III. L'ACTION AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE
L'audiovisuel doit devenir un moyen privilégié de diffusion de la langue, de la culture, des sciences et des techniques françaises à l'étranger. Ceci est essentiel pour asseoir notre présence hors de nos frontières et votre rapporteur tient à rappeler qu'une audience, même faible, permet souvent de s'adresser à un public plus nombreux que celui qui fréquente nos établissements culturels à l'étranger.
A. UNE POLITIQUE AUX ACTIONS TRÈS DIVERSES
Les crédits consacrés aux échanges et à la coopération dans le domaine audiovisuel (article 30 du chapitre 42-10) sont en croissance depuis plusieurs années. Pour 1998, ils progressent de 7,4 millions de francs et s'établissent à 949,2 millions de francs, en hausse de 0,8 % par rapport à 1997. Ces crédits sont destinés à trois types d'actions différentes.
1. La diffusion des programmes radiophoniques et télévisuels français à l'étranger
Le plan d'action quinquennal défini dans le cadre du Conseil de l'audiovisuel extérieur obéit aux axes suivants :
a) Rationalisation du dispositif audiovisuel extérieur par la constitution de deux pôles opérationnels
·
Un pôle regroupant les actions
radiophoniques extérieures autour de RFI, auquel la SOMERA et Radio
Paris Lisbonne sont rattachées, a été constitué en
1996;
·
La création d'un second pôle chargé
de l'action télévisuelle extérieure regroupant TV5 et CFI,
adossé majoritairement au secteur national, décidée par le
CAEF mais toujours à l'étude.
M. Imhaus, président de TV5, est chargé d'étudier
certaines des options proposées par le rapport
précédemment demandé à M. Cluzel, les moyens
d'affirmer le rôle de TV5 et les justifications financières de
l'adossement de la future société à France
Télévision en matière de programmes et d'informations.
L'objectif est de permettre, tout en respectant la logique des métiers,
une meilleure mobilisation des opérateurs nationaux et internationaux en
direction de l'étranger, et d'éviter les éventuelles
concurrences ou redondances entre sociétés.
b) Adaptation de l'offre des programmes à la demande internationale
Cette adaptation implique la régionalisation des
programmes radiophoniques et télévisuels et l'amélioration
du contenu des programmes et de notre information internationale.
·
RFI a mis en place fin 1996 trois programmes permettant
localement des reprises FM à la carte : une chaîne d'information
continue en français (RFI 1), une chaîne en langues
étrangères (RFI 2) et une banque de programmes majoritairement
musicaux (RFI 3).
·
CFI, banque de programmes, décline ses
programmes par blocs régionaux et a recours autant que possible au
doublage ou sous-titrage en langues étrangères.
·
TV5, chaîne francophone, propose actuellement un
signal pour l'Europe, utilisé également en Afrique et en Asie
avec des décrochages spécifiques, un signal pour le Canada et un
signal pour l'Amérique latine ; elle lance en novembre 1997 un TV5
America pour l'ensemble du continent.
·
MCMI a créé un programme spécifique
pour l'Afrique.
c) Multiplication de l'offre de programmes
Cet accroissement de l'offre est possible grâce à
la constitution de bouquets radiophoniques et télévisuels
satellitaires dans les principales régions du monde :
- en Europe, depuis 1995 (Arte/La Cinquième, ainsi que MCMI et
Canal Horizons) ;
- en Asie depuis mai 1996 (TV5 et MCMI) ;
- en Afrique, un bouquet numérique expérimental a
été lancé en mai 1997 et sera commercialisé
à la fin de l'année sous sa forme définitive (Canal
Horizons, TV5, CFI et MCM Africa, Arte/La Cinquième, Euronews, AM
Cartoon, Planète, RFI et Radio Nova) ;
- en Amérique latine, où le lancement de plusieurs bouquets
satellitaires numériques régionaux ouvre de nouvelles
possibilités aux programmes français.
2. La diffusion culturelle du cinéma et des documentaires français et l'appui à l'exportation de programmes
En appui à l'action menée par Unifrance Film et TVFI (association de promotion des exportations de programmes télévisuels français), le ministère des affaires étrangères soutient la présence de films français dans de nombreux festivals, organise à travers le réseau culturel des manifestations de promotion, et contribue à la présence des producteurs et distributeurs de programmes audiovisuels dans les principaux marchés internationaux.
3. La coopération audiovisuelle avec la presse
Cette coopération, plus traditionnelle, passe par un
ensemble varié d'actions :
- soutien à la production de films et de documentaires des pays les
plus défavorisés à travers notamment la participation au
fonds de soutien interministériel du CNC ;
- enseignement du français par la radio et la
télévision ;
- assistance technique et formation par l'envoi d'experts, l'accueil de
boursiers étrangers et l'invitation de professionnels dans le domaine
audiovisuel et celui de la presse écrite ;
- informatisation d'agences de presse en liaison avec l'AFP ;
- opérations audiovisuelles décentralisées dans les
postes et opérations diverses réalisées à Paris
(équipements audiovisuels, frais de transport, manifestations
réunissant des professionnels de l'audiovisuel français et
étrangers...).
B. LA NÉCESSAIRE CLARIFICATION DES MISSIONS DES OPÉRATEURS AUDIOVISUELS EXTÉRIEURS
Votre rapporteur relève que pour la diffusion de
programmes, qui est de loin l'action la plus importante financièrement,
le nouveau Gouvernement n'a pas encore arrêté ses orientations et
s'est donné le temps de la réflexion en confiant une mission
d'études supplémentaire à M. Patrick Imhaus. Il est
pourtant urgent d'agir sur ce poste de dépenses susceptible de
rationalisation.
Il conviendrait ainsi de recentrer clairement CFI sur sa fonction initiale de
banque de programmes à l'usage des chaînes de
télévision étrangères, sans attendre que des
incidents techniques malheureux l'y contraignent. De même, l'utilisation
optimale des nouvelles techniques de diffusion devrait permettre de
dégager des moyens afin d'améliorer en étendue et en
qualité la couverture de TV5 et de RFI.
Votre rapporteur estime toutefois que ces mesures techniques ne constituent
qu'un préalable à l'indispensable redéfinition du contenu
des programmes.
A cet égard, il apparaît nécessaire de
choisir entre des programmes conçus surtout à l'usage des
Français expatriés et des programmes à destination
prioritaire des populations locales. En corollaire du choix
précédent, votre rapporteur n'est pas convaincu que la diffusion
exclusive d'émissions en français soit le meilleur moyen
d'accroître l'influence de notre pays, ni même d'élargir
à terme le champ de la francophonie.
Les dotations du budget des affaires étrangères consacrées
aux opérateurs audiovisuels, inscrites à l'article 30 du chapitre
42-10, sont retracées dans le tableau ci-après.
L'essentiel de la progression de 1,8 % des crédits pour 1978 résulte de l'augmentation de la dotation de RFI, qui augmente de 1,1 % pour atteindre 447,8 millions de francs; et de la dotation de TV5, qui augmente de 4,4 % pour atteindre 183,4 millions de francs. Les autres dotations sont stables.