociétés, les organismes publics
d'aménagement et de construction (OPAC) sont partiellement
exonérés et les sociétés anonymes d'habitations
à loyer modéré (SA d'HLM) sont totalement
exonérées, y compris d'ailleurs pour leurs opérations ne
relevant pas du logement social.
Du fait des distorsions, par exemple lorsqu'une SEM vend un logement social
à une SA d'HLM, les plus-values latentes sont imposées
immédiatement à l'impôt sur les sociétés car
la SA d'HLM étant exonérée d'impôt sur les
sociétés, le régime de faveur des fusions ne s'applique
pas.
Le transfert de patrimoine entre organismes sociaux pose problème et
doit être examiné avec attention, en lien avec une simplification
du régime fiscal des organismes de logements sociaux.
Dans un premier temps,
votre rapporteur a simplement proposé par
amendement à la première partie du projet de loi de finances pour
2003 d'aligner le régime fiscal du premier apport de logement social
neuf d'un organisme à un autre sur le régime des ventes de
logements sociaux, c'est-à-dire lui appliquer un taux de TVA de 5,5 %.
Le Sénat a adopté cet amendement en première lecture du
projet de loi de finances.
On rappellera qu'aujourd'hui, l'exonération d'impôt sur les
sociétés pour l'ensemble des organismes sociaux coûte 300
millions d'euros, dont 200 millions pour les SA d'HLM. Sur cette somme,
une partie minoritaire correspond à des activités hors logement
social.
b) Mieux évaluer la gestion des organismes sociaux
L'efficacité du parc social doit aussi être
évaluée.
Il ne suffit pas de dire que le parc social, par
vocation, et du fait de son statut, remplit une mission de service public,
alors que le parc privé serait entièrement livré à
la loi du marché.
Enfin, la France a trop tendance à négliger
l'évaluation de sa politique de logement social
. En Grande-Bretagne,
l'accent est mis sur l'évaluation et la notion de «
best value
for money
». Chaque collectivité locale établit un plan
annuel déterminant ses objectifs de performance et lance des appels
d'offre. Les
housing associations
ou les
registered social
landlords
, qui sont les organismes constructeurs ou les gestionnaires du
logement social, répondent à des questionnaires
détaillés pour que les collectivités évaluent leurs
résultats. En France, les rapports de la mission d'inspection du
logement social (MIILOS) ne donnent pas toujours lieu à des suites
concrètes.
c) Les propositions du rapport de la mission « financement du logement social »
Le rapport de l'inspection générale des finances et du conseil général des ponts et chaussées précité fait à ce sujet une série de propositions concernant la politique du logement, au-delà même du secteur HLM que votre rapporteur spécial juge utile de reproduire ici.
Les recommandations du rapport sur le financement du logement social
Sur la
programmation et la répartition des crédits d'aide et leur
articulation avec les objectifs territoriaux de la politique du logement
1. Justification, à partir d'études de la demande, des programmes
nationaux d'aide, et de leur répartition en enveloppes régionales.
2. Renforcement de l'effort d'étude de la demande, et dans les
départements les plus chargés des moyens de suivi.
3. Liberté d'usage de la fongibilité au niveau régional et
déspécialisation des aides budgétaires à la pierre.
4. Développement progressif du conventionnement global pluriannuel entre
l'organisme de logement social et l'autorité territoriale
(généralement départementale, aujourd'hui préfet de
département ; sauf évocation au niveau régional pour les
organismes étendus).
Sur l'attribution des aides
5. Application stricte des règles existantes pour l'attribution des
aides consenties dans le régime maintenu.
6. Priorité budgétaire aux aides consenties dans le cadre du
conventionnement global.
7. Déconcentration au niveau régional des règles
d'application des aides à la pierre, les principes seuls restant
définis au niveau central.
Sur les caractéristiques, le contenu et les effets des conventions
globales
8. Conventions globales valant promesses des aides prévues, et
autorisation d'emprunter selon le meilleur profil négociable dans le
cadre du volume d'aide de taux attribué.
9. Durée négociable et adaptable, mais limitée,
généralement 3 à 5 ans.
10. Admission au conventionnement global subordonnée à la
production d'études stratégiques, patrimoniales, et de
restructuration des loyers, robustes ; donc à la démonstration
par l'organisme d'une qualification suffisante.
11. Encouragement par ce mécanisme au regroupement ou au travail
coopératif des organismes.
12. Autorisation aux offices de créer des participations non
majoritaires, notamment pour l'acquisition de compétences et pour la
coopération dans les projets de renouvellement urbain.
13. Obligation de convenir sur les loyers, le programme d'investissements (et
désinvestissements), les objectifs chiffrés de peuplement
(engagement individuel d'attributions prolongeant les actuels accords
collectifs).
14. Globalisation du financement sur emprunt.
Sur la gestion des organismes
15. Reconnaissance par une pratique transparente des amortissements et des
provisions des moins values immobilières latentes.
Sur les sources de financement
16. Ouverture à la concurrence de la distribution des prêts sur
livret A, comme pour les autres prêts au logement.
17. Approfondissement de l'analyse des conditions d'équilibre financier
de la nouvelle société foncière du 1%.
18. Amélioration des études prévisionnelles actuelles de
la CDC par de vrais modèles prévisionnels de la ressource,
incluant une appréciation réaliste du risque de transformation.
19. Clarification des règles déterminant le
prélèvement budgétaire de l'Etat sur les fonds
d'épargne.
20. Inscription dans la loi des règles d'actualisation annuelle des
barèmes des aides personnelles au logement.
Parmi les recommandations, il faut souligner une réflexion approfondie
sur le conventionnement global et le souci d'établir un certain nombre
de règles au niveau local.
On observera enfin
qu'un certain nombre de propositions reflètent les
préoccupations exprimées par votre commission des finances depuis
quelques années,
en particulier l'effort d'étude de la
demande de logement social ou la clarification des règles
déterminant le prélèvement budgétaire de l'Etat sur
les fonds d'épargne.
CHAPITRE IV :
DES AIDES A LA PIERRE POUR LE LOGEMENT PRIVÉ
AFFAIBLIES
I. DES AIDES POUR L'ACCESSION A LA PROPRIÉTÉ NON REVALORISÉES
A. LE PRÊT À TAUX ZÉRO : MALGRÉ D'EXCELLENTS RÉSULTATS, UNE RÉDUCTION DES MOYENS
1. Un dispositif d'une grande utilité
a) Un dispositif efficace tant du point de vue économique que social
L'an
dernier, votre commission soulignait que en raison des difficultés de la
construction locative sociale et de l'atterrissage prévu pour la
construction locative privée (le passage du dispositif de
l'amortissement Périssol au dispositif Besson a été
relativement lent), ce sont les flux d'accession à la
propriété qui, tant dans le neuf que dans l'ancien, permettaient
la bonne tenue du secteur de la construction et de l'entretien.
La reprise constatée dans la construction aidée en 1999
(141.000 logements mis en chantier contre 127.000 en 1998) s'expliquait
uniquement par la progression du prêt à taux zéro ; la
construction locative sociale demeurant atone jusqu'à cette date.
La forte croissance des accessions avec prêts à taux zéro
s'est faite dans un contexte économique et immobilier favorable,
allié à une baisse continue des taux d'intérêt des
prêts immobiliers.
Par rapport à l'ancien prêt d'accession à la
propriété (PAP), le prêt à taux zéro a
élargi tout à la fois le réseau d'offre et le nombre des
ménages susceptibles d'en bénéficier. Il est
également très favorable aux candidats à l'accession
:
- en réduisant significativement le taux d'effort des ménages, en
particulier par le jeu des différés d'amortissement pour les
ménages les plus modestes,
- en facilitant l'accession à la propriété de
ménages appartenant aux catégories moyennes qui étaient
auparavant exclus du bénéfice des PAP.
Ainsi, 34 % des acquéreurs ont un revenu annuel imposable
inférieur à 12.638 euros (Tranche 1), 1,6 Smic ; 21 % entre
12.638 euros et 15.793 euros (Tranche 2), entre 1,64 et 2 Smic ;
19 % entre 15.794 euros et 18.949 euros (Tranche 3), entre 2 et
2,5 Smic ; soit 75 % des acquéreurs ayant un revenu mensuel au
plus égal à 2.193 euros, inférieur à
2,5 Smic.
Les ménages composés de 3 ou 4 personnes représentent
53 % des acquéreurs. 69 % des emprunteurs ont moins de 35 ans.
Les catégories socioprofessionnelles les plus représentées
sont les ouvriers (34 % du total), les employés (26 %) et les
professions intermédiaires (21 %). Dans 73 % des cas, les
emprunteurs sont des salariés du secteur privé contre 17 %
de salariés du secteur public et 10 % de non salariés, ce
qui est assez proche de la répartition de la population active.
b) Une efficacité confirmée par un récent rapport d'inspection
Une
mission a été confiée en 2001 à l'Inspection
Générale des Finances, au Conseil Général des Ponts
et Chaussées et au directeur de l'Agence Nationale d'Information sur le
Logement (ANIL) sur le prêt à taux zéro.
Les conclusions de cette mission confirment tout l'intérêt du
prêt à taux zéro, tant du point de vue social
qu'économique.
D'un point de vue social, la cible visée a été
atteinte
: 75 % des bénéficiaires ont des ressources au plus
égales à 2,5 SMIC en 2001 et bénéficient de 80 %
des subventions versées ; plus de 60 % sont ouvriers ou
employés ; par ailleurs, ce prêt contribue à la
mobilité dans le parc locatif, puisque 85 % des accédants avec un
prêt à taux zéro sont d'anciens locataires (dont 20 % de
locataires HLM) ; enfin 61 % des bénéficiaires ont entre 25 et 35
ans.
D'un point de vue économique, comme votre commission l'avait
déjà fait valoir,
ce prêt, réservé aux
opérations neuves de construction ou d'achat, ou présentant un
fort pourcentage de travaux a contribué à améliorer la
situation du secteur du bâtiment
. Le nombre d'opérations
déclenchées par le seul prêt à taux zéro a pu
représenter jusqu'à 20.000 opérations par an
(créant de l'ordre de 15.000 emplois) ce qui a permis d'apporter une
réponse efficace à la crise de la construction observée au
début des années 1990. La création du prêt à
taux zéro a ainsi évité de passer sous 250.000 mises en
chantier en 1996 et 1997 et a soutenu par la suite la remontée vers le
seuil de 300.000 mises en chantier annuelles.
De plus,
l'effet de levier du dispositif a pu être
évalué à environ 2,5 ce qui veut dire que les 800 millions
d'euros de subventions versées sur l'année ont
généré 2 milliards d'euros d'activité. Il convient
de souligner le caractère exceptionnellement élevé de ce
coefficient pour un investissement public (les valeurs
généralement observées sont en effet voisines de 1).
2. Un dispositif pourtant réduit ces dernières années
Depuis plusieurs années, de nombreuses mesures ont
pourtant réduit l'efficacité sociale du prêt à taux
zéro.
En octobre 1997, les prêts à taux zéro ont
été restreints aux primo-accédants. Depuis la
réintégration des crédits du prêt à taux
zéro dans le budget du logement, de nouvelles mesures de restriction du
dispositif ont été prises, afin de limiter son coût
budgétaire : un arrêté du 29 décembre 1999 a
plafonné la subvention de l'Etat et un arrêté du 29
septembre 2000 a réduit la période de remboursement des
prêts.
Depuis 1997, aucune revalorisation des plafonds de ressources
n'a eu lieu
, ce qui a eu pour conséquence de
« sortir » plusieurs milliers d'accédants demandeurs
potentiels du prêt à taux zéro.
De fait, le nombre de prêts à taux zéro s'est fortement
réduit depuis 1997, passant de 123.000 à 102.000 prêts
émis
. Pour 2003, une légère remontée est
annoncée (103.000) mais ce chiffre ne permet pas de parler d'inversion
de tendance.
Nombre de prêts à taux zéro
année |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
PTZ émis |
145 000 |
123 000 |
111 200 |
126 266 |
111 000 |
102 000 |
PTZ mis en force |
117 900 |
129 150 |
109 200 |
116 858 |
112 169 |
101 893 |
Ainsi, les moyens budgétaires du prêt à taux zéro ne cessent de se réduire . Pour 2003, la dotation passera de 884,2 à 780 millions d'euros (- 11,8 %) et les moyens d'engagement seront réduits de 869 à 778 millions d'euros (- 10,5 %).
