AUDITION DE M. BERNARD KOUCHNER, SECRÉTAIRE D'ETAT À LA SANTÉ

Réunie le mardi 9 septembre 1997, sous la présidence de M. Jean-Pierre Fourcade, président, la commission a d'abord entendu M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, sur la prochaine réforme de l'administration sanitaire, tendant à renforcer la veille et la sécurité sanitaires.

M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, a estimé que la proposition de loi n° 329 (1996-1997), présentée par MM. Charles Descours et Claude Huriet, constituait une étape déterminante dans le processus de renforcement du dispositif de sécurité sanitaire. Il a rappelé que les drames récents, qu'il s'agisse de l'amiante ou de l'encéphalopathie spongiforme bovine, avaient révélé une demande de l'opinion publique face aux risques qui menacent la santé et un besoin d'intervention croissant de l'Etat pour assurer cette protection.

Il a jugé que le rapport de la mission d'information sur la sécurité sanitaire déposé par la commission au début de l'année avait joué un rôle de premier plan, non seulement dans la prise de conscience de l'indispensable adaptation de notre système de sécurité sanitaire, mais aussi dans l'analyse des forces et faiblesses de notre organisation.

M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, a indiqué que la proposition de loi issue des travaux de la mission, proposait un système " clairement lisible ", réaliste et d'une grande cohérence. Il a rappelé que les dispositions de cette proposition de loi s'inscrivaient dans le contexte historique d'un engagement renforcé de l'Etat dans le domaine de la sécurité et de la qualité des soins et des aliments.

Il a exprimé l'accord du Gouvernement pour créer de nouveaux organismes destinés à jouer un rôle majeur dans la veille épidémiologique, la sécurité sanitaire et la sécurité alimentaire.

Concernant la création d'un institut de veille épidémiologique, il a estimé que la transformation du réseau national de santé publique lui donnerait une légitimité plus forte. Il a indiqué qu'il existait un complet accord gouvernemental à la création d'une agence de sécurité sanitaire des produits de santé qui se verrait attribuer un rôle de sécurité et de police sanitaires pour tous les produits de santé avec la totalité des fonctions qui y étaient liées : évaluation, expertise, inspection, contrôle, vigilance et alerte.

Concernant la sécurité des aliments, M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, a indiqué que le souhait du Gouvernement était de créer un pôle nouveau en regroupant et en renforçant les moyens d'expertise pour assurer la veille, l'évaluation et l'alerte en cas de risques pour la santé humaine. La constitution de ce pôle résulterait de la mise en commun des compétences ministérielles existantes en oeuvrant à leur renforcement. Le Gouvernement a ainsi choisi un mode de traitement différent entre produits de santé et aliments, pour des raisons qui tiennent notamment à l'organisation existante et à la nature des produits ; les ministres conserveront donc pour les aliments l'autorité de police qu'ils assument aujourd'hui, aidés par l'expertise fournie par la nouvelle structure mise en place.

Il a indiqué que le Gouvernement n'estimait pas opportun d'intégrer l'agence du médicament vétérinaire dans l'agence de sécurité des aliments et qu'un régime déclaratoire serait proposé par le Gouvernement pour les dispositifs médicaux. Il a également affirmé que les produits thérapeutiques annexes et les produits de nutrition clinique devraient faire l'objet d'une autorisation délivrée par l'agence de sécurité sanitaire des produits de santé.

M. Claude Huriet, rapporteur, a exprimé sa satisfaction de constater l'engagement du Gouvernement en faveur de l'organisation générale du système de veille et de sécurité sanitaires proposée par le Sénat. Il a estimé que le discours du ministre révélait que pourraient naître quelques divergences d'appréciation, notamment en ce qui concerne le contrôle de la sécurité alimentaire et le médicament vétérinaire.

M. Charles Descours s'est également félicité que le nouveau Gouvernement, comme le précédent, se rallie aux propositions sénatoriales en matière de veille et de sécurité sanitaires. Evoquant le contrôle de la sécurité sanitaire des aliments, il a estimé que les agences devaient être scientifiquement incontestables et politiquement indépendantes et a rappelé que l'opinion publique était désormais très sensibilisée aux questions de sécurité sanitaire.

Mme Nicole Borvo a estimé que le renforcement de la sécurité sanitaire était nécessaire et qu'il convenait de dégager les moyens humains et financiers indispensables. Elle a estimé que la dualité du système de contrôle sanitaire des produits destinés à l'homme pouvait être discutée et que le Parlement devrait veiller à l'indépendance des agences, non seulement par rapport aux ministres, mais aussi aux secteurs économiques concernés.

Répondant aux orateurs, M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé, a justifié la position du Gouvernement sur la sécurité sanitaire des aliments par le constat que les contrôles effectués par les services des ministères de l'agriculture et des finances étaient suffisamment performants. Il a fait siens les propos de M. Charles Descours concernant l'opinion publique et la sécurité sanitaire et a indiqué à Mme Nicole Borvo que le Gouvernement veillerait à empêcher tout désengagement financier de l'Etat.

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