COMPTE RENDU DE LA RÉUNION D'EXAMEN DU RAPPORT
DU MERCREDI 21 OCTOBRE
1998
M. Jacques Larché,
rapporteur,
a
tout d'abord souligné que les deux projets de loi traitaient de
nombreuses questions, mais ignoraient le problème de la
compatibilité des fonctions ministérielles et des mandats locaux.
Il a indiqué que le Gouvernement n'avait formulé aucune
proposition en ce domaine et a rappelé que si le premier ministre avait
adressé des consignes précises à ses ministres, celles-ci
avaient donné lieu à des applications parfois contestables.
Observant qu'une proposition de loi constitutionnelle avait été
déposée sur ce sujet par
M. Nicolas About
, le
rapporteur a précisé qu'une telle proposition, si les
assemblées parvenaient à un accord sur son contenu, ne pourrait
être approuvée que par référendum. Il a par ailleurs
constaté qu'une autre proposition de loi organique déposée
sur le même thème par M. Bernard Plasait et plusieurs de ses
collègues ne pouvait être retenue faute de respecter la
hiérarchie des normes. Il a alors fait valoir que l'absence de toute
proposition gouvernementale à propos des fonctions ministérielles
aurait pu justifier le dépôt d'une question préalable sur
les deux projets de loi soumis au Sénat mais qu'il lui paraissait
préférable que le Sénat prenne position sur ces textes.
Soulignant que le premier texte était un projet de loi organique relatif
au Sénat dont l'adoption définitive requérait l'accord des
deux assemblées, le rapporteur a réfuté l'idée
d'établir des régimes d'incompatibilité différents
pour les députés et les sénateurs.
Il a ensuite estimé que les projets de loi initiaux du Gouvernement
avaient le mérite d'être simples et cohérents contrairement
aux textes issus des travaux de l'Assemblée nationale. Il a
regretté que celle-ci ait ajouté un grand nombre de dispositions
sans lien avec les textes présentés, parfois inutiles souvent
démagogiques. Il a en particulier noté qu'il était
paradoxal de vouloir interdire le cumul d'un mandat parlementaire et d'une
fonction exécutive locale tout en prévoyant la participation des
parlementaires dans une centaine de commissions locales.
M. Jacques Larché, rapporteur
a alors
évoqué les motivations avancées par le Gouvernement pour
justifier l'interdiction du cumul d'un mandat parlementaire et d'une fonction
exécutive locale.
Il a observé que parmi ces motivations figurait l'absentéisme
parlementaire qu'il a estimé très largement imputable à
l'archaïsme des débats en séance publique. Il a
considéré qu'il conviendrait de réfléchir à
une nouvelle organisation des travaux et a regretté que le passage
à la session unique ait conduit à une augmentation du nombre de
textes soumis au Parlement.
M. Jacques Larché, rapporteur
a ensuite observé
que le Gouvernement pensait répondre à une attente de l'opinion
publique. Il a souligné que quel que soit l'écho qui était
donné à la thèse favorable à l'interdiction de tout
cumul surtout défendue par quelques spécialistes éminents
du droit constitutionnel, à l'échelon local on ne percevait
aucune hostilité des citoyens à l'égard des
sénateurs-maires ou des députés-présidents de
conseil général.
Le rapporteur a souligné que parmi les arguments du Gouvernement
figurait également la volonté de favoriser une circulation plus
rapide des élites politiques. A cet égard, il a rappelé
que la loi de 1985 relative au cumul des mandats avait été
adoptée en termes identiques par l'Assemblée nationale et le
Sénat et que ce dernier ne s'était pas montré
défavorable à une certaine accélération du
renouvellement des élus.
A propos de la compatibilité entre mandat parlementaire et fonction
exécutive locale,
M. Jacques Larché, rapporteur
a souligné que le député-maire ou le
sénateur-président de conseil général était
une figure consubstantielle à la structure territoriale
française. Il a estimé que la déconcentration donnant
davantage de pouvoir au préfet, il était nécessaire de
maintenir en face de l'autorité de l'Etat un élu incarnant un
pouvoir à la fois local et national. Il a fait valoir que la suppression
de la possibilité d'exercer à la fois un mandat parlementaire et
une fonction exécutive locale tendrait à faire disparaître
l'une des modalités d'accès au mandat national. Il a
observé que cette situation aboutirait à la multiplication de
rivalités locales difficiles à surmonter et à
l'accroissement du rôle des partis dans la sélection des candidats.