Consommation PTZ
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 (31/08) |
||||||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
Total |
1 114,0 |
1 066,0 |
912,1 |
903,7 |
816,6 |
870,6 |
912,1 |
903,7 |
816,6 |
870,6 |
529,0 |
547,2 |
On note par ailleurs que les opérations avec prêts garantis enregistrées au fonds de garantie de l'accession sociale FGAS (soit prêt à l'accession sociale PAS, soit PTZ, soit les deux) ont diminué de 13,4 % en 2001 par rapport à 2000 : 53.900 opérations contre 62.175 opérations en 2000, 73.200 en 1999, 69.200 en 1998, 70.000 en 1997 et 84.000 en 1996.
Nombre
d'opérations
garanties
|
Avec
prêt
|
Sans
prêt
|
Ensemble |
Avec PAS |
36 9000 |
16 200 |
53 100 |
Sans PAS |
800 |
|
800 |
Ensemble |
37 700 |
16 200 |
53 900 |
source SGFGAS
La baisse observée depuis 1999 a pour origine principale
l'absence
d'actualisation des plafonds de ressources d'éligibilité
aux
prêts garantis par le FGAS ainsi que certaines contraintes
réglementaires pénalisantes notamment pour les opérations
réalisées dans l'ancien. Une réforme
réalisée en octobre 2001 aurait levé en grande partie ces
difficultés.
3. Un prêt complété par d'autres prêts aidés
Plus d'un tiers des prêts à taux zéro sont associés à un prêt à l'accession sociale (PAS), plus d'un quart à un plan d'épargne-logement (PEL) ou à un prêt du 1% logement.
Plans de financement accompagnant le PTZ en 2001
(* ) Autre prêt éligible au marché hypothécaire
(**) Prêt Epargne Logement
La
répartition des plans de financement en 2001 est très semblable
à celle de 2000.
La différence notable concerne le recours
accru aux prêts libres dans les opérations d'accession avec un
prêt à taux zéro.
On note par ailleurs le recul des prêts d'épargne logement
(malgré une légère baisse des taux), et des prêts
conventionnés.
Une comparaison des résultats 2001 avec les chiffres 2000 montre une
stabilisation du nombre de prêts à taux zéro
associés à un prêt à l'accession sociale
(37%)
8(
*
)
. Les PAS sont distribués par les
établissements de crédit qui adhèrent au FGAS (Fonds de
garantie de l'accession sociale), créé en application de la loi
de finances pour 1993 n° 92-1376 du 30 décembre 1992. Le fonds
garantit les établissements prêteurs. Il est alimenté par
l'Etat et les établissements de crédit affiliés et
géré par la société de gestion du FGAS,
société anonyme au capital de 5.500.100 francs, dont les statuts
ont été adoptés par décret du 18 mars 1993. Les
établissements prêteurs signent une convention d'affiliation avec
la société de gestion.
4. Une aide particulièrement nécessaire
Le
coût moyen d'une opération d'achat dans l'individuel neuf avec un
prêt à taux zéro en 1999 a augmenté de plus 6 %
en un an, atteignant 774.800 francs. Depuis, le coût de l'accession
à la propriété s'est élevé malgré
l'effet positif de la baisse des taux d'intérêt.
En 2001, on a toutefois observé une légère
amélioration de la situation des accédants en Ile de France. Une
comparaison du taux d'effort de cette année d'avec celui de 2000
révèle une diminution du taux d'effort pour l'acquisition dans le
neuf et dans l'ancien en Ile de France respectivement de plus de deux points
(de 33.3% à 31.0%) et aux alentours d'un point (de 28.5% à
27.7%). En revanche, en province, le taux d'effort augmente respectivement de
plus de deux points (de 31.2% à 33.3%) et de trois points (de 25.4%
à 28.5%).
Pour 2002, certaines évolutions contredisent ces éléments.
En effet, si l'on compare les caractéristiques des opérations
avec prêts à taux zéro entre juin 2001 et juillet 2002, on
s'aperçoit de plusieurs évolutions :
-
une tendance à la réduction du nombre de prêts
,
assez marquée dans le secteur neuf, même s'il faut tenir compte du
décalage d'un mois dans les statistiques ;
-
une relative stabilité du montant moyen du prêt à taux
zéro,
sauf pour l'accession dans l'ancien en province ;
-
une sensible augmentation des mensualités de remboursement en Ile
de France
, qui passent de 747 à 900 euros pour l'accession dans le
neuf, le taux d'effort progressant de 31 à 36 % ;
-
le point positif concerne la province où l'on constate une
diminution des mensualités dans le neuf
(716 à 700 euros)
associée à une réduction du taux d'effort des
ménages (33,3 % à 31,8 %) mais les mensualités dans
l'ancien progressent (533 à 600 euros) et le taux d'effort
également (28,5 à 31,6 %).
Comparaison des émissions de prêts à taux zéro entre juillet 2001 et juin 2002
Zone |
IdF |
Province |
||||||
Type |
Neuf |
Ancien |
Neuf |
Ancien |
||||
|
2002 |
2001 |
2002 |
2001 |
2002 |
2001 |
2002 |
2001 |
Nombre de prêts |
2.682 |
3.646 |
67 |
78 |
27. 879 |
32.889 |
4.771 |
6.879 |
Montant PTZ |
20.400 |
20.443 |
18.800 |
18.431 |
16.100 |
16.022 |
13.200 |
12.821 |
Prêt principal |
155.200 |
81.300 |
74.500 |
67.352 |
72.200 |
63.983 |
52.700 |
46.954 |
Autres prêts (1) |
4.300 |
7.302 |
4.300 |
9.177 |
6.800 |
9.772 |
5.100 |
6.830 |
Apport personnel |
24.500 |
25.352 |
10.500 |
20 223 |
17.300 |
17.272 |
6.200 |
6.570 |
Total |
204.400 |
134.399 |
108.100 |
115.190 |
112.400 |
107.050 |
77.200 |
73.175 |
Mensualité moyenne (2) |
900 |
747 |
600 |
671 |
700 |
716 |
600 |
533 |
Revenu net moyen |
2.500 |
2.409 |
2.400 |
2.424 |
2.200 |
2.149 |
1.900 |
1.875 |
Taux d'effort |
36.0% |
31.0% |
25.0% |
27.7% |
31.8% |
33.3% |
31.6% |
28.5% |
source
SGFGAS
(1) : y compris Epargne-Logement si elle existe.
(2) : montant déclaré de la 1ère mensualité
tous prêts confondus.
B. RÉFORMER LE PRÊT À TAUX ZÉRO ?
1. Des mesures de restriction réglementaires
Depuis
plusieurs années, de nombreuses mesures ont réduit
l'efficacité sociale des aides à l'accession à la
propriété.
Depuis sa mise en place, en octobre 1995, le prêt à taux
zéro a connu diverses restrictions, avec une réduction de sa
durée en octobre 1996 et en octobre 1997 et une restriction aux
primo-accédants en novembre 1997.
La non-revalorisation des plafonds
de ressources a également conduit à réduire sensiblement
le nombre de bénéficiaires.
De nouvelles mesures de restriction du dispositif ont été prises,
afin de limiter son coût budgétaire : un arrêté
du 29 décembre 1999 a plafonné la subvention de l'Etat et un
arrêté du 29 septembre 2000 a réduit la période de
remboursement des prêts.
Le décret du 26 décembre 2000 a modifié et
complété le décret du 20 janvier 1997 qui portait la
quotité de prêt à 25 % du coût de
l'opération lorsqu'elle est située en zone franche urbaine par
une disposition qui porte la quotité de financement à 30 % en
zones franches urbaines et en zones urbaines sensibles.
L'arrêté du 26 décembre 2000 modifie les taux de subvention
maxima versés par l'Etat aux établissements de crédits
destinés à compenser l'absence d'intérêt. Les
nouveaux taux varient de 15,91 à 70,49 % selon les tranches de revenu,
compte tenu de la baisse des taux de marché observée au cours de
l'année.
L'arrêté du 4 octobre 2001 modifie également la
définition des ressources prises en compte en substituant aux revenus
nets catégoriels antérieurement pris en compte dans les
barèmes le revenu fiscal de référence, plus proche des
ressources réelles.
2. Une « expérimentation » vite achevée
Pour
la première fois depuis 1996, des mesures ont été prises
pour compléter le prêt à taux zéro en 2002.
Au titre du renouvellement urbain, a en effet été introduite
à titre expérimental une aide directe à la pierre venant
compléter le prêt à taux zéro. À cet effet,
deux appels à projet ont été lancés afin de
sélectionner :
- d'une part, 1.000 logements réalisés par des promoteurs,
publics ou privés dans des zones urbaines sensibles,
- d'autre part, 1.000 logements lancés par des organismes d'HLM à
destination de ménages très modestes.
Dans les deux cas, une aide de 10.700 euros devait être attribuée
pour chaque habitation concernée, diminuant d'autant le prix
d'acquisition du logement.
Votre commission s'était montrée assez réservée
sur cette expérimentation, dont le coût pouvait se
révéler assez important, en souhaitant davantage une
revalorisation du barème du prêt à taux zéro.
De fait, l'expérimentation n'a pas donné de résultats
véritablement probants. Selon les informations du ministère,
cette expérimentation ne devrait donc pas être reconduite en
2003
.
Concernant l'appel à projets « accession très sociale dans
des zones urbaines attractives » seuls 267 logements ont été
déclarés éligibles à la prime en 2002. Les
opérations sélectionnées restent chères au regard
des capacités de remboursement des emprunteurs tout en étant
insuffisamment orientées vers les zones les plus denses. L'appel
à projets concernant les zones urbaines sensibles a permis
d'agréer seulement 55 logements
9(
*
)
.
3. Des pistes de réformes à explorer
Il
conviendrait de renforcer le prêt à taux zéro, notamment en
milieu urbain, en étudiant le rôle spécifique des
collectivités locales.
Il faut d'ailleurs noter que le rapport de la mission d'évaluation
sur le PTZ propose de nouvelles pistes d'amélioration.
La principale problématique est celle de
l'élargissement du
prêt à taux zéro à l'acquisition dans l'ancien
.
L'obstacle auquel se heurte l'élargissement à l'ancien du
prêt à taux zéro est toutefois le coût
budgétaire très élevé de cette mesure : en 1996,
l'abaissement de la quotité de travaux à 20 % a ainsi
coûté près de 260 millions d'euros.
D'autres mesures peuvent être envisagées :
-
soit créer une aide permettant aux accédants modestes de
réaliser les travaux de mise aux normes des logements qu'ils
acquièrent
dans l'ancien
mais la création d'un tel
dispositif a un coût important (de l'ordre de 300 millions d'euros) et
doit être considérée en lien avec les subventions de l'ANAH
;
- soit
abaisser la quotité de travaux nécessaire pour obtenir
un prêt à taux zéro uniquement dans les zones tendues
en remplaçant celle-ci par un montant de travaux minimal de l'ordre de
15.000 euros ; cette mesure d'un coût plus réduit (de l'ordre de
61 millions d'euros) permettrait d'avoir une action pour développer
l'accession sociale en milieu urbain.
Malgré les contraintes budgétaires actuelles, votre rapporteur
souhaite que ces pistes de travail soient explorées et que soit
notamment tenu compte de l'action et de l'expérience de certaines
grandes villes, qui renforcent le prêt à taux zéro.
C. LA SÉCURISATION DES PRÊTS À L'ACCESSION SOCIALE
1. Le fonds de garantie à l'accession sociale (FGAS)
L'article L. 312-1 du Code de la construction et de
l'habitation
charge le FGAS de gérer pour le compte de l'Etat la garantie que
celui-ci accorde aux prêts PAS et, depuis octobre 1995, à certains
prêts à taux zéro. L'objet de cette garantie est
d'indemniser les établissements de crédit des pertes qu'ils
auraient à subir en cas de défaillance d'un emprunteur
bénéficiaire d'une de ces catégories de prêts.
Ce dispositif favorise ainsi l'accès au crédit immobilier de
ménages dont la capacité de remboursement est faible et pourrait
justifier un taux d'intérêt plus élevé, voire un
refus de prêt de la part du banquier. Les sommes provisionnées au
FGAS autorisent une pondération favorable des prêts garantis au
regard du ratio de solvabilité imposé aux établissements
de crédit ; cette économie de fonds propres est un facteur
déterminant de la modération relative du taux
d'intérêt servi par les banques aux accédants à
revenus modestes.
Depuis sa création en 1993, le dispositif mis en place a permis de
garantir plus de 770.000 prêts (dont 63 % de PAS) pour un montant total
de crédits de 29,57 milliards d'euros (84 % de PAS). Environ 60 % des
PAS et 85% des PTZ garantis concernent des opérations dans le neuf, ce
qui tend à montrer l'importance de la place prise par le FGAS dans le
cadre de l'activité globale de construction.
