Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
VASSELLE (Alain)
RAPPORT 58 (98-99), Tome III - COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES
Table des matières
- TRAVAUX DE LA COMMISSION
-
AUDITION DE M. JEAN-LUC CAZETTES, PRÉSIDENT DE LA CAISSE NATIONALE
D'ASSURANCE VIEILLESSE DES TRAVAILLEURS SALARIÉS
-
I. LE RÉGIME GÉNÉRAL D'ASSURANCE VIEILLESSE : UN
DÉFICIT STRUCTUREL
-
A. LES DIFFÉRENTS RÉGIMES D'ASSURANCE VIEILLESSE CONNAISSENT DES
SITUATIONS CONTRASTÉES
- 1. La branche vieillesse du régime général (CNAVTS) reste déficitaire
- 2. Les régimes de base des non-salariés sont équilibrés
- 3. Les régimes complémentaires de salariés AGIRC et ARRCO enregistrent les effets positifs des accords du 25 avril 1996
- 4. La situation financière de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL) est préoccupante
- B. LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE NE PARVIENT PAS À RAMENER À L'ÉQUILIBRE LA BRANCHE VIEILLESSE DU RÉGIME GÉNÉRAL
- C. LE GOUVERNEMENT N'APPORTE PAS DE VÉRITABLE RÉPONSE AUX PROBLÈMES IMMÉDIATS
-
A. LES DIFFÉRENTS RÉGIMES D'ASSURANCE VIEILLESSE CONNAISSENT DES
SITUATIONS CONTRASTÉES
- II. L'AVENIR DES RÉGIMES DE RETRAITE : EN ATTENDANT CHARPIN...88 Ce titre a été choisi en référence à l'oeuvre de Samuel Beckett " En attendant Godot " (1953).
-
I. LE RÉGIME GÉNÉRAL D'ASSURANCE VIEILLESSE : UN
DÉFICIT STRUCTUREL
N° 58
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999
Annexe au procès-verbal de la séance du 10 novembre 1998
RAPPORT
FAIT
au nom de la commission des Affaires sociales (1) sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME
III
ASSURANCE VIEILLESSE
Par M. Alain VASSELLE,
Sénateur.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean Delaneau,
président
; Jacques Bimbenet, Louis Boyer, Mme Marie-Madeleine
Dieulangard, MM. Guy Fischer, Jean-Louis Lorrain, Louis Souvet,
vice-présidents
; Mme Annick Bocandé, MM. Charles
Descours, Alain Gournac, Roland Huguet,
secrétaires
; Henri
d'Attilio, François Autain, Paul Blanc, Mme Nicole Borvo, MM.
Jean-Pierre Cantegrit, Bernard Cazeau, Gilbert Chabroux, Jean Chérioux,
Philippe Darniche, Christian Demuynck, Claude Domeizel, Jacques Dominati,
Michel Esneu, Alfred Foy, Serge Franchis, Francis Giraud, Claude Huriet,
André Jourdain, Philippe Labeyrie, Dominique Larifla, Henri Le Breton,
Dominique Leclerc, Marcel Lesbros, Simon Loueckhote, Jacques Machet, Georges
Mouly, Lucien Neuwirth, Philippe Nogrix, Mme Nelly Olin, MM. Lylian Payet,
André Pourny, Mme Gisèle Printz, MM. Henri de Raincourt,
Bernard Seillier, Martial Taugourdeau, Alain Vasselle, Paul Vergès,
André Vezinhet, Guy Vissac.
Voir les numéros :
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
1106
,
1147
,
1148
et T.A.
192
.
Sénat
:
50
et
56
(1998-1999).
Sécurité sociale. |
TRAVAUX DE LA COMMISSION
AUDITION DE M. JEAN-LUC CAZETTES, PRÉSIDENT DE LA
CAISSE NATIONALE D'ASSURANCE VIEILLESSE DES TRAVAILLEURS
SALARIÉS
Réunie le
mercredi 21 octobre 1998
, sous la
présidence de M. Jean Delaneau, président,
la commission a
procédé à
l'audition de M. Jean-Luc Cazettes,
président de la Caisse nationale d'assurance vieillesse des travailleurs
salariés (CNAVTS).
M. Jean-Luc Cazettes
a indiqué que le conseil d'administration de la
CNAVTS avait émis un avis négatif sur le projet de loi de
financement de la sécurité sociale. A la demande de
M. Jean
Delaneau, président,
il a précisé que la
délégation employeurs avait voulu dénoncer l'affectation,
à la CNAVTS, des excédents de la contribution sociale de
solidarité sur les sociétés (C3S), alors qu'elle
souhaitait une diminution du taux de cette contribution, que les
délégations CGT et FO avaient marqué leur opposition
à une indexation des pensions de retraite sur les prix, au lieu d'une
indexation sur les salaires, et que la délégation CFTC avait
souhaité s'élever contre la menace d'une compensation partielle
d'exonérations de charges sociales.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour l'assurance vieillesse,
s'est
interrogé sur le choix effectué par le Gouvernement de
revaloriser les pensions de retraite de 1,2 % au
1
er
janvier 1999. Il a souhaité connaître la
position de la CNAVTS sur la constitution, au sein du Fonds de
solidarité vieillesse (FSV), d'un fonds de réserve pour les
retraites et sur ses conditions d'alimentation et de gestion. Il a
demandé si cette création d'un fonds n'était pas
paradoxale au moment où, parallèlement, la branche vieillesse
accumule les déficits et si les sommes affectées à ce
fonds (2 milliards de francs) n'apparaissaient pas de toute façon
dérisoires compte tenu des besoins futurs des régimes de
retraite. Il a demandé à
M. Jean-Luc Cazettes
si
une surcotisation lui paraissait nécessaire. Il s'est interrogé
sur le choix du Gouvernement de ne pas appliquer la loi du 25 mars 1997
créant les plans d'épargne retraite.
M. Jean-Luc Cazettes
a observé que l'indexation de la
revalorisation des pensions de retraite sur les prix était la mesure
-parmi celles de la loi du 22 juillet 1993- ayant le plus d'influence
immédiate sur l'équilibre des comptes de la branche vieillesse du
régime général. Il a précisé que la
revalorisation de 1,2 % des pensions de retraite, sans
récupération du différentiel qui aurait conduit à
une revalorisation de 0,7 %, tendait à faire participer les
retraités aux fruits de la croissance, objectif qui n'était
d'ailleurs pas absent de la loi de 1993.
Abordant la question du fonds de réserve, il a précisé que
l'ensemble du conseil d'administration de la CNAVTS s'était
déclaré favorable à sa constitution. Il a fait état
de divergences sur les modalités d'alimentation (excédents de la
contribution sociale de solidarité sur les sociétés).
Il a reconnu que la création d'un fonds de réserve pour les
retraites apparaissait paradoxale à court terme, mais qu'elle
représentait une mesure de sécurité à long terme.
Il a rappelé que l'idée d'une constitution de réserves au
sein des régimes de retraite par répartition avait
été formulée par le rapport de M. Olivier Davanne,
dans le cadre du Conseil d'analyse économique. Il a reconnu que
l'alimentation du fonds de réserve pour 1999 était une
" goutte d'eau ", mais représentait un signe politique fort.
Il a rappelé que la constitution d'un véritable fonds de
réserve d'ici 2015 nécessitait entre 2.000 et
4.000 milliards de francs, et que la surcotisation lui apparaissait la
solution logique afin d'abonder un tel fonds. Il a précisé qu'il
demeurait sceptique sur la réalisation éventuelle
d'excédents par les régimes de sécurité sociale
à l'horizon 2002.
Il a indiqué que l'horizon de placement de ce fonds ne pouvait
être qu'à long terme et que sa gestion ne pourrait pas être
uniquement celle d'un " bon père de famille ", selon les
termes mêmes de M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie. Il a expliqué que ce fonds devrait
comporter, à côté de placements obligataires, des
placements en actions. Il a relevé que la participation des partenaires
sociaux était nécessaire, afin de contrôler et de
surveiller les grandes orientations.
Abordant la question relative à la loi du 25 mars 1997 sur les plans
d'épargne retraite, il a indiqué qu'il s'agissait d'un texte
dangereux, en raison de son caractère triplement facultatif -accord de
l'entreprise nécessaire, possibilité pour le salarié d'y
adhérer ou non, possibilité pour l'entreprise d'interrompre ses
versements- et des menaces qu'il faisait peser sur le financement même
des régimes de retraite par répartition. Il a noté que la
perte potentielle pour le régime général avait
été chiffrée à 6 milliards de francs par an, et
pour les régimes complémentaires à 3 milliards de francs,
en tenant compte des estimations des promoteurs de la loi, tablant sur des
encaissements annuels de l'ordre de 30 à 40 milliards de francs.
M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers
généraux et l'assurance maladie,
après avoir
insisté sur l'aspect essentiellement pédagogique du fonds de
réserve, s'est interrogé sur les solutions alternatives à
la surcotisation qui lui apparaissait peu tolérable, et sur la
réforme nécessaire des régimes spéciaux. Il a
demandé à M. Jean-Luc Cazettes son appréciation sur
une réforme éventuelle des cotisations patronales.
M. Alain Vasselle, rapporteur pour l'assurance vieillesse
, a
souhaité savoir si M. Jean-Luc Cazettes était favorable, en
principe, à une surcotisation et il s'est enquis de la date de son
éventuelle instauration.
Après avoir indiqué que la CNAVTS avait publié au
début de l'année 1997 une étude montrant que 4 points de
cotisation supplémentaires seraient nécessaires pour
éviter une aggravation de la situation de la branche vieillesse du
régime général à l'horizon 2010,
M. Jean-Luc Cazettes
a souligné que d'éventuels fonds
de pension supposeraient également l'institution de nouvelles
cotisations. Il a considéré qu'il allait falloir payer le prix du
vieillissement de la population et que la seule différence entre un
fonds de réserve et des fonds de pension résidait dans le
caractère obligatoire ou facultatif des surcotisations.
M. Jean-Luc Cazettes
a fait également valoir l'effet positif sur
le marché du travail de l'accélération des départs
en retraite à compter de 2005. Il a considéré que cela
permettrait peut-être des transferts de financement entre l'assurance
chômage et l'assurance vieillesse.
En réponse à M. Charles Descours, rapporteur pour les
équilibres financiers généraux de la
sécurité sociale et l'assurance maladie,
M. Jean-Luc
Cazettes
a souligné que la France se caractérisait par une
répartition très déséquilibrée entre les
revenus du travail et ceux du capital et que cette situation
générait un manque à gagner pour les régimes de
sécurité sociale. Après avoir relevé qu'une
assiette des cotisations sociales fondée sur la seule masse salariale
n'était pas suffisante, il s'est dit favorable au principe d'un
transfert progressif vers une assiette reposant sur d'autres
éléments. Il a cependant mis en garde contre le risque de
construire un système excessivement complexe.
M. Jean-Pierre Cantegrit
a souligné le rôle fondamental
joué par le Sénat dans l'amélioration de la protection
sociale des français de l'étranger. Il s'est
félicité de la collaboration fructueuse existant entre la caisse
des français de l'étranger et la CNAVTS.
Après que
M. Guy Fischer se fut également interrogé
sur l'avenir des régimes spéciaux,
M. Jean-Luc
Cazettes
a souligné le besoin de transparence et la
nécessité d'un état des lieux en la matière. Il a
fait observer que c'était là précisément la mission
confiée au commissariat général du Plan. Après
avoir relevé le caractère éminemment sensible du sujet, il
a constaté l'incompréhension profonde des syndicats de la
fonction publique à l'égard de ce qu'était un
régime de retraite. Il a regretté l'absence de réflexions
de ces derniers sur ce sujet.
M. André Jourdain
a souligné la nécessité de
favoriser une prise de conscience des problèmes futurs par les
personnels des régimes spéciaux.
M. Jean-Luc Cazettes
a estimé que l'âge de départ
à la retraite constituait probablement une des voies à explorer
à terme pour limiter les difficultés des régimes de
retraite. Il a cependant jugé qu'une telle proposition n'était
pas envisageable aujourd'hui, compte tenu du niveau de chômage
élevé des jeunes. Il a en outre rappelé que plus de
60 % des personnes liquidant aujourd'hui leur retraite n'étaient
plus en activité et que les partenaires sociaux s'apprêtaient
à étendre le dispositif de l'allocation de remplacement pour
l'emploi (ARPE) permettant le départ anticipé à la
retraite contre des embauches.
M. Jean Delaneau
,
président
, s'est interrogé sur
l'impact de la suppression du service national sur l'équilibre futur des
régimes de retraite.
M. Jean-Luc Cazettes
a indiqué que les conséquences de la
suppression du service national étaient variables et encore difficiles
à apprécier. Il a toutefois évoqué la disparition
de fait de la validation pour les retraites de la période du service
national.
M. Alain Gournac
a fait observer que les associations de
retraités avaient le sentiment que ceux-ci étaient
particulièrement frappés par l'accroissement des
prélèvements sociaux et fiscaux.
Rappelant que les prélèvements sur les retraités avaient
effectivement augmenté au cours des dernières années,
M. Jean-Luc Cazettes
a cependant souligné que le niveau global
des retraites avait progressé, ce que révélait la baisse
régulière du nombre de bénéficiaires du minimum
vieillesse, qui, pour la première fois cette année, revenait en
dessous du million de personnes.
Mme Gisèle Printz
s'est demandé comment les jeunes, qui
rentraient de plus en plus tardivement sur le marché du travail,
parviendraient à bénéficier d'une retraite complète.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard
a souhaité savoir si l'employeur
pouvait contraindre le salarié à partir à la retraite.
M. Jean-Luc Cazettes
a indiqué que, dans ce cas, si le
salarié n'était pas en mesure de bénéficier d'une
retraite à taux plein, cette mise à la retraite constituait un
licenciement avec toutes les conséquences attachées à ce
mode de rupture.
En réponse à M. Charles Descours,
M. Jean-Luc Cazettes
a
indiqué que le Gouvernement envisageait une compensation à
hauteur de deux tiers des exonérations de charges sociales induites par
la réduction du temps de travail.
M. Alain Vasselle, rapporteur
, a relevé que les
représentants des employeurs au conseil d'administration de la CNAF
semblaient favorables au principe du fonds de réserve et
défavorables aux modalités de financement retenues par le
Gouvernement. Il s'est enquis des propositions de la délégation
employeurs quant aux moyens de financer le fonds de réserve.
M. Jean-Luc Cazettes
a fait valoir que le conseil d'administration de la
CNAVTS avait dû examiner le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999 dans des délais très
courts et qu'il n'avait donc pas pu véritablement débattre des
modalités de financement du fonds de réserve.
Mesdames, Messieurs,
Dans son rapport sur le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1998, votre rapporteur avait
souligné que l'adaptation de nos régimes de retraite aux
évolutions démographiques était l'un des chantiers les
plus difficiles des prochaines années. Il avait regretté que
l'année 1998 se présentât, à cet égard, comme
" une année perdue ".
Un an plus tard, le débat consacré au volet assurance vieillesse
du projet de loi de financement de la sécurité sociale s'ouvre
dans une certaine confusion.
Soucieux de repousser des décisions difficiles, impopulaires et pourtant
inéluctables, le Gouvernement subordonne toute réforme d'ampleur
à la publication du diagnostic sur les retraites qu'il a demandé
au Commissariat général du Plan.
Pourtant, sans attendre les conclusions de cette étude, il remet en
cause l'indexation des pensions sur les prix, qui constituait l'un des
fondements de la réforme de 1993. En outre, conscient de l'absence, pour
la deuxième année consécutive, d'initiative en
matière de retraite, il crée un fonds de réserve pour les
retraites dont la finalité et les modalités de financement
restent particulièrement floues.
Parallèlement, il multiplie les effets d'annonce en inscrivant dans ses
orientations, au cours du débat à l'Assemblée nationale,
l'abrogation de la loi du 25 mars 1997 créant les plans
d'épargne-retraite qu'il avait, il est vrai, refusé d'appliquer,
et la mise en place dès 1999 d'un nouveau système
d'épargne-retraite par capitalisation.
Ce vaste " rideau de fumée ", qui traduit surtout un embarras
du pouvoir politique à la perspective de réformes difficiles, ne
doit pourtant pas masquer la réalité.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
ne parvient pas à ramener le régime général
à l'équilibre -celui-ci reste durablement déficitaire- et
n'apporte pas de véritable réponse aux problèmes
immédiats.
S'agissant de l'avenir des régimes de retraite, la création
impromptue d'un fonds de réserve n'apporte qu'une réponse
dérisoire aux besoins futurs. Les véritables réformes ne
sont quant à elles toujours pas engagées.
A l'évidence, la politique du Gouvernement en matière de retraite
consiste essentiellement à gagner du temps.