Le rapporteur a alors remarqué qu'à terme, cette
incompatibilité pourrait avoir pour conséquence la disparition du
scrutin majoritaire, les partis ayant besoin, pour asseoir leur influence, de
la mise en oeuvre de la représentation proportionnelle. Il en a conclu
que les députés et les sénateurs seraient
fragilisés à l'égard de personnalités locales et
pourraient plus difficilement constituer un contre-poids. Il a estimé
que cette évolution affaiblirait le Parlement dans l'exercice de sa
fonction de contrôle et qu'à long terme ces transformations
conduiraient à l'adoption du quinquennat pour le mandat du
Président de la République et à la concomitance entre
l'élection du président et celle de l'Assemblée nationale.
M. Jacques Larché, rapporteur
a alors proposé
que l'élu puisse exercer deux mandats, l'un d'entre eux pouvant conduire
à l'exercice d'une fonction exécutive. Il a souligné que
cette solution répondrait au souci de faciliter une certaine circulation
des responsabilités politiques. Il a par ailleurs jugé
nécessaire un " toilettage " des textes afin de supprimer des
dispositions ajoutées par l'Assemblée nationale mais sans lien
avec ces textes.
Concluant son propos, il a fait valoir qu'il fallait garder à l'esprit
que les personnes exerçant un mandat parlementaire et une fonction
exécutive locale ne se trouvaient dans cette situation que parce que les
citoyens avaient voté en ce sens.
M. Charles Jolibois
approuvant le rapporteur, a estimé que
derrière une loi tendant à organiser le cumul des mandats, se
cachait en fait une modification profonde du fonctionnement de notre
démocratie.
Il a jugé nécessaire que de nombreux citoyens puissent être
élus dans leur commune, sans adhérer à un parti, et
puissent accéder à des fonctions plus importantes. C'est pourquoi
il s'est déclaré favorable à une exception pour les
petites communes, faisant valoir que la charge de travail du maire d'une grande
ville n'était pas comparable à celle de maire d'une commune de
moins de 3.500 habitants.
En réponse à
M. Jacques Larché,
rapporteur
, qui lui faisait observer qu'il était à certains
égards plus facile de gérer une grande ville pourvue de services
nombreux qu'une petite commune,
M. Charles Jolibois
a
réaffirmé son attachement à l'idée de seuil.
M. Patrice Gélard
a marqué son adhésion
complète aux propositions du rapporteur, en particulier sur la
possibilité d'exercer un mandat national et un mandat local dont, le cas
échéant, une seule fonction exécutive. Il a
approuvé la suppression des dispositions adoptées par
l'Assemblée nationale, dont il a estimé qu'elles relevaient du
règlement des assemblées et comportaient quelques
inconstitutionnalités. Il a ensuite interrogé le rapporteur sur
le sort des établissements publics intercommunaux à
fiscalité propre.
M. Robert Bret
s'est déclaré favorable aux
projets de loi, bien qu'ils ne lui apparaissent pas régler la crise du
politique et le problème des relations entre élus et citoyens. Il
a estimé essentielle la question du rôle du Parlement, regrettant
que celui-ci soit devenu, du fait d'une dérive présidentialiste
des institutions, une chambre d'enregistrement. Il a souligné les
divergences de fond qui l'opposaient au rapporteur et considéré
qu'il fallait accompagner le non-cumul d'une avancée de la
représentation proportionnelle.
Il a souhaité que le débat porte aussi sur le statut des
élus, les moyens leur permettant d'assumer leur rôle de
proximité, le rajeunissement de la classe politique et la parité
hommes - femmes, puis il a suggéré l'élargissement des
incompatibilités au domaine économique ainsi qu'à
l'intercommunalité.
En réponse,
M. Jacques Larché, rapporteur
,
après avoir constaté que cette réforme pouvait aboutir
à terme à la représentation proportionnelle, a
estimé que celle-ci ne pouvait se justifier que dans le cadre d'un
strict régime présidentiel.
M. Guy Allouche
a regretté qu'on accrédite l'idée
selon laquelle le législateur devrait être exécutif local.