Le FGAS est alimenté par des cotisations versées par l'Etat et
les établissements de crédit qui y adhèrent, selon des
modalités fixées par convention
. Le fonds n'ayant pas la
personnalité morale, il est géré par la
société de gestion du FGAS (SGFGAS), société
anonyme dont les statuts sont approuvés par décret ; deux
commissaires du gouvernement (un représentant du ministère des
finances et un représentant du secrétariat d'Etat au logement)
assistent au conseil d'administration avec droit de veto sur les
décisions affectant l'engagement financier de l'Etat.
Le Fonds de Garantie de l'Accession Sociale à la propriété
(FGAS) est alimenté en recettes par :
• une cotisation de l'Etat (égale à 1,00 % des prêts
garantis à partir de la génération 2001 contre 1,25 % pour
les générations précédentes) ; cette cotisation est
prélevée sur le compte d'avances de l'Etat à la SGFGAS
lors de la déclaration du prêt par l'établissement
prêteur ;
• une cotisation initiale de l'établissement prêteur
égale à la cotisation de l'Etat et prélevée
simultanément ;
• une commission annuelle sur l'encours de prêts garantis
(plafonnée à 0,15 % de l'encours à partir de la
génération 2001, contre 0,2 % pour les générations
précédentes, sous réserve des bonus-malus) ;
• ainsi que la rémunération de ces fonds.
En dépense, les versements aux établissements de crédit au
titre de l'indemnisation des sinistres survenus pendant toute la durée
des prêts garantis s'imputent sur les actifs constitués lorsque
ces sinistres peuvent être constatés définitivement.
2. La question des éventuels excédents du FGAS toujours en suspens
Ces
dernières années, la question s'est posée, notamment
à l'initiative de votre commission, sur la base des informations
délivrées par le ministère, d'une modification des
conditions de versement de l'Etat au FGAS
,
car l'accroissement des
dotations budgétaires allait à contre-courant de
l'évolution de la trésorerie de ce fonds.
Ainsi, la trésorerie du FGAS s'élevait à 550 millions
d'euros à la clôture de l'exercice 1999 et le nombre de sinistres
était extrêmement faible. Début juillet 1999, 59 sinistres
étaient déclarés depuis la mise en place du FGAS, 28
avaient été pris en charge pour une indemnisation totale d'un peu
plus de 400.000 euros.
De fait, un accord a pu être trouvé sur ce point le 29 juin 2000.
Le taux de la cotisation de l'Etat et des établissements prêteurs
a été réduit de 1,25 % à 1 % et le taux
de la commission annuelle de 0,2 % à 0,13 %. La contribution de l'Etat
au fonds de garantie de l'accession sociale a donc été
réduite à 56,5 millions d'euros pour 2001.
En 2002, l'Assemblée nationale a à son tour souhaité
réviser les crédits du FGAS suivant en cela les propositions de
notre collègue député Jean-Louis Dumont au titre de la
mission d'évaluation et de contrôle sur le logement social.
Celui-ci estimait en effet, s'appuyant notamment sur l'analyse
développée en 2000 par votre commission
, que
«
l'Etat continue d'abonder la société de gestion du
fonds de garantie de l'accession sociale (SGFGAS) sur le chapitre 65-50
« Contribution de l'Etat au fonds de garantie de l'accession sociale
», sur la base de conventions qui n'ont pas été
portées à la connaissance du Parlement et qui semblent reposer
sur des prévisions de sinistralité très
exagérées. Il convient donc de réexaminer la subvention
budgétaire (de 370 millions de francs en 2001), voire de s'interroger
sur l'avenir de la trésorerie du fonds
. »
Votre commission avait alors observé que le FGAS n'est pas seulement une
trésorerie mais est un fonds de garantie qui doit faire face à
des engagements.
Cependant, il est évident que l'Etat s'est trompé en 1993,
date de création du FGAS sur le taux de sinistralité des
prêts garantis
. Il était resté sur le modèle des
anciens prêts d'accession à la propriété (PAP) et
sur la « dérive financière » du
système.
Cette erreur n'a pu se mesurer que progressivement
. En effet, les
cotisations sont versées chaque première année d'une
génération de prêts et doivent couvrir la
sinistralité des prêts pendant toute leur durée de vie (15
ans en moyenne). Il faut un minimum d'année pour faire un premier bilan
de la sinistralité des prêts : c'est ce qui est arrivé
en 2000, en constatant que la génération de prêts
contractés en 1993 avait un très faible taux de
sinistralité.
La diminution de 25 % des taux de cotisations en 2000 n'a toutefois d'effet que
sur les flux futurs et pas sur la trésorerie accumulée du fonds.
Dès 2003, il est envisageable que l'Etat récupère, sur la
première génération de prêts, ses excédents
de versements.
Votre commission estime donc que le débat doit porter sur les
modalités de réaffectation de ces excédents, afin de les
réorienter vers d'autres produits de la politique du logement.
Pour l'avenir, il faut certes poursuivre la réflexion
sur le bon
niveau de cotisations au FGAS, afin que ne se constituent pas des
excédents sans justification.
Toutefois, il serait vain de diminuer
de manière unilatérale et non concertée la contribution de
l'Etat pour les nouvelles générations de prêts.
Ceux-ci
sont en effet soumis à des risques de sinistralité sans doute
plus importants que la génération précédente. En
tout état de cause, seule une évaluation précise et
coordonnée entre les banques et l'Etat peut conduire à
réviser les taux de cotisations sauf à mettre en péril la
garantie offerte par le système et la confiance des
établissements bancaires.
II. LES AIDES A LA RÉNOVATION DU LOGEMENT PRIVÉ SOUS FORTE CONTRAINTE BUDGÉTAIRE
La réhabilitation du parc privé repose traditionnellement sur deux outils : les subventions de l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) pour les propriétaires-bailleurs et la Prime à l'amélioration de l'habitat (PAH) pour les propriétaires occupants.
A. LES AIDES AUX PROPRIÉTAIRES OCCUPANTS DOIVENT ÊTRE SIMPLIFIÉES ET REVALORISÉES
1. Malgré une hausse des bénéficiaires, la PAH n'a pas été revalorisée depuis 1993
L'activité liée à la PAH a connu une
légère amélioration ces dernières
années : après avoir connu une diminution en 1997, le nombre
de primes accordées est reparti à la hausse pour atteindre un
point haut en 2000 (80.184 primes accordées).
Après une revalorisation en 1999-2000,
le nombre de logements
subventionnés a de nouveau chuté en 2001, pour retrouver un
niveau équivalent à celui de 1996, en passant de 80.184 à
72.046 logements.
Les dotations en faveur des propriétaires occupants
|
Nombre de logements subventionnés |
Dotations initiales (LFI) |
Crédits disponibles |
Crédits consommés |
|||
|
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
|
1994 |
68771 |
91,47 |
74,70 |
100,83 |
98,31 |
100,83 |
94,20 |
1995 |
55909 |
91,62 |
91,62 |
80,19 |
96,87 |
80,19 |
98,74 |
1996 |
72510 |
92,23 |
92,23 |
122,72 |
105,95 |
122,72 |
90,92 |
1997 |
66623 |
91,47 |
108,24 |
125,77 |
142,54 |
121,96 |
87,96 |
1998 |
69419 |
121,96 |
105,19 |
110,53 |
108,80 |
110,53 |
101,58 |
1999 |
77414 |
124,32 |
116,70 |
109,08 |
118,71 |
109,08 |
110,74 |
2000 |
80184 |
121,96 |
121,96 |
106,71 |
103,67 |
106,71 |
128,15 |
2001 |
72046 |
121,96 |
121,96 |
109,76 |
130,60 |
109,76 |
111,00 |
Les
dotations budgétaires affectées à la PAH en loi de
finances initiale ont fortement progressé entre 1994 et 2001.
En 1997, la dotation obtenue en loi de finances initiale a été
abondée en fin de gestion à hauteur de 38,1 millions d'euros en
AP et en CP dans le cadre du plan de relance de la réhabilitation de
l'habitat social. Cette mesure a permis un accroissement sensible du nombre de
logements améliorés annuellement. On constate toutefois un
décalage important entre les crédits inscrits en LFI et les
crédits réellement consommés.
Par ailleurs, on note
une subvention moyenne inchangée depuis
pratiquement dix ans et qui est même inférieure en 2000 à
ce qu'elle était en 1997.
Evolution de la prime à l'amélioration de
l'habitat (PAH)
|
Nombre de primes accordées |
Montant total des primes en MF |
Montant moyen unitaire en
|
1993 |
60 802 |
646,8 |
10 638 |
1994 |
68 771 |
728,9 |
10 599 |
1995 |
55 909 |
591,4 |
10 578 |
1996 |
72 510 |
767.0 |
10 578 |
1997 |
66 623 |
718.9 |
10 791 |
1998 |
69 419 |
761,8 |
10 974 |
1999 |
77 414 |
841,6 |
10 872 |
2000 |
80 184 |
856,1 |
10 677 |
On
rappellera que la dernière revalorisation du barème des plafonds
de ressources date d'un arrêté du 21 décembre 1993,
applicable au 1er janvier 1994.
Dans le cadre de la réforme de l'ANAH, les crédits
budgétaires relatifs à la PAH ont été
intégrés, à compter de l'exercice 2002, au sein de la
subvention d'investissement de l'ANAH.
2. Un dispositif excessivement complexe qui nécessite une réforme
Votre commission a déjà souligné certaines des difficultés mises en valeur par la Cour des comptes, et notamment l'excessive complexité des barèmes et taux de subventions des aides à l'amélioration du logement privé. Pour la prime à l'amélioration de l'habitat, la Cour écrit : « pas moins de neuf situations différentes de taux et de plafonds de dépenses peuvent être identifiées aujourd'hui, auxquelles s'ajoute la possibilité introduite en 1987 à titre expérimental dans une quinzaine de départements de nouvelles conditions d'attribution de la prime ».
Les modalités d'octroi de la prime à l'amélioration de l'habitat
Nature des travaux |
Plafond de ressources inférieur à ... |
Taux de subvention |
Plafond de travaux |
Montant maximum de la prime |
Amélioration hors OPAH |
70 % PAP |
20 % |
70 000 F |
14 000 F |
Amélioration en OPAH |
70 % PAP |
25 % |
70 000 F |
17 500 F |
Amélioration en ZRIP |
70 % PAP |
20 % |
85 000 F |
17 000 F |
Travaux dans des copropriétés dégradées en OPAH |
70 % PAP
|
25 %
|
85 000 F
|
21 250 F
|
Accessibilité et adaptation du logement aux personnes handicapées |
100 % PAP |
50 % |
40 000 F |
20 000 F |
Adaptation du logement aux besoins des travailleurs manuels travaillant la nuit |
100 % PAP |
50 % |
28 000 F |
14 000 F |
Suivi d'insalubrité |
100 % PAP |
50 % |
70 000 F |
35 000 F |
Travaux sur les parties communes d'un immeuble en copropriété et faisant l'objet d'un plan de sauvegarde |
Pas de
conditions
|
50 % |
Pas
de
|
Pas de maximum |
Source : Cour des comptes, rapport public 2000
Dans le cadre de la réforme de l'ANAH, qui gère
désormais la PAH, il est envisagé une revalorisation des plafonds
de ressources pour l'attribution des subventions aux propriétaires
occupants ainsi que certaines mesures de simplification
portant notamment
sur :
- la suppression de la différenciation entre conjoint actifs et
conjoints inactifs,
- une simplification du zonage : ces plafonds devraient se répartir en
deux zones, Ile de France et province, au lieu de trois actuellement,
- la référence au revenu fiscal de référence de
l'année n-2 (au lieu du revenu imposable), avec la possibilité de
fournir l'avis n-1 s'il est disponible et s'il révèle une baisse
de revenus.
En application de l'article R.321-12 du CCH,
la revalorisation des plafonds
revêtira un caractère systématique
puisque cet article
prévoit expressément que les plafonds devront être
réévalués par l'agence chaque année en fonction de
l'évolution de l'indice des prix à la consommation hors tabac.
Enfin, les régimes de la PAH et de la subvention de sortie
d'insalubrité (SSI) seraient améliorés sous réserve
de la réalisation de certaines conditions.
