EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mercredi 24 septembre 1997, sous le
présidence de M. Christian Poncelet, président, la
commission a procédé, sur le
rapport de
M. Alain
Lambert, rapporteur,
à l'examen du
projet de loi portant mesures
urgentes à caractère fiscal et financier
(n° 425,
1996-1997) adopté par l'Assemblée nationale, après
déclaration d'urgence.
M. Alain Lambert, rapporteur général
, a tout d'abord
présenté les six articles du projet de loi. Il a indiqué
que les trois premiers articles visaient respectivement à instituer une
surtaxe temporaire sur le taux de l'impôt sur les sociétés
pour les entreprises qui réalisent plus de 50 millions de francs de
chiffre d'affaires, fixée à 15 % en 1997 et 1998 et à
10 % en 1999 (ce qui portera le taux de l'impôt sur les
sociétés à 41,66 % puis à 40 %), à
élargir l'assiette de l'impôt sur les sociétés en y
incluant les plus-values à long terme (hors titres de participation),
et, enfin, à modifier le régime des acomptes pour assurer le
rendement de ces mesures dès 1997.
Il a précisé que ces dispositions devaient rapporter
respectivement 14,4 et 6,7 milliards de francs de recettes
supplémentaires au budget de l'Etat, soit un total de 21 milliards
de francs en 1997 et que le rendement attendu en 1998 était de
16,5 milliards de francs.
Puis après avoir rappelé que le Gouvernement justifiait cet
accroissement de la pression fiscale pesant sur les entreprises par le
dérapage des finances publiques constaté par l'audit
réalisé par MM. Nasse et Bonnet, le faible poids de
l'impôt sur les sociétés dans le PIB et la bonne
santé apparente des entreprises, le rapporteur général a
désapprouvé la stratégie poursuivie par le Gouvernement
pour faire face à l'échéance de la monnaie unique, et
relativisé le constat dressé par l'audit sur l'état des
finances publiques.
Il a fait valoir que la plupart des politiques victorieuses de réduction
des déficits publics conduites par certains pays de l'OCDE, au cours des
dix dernières années, avaient mis l'accent sur la maîtrise
des dépenses, et que cette priorité devait devenir celle de la
France à l'heure où les dépenses publiques
représentent 54,6 % du PIB contre 50,6 % en moyenne, dans
l'Union européenne. Il a souligné à cet égard que
cette nécessité était également rappelée par
les auteurs de l'audit.
Le rapporteur général a ensuite indiqué que le constat
pessimiste établi par MM. Nasse et Bonnet semblait
relativisé par les données budgétaires au 31 juillet
1997 qui mettent en évidence une amélioration du solde
budgétaire de 13,8 milliards de francs par rapport à juillet
1996. Il a ajouté que l'optimisme du ministre de l'économie et
des finances sur le rythme de la croissance en 1997 ne devait pas inciter
à revoir ces données à la baisse.
Puis,
M. Alain Lambert, rapporteur général,
a
regretté qu'en portant le taux de l'impôt sur les
sociétés à 41,66 % et en supprimant le régime
de taxation réduite des plus-values de cessions d'actifs
immobilisés, le projet de loi aille à contre-courant des
politiques fiscales menées par les principaux partenaires
européens de la France qui entreprennent de réduire les
impôts pesant sur leurs entreprises. Il a estimé paradoxale,
à cet égard, la position du ministre de l'économie et des
finances qui, tout en plaidant à Mondorf en faveur d'une harmonisation
des fiscalités européennes, et notamment de la fiscalité
des entreprises, présentait un projet de loi contenant des mesures de
divergence fiscale. Il s'est inquiété que la France ait dans
quelques années à en subir les conséquences qui pourraient
prendre la forme de délocalisations de ses entreprises et d'un reflux
des investissements étrangers en France, comme l'Allemagne en avait fait
l'amère expérience.
Il a rappelé que l'aggravation de la pression fiscale était
assimilée, dans la théorie économique, à un choc
externe tendant à réduire le taux de rendement interne des
investissements et conduisant les chefs d'entreprise à contracter ces
derniers. Il a fait observer qu'une telle mesure n'était pas de nature
à relancer la croissance et à encourager les chefs d'entreprises
à renouveler leurs capacités de production, dans un contexte
caractérisé par un déclin de l'investissement qui a
baissé de 5,8 % entre 1992 et 1996 alors qu'il a progressé
de près de 35 % aux Etats-Unis.