I. LE RÉGIME GÉNÉRAL D'ASSURANCE VIEILLESSE : UN DÉFICIT STRUCTUREL
La
branche vieillesse rassemble les prestations d'assurance vieillesse
correspondant à des droits directs ou dérivés, les
prestations d'assurance veuvage, et les prestations d'invalidité servies
à des bénéficiaires de droits directs âgés de
plus de soixante ans, ou des bénéficiaires de droits
dérivés.
L'objectif de dépenses de la branche vieillesse-veuvage pour 1999,
prévu à l'article 32 du projet de loi, s'élève
à 781,4 milliards de francs après adoption du projet de loi par
l'Assemblée nationale
1(
*
)
.
La définition des dépenses de vieillesse est
précisée dans l'annexe C du projet de loi : leur champ
couvre l'ensemble des régimes obligatoires de base comptant plus de
vingt mille cotisants actifs ou retraités titulaires de droits propres.
L'objectif de dépenses porte sur l'ensemble des dépenses des
régimes, et non sur les seules prestations.
Ces dépenses comprennent :
- les prestations sociales légales ou extra-légales ;
- les prestations des services sociaux (notamment la prise en charge
partielle des cotisations des praticiens et auxiliaires médicaux) ;
- les frais de gestion engagés par les organismes de
sécurité sociale ;
- les transferts entre régimes de protection sociale ;
- les frais financiers et les autres dépenses.
Les objectifs de dépenses par branche du projet de loi de financement
sont définis à partir du total des dépenses de l'ensemble
des régimes de base obligatoire, de la façon suivante :
- sont enlevés les dépenses des régimes de moins de
20.000 cotisants ou bénéficiaires, les transferts internes aux
régimes de base considérés, ainsi que les dépenses
constituant la contrepartie des cotisations prises en charge par la
sécurité sociale ;
- sont ajoutées les dépenses dans les départements
d'outre-mer (DOM) qui, dans les comptes de la sécurité sociale,
sont consolidées avec les recettes perçues dans les DOM.
Pour la branche vieillesse, l'opération de passage est la
suivante :
Passage des dépenses de l'ensemble des régimes
de
base
à l'objectif de dépenses de la branche
vieillesse
Emplois de l'ensemble des régimes de base dans la nomenclature des comptes de la sécurité sociale |
874,7 |
Recettes DOM |
5,4 |
Transferts internes à consolider |
- 97,0 |
Cotisations prises en charge par la sécurité sociale à consolider |
0,0 |
Dépenses des régimes de moins de 20.000 cotisants ou bénéficiaires |
-2,0 |
Objectifs de dépenses par branche (régimes de plus de 20.000 cotisants ou bénéficiaires) |
781,1 |
Avant
d'analyser la situation des différents régimes de retraite, il
convient de souligner le rôle déterminant joué par
les
transferts de compensation entre régimes.
L'éclatement de notre système de retraite et sa gestion en
répartition -consistant à distribuer, chaque année, aux
retraités les cotisations prélevées sur les actifs- ont
rendu nécessaire la mise en place de mécanismes de
solidarité financière au bénéfice des
régimes dont le nombre de cotisants baissait structurellement. Trois
techniques ont été utilisées
2(
*
)
: l'intégration financière de certains
régimes au sein du régime général (par exemple les
salariés agricoles), les compensations entre régimes et, quand
ceci ne suffisait pas, le recours à la solidarité nationale par
des transferts de l'Etat ou l'affectation de taxes (part de TVA pour les
exploitants agricoles, C3S pour les régimes de non-salariés non
agricoles).
Les compensations ont pour objectif de corriger, dans le respect de l'autonomie
des régimes de protection sociale, les déséquilibres de
financement provoqués par les mutations socio-économiques et les
déplacements de population active entre secteurs professionnels.
Trois mécanismes se superposent dans le domaine de la vieillesse :
- la compensation généralisée vieillesse entre
régimes de salariés,
- la compensation généralisée vieillesse entre
salariés et non-salariés,
- la surcompensation entre régimes spéciaux de
salariés.
Les deux premiers, institués par la loi n° 74-1094 du
24 décembre 1974, représentent ce qu'on appelle la
compensation " démographique " ou
" généralisée " vieillesse.
Le troisième mécanisme est de création plus récente
(1986). Il est aussi désigné sous le terme de " compensation
spécifique ".
•
La compensation " démographique " ou
" généralisée "
1. La compensation vieillesse entre régimes de
salariés
Cette compensation prend en compte non seulement la démographie, mais
aussi la capacité contributive des régimes. Au-delà des
effectifs de cotisants et de bénéficiaires, les masses salariales
des régimes sont prises en considération.
Dans la simulation du régime unique, on définit non une
cotisation d'équilibre en francs, mais un taux de cotisation
d'équilibre, qui égalise la somme des masses salariales des
régimes à la somme de leurs prestations calculées sur la
base de la prestation de référence. La prestation de
référence est celle versée aux salariés agricoles
retraités.
Les régimes concernés sont : le régime
général, ceux des salariés agricoles, des fonctionnaires
de l'Etat, des marins, des mineurs, ainsi que la CNRACL, EGF, SNCF, RATP,
Banque de France, CRPCEN.
2. La compensation vieillesse entre salariés et
non-salariés
Cette compensation est strictement démographique : elle prend en compte
les effectifs des régimes, mais pas les capacités contributives.
Selon la loi de 1974, il en sera ainsi "
tant que les capacités
contributives de l'ensemble des non-salariés ne pourront être
définies dans les mêmes conditions que celles des
salariés
".
Le mécanisme est conforme au principe général
décrit précédemment. Dans la simulation du régime
unique et les étapes qui suivent, les salariés sont
regroupés en un bloc assimilé à un régime. On
calcule donc un transfert global à la charge des salariés. Sa
répartition entre les régimes de salariés se fait dans un
second temps au prorata des masses salariales (sous plafond). La prestation de
référence est la pension moyenne de droit direct servie aux
retraités de plus de 65 ans du régime des industriels et
commerçants.
Les régimes concernés sont ceux des salariés, des
exploitants agricoles, et ceux gérés par l'ORGANIC, la CANCAVA,
la CNAVPL, la CNBF, la CAMAVIC.
Les compensations ne visent qu'une correction partielle des conséquences
des évolutions démographiques (ou des écarts de
capacité contributive) dans la mesure où leur calcul prend pour
référence la pension minimale des régimes concernés
(compensation sur des bases minimales). En outre, plusieurs des règles
appliquées depuis l'origine sont très discutables et les
insuffisances du système ont été soulignées par la
Cour des comptes dans son rapport sur la sécurité sociale de
septembre 1998.
Principaux transferts de compensation
(Acomptes 1998 : 53,8 MdF)
Compensation démographique vieillesse (36,4 MdF)
Régimes financeurs Régimes bénéficiaires
La
compensation généralisée du risque vieillesse est
financée pour l'essentiel par des régimes de salariés dont
les trois principaux sont le régime général (27 %),
le régime des fonctionnaires civils et militaires de l'Etat (35 %)
et la CNRACL (27 %).
Les régimes bénéficiaires sont le régime agricole
(72 %), l'ORGANIC (13 %) et la CANCAVA (5 %).
•
La compensation spécifique (ou surcompensation) entre
régimes spéciaux de salariés
Elle a été créée par la loi de finances pour 1986.
Son objectif était de compléter, entre les seuls régimes
spéciaux de salariés, les compensations
généralisées vieillesse dont le caractère partiel,
lié à la prise en compte d'une prestation minimale, a
été souligné.
La surcompensation est également fondée sur le principe du
régime fictif avec la différence, par rapport aux dispositifs
précédents, que la prestation de référence est
égale à la prestation moyenne des régimes participants, et
non à la prestation la plus faible.
Le mécanisme ainsi défini aurait entraîné des
transferts si élevés qu'on a dû en réduire la
portée, en les limitant à 22 %, 30 % (en 1992) puis
38 % (depuis 1993), des transferts calculés. Ces taux
résultent non de calculs stricts, mais d'un mélange de
considérations techniques et d'opportunité.
Les régimes concernés sont ceux des fonctionnaires de l'Etat, des
mineurs, des marins et ceux gérés par la CNRACL, EDF-GDF, la
SNCF, la CAMR, le SEITA, la Banque de France, la CRPCEN.
La compensation spécifique entre régimes spéciaux est
financée par trois régimes : la CNRACL (53 %), les
fonctionnaires de l'Etat (45 %) et le régime d'EDF-GDF (3 %).
Les régimes bénéficiaires sont le régime
spécial de sécurité sociale dans les mines (CANSSM)
(57 %) et le régime spécial de la SNCF (26 %).
Compensation entre régimes spéciaux (17,3 MdF)
Régimes financeurs Régimes bénéficiaires
A. LES DIFFÉRENTS RÉGIMES D'ASSURANCE VIEILLESSE CONNAISSENT DES SITUATIONS CONTRASTÉES
1. La branche vieillesse du régime général (CNAVTS) reste déficitaire
En
1997, le régime général a connu un déficit de 5,166
milliards de francs.
La Commission des comptes de la sécurité
sociale avait pourtant prévu en mai 1998 que ce déficit
atteindrait 9 milliards de francs.
La différence entre ces deux chiffres (3,833 milliards de francs)
provient pour l'essentiel d'un versement exceptionnel de 3,4 milliards de
francs par la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF) au titre d'une
régularisation pour 1996 des cotisations d'assurance vieillesse des
parents au foyer (AVPF).
Pour 1998, les prévisions de la Commission des comptes de la
sécurité sociale de septembre 1998 font état d'un
déficit de 5,593 milliards de francs, contre 7,417 milliards de
francs prévus par la Commission des comptes de la sécurité
sociale de mai 1998. Cet écart résulte d'une amélioration
des cotisations des assurés à recevoir en 1998 du fait de
l'intégration de corrections au titre de l'exercice 1997.
Selon l'évolution tendancielle, la branche vieillesse du
régime général reste déficitaire en 1999
malgré une progression des dépenses ralentie en raison d'une
évolution démographique favorable.
Les prévisions tendancielles de la Commission des comptes de la
sécurité sociale de septembre 1998 affichent un déficit de
5,977 milliards de francs pour la CNAVTS en 1999, avant les mesures
contenues dans le projet de loi de financement de la sécurité
sociale 1999.
Evolution du solde de la CNAVTS
(en milliards de francs)
|
1997 (1) |
1998 (2) |
1999
|
1999 après PLFSS (4) |
Solde CNAVTS |
- 5,166 |
- 5,593 |
- 5,977 |
- 3,83 |
Source : Commission des comptes de la sécurité
sociale, sept. 98
(1) Résultat définitif
(2) Prévisions Commission des comptes de la sécurité
sociale septembre 1998
(3) Prévisions CCSS septembre 1998 avant mesures contenues dans le
projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
(4) Prévisions après mesures contenues dans le projet de loi de
financement de la sécurité sociale
Le rythme d'évolution en volume des prestations financées par le
régime général poursuit son fléchissement de 1996
à 1999, passant pour l'ensemble des droits directs de + 3,2 %
en 1996, à + 3,0 % en 1997, à + 2,9 % en 1998
et à + 2,7 % en 1999.
L'assurance vieillesse des salariés du secteur privé
Leur
protection est assurée par différents régimes.
- Un régime de base obligatoire
Dit régime général, créé en 1945 et qui fait
suite aux premières tentatives des " rentes ouvrières et
paysannes " en 1910 et des " assurances sociales " en 1928 et
1930.
Il est géré, pour les salariés de l'industrie et du
commerce, par seize caisses régionales fédérées par
la Caisse nationale d'assurance vieillesse des travailleurs salariés
(CNAVTS) et, pour les salariés agricoles, par les caisses de
Mutualité sociale agricole (MSA) compétentes au niveau de chaque
département pour l'ensemble des branches de la sécurité
sociale des salariés et des exploitants agricoles.
- Des régimes complémentaires
Gérés paritairement, de manière autonome par les
partenaires sociaux, obligatoires depuis la loi du 29 décembre 1972 et
créés :
. en 1947 pour les cadres : l'AGIRC
Le régime général ne prévoit en effet de
cotisations, et donc de prestations, que sur la tranche de salaire
inférieure au " plafond de la sécurité
sociale ". Au-delà et jusqu'à huit fois ce plafond (quatre
fois avant le 1
er
janvier 1991), une convention collective
nationale en date du 14 mars 1947 a créé un régime
unique pour les cadres, géré par une quarantaine de caisses
organisées sur une base interprofessionnelle, professionnelle,
nationale, régionale ou encore d'entreprise et
fédérées par l'Association générale des
institutions de retraites des cadres (AGIRC).
. en 1961 pour les non-cadres : l'ARRCO
Ceux-ci cotisent sur la totalité de leur rémunération dans
la limite de trois fois le plafond de la sécurité sociale
à 46 régimes, distincts bien que très proches,
compensés par l'Association des régimes de retraite
complémentaires (ARRCO) qui seront, au 1
er
janvier 1999
fondus en un régime unique. Depuis 1976, les cadres cotisent jusqu'au
plafond dans ces mêmes régimes.
Quelques régimes complémentaires obligatoires restent en dehors
des compensations qu'organisent l'ARRCO et l'AGIRC : ceux des agents non
titulaires de l'Etat et des collectivités publiques (IRCANTEC), du
personnel navigant de l'aviation civile (CRPNPAC). Le régime des caisses
d'épargne ne participe que partiellement à la compensation ARRCO
et pas du tout à la compensation AGIRC.
- Des régimes supplémentaires facultatifs
Au-delà de ces deux étages obligatoires, les salariés du
secteur privé peuvent bénéficier d'un étage
facultatif sous la forme de régimes collectifs supplémentaires.
Il s'agit d'abord des régimes d'entreprise ou interentreprises
qualifiés de régimes " chapeau " dans la mesure
où ils complètent les prestations des régimes obligatoires
: régimes anciens des grandes entreprises qui se sont maintenus
après l'intégration de leurs affiliés dans les
régimes ARRCO et AGIRC, ou régimes exclusivement
réservés aux cadres supérieurs ou aux dirigeants. Ils
peuvent être gérés au sein d'une institution de retraite
supplémentaire (
titre IV du Livre IX du code de la
sécurité sociale
) créée à cet effet, ou
donner lieu à la souscription d'un contrat ou d'une convention
auprès d'un organisme habilité (
institution de
prévoyance du titre III du Livre IX, mutuelle ou compagnie
d'assurance
) ou peuvent encore être gérés par les
entreprises elles-mêmes.
Ce fléchissement tient d'abord à une évolution
démographique favorable du nombre de bénéficiaires,
caractérisée par l'arrivée à l'âge de la
retraite des générations peu nombreuses des années
précédant la seconde guerre mondiale.
Il s'explique également par les premiers effets de la réforme
de 1993 dont l'impact financier est évalué à
1,5 milliard de francs en 1997, 2 milliards de francs en 1998 et
2,5 milliards de francs en 1999.
Les hypothèses de la Commission des comptes de la sécurité
sociale de septembre 1998 pour l'évolution de la branche vieillesse du
régime général se fondent toutefois sur une
hypothèse de prorogation de la législation actuellement en
vigueur qui conduirait à une revalorisation des pensions de 0,7 %
au 1
er
janvier 1999.
Le Gouvernement a fait un autre choix et propose, dans l'article 29, une
revalorisation de 1,2 % des pensions au 1
er
janvier 1999. Cet
écart de 0,5 % se traduit, pour le régime
général, par une augmentation des dépenses de
1,81 milliard de francs, ce qui amènerait le déficit
tendanciel 1999 à - 7,79 milliards de francs.
Pour contenir le déficit, le projet de loi prévoit
3,86 milliards de francs de recettes nouvelles -provenant pour
3,8 milliards de francs d'un versement du Fonds de solidarité
vieillesse (FSV)- et affiche donc un déficit prévisionnel pour
1999 limité à 3,83 milliards de francs.
2. Les régimes de base des non-salariés sont équilibrés
Les
régimes de base de l'ORGANIC et de la CANCAVA sont automatiquement
équilibrés par un apport du produit de la contribution sociale de
solidarité des sociétés (C3S) au prorata et dans la limite
de leurs déficits comptables
3(
*
)
.
Dès lors, les soldes de ces régimes oscillent
généralement de manière peu significative autour de
l'équilibre.
Après avoir connu un solde déficitaire de 414 millions de francs
en 1998, l'ORGANIC devrait enregistrer un solde légèrement
positif en 1999 (+ 9 millions de francs), puis légèrement
négatif en 2000 (- 14 millions de francs) et 2001 (- 11
millions de francs).
Après avoir été excédentaire en 1998 (+ 215
millions de francs), la CANCAVA serait à l'équilibre en 1999 puis
légèrement déficitaire en 2000 (- 51 millions de
francs) et 2001 (- 53 millions de francs).
