C. LA DÉLINQUANCE DES MINEURS CONTINUE DE S'ACCROÎTRE DE MANIÈRE PRÉOCCUPANTE
                                            Le caractère de plus en plus précoce de la
délinquance devient un sujet de préoccupation majeur.
                                            
                                            
                                            Globalement, en 1996,
                                            
                                                17,87 %
                                            
                                            des 804.000 personnes mises en cause,
soit
                                            
                                                143.824,
                                            
                                            étaient des mineurs. L'année dernière
votre rapporteur avait déjà signalé ce
phénomène alors que le nombre de mineurs mis en cause
était de 126.000 et ne représentait encore que 15,91 % de la
population totale mise en cause.
                                            
                                            
                                            Sur les
                                            
                                                sept premiers mois de l'année 1997
                                            
                                            , la part des mineurs
est passée
                                            
                                                à près de 20 %
                                            
                                            .
                                            
                                            
                                            C'est pour des vols que les mineurs sont le plus souvent impliqués
(30 % des mises en cause).
                                            
                                            
                                            
                                                L'augmentation des actes de violences impliquant des mineurs
                                            
                                            est
particulièrement alarmante. 569 d'entre-eux ont été
mis en cause dans les
                                            
                                                vols à main armée
                                            
                                            ou avec
                                            
                                                violence
                                            
                                            et 40 % des vols avec violence
                                             
                                            constatés en
1996 ont donné lieu à la mise en cause d'un mineur. La part des
mineurs dans les coups et blessures volontaires s'élève à
14,4% et dans les viols, à 18,4%.
                                            
                                            
                                            Cette situation reflète la
                                            
                                                faillite des modes de régulation
habituels
                                            
                                            , l'approche éducative classique n'ayant pas de prise sur
les jeunes délinquants et l'emprisonnement ne conduisant qu'à
fabriquer des récidivistes en puissance.
                                            
                                            
                                            Les déclarations du ministre de l'intérieur, le 24 octobre 1997,
au colloque de Villepinte, reprises lors de son audition devant la commission
des lois du 5 novembre 1997, confirment ce constat. Elles devraient se
concrétiser par des propositions gouvernementales nouvelles et conduire
à une réflexion sur la modification de l'ordonnance de 1945 sur
l'enfance délinquante.
                                            
                                            
                                            Pour sa part, le ministre de l'éducation nationale a lancé au
mois d'octobre une expérience de
                                            
                                                lutte
                                            
                                            
                                                contre la violence
à l'école
                                            
                                            dans 412 établissements répartis sur
9 sites particulièrement sensibles.
                                        
D. LA PERSISTANCE D'UN NIVEAU ÉLEVÉ DE DÉLITS LIÉS À LA TOXICOMANIE
                                            D'année en année, votre rapporteur constate une
montée en puissance du fléau que constitue la drogue.
                                            
                                            
                                            En 1996, l'augmentation du nombre d'infractions est faible :
+ 0,71 %. Mais il dépasse les 79.000 infractions. Si l'on
note une diminution des délits de trafic (8,9 %), on relève
simultanément une augmentation de 2,69 % des délits
d'usage-revente et de 5,71 % des infractions pour consommation.
                                            
                                            
                                        
| Infractions à la législation sur les stupéfiants | |||
| Type d'infractions | Année 1995 | Année 1996 | Variation 95/96 | 
| TOTAL | 79.052 | 79.617 | + 0,71 % | 
| - dont trafic | 5.661 | 5.158 | - 8,8 % | 
| - usage-revente | 12.098 | 12.424 | + 2,6 % | 
| - consommation | 54.850 | 57.981 | + 5,71 % | 
                                            Le volume des saisies a notablement augmenté par
rapport à 1995 :
                                            
                                            
                                        
| Substances | 1995 | 1996 | % | 
| 
                                                                Cannabis
                                                                 | 42,2 tonnes | 66,8 tonnes | + 58,17 % | 
| Héroïne | 498 kg | 617 kg | + 23,79 % | 
| Cocaïne | 0,8 tonnes | 1,7 tonnes | + 101,4 % | 
| LSD | 70 000 doses | 74 780 doses | + 6,50 % | 
| Crack | 8,6 kg | 10,5 kg | + 22,70 % | 
| Ecstasy | 273 700 doses | 349 210 doses | + 27,55 % | 
                                            Concernant les usagers, les interpellations ont
augmenté de 11 % mais on constate une
                                            
                                                baisse encourageante
d'environ 16 % du nombre d'usagers d'héroïne
                                            
                                            .
                                            
                                            
                                            Ces chiffres sont néanmoins d'interprétation délicate. Ils
retracent certes la priorité accordée à ce fléau
par les services de police mais relèvent en même temps une
                                            
                                                diffusion plus grande de la consommation
                                            
                                            .
                                            
                                            
                                            Rappelant son souhait de l'année précédente, votre
rapporteur insiste pour qu'un
                                            
                                                indicateur synthétique
                                            
                                            mieux
approprié soit mis en oeuvre, permettant
                                            
                                                d'appréhender
l'ampleur exacte du phénomène
                                            
                                            .
                                            
                                            
                                            La provenance diffère suivant les drogues. La Belgique et les Pays-Bas
sont prépondérants pour l'héroïne et les fournisseurs
quasi exclusifs de l'ecstasy. La Colombie arrive en tête pour la
cocaïne, la résine de cannabis provenant essentiellement du Maroc
et d'Espagne.
                                            
                                            
                                            Sur le
                                            
                                                plan international
                                            
                                            , votre rapporteur a aussi maintes fois eu
l'occasion d'attirer l'attention sur l'ampleur des trafics en provenance des
                                            
                                                Pays-Bas
                                            
                                            et plus globalement sur les difficultés que suscite la
politique hollandaise de la drogue.
                                            
                                            
                                            Une convention de coopération bilatérale avec ce pays est
entrée en vigueur en 1996. Elle prévoit en particulier
l'échange d'officiers de liaison drogue et la création d'une
cellule de coordination dans la région Nord-Pas-de-Calais.
                                            
                                            
                                            Au cours du premier semestre 1997, deux vastes opérations de
contrôles frontaliers contre le " tourisme de la drogue "
ont
été déclenchées entre la France, les Pays-Bas et la
Belgique. Elles ont mobilisé près de 1.000 fonctionnaires
des trois pays concernés.
                                            
                                            
                                            Il semble donc que les relations avec les Pays-Bas semblent en voie
d'amélioration.
                                            
                                            
                                            Votre rapporteur tient à rappeler que la lutte contre la drogue est une
des cinq
                                            
                                                missions prioritaires
                                            
                                            assignées à la police
nationale par la loi d'orientation et de programmation sur la
sécurité du 21 janvier 1995. Cette lutte passe, tant en ce
qui concerne l'action interne que la coopération internationale, par une
mobilisation permanente de tous les moyens.
                                        
 
                                                             
                                                             
                                                             
                                                             
                                                             
                                                             
                                                            