Il a enfin fait valoir que si l'impôt sur les sociétés
pesait très peu dans le PIB français par rapport à nos
principaux concurrents, c'est qu'
a
contrario
les autres charges
assises sur les entreprises et qui sont déductibles de leurs
résultats (charges sociales certes, mais aussi taxe professionnelle)
pèsent d'un poids tout à fait excessif
.
Il n'a donc pas
estimé opportun d'accroître le poids de ces
prélèvements, en rappelant que seules des entreprises en bonne
santé financière et disposant d'un environnement fiscal et social
favorable sont susceptibles de maintenir ou de créer des emplois.
Par ailleurs,
M. Alain Lambert, rapporteur général,
a
rappelé que les mesures proposées, en introduisant une
discrimination entre les entreprises en fonction de leur chiffre d'affaires,
n'étaient pas de bonne législation. Il a craint que les
entreprises les plus pénalisées soient, en dernier ressort, les
entreprises moyennes réalisant l'essentiel de leur chiffre d'affaires
sur le territoire national et qui ne pourront échapper à
l'impôt, à l'inverse des multinationales qui peuvent
délocaliser leurs bases imposables.
Il a regretté que l'augmentation de l'impôt sur les
sociétés rende en partie caduc le mécanisme de l'avoir
fiscal, aux dépens des actionnaires et des sociétés
mères de filiales, et fasse renaître des phénomènes
de double taxation injustifiés. Enfin, il a déploré la
rétroactivité de ces dispositions, qui interdit à tout
acteur économique de faire des prévisions valables à moyen
et long terme, ainsi que leur complexité et leur manque de
lisibilité.
M. Alain Lambert, rapporteur général,
a alors
indiqué qu'il proposerait à la commission d'adopter des
amendements tendant à la suppression des trois premiers articles du
projet de loi.
S'agissant des trois derniers articles du projet de loi,
M. Alain Lambert,
rapporteur général
a rappelé que ces dispositions
figuraient dans le projet de loi portant diverses dispositions d'ordre
économique et financier présenté par le
précédent Gouvernement et que leur inclusion dans ce texte
était surtout justifiée par la nécessité de
procéder à certaines validations.
Il a indiqué que l'article 4 avait pour objet de transférer
à EDF la propriété des ouvrages de transport
d'électricité du réseau d'alimentation
générale (RAG) dont l'Etat était, jusqu'à
présent, le propriétaire concédant. Il a
précisé que cette opération, accompagnée d'une
restructuration du bilan de l'établissement public, visait à
mettre fin à l'incongruité de la structure capitalistique d'EDF
qui se caractérisait jusqu'à présent par une disproportion
frappante entre des capitaux propres inférieurs à 24 milliards de
francs et des actifs qui avoisinent 680 milliards de francs. Il a
souligné qu'au terme de l'opération, le montant des capitaux
propres devait plus que tripler pour atteindre près de 80 milliards
de francs et qu'EDF devrait acquitter pour la première fois, en 1997,
l'impôt sur les sociétés à hauteur de
3 milliards de francs.
Il a approuvé cette mesure, conforme au contrat d'entreprise
signé le 8 avril dernier entre l'Etat et EDF, en faisant observer
qu'elle assurait la lisibilité des comptes d'EDF auprès de la
communauté économique internationale, et notamment auprès
des partenaires financiers d'EDF.
Puis, il a indiqué que l'article 5 prorogeait de deux ans, à
compter du début de 1997, le dispositif de la "loi Gest" qui permet
aux
collectivités locales d'emprunter sur ressources Codévi pour
financer des équipements destinés à favoriser
l'implantation et le développement des PME. Il a toutefois
souligné que la gestion politique des taux administrés privait
aujourd'hui ce dispositif de tout intérêt pour les
collectivités emprunteuses. Il a indiqué que l'amendement qu'il
proposait et tendant à rappeler la position constante de la commission
en matière de taux administrés, serait pour le Sénat
l'occasion d'une nouvelle démonstration pédagogique dans
l'intérêt du pays.
