ARTICLE 23 ter
Objectif national de dépenses d'assurance
maladie
Commentaire : cet article a pour objet de fixer pour 1998
à 613,8 milliards de francs l'objectif national de dépenses
d'assurance maladie de l'ensemble des régimes obligatoires de base.
I. UN OBJECTIF DEFINI SELON DES CONVENTIONS RELEVANT DU SEUL GOUVERNEMENT
La détermination de l'objectif national de dépenses d'assurance
maladie est une disposition obligatoire de la loi de financement de la
sécurité sociale, prévue au 4° de l'article
L.O. 111-3.
La portée de cet objectif, exprimé en montant et non en taux,
est différente selon les catégories de destinataires. Pour les
assurés sociaux, l'objectif n'a pas de caractère limitatif et son
dépassement éventuel n'aura pas pour conséquence de
restreindre leurs droits aux soins. Pour les professionnels de santé,
l'objectif aura bien un caractère contraignant et son dépassement
éventuel entraînera des reversements.
L'objectif est exprimé en dépenses remboursées et non pas
en dépenses remboursables. Cela implique qu'une augmentation du forfait
hospitalier ou une diminution des taux de remboursement aurait pour effet
mécanique de réduire le montant des dépenses prises en
compte par l'objectif, à consommation de soins inchangée.
L'objectif national de dépenses d'assurance maladie englobe
également la branche accidents du travail. Toutefois, il ne correspond
pas à la somme des objectifs de dépenses de ces deux branches. Il
ne couvre en effet que les dépenses de soins des risques
maladie-maternité et accidents du travail, ainsi que les prestations en
espèces du risque-maladie et celles du risque accidents du travail pour
leur part liée à l'incapacité temporaire.
Sont donc déduites des dépenses des branches maladie et
accidents du travail :
·
les rentes d'accidents du travail ;
·
les indemnités journalières
maternité ;
·
les dépenses de gestion administrative ;
·
les dépenses d'action sanitaire et sociale ;
·
les dépenses des fonds de prévention ;
·
les transferts ;
·
les frais financiers.
Le tableau ci-dessous retrace la façon dont s'effectue le passage du
total des dépenses de la branche
maladie-maternité-invalidité et de la branche accidents du
travail à l'objectif national des dépenses d'assurance maladie
pour 1998.
Votre rapporteur pour avis observe que l'objectif national
de dépenses d'assurance maladie a été créé
par la loi organique du 22 juillet 1996 relative aux lois de financement de la
sécurité sociale, sans que son contenu exact soit
défini.
Les deux ordonnances du 24 avril 1996 n° 96-345, relative à la
maîtrise médicalisée des dépenses de soins, et
n° 96-346 portant réforme de l'hospitalisation publique et
privée, y font référence sans que son contenu soit
autrement précisé.
Ainsi, la définition du contenu exact de l'ONDAM fixé au niveau
global par le Parlement relève de la seule responsabilité du
Gouvernement.
II. UN OBJECTIF EN HAUSSE SENSIBLE POUR 1998
Dans le projet de loi de financement initial, le Gouvernement proposait de
fixer l'objectif national de dépenses d'assurance maladie à
613,6 milliards de francs pour 1998, ce qui correspond à un taux de
progression de 2,2 % par rapport à 1997. Ce montant a été
relevé de 200 millions de francs à l'issue de la discussion
à l'Assemblée nationale, afin de tenir compte de la majoration
des indemnités journalières de longue durée
(supérieures à six mois) destinée à compenser le
relèvement du taux de la CSG.
En valeur absolue, le montant de l'ONDAM augmenterait ainsi de 13,6
milliards de francs par rapport à l'objectif de l'an dernier, qui avait
été fixé à 600,2 milliards de francs. Votre
rapporteur pour avis rappelle que le montant de 1997 correspondait à une
augmentation de 1,7 % par rapport à 1996.
