II. L'ENSEIGNEMENT FRANÇAIS À L'ÉTRANGER ET LE SOUTIEN À LA FRANCOPHONIE
Les crédits des affaires étrangères
consacrés à l'enseignement français à
l'étranger ainsi qu'au soutien de la politique de la francophonie
s'élèvent pour 1998 à 1,56 milliard de francs, soit
une augmentation de 3,4 % par rapport à 1997.
Le tableau ci-après en retrace l'évolution.
La progression de ces crédits s'explique toute entière par l'augmentation de 3,7 % de la dotation de l'AEFE. Celle de l'OUCFA est simplement reconduite à son niveau de 1997, l'essentiel des crédits correspondants ayant été transféré au budget de l'AEFE suite à la fermeture des établissements scolaires gérés par l'Office. Par ailleurs, les crédits consacrés au Haut conseil de la francophonie sont rattachés pour 1998 au chapitre 34-98 Matériel et fonctionnement courant, alors qu'ils faisaient auparavant l'objet d'un chapitre budgétaire distinct (37-94).
A. UN RÉSEAU D'ÉTABLISSEMENTS DYNAMIQUE
Créée par la loi du 6 juillet 1990 et
entrée en fonction en janvier 1991, L'Agence pour l'enseignement
français à l'étranger a quatre missions :
assurer auprès des enfants français à
l'étranger le service public d'éducation ;
contribuer par l'accueil d'élèves étrangers au
rayonnement de la langue et de la culture françaises ;
renforcer les relations de coopération entre les systèmes
éducatifs français et étranger ;
aider les familles des élèves français ou
étrangers à supporter les frais liés à
l'éducation élémentaire, secondaire ou supérieure
de ceux-ci, tout en veillant à la stabilisation des frais de
scolarité.
Elle a la charge de 68 établissements en gestion directe et de
219 établissements conventionnés dans 125 pays. En moyenne,
ces établissements sont fréquentés par 40 % de
Français, 46 % d'autochtones et 14 % d'étrangers-tiers.
Evolution des effectifs scolarisés dans le réseau de l'AEFE |
|||
94/95 |
95/96 |
96/97 |
|
Français |
59.205 |
62.170 |
64.090 |
Nationaux |
71.500 |
71.995 |
71.735 |
Etrangers tiers |
21.260 |
21.462 |
21.190 |
Total |
151.965 |
155.627 |
157.015 |
Au cours de ces trois années, les effectifs globaux
se sont donc accrus de 5.050 élèves, cette augmentation
étant due presque exclusivement à l'arrivée de nouveaux
élèves français (4.885).
La répartition géographique des élèves a
évolué, au cours de la même période, de la
façon suivante :
94/95 |
95/96 |
96/97 |
|
Europe Occidentale |
36.683 |
36.013 |
36.924 |
Europe Centrale et Orientale |
2.278 |
2.373 |
2.580 |
Amérique du Nord |
9.626 |
10.041 |
9.910 |
Amérique latine |
23.553 |
23.341 |
23.353 |
Maghreb |
22.510 |
22.017 |
22.002 |
Afrique champ |
28.687 |
31.538 |
31.298 |
Afrique hors champ |
5.487 |
5.636 |
5.618 |
Moyen-Orient |
15.606 |
16.525 |
16.967 |
Asie/Océanie |
7.535 |
8.143 |
8.363 |
TOTAL |
151.965 |
155.627 |
157.015 |
Ainsi, l'augmentation du nombre des élèves
concerne la plupart des zones géographiques. Cependant, les effectifs
sont stabilisés ou même en légère diminution dans
quatre régions : Afrique francophone, Afrique hors champ, Maghreb
(notamment Maroc), Amérique latine.
En 1997, 5.590 enseignants étaient rémunérés
par l'AEFE, dont 1.920 expatriés et 3.666 résidents.
Répartition des personnels de l'AEFE (en 1996-1997) |
|||
Expatriés |
Résidents |
Total |
|
Europe occidentale |
366 |
1.220 |
1.586 |
Europe de l'Est |
41 |
65 |
106 |
Maghreb |
418 |
705 |
1.123 |
Moyen-Orient |
110 |
147 |
257 |
Asie-Océanie |
119 |
194 |
313 |
Amérique latine |
256 |
317 |
573 |
Amérique du Nord |
87 |
270 |
357 |
Afrique champ |
461 |
641 |
1.102 |
Afrique hors champ |
66 |
107 |
172 |
Monde entier |
1.924 |
3.666 |
5.590 |
Votre rapporteur s'inquiète du développement
de la politique de substitution d'enseignants expatriés par des
enseignants résidents.
Cette politique a concerné 85 postes d'expatriés en 1995,
35 postes en 1996 et 34 en 1997. Pour 1998, 50 postes
d'expatriés devraient être remplacés par 120 postes de
résidents.
