COMPTE RENDU DES AUDITIONS
DU MARDI 20 OCTOBRE 1998
La
commission a tout d'abord
procédé à
l'
audition
de
M. Louis de Broissia, président du conseil
général de la Côte-d'Or, membre de l'Association des
présidents de conseils généraux (APCG).
En préambule,
M. Jacques Larché, rapporteur,
a
rappelé que la disposition essentielle du texte en provenance de
l'Assemblée nationale était l'incompatibilité entre un
mandat national et une fonction exécutive locale, les motifs principaux
avancés étant le renouvellement des élites et la lutte
contre l'absentéisme.
Il a jugé paradoxale la disposition adoptée par
l'Assemblée nationale rendant les élus nationaux membres de droit
des commissions locales de leur département. Faisant ressortir que, dans
son propre département, il existait 110 commissions, certaines
dotées d'une règle de quorum, il a estimé que cette mesure
était loin d'être de nature à combattre
l'absentéisme parlementaire.
Il a approuvé l'incompatibilité des mandats parlementaires avec
un mandat européen, tout en s'interrogeant sur la possibilité
d'exercice conjoint d'un mandat local et d'un mandat européen.
M. Louis de Brossia,
a indiqué que l'APCG, représentant la
totalité des 102 départements français et donc les
4.224 conseillers généraux de France, avait sollicité
l'avis de ses membres et constitué un groupe de travail sous la
présidence de M. Eric Doligé, député et
président du conseil général du Loiret. Il a
déclaré que, à la suite de ces travaux, l'APCG n'avait pas
pris de position officielle sur le cumul des mandats mais qu'existaient
plusieurs points de convergence, réaffirmés lors du récent
congrès de Rouen.
En premier lieu, il a indiqué que l'APCG craignait que l'interdiction
d'exercice conjoint d'un mandat national et d'un mandat local n'entraîne
un affaiblissement du dialogue nécessaire entre l'échelon
national et les collectivités décentralisées et qu'elle
considérait en conséquence que cet exercice conjoint devait
être au contraire encouragé.
En second lieu, il a fait ressortir qu'on ne pouvait différencier, au
regard des objectifs poursuivis par la loi, l'exercice d'une fonction de
président de conseil général de celle de
vice-président ayant reçu délégation ou même
de conseiller chargé de représenter le conseil
général dans divers organismes publics tels les offices publics
d'HLM.
Il a donc indiqué que l'APCG était favorable à l'exercice
conjoint d'un mandat national et d'un mandat local, y compris d'une fonction
exécutive.
En réponse à
M. Paul Girod
qui a soulevé la
question du cumul de deux fonctions exécutives locales ou d'une fonction
ministérielle et d'une fonction exécutive locale,
M. Louis de
Brossia
a indiqué que l'APCG n'avait pas pris de position officielle
à cet égard.
M. Jacques Larché, rapporteur,
a considéré que le
texte en discussion pouvait apparaître comme un prolongement utile de la
loi de 1985, qui avait pu être votée en termes identiques par les
deux assemblées grâce au souci de conciliation du ministre de
l'intérieur de l'époque. Après s'être
déclaré favorable à la limitation de l'exercice conjoint
des mandats à un mandat national et un mandat local, à condition
que le mandat local puisse déboucher sur une fonction exécutive,
il s'est interrogé sur la compatibilité de deux fonctions
exécutives locales.
M. Jean-Paul Delevoye
a considéré que la question du
conflit d'intérêts était au coeur du débat. Il a
souligné la différence entre le régime français,
basé sur une décentralisation contractuelle et un système
fédéral dans lequel les collectivités peuvent être
déconnectées. Il a indiqué que dans d'autres pays, la
question de l'exercice conjoint des mandats était souvent
réglée au niveau des partis politiques.
M. Jacques Larché, rapporteur,
a indiqué qu'il n'y avait
pas d'exception française sur la question, les pays latins acceptant
souvent un exercice conjoint des mandats et les structures politiques et
administratives de l'Allemagne fédérale et de la Grande-Bretagne
ne pouvant être comparées à celles de la France.