Il s'est demandé si les 35.000 maires qui n'étaient pas
parlementaires étaient de mauvais maires et si les parlementaires qui
n'étaient pas maires étaient de mauvais parlementaires. Il a
rappelé que le projet de loi organique permettait le cumul entre mandat
parlementaire et mandat local et il a relevé qu'en tant que membre d'une
assemblée locale, le parlementaire était parfaitement au contact
du terrain sans exercer pour autant une responsabilité exécutive.
Il a souhaité que le Parlement entre dans le XXIème siècle
en tenant compte des nouvelles réalités, donc en se
différenciant du parlementarisme rationalisé issu de 1958.
M. Guy Allouche
a ensuite déploré la critique
adressée aux partis politiques, rappelant que l'existence des partis
était inscrite dans la Constitution et que la plupart des parlementaires
étaient élus grâce à l'infrastructure
électorale offerte par les partis politiques.
En réponse,
M. Jacques Larché, rapporteur
, a
constaté qu'il existait d'ores et déjà des moyens
techniques considérables facilitant l'exercice d'un mandat local par le
parlementaire.
Concernant le débat parlementaire, il a noté que les
règles suivies actuellement, issues de la IIIème ou de la
IVème République étaient profondément
inadaptées.
M. Pierre Fauchon
a salué la capacité de
certaines personnalités d'exercer simultanément plusieurs
fonctions apportant ainsi une impulsion décisive aux affaires publiques.
Il a jugé essentiel que le cumul des mandats crée des pôles
de résistance à la centralisation. Il a estimé que
l'élu national était beaucoup mieux enraciné dans la
réalité locale en exerçant une fonction exécutive
locale plutôt qu'un simple mandat. Cependant, il a fait observer que
l'action quotidienne à plein temps d'un chef d'exécutif local
pouvait être aussi efficace que l'action d'un parlementaire qui
exercerait simultanément une fonction exécutive locale.
Abordant la question des seuils,
M. Pierre Fauchon
a
considéré que les fonctions de maire de grande ville ou de
président de conseil général ou régional
étaient des emplois à temps complet.
Défavorable aux délégations trop nombreuses, il a
estimé que le responsable d'un exécutif local ne pouvait se
contenter de donner des impulsions et des directives, mais devait entrer dans
le détail des affaires et être présent sur le terrain.
Il a ensuite déploré qu'il faille légiférer en la
matière, préférant que les électeurs tranchent par
leur vote.
S'interrogeant sur la possibilité d'admettre le cumul du mandat national
avec la seule fonction de maire, à l'exclusion de celle de
président de conseil général ou régional,
M.
Pierre Fauchon
a proposé de limiter le cumul dans le temps.
M. Daniel Hoeffel
a estimé que le fait pour un
parlementaire d'être titulaire d'un exécutif local important
permettait de nourrir les débats législatifs.
Partisan d'une décentralisation accrue, il a jugé
nécessaire d'intégrer dans le débat l'évolution
souhaitable des exécutifs locaux vers des responsabilités
élargies. Il s'est interrogé sur la possibilité d'assumer
dans leur plénitude des exécutifs importants et un mandat
parlementaire, soulevant à nouveau la question des seuils applicables
aux maires.
Analysant la situation de la France et celle des autres Etats européens,
il a constaté que les structures fédérales ou
régionalistes ne pouvaient être comparées à
l'organisation de l'Etat en France, et que les partis politiques
français et étrangers avaient des missions, une implantation et
une capacité de sélection des candidats différentes. Il a
relevé que les étrangers étaient à la fois
admiratifs et dubitatifs quant à la capacité des élus
français d'assumer plusieurs charges électives.
M. Daniel Hoeffel
a jugé peu souhaitable d'introduire
des différences entre le régime applicable aux
députés et celui applicable aux sénateurs. Il a
souhaité que le Sénat émette des propositions
constructives qui tiennent compte des évolutions de fait intervenues
depuis la loi de 1985.
Enfin, il a estimé que le débat sur le cumul des mandats
était lié à d'autres préalables, en particulier le
statut des élus et l'intercommunalité. Il a remarqué que
l'organisation des travaux parlementaires avait eu une influence sur l'exercice
des mandats locaux, indiquant qu'il était plus aisé d'exercer un
mandat parlementaire et un exécutif local important lorsque la session
ordinaire durait six mois plutôt que neuf mois. Enfin il a
constaté que l'évolution du rôle du Parlement
conditionnerait la réponse au problème du cumul.