La CNAVPL, qui ne bénéficie d'aucun concours extérieur,
est également à l'équilibre : son solde devrait
être excédentaire de 22 millions de francs en 1998, 56 millions de
francs en 1999, 97 millions de francs en 2000 et 88 millions de francs en
2001.
3. Les régimes complémentaires de salariés AGIRC et ARRCO enregistrent les effets positifs des accords du 25 avril 1996
Pour
faire face aux difficultés annoncées, les régimes
complémentaires de salariés de l'ARRCO (qui couvrent l'ensemble
des salariés du secteur privé, y compris les cadres) et de
l'AGIRC (qui couvre les seuls cadres) ont emprunté la voie de la
négociation collective, ajustant progressivement les règles de
fonctionnement des régimes aux nouvelles contraintes financières.
Les accords du 25 avril 1996 ont permis de préserver la situation de ces
régimes pour les prochaines années.
Conclus pour la période allant du 1er janvier 1996 au 31 décembre
2005, ces accords introduisent deux modifications institutionnelles importantes
: ils prévoient la fusion de l'ensemble des régimes ARRCO en un
régime unique de retraite à compter du 1er janvier 1999 et ils
instaurent, par ailleurs, un mécanisme de compensation financière
entre l'AGIRC et l'ARRCO, visant à atténuer les effets de la
dérive du plafond de la sécurité sociale. Ces accords
prévoient également des augmentations des taux de cotisation
minimaux et une diminution des rendements
Les comptes de l'AGIRC et de l'ARRCO illustrent les effets considérables
de cette réforme de 1996.
Pour l'ARRCO, l'exercice 1998 devrait se solder par un excédent de
7,3 milliards de francs largement supérieur aux 4,9 milliards de francs
prévus en 1997.
Cet écart résulte de l'effet de la
base des emplois 1997 plus faible que prévue, de celle des cotisations
plus forte que ce qui était attendu et d'une sous-estimation des mesures
de solidarité ARRCO-AGIRC.
L'exercice 1999 devrait se solder par un excédent exceptionnel de
près de 14,2 milliards de francs.
Ce solde résulterait de la
situation favorable pour le régime de la conjoncture
démographique et économique, et de l'impact des accords du 25
avril 1996. Il devrait se détériorer lentement dans les
années suivantes.
Si les accords du 25 avril 1996 n'ont eu que des effets modérés
sur le compte 1996 de l'ARRCO, leurs répercussions sur le compte 1997
ont été très importantes ; l'efficacité
globale de ces accords sera cependant pleinement visible à partir des
exercices 1998 et 1999.
L'assurance vieillesse des non-salariés
Après leur refus de s'intégrer au régime
général en 1945, la loi du 1
er
janvier 1948 a
créé quatre organisations autonomes d'assurance vieillesse pour
les non-salariés (artisans, industriels et commerçants,
professions libérales, avocats) auxquelles se sont ajoutées
celles des exploitants agricoles et des membres des cultes.
Les artisans
Ils bénéficient de deux étages de retraite
gérés par l'organisation autonome d'assurance vieillesse
artisanale, composée de 32 caisses locales ou professionnelles et d'une
caisse nationale (CANCAVA) dont les conseils d'administration sont élus
par les assurés.
Cette protection est assurée par :
- un régime de base qui est, depuis le 1
er
janvier
1973, aligné sur le régime général ;
- un régime complémentaire obligatoire depuis 1978.
Les industriels et commerçants
Leur protection est assurée par l'organisation autonome nationale de
l'industrie et du commerce, composée de 31 caisses locales ou
professionnelles et d'une Caisse nationale (ORGANIC) dont les conseils
d'administration sont élus par les assurés. Elle comprend :
. un régime de base aligné sur le régime
général depuis 1973 ;
. un régime complémentaire qui demeure facultatif depuis
1978 ;
. un régime complémentaire obligatoire en faveur des
conjoints.
Les professions libérales
Celles-ci sont organisées en :
. 13 sections professionnelles (notaires, officiers ministériels,
médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, sages-femmes,
auxiliaires-médicaux, vétérinaires, professeurs et
artistes, architectes et techniciens, agents d'assurance, experts comptables et
géomètres experts) entre lesquelles la Caisse nationale
d'assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL) exerce un
rôle de compensation financière, limité au régime de
base, et d'intermédiaire vis-à-vis des pouvoirs publics ;
. une Caisse nationale des barreaux français (CNBF) pour les
avocats non salariés.
Ces professions bénéficient :
- d'un régime de base obligatoire, sensiblement identique pour les
13 sections, et d'un régime de base spécifique aux avocats ;
- de régimes complémentaires obligatoires par caisse
(à l'exception des sages-femmes et de petits groupes professionnels
rattachés tardivement par décret à certaines sections pour
le régime de base) dont la création s'est
échelonnée de 1949 à 1984.
Les praticiens et auxiliaires médicaux conventionnés
(médecins, chirurgiens-dentistes, sages-femmes, biologistes, auxiliaires
médicaux) sont obligatoirement affiliés à des
régimes complémentaires dits ASV (avantages
supplémentaires de vieillesse) dont l'instauration obligatoire s'est
échelonnée de 1972 (médecins) à 1984
(sages-femmes).
Les exploitants agricoles
La loi du 10 juillet 1952 a institué un régime d'assurance
vieillesse de base obligatoire pour les exploitants agricoles,
géré par les caisses de mutualité sociale agricole,
administrées par des délégués élus des
assurés, regroupés en trois collèges (exploitants
indépendants, salariés, employeurs).
La mise en oeuvre des accords a permis d'améliorer le solde 1997 de 1,1
milliard de francs et permettra d'améliorer les soldes 1998 et 1999 de
respectivement 3,1 milliards de francs et 5,1 milliards de francs. Sans
l'adoption de ces mesures, le solde 1997 serait de - 0,3 milliard de
francs et ceux de 1998 et 1999 s'élèveraient respectivement
à 4,3 milliards de francs et 9,1 milliards de francs.
L'exercice 1998 devrait se solder pour l'AGIRC par un déficit de 2,3
milliards de francs.
Cette moindre détérioration par rapport
au solde prévu en septembre 1997 résulte d'une croissance encore
importante des cotisations du fait d'un environnement économique plus
favorable et dans le même temps d'une évolution plus lente des
prestations.
L'exercice 1999 devrait connaître une nouvelle réduction du
déficit, pour atteindre - 1,73 milliard de francs
. Cette
amélioration devrait résulter de la prolongation d'un contexte
économique favorable. Elle intègre la solidarité
ARRCO-AGIRC qui devrait s'élever à 2,15 milliards de francs.
La mise en oeuvre des accords du 25 avril 1996 a permis d'améliorer le
solde du régime d'environ 3 milliards de francs en 1997, 5 milliards de
francs en 1998 et probablement 8 milliards de francs en 1999. Sans l'adoption
de ces décisions, les déficits 1997, 1998 et 1999 du
régime AGIRC s'élèveraient respectivement à 6,5
milliards de francs, 7 milliards de francs et 10 milliards de francs
environ.
4. La situation financière de la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales (CNRACL) est préoccupante
Malgré une dégradation continue depuis 10 ans, le
rapport démographique de la CNRACL reste encore le plus favorable de
l'ensemble des régimes de retraite de salariés : en 1987, ce
rapport était de 4 cotisants pour 1 retraité, il était en
1997 de 2,8.
Cette situation lui permet d'atteindre un résultat technique de
gestion (prestations - cotisations) excédentaire de 17,8 milliards de
francs en 1998 et de 17,4 milliards de francs en 1999.
Ce résultat est cependant profondément affecté par les
transferts de compensation entre les différents régimes de
retraite. Titulaire du meilleur rapport démographique, la CNRACL est le
régime de salariés qui contribue le plus, en valeur relative,
à ces flux financiers. Les transferts se sont ainsi élevés
à 18,9 milliards de francs en 1998, soit environ 45 % du montant
des prestations servies.
L'assurance vieillesse des salariés du secteur public et assimilés
Ils
bénéficient de
régimes dits
" spéciaux ".
Il s'agit :
. des fonctionnaires civils et militaires de l'Etat (les agents non
titulaires étant affiliés au régime général)
;
. des fonctionnaires des collectivités territoriales et des
établissements hospitaliers qui bénéficient d'un
régime identique à celui des fonctionnaires de l'Etat (les agents
non titulaires des collectivités publiques relevant, comme ceux de
l'Etat, du régime général) ;
. des ouvriers de l'Etat ;
. des salariés du secteur des transports : SNCF, RATP, CAMR (agents
des chemins de fer secondaires d'intérêt général,
des chemins de fer d'intérêt local et des tramways recrutés
avant 1954 ; régime en voie d'extinction depuis cette date) ;
. des salariés du secteur de l'énergie : EDF/GDF, mines (il
existe aussi un régime spécifique pour le personnel de la Caisse
autonome nationale de sécurité sociale dans les mines) ;
. des agents titulaires de la Banque de France ;
. des salariés de certains établissements ou entreprises
publics : Imprimerie nationale, SEITA ( régimes en voie d'extinction) ;
Chambre de commerce et d'industrie de Paris ; Port autonome de Strasbourg ;
. des salariés de l'Opéra et de la Comédie
française ;
. des salariés relevant de certains secteurs privés :
marins, clercs de notaires.
Ces régimes ont tous pour caractéristiques d'avoir
été créés avant le plan français de
sécurité sociale de 1945 (fonctionnaires civils en 1853, mineurs
en 1894, clercs de notaires en 1937) et d'avoir voulu conserver leur autonomie.
Ils couvrent en fait l'étage de base et l'étage
complémentaire obligatoire en un régime unique, sauf le
régime minier qui est un régime de base et est
complété par les institutions de l'ARRCO et de l'AGIRC. Ils
peuvent être érigés en véritables institutions
(personnalité, comptes et organes dirigeants distincts) : CNRACL, mines,
clercs de notaires... Mais certains régimes peuvent également
être gérés directement par l'employeur : fonctionnaires de
l'Etat, EDF-GDF, SNCF, RATP...
La participation de la CNRACL à ces mécanismes s'est accrue, au
cours des dernières années, en raison de l'augmentation du taux
de recouvrement de la compensation entre régimes spéciaux. En
effet, fixé à l'origine en 1986 à 22 %, ce taux a
été porté à 30 % en 1992 puis 38 % en
1993. Il est resté à ce niveau depuis lors.
L'article 38 de la loi de financement de la sécurité sociale pour
1997 est certes venu plafonner, pour chaque exercice comptable, le montant de
la
compensation entre régimes spéciaux
à 25 %
du total des prestations servies par chaque régime. Ce plafond n'a
cependant jamais été atteint : le montant de la compensation
entre régimes spéciaux a représenté, pour la
CNRACL, 22,4 % des prestations en 1997, 22,8 % en 1998 et devrait
s'établir à 21,6 % en 1999.
Les réserves de la CNRACL étant fortement entamées
à la fin de l'année 1994, suite à ces modifications de
taux de recouvrement, le Gouvernement a décidé d'augmenter le
taux de cotisation patronale de 3,8 points au 1
er
janvier 1995,
le portant ainsi de 21,30 % à 25,10 %.
L'ensemble de ces mesures conduit à un résultat net
déficitaire de 0,6 milliard de francs en 1996 et des
réserves en fin d'exercice d'un montant de 0,95 milliard de francs. Pour
1997, le transfert de 4,5 milliards de francs au 1
er
janvier en
provenance des réserves de l'ATIACL a permis à la CNRACL
d'afficher un excédent de 3,5 milliards de francs et des réserves
en fin d'exercice de 4,4 milliards de francs.
Toutefois, un déficit comptable prévisionnel est attendu
dès 1998, à hauteur de 1,5 milliard de francs, qui pourra
être financé par les réserves du régime. Avec un
résultat prévisionnel déficitaire de 2 milliards de
francs en 1999, le régime ne disposerait plus environ que de 1 milliard
de francs de réserves en fin d'exercice. Pour 2000 et 2001, les
résultats devraient être déficitaires de respectivement
- 3,6 milliards de francs et de - 4 milliards de francs.
La situation de la CNRACL se dégrade donc de manière continue et
appelle une réforme urgente.
Votre rapporteur tient à dénoncer, une nouvelle fois, la
situation absurde à laquelle conduit le mécanisme de la
surcompensation : la CNRACL se trouve dans une situation financière
difficile, dont témoigne la reconduction dans le projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 1999 d'un plafond
d'avances de trésorerie de 2,5 milliards de francs, alors même que
le résultat technique du régime est excédentaire de
17 milliards de francs par an.
Le tableau suivant détaille les prélèvements
opérés sur la CNRACL au titre de la compensation
généralisée depuis 1974 et au titre de la surcompensation
depuis 1985
. Les prélèvements cumulés
s'élèvent à 127 milliards de francs de 1974 à
1999 au titre de la compensation généralisée et à
102 milliards de francs de 1985 à 1999 au titre de la
surcompensation !
Versements de la CNRACL au titre de la compensation
généralisée
et de la compensation entre régime
spéciaux
Prévisions CCSS du 22/9/1998
(en millions de francs)
|
Compensation généralisée |
Surcompensation |
TOTAL |
|||||||||
|
Acomptes |
Régul. |
Définitif |
Sur l'année |
Acomptes |
Régul. |
Définitif |
Sur l'année |
Acomptes |
Régul. |
Définitif |
Sur l'année |
1974 |
234 |
- 4 |
230 |
234 |
|
|
|
|
234 |
- 4 |
230 |
234 |
1975 |
200 |
197 |
397 |
196 |
|
|
|
|
200 |
197 |
397 |
196 |
1976 |
257 |
271 |
528 |
454 |
|
|
|
|
257 |
271 |
528 |
454 |
1977 |
556 |
184 |
740 |
827 |
|
|
|
|
556 |
184 |
740 |
827 |
1978 |
866 |
241 |
1.107 |
1.050 |
|
|
|
|
866 |
241 |
1.107 |
1.050 |
1979 |
1.266 |
163 |
1.429 |
1.507 |
|
|
|
|
1.266 |
163 |
1.429 |
1.507 |
1980 |
1.868 |
- 163 |
1.705 |
2.031 |
|
|
|
|
1.868 |
- 163 |
1.705 |
2.031 |
1981 |
2.168 |
- 76 |
2.092 |
2.005 |
|
|
|
|
2.168 |
- 76 |
2.092 |
2.005 |
1982 |
2.597 |
446 |
3.043 |
2.521 |
|
|
|
|
2.597 |
446 |
3.043 |
2.521 |
1983 |
3.050 |
217 |
3.267 |
3.496 |
|
|
|
|
3.050 |
217 |
3.267 |
3.496 |
1984 |
4.176 |
- 312 |
3.864 |
4.393 |
|
|
|
|
4.176 |
- 312 |
3.864 |
4.393 |
1985 |
4.541 |
- 331 |
4.210 |
4.229 |
3.563 |
173 |
3.736 |
3.563 |
8.104 |
- 158 |
7.946 |
7.792 |
1986 |
4.738 |
- 39 |
4.699 |
4.407 |
3.960 |
99 |
4.059 |
4.133 |
8.698 |
60 |
8.758 |
8.540 |
1987 |
5.080 |
- 185 |
4.895 |
5.041 |
3.983 |
- 14 |
3.970 |
4.082 |
9.063 |
- 199 |
8.865 |
9.123 |
1988 |
5.455 |
- 139 |
5.316 |
5.270 |
4.251 |
- 19 |
4.232 |
4.238 |
9.706 |
- 158 |
9.548 |
9.508 |
1989 |
5.690 |
- 5 |
5.685 |
5.551 |
4.119 |
416 |
4.535 |
4.100 |
9.809 |
411 |
10.220 |
9.651 |
1990 |
5.969 |
- 26 |
5.943 |
5.964 |
4.615 |
85 |
4.700 |
5.031 |
10.584 |
59 |
10.643 |
10.995 |
1991 |
6.341 |
218 |
6.559 |
6.315 |
4.751 |
33 |
4.784 |
4.836 |
11.092 |
251 |
11.343 |
11.151 |
1992 |
6.752 |
349 |
7.101 |
6.970 |
6.635 |
201 |
6.836 |
6.668 |
13.387 |
550 |
13.937 |
13.638 |
1993 |
7.570 |
498 |
8.068 |
7.919 |
8.613 |
340 |
8.953 |
8.814 |
16.183 |
838 |
17.021 |
16.733 |
1994 |
8.453 |
469 |
8.922 |
8.951 |
8.876 |
323 |
9.199 |
9.216 |
17.329 |
792 |
18.121 |
18.167 |
1995 |
9.217 |
121 |
9.338 |
9.686 |
9.440 |
- 33 |
9.407 |
9.763 |
18.657 |
88 |
18.745 |
19.449 |
1996 |
9.934 |
- 491 |
9.443 |
10.055 |
8.974 |
508 |
9.482 |
8.941 |
18.908 |
16 |
18.924 |
18.996 |
1997 |
10.055 |
- 424 |
9.631 |
10.055 |
8.966 |
524 |
9.490 |
8.966 |
19.021 |
100 |
19.121 |
19.021 |
1998* |
9.798 |
- 5 |
9.793 |
9.307 |
9.117 |
455 |
9.572 |
9.625 |
18.915 |
450 |
19.635 |
18.931 |
1999* |
9.851 |
0 |
9.851 |
9.427 |
9.070 |
557 |
9.627 |
9.594 |
18.921 |
557 |
19.478 |
19.021 |
|
|
|
127.857 |
127.862 |
|
|
102.581 |
101.569 |
|
|
230.438 |
229.430 |
* :
prévisionnel
Remarque : aucune régularisation n'est intervenue en 1997. Les
régularisations 1996 sont versées en 1998. Il est prévu de
verser les régularisations 1997 en 1999.