M. Jean-Paul Delevoye
a approuvé l'exercice exclusif du mandat de
parlementaire européen comme de la fonction de ministre, tout en
soulignant qu'il faudrait étudier des solutions permettant à un
ancien ministre de retrouver un mandat. Il s'est déclaré
favorable au maintien de l'incompatibilité entre président de
conseil général et président de conseil régional et
à la possibilité d'exercer conjointement un mandat parlementaire
et une fonction exécutive locale.
Il a insisté sur la difficulté de définir clairement les
fonctions exécutives locales, un conseiller pouvant détenir une
délégation pour représenter son conseil dans divers
organismes, tels des sociétés d'économie mixte ou des
hôpitaux. Il a souligné l'incohérence qu'il y aurait, au
regard de l'absentéisme, à interdire à un parlementaire
d'exercer une fonction exécutive locale tout en l'instituant membre de
droit des commissions locales. Il a considéré que l'interdiction
du cumul aurait un caractère néfaste dans la mesure où
elle ne pourrait manquer de générer des oppositions de personnes
de nature à neutraliser le dynamisme d'une circonscription au moment
où toutes les énergies étaient appelées à
s'associer dans le cadre de l'intercommunalité. Il a rappelé que
l'émergence de personnalités avait été la
clé du développement de certaines régions.
M. Jean-Paul Delevoye,
a estimé qu'il conviendrait de
réfléchir au statut de l'élu. Il a jugé que
l'Assemblée nationale, en souhaitant limiter l'action des groupes de
pression, avait été trop loin en interdisant à un
parlementaire d'être membre d'une chambre consulaire ou d'agriculture,
chaque parlementaire pouvant dans cette optique être
considéré comme le représentant d'un groupe de pression,
ne serait-ce que de sa circonscription ou de son parti politique.
Il a considéré que le véritable débat
résidait plutôt dans la démocratisation des relations des
élus avec leurs partis. Il a insisté sur le fait que le
rapprochement des citoyens de la chose publique ne pourrait intervenir que
grâce à une véritable dynamique entre la vie parlementaire
et la vie locale, dynamique qu'il serait contraire à
l'intérêt public de casser.
M. Louis de Brossia
a considéré que l'exercice de deux
fonctions exécutives locales ne devrait pas générer de
réels conflits d'intérêts à condition qu'existe un
contrôle efficace des collectivités. Il a souhaité à
cet égard que le contrôle de légalité exercé
par l'Etat et le contrôle financier relevant de la Chambre
régionale des comptes soient réellement complémentaires et
transparents, leur enchevêtrement actuel rendant difficile la perception
de sa mission par l'exécutif local.
M. Jacques Larché, rapporteur,
approuvé par
M. Patrice
Gélard
, a considéré que les techniques du débat
parlementaire étaient archaïques et favorisaient
l'absentéisme.
Soulignant que les parlementaires recherchaient naturellement un mandat local,
M. Louis de Brossia
a considéré en conclusion qu'il ne
fallait pas éloigner les citoyens de leurs élus en allant
à l'encontre de cette volonté d'enracinement local.
M. Jean-Paul Delevoye
s'est interrogé sur la
nécessité de prévoir dans la loi la participation des
parlementaires à l'élaboration des contrats de plan alors que les
conseils généraux eux-mêmes n'y étaient
associés que par voie de circulaire.
M. Jacques Mahéas,
prenant l'exemple de la crise
actuelle des lycées, a insisté sur le nécessaire dialogue
entre l'Etat, les parlementaires et les collectivités locales.
M. Jean-Claude Peyronnet
, ayant indiqué que
l'Assemblée nationale avait introduit la participation des
parlementaires aux commissions locales pour éviter une rupture
jugée non souhaitable avec l'échelon local,
M. Jacques
Larché, rapporteur
, a souligné qu'elle avait par là
même affaibli sa position de principe sur l'incompatibilité des
mandats.
