C. DES ORIENTATIONS DANGEREUSES POUR LES DEPENSES

1. La branche vieillesse : un attentisme érigé en système

La réforme des retraites du régime général de 1993 continue de produire ses effets, mais reste insuffisante pour rétablir l'équilibre de la CNAMTS. Par ailleurs, les régimes spéciaux poursuivent, sans aucune réforme, leur dérive financière et démographique qui pèse de plus en plus lourdement sur les dépenses de l'Etat, à travers les charges de pension et les subventions d'équilibre, ainsi que sur les dépenses des collectivités locales, qui portent à bout de bras la CNRACL.

Face à cette situation préoccupante, qui se dégradera brutalement avec le ressaut démographique prévu pour 2005, le Gouvernement se donne le temps de la réflexion.

Dans le rapport annexé au présent projet de loi de financement de la sécurité sociale, il indique : "la situation financière de la branche vieillesse reste déséquilibrée. Cette situation devrait perdurer dans les années à venir à législation constante, sans connaître cependant une aggravation significative jusqu'en 2005. Cette situation appelle une réflexion approfondie sur l'évolution des prestations et des ressources des systèmes de retraite que le Gouvernement entend conduire en prenant en compte l'évolution des conditions du vieillissement, de la durée et du mode de vie. L'observation continue de la situation et des perspectives du système de retraite n'est aujourd'hui pas possible. Pour disposer d'une projection à long terme des régimes de retraite, une réflexion sera engagée sur la mise en place d'un observatoire des retraites."

Votre rapporteur pour avis estime que cette attitude est purement dilatoire. Toutes les données du problème des retraites sont parfaitement connues : il suffit maintenant de décider.

2. La branche famille : des mesures d'économies brutales

Dans le rapport annexé, le Gouvernement avance le souci de mettre "davantage de justice dans les transferts financiers vers les familles" pour motiver la mise sous condition de ressources des allocations familiales et la restriction de l'AGED.

Cet argument dissimule mal le caractère brutal de mesures d'économies qui n'ont pas d'autre raison d'être que de rétablir l'équilibre financier de la branche famille. Par ailleurs, il ressort d'un égalitarisme simpliste, qui ignore le fait fondamental que la politique familiale a pour objet d'assurer une redistribution horizontale, à même niveau de revenu, entre ceux qui ont des enfants et ceux qui n'en ont pas, et non pas une redistribution verticale des familles aisées vers les familles modestes.

Le Gouvernement reconnaît d'ailleurs qu'il agit un peu à l'aveuglette lorsqu'il déclare qu'il "souhaite que la politique à l'égard des familles fasse l'objet d'un réexamen d'ensemble, en ce qui concerne tant la fiscalité, notamment par l'étude de la révision du quotient familial et de l'intégration des allocations familiales dans le revenu imposable, que les prestations familiales et l'ensemble des actions publiques qui y concourent."

Votre rapporteur estime qu'il aurait sans doute été préférable que le Gouvernement procède à ce réexamen d'ensemble avant de proposer les deux mesures contenues dans le présent projet de loi de financement, qui ne semblent pas emporter l'adhésion complète de sa majorité.

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