La situation des autres régimes spéciaux de retraite reste
difficile à appréhender.
Il est en effet
particulièrement malaisé de connaître la situation
réelle de la plupart des régimes spéciaux dont le
financement est assuré par des cotisations fictives
d'employeur
4(
*
)
et/ou par une subvention
d'équilibre : leur solde est par définition toujours nul et
ne reflète en aucun cas l'état financier exact du régime.
Votre rapporteur suggère à cet égard que l'on
établisse, pour chacun des régimes, un document annuel
détaillé retraçant la totalité des dépenses,
les sources de leur financement et qui fasse apparaître un solde
technique de ces régimes avant subvention d'équilibre ou
cotisations fictives.
Faute d'autres indicateurs, l'évaluation des taux de cotisation des
principaux régimes spéciaux de retraite révèle des
contributions de l'employeur bien supérieures aux cotisations employeurs
du secteur privé.
Taux
de cotisation des principaux régimes de retraite en 1995
(IEG pensions : régime de retraite EDF-GDF)
Source : AGIRC, Point cadres n° 187, mars 1996
S'agissant du régime des pensions civiles et militaires
de
l'Etat, le taux de cotisation implicite, calculé à partir d'un
compte fictif équilibré intégrant à la fois les
charges de pensions et celles résultant des mécanismes de
compensation, est passé de 45,28 % en 1995 à 47,62 % en
1998.
On mesure ainsi l'effort consenti par l'Etat employeur pour assurer le
paiement des pensions des fonctionnaires retraités. Cette dépense
représente une charge croissante pour le budget de l'Etat, donc pour les
contribuables, susceptible à terme, à elle seule, de remettre en
cause le redressement des finances publiques.
Rapport cotisants/retraités
Années
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
Variation entre
|
Régimes de salariés |
|
|
|
|
|
|
|
|
Régime général |
1,88 |
1,79 |
1,77 |
1,67 |
1,64 |
1,60 |
1,56 |
- 16,57 % |
Salariés agricoles |
0,36 |
0,35 |
0,34 |
0,33 |
0,30 |
0,30 |
0,30 |
- 15,74 % |
Régimes spéciaux |
|
|
|
|
|
|
|
|
Fonctionnaires civils et militaires |
1,70 |
1,67 |
1,72 |
1,68 |
1,53 |
1,52 |
1,50 |
- 11,60 % |
FSPOEIE |
0,88 |
0,85 |
0,83 |
0,80 |
0,74 |
0,72 |
0,70 |
- 19,99 % |
CNRACL |
3,75 |
3,62 |
3,47 |
3,37 |
3,06 |
2,97 |
2,89 |
- 22,95 % |
Mines |
0,11 |
0,10 |
0,09 |
0,08 |
0,08 |
0,07 |
0,07 |
- 37,31 % |
SNCF |
0,59 |
0,58 |
0,58 |
0,57 |
0,53 |
0,53 |
0,52 |
- 10,47 % |
RATP |
0,98 |
0,97 |
0,97 |
0,95 |
0,90 |
0,91 |
0,91 |
- 6,69 % |
ENIM |
0,59 |
0,54 |
0,49 |
0,45 |
0,37 |
0,35 |
0,32 |
- 45,73 % |
EDF-GDF |
1,26 |
1,22 |
1,17 |
1,16 |
1,12 |
1,11 |
1,09 |
- 13,42 % |
CRPCEN |
1,25 |
1,17 |
1,08 |
0,97 |
0,91 |
0,90 |
0,87 |
- 30,63 % |
Banque de France |
1,31 |
1,31 |
1,30 |
1,25 |
1,15 |
1,17 |
1,17 |
- 10,09 % |
Autres régimes |
|
|
|
|
|
|
|
|
Régimes des non salariés |
|
|
|
|
|
|
|
|
Exploitants agricoles |
0,59 |
0,54 |
0,49 |
0,44 |
0,41 |
0,39 |
0,37 |
- 37,48 % |
CANCAVA |
0,78 |
0,75 |
0,72 |
0,56 |
0,69 |
0,69 |
0,67 |
- 13,90 % |
ORGANIC |
0,94 |
0,89 |
0,83 |
0,98 |
0,75 |
0,74 |
0,72 |
- 22,68 % |
CNAVPL |
3,20 |
3,11 |
3,06 |
2,99 |
2,94 |
2,88 |
2,80 |
- 12,53 % |
CAMAVIC |
0,44 |
0,41 |
0,39 |
0,36 |
0,34 |
0,33 |
0,32 |
- 27,21 % |
Source : Direction de la sécurité social
La situation financière des différents régimes d'assurance
vieillesse apparaît donc relativement contrastée.
Seul le
régime général reste durablement déficitaire.
Le calcul du rapport cotisants/retraités des différents
régimes révèle en revanche une
évolution
démographique convergente
: de 1990 à 1996,
tous les
régimes connaissent une rapide dégradation de leur
équilibre démographique
. A plus ou moins long terme, tous
seront confrontés aux mêmes déséquilibres et, par
conséquent, aux mêmes difficultés
financières.
B. LE PROJET DE LOI DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE NE PARVIENT PAS À RAMENER À L'ÉQUILIBRE LA BRANCHE VIEILLESSE DU RÉGIME GÉNÉRAL
Avant
les mesures prévues par le projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999, le déficit tendanciel de la
branche vieillesse du régime général devrait atteindre
5,98 milliards de francs.
Les mesures prévues dans la loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999 affectent à la fois les
recettes et les dépenses du régime général.
Les dépenses sont accrues de 1,81 milliard de francs en raison du taux
de revalorisation des pensions choisi par le Gouvernement pour 1999 :
+ 1,2 %, soit 0,5 % de plus que ce qu'exigeait le maintien de
l'indexation sur les prix.
Le nouveau déficit s'établirait, sans recettes nouvelles,
à 7,79 milliards de francs.
Le projet de loi prévoit cependant 3,86 milliards de francs de recettes
nouvelles :
- 3,8 milliards de francs au titre d'un versement du Fonds de
solidarité vieillesse (FSV) ;
- 40 millions de francs résultant de la modification de
l'exonération de cotisations sociales patronales pour l'embauche d'un
premier salarié (article 4 du projet de loi) ;
- 20 millions de francs au titre des mesures de consolidation des
assiettes sociales (article 5).
Hors variation des produits et frais financiers, le déficit devrait
s'établir à 3,93 milliards de francs. Après variation
des produits et frais financiers, le déficit s'élèverait
en définitive à 3,87 milliards de francs.
1. La réduction du déficit du régime général : le résultat d'un versement exceptionnel du Fonds de solidarité vieillesse (FSV)
Pour
réduire de moitié le déficit tendanciel du régime
général et financer le " coup de pouce " de 0,5 %
accordé sur les pensions de retraite, le Gouvernement a choisi de faire
verser par le Fonds de solidarité vieillesse (FSV) une contribution de
3,8 milliards de francs.
Ce versement à la Caisse nationale d'assurance vieillesse des
travailleurs salariés (CNAVTS) comporte deux composantes :
- la prise en charge par le FSV, en application de l'article 3 du projet
de loi, d'une somme de 2,9 milliards de francs au titre de la prise en
charge des validations pour la retraite, dans les départements
d'outre-mer en 1994, 1995 et 1996, des périodes pendant lesquelles les
assurés au chômage ont bénéficié des
prestations versées par l'assurance chômage ;
- la prise en charge par le FSV, à hauteur de 900 millions de
francs, de la validation de nouveaux avantages non contributifs aujourd'hui
assumés par la CNAVTS. Il s'agirait d'une augmentation des effectifs de
chômeurs non indemnisés utilisés pour le calcul du
versement correspondant du FSV. Cette augmentation sera effectuée par
voie réglementaire
La prise en charge des périodes des chômeurs résidant dans
les DOM apparaît comme une opération de régularisation et
d'apurement du passé. L'exposé des motifs du projet de loi
rappelle que
" la prise en charge financière de la validation
pour la retraite des périodes non travaillées des chômeurs
inscrits à l'ASSEDIC est assurée par le FSV ".
Il précise en outre que
" les données utilisées au
départ ne tenant pas compte des chômeurs dans les DOM, le FSV n'a
pas effectué de versement à ce titre jusqu'en 1997. Depuis lors,
les données UNEDIC intégrant les DOM, les chômeurs des DOM
ont été pris en compte dans les règlements du
FSV. "
Le Gouvernement a donc fait le choix de présenter ce versement du FSV
à la CNAVTS comme un apurement à caractère essentiellement
technique visant
" à régler sur des bases juridiques
incontestées les sommes dues par le FSV au titre des chômeurs de
ces départements par un versement forfaitaire ".
Sans remettre en cause le montant arrêté de 2,9 milliards de
francs, on remarquera que cette évaluation repose sur des estimations
effectuées
ex post
qui comprennent
inévitablement une
part d'arbitraire
.
Le Fonds de solidarité vieillesse (FSV)
Le Fonds
de solidarité vieillesse, créé par la loi n° 93-936
du 22 juillet 1993, relative aux pensions de retraite et à la
sauvegarde de la protection sociale, a pour mission de prendre en charge les
avantages d'assurance vieillesse à caractère non contributif
relevant de la solidarité nationale.
A l'origine, la liste des avantages ainsi pris en charge comprenait l'ensemble
des prestations composant le minimum vieillesse et, pour le régime
général et les régimes alignés (c'est-à-dire
ceux des artisans, des commerçants et des salariés agricoles),
les majorations des pensions pour enfant ou conjoint à charge, ainsi que
la validation gratuite des périodes de service national, de
préretraite totale et de chômage indemnisé.
Le périmètre d'intervention du Fonds a ensuite été
élargi aux avantages suivants :
- réductions de durée d'assurance accordée aux
anciens combattants d'Afrique du Nord (AFN) (loi n° 95-5 du 3 janvier
1995) ;
- validation des périodes de perception de l'allocation de
préparation à la retraite propre aux anciens combattants d'AFN
(loi de finances pour 1995 n° 94-1162 du 29 décembre 1994) ;
- majorations pour enfant accordées par le régime des
exploitants agricoles (loi de finances pour 1996 n° 95-1396 du 30
décembre 1995) ;
- validation des périodes de chômage non indemnisé et
de convention de conversion (loi n° 95-116 du 4 février 1995).
Par ailleurs, les conditions de prise en charge du coût des validations
de périodes non cotisées ont été
améliorées par l'augmentation de 60 % à 90 % du
SMIC de l'assiette forfaitaire utilisée.
On notera également qu'un arrêté devrait très
prochainement augmenter la proportion des chômeurs non indemnisés
prise en compte pour valider les périodes correspondantes, proportion
qui est actuellement limitée à 23,5 % des effectifs. Le
coût de cette mesure est estimée à 900 millions de
francs par l'annexe f du projet de loi de financement de la
sécurité sociale.
Les recettes du FSV sont principalement constituées par le produit de
1,3 point de CSG. Le fonds perçoit également
l'intégralité des droits sur les boissons alcoolisées ou
non alcoolisées prévus par les articles 402 bis, 438, 406 A et
520 A du code général des impôts, une fraction des droits
de consommation sur les alcools prévus par l'article 403 du code
général des impôts ainsi que le produit de la taxe sur les
contributions des employeurs aux prestations de prévoyance
complémentaire instituée par l'ordonnance n° 96-51 du
24 janvier 1996, taxe dont la loi de financement de la sécurité
sociale pour 1998 a porté le taux de 6 % à 8 %.
On remarquera en outre que cette opération de régularisation
vient, d'une part, bien tard, d'autre part, fort à propos pour le
Gouvernement qui trouve là un artifice bienvenu pour réduire de
manière spectaculaire le déficit de la branche vieillesse en 1999.
Ce versement forfaitaire constitue une recette non renouvelable et un
expédient qui présente le caractère d'un pistolet à
un coup, et non un moyen de financement durable.
2. La revalorisation de 1,2 % des pensions de retraite en 1999 : une mesure généreuse et coûteuse
La loi
du 22 juillet 1993 relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde
de la protection sociale a modifié les modalités de
revalorisation des pensions et des salaires portés au compte individuel.
Dans le régime général et les régimes
alignés (artisans, commerçants, professions industrielles,
salariés agricoles) ainsi que pour les exploitants agricoles, les
pensions ont été indexées sur les prix pour les exercices
allant de 1994 à 1998 inclus et revalorisées le 1
er
janvier de chaque année.
Il ne s'agissait cependant pas d'une mesure totalement nouvelle, puisque cette
indexation était, en pratique, appliquée depuis 1987.
Le dispositif de revalorisation instituée par la loi de 1993 se
composait de trois éléments :
- une revalorisation annuelle fixée en fonction d'un indice
d'évolution prévisionnelle des prix (hors tabac) ;
- un ajustement permettant de corriger un éventuel écart
entre le taux prévisionnel et le taux réel d'évolution
annuelle des prix (hors tabac) (ajustement " en niveau "). Cet
ajustement peut être positif ou négatif ;
- une compensation positive ou négative pour les assurés
titulaires, à la date de la revalorisation, d'un avantage de vieillesse
ou d'invalidité, correspondant à l'écart ainsi
constaté au titre de l'année précédente (ajustement
" en masse ").
Il était également prévu de procéder à un
ajustement au 1
er
janvier 1996 afin de faire
bénéficier les titulaires de pensions de vieillesse ou
d'invalidité des progrès de productivité, ce qui a en fait
été anticipé au 1
er
juillet 1995.
Au 1
er
janvier 1998, la revalorisation a ainsi été de
1,1 %. Ce taux comprenait une revalorisation provisionnelle de 1,3 %
au titre de 1998 et un rattrapage négatif de 0,2 % au titre de
1997, compte tenu de l'évolution des prix semblant se dessiner
(1,1 % au lieu de 1,3 % initialement prévu).
Or ce dispositif d'indexation mis en place par la loi du 22 juillet 1993
était provisoire : l'article 5 de la loi mentionne en effet que ces
dispositions sont applicables pendant cinq ans à compter du
1
er
janvier 1994.
Les dispositions de la loi de 1993 venant à échéance au 31
décembre 1998, il était nécessaire de définir les
modalités de revalorisation pour 1999 et les années suivantes.
Historique des revalorisations des pensions depuis 1990 : régime général, ARRCO, AGIRC, minimum vieillesse
|
Revalorisation des pensions du régime général (taux) |
Revalorisation des pensions du régime général en moyenne annuelle |
|
|
Evolution de la valeur du point Arrco en moyenne annuelle |
Evolution du point Agirc en moyenne annuelle |
1990 |
au 1/01 : 2,15 % |
3,35 % |
2,15 % |
3,4 % (1) |
4,11 % |
3,0 % |
|
au 1/07 : 1,3 % |
|
1,3 % |
|
|
|
1991 |
au 1/01 : 1,7 % |
2,85 % |
1,7 % |
3,2 % (1) |
3,72 % |
4,10 % |
|
au 1/07 : 0,8 % |
|
0,8 % |
|
|
|
1992 |
au 1/01 : 1 % |
2,3 % |
1,0 % |
2,2 % |
3,49 % |
2,90 % |
|
au 1/07 : 1,8 % |
|
1,8 % |
|
|
|
1993 |
au 1/01 : 1,3 % |
2,33 % |
1,3 % |
1,8 % |
2,14 % |
2,70 % |
1994 |
au 1/01 : 2 % |
1,94 % |
2,0 % |
1,4 % |
0,52 % |
0,0 % |
1995 |
au 1/01 : 1,2 % |
1,48 % |
1,2 % |
1,7 % |
0,8 % |
0,0 % |
|
au 1/07 : 0,5 % |
|
2,8 % |
|
|
|
1996 |
au 1/01 : 2 % |
2,23 % |
2,1 % |
1,9 % |
1,76 % |
1,50 % |
1997 |
au 1/01 : 1,2 % |
1,27 % |
1,2 % |
1,1 % |
0,6 % |
0,50 % |
1998 |
au 1/01 : 1,1 % |
1,11 % |
1,1 % |
1,3 % (P) |
1,1 % |
0,0 % |
(1)
Prix tabac compris
(P) Prévisions. Les nouvelles prévisions pour 1998 font
état d'un taux d'évolution de 0,8 % (source : rapport de la
commission des comptes de septembre 1998).