En réponse,
M. Jacques Larché, rapporteur,
a
observé que la concentration des séances publiques sur trois
jours par semaine devait être le corollaire de la session de neuf mois,
mais n'était pas respectée à l'Assemblée nationale.
S'agissant des comparaisons européennes, il a relevé que le cumul
était possible en Espagne, en Italie, en Grèce et au Portugal et
que les structures administratives et politiques de l'Allemagne et de la
Grande-Bretagne n'étaient pas comparables avec celles de la France.
M. Jacques Larché, rapporteur
, s'est prononcé contre un
régime différencié pour les députés et les
sénateurs.
Après avoir regretté que lors du débat à
l'Assemblée nationale des dispositions visant à abaisser à
dix-huit ans l'âge d'éligibilité aient été
adoptées et que l'impossibilité pour les parlementaires d'exercer
certaines professions ait été envisagée,
M. Jacques
Peyrat
a estimé que les maires de communes importantes disposaient
des moyens leur permettant d'exercer également un mandat parlementaire
et qu'il n'était donc pas nécessaire de distinguer entre grandes
et petites communes pour l'application du régime des
incompatibilités à l'exercice des fonctions de maire. Il a en
outre observé que lors de débats récents à
l'Assemblée nationale où l'absentéisme avait eu des
conséquences, les députés présents en séance
étaient pour la plupart également maires. En réponse
à
M. Guy Allouche
, il a indiqué que de son point de vue la
légitimité d'un mandat n'émanait pas d'un parti politique
mais du suffrage des citoyens. Il a enfin précisé que les
responsables locaux ne devaient pas être exclus du débat
parlementaire relatif à l'aménagement du territoire.
M. Paul Girod
a constaté que la complémentarité des
différentes missions exercées justifiait la possibilité
d'un cumul entre un mandat de parlementaire et une fonction exécutive
locale. Il a en revanche estimé que des conflits d'intérêts
pouvaient naître de l'exercice conjoint de deux fonctions
exécutives locales situées dans un même espace territorial,
situation qu'il convenait de prévenir.
M. Christian Bonnet
a souligné que le mandat de parlementaire
était exercé de façon collégiale tandis qu'une
fonction exécutive faisait l'objet d'un exercice personnel. Il a
approuvé les propositions du rapporteur tendant à la fois
à limiter les abus qui avaient pu être constatés en
matière de cumul de fonctions et de mandats électifs et à
conserver la possibilité d'un ancrage local pour les parlementaires. Il
a enfin rejeté l'argument selon lequel l'interdiction de détenir
un mandat local serait de nature à réduire l'absentéisme
parlementaire en estimant que dans pareille hypothèse le parlementaire
éprouverait la nécessité de faire davantage acte de
présence dans sa circonscription d'élection.
M. Jean-Claude Peyronnet
a estimé inopportun de fixer un seuil
tendant à établir une distinction entre petites et grandes
communes.
M. Robert Badinter
a précisé que la décision du
Conseil constitutionnel de 1984 relative au statut des professeurs
d'université avait principalement eu pour objet de conférer une
valeur constitutionnelle au principe de leur indépendance. Il a
estimé que la réflexion menée sur l'adaptation du
régime applicable au cumul des mandats devait prendre en
considération le sentiment dominant exprimé par l'opinion
publique sur l'insuffisance du renouvellement de la classe politique.
En réponse à
M. Robert Badinter
qui, se
référant à une analyse du professeur Jacques Robert,
affirmait que le taux de renouvellement de la classe politique était
inférieur à celui des académiciens,
M. Jacques
Larché, rapporteur
, a objecté que ce taux avait
été de 38% pour les maires élus en 1995, de 33% pour les
présidents de conseils généraux en 1998 et de 62% pour les
présidents de conseils régionaux la même année. Il a
précisé que le taux de renouvellement sénatorial lors du
renouvellement triennal du mois de septembre s'était élevé
à 50% comme celui des députés en 1997.
Contestant que le phénomène du cumul puisse être
favorablement perçu par les citoyens,
M. Robert Badinter
a
observé que les législations en vigueur dans les
démocraties de l'Europe du nord l'interdisaient. Il a estimé que
l'exercice de la fonction de maire d'une grande ville nécessitait une
présence quotidienne dans sa commune. Considérant que le
débat en cours sur le régime du cumul des mandats électifs
était soit insuffisant soit prématuré, il a observé
que la question du statut de l'élu devrait être examiné
ecorrélativement.
