Avis n° 90 - Tome I - PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1998 - DECENTRALISATION
M. André BOHL, Sénateur
COMMISSION DES LOIS - Avis n° 90 - Tome I - 1997/1998
Table des matières
-
LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS
- I. L'ADMINISTRATION TERRITORIALE : LA NÉCESSAIRE MODERNISATION DES ADMINISTRATIONS DE L'ÉTAT
-
II. LES FINANCES LOCALES : L'APPLICATION POUR LA TROISIÈME ANNÉE CONSÉCUTIVE
DU PACTE DE STABILITÉ PRÉVU PAR LA LOI DE FINANCES POUR 1996 DANS UN CONTEXTE
D'ÉVOLUTION DES BUDGETS LOCAUX ENCORE MARQUÉ PAR DE FORTES INCERTITUDES
-
A. 1998 : LA TROISIÈME ANNÉE D'APPLICATION DU PACTE DE STABILITÉ
-
1. L'évolution des dotations incluses dans l'
" enveloppe " du pacte de stabilité
- a) La dotation globale de fonctionnement (DGF)
- b) La dotation spéciale instituteurs (DSI)
- c) Le fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) et le Fonds national de péréquation (FNP)
- d) La dotation élu local
- e) Les dotations de compensations financières des transferts de compétence
- f) La dotation globale d'équipement (DGE)
- g) La dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP)
- 2. L'évolution des dotations exclues du pacte de stabilité
-
1. L'évolution des dotations incluses dans l'
" enveloppe " du pacte de stabilité
- B. L'ÉVOLUTION DES BUDGETS LOCAUX : DES INCERTITUDES PERSISTANTES
-
A. 1998 : LA TROISIÈME ANNÉE D'APPLICATION DU PACTE DE STABILITÉ
- III. CLARIFIER LES RÈGLES DU JEU ENTRE L'ETAT ET LES COLLECTIVITÉS LOCALES : UNE PRIORITÉ QUI DEMEURE D'ACTUALITÉ
N° 90
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 20 novembre 1997.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME I
INTÉRIEUR ET DÉCENTRALISATION :
DÉCENTRALISATION
Par M. André BOHL,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Jacques Larché,
président
;
René-Georges Laurin, Germain Authié, Pierre Fauchon, Charles
Jolibois, Robert Pagès, Georges Othily,
vice-présidents
;
Michel Rufin, Jacques Mahéas, Jean-Jacques Hyest, Paul Masson,
secrétaires
; Guy Allouche, Jean-Paul Amoudry, Robert
Badinter, José Balarello, François Blaizot, André Bohl,
Christian Bonnet, Philippe de Bourgoing, Charles Ceccaldi-Raynaud, Marcel
Charmant, Raymond Courrière, Jean-Patrick Courtois, Charles de Cuttoli,
Luc Dejoie, Jean-Paul Delevoye, Christian Demuynck, Jean Derian, Michel
Dreyfus-Schmidt, Michel Duffour, Patrice Gélard, Jean-Marie Girault,
Paul Girod, Daniel Hoeffel, Lucien Lanier, Guy Lèguevaques, Daniel
Millaud, Jean-Claude Peyronnet, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Jean-Pierre
Schosteck, Alex Türk, Maurice Ulrich, Robert-Paul Vigouroux.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
et
85
(annexe n°
30
)
(1997-1998).
Lois de finances.
LES CONCLUSIONS DE LA COMMISSION DES LOIS
Réunie le mercredi 19 novembre 1997, sous la
présidence de M. Jacques Larché, président, la
commission des Lois a procédé, sur l'avis de M. André
Bohl, à l'examen des crédits consacrés à
l'administration territoriale et à la décentralisation dans le
projet de loi de finances pour 1998.
Après avoir entendu M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de
l'intérieur, et M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction
publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation,
ainsi que l'avis de M. André Bohl, la commission a
décidé de donner un avis favorable à l'adoption de ces
crédits sous le bénéfice des observations suivantes :
1/ La réflexion sur les suites à réserver au pacte de
stabilité après 1998, dernière année de son
application, devra, d'une part, concerner l'extension de cette notion aux
charges des collectivités locales et, d'autre part, mieux prendre
en compte le rôle économique des collectivités locales qui
réalisent les trois quarts des investissements publics, ce que ne permet
pas actuellement l'indexation de l'enveloppe du pacte de stabilité
sur la seule évolution des prix (hors tabac) ;
2/ les normes de sécurité, toujours plus nombreuses et les
délais de leur mise en oeuvre doivent être adaptés au
contexte économique et budgétaire qui entraîne une
contraction des ressources locales ;
3/ compte tenu de la situation de la CNRACL, une réflexion est
indispensable sur les mécanismes de compensation
généralisée et de surcompensation entre régimes
sociaux ;
4/ Le processus de déconcentration administrative doit être
poursuivi ;
5/ la codification des textes applicables aux collectivités locales doit
être complétée par l'achèvement de la partie
réglementaire du code général des collectivités
territoriales et s'accompagner d'une plus grande stabilité des
règles législatives qui concernent ces collectivités ;
6/ la mise en place d'emplois " publics ou parapublics ",
en marge
des règles ordinaires de la fonction publique territoriale, aura pour
effet de recréer une précarité que le législateur a
entendu combattre par la loi du 16 décembre 1996 et posera à
terme la question de l'intégration des intéressés dans la
fonction publique territoriale.
Mesdames, Messieurs,
Les concours de l'Etat aux collectivités locales évolueront en
1998 dans le cadre des règles du " pacte de stabilité "
qui, défini par l'article 32 de la loi de finances pour 1996, aura ainsi
régi les relations financières entre l'Etat et les
collectivités locales pendant trois ans.
Les concours de l'Etat -qui connaîtront une progression très
limitée (+ 0,25 %)- s'élèveront à 250,586 milliards
de francs. La fiscalité transférée progressera pour sa
part de 4,2 % pour atteindre 44,071 milliards de francs.
S'il convient de relever le souci du nouveau Gouvernement de ne pas remettre en
cause des règles d'évolution des concours financiers de l'Etat,
définies en 1996 pour une période de trois ans, force est
néanmoins de constater cette année encore que les budgets locaux
restent confrontés à un grand nombre d'incertitudes.
Dans un tel contexte -caractérisé à la fois par une
progression limitée des concours de l'Etat et par les incertitudes
affectant la préparation des budgets- les marges de manoeuvre des
collectivités locales demeurent réduites. Cette dernière
année d'application du " pacte de stabilité " conduit
donc votre commission des Lois à faire de nouveau valoir que la notion
de " stabilité " ne saurait s'appliquer à la seule
évolution des concours de l'Etat mais devraient également
concerner les charges imposées aux collectivités locales.
Enfin, ce contexte justifie que l'on prête la plus grande attention aux
perspectives d'élaboration et de mise en oeuvre des réformes
-notamment celle de la coopération intercommunale ou encore la
révision des évaluations cadastrales- essentielles pour nos
collectivités.
I. L'ADMINISTRATION TERRITORIALE : LA NÉCESSAIRE MODERNISATION DES ADMINISTRATIONS DE L'ÉTAT
Les crédits consacrés à l'administration
territoriale s'élèvent à
6,16 milliards de
francs
, soit une baisse de 2,7 %.
Les
dépenses de fonctionnement et d'entretien
des
préfectures diminuent de 59,7 millions de francs
(- 3,4 %). Néanmoins, ce chapitre fait l'objet d'une
économie de 220 millions de francs qui étaient
destinés à compenser le coût de la suppression de la
franchise postale sur le courrier inter-administratif et qui se sont
révélés supérieurs aux besoins. Les
dépenses d'équipement immobilier
régressent pour leur
part de 115 millions de francs.
On rappellera que les dépenses de personnel représentent les deux
tiers des crédits de l'administration territoriale, lesquels
-déconcentrés dans leur quasi-totalité- regroupent
l'ensemble des moyens de fonctionnement et d'investissement consacrés
aux préfectures, sous-préfectures, secrétariats
généraux pour les affaires régionales (SGAR),
états-majors de zones de sécurité civile (EMZ) et
secrétariats généraux de zone de défense (SGZD).
Le présent avis présentera le bilan des actions menées en
faveur des préfectures ainsi que les perspectives en matière de
déconcentration, question essentielle non seulement pour le bon
fonctionnement de l'Etat mais aussi pour le bon déroulement de la
décentralisation.
A. LES ACTIONS MENÉES EN FAVEUR DES PRÉFECTURES
Un plan de modernisation des préfectures a
été mis en oeuvre sur la période 1990-1995. Il se fondait
sur l'idée directrice -qu'on ne peut qu'approuver- que les
préfectures doivent constituer le pivot de l'administration territoriale
dans un Etat déconcentré.
Pour accompagner ce plan, un fonds de modernisation a été
créé en 1990 au sein du chapitre 37-10 " administration
préfectorale - dépenses diverses ". Les crédits
ouverts à ce titre ont été inégaux selon les
années et ont même été sérieusement
réduits entre 1990 (17,6 millions de francs) et 1992
(2 millions de francs, après 9,2 millions de francs en 1991).
Le fonds de modernisation a été mieux doté à partir
de 1993 (10,2 millions de francs en 1993 ; 8,7 millions de
francs en 1994 ; 10 millions de francs en 1995).
Les différentes actions entreprises dans ce cadre ont tendu à
moderniser les services notamment grâce à l'informatique (courrier
électronique, cartes nationales d'identité et passeports, travaux
de sécurité), à améliorer la qualité du
service rendu aux usagers (signalisation, accueil) ou encore à
développer les actions de formation des personnels.
Parallèlement à cette politique de modernisation conduite
à partir des crédits de fonctionnement, le ministère de
l'intérieur a engagé au cours de cette période un
programme d'investissement immobilier qui a consacré 228 millions
de francs aux " désimbrications " des préfectures avec
les conseils généraux. Au total,
13
désimbrications ont été
réalisées sur les 24 programmées.
La rénovation des halls d'accueil a, sur la même période,
mobilisé 498 millions de francs. Un plan de raccordement des
sous-préfectures aux grandes applications informatiques nationales
permettant d'améliorer le service rendu aux usagers, a été
mis en oeuvre dans le même temps.
A compter de 1996
, les actions prévues dans le cadre de la
réforme de l'Etat, ont permis de relayer le plan de modernisation des
préfectures. Parmi les actions développées dans ce cadre,
on relève en particulier les expérimentations pour le paiement
par cartes bancaires dans certaines préfectures ou
sous-préfectures et pour la délivrance de passeports en une heure
dans certains départements.
En 1997, 4,9 millions de francs ont été
délégués aux préfectures afin de poursuivre les
efforts engagés en 1996.
Devant votre commission des Lois, M. Jean-Pierre Chevènement, ministre
de l'intérieur, a fait part de son attachement aux missions essentielles
des préfectures et des sous-préfectures, qu'il a
qualifiées de "
colonne vertébrale de l'Etat sur le
territoire
".