Deux options fondamentales s'offraient dès lors au Gouvernement :
- le maintien du système aujourd'hui en vigueur,
c'est-à-dire pour l'essentiel une indexation fondée sur
l'évolution des prix ;
- le choix d'une indexation sur l'évolution des salaires à
laquelle l'actuelle majorité s'était déclarée
favorable lors de la campagne électorale précédant les
élections législatives de mai 1997.
Le Gouvernement n'a pas véritablement tranché entre ces deux
options fondamentales.
La nouvelle rédaction de l'article L. 351-11 du code de la
sécurité sociale résultant de l'article 29 du projet de
loi ne porte que sur l'année 1999. Ce nouveau dispositif d'indexation
est provisoire,
" dans l'attente du diagnostic que doit établir
le Commissaire général du Plan en concertation avec les
partenaires sociaux et portant sur la situation de l'ensemble des
régimes de retraite "
, indique l'exposé des motifs de
l'article 29 du projet de loi.
Le Gouvernement a donc repoussé à une décision
ultérieure la définition d'un système d'indexation des
pensions applicable pour les prochaines années.
Il a fait le choix de revaloriser au 1
er
janvier 1999 les pensions
conformément au taux
prévisionnel
d'évolution en
moyenne annuelle des prix à la consommation hors tabac, prévu
dans le rapport économique, social et financier annexé au projet
de loi de finances, soit 1,2 %.
Cette revalorisation est donc bien supérieure à ce qu'aurait
exigé la simple reconduction du mécanisme d'indexation des
pensions instaurée par la loi du 22 juillet 1993. En effet,
l'application de ce mécanisme aurait conduit à procéder
à un rattrapage négatif pour compenser l'écart entre le
taux de l'inflation prévisionnelle qui a servi de base à la
revalorisation au 1
er
janvier 1998 (1,3 %) et l'inflation qui
devrait être effectivement constatée pour 1998 (0,8 %).
Ce choix du Gouvernement assure dès lors automatiquement un gain du
pouvoir d'achat de 0,5 % à l'ensemble des retraités au titre
de l'année 1998.
Pour l'année 1999, les éventuels gains ou pertes de pouvoirs
d'achat dépendront du taux d'inflation effectif constaté à
la fin de l'année. Il est cependant probable que l'année 1999 se
traduira par un nouveau gain de pouvoir d'achat pour les retraités, le
taux d'inflation prévisionnel affiché par le Gouvernement
(1,2 %) étant particulièrement élevé
5(
*
)
. Ce gain de pouvoir d'achat sera lui aussi acquis
définitivement, le nouveau dispositif de revalorisation proposé
par le Gouvernement ne prévoyant pas de possibilité de rattrapage
négatif.
Le coût du " coup de pouce " accordé en 1999
s'avère particulièrement élevé.
Il est
évalué par l'annexe C du projet de loi à
1,81 milliard de francs pour la seule branche vieillesse du régime
général.
Il se traduit également, pour le FSV, par un alourdissement des
dépenses de majoration de pension de 92 millions de francs et, le
Gouvernement ayant annoncé qu'une mesure similaire serait prise en
faveur du minimum vieillesse, de 88 millions de francs pour les
allocations aux personnes âgées, soit un total de
180 millions de francs de dépenses supplémentaires pour le
FSV.
Cette revalorisation de 0,5 % supérieure à ce qui aurait
résulté au 1
er
janvier 1999 de l'application de
la loi du 22 juillet 1993 affecte également les régimes dont les
pensions sont, en droit ou en fait, revalorisées dans les mêmes
conditions que celles du régime général.
Le surcoût induit par la revalorisation de 1,2 % est de 45 millions
de francs pour le régime des mines, de 70 millions de francs pour
l'ORGANIC, de 50 millions de francs pour la CANCAVA et de 10 millions de francs
pour la CNAVPL.
L'accroissement du besoin de financement de l'ORGANIC et de la CANCAVA
réduira d'autant l'excédent du compte de C3S disponible pour
alimenter le fonds de réserve.
Le coût pour le régime général -toutes branches
confondues- est en outre plus élevé dans la mesure où la
revalorisation des pensions entraîne -mécaniquement- la
revalorisation d'un certain nombre d'autres prestations dont l'évolution
est alignée sur celle des pensions (rentes d'accidents du travail,
pensions d'invalidité). Le surcoût de cette revalorisation est par
conséquent estimé à 120 millions de francs pour la
branche maladie et 150 millions de francs pour la branche accidents du
travail. Le coût total du " coup de pouce " de 0,5 % est
donc évalué à 2,080 milliards de francs pour le
régime général -toutes branches confondues.
Coûteuse en 1999, la mesure de revalorisation décidée par
le Gouvernement le sera également les années suivantes. Par un
effet de base habituel, la charge du régime général des
années à venir se trouve mécaniquement alourdie de plus de
2 milliards de francs.
Le Gouvernement a fait le choix de privilégier les retraités :
votre rapporteur en prend acte.
Votre rapporteur souligne cependant que si les pensions de retraite sont
revalorisées de 1,2 % en 1999, les prestations familiales ne le
seront quant à elles que de 0,71 %.
En effet, le Gouvernement a choisi, pour la deuxième année
consécutive, d'opérer sur l'évolution de la base mensuelle
des allocations familiales (BMAF), qui conditionne la progression de la plupart
des prestations familiales, le rattrapage négatif de 0,5 % qu'il
s'est refusé à appliquer aux pensions de retraite.
Les retraités conserveront donc le gain de pouvoir d'achat acquis au
titre de 1998, par les familles. Cette décision paraît d'autant
plus surprenante que la branche vieillesse sera déficitaire de
4 milliards de francs en 1999 tandis que la branche famille sera, elle,
excédentaire. Le Gouvernement donne un petit coup de pouce aux retraites
et accroît encore les dépenses d'une branche déficitaire ;
parallèlement, il refuse tout effort supplémentaire en faveur des
familles alors que la branche famille enregistre un excédent
important.
C. LE GOUVERNEMENT N'APPORTE PAS DE VÉRITABLE RÉPONSE AUX PROBLÈMES IMMÉDIATS
1. Une réforme modeste et insuffisante de l'assurance veuvage
Le
Gouvernement a fait adopter par l'Assemblée nationale un article
additionnel 29
bis
modifiant de manière assez substantielle le
régime de l'assurance veuvage. Cet article résulte d'un
amendement de séance déposé par le Gouvernement et que la
commission des affaires culturelles, familiales et sociales n'a pas pu
examiner.
L'assurance veuvage garantit au conjoint d'un assuré relevant du
régime général ou du régime des salariés
agricoles, âgé de moins de 55 ans, et ayant élevé ou
ayant à sa charge au moins un enfant, une allocation veuvage
dégressive dans le temps, dès lors que ses ressources sont
inférieures ou égales à un plafond, fixé au niveau
très bas de 3.883 francs par mois, allocation comprise.
Lorsque la somme des ressources personnelles et de l'allocation dépasse
le plafond, cette dernière est réduite à due concurrence.
En conséquence, le bénéfice de l'allocation au taux plein
est réservé, la première année, aux personnes dont
les ressources personnelles sont inférieures ou égales à
776 francs par mois. La durée d'attribution est limitée aux
trois années suivant le décès du conjoint, cette
durée étant portée à cinq ans si le
bénéficiaire était âgé d'au moins 50 ans
au moment du décès.
Le montant mensuel maximal de l'allocation est fixé à
3.107 francs par mois la première année, 2.041 francs
par mois la deuxième année et 1.537 francs par mois la
troisième année et, le cas échéant, les deux
années suivantes.
L'allocation veuvage devient ainsi inférieure au RMI dès la
deuxième année, alors qu'elle est une prestation de
sécurité sociale -et non d'assistance- financée par une
cotisation spécifique à la charge du salarié dont le taux
est fixé à 0,1 % du salaire déplafonné.
La réforme proposée par le Gouvernement consiste à
remplacer cette allocation dégressive par une allocation unique
.
L'allocation veuvage serait désormais versée pendant deux
années seulement, mais au taux de la première année, soit
3.107 francs par mois. Pour les veuves et les veufs âgés de
50 à 55 ans lors du décès de leur conjoint,
l'allocation veuvage pourrait être maintenue à ce taux pendant
trois années supplémentaires, soit pendant une durée
totale de cinq ans.
Votre rapporteur ne peut tout d'abord que déplorer la méthode
employée par le Gouvernement. Il n'apparaît pas très
respectueux des droits du Parlement de déposer au dernier moment un
amendement de cette importance, que la commission des Affaires culturelles,
familiales et sociales de l'Assemblée nationale n'a donc pas pu examiner.
Il fait en outre observer que le problème de l'assurance veuvage est
ancien : le Gouvernement peut difficilement feindre de n'avoir pris
conscience que ces derniers jours de son acuité, ce qui expliquerait le
dépôt très tardif de cet amendement.
Votre commission a déjà souligné, à de
nombreuses reprises, l'impérieuse nécessité
d'améliorer la condition des veuves et des veufs.
L'assurance veuvage n'a en effet guère évolué depuis sa
création en 1980 ; elle ne semble pas aujourd'hui en mesure de
remplir la mission qui lui avait été assignée : donner au
conjoint survivant n'exerçant pas d'activité professionnelle des
moyens de subsistance en attendant qu'il puisse se réinsérer dans
la vie professionnelle.
Le groupe d'études sénatorial des problèmes du veuvage,
que préside M. Jacques Machet et qui est rattaché à votre
commission, a ainsi souvent attiré l'attention du Gouvernement sur la
situation de l'assurance veuvage. De même, lors de l'examen par le
Sénat du projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 1998, votre rapporteur était revenu sur cette question dans
son rapport écrit et dans son intervention dans la discussion
générale.
Pour améliorer le sort des veuves et des veufs, des moyens financiers
sont disponibles.
Le Fonds national de l'assurance veuvage, qui retrace en
recettes les cotisations d'assurance veuvage et en dépenses les
prestations d'assurance veuvage, est structurellement excédentaire
depuis sa création, en 1980.
Fonds national de l'assurance veuvage
(en millions de francs)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Recettes (cotisations) |
1.738 |
2.028 |
1.941 |
1.924 |
1.992 |
2.020 |
2.321 |
2.153 |
Dépenses (prestations) |
435 |
435 |
439 |
449 |
465 |
462 |
506 |
550 |
Solde |
+ 1.303 |
+ 1.593 |
+ 1.502 |
+ 1.475 |
+ 1.527 |
+ 1.558 |
+ 1.815 |
+ 1.603 |
Sur
la période 1990-1997, les dépenses au titre des prestations
veuvage n'ont représenté en moyenne que 23 % des recettes et
le total des excédents cumulés s'élève à
12,4 milliards de francs.
Ces excédents répétés viennent minorer les
déficits du régime général d'assurance vieillesse.
La loi n° 94-637 du 25 juillet 1994 a d'ailleurs
entériné la pratique du transfert des excédents de
l'assurance veuvage vers l'assurance vieillesse en créant une branche
unique vieillesse-veuvage.
Pourtant, le deuxième alinéa de l'article L. 251-6 du code de la
sécurité sociale prévoit que
" les
excédents du fonds national d'assurance veuvage constatés
à l'issue de chaque exercice sont affectés en priorité
à la couverture sociale du risque de veuvage ".
Cette
disposition n'a jamais eu de réelle portée pratique.
Votre commission a par conséquent souligné depuis longtemps la
nécessité de revaloriser de manière significative les
différents montants de l'allocation veuvage, de sorte que même
l'allocation servie pendant la troisième année soit
supérieure au RMI. Il conviendrait parallèlement de relever dans
des proportions au moins équivalentes le plafond de ressources
applicable.
La réforme que le Gouvernement a fait adopter par l'Assemblée
nationale s'inscrit dans la ligne des propositions de Mme Join-Lambert
dans son rapport relatif aux minima sociaux remis à la ministre de
l'emploi et de la solidarité en février 1998.
Elle constitue cependant un progrès très relatif.
Elle
améliore certes la situation de la deuxième année, ce qui
permettra aux personnes concernées de percevoir 1.066 francs
supplémentaires par mois pendant cette année-là. Pour les
personnes âgées de moins de 50 ans, elle supprime en revanche
toute prestation pour la troisième année : les personnes
concernées basculeront désormais sur le RMI dès la fin de
la deuxième année.
Au total, l'effort financier accompli par le Gouvernement est modeste :
la réforme proposée se traduira par une dépense
supplémentaire de 70 millions de francs en 1999 et constitue davantage
un redéploiement de crédits qu'un réel effort financier en
faveur des veuves et des veufs.
La mesure proposée n'affectera pas
sensiblement l'excédent du Fonds national de l'assurance veuvage.
Votre rapporteur regrette que le Gouvernement n'ait pas souhaité
mener une réforme plus ambitieuse et plus généreuse de
l'assurance veuvage. Elle ne manquera pas de souligner que l'effort accompli
paraît bien dérisoire par rapport aux besoins des personnes
atteintes par le drame du veuvage et aux excédents structurels du Fonds
national de l'assurance veuvage.
Votre rapporteur juge en outre particulièrement déplaisant que le
Gouvernement ait cru bon de profiter de cet article additionnel pour introduire
une disposition revenant sur une jurisprudence de la Cour de cassation selon
laquelle la majoration pour enfants applicable aux pensions de vieillesse du
régime général ne doit pas être prise en compte pour
l'application de la limite de cumul entre pension directe et pension de
réversion.
2. Une réforme hâtive et inachevée de l'aide à domicile
L'article L. 241-10 du code de la sécurité
sociale
prévoit que les rémunérations des aides à domicile
employées par les associations agréées par l'Etat
6(
*
)
, les organismes habilités au titre de l'aide
sociale ou ayant passé convention avec un organisme de
sécurité sociale bénéficient d'une
exonération de 30 % des cotisations sociales patronales.
L'article 3
ter
du projet de loi, qui résulte d'un amendement
présenté par la commission des finances de l'Assemblée
nationale, relève de 30 % à 100 % le taux de cette
exonération de charges sociales patronales, accordant ainsi aux
associations prestataires de services aux personnes et organismes
habilités une exonération totale de charges sociales patronales.
Conscient des difficultés que rencontrent aujourd'hui les
associations d'aide à domicile, votre rapporteur accueille très
favorablement cet article. Il avait d'ailleurs interrogé la ministre de
l'emploi et de la solidarité sur ce point le 15 octobre dernier, lors
des questions d'actualité au Gouvernement.
Le Sénat avait en outre voté le passage de 30 % à
60 % du taux d'exonération de charges sociales dont ces
associations bénéficient lors de l'examen par notre Haute
assemblée du projet de loi portant diverses dispositions d'ordre
économique et financier. Cette disposition n'avait cependant finalement
pas été retenue par l'Assemblée nationale.
En revanche, votre rapporteur ne peut accepter le plafonnement drastique,
institué par l'article 3
bis
, de l'exonération de
cotisations sociales dont peuvent bénéficier, pour la
rémunération d'une aide à domicile, les personnes
âgées de plus de 70 ans.
Cette exonération ne serait désormais accordée que dans la
limite d'un plafond fixé à 180 fois la valeur du SMIC horaire.
L'exonération de cotisations sociales patronales ne porterait donc plus
désormais que sur l'équivalent de 180 heures payées au
SMIC par trimestre, soit 14 à 15 heures par semaine.
Cette disposition résulte d'un amendement de séance
déposé par le Gouvernement le jour même de son examen et
qui n'a donc pas pu être examiné par la commission des affaires
culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale.
Il eût été éminemment préférable qu'un
texte de cette importance, traitant d'un sujet aussi complexe, fasse l'objet
d'une étude plus approfondie.
Soucieux de rétablir l'équité entre l'emploi direct, dit
de gré à gré, et le recours à des associations
prestataires de services, votre rapporteur est favorable à une
exonération totale des cotisations sociales pour les associations. Il ne
peut cependant accepter que l'on réduise parallèlement les
avantages accordés à l'emploi direct.
Une telle mesure reviendrait à tomber d'un excès dans l'autre.
Les associations souffraient antérieurement de la concurrence du
gré à gré, dont le coût s'avérait plus
compétitif pour les employeurs. Il ne faudrait pas, pour autant,
qu'elles soient aujourd'hui dans une position qui les avantagerait sensiblement
par rapport au gré à gré.
La mesure proposée par le Gouvernement revient à passer, pour les
associations, d'une situation de discrimination négative à une
situation de discrimination positive.