Enfin, le rapporteur général a indiqué que l'article 6,
relatif à la Banque de développement des petites et moyennes
entreprises (BDPME), successeur du CEPME, consistait en plusieurs adaptations
formelles destinées à permettre l'application de la loi de 1983
sur la démocratisation du secteur public dans les mêmes conditions
qu'au CEPME auparavant. Il a regretté à, cet égard, que le
Sénat n'ait pas eu à se prononcer sur la création
même de la BDPME et a rappelé que le groupe de travail sur le
système bancaire s'était prononcé en faveur de l'existence
d'organismes publics dits " de place " pour faciliter
l'accès
au crédit des PME.
M. Michel Mercier
a observé qu'il était inexact d'affirmer
que l'augmentation du taux de l'impôt sur les sociétés ne
toucherait que les grandes entreprises en soulignant que dans sa commune,
toutes les entreprises de plus de trente salariés réalisaient un
chiffre d'affaires supérieur à 50 millions de francs.
Il a ajouté que le volet fiscal du projet de loi devait être
examiné à la lumière, non seulement du système
fiscal en vigueur, mais également des modifications envisagées
dans le projet de loi de finances pour 1998. Il a cité à cet
égard l'exemple des épargnants qui pâtiraient non seulement
du "basculement" du financement de l'assurance maladie sur la CSG,
mais aussi
de la moindre performance du mécanisme de l'avoir fiscal
consécutive à la hausse du taux nominal de l'impôt sur les
sociétés.
Approuvant les observations du rapporteur général sur la
nécessaire diminution des dépenses publiques,
M. Joël
Bourdin
a cité l'exemple du Canada et du Québec qui ont
ramené leur déficit de 5 % du PIB à
l'équilibre en cinq ans, permettant ainsi aux entreprises,
allégées d'un certain nombre de prélèvements,
d'augmenter leurs parts de marché mondial. Déplorant
l'augmentation du poids des prélèvements obligatoires par rapport
au PIB français, il a exprimé sa crainte de voir la France
transformée en pays de consommateurs.
M. René Régnault
a rappelé que les mesures fiscales
du projet de loi étaient justifiées par le dérapage du
solde budgétaire mis en évidence par l'audit de MM. Nasse et
Bonnet et que, compte tenu du moindre rendement des impôts, cette
année, l'augmentation de l'impôt sur les sociétés
n'accroîtrait pas le poids global des prélèvements
obligatoires dans le PIB.
M. Paul Loridant
a regretté "l'opposition frontale" dont
faisait
montre le rapporteur général sur le premier texte à
caractère fiscal et financier soumis par le nouveau Gouvernement. Il a
rappelé que ce dernier devait adapter en milieu d'année un budget
initial dont il n'avait pas la paternité et que son intention
n'était pas d'accroître les dépenses. Il a enfin fait part
de ses inquiétudes au sujet de l'article 4 du projet de loi.
Mme Marie-Claude Beaudeau
a relativisé la portée
de l'augmentation de l'impôt sur les sociétés en indiquant
que la charge supplémentaire pour les entreprises représentait
moins d'une journée d'activité. Elle a souligné que
80 % des entreprises seront épargnées par cette mesure. Elle
s'est réjouie que l'actuel Gouvernement rompe avec la tendance
précédente visant à diminuer les charges pesant sur les
entreprises en rappelant que le taux d'autofinancement des entreprises
atteignait 118 % et que 50 % de leurs profits "nourrissaient la
spéculation". Elle a enfin souligné la faiblesse du poids de
l'impôt sur les sociétés par rapport au PIB.
M. Jean-Philippe Lachenaud
a contesté les hypothèses de
rendement du dispositif d'augmentation de l'impôt sur les
sociétés en arguant que les entreprises ajustait leur situation
comptable et fiscale à toute hausse de la fiscalité, ce qui
conduisait à un rendement moindre que le rendement estimé
mécaniquement. Il s'est par ailleurs déclaré hostile
à toute augmentation de l'impôt sur les sociétés
à l'heure où tous les instituts de prévision rendent la
faiblesse des investissements responsable de la mollesse de la croissance. Il a
constaté enfin que cette mesure aurait pour conséquence
d'accroître le prélèvement fiscal pesant sur
l'épargne, ce qu'il a déploré compte tenu de la prochaine
hausse de la CSG.
Enfin,
M. Christian Poncelet, président,
a fait part de ses
craintes que les mesures fiscales prévues dans le projet de loi ne
"cassent la croissance" qui redémarre.