Selon ministère en charge du logement,
le régime actuel de la
PAH et de la SSI en opération programmée d'amélioration de
l'habitat et
a fortiori
en secteur diffus apparaît insuffisant
pour solvabiliser suffisamment les propriétaires occupants aux
ressources faibles voire modestes
et leur permettre de réaliser les
travaux de remise à niveau aux conditions d'habitabilité
minimale. L'amélioration des aides à la pierre concernant les
propriétaires occupants (PAH et SSI) permettrait de solvabiliser ces
ménages en vue de la réalisation de véritables travaux
d'amélioration dépassant l'auto-réhabilitation et de
renforcer le caractère incitatif du dispositif opérationnel
d'OPAH.
B. DES AIDES AUX PROPRIÉTAIRES BAILLEURS IMPORTANTES MAIS CRITIQUÉES
1. L'activité de l'Agence nationale d'amélioration de l'habitat en baisse
Après avoir sensiblement progressé en 2000, l'activité de l'ANAH dans son ensemble a diminué en 2001, puisque le nombre de logements subventionnés est passé de 135.542 à 127.682. Le niveau atteint est toutefois sensiblement supérieur à la période 1996-1999, qui avait marqué un « creux » d'activité.
|
ANAH |
|
|
Nombre de dossiers agréés |
Nombre de logements subventionnés |
1994
|
54 489
|
143 600
|
Le
ministère explique que la diminution du nombre de logements
subventionnés par l'ANAH en 2001 par rapport à 2000
s'expliquerait notamment par le fait que les commissions de l'agence ne se
sont pas réunies pour agréer des dossiers en décembre
2001.
Le tableau ci-après, qui présente depuis 1994 le nombre de
dossiers agréés et le nombre de logements subventionnés
pour l'ANAH, au titre des propriétaires-bailleurs ainsi que le nombre de
logements subventionnés avec une PAH, témoigne également
d'un affaiblissement des opérations de réhabilitation du parc
privé.
|
ANAH |
PAH |
TOTAL |
|
|
Nombre de dossiers agréés |
Nombre de logements subventionnés |
Nombre de logements subventionnés |
Nombre de logements du parc privé subventionnés |
1994
|
54 489
|
143 600
|
68 771
|
212 371
|
Par ailleurs, l'évolution du nombre de logements conventionnés subventionnés par l'ANAH depuis 1994 est résumée dans le tableau suivant.
Logements conventionnés |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Diffus |
1 000 |
1 400 |
1 000 |
900 |
1 550 |
960 |
2 300 |
1 900 |
OPAH |
4 400 |
5 700 |
6 900 |
5 000 |
4 520 |
5 560 |
4 400 |
3 000 |
PST |
3 600 |
4 200 |
4 300 |
3 200 |
3 030 |
3 430 |
2 950 |
2 500 |
Ensemble |
9 000 |
11 300 |
12 200 |
9 100 |
9 100 |
9 950 |
9 650 |
7 400 |
Le
nombre de logements conventionnés à l'aide personnalisée
au logement qui avait chuté à 9.100 logements en 1997 s'est
stabilisé à un niveau légèrement inférieur
à 10.000 logements sur la période 1998-2000. Les résultats
des années 1995 et 1996, étaient directement liés à
la mise en place à partir de juillet 1995 de la majoration forfaitaire
de subvention applicable aux logements vacants conventionnés.
La très forte diminution constatée en 2001 serait due pour
partie à une diminution du nombre d'OPAH et surtout à la non
tenue des commissions en décembre
, mois au cours duquel est
habituellement engagé le plus grand nombre de dossiers en OPAH où
se trouve la plus grosse part des opérations conventionnées.
Par ailleurs, en 2001, 6.821 logements subventionnés ont fait l'objet de
la part des propriétaires d'un engagement de location en loyer
intermédiaire (6.525 en 2000) et 2.435 ont été
déclarés maintenus sous le régime de la loi du 1er
septembre 1948 (2.430 en 2000). Ces logements sont situés
essentiellement dans le secteur diffus et dans les zones à marché
locatif très tendu, en particulier en agglomération parisienne.
2. Les critiques de la Cour des comptes
L'ANAH a fait l'objet, comme l'ensemble de la politique de
réhabilitation des logements privés, de critiques significatives
de la Cour des comptes.
La Cour des Comptes a publié en effet dans son rapport annuel 2000 les
résultats de son enquête sur les subventions de l'État pour
l'amélioration de l'habitat privé
conduite auprès de
vingt-neuf directions départementales de l'équipement (DDE) et de
vingt délégations locales pour l'ANAH, qui, selon ses termes,
fait ressortir que :
-
le niveau insuffisant de connaissance du parc privé et des besoins
exprimés
ne permet toujours pas de disposer des informations
indispensables à la mise en oeuvre efficace d'une politique à
moyen terme d'aide aux propriétaires privés ;
-
les modalités d'attribution de ces aides restent peu lisibles
et ne sont pas exemptes d'anomalies ;
- outre l'évolution du parc et la multiplication des dispositifs
d'aides,
l'extension des allégements fiscaux
mis en oeuvre depuis
quelques années pour les propriétaires privés, tant
bailleurs qu'occupants, notamment l'abaissement du taux de TVA de 20,6 %
à 5,5 % à compter du 15 septembre 1999 pour les travaux
d'amélioration, de transformation, d'aménagement et d'entretien,
éclairent désormais d'un jour nouveau ces dispositifs de
subventions dont l'excessive complexité rend la gestion malaisée.
Les observations de la Cour sur les aides au logement privé
1 -
Des études notoirement insuffisantes
: tant à
l'administration centrale du ministère du logement que dans les DDE,
«
la connaissance du parc privé est diffuse, partielle,
empirique et de qualité insuffisante. Cette situation contraste avec la
connaissance qu'a le ministère de l'état du parc locatif
social.
» En ce qui concerne l'habitat privé non locatif,
hormis les enquêtes nationales sur le logement, la DGUHC n'a fait
réaliser depuis 1994 que trois études sur les
copropriétés en difficulté. Aucune étude ou
enquête n'a été effectuée sur les demandeurs ou les
bénéficiaires de la PAH. L'administration centrale n'a
globalement qu'une connaissance très lacunaire du parc à
améliorer. Jusqu'à une période très récente
l'ANAH n'a pas eu non plus de politique claire en ce qui concerne les
études à mener, sauf pour des sujets techniques tels que
l'amiante ou le saturnisme. Au niveau local, la connaissance par quelques DDE
du profil des bénéficiaires des aides résulte
essentiellement d'une initiative spontanée de leur part.
2 -
Une appréciation incomplète des attentes en matière
d'amélioration des logements
. La notion de « confort »
telle qu'exploitée par l'INSEE résulte des normes prévues
par la loi du 12 juillet 1967 relative à l'amélioration de
l'habitat et définies par son décret d'application du 9 novembre
1968. Ces normes minimales de confort, qui datent de plus de trente ans,
n'apparaissent donc plus comme des références appropriées
pouvant fonder des actions d'amélioration des logements. Les
problèmes actuels de l'habitat ancien sont, de fait,
sous-estimés. Il en est notamment ainsi des copropriétés
dégradées.
3 -
Une politique « dépourvue d'objectifs
clairs »
: Les aides à l'habitat privé,
notamment la PAH, ne sont que très marginalement évoquées
dans la circulaire de l'État, sauf ponctuellement comme les actions
contre l'amiante et le plomb mentionnées dans la circulaire pour 1999.
La circulaire de l'ANAH comporte entre six et huit priorités qui ne sont
pas assorties d'objectifs chiffrés, même indicatifs, à
court ou moyen terme. Au surplus, leur rang change presque chaque année.
4
- Un système complexe
: une agence sans autonomie,
l'instruction des dossiers souffre de plusieurs faiblesses (un système
informatique de gestion ancien et peu sécurisé, une analyse
souvent sommaire des pièces des dossiers et des travaux à
réaliser ; un contrôle insuffisant du respect des contreparties
à l'obtention des financements). Le demandeur a parfois des
difficultés à s'orienter dans le maquis des aides à
l'amélioration des logements. De nombreuses collectivités
territoriales et organismes de protection sociale interviennent aujourd'hui en
complément ou en alternative des actions de l'État.
5 -
Les subventions de l'ANAH semblent n'avoir qu'un effet limité sur
le marché du logement
: leur impact sur les vacances ne paraît
pas déterminant, hormis l'effet psychologique induit par la
création de la prime à la vacance de 1995 à 1997. L'effet
d'aubaine ne paraît pas négligeable pour la PAH comme pour les
primes de l'ANAH. Le mécanisme fiscal est donc devenu l'instrument le
plus massif et le plus simple d'aide aux propriétaires privés.
6 -
La question du maintien des aides de l'ANAH
est posée depuis
la baisse du taux de TVA à 5,5 %, sauf à les réserver
à des opérations très sociales comme les PST ou à
des opérations d'amélioration cohérentes, globales et
simultanées dans des périmètres précis, comme les
OPAH.
C. DES MENACES SUR LES MOYENS DE RÉHABILITATION DU PARC LOCATIF
1. La tentation de réduire les moyens de l'ANAH après la baisse du taux de TVA
a) Des dotations budgétaires en réduction dans les lois de finances successives
L'an
dernier, votre commission estimait que la réforme des aides au logement
privé était une réforme bienvenue, mais à
surveiller.
De fait, cette réforme s'est transformée en une
méthode de réduction des aides au parc privé, avec pour
appui le rapport de la Cour des comptes.
Dans le cadre de la loi du 13 décembre 2000 relative à la
solidarité et au renouvellement urbains, l'intervention de l'ANAH a
été étendue au financement des travaux
réalisés par les propriétaires-occupants. Dès la
loi de finances initiale pour 2001,
les moyens dévolus à
l'Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat (ANAH) et à
la prime à l'amélioration de l'habitat (PAH), ont
été fusionnées
, mais avec une forte réduction
des crédits de paiement ouverts (-9,4 %).
Votre commission avait estimé que pour la première
année de réforme de l'ANAH, la réduction de ses moyens
d'intervention était un signal très négatif :
la
réduction des crédits pouvait laisser craindre une
réduction des programmes de l'agence.
Toutefois,
il avait
été noté qu'en 2001 l'établissement public pourrait
puiser dans sa trésorerie
pour compenser la chute des dotations
budgétaires. Pour 2002, la réduction des moyens de l'ANAH s'est
cependant confirmée.
Le précédent gouvernement parlait d'un recentrage plus
affirmé des aides sur les priorités gouvernementales :
opérations en renouvellement urbain, copropriétés
dégradées, habitat insalubre, saturnisme, accessibilité
aux handicapés, aides à la décence du logement, tout en
prenant mieux en compte la situation des logements occupés par leurs
propriétaires, dont le plafond de ressources pour l'accès
à une aide était revalorisé.
Ce « recentrage » s'appuyait notamment
sur les
observations de la Cour des Comptes
dans son rapport public annuel 2000
précité sur les subventions de l'État pour
l'amélioration de l'habitat privé.
Dans le projet de loi de finances pour 2003 soumis par le gouvernement, les
moyens de paiement de l'agence sont fortement revalorisés (+13 %) mais
les moyens d'engagement chutent de 11 %. De fait, les opérations de
l'agence sont sur une pente descendante comme en témoignent les chiffres
de l'agence pour 2001.
Votre rapporteur estime essentiel que les moyens de l'ANAH soient
préservés. Les pouvoirs publics cherchent en effet à
favoriser le logement locatif et la fin programmée de la loi de 1948
devrait également conduire à des besoins accrus en termes de
réhabilitation. Il faut qu'un message positif soit adressé aux
bailleurs, qui continuent d'acquitter une fiscalité relativement
élevée sous la forme notamment de la contribution annuelle sur
les revenus locatifs.
Le fonds de roulement de l'agence, qui avait permis de maintenir ses moyens
malgré la baisse des dotations, s'est considérablement
réduit.
Situation de trésorerie de l'ANAH
Situation au : |
Fonds de roulement |
Trésorerie |
31
décembre 1994
|
101,38
M€
|
98,63
M€
|
A la fin de l'année 2000, le fonds de roulement correspondait à plus de trois mois de fonctionnement courant, y compris les dépenses d'intervention. En revanche, à la fin de 2001, le fonds de roulement ne représente plus que les 2/3 des dépenses d'un mois de fonctionnement courant, dépenses d'intervention comprises.
b) Des initiatives parlementaires pour abonder les crédits de l'Agence contredites par des annulations en cours d'année
De
fait, des mesures de revalorisation de crédits de l'ANAH ont
été prises à l'initiative des parlementaires.
Lors de l'examen du budget du logement à l'Assemblée nationale,
le ministre en charge du logement, M. Gilles de Robien, a indiqué que
«
grâce aux efforts de l'Assemblée nationale et du
Sénat
» il avait bon espoir de voir la dotation de l'ANAH
revalorisée.