Votre commission partage à cet égard les conclusions du rapport
" Hespel-Thierry ", dont la ministre de l'emploi et de la
solidarité prétend pourtant s'être inspirée, selon
lesquelles il convient de
" préserver la liberté de choix
des employeurs entre le gré à gré et les prestataires,
sauf en cas de dépendance extrême "
7(
*
)
.
Dans leur rapport de mission sur les services d'aide aux personnes, Mme Hespel
et M. Thierry proposent de
" substituer à la réduction
fiscale une exonération uniforme des charges patronales
afférentes aux emplois à domicile, prises en charge par
l'Etat. "
Cette prise en charge serait accordée à l'ensemble des emplois
ouvrant droit actuellement à la réduction fiscale pour emplois
familiaux, qu'ils soient le fait d'employeurs de gré à gré
ou d'employeurs prestataires, associations ou entreprises.
L'exonération porterait sur 100 % des cotisations patronales
exigibles tant par le régime général que par les
régimes de retraite complémentaire, l'UNEDIC et les organismes de
formation continue, dans la limite des taux actuellement applicables aux
employés relevant de la convention des employés de maison et dans
la limite du SMIC.
Cette hypothèse conduit le rapport " Hespel-Thierry " à
préconiser :
- d'élargir le champ des exonérations consenties aux
employeurs de plus de 70 ans ou assimilés, recourant au gré
à gré (extension aux cotisations FNAL, IRCEM, UNEDIC et formation
continue) ;
- d'augmenter le taux et le champ des exonérations consenties aux
employeurs prestataires (taux passant de 30 à 100 %, extension aux
cotisations UNEDIC, régime de retraite complémentaire et
formation continue) ;
- d'augmenter le niveau et le champ des exonérations consenties aux
associations intermédiaires, lorsqu'elles interviennent dans le champ
des services à domicile.
On peut ainsi constater que la réforme proposée par le
Gouvernement prend, pour les personnes âgées de plus de 70 ans,
l'exact contre-pied des recommandations du rapport " Hespel-Thierry "
dont la ministre de l'emploi et de la solidarité a prétendu
à plusieurs reprises vouloir s'inspirer.
On ajoutera enfin que cette réforme comporte un risque de
développement du travail clandestin qu'on ne saurait sous-estimer.
La seule véritable justification de ce plafonnement, dont on ignore par
ailleurs pour quelles raisons il a été fixé à 180
heures par trimestre, est financière.
La ministre de l'emploi et de la solidarité a ainsi expliqué que
l'objectif était de gager partiellement le coût de l'adoption de
l'article 3
ter
(670 millions par francs) par une économie de 420
millions de francs réalisée en plafonnant l'exonération
accordée aux personnes de plus de 70 ans.
Elle a précisé qu'elle donnerait un avis favorable à
l'adoption de l'article 3
ter
dès lors que l'article 3
bis
aurait été adopté,
" puisqu'ils sont
financés en partie l'un par l'autre ".
Les autres dispositions de cet article fixent les conditions -contrats à
durée indéterminée, exonération sur une fraction
des rémunérations, modalités de contrôle de ces
exonérations- auxquelles sera soumise l'exonération totale de
cotisations sociales dont bénéficieraient les associations. Elles
mettent en place un système complexe reposant sur des procédures
lourdes. Il est très difficile d'en mesurer aujourd'hui, dans un
délai aussi bref, la portée et les conséquences.
Votre rapporteur ne peut que déplorer une nouvelle fois la
précipitation avec laquelle le Gouvernement souhaite faire adopter par
le Parlement cette réforme de l'aide à domicile. Cette
précipitation prive le législateur du délai
nécessaire à un examen attentif et à une évaluation
approfondie, au travers notamment d'une concertation avec les
différentes parties intéressées, du dispositif
proposé.
A l'évidence, la réforme de l'aide à domicile
proposée par le Gouvernement présente un caractère pour le
moins inachevé.
*
Il
apparaît ainsi que l'équilibre de la branche vieillesse du
régime général n'est pas assuré en 1999. Le
déficit n'est réduit de moitié que par un expédient
non renouvelable.
Parallèlement, le Gouvernement décide une revalorisation de
1,2 % des pensions de retraite, mesure qui s'avérera coûteuse
en 1999 et dont les répercussions financières se feront
également sentir les années suivantes.
L'annexe C du projet de loi intègre l'impact des mesures contenues dans
le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999
et prévoit le solde de la branche vieillesse du régime
général (CNAVTS) pour les prochaines années.
Le
régime général devrait être encore
déficitaire de 4,8 milliards de francs en 2000 et de 2,3 milliards
en 2001, malgré des hypothèses macro-économiques
optimistes.
Le déficit de la branche vieillesse du régime
général présente à l'évidence un
caractère quasi structurel. La persistance de ces déficits est
d'autant plus préoccupante que la branche vieillesse
bénéficie aujourd'hui d'une situation démographique
exceptionnellement favorable, résultant de l'arrivée à
l'âge de la retraite des classes creuses d'avant-guerre.
Ces déficits répétés et permanents amènent
à s'interroger sur la signification que peut dès lors
revêtir la constitution concomitante de " réserves "
pour les retraites. Il y a en effet quelque chose de paradoxal à tenter
de constituer des réserves pour l'avenir alors que les déficits
accumulés alourdissent la dette qui pèse sur les
générations futures.
II. L'AVENIR DES RÉGIMES DE RETRAITE : EN ATTENDANT CHARPIN...8( * )
A. LE GOUVERNEMENT SUBORDONNE TOUTE RÉFORME D'AMPLEUR À LA PUBLICATION DU NOUVEAU DIAGNOSTIC SUR LES RETRAITES
1. La mission de diagnostic sur les retraites confiée au Commissariat général du Plan
Par
lettre en date du 29 mai 1998, le Premier ministre a chargé
M. Jean-Michel Charpin, Commissaire général du Plan,
d'établir un diagnostic sur l'ensemble des régimes de retraite.
Ce diagnostic devra être
" aussi partagé que possible par
les partenaires sociaux et les gestionnaires des différents
régimes. "
Après avoir indiqué que le Gouvernement entendait adopter
" une démarche transparente et ouverte ",
la lettre du
Premier ministre précise que ce diagnostic devra porter sur le
régime général, les régimes spéciaux, les
régimes des professions non salariées et les régimes
complémentaires, ainsi que sur les transferts de compensation entre
régimes.
Le Commissariat général devra actualiser et compléter les
projections disponibles sur la situation financière des
différents régimes de retraite. Il sera également
chargé de réunir des informations sur les systèmes de
retraites de nos principaux partenaires et sur les politiques mises en oeuvre
pour assurer leur équilibre à moyen et long terme.
La lettre de mission du Premier ministre ajoute qu'il
" est essentiel
de rechercher l'équité entre retraités, compte tenu du
statut auquel ils étaient soumis en tant qu'actifs. Aussi les
projections financières doivent-elles être
complétées par une analyse des dispositions respectives des
différents régimes. Cette analyse devra tenir compte des
contributions versées par l'assuré et éventuellement par
son employeur, de son revenu d'activité, et des
spécificités liées à son statut. Il sera
également utile de fournir des éléments
d'appréciation sur l'évolution du niveau de vie des
retraités. "
Le Commissariat général du Plan est également
chargé de réunir une commission de concertation qui examinera les
travaux de projection et d'analyse, pourra commander des variantes et
" offrir à chacun des participants la possibilité d'exprimer
son appréciation sur les éléments
présentés ".
Les conclusions de cette commission de
concertation devront être remises au Premier ministre avant le 31 mars
1999.
La commission de concertation comprend des représentants des syndicats
(CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO, CGT, Fen-Unsa, FSU), du patronat (MEDEF, CGPME, UPA),
des professions libérales (UNAPL), des exploitants agricoles (FNSEA,
CNJA), des retraités (CNRPA), des régimes de retraites (CNAV,
AGIRC, ARRCO, CNRACL, CANCAVA, ORGANIC, CNAVPL) et des ministères
concernés.
Une première réunion de concertation entre le Commissariat
général du Plan et les différentes parties
intéressées, consacrée au niveau de vie des
retraités, a eu lieu le 8 octobre dernier. Sept autres réunions
devraient suivre d'ici la fin du mois de décembre afin d'étudier
successivement les thèmes suivants :
- les mécanismes de fonctionnement des différents
régimes de retraite ;
- les conditions de passage de l'activité à la retraite
(préretraites, cumul emploi-retraite, retraite
anticipée...) ;
- les comparaisons internationales ;
- les hypothèses démographiques et
macro-économiques ;
- les projections financières ;
- les comparaisons inter-régimes portant sur les prestations et les
cotisations.
Le rapport annexé au projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999 précise par ailleurs que
" c'est sur la base de ce diagnostic partagé que pourra s'ouvrir
un dialogue sur les réformes à entreprendre ".
Il est en
outre indiqué :
" Le Gouvernement prendra les décisions qui s'imposent,
guidé par la volonté :
" - de préserver notre système de répartition, garant
de solidarités essentielles entre actifs et retraités,
" - de rechercher une meilleure équité tant entre les
générations qu'entre les régimes de retraite. "
Votre rapporteur attend avec intérêt les résultats de ce
diagnostic.
Il s'interroge néanmoins que sur la pertinence de projections
financières et démographiques à un horizon 2040. La
plupart des gestionnaires des différents régimes de retraites
qu'il a pu auditionner ont d'ailleurs fait part des difficultés qu'ils
éprouvaient à réaliser des projections aussi lointaines.
Même si la mission Charpin poursuit incontestablement des objectifs plus
ambitieux que les travaux menés précédemment,
votre
rapporteur se demande cependant s'il était vraiment nécessaire
d'établir un nouveau diagnostic sur les retraites, trois ans à
peine après la publication du rapport de 1995 sur " Les perpectives
à long terme des retraites ".
Les enseignements de ce rapport étaient suffisamment clairs pour engager
sans tarder les réformes nécessaires.
2. Les déséquilibres futurs des régimes de retraite : les enseignements du rapport sur " les perspectives à long terme des retraites "
Au cours
des dernières années, un panorama de l'ensemble du système
de retraite français a été réalisé à
deux reprises, donnant lieu à la publication de deux rapports : le Livre
blanc sur les retraites en 1991 et le rapport " Perspectives à long
terme des retraites " en 1995.
Le Gouvernement vient de décider de confier au Commissariat
général du Plan la mission d'élaborer un nouveau
diagnostic des régimes de retraite. A ce jour, le dernier état
des lieux reste cependant celui du rapport publié en 1995 par le
Commissariat général du Plan.
Les enseignements de ce document sont particulièrement éloquents
et méritent d'être rappelés brièvement.
Etabli à la demande du Premier ministre, ce rapport, qui était le
résultat des travaux d'un groupe présidé par M. Raoul
Briet, a apporté un éclairage complémentaire et une mise
à jour du diagnostic du Livre blanc sur les retraites de 1991. Ce
dernier présentait la situation de l'ensemble des régimes de
retraite et leurs perspectives d'évolution. Il proposait
également différentes réformes pour faire face aux effets
du vieillissement démographique. A la suite de ces travaux, certains
régimes ont engagé des réformes : le régime
général et les régimes alignés en 1993, les
régimes complémentaires de salariés ARRCO et AGIRC
à partir de 1993.
Le rapport de 1995 visait à réaliser de nouvelles projections en
intégrant ces réformes, avec cependant un champ plus restreint
par rapport à celui du Livre blanc puisqu'il ne portait que sur les
régimes des salariés du secteur privé (régime
général, ARRCO, AGIRC), les régimes des fonctionnaires
civils de l'Etat, des exploitants agricoles, de la SNCF et des agents des
collectivités territoriales (CNRACL).
Le rapport de 1995 évoque successivement quatre points : la comparaison
entre les niveaux de vie des actifs et des retraités, l'impact des
hypothèses d'évolutions démographique et économique
sur le taux de dépendance des retraités par rapport aux
cotisants, l'équilibre financier à long terme des
différents régimes et les effets de la réforme de 1993 sur
les pensions versées aux différentes catégories
d'assurés. Il met également l'accent sur la
nécessité de poursuivre la réforme des retraites et
notamment de celles relevant des régimes spéciaux.
Le rapport fait tout d'abord
le constat d'une parité moyenne des
niveaux de vie des actifs et des retraités
, confirmant ainsi les
conclusions du Livre blanc sur les retraites. Le niveau moyen des pensions et
du niveau de vie des retraités se serait, en outre, accru depuis le
diagnostic de 1991. A l'appui de cette conclusion, le rapport avance plusieurs
arguments.
Il note d'une part la diminution continue du nombre de
bénéficiaires du minimum vieillesse. En 1992, 1.100.000 personnes
âgées bénéficiaient du minimum vieillesse alors
qu'elles étaient 2.550.000 en 1959.
Cette évolution s'explique, selon les auteurs du rapport, par le niveau
des prestations acquis pour les nouvelles générations de
retraités : les plus jeunes disposent de prestations vieillesse plus
élevées que les plus âgés en raison de
l'amélioration générale des systèmes de retraite.
En outre, ils ont des durées d'affiliation plus importantes, en
particulier les femmes.
Le deuxième argument avancé par le rapport du Plan s'appuie sur
le rapprochement entre les niveaux moyens des salaires et des pensions de
retraite correspondant à une carrière complète. Ce constat
confirme également l'amélioration continue des ressources des
retraités.
S'agissant de l'évolution probable des cotisations face au choc
démographique des années 2010-2040, le Livre blanc sur les
retraites de 1991 faisait le constat
d'une dégradation rapide du
ratio population âgée de plus de 60 ans/population de 15 à
59 ans.
L'actualisation des projections démographiques à l'horizon 2040
effectuées par l'INSEE confirme cette tendance en l'aggravant.
L'introduction d'une hypothèse basse de mortalité -reflet des
évolutions récentes de la démographie française-
conduit à une détérioration importante de ce ratio, qui
passerait ainsi de 0,31 en 1990 à 0,43 en 2015 et à 0,63 en 2040
(dans le Livre blanc, ce ratio n'était que de 0,55).
Cela signifie qu'à cette date, il y aurait 6 personnes " en
âge d'être à la retraite " pour 10 personnes " en
âge de travailler ", si du moins l'on considère -ce qui ne va
pas de soi- qu'en 2040 l'âge de 60 ans restera l'âge
charnière à partir duquel on considère que l'on cesse
d'être en âge de travailler. En 1990, cette proportion était
de 3 contre 10.
A lui seul, ce ratio explique l'essentiel des difficultés auxquelles
les régimes de retraite vont être confrontés à
l'horizon 2010, date d'arrivée à l'âge de la retraite de la
génération du baby-boom.
Ce facteur n'est cependant pas le
seul déterminant de l'équilibre à long terme des retraites
: les comportements d'activité, la situation sur le marché du
travail et la législation en vigueur influent aussi sur les
résultats. Les évolutions du taux d'activité et
l'environnement macro-économique conditionnent aussi la progression de
la population occupée et, par voie de conséquence, celle des
ressources affectées aux régimes de retraite alors que toute
modification de la législation se répercute sur le montant des
pensions servies.
Sur la base de scénarios alternatifs portant sur les comportements
d'activité et l'environnement macro-économique, la Direction de
la Prévision a donc projeté l'évolution de plusieurs
indicateurs : tout d'abord, du taux de dépendance (ratio
retraités/cotisants), puis du taux de cotisations sociales
nécessaire à l'équilibre avant et après
réforme de la législation.
Dans le plus favorable des scénarios, le taux de dépendance
serait proche de celui présenté comme étant le plus
défavorable dans le Livre blanc sur les retraites. Le taux de
dépendance augmenterait entre 2000 et 2040 de 0,3 point, passant
ainsi de 0,48 à 0,77. Pour le scénario le plus sombre, le taux de
dépendance atteindrait même 0,9 point en 2040. A cette date,
il ne resterait alors plus que 1,1 cotisant par retraité contre 2
en l'an 2000 et 3 en 1990.
La dégradation du taux de dépendance trouve son corollaire dans
l'augmentation des taux de cotisation vieillesse. La Direction de la
Prévision estime,
à l'horizon 2015, dans un scénario
macro-économique central, à 10 points supplémentaires
de cotisations le besoin de financement d'un régime global fictif
à législation antérieure à la réforme du
régime général. Ce besoin de financement aurait même
atteint 26 points de cotisations en 2040 (dans le Livre blanc,
l'estimation était seulement de 20 points).
L'actualisation des hypothèses démographiques conduit, à
législation inchangée, à une dégradation de la
situation financière des régimes de retraite. Les perspectives de
financement des principaux régimes apparaissent en 1995 plus
contrastées qu'en 1991.
S'agissant des régimes du secteur privé (régime
général et régimes complémentaires ARRCO et AGIRC),
les mesures prises en 1993 et 1994 leur permettent de viser, dans un contexte
économique moyennement favorable, un quasi-équilibre jusqu'en
2005 (0,9 point de cotisation supplémentaire nécessaire pour
le régime général).