Puis, la commission a procédé à l'audition de
M. Jean-Pierre Raffarin, président du conseil régional de
Poitou-Charente, président par intérim de l'Association nationale
des élus régionaux (ANER).
M. Jacques Larché, rapporteur
, estimant que le terme de
" cumul " avait trop souvent revêtu une connotation
péjorative, a rappelé sa préférence pour la notion
d'exercice conjoint des mandats électoraux consacrée par la loi
de 1985. Il a souligné que la question de la compatibilité des
fonctions ministérielles avec un mandat électif,
nécessitant l'intervention d'une révision constitutionnelle,
n'était pas traitée par le projet de réforme
proposé. Il a considéré qu'il faudrait s'interroger sur la
possibilité pour l'ancien ministre de retrouver son mandat
parlementaire, ce qui est aujourd'hui impossible dans les départements
où le scrutin proportionnel est applicable. Il a sollicité l'avis
de l'Association nationale des élus régionaux sur la question de
l'incompatibilité du mandat de député ou de
sénateur avec les fonctions exécutives locales.
Après avoir souligné le pluralisme de l'Association nationale des
élus régionaux,
M. Jean-Pierre Raffarin
a indiqué
qu'elle n'était globalement pas favorable au principe d'une
incompatibilité entre une fonction exécutive locale et un mandat
parlementaire. Il a souligné l'importance d'assurer une présence
des collectivités décentralisées dans le débat
national dans la mesure où la ressource territoriale était de
plus en plus budgétisée.
Concernant la question des incompatibilités avec la fonction de maire,
il a estimé que l'ensemble des communes ne pouvait être
traité de manière identique. Il a par ailleurs estimé que
l'article 4 quater du projet de loi organique, prévoyant l'association
des députés et sénateurs à la préparation
des contrats de plan, des contrats d'agglomération, des contrats de
ville et des contrats de pays concernant leur département
d'élection, était source de confusion.
M. Jacques Larché, rapporteur
, a estimé que l'article 4
ter du projet de loi organique faisant des députés et
sénateurs des membres de droit des commissions constituées dans
leur département d'élection constituait un encouragement à
l'absentéisme, contraire à l'objectif poursuivi par la
réforme. Il a rappelé avoir dénombré quelque
cent-dix commissions en Seine-et-Marne.
M. Jean-Pierre Raffarin
a qualifié d'illusoire l'abaissement
à dix-huit ans de l'âge d'éligibilité au mandat de
sénateur alors que des propositions crédibles pouvaient
être faites en ce domaine.
M. Jacques Larché, rapporteur
, s'est interrogé sur le
régime qui devrait être appliqué aux représentants
au Parlement européen concernant la détention conjointe de
mandats électifs locaux. Il a souhaité connaître le
critère de seuil retenu par l'Association nationale des élus
régionaux pour l'exercice d'une éventuelle seconde fonction
exécutive locale.
Approuvé par
M. Jacques Larché, rapporteur, M. Nicolas
About
a observé que le seul critère du seuil
démographique n'était pas pertinent dans la mesure où le
maire d'une commune de moyenne importance, ne disposant pas de services
très étoffés, supportait une charge de travail
équivalente à celle d'un maire de grande ville.
S'interrogeant sur la définition à donner de la fonction
exécutive,
M. Jean-Paul Delevoye
a estimé
nécessaire une revitalisation du débat démocratique local.
Il a précisé que, sur les dix-huit derniers mois, avait
été enregistrée une démission de maire chaque mois
et qu'il y avait aujourd'hui pénurie de candidats. Il a exprimé
la crainte que la limitation des possibilités de cumul à une
seule fonction exécutive ne vienne encore restreindre le vivier des
candidats et que le mécanisme des délégations de pouvoirs
ne permette aisément de contourner l'interdiction prévue par le
projet de loi organique. Il a souligné la nécessité de
veiller à ce que le nouveau régime des incompatibilités ne
nuise pas au développement de l'intercommunalité.