Il a ajouté que l'année 1998 serait marquée par la mise en
oeuvre de missions nouvelles telles que la mise en place du programme
emplois-jeunes, la nouvelle législation sur les étrangers, le
renforcement du contrôle de légalité ou encore la
réforme de l'Etat. Aussi le ministre a-t-il précisé que
les effectifs des préfectures seraient préservés en 1998.
Par ailleurs, il a indiqué que le projet de budget dégageait les
moyens nécessaires pour rendre plus équitable le régime
indemnitaire des personnels en harmonisant les indemnités et en prenant
mieux en compte les qualifications et les sujétions de certains postes.
B. LA DÉCONCENTRATION : UN COROLLAIRE NATUREL DE LA DÉCENTRALISATION
Comme l'a parfaitement souligné le rapport
établi par notre collègue M. Daniel Hoeffel au nom du groupe
du travail sur la décentralisation présidé par M.
Jean-Paul Delevoye, la mise en oeuvre d'une déconcentration effective
constitue un préalable indispensable à l'approfondissement de la
décentralisation. Condition d'un dialogue efficace entre l'Etat et les
collectivités locales, elle apparaît ainsi comme un aspect
essentiel de la réforme de l'Etat qui devrait conduire celui-ci à
réorienter ses missions autour d'une fonction d'impulsion, de
coordination et de péréquation.
Sous la précédente législature, cette démarche
s'est en partie concrétisée à travers certains mesures
mises en oeuvre dans le cadre du " grand chantier " de la
réforme de l'Etat.
Le
décret n° 97-34 du 15 janvier 1997
relatif
à la
déconcentration des décisions administratives
individuelles
a conféré aux services
déconcentrés une compétence exclusive pour prendre des
décisions individuelles à partir du 1er janvier 1998, sous
réserve de certaines exceptions fixées par décret en
Conseil d'Etat. Environ
600
procédures, représentant
500.000
décisions individuelles par an, seront ainsi
désormais prises par les préfets (par exemple, l'autorisation
d'ouverture d'un établissement pharmaceutique vétérinaire,
les décisions concernant les coopératives agricoles ou encore les
subventions accordées aux établissements locaux d'enseignement
agricole). Au total, les
trois quarts
des procédures relatives
à des décisions individuelles seront traitées au niveau
local.
En outre, un
effort de simplification
a été conduit afin
de supprimer ou d'alléger plus de
400
régimes
d'autorisation administrative préalable à certaines
activités (suppression des cartes de VRP et de coiffeur, par exemple).
Une
déconcentration de la gestion des crédits de l'Etat
a
été expérimentée, en matière
d'
emploi
, une enveloppe globale d'1 milliard de francs de
crédits déconcentrés ayant été mise à
la disposition des préfets. En outre, six régions test (Lorraine,
Nord-Pas-de-Calais, Poitou-Charentes, Bretagne, Auvergne, Limousin) ont
été retenues pour une déconcentration totale des
crédits d'aide à l'emploi.
Lors de son audition par la commission des Lois, M. Emile Zuccarelli, ministre
de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la
décentralisation a estimé que si le bilan complet de cette mesure
n'était pas encore disponible, elle semblait néanmoins avoir
donné des résultats satisfaisants.
Par ailleurs, la déconcentration de la
gestion des corps
a
été engagée par plusieurs décrets en date du
31 mai 1997. Enfin, une expérimentation en vue de la
réorganisation des services déconcentrés
a
été mise en place en 1997. Devant votre commission, M. Emile
Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et
de la décentralisation a néanmoins estimé que cette mesure
encore en projet avait été mal accueillie dans les services en
raison d'un manque de concertation. Il a indiqué que le Gouvernement
avait décidé de la suspendre mais que la réflexion serait
poursuivie, les préfets étant invités à choisir
l'organisation des services qui leur paraîtrait la mieux adaptée.
Mais ce mouvement de déconcentration doit aussi s'accompagner d'une
adaptation de
l'organisation des administrations centrales
, pour
lesquelles un objectif de réduction de 10 % en trois ans des
effectifs au profit des services déconcentrés avait
été fixé.
On relèvera que cette adaptation des services de l'Etat est bien une
compétence du pouvoir exécutif lui-même, comme le
Sénat l'avait affirmé et comme le Conseil constitutionnel l'a
confirmé dans une décision récente. Dans sa
décision n° 97-180L du 21 janvier 1997
, le Conseil
constitutionnel a déclaré réglementaires les dispositions
de
l'article 2
de la loi d'orientation n° 92-125 du 6
février 1992 relative à l'administration territoriale de la
République. Il a en effet estimé que ces dispositions qui
établissent la distinction entre administrations centrales et services
déconcentrés ont trait à la composition et à la
répartition des attributions des administrations civiles de l'Etat
lesquelles relèvent de la
compétence du pouvoir
exécutif
en vertu de l'article 20 de la Constitution; que même
si elles font référence à d'autres dispositions de forme
législative, elles n'en modifient ni le contenu ni la portée;
qu'elles ne mettent en cause aucun des principes fondamentaux ni aucune des
règles que l'article 34 de la Constitution a placés dans le
domaine de la loi.
A la suite de cette décision, le
décret n° 97-463 du 9
mai 1997
a modifié la loi d'orientation ainsi que le décret
n° 92-604 du 1er juillet 1992 pris pour son application. Reprenant les
dispositions de l'article 2 de la loi d'orientation du 6 février 1992,
il a en outre prévu, dans l'organisation des administrations civiles de
l'Etat, l'existence de services à compétence nationale qui
assument des missions qui ne correspondent pas à la définition
des tâches de l'administration centrale mais qui, par leur
caractère national, ne peuvent être déconcentrées
(fonctions de gestion, d'études techniques ou de formation;
activités de production de biens ou de prestation de services ainsi que
toute autre mission à caractère opérationnel
présentant un caractère national).
Lors de l'examen de la loi d'orientation du 6 février 1992, le
Sénat -souscrivant aux analyses de sa commission des Lois- avait
lui-même considéré que les dispositions en cause
ne
justifiaient pas une intervention du législateur
et en avait donc
proposé la
suppression
sans être suivi par
l'Assemblée nationale, laquelle adopta ce texte en lecture
définitive. la décision du Conseil constitutionnel confirme donc
a posteriori le bien fondé de la position du Sénat sur la
délimitation
des domaines respectifs de la loi et du
règlement.
Dans une communication présentée devant le conseil des ministres
du 5 novembre dernier, M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction
publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation, a
présenté une communication sur la politique du Gouvernement en
matière de réforme de l'Etat. Le Gouvernement devrait adopter
prochainement les décrets qui complètent et achèvent la
mise en oeuvre de la déconcentration des décisions
administratives individuelles. Au début 1998, il arrêtera des
mesures destinées à améliorer l'organisation des services
déconcentrés, en tenant compte des travaux réalisés
depuis 1990. Une consultation des partenaires locaux sera organisée
à l'initiative des préfets. A cette occasion, les préfets
devront formuler des propositions afin de préciser comment l'Etat met au
service des collectivités locales sa capacité d'expertise et de
conseil.
A l'issue de cette concertation, les préfets, en liaison avec les
départements ministériels intéressés,
arrêteront les modalités à mettre en oeuvre dans les
départements ou les régions. Chaque département
ministériel devra parallèlement indiquer les mesures qu'il compte
prendre pour adapter l'organisation de son administration centrale à la
déconcentration.
II. LES FINANCES LOCALES : L'APPLICATION POUR LA TROISIÈME ANNÉE CONSÉCUTIVE DU PACTE DE STABILITÉ PRÉVU PAR LA LOI DE FINANCES POUR 1996 DANS UN CONTEXTE D'ÉVOLUTION DES BUDGETS LOCAUX ENCORE MARQUÉ PAR DE FORTES INCERTITUDES
A. 1998 : LA TROISIÈME ANNÉE D'APPLICATION DU PACTE DE STABILITÉ
La méthode mise en oeuvre à travers ce
" pacte triennal de stabilité " a cherché à
concilier l'objectif de maîtrise des dépenses publiques avec la
nécessaire stabilité des règles du jeu à laquelle
les collectivités locales peuvent légitimement prétendre
pour l'évolution d'une partie significative de leurs recettes.
En pratique, le pacte de stabilité a pour effet d'identifier des
dotations dites " actives " au sein d'une enveloppe globale
pour
laquelle est garantie -pendant toute la durée d'application du pacte,
soit une période de trois ans- une progression égale à
l'évolution de l'indice des prix hors tabac (soit 1,3 % en 1997).
Cette " enveloppe " est constituée de la dotation globale de
fonctionnement (DGF), de la dotation spéciale instituteurs (DSI), des
dotations de l'Etat au Fonds national de péréquation de la taxe
professionnelle (FNPTP) et au Fonds national de péréquation
(FNP), de la dotation élu local, de la dotation globale
d'équipement (DGE) et, enfin, de la dotation de compensation de la taxe
professionnelle (DCTP) hors sa fraction " réduction pour embauche
et investissement " (REI).
Il n'est pas indifférent de relever qu'au sein de cette enveloppe,
l'indexation de la DGF sur une partie de la croissance économique a
été maintenue en 1996 comme en 1997, conformément
d'ailleurs aux dispositions de
l'article L. 1613-1
du code
général des collectivités territoriales.
Les règles d'indexation des autres dotations incluses dans le pacte de
stabilité ont également été maintenues. Il s'agit
de la formation brute de capital fixe (FBCF) des administrations publiques pour
la DGE, la dotation régionale d'équipement scolaire (DRES) et la
dotation départementale d'équipement des collèges (DDEC),
soit 2,3 % en 1997. Quant au FNPTP, il est indexé sur les recettes
fiscales nettes de l'Etat, soit une baisse de 0,16 % en 1997. Mais ce fonds a
bénéficié en 1997 de deux mesures sur lesquelles votre
rapporteur pour avis reviendra qui lui ont, en définitive, assuré
une progression de 25,54 % par rapport à 1996.
Cependant, le maintien de ces règles d'indexation a eu pour contrepartie
la suppression pure et simple de la première part de la DGE communale
ainsi que l'utilisation de la DCTP comme variable dite
d' " ajustement ". Cette dernière a ainsi connu en 1996
et en 1997 une évolution déterminée par celle des autres
dotations incluses dans l'enveloppe globale du pacte de stabilité.
Ainsi, en 1996 -en dépit d'un abondement de 300 millions de francs
décidé sur l'initiative du Sénat- la DCTP a diminué
de 924 millions de francs. En 1997, en revanche, elle a progressé de
1,92 %.
L'article 32 de la loi de finances pour 1996 a par ailleurs défini un
second périmètre de dotations " hors enveloppe " qui
continuent à évoluer selon leur logique propre. Il recouvre le
fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA), le
produit des amendes de police, les compensations d'exonérations et de
dégrèvements fiscaux ainsi que les subventions spécifiques
des différents ministères.