En revanche, pour les régimes spéciaux de salariés
(fonctionnaires de l'Etat et agents des collectivités locales), qui
n'ont pas été concernés par la réforme de 1993, et
connaissent des évolutions démographiques défavorables,
les perspectives sont beaucoup plus préoccupantes : exprimé en
points de cotisation, le besoin de financement du régime des
fonctionnaires civils s'élève à plus de 10 points
d'ici 2005 et celui des agents des collectivités locales à plus
de 16 points.
Si, pour les régimes spéciaux de salariés, la
période 2005-2015 prolonge les évolutions constatées sur
la période 1995-2005 (+ 20 points pour les fonctionnaires
civils, + 30 points pour la CNRACL), il n'en va pas de même
pour les régimes du secteur privé, et notamment pour le
régime général, qui voit ses perspectives
financières se dégrader : le besoin de financement serait
équivalent à un relèvement des cotisations de
4,3 points entre 1995 et 2015 dans le scénario économique
qualifié de central. Cette détérioration résulte,
à parts pratiquement égales, d'une progression plus soutenue des
charges à compter de 2005 (+ 3,8 % entre 2005 et 2015) et d'un
ralentissement dans l'évolution des ressources (+ 2 % au lieu
de + 2,85 %).
Le rapport cotisants/retraités des différents régimes
Effectifs en milliers |
1995 |
2000 |
2005 |
2010 |
2015 |
Evolution 2015/1995 |
|
|
Population totale âgée de plus de 60 ans |
11.582 |
12.152 |
12.611 |
14.102 |
15.617 |
35 % |
Population totale |
Population active totale |
25.998 |
27.055 |
27.739 |
27.739 |
27.481 |
5 % |
|
rapport cotisants/retraités |
2,24 |
2,23 |
2,2 |
1,97 |
1,75 |
- 22 % |
|
Retraités |
8.052 |
9.207 |
10.226 |
11.884 |
13.590 |
69 % |
Régime général |
Cotisants |
14.056 |
15.276 |
16.582 |
16.854 |
16.581 |
18 % |
|
rapport cotisants/retraités |
1,75 |
1,66 |
1,62 |
1,42 |
1,22 |
- 30 % |
|
Retraités |
821 |
948 |
1.118 |
1.309 |
1.481 |
80 % |
Fonctionnaires civils |
Cotisants |
2.075 |
2.075 |
2.075 |
2.075 |
2.075 |
- |
|
rapport cotisants/retraités |
2,53 |
2,19 |
1,86 |
1,59 |
1,4 |
- 45% |
|
retraités |
426 |
576 |
794 |
984 |
1.177 |
176 % |
CNRACL |
Cotisants |
1.541 |
1.561 |
1.560 |
1.560 |
1.560 |
1 % |
|
rapport cotisants/retraités |
3,62 |
2,71 |
1,96 |
1,59 |
1,33 |
- 63 % |
|
Retraités |
215 |
205 |
192 |
188 |
186 |
- 13 % |
SNCF |
Cotisants |
183 |
167 |
153 |
139 |
127 |
- 30 % |
|
rapport cotisants/retraités |
0,85 |
0,83 |
0,79 |
0,74 |
0,68 |
- 20 % |
|
Retraités |
5.100 |
8.100 |
6.530 |
7.260 |
8.700 |
71 % |
ARRCO |
Cotisants |
13.800 |
15.010 |
16.330 |
16.580 |
16.330 |
18 % |
|
rapport cotisants/retraités |
2,71 |
2,58 |
2,5 |
2,28 |
1,88 |
- 31 % |
|
Retraités |
1.063 |
1.277 |
1.523 |
1.930 |
2.384 |
124 % |
AGIRC |
Cotisants |
2.760 |
3.081 |
3.427 |
3.728 |
14.016 |
46 % |
|
rapport cotisants/retraités |
2,6 |
2,41 |
2,25 |
1,93 |
1,68 |
- 35 % |
|
Retraités |
2.104 |
2.007 |
1.819 |
1.691 |
1.588 |
- 25 % |
Exploitants agricoles |
Cotisants |
911 |
821 |
739 |
666 |
600 |
- 34 % |
|
rapport cotisants/retraités |
0,43 |
0,41 |
0,41 |
0,39 |
0,38 |
- 13 % |
La
réforme du régime général décidée en
1993 a permis de remettre celui-ci dans une situation proche de
l'équilibre à l'horizon 2005 (contre un besoin de financement de
plus de 3 points avant réforme en supposant maintenue dans les
faits l'indexation des pensions sur les prix, et réduit de moitié
le besoin de financement résiduel à l'horizon 2015 (un peu plus
de 4 points contre près de 8 avant réforme).
Stable sur la première période de la projection (1995-2005), le
rapport démographique de la population totale se dégraderait
rapidement à compter de 2005 avec l'arrivée à l'âge
de la retraite des générations du baby-boom.
Les trois régimes du secteur privé présentent sensiblement
les mêmes caractéristiques que la population totale -du fait des
hypothèses retenues, leurs effectifs de cotisants évoluent, en
effet, sensiblement comme ceux de la population totale active, alors que leurs
effectifs de retraités sont largement dépendants des taux de
mortalité projetés pour l'ensemble de la population. Ainsi, le
rapport démographique du régime général diminue de
25 % entre 2005 et 2015 contre 7 % entre 1995 et 2005
(quasi-stabilité).
Les régimes complémentaires subissent eux aussi le choc
lié au baby-boom, mais, parce qu'ils ne comptabilisent pas leurs
retraités âgés de moins de 65 ans, l'effet est
décalé dans le temps (l'effet est surtout visible entre 2010 et
2015).
Ce résultat tient aux hypothèses retenues quant à
l'évolution des taux d'activité supposés stabilisés
pour les âges élevés. Ainsi, à partir des
années 2005-2010, le ralentissement de la croissance potentielle traduit
la moindre progression de la population active sous l'effet de la
déformation de la structure démographique. Cette situation
n'entraîne pas nécessairement une réduction du taux de
chômage qui résulte du fonctionnement du marché du travail.
Mais une modification des comportements d'activité des personnes
âgées de plus de 60 ans pourrait, en revanche, desserrer la
contrainte ; les estimations effectuées, qui reposent notamment sur la
stabilité des comportements d'activité aux âges
élevés, sont donc particulièrement fragiles.
Evolution du rapport démographique entre 1995 et
2010
des principaux régimes de retraite de base
Le
rapport démographique du régime général varie ainsi
de 1,75 en 1995 à 1,22 en 2015 ; soit une diminution de 30 % en
vingt ans. La baisse de ce ratio tient évidemment à une
progression beaucoup plus rapide des retraités (+ 70 %) que
des cotisants (+ 20 %). La progression des retraités
résulte elle-même de deux facteurs : une augmentation de 35 %
de la population totale de 60 ans et plus et une croissance de 25 %
du taux de couverture (nombre de titulaires d'une pension directe
rapporté à la population âgée de plus de
60 ans) du régime général.
Pour un champ très proche de celui du régime
général, l'ARRCO présente un rapport démographique
plus favorable du fait de la non-prise en compte de ses retraités
âgés de moins de 65 ans pris en charge par l'ASF.
L'AGIRC, comme l'ARRCO, subit avec retard le choc démographique des
années 2005-2010. Son rapport démographique se dégrade
cependant plus rapidement sous l'effet des évolutions passées et
futures du taux d'encadrement. Ce régime a, en effet,
bénéficié de l'augmentation constante du taux
d'encadrement, permettant un développement rapide de sa population
cotisante. Cet effet, qui a amélioré mécaniquement son
rapport de charge, pèse a contrario en projection sur l'évolution
des effectifs retraités, et ce d'autant plus que le scénario
central repose sur une hypothèse de ralentissement de l'augmentation du
taux d'encadrement. Ainsi, le rapport démographique diminue de plus de
35 % entre 1995 et 2015.
L'effet du baby-boom est, en revanche, nettement moins accentué dans les
autres régimes, ainsi, contrairement à ce qui se passe dans les
régimes du secteur privé, les rapports démographiques du
régime des fonctionnaires et de celui des collectivités locales
se dégradent de façon importante dès l'an 2000.
Cette détérioration reflète, pour le régime des
fonctionnaires, la structure actuelle de la pyramide des âges des
cotisants qui résulte de la politique d'embauche de la fonction publique
des années 1960 à nos jours (forte augmentation de ses effectifs
à compter des années 1960 puis stabilisation depuis 10 ans).
Dans le cas du régime des collectivités locales, la baisse
importante du rapport démographique est imputable à la
montée en charge de ce régime encore jeune. En outre, ses
ressortissants sont majoritairement de sexe féminin (63 % des
retraités de droits directs en 1994, 75 % en 2015) et ont donc une
espérance de vie plus élevée que la moyenne. Le rapport
démographique est divisé par presque 3 d'ici 2015.
En résumé, le rapport sur " Les perspectives à
long terme des régimes de retraite " de 1995 évalue les
besoins de financement futurs du seul régime général
à 18,4 milliards de francs en 2000, 17,8 en 2005, 55,4 en 2010 et 107
milliards de francs en 2015, soit à cette date l'équivalent de
4,3 points de cotisation.
Pour les fonctionnaires civils, le besoin de financement
s'élèverait à 34,2 milliards de francs en 2005, 56 en 2010
et 80,2 milliards de francs en 2015.
Si l'on additionne les besoins de financement en 2015 des différents
régimes étudiés par ce rapport (régime
général, fonctionnaires civils, CNRACL, SNCF, ARRCO, AGIRC,
exploitants agricoles), on obtient un total de 330 milliards de francs. Or
cette étude ne porte pour l'essentiel que sur une partie des
régimes de salariés -à l'exception des exploitants
agricoles. Les besoins de financement totaux de l'ensemble des régimes
de retraite en 2015 seront donc bien supérieurs.
Les besoins de financement des différents régimes
(en milliards de francs)
|
|
1993 |
1995 |
2000 |
2005 |
2010 |
2015 |
2015/
|
|
Charges |
266,4 |
276,2 |
318,4 |
363,8 |
441,8 |
525,8 |
90 % |
|
Ressources |
241,2 |
266,7 |
299,9 |
346,0 |
386,4 |
418,8 |
57 % |
Régime général |
Besoin de financement |
25,2 |
9,5 |
18,4 |
17,9 |
55,5 |
107,0 |
|
|
exprimé en points
de
|
1,7 |
0,6 |
1,1 |
0,9 |
2,4 |
4,3 |
|
|
Charges |
98,6 |
104,8 |
122,7 |
148,6 |
182,2 |
219,6 |
110 % |
|
Ressources |
98,6 |
101,0 |
106,2 |
114,4 |
126,2 |
139,4 |
38 % |
Fonctionnaires |
Besoin de financement |
0,0 |
3,8 |
16,5 |
34,2 |
56,0 |
80,2 |
|
civils |
exprimé en points de cotisation 1 |
- |
1,3 |
5,5 |
10,7 |
15,9 |
20,6 |
|
|
Charges |
31,3 |
37,3 |
50,3 |
71,2 |
93,4 |
119,2 |
220 % |
|
Ressources |
31,3 |
34,5 |
36,7 |
39,8 |
43,9 |
48,4 |
40 % |
CNRACL |
Besoin de financement |
0,0 |
2,8 |
13,6 |
31,4 |
49,5 |
70,8 |
|
|
exprimé en points de cotisation 1 |
- |
1,7 |
7,8 |
16,7 |
23,8 |
30,8 |
|
|
Charges |
26,8 |
26,4 |
25,6 |
25,4 |
26,0 |
27,3 |
3 % |
|
Ressources |
8,6 |
8,3 |
8,0 |
7,9 |
7,9 |
8,0 |
- 4 % |
SNCF |
Besoin de financement |
0 |
0,1 |
0,2 |
0,3 |
0,4 |
0,7 |
|
|
exprimé en points de cotisation 2 |
- |
0,6 |
0,9 |
1,2 |
1,8 |
3,4 |
|
|
Charges |
104,1 |
119,8 |
146,1 |
166,3 |
189,8 |
235,3 |
96 % |
|
Ressources |
108,4 |
117,0 |
151,8 |
175,3 |
195,4 |
212,4 |
82 % |
ARRCO |
Besoin de financement |
- 4,3 |
2,8 |
- 5,7 |
- 9,0 |
- 5,6 |
22,9 |
|
|
exprimé en points de cotisation |
- |
0,2 |
- |
- |
- |
0,9 |
|
|
Charges |
51,5 |
58,7 |
72,1 |
86,0 |
102,5 |
129,1 |
120 % |
|
Ressources |
48,8 |
57,8 |
68,6 |
80,3 |
91,7 |
103,9 |
80 % |
AGIRC |
Besoin de financement |
2,7 |
0,9 |
3,5 |
5,7 |
10,8 |
25,2 |
|
|
exprimé en points de cotisation |
1,0 |
0,3 |
1,1 |
1,5 |
2,5 |
5,2 |
|
|
Charges |
40,2 |
40,5 |
37,9 |
33,8 |
31,0 |
28,7 |
- 29 % |
|
Ressources |
4,9 |
4,7 |
4,3 |
4,0 |
3,7 |
3,4 |
- 27 % |
Exploitants |
Besoin de financement |
35,3 |
35,8 |
33,6 |
29,8 |
27,3 |
25,3 |
|
agricoles |
exprimé en % d'évolution de la cotisation moyenne 3 |
- |
4,1 |
5,6 |
2,2 |
1,6 |
2 |
|
Source : Perspectives à long terme des retraites, 1995
(1) Pour
le régime des fonctionnaires et celui des collectivités locales,
le besoin de financement et son expression en termes de points de cotisation
est obtenu sur la base du taux de cotisation implicite qui équilibre les
comptes de ces deux régimes en 1993.
(2) Pour le régime de la SNCF, les taux de cotisation affichés
dans ce tableau sont calculés de telle sorte que le rapport des
cotisations sur les charges (rapport de charges) de ce régime reste
constant pendant toute la période. En effet, les cotisations
représentant une faible part dans les ressources, l'équilibre
technique de ce régime ne peut être recherché à
travers une augmentation des taux de cotisation.
Comme le souligne la Cour des comptes dans son rapport sur la
sécurité sociale de septembre 1998, le rapport sur les
perspectives à long terme des retraites comporte deux limites
principales :
" D'une part, le nombre de régimes
étudiés est limité, ce qui empêche
l'évaluation globale du système de retraite et la projection des
transferts de compensation. D'autre part, l'horizon des projections par
régime est limité à 2015, alors que les difficultés
devraient se prolonger au-delà et ne se stabiliser qu'autour de
2040 ".
3. Les effets positifs mais insuffisants de la réforme de 1993
Les
mesures adoptées en 1993 par le Gouvernement de M. Edouard Balladur
visaient à enrayer la dégradation de la situation
financière du régime général et
prévoyaient :
- un allongement de la durée d'assurance prise en compte pour
bénéficier d'une pension à taux plein. Cette durée
passe progressivement de 150 trimestres à 160 trimestres, soit 40
annuités, par adjonction d'un trimestre supplémentaire par an
à compter du 1er janvier 1994 ;
- une extension de la période de référence : les
pensions du régime général seront calculées
à l'avenir sur la base des 25 meilleures années de
carrière, au lieu de 10 années. Cette opération est
également réalisée de façon progressive, par
adjonction d'une année supplémentaire tous les ans ;
- une indexation des pensions de retraite sur les prix à la
consommation, pérennisant une pratique de fait depuis 1987. Cette mesure
était valable cinq ans, jusqu'à la fin de l'année 1998.
Pour utile qu'elle soit, cette réforme des retraites n'aurait suffi
à elle seule à limiter l'aggravation des déficits. Quatre
dispositions législatives de recettes ont en effet permis, depuis cette
date, de redresser le solde du régime général d'assurance
vieillesse :
- le relèvement d'1,3 point du taux de la contribution sociale
généralisée au 1er juillet 1993 et la création du
Fonds de solidarité vieillesse (FSV) au 1
er
janvier 1994 ;
- la suppression de la remise mensuelle forfaitaire de 42 francs au
1
er
septembre 1995 ;
- la création de la CADES et de la contribution au remboursement de
la dette sociale (CRDS), ainsi que la taxe de 6 % sur les contributions
à la prévoyance complémentaire, prévues par le plan
de réforme de la protection sociale de novembre 1995.
Au total, en année pleine, on peut estimer à plus de 60 milliards
de francs l'effet sur le solde du régime général
d'assurance vieillesse de l'augmentation des flux financiers qui lui sont
destinés depuis 1993.
La réforme de 1993
9(
*
)
portait sur quatre
régimes : le régime général géré par
la CNAVTS et trois régimes dits " alignés ", le
régime de base des salariés agricoles, géré par la
MSA, le régime de base des artisans, géré par des caisses
relevant de la CANCAVA, le régime de base des industriels et
commerçants gérés par les caisses relevant de l'ORGANIC.