M. Alain Lambert, rapporteur général
, a ensuite
répondu aux différents intervenants.
Rebondissant sur l'observation de
M. Michel Mercier
, il a
répété qu'il était dangereux d'établir une
distinction entre les entreprises en fonction de leur taille, et, qu'en tout
état de cause, certaines petites entreprises seraient également
pénalisées par la hausse de l'impôt sur les
sociétés.
Il a ensuite faite sienne la remarque de
M. Joël Bourdin
en
soulignant que l'harmonisation fiscale ne devait pas se limiter à
l'Union européenne sous peine de voir l'Europe se transformer en un
espace dévitalisé.
Répondant à
M. Paul Loridant
, il a indiqué que sa
conception de la politique le conduisait à guider plutôt
qu'à suivre, et a observé que ses concitoyens, en choisissant une
nouvelle majorité à l'Assemblée nationale, ne lui avaient
pas demandé de renoncer à ses opinions. Il a rappelé que
les chiffres de l'exécution budgétaire au 31 juillet 1997
montraient une croissance du rendement de l'impôt sur les
sociétés de 5,1 % par rapport à juillet 1996, ce qui
tendait à démontrer que les rentrées de recettes
s'effectuaient de manière satisfaisante.
Enfin, à
Mme Marie-Claude Beaudeau
, le rapporteur
général a indiqué qu'il convenait pour être objectif
de comparer l'ensemble des charges pesant sur les entreprises françaises
par rapport à leurs concurrentes, et pas seulement le poids de
l'impôt sur les sociétés dans le PIB.
La commission a ensuite procédé à l'examen des articles du
projet de loi.
A l'
article premier
, (institution d'une surtaxation de l'impôt sur
les sociétés), le rapporteur général, a
rappelé à
M. Guy Cabanel
que le dérapage des
finances publiques constaté par l'audit devait être
relativisé par des données récentes sur l'exécution
du budget 1997. Il a indiqué qu'en tout état de cause, il
appartenait au Gouvernement d'exécuter le budget conformément aux
objectifs fixés en loi de finances initiale, le cas
échéant en annulant des crédits. Il a rappelé
à cet égard que les annulations nettes de crédits avaient
atteint 28,6 milliards de francs en 1995, puis 22,4 milliards de
francs en 1996.
La commission a alors adopté un amendement tendant à la
suppression de cet article.
Puis, la commission a adopté deux amendements tendant respectivement
à la suppression de l'
article 2
(inclusion des plus-values
professionnelles dans l'assiette de l'impôt sur les
sociétés) et de l'
article 3
(aménagement du
régime des acomptes).
A l'
article 4
relatif au statut patrimonial des ouvrages de transport
d'électricité d'EDF,
M. Paul Loridant
a observé que
la restructuration du bilan d'EDF, qui conduisait à accroître le
montant des capitaux propres, avait pour conséquence l'apurement des
reports à nouveau comptables et fiscaux déficitaires, ce qui
devrait mettre EDF en situation d'acquitter l'impôt sur les
sociétés. Il s'est inquiété par ailleurs du
démantèlement d'EDF qu'une telle réforme pouvait laisser
envisager dans le cadre des dispositions du Traité de Maastricht
concernant l'harmonisation des réseaux.
A
M. Jean-Philippe Lachenaud
, qui s'interrogeait sur la portée de
la modification apportée par l'Assemblée nationale, le rapporteur
général a indiqué que cette mention avait pour objet de
confirmer que les collectivités territoriales conservaient la
propriété des ouvrages du réseau de distribution qu'elles
concèdent à EDF.
La commission a alors adopté cet article sans modification.
A l'
article 5
, dont l'objet est de proroger de deux ans, à
partir du 1
er
janvier 1997, le dispositif permettant aux
collectivités locales de contracter des emprunts sur ressources
Codévi, un large débat s'est ouvert au cours duquel sont
intervenus
MM. Paul Loridant, Joël Bourdin, Michel Charasse,
Emmanuel Hamel, Jean-Philippe Lachenaud, Michel Moreigne, Michel Mercier, Alain
Lambert, rapporteur général et Christian Poncelet,
président.