M. Jean-Claude Peyronnet
a estimé que la fixation de seuils pour
l'application des règles de cumul aux fonctions exécutives
locales risquait d'aboutir à l'apparition de deux parcours distincts
pour accéder aux responsabilités politiques et par voie de
conséquence à deux catégories d'élus.
Approuvé par
M. Nicolas About
, il a appelé à une
harmonisation des dispositions du code électoral en observant que
l'article 2 quater du projet de loi interdisant l'accès au mandat de
conseiller municipal des personnes ayant exercé au cours des six
derniers mois des fonctions de direction au conseil général ou
régional ne visait pas les mêmes fonctions exercées au sein
du cabinet du maire de la commune concernée.
M. Jean-Pierre Raffarin
a indiqué que le critère
discriminant à retenir pour la définition du régime des
incompatibilités applicable aux fonctions exécutives locales
devait être la détention d'une délégation
budgétaire.
M. Jean-Paul Delevoye
a estimé qu'un tel
critère offrait l'avantage de gommer la notion de conflits
d'intérêts.
Après avoir observé que, selon la pratique mise en oeuvre, la
politique régionale pouvait avoir une incidence centralisatrice ou au
contraire décentralisatrice,
M. Jean-Pierre Raffarin
s'est
déclaré favorable à la détention par le
président de conseil régional d'une fonction exécutive
locale. Il a estimé que la disposition du projet de loi sur les conseils
régionaux en instance au Sénat, instaurant la motion de renvoi et
transposant au niveau régional la procédure de la motion de
censure, risquait d'aboutir à une politisation excessive des
débats des conseils régionaux en introduisant une logique
purement partisane.
Il a par ailleurs reconnu la nécessité d'opérer une
actualisation des dispositions du code électoral concernant les
incompatibilités relatives aux diverses fonctions exercées dans
une circonscription.
M. Jean-Pierre Raffarin
s'étant interrogé sur la
compatibilité entre les fonctions de président de conseil
général ou régional et celles de proviseur de lycée
implanté dans le canton ou le département d'élection,
M. Jacques Larché, rapporteur
, a indiqué que cette
observation posait le problème plus général de la
compatibilité d'un mandat ou d'une fonction élective avec le
statut de la fonction publique.
M. Jacques
Mahéas
a estimé que cette interrogation
valait également pour les patrons de grandes entreprises
implantées localement.
M. Jacques Larché, rapporteur
, a
également souligné le caractère irréaliste de la
disposition du projet de loi organique interdisant à un parlementaire de
se voir confier plus de deux missions au cours d'une même
législature.
Concernant le projet de loi relatif au mode d'élection des conseillers
régionaux,
M. Jean-Pierre Raffarin
a indiqué à la
commission qu'il avait déposé un amendement tendant à ce
que, à l'instar de ce qui était pratiqué en Espagne, tous
les scrutins n'aient pas lieu un même jour. Il a estimé qu'un
étalement dans le temps du déroulement de ces élections
serait de nature à éviter une " nationalisation " du
débat régional. Il s'est en outre déclaré favorable
au cadre départemental comme circonscription d'élection dans la
mesure où les modalités du scrutin devaient permettre de
préserver une cohérence régionale.
M. Jean-Paul Delevoye
ayant observé que le statut indemnitaire
des élus siégeant dans les comités économiques et
sociaux des départements et des régions mériterait
d'être clarifié.
M. Jean-Pierre Raffarin
a
précisé que l'Association nationale des élus
régionaux n'avait pas défini de position commune sur ce point.
Enfin, la commission a procédé à l'audition de
M. Jean-Claude Frécon, maire de Pouilly-les-Feurs, membre du
bureau de l'Association des maires de France (AMF)
.