1. L'évolution des dotations incluses dans l' " enveloppe " du pacte de stabilité
Comme le prévoit l'article 32 de la loi de finances
pour 1996, l'enveloppe des dotations incluses dans le pacte de stabilité
évoluera en 1998, comme l'indice prévisionnel des prix à
la consommation (hors tabac). La base de référence est
constituée des montants inscrits en loi de finances initiale pour 1997.
La DGF, en revanche, suit une règle spécifique puisque sa base
est " recalée " afin de tenir compte des derniers indices
connus d'évolution des prix et du produit intérieur brut.
Les règles d'indexation des différents concours inclus dans
l'enveloppe seront respectées, à l'exception de celles
régissant la DCTP. Celle-ci, en effet, variable d'ajustement, doit
évoluer d'un montant positif ou négatif permettant -compte tenu
du montant total des autres dotations à structure constante- de
respecter la norme d'évolution, c'est-à-dire l'évolution
prévisionnelle des prix à la consommation hors tabac.
Calculée dans ces conditions, l'enveloppe des dotations incluses dans le
pacte de stabilité devrait en principe progresser de
1,36 %
en
1998.
a) La dotation globale de fonctionnement (DGF)
La DGF s'élève à
106,333 milliards de
francs
en 1998, soit une progression de 1,38 % par rapport au montant
révisé de 1997 (104,574 milliards de francs).
Comme le prévoit
l'article L. 1613-1
du code
général des collectivités territoriales -qui a
codifié les dispositions de l'article 52 de la loi de finances pour
1994- la DGF progresse chaque année d'un indice égal à la
somme du taux prévisionnel d'évolution de la moyenne annuelle des
prix de la consommation des ménages (hors tabac) de l'année de
versement et de la moitié du taux d'évolution du produit
intérieur brut en volume de l'année en cours.
Pour 1998, le taux prévisionnel d'évolution des prix (hors tabac)
s'établit à
+ 1,3 %
. Le taux d'évolution du produit
intérieur brut en volume de l'année 1997 s'élevant
à
2,2 %
, la fraction prise en compte dans le calcul de la DGF
(soit la moitié) atteint
+ 1,1 %
. Dans ces conditions, l'indice
d'évolution de la DGF pour 1998 est de
+ 2,4 %.
Mais la DGF pour 1998 est calculée sur la base du montant
révisé
de la DGF de 1997, afin de tenir compte des
derniers indices connus.
Or, ceux-ci sont moins élevés que les hypothèses retenues
dans le projet de loi de finances pour 1997 : + 1,1 % pour l'indice
prévisionnel des prix de la consommation hors tabac (contre + 1,3 %
retenu dans la loi de finances initiale pour 1997) ; + 1,2 % pour le taux
d'évolution du produit intérieur brut en volume au titre de 1996
(contre 1,3 % envisagé initialement). Au total, l'indice de progression
de la DGF pour 1997 s'établit à + 1,7 % contre + 1,95 %
prévu dans la loi de finances initiale.
Le montant révisé de la DGF pour 1997 s'élève ainsi
à 104,574 milliards de francs contre 104,882 milliards de francs
inscrits en loi de finances initiale (soit une différence de 308
millions de francs).
Compte tenu de ce " recalage " à la baisse du montant de la
DGF de référence la DGF pour 1998 doit s'établir à
107,084 milliards de francs
soit
+ 2,01 %
par rapport au
montant inscrit en loi de finances initiale pour 1997.
Comme en 1997, ce " recalage " à la baisse de la DGF de
référence a pour conséquence que l'ensemble des dotations
incluses dans le pacte de stabilité connaîtront une progression (+
1,17 %) inférieure à celle des prix (1,36 %).
En outre, la DGF doit subir cette année les effets de la
régularisation négative
de la DGF pour 1996.
En effet,
l'article L. 1613-2
du code général des
collectivités territoriales prévoit, qu'à compter de 1996,
il est procédé à la régularisation du montant de la
DGF de l'exercice précédent lorsque l'application de l'indice de
progression définitif au montant de la dernière dotation
définitive fait ressortir un produit différent du montant
prévisionnel de la dotation inscrite en loi de finances. Constaté
au plus tard le 31 juillet de l'exercice qui suit, le montant de cette
régularisation doit soit être réparti entre les
bénéficiaires de la DGF, si le produit est supérieur, soit
être imputé sur la DGF du plus prochain exercice, si -comme c'est
le cas pour la DGF de 1996- le produit est inférieur.
Or, les indices retenus ayant été surévalués
(+ 2,1 % contre 1,9 % effectivement constatés pour
l'évolution des prix ; + 2,9 % contre 2 %
effectivement constatés pour la croissance du PIB en volume), le
comité des finances locales a dû constater, dans sa séance
du 10 juillet dernier, qu'il y avait lieu à régularisation
négative de la DGF pour 1996 à hauteur de
750,405 millions de francs
.
Dans ces conditions, déduction faite de cette régularisation
négative, le montant de la DGF pour 1998 s'établit à
106,333 milliards de francs
, soit une hausse de + 1,38 %
par rapport au montant inscrit en loi de finances initiale pour 1997.
En outre, la surestimation de la DGF de 1996 de 750,4 millions de francs a
eu pour conséquence -compte tenu des règles du pacte de
stabilité- une
sous évaluation
de la DCTP pour le
même montant.
Le Gouvernement -prenant en compte cette conséquence de la
surévaluation de la DGF sur le montant de la DCTP- a admis d'en
neutraliser les effets en régularisant positivement en 1998 la DCTP.
Cependant, il ne propose pas d'établir cette régularisation au
montant de 750,4 millions de francs. Constatant, en effet, que l'ensemble
des dotations incluses dans le périmètre du pacte de
stabilité en 1996 ont été surévaluées en
raison de la prise en compte d'un taux prévisionnel d'évolution
des prix (2,1 %) supérieur au taux constaté
(+ 1,9 %), le Gouvernement estime que l'enveloppe du pacte a
été surestimée de 300 millions de francs.
Dans ces conditions, il propose de n'abonder la DCTP pour 1998, qu'à
hauteur de 450 millions de francs (soit 750,4 - 300 millions de
francs).
Le
bilan de la répartition de la DGF
de 1997 fait ressortir que
la DGF des communes et de leurs groupements a progressé de 1,29 %
pour atteindre 87,135 milliards de francs.
Conformément à la faculté que lui a ouvert la loi du
26 mars 1996, le comité des finances locales a décidé
de porter le taux de croissance de la dotation forfaitaire à 52 %
du taux de progression des ressources affectées à la DGF
(après 55 % en 1996).
Dans ces conditions, la
dotation forfaitaire
s'est élevée
à
78,638 milliards de francs
, soit une progression de
0,6555 %. On notera que ce taux de progression est appliqué
à la dotation forfaitaire de 1996, laquelle a inclus le montant des deux
compensations pour suppression de la franchise postale allouées en 1996
à hauteur de 119,5 millions de francs dont 22 millions de
francs pour la franchise postale des écoles. Les deux compensations sont
donc désormais intégrées à la dotation forfaitaire
et évoluent comme cette dernière.
La
dotation d'aménagement
s'est, pour sa part,
élevée à
8,823 milliards de francs
,
répartis entre la DGF des groupements, la dotation de solidarité
urbaine (DSU) et la dotation de solidarité rurale (DSR).
La DGF des groupements a représenté
5,018 milliards de
francs
, dont 183 millions de francs affectés à la
garantie. La progression de la DGF par habitant hors garantie de chacune des
catégories a été fixée à 0,63 % par le
comité des finances locales. La forte augmentation de la population
regroupée due à la création de nouveaux
établissements publics (+ 17 % ;
217 établissements créés en 1996 perçoivent
pour la première fois en 1997 une attribution de la DGF) mais aussi
à l'adhésion de 246 communes aux groupements existants a
ainsi entraîné une croissance de l'enveloppe des
établissements publics de coopération intercommunale de
357 millions de francs (après 492 millions de francs
supplémentaires en 1996). Cette augmentation de la masse des
crédits de 7,67 % par rapport à 1996 représente
près de 82 % de la croissance de la dotation d'aménagement.
Au 1er janvier 1997
, on dénombrait
1.446
structures à fiscalité propre -qui
représentaient une population de
31,1 millions
d'habitants
et
16.200
communes- dont
1.361
communautés de
communes et districts à fiscalité propre,
65
communautés de communes ou groupements assimilés,
11
communautés urbaines et
9
syndicats
d'agglomération nouvelle.
En raison de l'augmentation rapide du nombre de communautés de communes
et de districts à fiscalité additionnelle, les crédits
réservés à cette catégorie ont fortement
progressé en 1997 pour atteindre 2,215 milliards de francs. Ils
dépassent ainsi pour la première fois la somme des crédits
réservés aux communautés urbaines. L'attribution moyenne
par habitant s'établit à un peu plus de
102 francs
mais avec des amplitudes très fortes d'un groupement à l'autre.
En outre, de nombreuses variations des attributions individuelles ont pu
être constatées en 1997 : sur
1.158
communautés de communes ou districts existants en
1996, 581 groupements voient leur dotation augmenter en 1997 et
577
subissent une diminution de celle-ci.
Les communautés urbaines -qui sont désormais onze à la
suite de la transformation du district d'Alençon- se sont
partagées 2,095 milliards de francs (hors garantie qui atteint
108 millions de francs). Leur coefficient d'intégration fiscale
moyen s'élève à 43,9673 %, ce qui traduit la forte
intégration de ces groupements. L'attribution moyenne par habitant est
la plus élevée de tous les groupements.
S'agissant des communautés de villes et groupements assimilés, on
constate une croissance importante du nombre de groupements ayant opté
pour le régime de la taxe professionnelle d'agglomération
(
65
établissements de ce type sont recensés en 1997
contre
46
en 1996). Cette catégorie se partage
333,8 millions de francs.
Enfin, 191 millions de francs ont été réservés
aux syndicats d'agglomérations nouvelles.
Les crédits alloués à la dotation de solidarité
urbaine (DSU) en 1997 ont atteint
2,165 milliards de francs
, y
compris 40 millions de francs prélevés sur la DGF des
départements au titre de l'ancienne dotation particulière de
solidarité urbaine et 140 millions de francs issus de la DGF de la
région d' Ile-de-France.
Après prélèvement de la quote-part réservée
aux communes des départements d'outre-mer, la somme effectivement mise
en répartition entre les communes de métropole s'est
élevée à 2,084 milliards de francs, soit une hausse
de 2,19 % par rapport à 1996.
La répartition de la DSU en 1997 a tenu compte pour la deuxième
année consécutive des modifications résultant de la loi du
26 mars 1996.
S'agissant des communes
de 10.000 habitants et plus
,
675 communes de métropole (contre 673 en 1996) représentant
21,8 millions d'habitants se sont partagées les crédits mis
en répartition, soit 2,014 milliards de francs. La dotation par
habitant s'est élevée à 92,53 francs (contre
90,75 francs en 1996 et 61,01 francs en 1995).
