III. LA LISIBILITE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE PEUT ETRE AMELIOREE

A. REDEFINIR LE ROLE ET LES RESPONSABILITE DES ACTEURS

L'Etat est le principal bailleur de la politique de la ville. Par conséquent, ses représentants sont au centre de la mise en oeuvre de la politique de la ville. Du fait de la déconcentration des crédits de la ville, les préfet jouent en rôle central qui ne cesse de se renforcer. Ils sont assistés dans trente départements de sous-préfets chargés des questions de la ville et dans cinquante autres de " correspondants-ville " qui coordonnent la mise en oeuvre des projets et mobilisent les acteurs locaux. Les crédits sont répartis entre les départements par le préfet de région.

Les préfets siègent également dans les instances de contrôle des contrat de ville aux côté des autres financeurs. Du fait de la prépondérance des financements étatiques et surtout de leur pouvoir de ne pas poursuivre le financement de certains programmes pourtant contractuels, les préfets parviennent à imposer leurs vues dans la détermination du choix des actions dans des proportions supérieures à celles de la part de leurs engagements financiers dans les contrats de ville. Le pacte de relance pour la ville a ajouté un nouvel acteur aux instances de suivi des contrats de ville : le délégué de l'Etat, que le préfet a la faculté de nommer.

La gestion des crédits non globalisés, dont le montant reste considérable du fait de la difficulté d'incorporer l'ensemble des crédits dans le FIV, relève des services déconcentrés des ministères. Or, du fait de la globalisation, qui conduit au renforcement du rôle des préfets, et des versements effectués par les ministères au FIV, les services déconcentrés se sentent souvent exonérés d'un effort particulier en faveur de la politique de la ville. Il conviendrait de faire évoluer cette conception.

Les maires sont les élus les plus proches des réalités des villes. Pourtant, leur influence sur la conduite et sur le contenu des projets n'est pas à la hauteur de leur position stratégique. Il serait souhaitable que la réforme des procédures contractuelles conduise à un rééquilibrage de l'influence respective des différents acteurs.

B. SIMPLIFIER LES PROCEDURES

La contractualisation, par la multiplicité des acteurs qu'elle mobilise, a conduit à un enchevêtrement extrême des procédures. A cet égard, les grands projets urbains, qui vont au delà de la contractualisation par l'ampleur des transformations du paysage urbain qu'ils visent, sont exemplaires. En effet, l'élaboration des partenariats a parfois nécessité trois ans. Il importe de souligner que les douze GPU sont à présent entrés dans leur phase de réalisation.

Une fois les actions élaborées, la mobilisation des crédits nécessaires à leur financement est également source de lourdeurs administratives. Le rapporteur du Conseil économique et social M. Jean Billet consacré au suivi et à la réalisation des contrats de plan rendu en mai 1997 a mis en évidence les problèmes provoqués par le financement croisé des projets. Ses remarques sont également valables pour les contrats de ville. Les versements de l'Etat sont aléatoires du fait de la régulation budgétaire qui peut intervenir en cours d'exercice, ce qui a pour effet de retarder la mise en oeuvre de projets alors même que les cocontractant auraient eux dégagé les sommes nécessaires au financement de leur quote-part.

La mise en place du FIV a permis de procéder à un début de globalisation, ce qui limite les sources de blocage. Il n'en reste pas moins que la contractualisation est tributaire de décisions qui n'appartiennent pas aux acteurs de la politique de la ville.

C. AMELIORER L'EVALUATION

L'absence, à un an de leur échéance, de données relatives à l'exécution des contrats de ville souligne la faiblesse des mécanismes d'évaluation de la politique de la ville. Pourtant, la plupart des textes comportent des dispositions prévoyant une évaluation :

- le Conseil national des villes est censé publier chaque année un rapport sur la mise en oeuvre des procédures contractuelles. Si ces rapports existent, ils n'ont pas été transmis à votre rapporteur.

- le comité interministériel à la ville a confié aux préfets la réalisation annuelle du bilan des engagements financiers de l'Etat et de ses partenaires dans le cadre des contrats de ville. Ces documents, appelés " annexes financières ", comportent quatre à cinq pages de données chiffrées, à raison de raison de 214 contrats de ville.

- les comités de pilotage des contrats de ville doivent eux aussi dresser un bilan progressif de leur action mais, selon la DIV, " le recensement des démarches locales déjà engagées est difficile à faire de façon exhaustive ".

- l'évaluation du volet " ville " des contrats de plan Etat-région est confiée, au niveau régional, au Commissariat général au plan. cette institution a, au premier semestre de 1996, délégué 2,5 millions de francs pour l'évaluation de la politique de la ville dans six régions en application de la circulaire du 9 décembre 1993 relative à l'évaluation des contrats de plan et ville. cette évaluation n'est pas parvenue jusqu'à votre rapporteur.

- la délégation interministérielle à la ville doit remettre au Parlement, en application du pacte de relance pour la ville, un rapport annuel sur les dispositifs zonés. Ce rapport est en cours d'élaboration.

La liste est encore sans doute longue des évaluations prévues mais non réalisées, ou non transmises au Parlement. Votre rapporteur sera particulièrement attentif à ce volet lors de la renégociation des contrats de plan. Il souligne que cette renégociation n'aurait pas été perturbée par le calendrier électoral, comme elle menace de l'être, si des données fiables avaient été disponibles plus tôt.

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