De fait, le ministre du budget a présenté à
l'Assemblée nationale un amendement pour revaloriser de 30 millions
d'euros en AP/CP le budget de l'ANAH. Cette revalorisation n'a pas
été directement gagée par une réduction de
crédits sur une autre ligne, contrairement à l'an
passé
10(
*
)
.
Le budget d'investissement de l'ANAH passe donc entre la LFI 2002 et le PLF
2003 de 442,1 à 422 millions d'euros en autorisations de programme
(- 4,5 %) et de 363,6 à 441,6 millions d'euros en
crédits de paiement (+ 21,5 %).
Il faut cependant souligner qu'en 2001 la ligne budgétaire de l'ANAH a
subi des annulations à hauteur de 61 millions d'euros en
autorisations de programme et 13,7 millions d'euros en crédits de
paiement
. Sur ce montant, 30,5 millions d'euros d'AP ont été
annulés par arrêté du 27 décembre 2001
après le vote du Parlement, soit exactement le montant de la
revalorisation votée pour 2002.
On a donc, en gestion, parfaitement
annulé l'effet du vote des parlementaires.
De surcroît, le projet de loi de finances rectificative pour 2002
comporte de fortes annulations sur le chapitre 65-48 dont des annulations sur
les dotations de l'Agence nationale d'amélioration de l'habitat, pour un
montant à préciser mais qui pourrait être de l'ordre de 65
millions d'euros en crédits de paiement.
2. Une tentation a priori confirmée pour 2003
Selon le
ministère, l'année 2003 sera consacrée à la
poursuite de la réforme de l'ANAH.
a) par décret en Conseil d'Etat, la liste des
bénéficiaires des aides de l'ANAH devrait être
étendue ; l'objectif poursuivi est de permettre aux
établissements publics d'aménagement, normalement exclus des
aides, de pouvoir en bénéficier pour des opérations de
« portage » de lots de copropriétés menées dans
des immeubles en plan de sauvegarde ; le projet de décret a
été transmis au Conseil d'Etat le 27 mars 2002.
b) Un autre point réglementaire, actuellement en cours d'examen, est
relatif aux conditions d'intervention des « organismes de groupage ».
Il s'agit d'étudier dans quelle mesure certaines prestations relevant du
domaine du logement pourraient bénéficier d'une procédure
simplifiée de passation des marchés publics.
c) Sur le plan de ses interventions, l'agence va poursuivre l'effort
engagé pour la promotion d'un secteur privé d'occupation sociale.
d)
Par ailleurs, l'agence devra poursuivre la démarche
déjà engagée vers la recherche d'une plus grande
sélectivité des aides
qui pourrait conduire à un
ajustement des règles d'attribution des subventions dans les domaines ne
faisant pas partie des actions prioritaires définies dans chaque
département.
e) Enfin, au cours de l'année 2003, les travaux du groupe de travail mis
en place par le conseil d'administration du 10 juillet 2002 en vue de lui faire
des propositions de simplification administrative tant dans
l'intérêt des usagers du service que dans celui des
délégations locales chargées de l'instruction des demandes
de subventions devraient pouvoir être examinées par le conseil
d'administration et les ministères de tutelle.
D'une manière générale, les nouveaux objectifs
fixés à l'ANAH (logements sociaux conventionnés,
éradication des logements indignes et des copropriétés
dégradées) pourraient aboutir à un nombre limité
d'opérations subventionnées à un taux élevé
(jusqu'à 70% du montant des travaux) au lieu d'un nombre
élevé d'opérations financées à un taux plus
faible (25%), ce qui inquiète certains professionnels du bâtiment
qui estiment que la chute du nombre d'opérations aurait des effets sur
l'emploi.
3. Des aides pourtant essentielles pour résorber la vacance et rénover le parc locatif ancien
Même si la baisse à 5,5 % de la TVA sur les
travaux
dans les logements d'habitation a constitué un formidable outil pour la
rénovation,
l'action de l'ANAH reste essentielle pour la remise sur
le marché de logements fortement dégradés.
Ainsi chaque année, l'ANAH remet sur le marché plusieurs dizaines
de milliers de logements vacants.
Année |
nombre
de logements vacants
|
en %
du nombre total de
|
1997 |
35 000 |
32,5 |
1998 |
34 400 |
31 |
1999 |
34800 |
29,4 |
2000 |
35 400 |
26,1 |
2001 |
34 200 |
26,8 |
A ce sujet, on peut rappeler que la taxe sur les logements vacants affectée à l'ANAH devrait lui rapporter 12,2 millions d'euros en 2002. Cette recette lui permet d'abonder son budget mais le nombre de réclamations est si important que l'on peut s'interroger sur le rendement réel de cette taxe , dont les coûts de recouvrement doivent excéder de beaucoup les recettes encaissées.
La taxe sur les logements vacants
Année |
Nombre de logements |
Montant de la taxe émise (en M€) |
Nombres de réclamations reçues (en %) |
Montant dégrevé en M€ (en % du montant émis) |
1999 |
132 766 |
48,42 |
45 508 (34%) |
9,42 (19%) |
2000 |
104 279 |
43,96 |
57 611 (55%) |
25,92 (58%) |
2001 |
101 959 |
46,07 |
34 951 (34%) |
15,42 (33%) |
4. La nécessité de préserver certaines opérations essentielles pour les collectivités locales
Plus de
vingt cinq ans de politique de réhabilitation urbaine menée, en
particulier grâce aux Opération programmées
d'amélioration de l'habitat (OPAH), ont montré
l'efficacité des dispositifs mis en place, et la pertinence du
partenariat - collectivité territoriale/Etat/ANAH - pour
déclencher chez les acteurs privés des dynamiques
d'investissement.
Cependant, selon le ministère, plusieurs facteurs justifient aujourd'hui
une réforme des OPAH : il s'agit notamment de la persistance
d'habitat particulièrement dégradé (insalubre,
plombé ou menaçant ruine) sur certains sites, de la
corrélation croissante entre habitat dégradé et
fragilité des occupants, du développement d'outils
opérationnels connexes à l'OPAH et de la prise de conscience de
plus en plus forte de la complémentarité entre parc public et
parc privé.
C'est dans ce contexte
qu'une nouvelle circulaire relative aux OPAH est en
cours d'élaboration
.
D'une manière générale, votre rapporteur souligne toute
l'importance des OPAH : il souhaite que la réduction du nombre
d'opérations en 2001 au titre de ces opérations ne soit que
temporaire et que la nouvelle circulaire conduise à faciliter les
nouvelles opérations.
D. LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L'INSALUBRITÉ : VERS UNE RÉORIENTATION ?
1. De grandes difficultés à mettre en oeuvre la loi de lutte contre les exclusions
La
lutte contre le saturnisme et l'insalubrité en général est
un objectif essentiel de la politique du logement, et des moyens importants y
sont consacrés chaque année en loi de finances initiale.
Depuis la mise en place du dispositif jusqu'au 1er juillet 2001, les chiffres
communiqués par les DDE confirment
la montée des
signalements
: 16.886 signalements ont été effectués
qui ont donné lieu à 1.763 diagnostics. Sur ces diagnostics, 940
se sont révélés positifs et ont
généré 574 notifications de travaux. 155 travaux ont
été réalisés et déclarés aux services
de l'Etat par les propriétaires et 44 par l'Etat, soit 199 travaux
effectués.
On note ainsi à la fois une forte prise de conscience, ce dont
témoigne le nombre de signalements, et une faible mise en oeuvre des
travaux, qui s'explique par la complexité des opérations et la
dispersion des intervenants.
La lutte contre le saturnisme : une montée en charge très difficile
Lors des
deux premières années de mise en oeuvre,
la montée en
charge du dispositif saturnisme s'est faite lentement
pour diverses raisons
tenant notamment au respect des procédures de marchés publics
dans le cadre européen, à la capacité des services
communaux d'hygiène et de sécurité (SCHS) à
répondre aux appels d'offre, aux délais courts d'exécution
des travaux exigés des propriétaires par la loi, au fait que le
risque d'accessibilité au plomb est en général
révélateur d'une situation plus générale
d'insalubrité à laquelle il faut remédier.
La délimitation de périmètres de zones à risque
d'accessibilité a été mise en oeuvre progressivement par
les préfets
. A ce jour 54 départements au total sur 100
indiquent s'être engagés dans une démarche de
délimitation de zones à risque. Le choix de zonage de
l'intégralité du département par la plupart des
préfets, compte tenu notamment de la difficulté à
déterminer des zones exemptes de tout risque sanitaire, a eu pour
conséquence un afflux des signalements, qu'il n'est pas facile de
traiter dans l'urgence.
1)
En 1999, année à la fin de laquelle s'est mis en place le
dispositif prévu par la loi contre les exclusions de lutte contre le
saturnisme, 3 départements
avaient fait une demande
de
crédits sur ce chapitre pour un montant de 2,59 millions d'euros sur un
total de 4,57 millions d'euros budgétés. Les deux
départements ayant mobilisé 98 % de ces crédits
étaient Paris et la Seine Saint-Denis, départements pionniers
dans la lutte contre le saturnisme, bien avant l'intervention de la loi.
2)
En 2000, 22 départements
ont demandé et obtenu des
crédits pour un montant de 5,3 millions d'euros sur un total de 11,4
millions d'euros budgétés en LFI. Ce montant concernait
essentiellement 4 départements fortement urbanisées : les
Bouches-du-Rhône, Paris, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne.
Néanmoins,
seulement 7 % des crédits ont été
consommés
en raison essentiellement des délais liés
à la mise en place dans les départements des procédures de
marchés de diagnostics et de travaux. Toutefois, les actions
prévues à fin 2000 ont été réalisées
en 2001 et des progrès en matière de gestion des marchés
et réalisation de travaux d'urgence ont été
réalisés.
3)
En 2001, 27 départements
ont demandé et obtenu 5,33
millions d'euros de crédits sur 9,14 millions d'euros en LFI. Sur ce
montant, 29 % soit 1,54 million d'euros ont été mandatés.
4)
Fin août 2002
, 40 départements ont fait une demande pour
8,8 millions d'euros. La quasi totalité de la ligne budgétaire
(79,73 %) est toutefois mobilisée par 7 départements dont le Val
d'Oise, la Seine St Denis, l'Essonne, Paris, la Loire, les
Pyrénées-orientales et le Rhône.
On remarque par ailleurs que la quasi totalité de la ligne de
l'année a déjà fait l'objet à fin juillet 2002 de
délégations de crédits soit 7,7 millions d'euros, ce qui
confirme la montée en puissance du dispositif notamment dans les
départements d'Ile de France et les départements engagés
et expérimentés.
Le mandatement effectif des crédits n'est pas connu à ce jour en
raison d'un décalage avec les délégations
effectuées, mais on peut prévoir une amélioration de cette
consommation par rapport à 2001 compte tenu de la mise en oeuvre du
dispositif dans sa phase opérationnelle en 2002 et par conséquent
du règlement des factures sur des marchés mis en place pendant
l'année 2001.
2. Le résultat : des moyens peu consommés, malgré une faible amélioration
Dans le
projet de loi de finances pour 2003, au moins trois lignes budgétaires
sont consacrées à la résorption de
l'insalubrité :
- l'article 37-40/10 «
lutte contre le saturnisme et
l'insalubrité
» pour 5 millions d'euros
(9,15 millions d'euros en LFI 2002) ;
- l'article 55-21/40 «
résorption de l'insalubrité,
travaux d'office
» pour 3,5 millions d'euros (3,8 millions
d'euros en 2002) ;
- l'article 65-48/70 «
résorption de l'habitat
insalubre
» pour 8,9 millions d'euros, comme en 2002.
Au total, 17,4 millions d'euros contre 21,85 millions d'euros l'an dernier sont
donc mobilisés sur ces lignes budgétaires.
Comme votre commission l'avait souligné l'an dernier, ces moyens sont
régulièrement sous consommés.
Ainsi,
le chapitre 37-40
(lutte contre le saturnisme), qui
bénéficiait de 9,1 millions d'euros de dotation en LFI 2001,
a fait l'objet d'une annulation de 7,6 millions d'euros par
l'arrêté du 21 mai 2001. Le chapitre ayant déjà fait
l'objet d'un report de 15,2 millions d'euros de 2000 sur 2001, les
crédits du chapitre s'élevaient tout de même à 16,8
millions d'euros après cette annulation alors que le chapitre n'avait
enregistré qu'une consommation d'environ 400.000 euros en 2000.
Pour les
subventions imputées sur le chapitre 65-48, article 70
,
la situation n'est guère plus brillante, puisqu'à peine un tiers
des autorisations de programme ont été effectivement
déléguées en 2000 et 2001.