Tout en se déclarant favorable à la prorogation de ce dispositif,
M. Alain Lambert, rapporteur général,
a
néanmoins exprimé des doutes sur son efficacité compte
tenu du taux d'intérêt actuel du Codévi. Celui-ci,
égal à 3,5 % auxquels s'ajoutent notamment les frais de
collecte et gestion, ne permet pas aux établissements de crédit
de prêter aux collectivités locales à moins de 6,2 % sur
quinze ans.
Aussi,
M. Alain Lambert, rapporteur général,
a-t-il
présenté un amendement tendant un examen semestriel des taux de
l'épargne administrée par le comité de la
réglementation bancaire et financière, de façon à
ce que le Gouvernement puisse ajuster ces taux d'intérêt en
fonction de l'évolution du marché. Cet amendement, a-t-il
expliqué, est la reprise de la proposition de loi n
o
301
(1996-1997) relative à la détermination des taux
d'intérêt de l'épargne administrée, qu'il a
cosignée en mars 1997 avec MM. Paul Loridant et Philippe Marini. Il
a également rappelé qu'un amendement similaire avait
été adopté par le Sénat, lors de la discussion, au
printemps 1996, du projet de loi portant diverses dispositions d'ordre
économique et financier.
Après s'être déclaré favorable à la
prolongation du dispositif en faveur des collectivités locales, et
à l'amendement présenté par le rapporteur
général,
M. Paul Loridant
a estimé aberrant que les
taux administrés soient supérieurs à ceux du marché
monétaire. Il a jugé que cette situation ne pourrait pas durer.
Il s'est même prononcé pour une réflexion sur une
éventuelle indexation des taux administrés sur l'inflation.
M. Joël Bourdin
s'est opposé à l'amendement, estimant
qu'il faudrait insérer un tel dispositif dans une réflexion plus
large sur l'épargne.
M. Michel Charasse
a estimé inopportun le dépôt de
cet amendement sur le projet de loi portant mesures urgentes à
caractère fiscal et financier, et a considéré qu'il aurait
davantage sa place dans le débat sur le projet de loi de finances pour
1998. Il s'est inquiété des risques pouvant peser sur les petits
épargnants, et a estimé qu'une libération des taux
administrés devrait s'accompagner d'un relèvement des plafonds du
Livret A et du Codévi, et d'une prime d'Etat sur les petits livrets.
Après avoir considéré qu'il était indispensable de
protéger l'épargne populaire,
M. Emmanuel Hamel
a
exprimé son opposition à l'amendement.
M. Jean-Philippe Lachenaud
s'est inquiété de voir le
Gouvernement privé de son pouvoir de fixer les taux de l'épargne
administrée et a considéré que le verbe "réviser"
contenu dans l'amendement, suggérait que les taux devaient être
"revus" à la baisse.
M. Michel Moreigne
a indiqué qu'il voterait contre l'amendement.
M. Michel Mercier
s'est prononcé pour l'amendement, en
considérant qu'il était susceptible de rendre efficace un
dispositif qui ne pouvait l'être en l'absence d'une baisse du taux
d'intérêt du Codévi.
En réponse aux intervenants,
M. Alain Lambert, rapporteur
général,
a rappelé que son amendement
n'empiétait pas sur la compétence du Gouvernement pour fixer les
taux de l'épargne administrée, mais qu'il introduisait une
"clause de rendez-vous" en instituant un examen semestriel des taux
destiné à "dédramatiser" les décisions relatives
à ces taux. Il a également expliqué que cette
révision périodique ne se ferait pas nécessairement
à la baisse, mais pourrait, le cas échéant, se faire
à la hausse.
M. Christian Poncelet, président,
a rappelé que, comme
lors des débats précédents, la présentation de cet
amendement avait pour objet de provoquer la réflexion du Gouvernement
sur une question, dont l'introduction de la monnaie unique précipitera
vraisemblablement l'évolution.
A l'issue de ce débat,
M. Alain Lambert, rapporteur
général,
a retiré son amendement. La commission a
alors adopté l'article 5 dans la rédaction de
l'Assemblée nationale.
Puis, la commission a adopté, sans modification,
l'article
6
relatif à l'application à la Banque de développement des
petites et moyennes entreprises (BDPME) des dispositions de la loi de
démocratisation du secteur public.
Enfin, la commission a décidé de proposer au Sénat
d'adopter le projet de loi ainsi amendé.