Parmi ces communes,
11
sont éligibles pour la première
fois. En revanche,
8
communes ont perdu le bénéfice de la
DSU mais peuvent prétendre pour 1997 à la garantie d'attribution
qui représente 50 % de leur dotation 1996.
Il semble bien qu'en 1997 comme en 1996, l'indice synthétique de
ressources et de charge a pleinement joué son rôle discriminant.
Ainsi, pour une dotation moyenne par habitant qui s'élève
à 92,53 francs, la dotation la plus élevée atteint
370,87 francs et la dotation la plus faible représente
12,86 francs.
On note par ailleurs, dans certains cas, de fortes variations -à la
hausse comme à la baisse- des attributions de plusieurs communes. Les
variations semblent devoir s'expliquer par les changements intervenus dans la
situation propre de ces communes entre 1996 et 1997, changements qui ont pu
modifier la valeur de base de l'indice synthétique de ressources et de
charges utilisé pour la répartition.
Enfin, l'attribution d'un coefficient individuel de variation -que la
réforme de 1996 a substitué au coefficient commun à toutes
les collectivités appartenant au même quartile- a permis de
supprimer les effets de seuil brutaux qui caractérisaient le
régime antérieur.
Pour ce qui est des communes
de 5.000 à 9.999 habitants
,
101
communes (contre
99
en 1996) représentant au
total 715.778 habitants ont reçu des crédits au titre de la
DSU.
6
communes ont bénéficié de la DSU pour
la première fois et
5
communes devenues inéligibles
bénéficient d'une garantie d'attribution correspondant à
50 %
de la dotation 1996. Conformément à la loi,
l'attribution moyenne par habitant est égale à celle
constatée par les communes de 10.000 habitants et plus.
S'agissant de la
dotation de solidarité rurale
(DSR), son montant
a atteint
1,640 milliard de francs
dont 1,579 milliard de
francs répartis en métropole.
Le comité des finances locales a décidé -comme en 1996- de
faire évoluer la fraction bourgs-centres de
20 %
(maximum
autorisé par la loi) de la croissance de la DSR par rapport à
1996.
Au total, 484,645 millions de francs, y compris la garantie, ont
été mis en répartition en 1997 au titre de la fraction
bourgs-centres, soit une hausse de
3,23 %
par rapport à 1996.
4.060
communes ont été éligibles à
cette première fraction (contre 4.065 en 1996) soit une population de
10,389 millions d'habitants. La répartition apparaît ainsi
très stable d'une année sur l'autre.
11
communes ont bénéficié pour la
première fois en 1997 de la fraction bourgs-centres tandis que
6 communes qui ne sont plus éligibles ont reçu une
attribution au titre de la garantie (soit la moitié de la dotation 1996).
72 %
des communes éligibles à la fraction
bourgs-centres se situent dans des strates de population comprises entre 500 et
3.500 habitants. L'attribution moyenne par habitant s'est
élevée à
46,61 francs
soit une hausse de
3,62 %,
laquelle est supérieure à la progression
globale de la fraction bourgs-centres (hors garantie) en raison d'une
diminution de 19.307 habitants de la population des communes
éligibles à cette fraction.
S'agissant de la
fraction péréquation
de la DSR, le
montant des crédits mis en répartition a atteint, en 1997,
7,094 milliard de francs contre 1,034 milliard de francs en 1996,
après prélèvement de 42,636 millions de francs pour
les communes d'outre-mer.
33.627
communes ont bénéficié en 1997 d'une
attribution au titre de cette fraction (contre 33.636 en 1996), soit une
population de 29,135 millions d'habitants.
La dotation moyenne par habitant s'est élevée à
37,55 francs
(contre 33,43 francs en 1996) soit une
progression de
12,32 %,
la population des communes éligibles
diminuant de 1,820 millions d'habitants par rapport à 1996.
On relèvera que
3.969
communes sont en 1997 éligibles
au titre des deux fractions de la DSR contre 4.014 en 1996.
La
DGF des départements
s'est établie à
17,710 milliards de francs
en 1997, soit une hausse de 1,296 %.
Le comité des finances locales avait fixé le montant de la
dotation de garantie minimale à 190 millions de francs en 1996. En
définitive, le montant nécessaire à la garantie s'est
établi à 42 millions de francs,
10
départements en bénéficiant. La
différence, à savoir 148 millions de francs, a
été réintégrée dans la DGF pour être
répartie entre les départements. En conséquence, les
dotations versées aux départements de métropole a
progressé de
1,12 %
par rapport à 1996.
Le nombre et la liste des départements bénéficiaires
(
23
départements) de la dotation de fonctionnement minimale
(DFM) et des départements contributeurs
(
12
départements) n'ont par ailleurs pas changé par
rapport à 1996.
Les départements contributeurs au mécanisme de solidarité
financière ont apporté 439,946 millions de francs en 1996.
Sur cette somme, 160 millions de francs ont été
prélevés en faveur de la DFM (120 millions de francs) et de
la dotation de solidarité urbaine (40 millions de francs).
Au total, les montants mis en répartition au titre de la DFM et de sa
majoration se sont élevés à 704,916 millions de
francs, soit une croissance de 7,6 %.
b) La dotation spéciale instituteurs (DSI)
La DSI -qui est destinée à compenser les charges
supportées par les communes dans le cadre du droit au logement des
instituteurs ou de l'indemnité en tenant lieu- doit évoluer comme
la DGF. Elle est néanmoins diminuée chaque année dans la
loi de finances du montant de la dotation versée au titre du logement
des instituteurs dont les emplois sont transformés en emplois de
professeurs des écoles. Elle s'élèvera ainsi à
2,723 milliards de francs
en 1998.
On rappellera qu'en 1996, 2,947 milliards avaient été
inscrits en loi de finances, montant auquel s'est ajouté
34,618 millions de francs inscrits en loi de finances rectificative. Cette
inscription de crédits supplémentaires a tenu compte des
conclusions du groupe de travail du comité des finances locales,
chargé d'améliorer les conditions de recensement des instituteurs.
La loi de finances rectificative pour 1996 -outre l'ouverture de crédits
supplémentaires- a également régularisé le mode de
calcul du montant initial de la DSI de 1993 à 1995 en tenant compte de
la création de droits nouveaux au logement lorsque le conjoint d'un
instituteur intégré retrouve son droit au logement.
Pour 1997, un montant de 2,862 milliards de francs a été
ouvert en loi de finances initiale. Le rattrapage des écarts
constatés de 1993 à 1995 ayant été effectué
en 1996, il n'est pas prévu en 1997 de rééquilibrage en
loi de finances rectificative.
Pour 1998, le montant inscrit en loi de finances initiale pourra, le cas
échéant, être rectifié en loi de finances
rectificative pour tenir compte des écarts éventuels entre le
nombre d'intégrations prévisionnelles et le nombre
d'intégrations effectives.
c) Le fonds national de péréquation de la taxe professionnelle (FNPTP) et le Fonds national de péréquation (FNP)
Le FNPTP devrait être alimenté, en 1998, par
quatre ressources : les deux dotations de l'Etat qui évoluent
chaque année comme les recettes fiscales nettes de celui-ci (soit
+ 4,35 % en 1998) ; le produit de la cotisation nationale de
péréquation de la taxe professionnelle ; les
excédents de fiscalité locale de la Poste et de France Telecom
(en application de l'article 21 de la loi du 2 juillet 1990).
Au total, les montants inscrits en loi de finances au profit du FNPTP
s'élèvent à
2,891 milliards de francs
dont
1,555 milliard de francs au titre des dotations de l'Etat et
1,336 milliard de francs au titre de l'abondement constitué par la
fiscalité locale acquittée par la Poste et France Telecom.
Comme en 1997, les exonérations de taxe professionnelle des entreprises
implantées au 1er janvier 1998 dans les zones franches urbaines
prévues par la loi du 14 novembre 1996 relative à la mise en
oeuvre du pacte de relance pour la ville, seront compensées par un
préciput sur le FNPTP.
Néanmoins, sur l'initiative du Sénat, la contribution du FNPTP
à cette compensation a été limitée par la loi
à la croissance annuelle du produit de fiscalité de la Poste et
de France Telecom. En 1997, cette contribution s'est ainsi élevée
à 468 millions de francs. En 1998, elle devait atteindre
570 millions de francs, la différence entre le coût des
exonérations et cette contribution devant être prise en charge par
l'Etat.
Le bilan de la répartition du FNPTP pour 1997 s'est établi comme
suit.
Première fraction du FNPTP, la
dotation de développement
rural
s'est élevée à 656,3 millions de francs,
soit un montant identique à celui de 1996.
Conformément aux dispositions de l'
article 1648 B
du
code général des impôts,
75 %
des
crédits ont été répartis entre les groupements
éligibles et
25 %
entre les communes. En l'absence de
groupement éligible dans un département, l'ensemble des
crédits délégués au représentant de l'Etat
est versé aux communes.
Depuis 1992, le nombre de groupements éligibles à la DDR a
fortement augmenté, principalement en raison de la progression
importante du nombre de communautés de communes.
Les
1.253
établissements publics de coopération
intercommunale éligibles regroupent
13.835
communes et une
population (selon les critères propres à la DGF) de
11,8
millions d'habitants. Cependant, on constate une forte
dispersion de ces groupements sur le territoire :
20 départements comptent plus de 20 groupements
éligibles, 42 d'entre eux en ont moins de 10.
31.539
communes ont, par ailleurs, été éligibles
à la DDR en 1997. Une grande disparité dans la répartition
des communes éligibles peut être observée :
4 départements comptent moins de 100 communes
éligibles ; 17 départements en comptent plus de 500.
S'agissant de la
seconde fraction du FNPTP
, sa première part -qui
est destinée à compenser les pertes de bases de taxe
professionnelle et qui ne peut excéder
25 %
des ressources
de la seconde fraction- a atteint 785,05 millions de francs en 1997.
4.038
collectivités ont enregistré une perte de
produit de taxe professionnelle, entre 1996 et 1997, pour un montant de
352,2 millions de francs compensés à 80 %
(281,7 millions de francs).
Enfin, la dernière part, dite "
part
résiduelle
" -qui est attribuée aux communes connaissant
des difficultés financières et dont le montant ne peut
excéder
5 %
des ressources de la seconde fraction- a
été fixée par le comité des finances locales
à 3 millions de francs.
Quant au
Fonds national de péréquation
(FNP), sa
première part -alimentée par le solde de la seconde fraction du
FNPTP et destinée à assurer une péréquation de la
richesse fiscale entre collectivités locales en fonction de leur
potentiel fiscal et de leur effort fiscal- s'est élevée à
2,335 milliards de francs.
17.801
communes ont reçu une attribution contre 17.809 en
1996.