Contestant l'interprétation de
M. Robert Badinter
sur
le sentiment de l'opinion publique en matière de cumul des mandats,
M. Jacques Larché, rapporteur
, a souligné que ce sujet
avait surtout préoccupé quelques constitutionnalistes.
Après s'être félicité que quatre-vingts
constitutions dans le monde garantissent le principe de l'indépendance
des professeurs d'université,
M. Patrice
Gélard
a
estimé que l'accumulation des réformes parcellaires concernant
l'organisation des élections et des pouvoirs publics risquait d'aboutir
à l'effondrement de l'équilibre démocratique. Il a
affirmé la nécessité de conduire une réflexion
d'ensemble sur le statut de l'élu, sur la décentralisation et le
rôle du Parlement tout en relativisant la pertinence des comparaisons
avec les autres pays européens.
Après avoir exprimé son accord sur le principe de l'exercice
d'une seule fonction exécutive locale,
M. Charles Jolibois
a
confirmé son souhait d'introduire un seuil pour permettre la
détention d'un mandat électif dans une petite commune en sus des
deux mandats électifs autorisés par le projet de loi.
Puis la commission a procédé à l'examen des amendements
présentés par le rapporteur sur le projet de loi organique.
La commission a adopté un amendement donnant une nouvelle
rédaction à l'
intitulé du projet de loi organique
afin de viser les " incompatibilités " entre mandats
électoraux et non plus la limitation du " cumul " entre ces
mandats.
A
l'article premier
, (incompatibilité entre le mandat de
parlementaire et le mandat de représentant au Parlement
européen), la commission a adopté un amendement tendant à
rétablir une disposition supprimée par l'Assemblée
nationale interdisant à un représentant au Parlement
européen de participer aux travaux du Parlement français pendant
la durée d'un contentieux électoral éventuel.
M.
Jacques Larché,
rapporteur
, a rappelé que cet article
instaurait une incompatibilité entre le mandat de parlementaire et celui
de représentant au Parlement européen en précisant que
cette situation ne concernait actuellement que deux députés. En
réponse à
M. Jean-Paul Delevoye
, il a confirmé la
compatibilité du mandat de représentant au Parlement
européen et d'un mandat local.
La commission a adopté un amendement de suppression de
l'article
premier bis
(incompatibilité du mandat parlementaire avec la
fonction de membre du Conseil de la politique monétaire de la Banque de
France),
M. Jacques Larché, rapporteur
, ayant indiqué que
la disposition interdisant aux membres du Conseil de la politique
monétaire de la Banque de France d'exercer des mandats électifs
figurait déjà à l'article 10 de la loi du 4 août
1993 relative au statut de la Banque de France.
La commission a adopté un amendement de suppression de
l'article premier ter
(incompatibilité du mandat de
parlementaire avec les fonctions de juge des tribunaux de commerce).
M.
Jacques Larché, rapporteur
, a observé qu'une telle
disposition, limitée aux fonctions de juge des tribunaux de commerce,
créerait une rupture d'égalité entre les fonctions
juridictionnelles électives susceptible d'être censurée par
le Conseil constitutionnel.
M. Robert Badinter
a estimé, au
contraire, que l'article premier ter était conforme au principe de la
séparation entre le pouvoir législatif et le pouvoir
juridictionnel.
A l'
article 2
(incompatibilité d'un mandat parlementaire
avec une fonction exécutive locale ou avec plus d'un mandat local), la
commission a admis que le mandat de parlementaire serait incompatible avec
l'exercice de plus d'un mandat local sans toutefois interdire l'exercice d'une
fonction exécutive. Elle a néanmoins, à l'initiative de
M. Charles Jolibois
soutenue par
MM. Paul Girod
et
Jean-Paul Delevoye
, fixé, par
référence au seuil de population communale déclenchant
l'application du scrutin proportionnel, un seuil de 3.500 habitants pour
l'application de l'incompatibilité concernant les conseillers
municipaux.
