G. DEFIANCE A L'EGARD DU RECOURS A L'EMPRUNT

L'Etat, par son action et ses investissements matériels ou immatériels, peut contribuer à la croissance du pays. Il est donc économiquement légitime qu'il puisse recourir à l'emprunt pour couvrir ses dépenses, sous réserve que cela ne débouche pas sur un processus cumulatif d'accroissement des emprunts nouveaux pour faire face au remboursement des dettes antérieures.

En revanche, la sécurité sociale est un système de solidarité fondé sur une logique de répartition instantanée. Il est donc économiquement nécessaire qu'elle soit en permanence strictement équilibrée, sauf à reporter la charge de son financement sur les générations futures.

Ce report des charges actuelles de protection sociale sur les générations futures est admissible dans un contexte de forte croissance démographique. Il est irresponsable dans un contexte de vieillissement de la population, qui fera peser sur les générations futures des charges de pensions et de protections sociales considérablement plus lourdes que celles d'aujourd'hui.

Votre commission des finances vous propose donc sans aucun enthousiasme d'accepter la réouverture et la prolongation de cinq ans de la Caisse d'amortissement de la dette sociale créée par voie d'ordonnance en 1996, afin que lui soit transféré le nouveau déficit cumulé du régime général au titre des années 1997 et 1998, soit 87 milliards de francs

Elle tient toutefois à ce que le nouveau terme fixé pour l'extinction de la CADES, à savoir le 31 janvier 2014, soit expressément inscrit dans les textes . Cette reprise de dette ne constitue qu'un pis aller par rapport aux solutions alternatives qui seraient soit le maintien d'un déficit directement à la charge du régime général, soit le relèvement de la CRDS de 0,5 à 0,7 points.

Enfin, votre commission des finances s'oppose vigoureusement au projet du Gouvernement d'autoriser la CNRACL à s'endetter de 2,5 milliards de francs en 1998, pour couvrir son déficit tendanciel . Elle rappelle que la CNRACL est un régime de sécurité sociale intrinsèquement équilibré, qui n'est chroniquement déficitaire qu'en raison de l'importance de sa contribution au système des transferts de surcompensation entre régimes spéciaux de retraite.

Il n'y a aucune raison que la CNRACL, régime par répartition, s'endette et fasse ainsi les frais de l'immobilisme du Gouvernement, qui refuse tant de réformer des régimes spéciaux excessivement favorables par rapport au régime général que de diminuer le taux arbitraire de la surcompensation.

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