Il ne faudrait pas que la qualité de l'enseignement fasse les frais de
cette politique de maîtrise de la dépense publique. En effet, la
présence d'un contingent important d'enseignants expatriés est le
gage essentiel du maintien du niveau de l'enseignement de haute qualité
qu'exigent les communautés françaises expatriées, toujours
soucieuses de permettre à leurs enfants de s'orienter vers les classes
préparatoires aux grandes écoles. La qualité de
l'enseignement fait partie des incitations à l'expatriation des
entrepreneurs et industriels français.
Le budget de l'AEFE
progresse sensiblement en 1998
. La subvention
qui lui est allouée par le ministère des affaires
étrangères augmente de 3,7 % pour atteindre
1,5 milliard de francs. Celle du budget de la coopération est
reconduite à 368 millions de francs.
Ce budget est pour l'essentiel consacré à la
rémunération des enseignants, pour environ 85 % du total. Le
service des bourses scolaires représente 8 % des crédits,
18.300 bourses ayant été versées en 1997. Le reste
est destiné au fonctionnement de l'Agence. Ces derniers moyens seraient
toutefois insuffisants si la moitié des agents des services centraux de
l'Agence n'étaient pas mis à disposition par d'autres
administrations.
Les crédits affectés aux
bourses scolaires
ont
été accrus de 50 millions de francs en 1995. L'enveloppe
totale de ces bourses a été reconduite en 1996 et en 1997 au
niveau de 185 millions de francs. Pour 1998, une augmentation de
6,5 % la portera à 197 millions de francs
(+ 12 millions de francs).
Votre rapporteur se félicite de la progression des crédits
consacrés aux bourses scolaires, qui accompagne la croissance des
effectifs et permet d'atténuer les effets de la hausse des droits
d'écolage. Il regrette toutefois qu'un effort comparable ne soit pas
fait en faveur des investissements de l'AEFE.
B. UN EFFORT D'INVESTISSEMENT INSUFFISANT
Les moyens prévus pour assurer l'entretien, la
sécurité, la rénovation et le développement des
établissements français de l'étranger apparaissent
extrêmement modiques.
Les établissements en gestion directe
,
ainsi que certains
établissements conventionnés qui occupent des bâtiments
appartenant à l'Etat français, bénéficient des
crédits d'investissement (constructions et gros travaux) qui leur sont
consacrés par les deux ministères de tutelle de l'Agence, le
ministère de la coopération et le ministère des affaires
étrangères, sur le titre V de leurs budgets.
En 1996, le ministère de la coopération a financé
14,8 millions de francs de travaux de sécurité, de
réhabilitation ou de construction. Les principales opérations
concernent la construction du lycée de Tananarive et divers travaux,
notamment de climatisation, au lycée Jean Mermoz de Dakar.
Le ministère des affaires étrangères, quant à lui,
a consacré 27,27 millions de francs, dans le cadre de son
schéma patrimonial et immobilier, aux établissements du
réseau de l'AEFE, essentiellement pour des opérations d'entretien
et de rénovation à Madrid, Barcelone, en Tunisie (la Marsa) et au
Maroc (Fès, Kenitra, Marrakech, Meknès). Dans les deux prochaines
années, les projets les plus importants concernent la construction du
lycée français de Francfort, celle du lycée d'Ankara et
l'extension de l'école de Séoul.
Les établissements conventionnés
doivent prendre en
charge eux-mêmes la plus grande partie de leurs opérations de
construction et de rénovation, ce qui n'est pas sans effet sur
l'augmentation difficile à contrôler des frais de scolarité
supportés par les familles.
L'association nationale des
écoles françaises à l'étranger (ANEFE) leur
apporte, sous forme de prêts garantis par l'Etat, une aide très
appréciée.
Dans les pays "du champ", des financements complémentaires sont
assurés par le ministère de la coopération (sur le titre
VI du budget). Dans les pays "hors champ", c'est l'AEFE elle-même qui
dispose d'une ligne de crédits d'investissement pour répondre,
partiellement, aux besoins.
En 1996, les établissements conventionnés du champ ont
reçu 9,6 millions de francs. Sur le reste du monde, pour 219
établissements conventionnés, l'AEFE a disposé en 1996
d'une ligne de crédits d'investissement se montant à
23,7 millions de francs, qui n'a pas progressé en 1997. Dans ces
conditions, l'Agence ne peut que venir en appui à des opérations
montées par des associations gestionnaires qui disposent de ressources
propres ou de capacités d'endettement suffisantes.
Votre rapporteur regrette cet état de fait, qui ne permet pas
à l'AEFE d'accompagner comme il serait souhaitable la croissance des
effectifs scolarisés dans les régions du monde prioritaires,
notamment en Asie.
La plupart de ces établissements d'Asie ont désormais des locaux trop exigus qui ne leur permettent plus d'accueillir convenablement de nouveaux élèves, comme votre rapporteur a pu le constater tant à Manille qu'à Bangkok lors d'une récente mission d'information.