Après un large débat, le rapporteur a rectifié sa
proposition initiale afin de ne pas étendre l'incompatibilité au
mandat de membre d'un organe délibérant d'un établissement
public de coopération intercommunale doté d'une fiscalité
propre,
MM. Jean-Jacques Hyest, Jean-Paul Delevoye,
Patrice Gélard, Daniel Hoeffel
et
Pierre Jarlier
ayant fait ressortir l'imbrication étroite
qui existait dans les faits entre les organes communaux et intercommunaux et
ayant souligné que le projet de loi sur l'intercommunalité devant
venir prochainement en discussion exigeait que les membres des organismes
intercommunaux soient conseillers municipaux.
La commission a ensuite adopté des amendements de suppression aux
articles 2 bis à 2 decies
introduits par
l'Assemblée nationale et relatifs à diverses
incompatibilités avec le mandat parlementaire :
article 2
bis
(Fonctions de membre du cabinet du président de la
République ou d'un cabinet ministériel) ;
article 2
ter
(Fonctions de membre du directoire de la Banque centrale
européenne et de membre de la Commission européenne) ,
article 2 quater
(Interdiction de confier plus de deux missions par
législature à un parlementaire) ;
article 2 quinquies
(Fonctions de membre d'une chambre consulaire ou d'une chambre
d'agriculture) ;
article 2 sexies
(Fonctions de direction de
société ayant un objet financier et faisant publiquement appel
à l'épargne) ;
article 2 septies
(Exercice des droits
attachés à la propriété de tout ou partie d'une
société visée à l'article L.O. 146 du
code électoral) ;
article 2 octies
(Exercice d'une
fonction de direction ou de conseil dans une société visée
à l'article L.O. 146 du code électoral) ;
article 2 nonies
(Exercice de fonctions non
rémunérées au sein du conseil d'administration d'une
société d'économie mixte locale) ;
article 2
decies
(Limitations à l'exercice de la profession d'avocat).
A l'
article 3
(harmonisation des délais de règlement
des incompatibilités, publication au journal officiel des
déclarations d'activités professionnelles et
d'intérêt général), elle a accepté, sous
réserve d'un amendement de coordination, l'harmonisation à
30 jours des délais de règlement des incompatibilités
mais a supprimé la publication au journal officiel des
déclarations d'activité professionnelle et d'intérêt
général.
Puis, après que le rapporteur eut souligné qu'il était
nécessaire de préserver la liberté de choix, la commission
a adopté un amendement de suppression de l'
article 4
(règlement des incompatibilités survenant postérieurement
à l'élection du parlementaire) qui contraignait le parlementaire
se trouvant en situation d'incompatibilité à démissionner
d'un mandat qu'il détenait antérieurement.
Après les observations de
MM. Pierre Fauchon,
Jean-Claude Peyronnet, Jean-Jacques Hyest,
Jacques Mahéas et Jean-Paul Delevoye,
elle a
également adopté des amendements de suppression aux
articles 4 bis à 4 quinquies
introduits par
l'Assemblée nationale :
article 4 bis
(Eligibilité
à 18 ans des sénateurs) ;
article 4 ter
(Participation des parlementaires aux commissions constituées dans leur
département d'élection) ;
article 4 quater
(Association des parlementaires à la préparation et à
l'exécution des contrats locaux) ;
article 4 quinquies
(Communication pour avis aux commissions des finances des deux
assemblées avant leur publication des décrets d'ouverture et
arrêtés d'annulation de crédits).
Elle a modifié les
articles 5 à 8
relatifs à
l'application outre-mer de la loi et introduit deux articles additionnels
après l'
article 8
, pour prévoir spécifiquement
l'adaptation de la loi en Polynésie française, en Nouvelle
Calédonie, dans les îles Wallis et Futuna et à Mayotte,
ainsi qu'à Saint-Pierre-et-Miquelon.
A l'
article 10
(dispositions transitoires)
,
elle a prévu
que les parlementaires se trouvant, à la date de publication de la loi,
dans un cas d'incompatibilité instituée par celle-ci, devraient
faire cesser cette incompatibilité au plus tard lors du renouvellement
de leur mandat parlementaire, les parlementaires représentants au
Parlement européen devant faire cesser cette incompatibilité au
plus tard lors du renouvellement de leur mandat européen.
La commission a enfin procédé à l'
examen des
articles
du
projet de loi n° 464
(1997-1998) relatif
à la
limitation
du
cumul
des
mandats
électoraux
et des
fonctions
et à leurs
conditions
d'exercice.