La seconde part dite "
majoration
" est attribuée aux
communes de
moins de 200.000 habitants
éligibles à la
première part dont le potentiel fiscal par habitant, calculé
à partir de la seule taxe professionnelle, est inférieur de
20 % au potentiel fiscal par habitant des communes de même groupe
démographique. Elle est financée par une dotation de l'Etat -qui
est la seule à apparaître dans le tableau retraçant
l'effort financier de l'Etat en faveur des collectivité locales- et qui
s'élève à
638 millions de francs
.
En 1997,
15.421
communes ont été éligibles
à cette majoration contre 15.528 en 1996.
On notera, enfin, que
15.306
communes ont été, en
1997, éligibles aux deux parts du FNP, soit une dotation moyenne de
près de
110 francs
par habitant.
d) La dotation élu local
La dotation élu local s'élève à
266 millions de francs
en 1998, soit une progression de 1,38 %.
Rappelons qu'elle est destinée à aider les petites communes
rurales à faire face aux charges résultant de l'application des
dispositions de la loi n° 92-108 du 3 février 1992
relative aux conditions d'exercice des mandats locaux, désormais
codifiées dans le code général des collectivités
territoriales.
e) Les dotations de compensations financières des transferts de compétence
La
dotation générale de
décentralisation
(DGD), inscrite au chapitre 41-56 du
ministère de l'intérieur, assure la couverture des charges
résultant des compétences transférées qui ne sont
pas compensées par de la fiscalité transférée. Elle
évolue en principe comme la DGF, soit + 1,38 % en 1998. Compte
tenu de divers ajustements, elle progressera en réalité de
1,55 % pour atteindre
14,593 milliards de francs
.
La DGD
spécifique à la collectivité territoriale de
Corse
atteindra
1,303 milliard de francs
(+ 1,38 %).
La DGD
formation professionnelle
représentera
5,088 milliards de francs
(+ 1,38 %).
La
dotation régionale d'équipement scolaire
(DRES) et la
dotation départementale et d'équipement des
collèges
(DREC) doivent évoluer en fonction du taux
prévisionnel d'évolution de la formation brute du capital fixe
(FBCF) des administrations publiques, soit + 2,5 % en 1998. Elles
atteindront ainsi respectivement
3,310 milliards de francs
pour la
DRES et
1,637 milliard de francs
pour la DDEC.
f) La dotation globale d'équipement (DGE)
La
DGE des communes
a été
profondément réformée par la
loi de finances pour
1996
et par la
loi n° 96-241 du 26 mars 1996
. Sont
désormais éligibles à cette dotation : toutes les communes
de
2 000 habitants au plus
(
7 500
dans les DOM)
; les communes
de 2 001 à 20 000 habitants
(
7 501
à 35 000
dans les DOM) dont le potentiel fiscal par habitant
est inférieur à 1,3 fois le potentiel fiscal moyen par
habitant des communes de métropole
de 2 001 à 20 000
habitants
; les groupements de communes
de 20 000 habitants
au
plus (
35 000
dans les DOM). Les crédits correspondants
constituent une part unique, répartie par les préfets sous forme
de subvention par opération, régime semblable à celui de
l'ancienne deuxième part.
Si l'on examine le bilan des crédits distribués au titre de
l'ancienne deuxième part sur les trois derniers exercices connus, on
relève qu'ils se sont élevés, hors quote-part pour les
territoires d'outre-mer et la collectivité territoriale de Mayotte,
à 1,349 milliard de francs en 1994, 1,402 milliard de francs en 1995 et
à 2,163 milliards de francs en 1996.
En 1994, sur 24 462 opérations présentées,
17 667 ont été subventionnées, représentant un
montant d'investissement de 4,836 milliards de francs et un taux moyen de
subvention de 29,04 %.
En 1995, sur 23 579 opérations présentées, 18 234 ont
été subventionnées, représentant un montant
d'investissement de 4,839 milliards de francs et un taux moyen de subvention de
29,74 %.
En 1996, sur 37 179 opérations présentées, 27 193 ont
été subventionnées, représentant un montant
d'investissement de 7,712 milliards de francs et un taux moyen de subvention de
28,77 %.
En 1998, le montant de la DGE des communes -qui est indexée sur la FBCF
des administrations publiques (+ 2,5 %)- atteindra
2,464 milliards de
francs
.
La
DGE des départements
-également indexée sur la
FBCF des administrations publiques- s'élèvera à
2,641
milliards de francs
.
g) La dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP)
Comme en 1996 et 1997, la DCTP -hors sa fraction
" réduction pour embauche et investissement (REI) "-
constitue
en 1998 la
variable d'ajustement
du pacte de stabilité. En
conséquence, la DCTP (hors REI) s'établirait à
13,996
milliards de francs,
soit une diminution
significative de 4,85 %.
Contrairement à l'an passé, l'application des règles du
" pacte de stabilité " fait subir une régression
importante à la DCTP, alors que celle-ci normalement indexée sur
les recettes fiscales nettes de l'Etat aurait dû progresser de 4,35 %.
Comme votre rapporteur pour avis l'a déjà indiqué, afin de
neutraliser l'incidence de la régularisation négative de la DGF
pour 1996, la DCTP serait abondée d'un montant de 450 millions de
francs qui couvre en partie le coût de la surévaluation de la DGF
de 1996 (450 sur 750 millions de francs). En outre, la DCTP
bénéficierait comme en 1996 et 1997 d'un abondement de
300 millions de francs -obtenu à la demande du Sénat- en sus
de la mise en oeuvre normale des règles du pacte.
2. L'évolution des dotations exclues du pacte de stabilité
Conformément aux règles définies par la loi de finances pour 1996 ( article 32 ), ces dotations évoluent de manière autonome. Elles représentent un montant global de 92,703 milliards de francs (- 1,6 % par rapport à 1996).
a) Le fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA)
Le FCTVA s'élèverait à
20,7 milliards de francs
en 1998, soit une progression de
2,07 % par rapport à 1997.
Le montant inscrit en loi de finances ne constitue cependant qu'une simple
prévision, le montant effectivement versé sur l'exercice aux
collectivités locales pouvant être différent. Le FCTVA est
en effet un prélèvement sur recettes versé automatiquement
aux collectivités éligibles sur présentation de
pièces justificatives.
Sur l'initiative du Sénat, l'article 33 de la loi de finances pour
1997 a permis aux groupements de communes compétents de
bénéficier d'attributions du FCTVA aux lieu et place des communes
propriétaires pour les dépenses d'investissement
réalisées en matière de voirie.
L'Assemblée nationale -sur la proposition de sa commission des Finances-
a adopté un amendement qui suggère de généraliser
la disposition votée à l'initiative du Sénat. Les
établissements publics de coopération intercommunale pourrait
ainsi bénéficier, en lieu et place des communes
propriétaires, d'attributions du FCTVA au titre des dépenses
d'investissement exposées dans l'exercice de leurs compétences.
b) Le prélèvement au titre des amendes de police relatives à la circulation routière
Le produit des amendes de police devrait atteindre 1,950 milliard de francs en 1998, soit une progression de 5,41 % par rapport à 1997.
c) La compensation d'exonérations et de divers dégrèvements législatifs
-
La réduction pour embauche et investissement
(REI) de la DCTP s'établirait à
3,350 milliards de
francs
, soit une hausse de 7,89 % par rapport à 1997.
- La
contrepartie de l'exonération de la taxe foncière sur les
propriétés bâties et non bâties
s'élèverait à
475 millions de francs
, soit une
diminution de 25,78 %.
- Les
compensation d'exonérations relatives à la
fiscalité locale
représenteraient un montant de
11,9 milliards de francs
, soit une baisse de 19,1 %, qui
s'explique, en grande partie, par la diminution pour 1998 de la charge
liée à la compensation de la réduction de 35 % des
droits de mutation à titre onéreux applicable aux acquisitions
d'immeubles affectés à l'habitation. Cet abattement n'ayant pas
été reconduit en 1997, le dispositif a expiré au
31 décembre 1996.
- La compensation de
divers dégrèvements législatifs
atteindrait
43,6 milliards de francs
soit une hausse de
2,24 % par rapport à 1996.
*
* *
Il convient de donner acte au Gouvernement de sa
volonté de ne pas remettre en cause les engagements pris par l'Etat
à l'égard des collectivités locales pour une
période de trois ans.
En outre, comme en 1997, aucune augmentation du taux de la cotisation employeur
à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités
locales (CNRACL) n'est prévue pour 1998.
Il n'en reste pas moins que cette troisième année d'application
du " pacte de stabilité " conduit votre commission des Lois
à formuler deux séries d'observations qui concernent, d'une part,
les règles du pacte et, d'autre part, les conclusions que le
Gouvernement tire de cette " stabilité " des règles du
jeu pour 1998.
S'agissant, en premier lieu, des
règles du pacte de
stabilité
, votre commission des Lois doit tout d'abord confirmer
trois observations qu'elle avait présentées au cours des
exercices précédents.
D'une part, l'utilisation de la DCTP comme variable d'ajustement conduit,
après le " sursis " de 1997, à faire subir une baisse
significative à une dotation qui, avant 1997, a déjà
été lourdement ponctionnée.
D'autre part, comme l'a parfaitement souligné le rapport de
M. Daniel Hoeffel au nom du groupe de travail sur la
décentralisation présidé par M. Jean-Paul Delevoye,
le champ d'application du pacte de stabilité devrait également
concerner les
charges
des collectivités locales,
préoccupation d'autant plus forte dans un contexte de contraction des
ressources locales.
Enfin, l'indexation de l'enveloppe du pacte de stabilité sur la seule
évolution des prix (hors tabac) ne tient, à l'évidence,
pas compte du rôle économique des collectivités qui
réalisent les trois quarts de l'investissement public. Ainsi, le
bénéfice pour la DGF de la moitié de la croissance du PIB
a un effet direct sur le montant de la DCTP, variable d'ajustement permettant
de limiter l'évolution globale de l'enveloppe au niveau de l'inflation.
Votre commission des Lois relève également l'impact du recalage
à la baisse de la DGF de 1997 qui induit, comme l'an passé, une
progression de l'enveloppe du pacte de stabilité inférieure
à celle des prix
(+ 1,17 %
contre + 1,3 %)
dans la loi de finances initiale.
S'agissant, en second lieu, des
conclusions
que le Gouvernement tire du
maintien des règles du pacte de stabilité en 1998, votre
commission des Lois ne peut qu'émettre les plus fortes réserves.
Devant le comité des finances locales, M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat au budget, après avoir souligné le souci
du Gouvernement de ne pas faire supporter d'efforts supplémentaires aux
collectivités locales en 1998, leur a ainsi demandé en retour de
soutenir le plan pour l'emploi des jeunes et de participer à la relance
de l'économie en conduisant une politique active de l'investissement.