Résorption de l'habitat insalubre : des opérations en
baisse constante
En M€ |
Dotation AP en LFI |
Nombre d'opérations approuvées |
Délégation AP |
CP délégués* |
|||||
1998 |
7.5 |
16 |
7 |
19.8 |
|||||
1999 |
9.9 |
11 |
5.9 |
18.4 |
|||||
2000 |
9.9 |
7 |
2.1 |
14.1 |
|||||
2001 |
9.9 |
5 |
3.2 |
8.4 |
Selon le
ministère, la gestion de cette ligne présente deux écueils
majeurs :
a) une gestion délicate du
« prévisionnel » :
- due à
l'aspect récent de la mise en place de ce
dispositif
. Les DDE qui mettent en place le dispositif pour la
première année et doivent être encouragées pour ce
faire, ont des difficultés à cerner le budget qu'elles devront
engager en raison d'une absence de pratique suffisante. Une amélioration
concernant l'évaluation est néanmoins notée, en
général dès la deuxième année, de la part
des DDE qui ont rôdé leur dispositif.
-
due à la sensibilité d'un dispositif organisé autour
du risque santé
. Ainsi dans les départements n'ayant pas mis
en place un dispositif opérationnel de lutte contre le saturnisme en
raison notamment de l'absence de signalements, l'intervention d'un cas de
saturnisme engendre un besoin de mobilisation urgente et difficilement
prévisible de crédits.
-
due à l'accélération des demandes lorsque le
processus est enclenché et dès que les zones à risques
sont déterminées par arrêté préfectoral
.
Ces zones à risques couvrant en général, par application
par les préfets du principe de précaution, l'ensemble du
département, les services sont confrontés à un afflux de
signalements d'appartements « plombés » vendus dans
l'année, ne comportant pas toujours des risques majeurs pour les
occupants. Face à cet afflux, leur tendance est de surdimensionner les
crédits nécessaires en fonction de ces signalements et non des
cas les plus urgents qu'ils traiteront effectivement après avoir
opéré un tri de ces signalements.
L'ensemble des services sont incités systématiquement à
évaluer leurs besoins bien en amont
, en fonction de leur
capacité à faire et d'un programme d'actions défini par un
comité de pilotage DDE/DDASS.
b)
la mise en place progressive de procédures de marchés
entraînant un surdimensionnement des délégations de
crédits par rapport à la consommation qui trouve son origine dans
l'obligation imposée de couvrir intégralement leurs
marchés de diagnostics et de travaux en « autorisation de programme
» par les crédits de paiements délégués
annuellement, alors même que les prévisions de mandatement des
services sont très inférieures sur l'année.
3. Un début de réorientation à poursuivre
Votre
commission estimait l'an dernier que la faible consommation des crédits
de lutte contre l'insalubrité s'expliquait par plusieurs
facteurs : la multiplicité des intervenants, la complexité
des procédures et l'absence de coordination d'ensemble.
Outre la dispersion des intervenants au sein même du ministère
(administration centrale pour la RHI, services déconcentrés pour
les études et diagnostics, ANAH), les difficultés à lutter
contre le logement insalubre s'expliquent par les partages de
compétences entre le ministère chargé du logement et le
ministère de l'emploi et de la solidarité qui freinent les
décisions. Les procédures administratives, notamment en
matière de passation des marchés publics, sont également
très lourdes.
Votre commission estimait donc qu'au delà des crédits
affichés en loi de finances, il y a nécessité de clarifier
les compétences, alléger les procédures et surtout
définir un acteur unique de la politique de lutte contre
l'insalubrité pour que celle-ci soit enfin efficace.
De fait, des mesures ont été prises.
Tout d'abord,
une enquête a été effectuée dans le
cadre du groupe interministériel de lutte contre l'habitat indigne et a
révélé, en particulier dans des départements
très urbanisés un besoin de meilleur pilotage
interministériel
ainsi que de communication élargie des
savoir-faire et d'information tant des services que des usagers ou des
opérateurs (travaux, diagnostics, états des risques).
Cette enquête signale par
ailleurs les déficits en
matière d'hébergement mais aussi, de relogement
temporaire et
définitif qui apparaissent tout particulièrement quand le
saturnisme est lié à une situation d'insalubrité ou plus
généralement de mal logement.
En 2002, au vu de ces éléments, il est apparu nécessaire
de disposer d'une vision d'ensemble santé et habitat du dispositif pour
mieux fonder des propositions d'évolution y compris
réglementaires. C'est
l'objet de la circulaire du 30 avril 2002 qui a
mis en place un dispositif de suivi statistique annuel.
Les
éléments d'enquête sont actuellement en cours
d'exploitation.
Suite à ces constats,
des actions d'appui aux services ont
été mises en place par les deux ministères de la
santé et de l'équipement
, dans le cadre de travaux conjoints
et en particulier du pôle d'appui national à l'éradication
de l'habitat indigne, créé en 2002 ; définies notamment
dans le programme national de lutte contre les exclusions, elles seront
poursuivies en 2003 et s'organisent d'ores et déjà autour de
trois priorités :
1.
Une meilleure information des services et une communication plus
élargie
sur le dispositif que ce soit auprès des usagers, des
associations impliquées ou des entreprises intervenantes, à
partir d'une identification des blocages rencontrés.
2.
Une priorité donnée en fonction du niveau de risque
rencontré et de dégradation des surface
s ainsi que
l'amélioration de leur qualité pour un lien plus efficace entre
les mesures de prévention et d'urgence qui donnera éventuellement
lieu à des évolutions réglementaires.
3.
Un lien plus opérationnel entre lutte contre le saturnisme et
l'insalubrité,
à partir de l'articulation entre les deux
procédures. Ces modalités d'articulations sont de deux ordres :
- étendre l'enquête d'insalubrité à la
détection de plomb dans les revêtements,
- compléter dans certaines situations le diagnostic plomb par une
enquête d'insalubrité
Il s'agit ainsi de favoriser la prise en compte des cas les plus urgents en
matière de santé, notamment par une meilleure articulation entre
travaux palliatifs et définitifs.
4.
la mise en oeuvre, en fonction des besoins, d'actions
d'hébergement provisoire voire de relogement
, coordonnées
avec les politiques locales et départementales d'offre de logements.
En conclusion, selon le ministère, ce dispositif dont le
démarrage posait problème les deux années
précédentes, connaît une montée en charge
significative en 2002, en raison d'une meilleure expérience des services
engagés dans le dispositif et de l'arrivée de nouveaux
départements ayant pris leurs arrêtés de zonage des risques
confrontés à la montée des signalements. Celle-ci, qui va
nécessiter un appui important aux services départementaux,
devrait d'autant plus se poursuivre en 2003 que la ligne couvre
désormais en sus des actions contre le saturnisme celles concernant
l'insalubrité.
Votre commission se félicite des mesures prises afin
d'accélérer les procédures de lutte contre l'habitat
insalubre et de lutte contre le saturnisme qui en est une des composantes. Elle
estime toutefois qu'il faut encore redoubler d'efforts afin d'associer
pleinement les différents intervenants de cette politique, en
particulier les collectivités locales, et de trouver des solutions
concrètes à des situations difficiles.
III. LA FISCALITÉ DES BAILLEURS PRIVÉS
A. LES CARACTÉRISTIQUES DE LA FISCALITÉ DES BAILLEURS PRIVÉS
1. Une fiscalité lourde
La
fiscalité applicable aux bailleurs privés est
particulièrement lourde en France, même si elle a
été allégée par la réduction du taux de TVA
dans les logements privés.
Le tableau ci-après fourni par le ministère logement rend
compte de l'imposition du patrimoine immobilier en France.
La fiscalité attachée à l'immobilier en France
13
Acquisition du logement |
Conservation du logement |
Cession du logement |
|||
Fiscalité de l'acquisition |
Régimes de « défiscalisation » |
Fiscalité de la détention |
Fiscalité de la location |
Plus-values immobilières.
|
|
Succession ou donation |
Achat |
||||
droits de
|
-
Neuf : TVA (19,6%)
|
-
Dispositif Besson
|
- TH
(propriétaire-occupant)
|
-
Impôt sur le revenu (revenus fonciers)
|
Pour
2002, le seuil d'imposition à l'ISF est fixé à 728 000
€.
13
Essentiellement locations de parcs de stationnement et de locaux
professionnels équipés
2. Des comparaisons européennes complexes
Il est difficile d'établir des comparaisons européennes de la fiscalité immobilière. Le tableau ci-après, synthèse des éléments fournis par le ministère du logement, permet toutefois de faire certains rapprochements utiles.
B. LES POUVOIRS PUBLICS DOIVENT AGIR POUR INCITER A LA CRÉATION D'UN PARC LOCATIF INTERMÉDIAIRE
1. Un premier renforcement du dispositif en faveur du logement locatif neuf, qui répond aux souhaits de votre commission
Le
dispositif d'amortissement dit « Perissol » a soutenu le
secteur de la construction pendant plusieurs années, de 1996 à
1999.
En 1996, environ 30.000 logements ont été acquis sous le
bénéfice de ce régime fiscal, puis de 45.000 à
50.000 logements en 1998. En 1999, dernière année d'application
de l'amortissement « Perissol », le secteur de la
construction a progressé de 13 %, et les mises en chantier ont
atteint 317.600 unités.
Le nouveau régime « Besson » a été
adopté dans la loi de finances pour 1999. Toutefois, la transition avec
l'ancien régime fiscal a été relativement longue.
Selon la Fédération nationale des promoteurs constructeurs
(FNPC), sur les 75.200 ventes dans le neuf en 2000, 19.000 ont
bénéficié du dispositif « Besson
neuf», soit 25 %. En 2001, sur 80.200 ventes réalisées,
25.000 bénéficient de l'avantage fiscal, soit 31 %.
En 2002, le régime « Besson », devrait couvrir 35
% des ventes de logements neufs, et 85 % des investissements locatifs.
Le coût global de l'amortissement « Périssol »
et de l'amortissement « Besson » dans le neuf qui lui a
succédé est estimé à 604 millions d'euros pour
2001, 582 millions d'euros pour 2002 et 514 millions d'euros pour 2003, selon
les évaluations du ministère de l'économie, des finances
et de l'industrie.
Votre commission avait souhaité depuis longtemps ouvrir davantage le
régime Besson neuf.
En effet, sur son initiative, le Sénat
avait adopté à trois reprises depuis la création du
régime « Besson » un amendement pour ouvrir le
régime fiscal aux ascendants et descendants du contribuable.
Lors de sa séance du 7 décembre 1998 consacrée à
l'examen du projet de loi de finances pour 1999, puis lors de sa séance
du 20 décembre 1999 consacrée à l'examen du projet de loi
de finances rectificative pour 1999 et plus récemment lors de sa
séance du 23 novembre 2001 consacrée à l'examen du projet
de loi de finances pour 2002, le Sénat a adopté un amendement
ouvrant le régime « Besson » aux ascendants et
descendants du contribuable.
Lors de l'examen du présent projet de loi de finances,
l'Assemblée nationale, à l'initiative de nos collègues
députés Pierre Méhaignerie et Gilles Carrez,
respectivement président et rapporteur général de la
commission des finances, et avec l'accord du gouvernement, a adopté une
disposition qui
permet à un contribuable qui loue à un
ascendant ou à un descendant, dans les conditions de ressources et de
loyers du régime « Besson », de
bénéficier de l'avantage fiscal en faveur des logements locatifs
intermédiaires prévu au g de l'article 31 du code
général des impôts.
Cet avantage fiscal correspond à une déduction sur les revenus
locatifs au titre de l'amortissement de 8 % du prix d'acquisition du logement
les cinq premières années et de 2,5 % de ce prix les quatre
années suivantes dans la limite de 10.672 euros par an.
L'ouverture du dispositif aux ascendants et descendants du contribuable
s'applique aux logements acquis neufs ou en l'état futur
d'achèvement à compter du 9 octobre 2002, date de l'adoption de
cette disposition par la commission des finances de l'Assemblée
nationale.
Cela signifie que la mesure d'ouverture aux ascendants et descendants du
contribuable ne s'appliquera pas aux contribuables déjà
engagés dans le dispositif, afin d'avoir un seul effet d'incitation sur
la construction neuve.
2. Les propositions de votre commission des finances : renforcer le parc locatif ancien
La
mise en oeuvre concrète du dispositif « Besson »
montre que celui-ci fonctionne plutôt correctement pour le logement neuf,
mais il n'apparaît pas performant pour le logement ancien.