Par coordination avec la décision prise pour l'intitulé du projet
de loi organique, elle a adopté un amendement modifiant
l'intitulé du projet de loi.
A l'
article premier A
(fixation à 18 ans de l'âge
d'éligibilité), elle a adopté un amendement de suppression
de cet article.
A l'
article premier
(généralisation de la limitation
à deux du nombre des mandats locaux exercés
simultanément), la commission a adopté un amendement
précisant que nul ne pouvait exercer simultanément plus de deux
des mandats suivants : conseiller régional, conseiller à
l'Assemblée de Corse, conseiller général, conseiller de
Paris, conseiller municipal d'une commune de plus de 3.500 habitants. Elle
a en outre décidé de maintenir la possibilité pour un
élu en situation d'incompatibilité de choisir celui de ses
mandats ou fonctions qu'il désirait abandonner.
La commission a ensuite décidé de supprimer les
articles 2
bis
(incompatibilité entre un mandat local et la fonction de membre
du bureau d'une chambre consulaire et d'une chambre d'agriculture),
2
ter
(fixation à 18 ans de l'âge
d'éligibilité des conseillers généraux),
2
quater
(inéligibilité aux élections municipales des
membres du cabinet du président du conseil général, du
conseil régional ou du conseil exécutif de Corse),
2
quinquiès
(éligibilité des conseillers
régionaux à 18 ans).
A l'
article 3
(éligibilité du maire à 18 ans -
fonctions incompatibles avec celles de maire), elle a adopté un
amendement précisant que les fonctions de maire d'une commune d'au moins
3.500 habitants étaient incompatibles avec celles de
président d'un conseil général ou de président d'un
conseil régional et supprimant les incompatibilités entre une
fonction de maire et les fonctions de membre de la Commission
européenne, de membre du directoire de la Banque centrale
européenne, de membre du conseil de la politique monétaire de la
Banque de France, de juge des tribunaux de commerce.
Aux
articles 3 bis
(interdiction de recevoir une
délégation pour le conseiller municipal ayant
démissionné de ses fonctions de maire afin de se conformer
à la législation sur les incompatibilités),
3 ter
(bénéfice d'un crédit d'heures pour les conseillers
municipaux des communes de plus de 3.500 habitants),
3 quater
(barème du crédit d'heures pour les conseillers municipaux des
communes de moins de 100.000 habitants),
3 quinquies
(suspension du
contrat de travail des élus municipaux),
3 sexies
(revalorisation
de l'indemnité maximale de fonction des maires), la commission a
adopté des amendements de suppression de ces articles.
A propos de l'
article 3 ter
,
M. Jacques Larché,
rapporteur,
a souligné que le problème du statut de
l'élu était abordé de manière beaucoup trop
partielle dans ce texte et que les choix opérés par
l'Assemblée nationale ouvraient des perspectives inquiétantes
pour les finances locales.
M. Jean-Paul Delevoye
a alors
souligné que le texte issu des travaux de l'Assemblée nationale
donnait l'impression que la revalorisation des indemnités
accordées au maire constituait la contrepartie des nouvelles
incompatibilités. Il a estimé que le statut de l'élu
devait être revu pour des raisons d'efficacité et non parce qu'on
limitait les possibilités de cumul des mandats. Il a souhaité que
dans l'avenir une réflexion soit entreprise sur le problème de
l'inégalité devant les mandats et de la professionnalisation plus
grande de l'exercice de ces mandats, certaines personnes pouvant actuellement
exercer beaucoup plus facilement que d'autres des fonctions électives.
M. Jacques Larché, rapporteur,
a alors observé
qu'il conviendrait de réfléchir à la limitation dans le
temps des possibilités pour des fonctionnaires choisissant
d'entreprendre une carrière politique d'être par la suite
automatiquement réintégrés dans leur corps d'origine.
M. Pierre Jarlier
a indiqué que son expérience
personnelle lui avait permis de mesurer les insuffisances actuelles du statut
de l'élu et a rappelé qu'un ancien maire d'une commune de moins
de 10.000 habitants, issu d'une profession libérale ne
bénéficiait d'aucune garantie sociale.