De même, devant l'Assemblée nationale, M. Jean-Pierre
Chevènement, ministre de l'intérieur, a fait valoir qu'il
"
fallait garantir une bonne visibilité aux collectivités
locales, respecter les engagements qui avaient été pris et
maintenir une certaine marge de manoeuvre à ces collectivités,
que le Gouvernement s'apprêtait à solliciter pour la mise en
oeuvre du programme emploi-jeunes
".
Or, on peut s'interroger sur l'existence de moyens nouveaux pour les
collectivités locales, à l'examen de l'évolution des
concours de l'Etat.
L'ensemble de ces concours ne progressent ainsi que de
0,25 %
en
1998. Certes, cette quasi-stagnation -comme le fait valoir le Gouvernement- est
en grande partie imputable à la suppression de l'allègement des
droits de mutation à titre onéreux et donc de la compensation
afférente à cet allégement (- 19,1 %).
Il n'en reste pas moins qu'à s'en tenir à l'évolution des
dotations incluses dans l'enveloppe du pacte de stabilité, celle-ci
-après prise en compte du recalage à la baisse de la DGF de 1997-
n'augmentent que de
1,17 %.
En outre, si l'on additionne le recalage à la baisse de la DGF de 1997
et la régularisation négative de la DGF de 1996, c'est au total
1 milliard de francs de pertes que subit cette dotation essentielle pour
le fonctionnement de nos collectivités. Votre rapporteur pour avis
aurait souhaité à cet égard qu'une réflexion puisse
être engagée sur une solution qui consisterait à
procéder à la répartition avant la régularisation
au titre d'exercices précédents.
Par ailleurs, la croissance de la DGF en 1998
(+ 1,38 %)
offre
des perspectives limitées aux communes qui -n'étant
éligibles ni à la DSU ni à la DSR- ne
bénéficieront que de la seule dotation forfaitaire qui, en
fonction des choix du comité des finances locales, ne pourra progresser
que de 50 à 55 % de la masse mise en distribution.
Enfin, les incertitudes qui pèsent sur les budgets locaux,
déjà soulignées par votre commission les années
précédentes demeurent préoccupantes.
B. L'ÉVOLUTION DES BUDGETS LOCAUX : DES INCERTITUDES PERSISTANTES
1. La situation d'ensemble
Le rapport d'audit sur l'état des finances publiques,
établi à la demande du Gouvernement par MM. Jacques Bonnet
et Philippe Nasse, rendu public le 21 juillet dernier, a établi un
état de la situation des administrations publiques locales, lesquelles
sont constituées en comptabilité nationale, des communes, des
départements, des régions et de leurs satellites.
Selon le rapport d'audit, les administrations publiques sont devenues
globalement excédentaires en 1996, cet excédent devant
s'accroître en 1997. Certaines évolutions observées en 1996
apparaîtraient en effet vraisemblables ou réalistes pour 1997.
S'agissant des
ressources
, la croissance des recettes fiscales devrait
se modérer un peu tout en restant substantielle. Pour ce qui est des
dépenses
, deux facteurs de modération sont
soulignés : une évolution lente des dépenses
courantes (principalement grâce au calme qui prévaut sur les
achats intermédiaires et la masse salariale) ; une baisse forte des
investissements.
Au total, le rapport d'audit évalue entre 10 et 12 milliards de francs
l'excédent de ces administrations en 1997.
Ces conclusions appellent plusieurs observations : en premier lieu,
interrogé lors de son audition par notre collègue
Paul Girod, M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de
l'intérieur a pour sa part précisé que l'excédent
réel des collectivités locales s'établissait à
3 milliards de francs ; en second lieu, comme les auteurs du rapport
d'audit le soulignent eux-mêmes, le constat de la situation
excédentaire se fonde sur une moyenne. De nombreuses
collectivités territoriales continuent de faire face à des
problèmes financiers et restent fortement endettées.
Par ailleurs, le facteur de modération qu'a constitué la baisse
des investissements ne paraît destiné à perdurer. Ainsi,
lors de son audition par la commission des Finances, M. Philippe Nasse
-répondant à notre collègue Joël Bourdin qui
soulignait le caractère passager de l'amélioration des comptes
des administrations publiques locales- a conforté ce propos en
évoquant les conséquences financières de la directive
européenne relative à l'amélioration de la qualité
des eaux.
Le rapport établi par M. Joël Bourdin au nom de l'Observatoire des
finances locales en 1997 souligne précisément les
incertitudes
qui affectent les perspectives des budgets locaux.
Le rapport relève, en premier lieu, que les collectivités locales
doivent faire face à des
contraintes fortes
liées à
l'évolution des charges au titre de leurs dépenses courantes.
Certes, la progression des
dépenses de personnel
se ralentit en
1997 comme en 1996 après une forte hausse jusqu'en 1995, ce qui
reflète globalement une maîtrise accrue par les
collectivités de leurs charges en la matière.
La majeure partie des fortes hausses enregistrées s'explique, en effet,
par les conséquences, d'une part, des accords dits Durafour
(7 milliards de francs environ sur 7 ans) et, d'autre part, du
relèvement du taux de cotisation à la CNRACL (21,30 % au
1er février 1991 et 35,10 % au 1er janvier 1995).
En revanche, les collectivités locales assument, au titre des
compétences spécifiques transférées par l'Etat, des
charges en progression sensible
(+ 6,7 %).
Cette augmentation
est particulièrement marquée pour les régions
(12,9 %)
en raison de l'élargissement du champ de leurs
compétences en matière de formation professionnelle continue et
d'apprentissage, relative à la qualification des jeunes de moins de
26 ans.
Deux facteurs devraient contribuer à confirmer cette tendance en
1997 : la signature par certaines régions de conventions
pluriannuelles avec l'Etat afin d'élaborer de véritables
programmes régionaux pour l'emploi des jeunes ;
l'expérimentation par six régions du transfert de
compétences en matière ferroviaire, en application de la loi
n° 97-135 du 13 février 1997.
Quant aux
départements
, ces dépenses évoluent au
rythme des
dépenses d'aide sociale
, soit
+ 5,1 %.
Pour ces dernières, leur croissance reste
élevée par rapport à celles des autres fonctions, le
ralentissement de leur progression amorcée en 1995 se confirme.
Dans ce contexte, les collectivités disposent de marges de manoeuvre
fiscales qui se réduisent. En 1995 comme en 1996, la croissance des
bases de taxe professionnelle s'est tassée, ce qui a contraint les
collectivités à augmenter leurs taux.
En 1997, la croissance du produit des quatre taxes directes locales est
estimée à
5,4 %
pour l'ensemble des
collectivités, soit une forte modération par rapport à
1996. Il convient de souligner que dans un contexte de reprise de la croissance
des bases de taxe professionnelle
(+ 4,9 %
pour les bases
communales), les taux augmentent faiblement (environ
+ 1 %).
En raison de la conjoncture qui affecte les marchés automobile et
immobilier, le produit de la
fiscalité indirecte
-qui
dépend pour plus des trois quarts de l'activité de ces
marchés- subit un très net tassement.
Enfin, sans qu'il soit besoin de revenir sur ce point déjà
développé par ailleurs, les concours financiers de l'Etat ont
connu une faible croissance en 1997, sous l'effet des règles du
" pacte de stabilité financière ".
En dépit de ces contraintes,
l'épargne de gestion
devrait
continuer à croître en 1997 après avoir fortement
progressé en 1996
(+ 7,4 %).
Le tassement des recettes
et l'évolution constante des charges devraient néanmoins
réduire le rythme de croissance de l'épargne de gestion.
Les collectivités locales ont, par ailleurs, poursuivi une
gestion
active de leur dette
, qui leur a permis de réduire significativement
le montant des intérêts versés en 1995
(- 1,4 %)
et en 1996 (- 2,2 %). Cette tendance devrait
-d'après les premières estimations concernant les
départements et les régions- s'accentuer en 1997.
L'
épargne brute
-qui résulte de la différence entre
l'épargne de gestion et les intérêts de la dette- continue
ainsi de s'améliorer (+ 11,4 % en 1996 ;
+ 5,4 %
estimés par les départements et les
régions en 1997).
Mais le rapport constate que l'étroitesse des marges de manoeuvre
fiscales, la modération de l'évolution des concours de l'Etat
ainsi que la rigidité de certaines dépenses ont conduit les
collectivités locales à réduire leur
effort
d'investissement
. Ainsi, les départements et les régions ont
limité leurs
subventions d'équipement
pour se concentrer
davantage sur leurs domaines de compétences propres.
L'
effort d'équipement direct
s'est lui aussi
considérablement ralenti. De 1992 à 1996, le montant des
dépenses d'équipement des collectivités locales a
diminué de
20 %.
Les dépenses d'équipement
brut -qui représentaient 21 % des dépenses totales en 1993-
ne représentent plus que 16 % de ces dépenses en 1996.
Cependant, ce constat doit être atténué par deux
séries de considérations : d'une part, les investissements
réalisés par les départements et les régions dans
le cadre des transferts de compétences -en particulier pour les
collèges et les lycées- ont dans l'ensemble été
effectués ; d'autre part, l'analyse des budgets primitifs des
départements et des régions met en évidence un
léger retour à une évolution positive, sans que le niveau
des années antérieures soit retrouvé. Pour les communes,
en revanche, un retournement de la tendance à la baisse
enregistrée depuis plusieurs années paraît difficilement
envisageable avant le second semestre 1997.
Le rapport relève que cette évolution se produit dans un contexte
marqué par de nouvelles exigences liées à l'application
des normes européennes dans les domaines du traitement des
déchets et des ordures ménagères, de l'eau et de
l'assainissement.
Ces exigences -soulignées dans le rapport de M. Daniel Hoeffel au
nom du groupe de travail sur la décentralisation- entraîneront des
coûts financiers importants notamment en termes de dépenses
d'équipement. Les estimations font, en effet, état de quelque
60 milliards de francs pour le traitement et la collecte des ordures
ménagères d'ici 2002 et de 130 milliards de francs
d'investissement nécessaire à l'échelle nationale pour la
mise en conformité du secteur de l'eau d'ici 2005.
C'est donc à juste titre -comme l'avait déjà relevé
la commission des Lois dans son avis budgétaire de 1997- que le rapport
de M. Joël Bourdin souligne les incertitudes qui apparaissent quant
à la capacité des collectivités à financer les
équipements nécessaires au respect des réglementations
nouvelles.
2. La situation par collectivité
a) Les budgets des communes
Après une évolution rapide en 1996
(+ 6,6 %), les produits votés par les communes ont, selon le
Crédit local de France, connu une progression plus modérée
en 1997
(
un peu plus de
4 %).
Parallèlement, cependant, les produits votés par les groupements
à fiscalité propre ont progressé plus sensiblement (un peu
plus de
10 %).
La part de la fiscalité directe des communes et groupements sur les
trois dernières années reste cependant relativement stable
(2,49 % en 1995 ; 2,6 % en 1996 ;
2,65 %
en
1997).
Les communes ont, par ailleurs, enregistré une progression très
faible de leurs dotations de fonctionnement. Ainsi, la DGF a augmenté de
1,3 %,
la dotation forfaitaire connaissant une hausse
inférieure à 0,9 %.