Le Gouvernement n'a pas donné beaucoup d'informations sur la
manière dont il entend décliner l'ONDAM après le vote du
Parlement. Le ministre de l'Emploi et de la solidarité a simplement
indiqué que la progression serait de 2,1 % pour les dépenses de
soins de ville (contre 2 % l'an dernier), 2,2 % pour les dépenses des
établissements sanitaires sous dotation globale et 3,15 pour les
établissements médicaux sociaux.
Selon le rapport fait par M. Claude Evin au nom de la commission des affaires
culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée Nationale
13(
*
)
, la déclinaison de l'ONDAM pour
1998 pourrait être la suivante :
Déclinaison de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie en 1998
(en milliards de francs)
Objectif
|
Prévision
|
Objectif 1997/
|
|
I - Métropole |
|||
I-1. Soins de ville |
261,8 |
267,3 |
+ 2,1 % |
I-2. Etablissements sanitaires |
242,8 |
248,1 |
+ 2,2 % |
I-3. Médico-social |
40,2 |
41,5 |
+ 3,15 % |
I-4. Cliniques privées |
41,9 |
43,1 |
+ 2,9 % |
II - Ressortissants français à l'étranger |
0,8 |
0,8 |
- |
III - Prestations DOM |
12,4 |
12,6 |
+ 2,2 % |
Marge de manoeuvre résiduelle |
0,2 |
0,2 |
+ 2,2 % |
Total ONDAM |
600,2 |
613,6 |
+ 2,2 % |
Votre rapporteur pour avis s'étonne que le
Gouvernement propose pour l'ONDAM un taux de progression sensiblement
supérieur en 1998 à celui de 1997, alors que tous les experts
s'accordent pour estimer que le dispositif de maîtrise des
dépenses d'assurance maladie est encore loin d'être
opérationnel et n'a jusqu'à présent produit qu'un effet
dissuasif
. Il estime ce relâchement d'autant plus regrettable que la
norme plus rigoureuse de + 1,7 % retenue l'an dernier devrait globalement
être respectée à la fin de 1997.
Par ailleurs, votre rapporteur pour avis considère que l'ONDAM devrait
intégrer une plus grande part des dépenses d'assurance maladie.
En particulier, les dépenses de prévention de la CNAMTS devraient
y figurer, dans la mesure où elles influent sur le niveau des
dépenses remboursées.
Par exemple, la campagne annuelle d'information sur la vaccination contre la
grippe se traduira, dans un premier temps, par une économie sur les
dépenses de soins et d'indemnités journalières
liées à la moindre prévalence de la maladie.
D'une façon générale, le basculement souhaitable des
dépenses de soins vers les dépenses de prévention devrait
s'effectuer au sein de l'ONDAM pour être source d'économies
réelles.
De même votre rapporteur pour avis est favorable à l'inclusion
dans l'ONDAM du fonds d'accompagnement social pour la modernisation des
hôpitaux créé par l'article 21 du présent projet de
loi de financement (dont votre commission des finances ne s'est pas saisi). Il
semble en effet tout à fait normal que les dépenses ainsi
financées au profit des établissements qui font l'effort de se
restructurer soient imputées sur les moyens budgétaires de
l'ensemble des établissements hospitaliers, qui sont loin de tous faire
le même effort.
Mais la définition de l'ONDAM relève, pour l'instant, de la seule
responsabilité du Gouvernement.
En revanche, votre commission des finances vous propose de mettre à
profit la compétence dévolue au Parlement à l'égard
du montant global de l'ONDAM pour établir celui-ci à un niveau
plus compatible avec l'état des finances de l'assurance maladie.
Une progression de l'ONDAM calée sur le taux d'inflation hors tabac
prévu pour 1998, soit + 1,3 %, le fixerait ainsi à 608 milliards
de francs. En niveau absolu, l'économie correspondante serait de 5,8
milliards de francs par rapport à l'objectif de 613,8 milliards de
francs voté par l'Assemblée nationale.
Décision de la commission : votre commission est favorable à
l'adoption de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie ainsi
limité.