Le régime « Besson » dans l'ancien, ne fait
actuellement preuve d'aucune efficacité
, au point que ni le
ministère chargé du logement ni le ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie ne peuvent donner de chiffres
sur sa mise en oeuvre. Les fiches statistiques concernant ce régime
fiscal ne parviendraient pas aux services fiscaux.
D'après une étude menée l'an dernier par un cabinet
d'expertise à la demande du ministère chargé du logement,
seuls 15.000 propriétaires auraient choisi le
« Besson » dans l'ancien, soit moitié moins
que le nombre qui était attendu, et qui était déjà
fort modeste (30.000).
Dans l'ancien, les estimations sont de l'ordre de 30 millions d'euros soit un
chiffre particulièrement faible, qui montre que le régime devrait
être plus incitatif
13(
*
)
.
On peut d'ailleurs citer le rapport général de l'Assemblée
nationale sur le projet de loi de finances de l'an dernier selon lequel
«
les professionnels du bâtiment estiment pourtant qu'un
tiers du parc des logements anciens serait éligible au
«
dispositif Besson». Plusieurs raisons pourraient expliquer le
faible attrait de celui-ci jusqu'à présent : la durée
exigée quant à l'engagement de location minimale et le taux de
l'abattement sur les revenus fonciers pourraient se révéler
insuffisamment attractifs ; l'insuffisante adéquation des plafonds de
loyers retenus pour Paris avec les conditions du marché locatif ;
l'inéligibilité des baux en cours et, enfin, le caractère
plus attractif du dispositif alternatif appliqué aux «
micro-entreprises », tel que défini à l'article 50-0 du code
général des impôts, qui permet de bénéficier
d'un abattement substantiel sur les revenus perçus, tout en étant
moins contraignant dans les procédures à respecter. Il permet en
outre, en optant pour le régime réel, de sortir du dispositif
librement
»
.
Compte-tenu de ces considérations, la commission des finances soucieuse
d'améliorer le dispositif « Besson » pour le
logement locatif, proposera deux amendements au projet de loi de finances
pour 2003 :
- un amendement visant à ouvrir le régime
« Besson » dans l'ancien aux
locations aux ascendants et
descendants
pour les nouvelles acquisitions, afin d'éviter tout
effet d'aubaine ;
-
un amendement visant à relever le taux de la déduction
forfaitaire dans le « Besson » ancien de 25 % à 40
%.
Le coût d'une telle disposition a été estimé par les
services du ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie, à 54 millions d'euros en « régime de
croisière ». Cela donnerait un « coup de
pouce » utile pour atteindre le nombre de 30.000 locations
intermédiaires privées.
CONCLUSION
En
conclusion,
le budget du logement pour 2003 affiche une stabilité du
montant des aides personnelles et une revalorisation certaine des aides
à la pierre en crédits de paiement, mouvement qui traduit la
priorité du gouvernement pour l'investissement
.
Toutefois, l'aide à la rénovation et à la construction du
parc HLM explique l'essentiel de l'augmentation des dotations et
il est
possible de s'interroger sur la baisse persistante des crédits
d'accession à la propriété
dans le secteur
privé qui ont pourtant fait preuve de leur efficacité.
Il semble également qu'une nouvelle politique en faveur de la
rénovation du parc locatif privé
, à travers notamment
les dotations de l'ANAH, doit se mettre en oeuvre, alors que les moyens
d'engagement de l'ANAH pour 2003 semblent faibles par rapport aux besoins. La
politique de « recentrage » des opérations de
l'agence doit faire l'objet d'une explication claire et ne pas négliger
les opérations menées conjointement avec les collectivités
locales, notamment dans le cadre des opérations programmées
d'amélioration de l'habitat.
Enfin, votre rapporteur note que le ministère a engagé des
réflexions sur la décentralisation des compétences en
matière de logement
. La politique du logement est en effet une des
politiques les plus centralisées, alors même qu'elle concerne
directement les collectivités locales. En matière de logement
social, mais aussi de rénovation urbaine, d'accès au logement, de
lutte contre l'insalubrité, l'action des collectivités locales
doit enfin être pleinement reconnue. Plutôt que d'outils de
sanctions, l'Etat doit se doter d'outils de coordination avec les
collectivités locales, qui peuvent être considérablement
plus efficaces sur certains secteurs. C'est en prenant en compte les
réalités du terrain que pourront enfin se résoudre
certaines contradictions entre des plans d'aide au logement construits à
l'échelon national et les attentes de nos concitoyens.
MODIFICATIONS ADOPTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
MODIFICATION DE CRÉDITS NON RECONDUCTIBLES
-
1.500 euros à titre non reconductible sur le chapitre 44-30,
article 20
(actions de concertation, de formation et d'animation dans le
secteur du logement et de l'urbanisme).
-
30 millions d'euros en AP et CP sur le chapitre 65-48, article 90
(subvention d'investissement à l'Agence nationale d'amélioration
de l'habitat)
Le ministre du budget a présenté en 2ème
délibération à l'Assemblée nationale un amendement
pour
revaloriser de 30 millions d'euros en AP/CP le budget de l'Agence
nationale d'amélioration de l'habitat (ANAH).
Le budget
d'investissement de l'ANAH pour 2003 passe donc à 422 millions d'euros
en autorisations de programme (- 4,5 %) et à 441,6 millions d'euros
en crédits de paiement (+ 21,5 %).
Il faut se féliciter de cette revalorisation de crédits
d'investissement. On rappellera toutefois que l'an dernier, quelques jours
après la revalorisation de la dotation budgétaire de l'ANAH (pour
9,2 millions d'euros en CP et 30,5 millions d'euros en AP) un montant
équivalent, soit 30,5 millions d'euros d'AP, a été
annulé par arrêté du 27 décembre 2001. Le projet de
loi de finances rectificative pour 2002 comporte également d'importantes
annulations de crédits d'investissement de l'ANAH.
OBSERVATIONS DE LA COUR DES COMPTES SUR LES AIDES PERSONNELLES AU LOGEMENT
RÉPONSES DE LA COUR DES COMPTES
AUX QUESTIONS POSÉES PAR LA
COMMISSION DES FINANCES DU SÉNAT SUR LE PROJET DE LOI DE
RÈGLEMENT DU BUDGET DE 2001
__________
QUESTION 1
Dans sa
monographie sur le budget du logement, la Cour des comptes souligne que
« l'exécution des contributions de l'Etat aux aides
personnelles au logement demeure particulièrement complexe
(...) »
.
La commission des finances du Sénat s'est élevée à
de nombreuses reprises contre cette complexité alors même que,
comme le note la Cour des comptes elle-même, la contribution de l'Etat au
financement de ces aides à la personne représente près des
trois-quarts des dépenses du fascicule « urbanisme et
logement ». En complément des informations données dans
la monographie, la Cour des comptes pourrait-elle faire une description
précise de la manière dont sont évalués en loi de
finances initiale les crédits du chapitre 46-40 du budget de l'urbanisme
et du logement, détailler les modalités de gestion de ces
crédits entre l'Etat et les caisses d'allocations familiales et les
modalités de leur révision, en prenant comme exemple l'exercice
2001 ?
La Cour des comptes a-t-elle des propositions afin d'améliorer le
dispositif existant ?
Réponse
Introduction : l'existence de deux fonds
interposés
entre le budget de l'État et les régimes sociaux finançant
les aides personnelles résulte de l'histoire de ces différentes
aides.
a) L'allocation de logement à caractère familial (ALF)
L'ALF, créée par la loi du 1er septembre 1948, est la plus
ancienne. Prestation familiale allouée aux ménages ayant des
personnes à charge (ainsi qu'aux jeunes ménages sans personne
à charge mariés depuis moins de 5 ans), elle est régie par
le
code de la sécurité sociale
et intégralement
financée par le budget des régimes sociaux : fonds national
des prestations familiales (FNPF) ou budget annexe des prestations sociales
agricoles (BAPSA).
b) L'allocation de logement à caractère social (ALS)
L'ALS, qui relève également du code de la sécurité
sociale, a été créée par la loi du 16 juillet 1971
afin de venir en aide à des catégories de personnes, autres que
les familles, caractérisées par le niveau modeste de leurs
ressources (personnes âgées, handicapés, jeunes
travailleurs salariés de moins de 25 ans).
Elle a progressivement été étendue à d'autres
catégories de bénéficiaires puis attribuée, depuis
le 1er janvier 1993, à toute personne sous seule condition de
ressources, qui n'entre pas dans les conditions fixées pour
bénéficier de l'ALF ou de l'APL (voir ci-après).
Le financement de l'ALS n'ayant pas été mis à la charge
des régimes sociaux, l'État a créé le fonds
national d'aide au logement (FNAL) pour assurer le financement de la nouvelle
prestation. Le FNAL n'a pas de personnalité juridique, mais sa
comptabilité n'est pas retracée dans la comptabilité de
l'Etat : seules y sont enregistrées les dépenses
correspondant aux contributions de l'Etat, dont les crédits sont
inscrits au chapitre 4640. Les autres recettes qui proviennent d'une cotisation
des employeurs
14(
*
)
sont versées par
l'ACOSS à la Caisse des dépôts et Consignations qui
enregistre dans un compte particulier les opérations de dépenses
et de recettes et assure la gestion des fonds du FNAL
15(
*
)
. Les dépenses couvertes par le FNAL sont
constituées par les prestations auxquelles sont ajoutés des frais
de gestion à hauteur de 2 % du montant des prestations
versées. L'Etat assure le bouclage de l'équilibre entre les
recettes et les dépenses.
c) L'aide personnalisée au logement (APL)
L'APL, qui a été créée par la loi du 3 janvier
1977, relève du
code de la construction et de l'habitation (CCH)
.
Elle s'applique, elle aussi sous conditions de ressources, à un parc de
logement déterminé, quelles que soient les
caractéristiques familiales des occupants : en secteur locatif :
les logements conventionnés, en accession, les logements financés
avec des prêts PC/PAS ou anciens PAP.
Son financement est assuré par le fonds national de l'habitation (FNH)
créé en même temps que l'APL (dans le CCH). Là
encore, la Caisse des Dépôts en est dépositaire et assure
la gestion financière
16(
*
)
. Les
recettes du FNH sont constituées par des contributions du FNAL, du FNPF
et du BAPSA et par une contribution de l'Etat
17(
*
)
inscrite au chapitre 46-40 du budget du
ministère chargé du logement. Comme pour le FNAL, il s'agit d'une
contribution d'équilibre.
La contribution de chaque régime de prestations familiales et du FNAL
est égale au montant des prestations qui auraient été
versées par eux au titre de l'allocation de logement si l'APL n'avait
pas été créée (ce principe inscrit à l'art.
L.351-7 du CCH est dit de « l'AL virtuelle »).
Des clés forfaitaires fixent chacune de ces contributions. Depuis
l'unification de l'APL en secteur locatif en 1997, des clés provisoires
sont utilisées :
- 50,28 % pour le FNPF (Fond national pour les prestations
familiales) ;
- 1,37 % pour le BAPSA ;
- 11,10 % pour le FNAL ;
- 37,35 % pour le FNH.
Ces taux de contribution sont appliqués aux dépenses de
prestations augmentées de 3 %
18(
*
)
au titre des frais de gestion.
d) En conclusion :
- la complexité du système des aides personnelles en
matière de financement, mais aussi en matière de calcul d'aide
(barèmes et bases ressources différents entre AL et APL ),
peut s'expliquer par la mise en oeuvre successive d'aides fondées sur la
solidarité nationale et ayant, de ce fait, requis un financement
complémentaire du budget de l'Etat ;
- la position particulière du FNAL et du FNH, hors de la
comptabilité publique, bien qu'ils n'aient pas d'existence juridique
autonome fait échapper une grande part de leurs flux aux règles
et mécanismes généraux d'autorisation et de
comptabilisation des recettes et des dépenses de l'Etat, alors qu'ils ne
sont pas par ailleurs soumis aux obligations budgétaires et comptables
d'un établissement public .
Les modalités de prévision des aides personnelles et des
dépenses budgétaires et le processus de versement des fonds par
le budget
a) La prévision des besoins et des crédits
budgétaires
L'évolution prévisible de la contribution des régimes
sociaux résulte des prévisions globales effectuées sur les
aides personnelles .
Ces prévisions sont établies par le Ministère du logement
principalement à partir d'hypothèses sur l'évolution des
revenus et des loyers des ménages, paramètres déterminants
du montant de l'aide.
i) Revenus et loyers des ménages
Entre 2000 et 2001, les hypothèses retenues traduisent
l'amélioration de la situation économique des
ménages :
- augmentation des revenus entre 1999 et 2000 (ce sont les revenus imposables
de l'année N-1 qui sont pris en compte pour le calcul) ;
- diminution du chômage qui se traduit immédiatement sur le
montant de l'aide (un ménage devenant chômeur voit ses revenus
pris en compte diminués de 30 %, ce qui accroît le montant de
l'aide versée ; dès la reprise du travail, l'effet inverse
joue, suite à suppression de l'abattement).