Les
dépenses de personnel
ont progressé plus faiblement en
1997
(+ 2,8 %)
qu'en 1996 (+ 3,9 %). Les autres
dépenses de gestion évoluent à un rythme
modéré
(+ 4,3 %
en 1997 ; + 5,7 %
en 1996).
Les communes ont bénéficié d'une baisse notable des
intérêts de la dette
(- 12,5 %
en 1997).
Mais, alors que l'épargne de gestion avait sensiblement progressé
en 1996 (+ 2,9 %), elle stagne en 1997
(- 0,5 %)
en
raison d'une limitation de la croissance de la pression fiscale et d'une
progression faible des dotations de fonctionnement. Grâce à une
meilleure maîtrise des dépenses de gestion, l'épargne se
maintient néanmoins au niveau élevé de 73,6 milliards
de francs, soit 21 % des recettes courantes.
En outre, grâce à la baisse des frais financiers, l'épargne
brute connaît une croissance forte (+ 7 % en 1996 ;
+ 6,2 %
en 1997).
La bonne maîtrise de l'annuité de la dette et la croissance de
leurs ressources courantes ont permis aux communes de faire progresser leur
épargne disponible en 1996 (+ 6,8 %). En dépit d'une
moindre progression des recettes fiscales, cette croissance de l'épargne
disponible se confirmerait en 1997.
Enfin, les communes ont enregistré une baisse sensible de leurs
dépenses d'investissement en 1996
(- 11,5 %),
le
début de l'année 1995 ayant enregistré la fin des
commandes du mandat précédent.
En 1997, la note de conjoncture du crédit local de France établie
au mois de juillet dernier escomptait un redémarrage des investissements
notamment en raison d'un phénomène cyclique qui se traduit par
une hausse des investissements la troisième année du mandat
municipal et de la reconstitution des marges de manoeuvre des communes.
Enfin, votre rapporteur pour avis rappellera que 1997 a vu se
généraliser la nouvelle nomenclature M 14 par l'ensemble des
communes et de leurs groupements. Cette nouvelle nomenclature peut poser des
problèmes pratiques (changements de logiciels et de matériels
informatiques, problèmes de formation du personnel, présentation
des documents budgétaires et comptables notamment) qui ne doivent pas
être sous-estimés.
b) Les budgets des départements
L'analyse des budgets primitifs des départements en
1997, réalisée par la direction générale des
collectivités locales, met en évidence que les
départements ont su limiter l'augmentation globale des dépenses
de fonctionnement au rythme le plus faible
(+ 2,5 %
en francs
courants) depuis 10 ans. Parallèlement, une légère
croissance de la fiscalité indirecte permet d'éviter l'
" effet de ciseaux " enregistré les années
précédentes.
Les départements ont ainsi réduit le poids des
intérêts de la dette
dont la part dans les dépenses
courantes est désormais inférieure à
6,2 %.
Les
dépenses de personnel
-sous l'effet notamment d'une
stabilisation des effectifs et de l'arrivée à
échéance des accords dit Durafour- progressent moins
rapidement
(+ 4 %).
Les
dépenses d'aide sociale
-qui atteignent 78,2 milliards
de francs- progressent de
3,6 %
et représentent
55,3
%
des dépenses de fonctionnement. Les départements
prévoient une restriction des dépenses d'aide sociale facultative
(- 2,6 %).
Les dépenses nettes d'aide sociale
obligatoire connaissent une croissance encore élevée mais le
ralentissement amorcé en 1995 semble se confirmer.
Quant aux recettes de fonctionnement, le produit des quatre taxes directes
progresse de
5,3 %.
Néanmoins, soulignons qu'en 1997
grâce à une reprise de la progression des bases, les
départements ont pour la plupart reconduit les taux votés en 1996
ou limité dans leur augmentation à moins de
1 %.
Le
produit des impôts indirects (droits de mutation, vignette automobile)
est en hausse de
2 %.
Au total, l'
épargne de gestion
progresse de
2,7 %.
Sous
l'effet d'une forte diminution des intérêts de la dette,
l'épargne brute se reconstitue
(+ 7 %)
et
s'établit à 30,8 milliards de francs.
Les
dépenses d'investissement
progressent de
3,4 %
en
francs courants, après quatre années consécutives de
baisse ou de stagnation. Cette relance des dépenses d'investissement
-qui concerne en partie les remboursements en capital de la dette-
bénéficie également à la création
d'équipements nouveaux ou à l'entretien du patrimoine, les
dépenses d'équipement brut progressant de
3 %.
Enfin l'augmentation de l'
épargne
réellement
disponible
à l'investissement est sensible
(+ 6,2 %).
c) Les budgets des régions
L'analyse de leurs budgets primitifs fait également
ressortir que les régions ont fait preuve, en 1997, de modération
dans les taux d'imposition. Le produit voté des quatre taxes directes
augmentera de
1,8 %.
Comme les départements, les régions ont subi l'extension par la
loi de finances pour 1997 de la règle, déjà applicable aux
communes, de plafonnement du taux de la taxe professionnelle à deux fois
le taux moyen national.
La fiscalité indirecte progresserait elle-même assez
modérément
.
Les
dépenses de personnel
continuent à progresser
fortement
(+ 8,1 %)
de même que les
autres
dépenses de gestion
(+ 15,7
% pour les transferts
versés en 1997). En outre, la décentralisation de la gestion des
lignes ferroviaires régionales -actuellement expérimentée
dans six régions- pourra avoir un impact sensible (2,7 milliards
de francs pour les six régions concernées).
Les régions ont, en revanche, réduit sensiblement les
intérêts de la dette
(- 7,7 %
en 1997).
Elles procèdent, en outre, à des remboursements en capital de
manière dynamique
(+ 13 %
en 1997).
Cependant, les
soldes d'épargne
régressent
sensiblement :
- 4,9 %
pour l'épargne de gestion ;
- 4,7 %
pour l'épargne brute ;
- 2,9 %
pour l'épargne disponible en 1996.
Les
dépenses d'investissement
des régions qui ont
stagné en 1996 (- 0,7 %) augmenteraient de nouveau en 1997
(+ 3,8 %
hors réaménagement de la dette et
transport ferroviaire).
III. CLARIFIER LES RÈGLES DU JEU ENTRE L'ETAT ET LES COLLECTIVITÉS LOCALES : UNE PRIORITÉ QUI DEMEURE D'ACTUALITÉ
Le groupe de travail sur la décentralisation
présidé par M. Jean-Paul Delevoye a défini trois
conditions majeures pour permettre à la décentralisation de jouer
plus efficacement son rôle dans l'adaptation de la France aux enjeux du
prochain siècle : le préalable de la clarification des relations
avec l'Etat ; l'adaptation des structures territoriales elles-mêmes aux
nouveaux défis de la société ; la recherche d'une
meilleure adéquation des réponses aux problèmes
économiques.
L'exercice budgétaire 1998 permettra au Gouvernement de préciser
ses intentions à l'égard des collectivités locales sur ces
sujets essentiels.
A. LES RELATIONS FINANCIÈRES AVEC L'ETAT
Dernière année d'application du pacte triennal
de stabilité, 1998 sera -comme l'a relevé M. Jean-Pierre
Chevènement, ministre de l'Intérieur, devant l'Assemblée
nationale
-
" une année de réflexion sur
l'après-pacte de stabilité
".
Dans cette perspective, votre commission des Lois souhaite que les
observations, déjà formulées l'an passé, et qu'elle
réitère cette année, soient prises en compte.
Comme l'a reconnu le ministre de l'Intérieur devant l'Assemblée
nationale, on ne peut imputer aux collectivités locales "
que
des charges qu'elles devront pouvoir supporter ".
Cette exigence de stabilité des charges implique donc l'ouverture d'une
réflexion sur les
normes
-notamment dans le domaine de
l'environnement- et les dates butoir qui leur sont applicables, difficilement
conciliables avec un contexte d'évolution très limitée des
ressources locales.
En outre, comme le précédent Gouvernement s'y était
engagé, la procédure de l'étude d'impact doit être
généralisée afin d'évaluer
précisément le coût financier des mesures
intéressant les collectivités locales.
Enfin, la situation de la CNRACL demeure pour les collectivités locales
un sujet de préoccupation majeure, en dépit de l'absence
d'augmentation de la cotisation employeur en 1998.
Les réserves de la caisse ont régressé très
sensiblement au cours des derniers exercices. Celles-ci qui étaient de
14,618 milliards de francs en 1991 ne représentaient plus que 949
millions de francs au 31 décembre 1996.
La loi de financement de la sécurité sociale pour 1997 en
autorisant un transfert de 4,5 milliards de francs de l'allocation temporaire
d'invalidité (A.T.I.) vers la CNRACL, a permis à celle-ci
d'aborder l'exercice 1997 dans des conditions plus favorables. Ainsi, compte
tenu d'un résultat déficitaire d'environ 1,6 milliard de francs,
le Gouvernement estime que la Caisse terminerait l'exercice avec un
excédent de 2,9 milliards de francs. Les réserves augmenteraient
pour atteindre près de 3,9 milliards de francs. En 1998, compte tenu
d'un déficit prévisionnel d'environ 2,5 milliards de francs, le
montant des réserves en fin d'exercice atteindrait environ 1,4 milliard
de francs.
Il demeure que les mécanismes de compensation
généralisée entre l'ensemble des régimes de base et
la surcompensation spécifique aux régimes spéciaux de
retraite pèsent lourdement sur la CNRACL. Celle-ci y a contribué
à hauteur de 18,995 milliards de francs en 1996 (10,054 milliards de
francs au titre de la compensation généralisée et 8,941
milliards de francs au titre de la surcompensation). Le taux de la
surcompensation, qui était de 22% en 1991, est passé à 30%
en 1992 et à 38% à compter de 1993.
Grâce à l'initiative du Sénat, la loi de financement de la
sécurité sociale pour 1997 a plafonné les ressources
acquittées au titre de la surcompensation à hauteur de 25% du
total des prestations servies par les régimes spéciaux
d'assurance vieillesse.
Au-delà de cette disposition utile, c'est bien une réflexion
sur l'ensemble des mécanismes de compensation et surcompensation qui
doit être engagée. L'enjeu est essentiel pour les
collectivités locales pour lesquelles un point de cotisation à la
CNRACL représente près d'un milliard de francs et un pour-cent de
fiscalité locale correspond à un peu plus de deux points de
cotisation à la CNRACL.
Le Gouvernement a par ailleurs annoncé son intention d'engager une
réflexion sur le
coût pour l'Etat des compensations des
exonérations et dégrèvements législatifs
,
même si le présent projet de loi de finances ne prévoit
aucune mesure destinée à limiter ce coût.