A l'
article 4
(fonctions incompatibles avec celles de président
de conseil général), la commission a adopté un amendement
précisant que les fonctions de président de conseil
général étaient incompatibles avec celles de
président d'un conseil régional et de maire d'une commune
comportant au moins 3.500 habitants, et supprimant les
incompatibilités entre une fonction de président de conseil
général et les fonctions de membre de la Commission
européenne, de membre du directoire de la Banque centrale
européenne, de membre du conseil de la politique monétaire de la
Banque de France, de juge des tribunaux de commerce.
A l'
article 4 bis
(interdiction de recevoir une délégation
pour le conseiller général ayant démissionné de ses
fonctions de président du conseil général afin de se
conformer à la législation sur les incompatibilités), elle
a adopté un amendement de suppression de cet article.
A l'
article 5
(fonctions incompatibles avec celles de président
du conseil régional), elle a adopté un amendement étendant
à la fonction de maire d'une commune d'au moins 3.500 habitants
l'incompatibilité existante entre les fonctions de président de
conseil général et celles de président de conseil
régional, et supprimant les incompatibilités ajoutées par
l'Assemblée nationale (membre de la Commission européenne, membre
du directoire de la Banque centrale européenne, du conseil de la
politique monétaire de la Banque de France, juge des tribunaux de
commerce).
A l'
article 5 bis
(interdiction de recevoir une délégation
pour le conseiller régional ayant démissionné de ses
fonctions de président du conseil régional afin de se conformer
à la législation sur les incompatibilités), elle a
adopté un amendement de suppression de cet article.
A l'
article 6
(incompatibilités applicables au président
du conseil exécutif de Corse), la commission a adopté un
amendement de coordination.
A l'
article 8
(incompatibilité du mandat de représentant
au Parlement européen avec des mandats et fonctions électives),
la commission a adopté un amendement supprimant le texte proposé
par cet article pour l'article 6-2 de la loi du 7 juillet 1977 relative
à l'élection des représentants au Parlement
européen. Elle a adopté un amendement modifiant le texte
proposé pour l'
article 6-3
de la loi du 7 juillet 1977
relative à l'élection des représentants au Parlement
européen, afin de prévoir l'incompatibilité de l'exercice
du mandat de représentant au Parlement européen avec l'exercice
de plus d'un des mandats suivants : conseiller régional, conseiller
à l'Assemblée de Corse, conseiller général,
conseiller de Paris, conseiller municipal d'une commune comportant au moins
3.500 habitants. Elle a en outre décidé de maintenir la
possibilité pour l'élu en situation d'incompatibilité de
choisir le mandat qu'il souhaitait abandonner. Elle a adopté deux
amendements supprimant le texte proposé par cet article pour les
articles 6-3-1 et 6-3-2
de la loi du 7 juillet 1977 relative
à l'élection des représentants au Parlement
européen. Elle a enfin adopté un amendement de coordination.
A l'
article 9
(incompatibilités applicables au
remplaçant du parlementaire européen), la commission a
adopté un amendement de coordination.
Par coordination avec ses décisions précédentes, la
commission a adopté un amendement supprimant le titre III bis et
son intitulé. Aux
articles 9 bis
(information des
parlementaires par les commissions permanentes des assemblées),
9 ter
(communication au Parlement de documents relatifs à la
préparation et à l'exécution des lois - pouvoir d'entendre
tout fonctionnaire),
9 quater
(communication des décrets
d'application avant leur publication),
9 quinquies
(moyens
d'information du Parlement), la commission a adopté des amendements de
suppression de ces articles.
Aux
articles 10
(principe de l'application de la loi dans les
territoires d'outre-mer et à Mayotte)
et 11
(modalités
d'application de la loi en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie
française et à Mayotte), la commission a adopté deux
amendements de coordination avec ses décisions précédentes
pour l'application du texte aux territoires d'outre-mer et à la
Nouvelle-Calédonie.
Après l'
article 11
, elle a adopté un amendement
insérant un article additionnel afin de prévoir l'application des
dispositions de l'article 3 du projet de loi en Nouvelle-Calédonie,
le code général des collectivités territoriales
n'étant pas applicable dans cette collectivité.
Aux
articles 12
(modalités d'application de la loi à
Saint-Pierre-et-Miquelon) et
13
(modalités d'application de la
loi à Mayotte), la commission a adopté deux amendements de
coordination pour l'application du texte à la collectivité
territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon et à la collectivité
territoriale de Mayotte.