M. Jean-Claude Frécon
a tout d'abord indiqué que des
sensibilités différentes s'exprimaient au sein de l'Association
des maires de France mais que le bureau de cette association avait
délibéré sur les deux projets de loi soumis au Parlement
et avait pris position de manière très claire en faveur de quatre
orientations :
- l'incompatibilité totale entre une fonction ministérielle et
tout autre mandat ou fonction ;
- l'incompatibilité entre un mandat de parlementaire national et un
mandat de parlementaire européen ;
- l' incompatibilité entre deux fonctions exécutives locales ;
- le maintien de la possibilité d'exercer conjointement un mandat
parlementaire et une fonction exécutive locale, afin de maintenir un
lien entre le niveau national et le niveau local.
M. Jean-Claude Frécon
a ensuite souligné que
l'Association des maires de France avait souhaité attiré
l'attention du législateur sur quelques points précis
méritant peut-être des évolutions : la
définition éventuelle d'une limite d'âge pour l'exercice
des mandats électifs, la mise en oeuvre d'une limite au renouvellement
du même mandat, l'inégalité des citoyens devant les
mandats, enfin la nécessité de définir un statut de
l'élu local. A propos de l'inégalité des citoyens devant
le mandat, il a précisé que certaines activités
professionnelles facilitaient davantage que d'autres l'exercice de
responsabilités locales et qu'il était plus ou moins aisé,
selon les activités en cause, de reprendre l'exercice d'une profession
à la fin d'un mandat.
Evoquant le statut de l'élu local,
M. Jean-Claude
Frécon
a approuvé la revalorisation du montant des
indemnités des maires tout en soulignant que l'Etat ne pouvait pas
entièrement se décharger sur les budgets locaux en ce domaine,
les petites communes en particulier n'étant pas en mesure de faire face
à cette charge. Il a rappelé qu'un groupe de travail avait
été constitué il y a quelques années autour de
M. Marcel Debarge et que les travaux de ce groupe avaient
déjà conduit à une revalorisation des indemnités
tandis qu'un effort supplémentaire avait été
envisagé pour l'avenir.
M. Jean-Claude Frécon
a alors évoqué la
dotation " élu local " introduite en 1992 pour les petites
communes et a souligné que cette dotation représentait
aujourd'hui environ 14.000 francs par an et par commune de moins de
1.000 habitants. Observant que la revalorisation des indemnités des
maires entraînerait une augmentation des ressources de l'Etat, les
indemnités étant désormais partiellement
fiscalisées, il a estimé que le niveau de la dotation devrait
être revu à la hausse et a souhaité qu'une réflexion
soit entreprise sur la nécessité éventuelle d'en faire
bénéficier d'autres communes que celles de moins de 1.000
habitants.
M. Jean-Claude Frécon
a ensuite souligné que la
nature juridique de l'indemnité de fonction des maires demeurait
ambiguë. Il a indiqué que malgré une circulaire de 1992
précisant qu'il ne s'agissait ni d'un salaire, ni d'un traitement, ni
d'une rémunération quelconque, cette indemnité
était parfois considérée comme un salaire en particulier
pour l'attribution de certaines prestations telles que le RMI, les allocations
logement ou les allocations familiales. Il a souhaité qu'il soit plus
clairement précisé, au besoin dans une loi, que ces
indemnités étaient des indemnités de fonction et s'est
prononcé en faveur de leur insaisissabilité partielle.
M. Jean-Claude Frécon
a attiré l'attention de la
commission sur la situation des présidents des conseils d'administration
des services d'incendie et de secours qui ne perçoivent aucune
indemnité. Il a enfin noté que certaines ambiguïtés
relatives au régime de protection sociale et de retraite des
fonctionnaires en position de détachement pour exercice d'un mandat
électif mériteraient d'être levées.
Concluant son propos
, M. Jean-Claude Frécon
a
évoqué la situation des élus des départements et
territoires d'outre-mer pour souhaiter la reconnaissance d'un statut d'adjoint
de proximité dans les communes éloignées des
départements d'outre-mer et de la collectivité territoriale de
Mayotte.