Devant le comité des finances locales, M. Christian Sautter,
Secrétaire d'Etat au budget, a relevé que la part de la taxe
professionnelle prise en charge par l'Etat était passée de 16% en
1984 à 36% en 1997. Cette forte progression résulte
essentiellement du mécanisme de dégrèvement de la taxe
professionnelle par rapport à la valeur ajoutée. Le coût
pour l'Etat du plafonnement de la taxe professionnelle est passé de 4,5
milliards de francs en 1990 à 34,8 milliards de francs en 1997, soit un
coût huit fois supérieur.
Si cette situation n'est à l'évidence pas satisfaisante, encore
faut-il rappeler qu'elle résulte de décisions prises par l'Etat
lui-même et qui ayant un effet sur les ressources des
collectivités locales doivent leur être compensées.
Fondées à escompter une compensation d'exonérations ou
dégrèvements décidés par l'Etat, les
collectivités sont en outre en droit d'attendre une compensation
effective des charges qui leur sont transférées. Les
réflexions menées par notre collègue Paul Girod au nom de
l'Observatoire des finances locales -réflexions corroborées par
le rapport de la commission consultative d'évaluation des charges- ont
mis en évidence que la compensation des charges
transférées, effectuée de manière à peu
près satisfaisante à l'origine a évolué de
manière
défavorable
.
Votre commission des Lois ne peut donc que reprendre à son compte la
conclusion du groupe de travail sur la décentralisation qui s'est
prononcé "
pour une compensation intégrale et
concomitante des charges transférées, conformément aux
principes fondamentaux de la décentralisation
".
B. LES CONDITIONS D'EXERCICE DES COMPÉTENCES LOCALES
Plusieurs grands chantiers intéressant les conditions
d'exercice des compétences locales -dont certains ont été
lancés sous la précédente législature- pourraient
connaître des développements en 1998.
Il en est ainsi de la
réforme de l'intercommunalité
qui
-après un rapport établi par le Gouvernement conformément
à l'article 78 de la loi du 4 février 1995 d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire- avait fait
l'objet d'un projet de loi déposé sur le bureau du Sénat
sous la précédente législature.
Le nouveau Gouvernement a souhaité poursuivre la réflexion plus
précisément sur la taxe professionnelle et sur une meilleure
allocation des ressources entre collectivités.
Votre commission des Lois rappelle que le précédent Gouvernement
avait conduit une large concertation sur le sujet. Le groupe de travail sur la
décentralisation présidé par notre collègue
Jean-Paul Delevoye y a lui-même consacré une part importante de
ses réflexions. Il s'est ainsi clairement prononcé pour une
réduction significative du nombre de catégories
d'établissements publics de coopération intercommunale, une
unification très large des règles applicables par la
définition d'un tronc commun, la conciliation du principe fondamental du
volontariat avec l'application des règles de majorité
qualifiée de nature à stimuler le développement de
l'intercommunalité, le maintien des règles actuelles de
désignation des délégués intercommunaux par les
conseils municipaux et enfin une réforme du dispositif financier qui
encourage l'intercommunalité de projet ainsi qu'une évolution du
régime fiscal qui réduise les concurrences abusives entre
communes d'une même agglomération.
Devant votre commission des Lois, M. Emile Zuccarelli, ministre de la
fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la
décentralisation a également précisé qu'un projet
de loi serait déposé au printemps prochain afin de clarifier les
interventions économiques des collectivités locale, ce projet de
loi devant en outre aborder le régime des sociétés
d'économie mixte locale.
Le Gouvernement a par ailleurs indiqué que la
fiscalité
locale
ferait l'objet de travaux en 1998 portant sur une plus grande
équité dans la définition des bases d'imposition relatives
aux ménages, d'une réduction des distorsions économiques
pour les impôts acquittés par les entreprises et d'une plus grande
attention sur les inégalités fiscales entre les
collectivités locales.
Le groupe de travail sur la décentralisation avait pour sa part
souhaité "
un approfondissement de la réflexion sur
l'évolution du système de financement local qui clarifie le cadre
de la péréquation financière, dote les
collectivités locales de bases fiscales modernes et évolutives et
prenne en compte le problème des charges de
centralité
". Il avait en outre clairement récusé
"
toute solution qui aboutirait à une étatisation des
impôts locaux par l'uniformisation des taux de la taxe professionnelle au
niveau national, faisant ainsi dépendre une ressource fiscale locale
essentielle non plus du libre choix des collectivités locales mais de
décisions de l'Etat et démotivant l'esprit d'initiative des
collectivités locales
".
La
réforme des valeurs locatives
demeure cependant un
préalable nécessaire à toute réforme concernant le
système de financement local. On rappellera que la loi du 30 juillet
1990 a fixé les principes d'une révision générale
des valeurs locatives servant de base au calcul des impôts directs
locaux. Les travaux de révision ont été achevés
depuis juin 1992 et un rapport évaluant les conséquences de la
révision pour les contribuables et le potentiel fiscal des
collectivités locales a été déposé au
Parlement en septembre 1992. Un projet de loi portant intégration des
résultats des travaux de révision a été
élaboré et soumis au comité des finances locales. Celui-ci
a émis un avis favorable sous réserve d'un certain nombre
d'observations qui ont porté principalement sur l'abandon du traitement
à part des logements sociaux, l'application d'un coefficient forfaitaire
de 1,61 pour les établissements industriels, l'allongement à
quatre ans minimum de la période d'intégration et l'abaissement
à 15% et 300 francs du seuil d'écrêtement des hausses de
cotisations.
Il serait donc souhaitable que l'intégration des travaux de
révision puisse être débattue par le Parlement.
Interrogé sur ce point par votre rapporteur pour avis, M. Jean-Pierre
Chevènement, Ministre de l'intérieur a indiqué devant la
commission qu'il était favorable à la mise en oeuvre de cette
révision.
Dans un contexte caractérisé par la prolifération des
normes, votre commission des Lois est par ailleurs particulièrement
attentive au processus de
codification.
La partie législative du
code général des collectivités territoriales
-examinée par la commission des Lois sur le rapport de notre
collègue Michel Rufin- a ainsi permis de rassembler dans un même
document de quelque 1790 articles des textes épars, de supprimer des
textes devenus obsolètes et de remédier à certaines
incohérences.
Cet important travail ne peut cependant avoir toute sa portée
qu'à la double condition qu'il s'accompagne d'une
relative
stabilité
de la règle juridique et que la partie
législative puisse être suivie dans un délai rapide de la
partie réglementaire
qui en est le complément
indispensable.
Or moins de deux ans après sa parution, le code général
des collectivités territoriales a déjà été
corrigé par
13
lois (10 en 1996 et 3 en 1997) qui ont
modifié, créé ou abrogé près de
110
de ses articles. Le nombre total d'articles du code qui était de
1710
lors de la publication atteint désormais
1795.
Quant à la partie réglementaire du code, en raison de son ampleur
(environ
600
textes réglementaires d'application et leurs
modifications, dont le code des communes, ont été à ce
jour recensés; environ
1500
articles ont déjà
été préparés mais ce travail n'est pas encore
achevé) et de sa complexité incontestable, elle ne devrait pas
être examinée par le Conseil d'Etat avant le début de
l'année 1998. Certes, ce défaut de publication ne crée pas
un vide juridique, la partie réglementaire du code des communes restant
en vigueur. En outre, une
circulaire du 19 mars 1996
a établi
une table de concordance entre les articles législatifs du code
général des collectivités territoriales et les articles
réglementaires du code des communes.
Il n'en reste pas moins que, pour les usagers - en l'espèce, tout
particulièrement les collectivités locales- qui doivent disposer
d'un texte d'ensemble, la codification des décrets est aussi importante
que celle du corpus législatif. Ainsi, la circulaire
précitée rappelle que les services de l'Etat et les
autorités locales doivent "
viser, en ce qui concerne les textes
réglementaires, tant les articles réglementaires du code des
communes qui demeurent en vigueur que les textes réglementaires non
codifiés, selon le cas.
"
Enfin, votre commission des Lois avait souhaité dans son avis sur la loi
de finances pour 1997 que l'ensemble des dispositions de la loi du 27
décembre 1994 relative à la
fonction publique territoriale
puissent être mises en oeuvre dans les meilleurs délais par la
parution des derniers textes réglementaires d'application.
Deux
décrets du 22 avril 1997
(n° 97-393 et 97-294) ont
précisé le nouveau dispositif de la formation initiale et de la
formation d'adaptation à l'emploi; un
décret n° 96-1040
du 2 décembre 1996
a fixé les modalités de
désignation des magistrats de l'ordre administratif auxquels est
confiée la présidence des conseils de discipline; le
décret n° 97-443 du 25 avril 1997
fixe les conditions
d'établissement du rapport qui doit être soumis tous les deux ans
au comité technique paritaire. En revanche, le décret fixant les
modalités de surclassement démographique des communes
touristiques est en cours de préparation. En outre, certaines
dispositions devenues obsolètes du
décret n° 91-298 du 20
mars 1991
concernant les fonctionnaires territoriaux nommés dans des
emplois permanents à temps non complet devront être
abrogées.
Plusieurs décrets d'application de la loi n° 96-1093 du 16
décembre 1996 relative à
l'emploi dans la fonction
publique
et à diverses mesures d'ordre statutaire,
intéressant les collectivités locales, ont par ailleurs parus: le
décret n° 96-1234 du 27 décembre 1996
qui concerne la
résorption de l'emploi précaire; le
décret n°
96-1233 du 27 décembre 1996
qui précise les conditions
générales d'accès au congé de fin d'activité
dans les trois fonctions publiques et le
décret n° 96-1233 du 27
décembre 1996
qui précise le montant minimum du revenu de
remplacement alloué aux bénéficiaires du congé de
fin d'activité; enfin, le
décret n° 97-702 du 31 mai
1997
a fixé le régime indemnitaire des agents de police
municipale et des gardes champêtres, en application de l'article 68 de la
loi.
La mise en oeuvre du dispositif de résorption de l'emploi
précaire prend une signification particulière dans un contexte
où l'Assemblée nationale vient d'adopter en lecture
définitive le dispositif proposé par le Gouvernement pour la
création des emplois-jeunes. Si l'objectif de lutter contre le
chômage et en l'occurrence celui des jeunes est évidemment
incontestable, votre commission des Lois doit néanmoins faire observer
que le dispositif aboutit, en mettant en place des emplois publics ou
parapublics en dehors des règles ordinaires de la fonction publique,
à
recréer une précarité
que le
législateur avait précisément entendu combattre. Or,
à l'issue de la période de cinq ans -au cours de laquelle l'Etat
prendra en charge le contrat à hauteur de 80% du SMIC et des cotisations
sociales- la question de l'intégration des jeunes concernés dans
la fonction publique territoriale se posera inévitablement.
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Sous le bénéfice de l'ensemble de ces observations, la commission des Lois a décidé de donner un avis favorable à l'adoption des crédits relatifs à l'administration territoriale et à la décentralisation inscrits dans le projet de loi de finances pour 1998 .