En outre, la croissance prévue des loyers est faible: dans le parc
HLM, à cause du gel de ceux-ci ; dans le parc privé, compte
tenu de la faible croissance de l'indice du coût de la construction (ICC)
entre 1999 et 2000 sur lequel sont indexées les révisions des
loyers hors relocation.
Cette conjoncture favorable a conduit à une prévision de
croissance très modérée des aides personnelles
malgré le coût de la réforme des aides personnelles au
logement mise en oeuvre pour sa première phase au 1
er
janvier
2001 (coût chiffré à 3,3 milliards de francs en 2001, dont
1,3 milliard de francs pour le budget des régimes sociaux et 2 milliards
de francs pour l'État).
ii) Cotisation sociales
En ce qui concerne la contribution des employeurs au FNAL, la forte
évolution prévue entre 2000 et 2001 résulte
également de l'amélioration de la situation économique :
- forte croissance de la masse salariale retenue par l'Agence centrale des
organismes de sécurité sociale (ACOSS) qui centralisent
l'ensemble des cotisations des employeurs à la Sécurité
sociale ;
- régularisation positive en 2001 des acomptes sur les cotisations
employeurs versés par l'ACOSS en 2000.
b) Le processus de versement et de comptabilisation des fonds par le budget
de l'État
Le principe appliqué est le remboursement par l'Etat des versements
opérés par les organismes sociaux aux bénéficiaires
des prestations, déduction faites des recettes (cotisations)
encaissées au cour de la période.
Les organismes financiers des régimes sociaux (ACCOSS et CCMSA)
appellent mensuellement des douzièmes provisoires. Le Ministère
ordonnance tous les mois les versements correspondants au FNAL et au FNH, sur
leurs comptes respectifs à la Caisse de Dépôts qui
procède simultanément, sur ordre du bureau gestionnaire, aux
virements demandés. L'engagement de dépense publique est
visé par le contrôleur financier central qui recueille
systématiquement l'accord du Ministère du budget compte tenu des
montants en cause.
La régularisation des douzièmes se fait semestriellement sur la
base d'extraits de leurs balances comptables consolidées des organismes
versant les prestations, présentées par l'ACCOSS et la CCMSA.
Dans le passé, il est arrivé que le FNAL et le FNH aient
été dotés en fin d'exercice de crédits
restés quelques temps inutilisés, constituant des reports de
crédits déguisés. Le Ministère s'efforce de
régler au plus juste la dépense nécessaire afin
d'éviter cette situation.
Le FNAL et le FNH , qui sont respectivement dotés d'un comité de
gestion et d'un conseil de gestion, présidés par le
ministre
19(
*
)
, retracent leurs flux annuels de
dépenses et de recettes dans un état prévisionnel de
recettes et de dépenses (EPRD) et dans un compte financier
20(
*
)
. Ce dernier n'enregistre que les flux. Il n'est pas
intégré à la comptabilité de l'État et n'est
pas transmis au juge des comptes.
Les améliorations possibles
a) La simplification du dispositif
Depuis l'extension de l'ALS à tous les ménages, achevée en
1993 mais surtout depuis 1997, les pouvoirs publics se sont engagés dans
un processus de simplification du dispositif. Cette orientation a
été traduite dans la convention d'objectifs et de gestion
signée en 1997 entre l'Etat et la CNAF et reprise dans la nouvelle
convention signée en 2001.
Une des étapes majeures de ce processus a été
l'unification des barèmes en locatif qui a été mise en
place en janvier 2001 et qui concerne 80 % des allocataires. La
réflexion se poursuit sur l'unification des barèmes en logements
foyers et accession.
En matière de financement budgétaire, comme le remarque le
Ministère du Logement, une unification complète des
barèmes APL et AL conduirait de fait à supprimer un des deux
fonds (FNAL ou FNH) : le financement de l'APL basé sur le principe
de l'AL virtuelle n'aura alors plus de sens puisque AL et APL seront
égales.
b) Lisibilité et comptabilité des flux
La création des deux fonds sur des bases dérogatoires aux
règles générales d'exécution des dépenses
publiques a répondu à l'exigence exprimée par les
partenaires sociaux, de transparence et de traçabilité du
mécanisme d'équilibre de financement par l'Etat de prestations
par ailleurs financées par des cotisations sociales.
Sans remettre en cause ce système, il s'agit d'assortir des pratiques
permettant d'en améliorer la lisibilité en termes d'expression de
politique publique : la politique étatique du logement est
financée par le budget de l'État, celui de la
sécurité sociale et le 1 % logement. Ses flux
consolidés pourraient être repris dans le bilan des relations
financières entre l'État et la protection sociale
(« jaune budgétaire »).
S'agissant du compte rendu de l'exécution, la tenue d'une
comptabilité patrimoniale des fonds et la certification de leurs
comptes, suivant des modalités à mettre au point, donnerait une
vision plus fidèle de la réalité tout en garantissant la
neutralité de l'interposition du FNAL et du FNH entre le budget de
l'Etat et la trésorerie des organismes sociaux.
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 13 novembre 2002, sous la
présidence de
M. Jean Arthuis, président
, la commission a
procédé à l'examen des crédits de
l'équipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer :
II. Urbanisme et logement dans le projet de loi de finances pour 2003, sur le
rapport de
M. Paul Girod, rapporteur spécial
.
A l'issue de la présentation,
M. Joël Bourdin
a
demandé au rapporteur spécial son sentiment sur la taxe sur les
logements vacants, dont le produit est faible, soit 12 millions d'euros, et qui
faisait de surcroît l'objet d'un contentieux important.
M. Paul Girod
, rapporteur spécial, a répondu que, d'une
manière générale, il était favorable aux
dispositifs incitant les propriétaires-bailleurs à remettre des
logements en location plutôt que de sanctionner ces propriétaires.
Il a ajouté que le coût de recouvrement de la taxe devait
être très important en regard des montants collectés, une
partie significative du produit de la taxe étant de surcroît
restituée du fait des contentieux. Toutefois, il a conclu que dans
certains cas précis, il pouvait comprendre qu'un dispositif de sanction
à la logique plus morale que budgétaire s'applique.
A l'issue de ce débat,
la commission a décidé de
proposer au Sénat d'adopter l'ensemble des crédits du
ministère de l'équipement, des transports, du logement, du
tourisme et de la mer, et l'article 71 rattaché sans modification, ainsi
que d'adopter le budget annexe de l'aviation civile
.
La commission a confirmé son vote le jeudi 21 novembre 2002
après avoir pris connaissance des modifications adoptées par
l'Assemblée nationale et elle a proposé d'adopter l'article 71
bis rattaché sans modification.
Réunie le
mercredi 13 novembre 2002
, sous la présidence de
M. Jean Arthuis, président
, la commission des finances a
procédé à l'examen des crédits du ministère
de l'Equipement, des transports, du logement, du tourisme et de la mer
(II.
Urbanisme et logement)
, sur le
rapport
de
M. Paul Girod,
rapporteur spécial
.
La commission a décidé de proposer au Sénat
d'adopter
l'ensemble des crédits du ministère de l'équipement, des
transports, du logement, du tourisme et de la mer
, et l'article 71
rattaché sans modification, ainsi que d'adopter le budget annexe de
l'aviation civile pour 2003.
La commission a confirmé son vote le jeudi 21 novembre 2002,
après avoir pris connaissance des modifications adoptées par
l'Assemblée nationale et elle a proposé d'adopter l'article 71
bis rattaché sans modification.
1
Chiffre de l'exécution 2001.
2
On rappellera cependant que le budget de l'ANAH a
été revalorisé de 30 millions d'euros en autorisations de
programme et crédits de paiement lors de son examen devant
l'Assemblée nationale.
3
Fin 2001, la trésorerie des FSL restait globalement
excédentaire (153 millions d'euros, soit environ 60 % des
dépenses 2001). Près de la moitié des FSL avait une
trésorerie excédentaire plus ou moins importante. En effet, 19
FSL avaient une trésorerie comprise entre 4 et 5,5 mois de
dépenses, 22 FSL avaient une trésorerie comprise entre 5,5 et 11
mois et 7 FSL avaient une trésorerie dépassant 11 mois de
dépenses.
4
On rappellera cependant que le budget de l'ANAH a
été revalorisé de 30 millions d'euros en autorisations de
programme et crédits de paiement lors de son examen devant
l'Assemblée nationale.
5
Toutefois, il faut prendre ce tableau avec certaines
précautions, dans la mesure où il compare les aides publiques de
loi de finances à loi de finances. S'agissant des aides à la
personne notamment, cette comparaison n'est pas pertinente, puisque des
modifications importantes interviennent en cours d'exercice. De même,
s'agissant des mesures fiscales, seules les dépenses fiscales
(déductions et exonérations) sont prises en compte, et non les
alourdissements de fiscalité sur l'immobilier.
6
nc : non chiffré
7
Il faut se féliciter de cette observation, même s'il
faut s'étonner que sur un sujet aussi essentiel que le logement social,
la liste des personnes auditionnées ne mentionne ni élus locaux
ni parlementaires s'intéressant au secteur du logement, à
l'exception de notre collègue Jean-Louis Dumont, au titre de ses
fonctions de président de la fédération des
sociétés coopératives d'HLM.
8
Le Prêt à l'accession sociale (PAS),
créé en 1993, est un prêt conventionné qui
bénéficie d'une garantie de l'Etat. Son taux, son
éligibilité à l'aide personnalisée au logement
(APL) et l'existence d'un plafond de ressources en font un produit ciblé
sur l'accession sociale, et en cela complémentaire au prêt
à 0%. La production de PAS a ainsi augmenté sensiblement
dès la mise en place du prêt à 0%. Environ 70 % des
PAS sont désormais accompagnés d'un prêt à 0%.
9
Notre collègue Jean-Louis Dumont, président de la
fédération nationale des sociétés
coopératives d'HLM a toutefois fait valoir auprès de votre
rapporteur que la prime spécifique à l'accession très
sociale a concerné 57 programmes immobiliers pour un total de 1.337
logements dont 625 pouvant bénéficier de la prime. Plus du tiers
de la production des organismes d'HLM en accession groupée aurait
été concernée par l'expérimentation. Il conteste
donc le fait que l'expérimentation n'aurait pas donné de
résultats véritablement probants.
10
Par voie d'amendement adopté à l'Assemblée
nationale, le gouvernement avait procédé à un abondement
de 9,15 millions d'euros en crédits de paiement et 30,5 millions d'euros
en autorisations de programme gagé par des réductions de
même montant sur le chapitre 65-50, article 90 (contribution de l'Etat au
fonds de garantie de l'accession sociale).
11
Pour 2002, le seuil d'imposition à l'ISF est fixé
à 728 000 €.
12
Essentiellement locations de parcs de stationnement et de locaux
professionnels équipés
13
Il faut observer que l'évaluation de ces mesures fiscales
varie sensiblement d'une année à l'autre. Le « Besson
ancien » était évalué l'an dernier à 38
millions d'euros pour 2002, l'application des régimes
« Besson » et « Périssol » dans
le neuf était évalué à 701 millions d'euros. Ces
évaluations ont été sensiblement revues à la baisse
dans le fascicule des voies et moyens attaché au présent projet
de loi de finances.
14
0,5% de la masse salariale annuelle. L'institution de cette
cotisation a été compensée par une diminution d'un
même montant de la participation des employeurs à l'effort de
construction (« 1% logement »).
15
Art. R834-5 du Code de la Sécurité sociale.
16
Art.R.351-33 du Code de la Construction et de l'Urbanisme :
« la CDC agissant pour le compte du Trésor public assure la
gestion financière du FNH ».
17
Art.L.351-7 du CCH : « l'Etat assure
l'équilibre des recettes et dépenses du FNH ».
18
Taux appliqué depuis le 1
er
janvier 2002, suite
à la décision du conseil de gestion du FNH du 26 novembre 2001.
Le taux était auparavant de 4%.
19
Composés de représentants des ministères
concernés, des organismes sociaux et de la Caisse des
Dépôts. La présidence effective est exercée par
délégation par le sous-directeur du financement et du budget de
la DGUHC
20
Ces documents sont établis par le bureau des aides
personnelles au logement et soumis à l'approbation de leurs organes
respectifs de direction.