A propos des fonctions ministérielles,
M. Jacques Larché, rapporteur
, a rappelé que les
deux projets de loi n'évoquaient pas cette question, et qu'il aurait
été plus logique que le Gouvernement dépose d'abord un
projet de loi constitutionnelle pour traiter de la question de la
compatibilité d'une fonction ministérielle avec un mandat local,
cette question étant ignorée par l'article 23 de la
Constitution. Le rapporteur a indiqué que les parlementaires pouvaient
envisager le dépôt d'un proposition de loi constitutionnelle, mais
qu'une telle proposition, si les deux assemblées parvenaient à un
accord, ne pourrait être approuvée que par
référendum.
M. Maurice Ulrich
a alors observé que les deux projets
de loi feraient l'objet d'une discussion longue et que rien n'empêchait
le Sénat de marquer l'importance qu'il attache au règlement de la
question de la compatibilité des fonctions ministérielles avec
l'exercice de mandats locaux et de déterminer sa position finale sur les
projets de loi en discussion en fonction des initiatives prises par le
Gouvernement au cours des prochaines semaines.
Evoquant l'inégalité des citoyens devant les mandats,
M. Jacques Larché, rapporteur
, a souligné que
les retraités et les fonctionnaires pouvaient beaucoup plus facilement
que les autres citoyens prétendre exercer des mandats électifs.
Il a souhaité savoir si l'AMF était favorable à la
possibilité pour un parlementaire européen de détenir un
mandat local.
M. Jean-Claude Frécon
a alors indiqué que dans les
positions qu'elle avait prises, l'AMF n'avait pas fait de distinction sur ce
point entre les parlementaires nationaux et les parlementaires européens.
M. Jean-Claude Peyronnet
a estimé utile que les maires
des grandes collectivités puissent être présents au niveau
européen. A propos de l'absence d'indemnités pour les
présidents des conseils d'administration des services d'incendie et de
secours, il a estimé que ce problème concernait l'ensemble des
établissements publics.
M. Jacques Larché, rapporteur
, a estimé à
propos du statut de l'élu qu'il serait fâcheux que l'élu
local soit entièrement payé par l'Etat. Il a en outre
rappelé que la revalorisation des indemnités prévue dans
le projet de loi aurait un coût d'environ 800 millions de francs qui
serait en définitive supporté par le contribuable.
M. Jean-Claude Frécon
a souhaité rappeler que le
maire remplissait un grand nombre de fonctions en tant qu'agent de l'Etat et
qu'il était normal que l'Etat participe à l'indemnisation du
maire.
M. Jean-Paul Amoudry
a souligné que dans le cadre de
travaux sur le contrôle financier des collectivités locales, il
avait pu constater les différences existant entre le contrôle de
légalité et le contrôle financier. Il a indiqué que
certains décelaient dans le cumul des mandats la raison des
dysfonctionnements observés dans le contrôle de
légalité. Soulignant qu'il était exact que le
contrôle de légalité pouvait être plus approximatif
lorsqu'il concernait un maire exerçant par ailleurs une fonction
ministérielle, il a regretté que l'on généralise
parfois cette situation en considérant que les parlementaires
exerçant une fonction exécutive locale
bénéficiaient d'un contrôle de légalité peu
rigoureux.
M. Jean-Paul Delevoye
a alors fait valoir qu'en tout état de
cause le contrôle de légalité ne constituait pas pour les
maires un gage de sécurité juridique. Il a souligné que
les parlementaires condamnés au titre du contrôle financier
subissaient beaucoup plus que les autres les conséquences de cette
condamnation du fait du retentissement qu'elle pouvait avoir. Il a alors
estimé que le véritable problème était celui de la
qualité des services de l'Etat. Observant que les préfets ne
disposaient que de faibles moyens pour la mise en oeuvre du contrôle de
légalité, il a estimé qu'il devenait vital pour les maires
de prévenir les risques contentieux.