EXAMEN EN COMMISSION

Réunie le mercredi 19 novembre 1997, sous la présidence de M. Roland du Luart, vice-président, la commission a procédé à l'examen des crédits des services financiers pour 1998.

M. Bernard Angels, rapporteur spécial ayant présenté ses observations, un large débat s'est alors ouvert.

M. Alain Lambert, rapporteur général, a estimé que le budget des services financiers constituait une démonstration supplémentaire de la rigidité des services qui paraissent faire peu de cas des observations du Parlement.

Il a déclaré partager entièrement l'analyse du rapporteur spécial sur l'opacité résultant des rattachements de fonds concours.

Il a souhaité que soit précisé l'ensemble des points de droit rendant contestables ces pratiques et les contraintes juridiques et factuelles entourant le nécessaire exercice de normalisation. Il a rappelé que, grâce notamment au travail accompli par le précédent rapporteur spécial, la commission avait été pionnière dans cette réflexion et qu'elle avait fait preuve de patience depuis deux ans. Après avoir déploré que cette patience n'ait pas été récompensée, il a considéré qu'en conséquence, il fallait reprendre l'initiative. Ayant souligné qu'il n'était pas question par là de chercher à mettre le Gouvernement dans l'embarras, il a indiqué qu'il souhaitait travailler à une solution permettant de préserver tous les intérêts en cause dans le respect de notre droit budgétaire.

Il a conclu son propos en annonçant qu'il proposerait prochainement, en étroite concertation avec le rapporteur spécial, un dispositif équilibré.

En réponse, M. Bernard Angels, rapporteur spécial, a insisté sur la nécessité de faire respecter le rôle du Parlement.

M. Emmanuel Hamel s'est alors inquiété des réductions d'emplois dont devrait souffrir la Cour des Comptes. Il a rappelé les propos de son Premier Président, faisant valoir que l'accroissement souhaité des tâches de la Cour n'était pas compatible avec la réduction de ses moyens.

La commission a alors examiné l'article 63 ter introduit par l'Assemblée nationale.

M. Bernard Angels, rapporteur spécial, a indiqué que cet article visait à ce que les recettes de certains comptes extrabudgétaires soient réintégrées au budget général à compter de l'exercice budgétaire de 1999. Il a précisé qu'il s'agissait d'une part, des recettes des comptes 466-223 et 466-224 "Rémunérations accessoires de certains agents de l'Etat - Cadastre" et, d'autre part, des recettes du compte 466-226 "Rémunérations de certains agents de l'Etat - Hypothèques".

Tout en estimant que l'intention des auteurs de l'article était louable, il a observé que cet article posait deux séries de problèmes. Il a relevé que ce nouvel article introduisait une dérogation à l'article 110 de la loi de finances pour 1996 qui, adopté pour régler les problèmes posés par toutes les opérations extrabudgétaires de l'Etat, en prévoyait la réintégration au budget général pour 1997. Il a fait observer que l'article introduit par l'Assemblée nationale comportait une exception à cette règle en ce sens qu'il reportait à 1999 l'obligation édictée. Il s'est alors demandé si le fait que les Gouvernements successifs n'avaient pas appliqué l'article 110 pouvait constituer une raison valable à l'adoucissement de la portée de cette disposition.

Puis il s'est inquiété de la portée du dispositif proposé. Il a d'abord remarqué que le dispositif ne prévoyant pas la clôture des comptes extrabudgétaires, un doute subsisterait sur les conditions dans lesquelles seront exécutées à l'avenir les opérations financières correspondant aux recettes et dépenses rattachées au budget général. Il a, en outre, considéré que l'article consacrait les recettes alors que la légitimité de ces recettes n'était pas établie et que la question de leur nature juridique se posait.

A ce propos, il a observé que s'il devait apparaître que les recettes en cause étaient des impositions, le dispositif adopté serait incomplet puisqu'il ne prévoyait ni l'assiette, ni le taux de ces recettes.

Il a enfin souligné que l'article comportait une prévision d'affectation de recettes contraire à l'esprit de l'article 18 de l'ordonnance du 2 janvier 1959 en prévoyant que les crédits correspondant aux recettes réintégrées au budget général seraient inscrits au budget des services financiers.

Il a ajouté que, par rapport à l'article 110 de la loi de finances pour 1996 qui prévoyait le rattachement des crédits extrabudgétaires au budget général et non à un budget en particulier, le dispositif de l'article 63 ter apportait une modification substantielle.

La commission a alors décidé de supprimer l'article 63 ter. Puis, elle a adopté deux amendements réduisant l'un les crédits du titre III pour un montant de 658 millions de francs, et l'autre les crédits du titre IV à hauteur de 4 millions de francs.

La commission a alors décidé de demander au Sénat d'adopter les crédits des services financiers ainsi amendés.

Réunie le jeudi 20 novembre 1997, sous la présidence de M. Jean Cluzel, vice-président, la commission a adopté un amendement de suppression de l'article 63 ter rattaché, portant réintégration au budget général des recettes de comptes extrabudgétaires de divers services de la direction générale des impôts, et prévoyant l'affectation de ces recettes aux crédits du budget des services financiers. Elle a en effet considéré que cette affectation n'était pas conforme à l'article 18 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959. Elle s'est toutefois montrée favorable à l'esprit de cet article, et n'a pas souhaité que son refus formel de l'affectation entreprise puisse être assimilée à un rejet de fond.

Réunie le vendredi 21 novembre 1997, sous la présidence de M. Christian Poncelet, président, la commission a adopté deux amendements de son rapporteur général après l'article 63 ter, à l'issue d'un débat au cours duquel sont intervenus MM. Bernard Angels et Michel Charasse, ainsi que le président Christian Poncelet.

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