Le régime des exploitants agricoles, celui des professions
libérales et les régimes spéciaux n'entraient pas dans le
champ de la réforme qui, au total, couvre 73 % des cotisants
(65 % pour le seul régime général) et 68 % des
pensions servies par l'ensemble des régimes de base en 1992 (48 %
pour le seul régime général).
En l'absence de réforme, avec une indexation des pensions (et des
salaires reportés) sur les salaires bruts, le taux aurait dû
s'élever à 32 % en 2015 et 48 % en 2040 (contre
18,9 % en 1990) pour maintenir l'équilibre et le revenu relatif des
retraités aurait comme une très forte croissance. La
réforme de 1993 avait pour objectif de contrecarrer ces
évolutions tendancielles, c'est-à-dire de ralentir la croissance
à terme des dépenses et d'élargir l'assiette de
financement par la création du FSV.
Dans son rapport sur la sécurité sociale de septembre
1998
10(
*
)
, la Cour des comptes s'est
efforcée d'évaluer l'impact probable de cette réforme.
Elle a souhaité distinguer l'impact financier global sur le
régime général des effets individuels sur les
retraités. Nous nous intéresserons ici uniquement à
l'impact global.
La Cour relève que l'estimation de l'impact de la réforme est
particulièrement sensible aux scénarios macro-économiques
retenus. En effet, la réforme de l'indexation des pensions rend
l'évolution des charges et des ressources particulièrement
dépendantes de la variation respective des prix et de la masse salariale
en termes réels à long terme (de la différence entre les
taux de croissance de ces deux grandeurs).
Dans le scénario central, le taux de la croissance potentielle de
référence -celle qui stabilise le niveau de chômage- serait
de 2,5 % par an entre 1995 et 2000 puis de 2 % entre 2005-2010, pour
n'être plus, avec la moindre croissance de la population active, que de
1,5 % entre 2010-2040.
Selon la Cour des comptes, en retenant le scénario central,
les
économies liées à la réforme (y compris l'impact du
FSV) ont pour effet de réduire le déficit de 200 milliards
de francs environ à l'horizon 2010, soit le tiers de la charge
tendancielle ou encore 10 à 12 points de cotisations, si l'on prend
comme scénario de référence l'indexation sur les salaires
bruts. Sur ces 200 milliards de francs d'économies, près des
deux tiers sont imputables à l'indexation sur les prix (acquise en
réalité depuis 1987), 12 % s'expliquent par le passage
progressif de 10 à 25 années, environ 5 % par le
relèvement progressif de la durée d'assurance tous
régimes, alors que le FSV contribue à hauteur de près de
20 % à la réduction du déficit.
Comme le constate la Cour des comptes,
" le rôle
déterminant à long terme du mode de revalorisation des pensions
(et des salaires reportés) apparaît ici clairement. "
La réforme de 1993
stricto sensu
-y compris le FSV, mais hors
modalités d'indexation des pensions- réduit les charges du
régime général de 80 milliards de francs (soit
3,5 points de cotisation) à l'horizon 2015.
La Cour note cependant que le besoin de financement du régime
général est très sensible aux hypothèses
d'environnement macro-économiques retenues. Avec une croissance plus
faible et une stagnation du chômage à un haut niveau, le besoin de
financement du régime général équivaudrait à
5 points de cotisations à l'horizon 2015. En revanche, en cas
d'accélération de la croissance à long terme (d'un
demi-point par an), le besoin de financement resterait limité à
un point de cotisation en 2010, légèrement plus par la
suite.
B. LA CRÉATION IMPROMPTUE D'UN FONDS DE RÉSERVE POUR LES RETRAITES N'APPORTE QU'UNE RÉPONSE DÉRISOIRE AUX BESOINS FUTURS
L'article 2 du projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999 prévoit la création, au
sein du FSV,
d'un fonds de réserve pour les retraites.
Ce fonds ne serait destiné qu'à certains régimes, ceux qui
se sont réformés en 1993 : le régime
général et les régimes alignés (salariés
agricoles, ORGANIC et CANCAVA).
Le mécanisme de financement de ce fonds de réserve est
particulièrement complexe
. Ce fonds serait alimenté en
effet par :
- une fraction du produit de la contribution sociale de solidarité
des sociétés (CSSS ou C3S) ;
- tout ou partie des excédents éventuels du FSV ;
- toute autre ressource affectée en vertu de dispositions
législatives ou réglementaires.
Parallèlement, l'article 2 du projet de loi de financement affecte
désormais les excédents de la C3S (et le solde cumulé de
cette contribution) au FSV.
La C3S alimenterait donc le fonds de réserve par deux canaux :
- un " branchement direct " par prélèvement d'une
fraction de la C3S au profit du fonds de réserve ;
- une contribution indirecte par l'intermédiaire des
excédents du FSV, lequel bénéficierait des
excédents de la C3S.
Les mécanismes de financement particulièrement complexes de ce
fonds et les incertitudes qui pèsent sur les sommes effectivement
disponibles ont été analysés par notre collègue
Charles Descours dans son rapport consacré aux " Equilibres
généraux "
11(
*
)
.
1. Des objectifs encore flous
En
annonçant la constitution d'un tel fonds de réserve, le
Gouvernement semble faire le choix de la
" répartition
provisionnée "
préconisée par M. Olivier Davanne
dans son rapport au Conseil d'analyse économique
12(
*
)
. La répartition provisionnée
désigne la constitution de réserves au sein des régimes de
répartition.
Selon M. Olivier Davanne, la constitution de réserves financières
permettrait en principe
" de combiner le rendement élevé
de la capitalisation et les performances de la répartition en termes de
mutualisation des risques financiers entre générations. "
L'idée n'est pas fondamentalement nouvelle : le Livre blanc sur les
retraites de 1991 l'évoquait déjà. En juin 1990, M. Denis
Kessler présentait dans la revue de l'Insee,
Economie et
statistique
, une étude dans laquelle M. Laurent Vernière
montrait que
" la constitution de réserves temporaires constitue
l'un des moyens possibles pour aider les régimes de retraite à
lisser les ajustements nécessaires ".
Enfin, en février
1993, M. René Teulade présentait un projet de loi visant à
constituer une Caisse nationale de garantie des retraites financée
notamment par les fruits de privatisations.
Dans un système de répartition provisionnée, les
régimes de retraite se concentrent sur leur rôle
" d'assureurs intergénérationnels " et gèrent
des réserves financières importantes. Les jeunes
générations héritent ainsi en contrepartie de la dette
implicite laissée par leurs parents d'un patrimoine, productifs de
revenus, qui allège le poids des cotisations retraite payées par
les actifs.
La constitution de réserves peut avoir deux objectifs :
- un simple lissage : les sommes accumulées sont
dépensées au moment où les besoins de financement
l'exigent, jusqu'à la disparition totale du fonds ;
- la constitution d'un fonds durable et permanent dont les revenus
financiers permettent de faire face aux besoins de financement.
Selon que l'on choisisse l'une ou l'autre des deux options, les montants
nécessaires sont très différents. Ils sont naturellement
beaucoup plus élevés dans l'hypothèse de la
création d'un fonds permanent.
Le Gouvernement n'a pas encore indiqué quelle serait
véritablement la finalité du fonds de réserve ainsi
créé.
L'analyse de l'évolution démographique de notre pays incite
plutôt à privilégier la constitution d'un fonds
permanent
. En effet, comme le souligne fort pertinemment M. Olivier
Davanne,
" contrairement à un sentiment largement
répandu, le terme de " bosse démographique " donne une
image très inexacte des difficultés qui apparaîtront
à partir de 2005-2010. Si la population française reste à
peu près stabilisée au cours du siècle prochain, c'est la
structure démographique de 2040, qui, loin de ressembler à une
bosse, constituera une situation stable. Dans un contexte de vieillissement de
la population, la structure actuelle, caractérisée par des taux
de dépendance supportables, est en revanche transitoire et
résulte du baby-boom des années cinquante et soixante.
Plutôt que le passage d'une bosse, les difficultés de la
première moitié du siècle prochain s'apparentent ainsi
à la montée vers un plateau.
"
Pourtant, le caractère particulièrement modique des montants
financiers dégagés par le Gouvernement pour l'alimentation de ce
fonds de réserve laisse difficilement présager la constitution
d'un fonds durable, apte par les revenus qu'il procure à alléger
le fardeau pesant sur les actifs.
2. Des modalités de financement très incertaines et qui n'apparaissent pas à la mesure des besoins futurs
Le
Gouvernement a indiqué que le fonds serait, dans l'immédiat,
alimenté à hauteur de 2 milliards de francs par un
prélèvement sur les excédents de la C3S et du FSV.
Cette somme correspond à un jour de versement de prestations vieillesse
dans notre pays.
On ne dispose par ailleurs que de peu d'éléments concernant les
éventuelles autres dotations affectées au fonds en vertu de
dispositions législatives ou réglementaires.
Le Gouvernement a ainsi évoqué -mais sans s'engager formellement-
une éventuelle affectation du produit de la cession des parts
représentatives de droits de propriété sur les caisses
d'épargne, à hauteur de 15 milliards de francs environ, à
l'occasion de la réforme annoncée des caisses d'épargne.
Il a également mentionné la possibilité d'une affectation
des
" excédents futurs de la sécurité
sociale ".
Compte tenu de la situation financière des branches
vieillesse et maladie, il est clair que cette hypothèse visait
explicitement la branche famille... L'abondement par les excédents de la
branche famille paraît utopique. Outre que cela serait contraire au
principe de séparation des branches, il semble douteux que la branche
famille dégage durablement des excédents suffisamment importants
pour alimenter de manière substantielle le fonds de réserve.
Les sommes affectées cette année au fonds de réserve et
les éventuels compléments évoqués par le
Gouvernement représentent un montant dérisoire par rapport aux
besoins futurs et n'apparaissent décidément pas à la
hauteur des enjeux.
Les besoins sont en réalité énormes.
Le rapport sur " Les perspectives à long terme des
régimes de retraite " de 1995 évalue les besoins annuels de
financement futurs du seul régime général à 55,4
milliards de francs en 2010 et 107 milliards de francs en 2015. Les besoins de
financement annuels totaux de l'ensemble des régimes de retraite en 2015
sont supérieurs à 330 milliards de francs par an.
Pour que le fonds de réserve apporte, par les revenus financiers qu'il
dégage, une réponse crédible aux besoins futurs, il faut
par conséquent atteindre très rapidement un montant d'encours
colossal.
M. Olivier Davanne explique qu'il y a deux façons de faire
évoluer un système de " répartition pure " comme
le nôtre vers un système de répartition provisionnée.
La première consiste à introduire une surcotisation
.
La seconde revient à programmer une baisse à terme des taux de
remplacement offerts par les régimes fonctionnant en
" répartition pure " et introduire en contrepartie un nouvel
étage respectant les principes de la " répartition
provisionnée " dans les régimes de retraite
complémentaire.
Dans le premier cas, on introduit dans les régimes une surcotisation
dont le produit est mis en réserve. Cette surcotisation est d'abord
croissante, atteint un pic puis diminue. A un certain stade, elle devient
négative car les produits financiers générés par
les réserves contribuent positivement au financement des retraites.
Cette constitution de réserves est d'autant plus facile que le rendement
du capital est élevé relativement aux taux de croissance de la
masse salariale. Une partie des revenus financiers doit en effet être
réinvestie pour stabiliser le ratio réserves/masse salariale. Le
taux de rendement doit ainsi être supérieur au taux de croissance
de la masse salariale si l'on souhaite utiliser une partie des produits
financiers pour payer les pensions. M. Olivier Davanne fait l'hypothèse
que sur longue période l'écart entre le rendement du capital et
le taux de croissance de la masse salariale se situe entre 4 et 5 %
(2 % pour la masse salariale réelle, entre 6 et 7 % pour le
rendement de placements prioritairement tournés vers les actions).
Le tableau suivant, issu du rapport de M. Olivier Davanne, décrit les
différents scénarios de constitution de réserves selon
l'écart entre rendement du capital et croissance de la masse salariale.
Dans tous ces scénarios, on suppose que la surcotisation est
instituée en 1999, qu'elle augmente jusqu'en 2005, puis diminue pour
disparaître entre 2015 et 2020. A partir de 2040, les taux de cotisation
retraite sont réduits de 10 points par rapport au scénario au fil
de l'eau sans réserves.
Scénarios de constitution de réserves financières
Ecart entre le rendement du |
Réserves à partir de 2040 |
Hausse annuelle des taux de |
Taux de surcotisation (en %) |
|||
capital et la croissance de la masse salariale |
(en % de la masse salariale) |
surcotisation entre 1999 et 2005 (points) |
2005 |
2015 |
2025 |
2040 et au-delà |
4 % |
250 |
+ 1,3 |
9,1 |
3,6 |
- 1,8 |
- 10 |
5 % |
200 |
+ 1,0 |
6,9 |
2,0 |
- 2,8 |
- 10 |
6 % |
170 |
+ 0,8 |
5,4 |
1,0 |
- 3,4 |
- 10 |
Source : M. Olivier Davanne, Eléments d'analyse sur
le
système de retraite français, Conseil d'analyse
économique, juin 1998
La constitution de réserves permettrait ainsi, selon M. Olivier Davanne,
de lisser l'évolution des taux de cotisation au cours des prochaines
décennies. Les hausses de cotisation nécessaires sur la
période 2005-2015 seraient en fait mieux réparties sur la
période 1999-2015 et donc plus supportables par l'économie.
M. Olivier Davanne estime que de telles réserves devraient atteindre au
moins 170 % de la masse salariale en 2040. La masse salariale étant
évaluée à 2.800 milliards de francs en 1997, on a ainsi
une idée des sommes nécessaires...
L'échelle de
grandeur de l'encours financier que devrait attendre le fonds de réserve
est davantage celle du millier de milliards de francs que de la dizaine de
milliards de francs.
Ceci est confirmé par M. Jean-Hervé Lorenzi
13(
*
)
, dans une autre contribution du rapport
" Retraites et épargne " du Conseil d'analyse
économique, qui complète cette simulation par des
éléments chiffrés. Selon lui,
" l'objectif serait
donc d'avoir des réserves atteignant 100 % du PIB en 2040. "
En reprenant les hypothèses de M. Olivier Davanne, M.
Jean-Hervé Lorenzi prend l'exemple d'une surcotisation qui augmenterait
de 0,37 % du PIB par an jusqu'en 2005. En 2005, le produit de cette
surcotisation serait de 3,4 % du PIB. Avec 2 % de croissance
annuelle, le PIB en 2005 serait de 9.321 milliards de francs, ce qui donne
une surcotisation de 317 milliards de francs, soit une surcotisation augmentant
de près de 45 milliards par an entre 1999 et 2005. La surcotisation
serait ainsi de 45 milliards de francs en 1999, 90 milliards de francs en 2000,
135 milliards de francs en 2001...
A partir de 2005, la surcotisation serait diminuée de 0,21 % du PIB
par an, et disparaîtrait en 2021, grâce à la mise en
réserves des produits entre 2005 et 2021. Ce n'est qu'à partir de
2021 que les cotisations normales commenceraient à baisser, au rythme de
0,21 % du PIB par an.
M. Jean-Hervé Lorenzi signale que lors de la constitution de ces
réserves, les besoins supplémentaires de financement
immédiats des retraites -au minimum 330 milliards de francs en 2015- ne
seront pas couverts, et il faudra donc recourir à des ressources
supplémentaires pour combler le retard.
L'éventualité d'une telle surcotisation n'est pas exclue par
le Gouvernement.
Votre rapporteur se demande cependant si les actifs accepteront de bonne
grâce cette surcotisation qui constitue indéniablement une
augmentation des prélèvements obligatoires.
Cette question
est qualifiée par les économistes de
" problème de
la transition "
qui fait référence au fardeau que
doivent subir les générations actuelles de travailleurs
contraints de financer aussi bien leur propre compte de retraite que les
pensions des retraités actuels ou des travailleurs plus
âgés.
Votre rapporteur s'interroge également sur l'impact à court terme
d'un tel prélèvement sur la croissance
économique
3. Des modalités de gestion qui restent à définir
La
création de ce fonds de réserve soulève d'autres
interrogations qui n'ont pas encore reçu de réponse :
- quel sera l'horizon de placement -et par conséquent les supports
financiers- de ce fonds de réserve ?
- qui sera chargé de la gestion de ce fonds ? Selon quelles
modalités de contrôle ?
Mme Martine Aubry a indiqué devant la commission des Affaires
culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale que ce
fonds devrait être géré de manière collective selon
des modalités -gestion confiée aux partenaires sociaux , gestion
par la CNAV ou autre solution- qui seront définies après une
large concertation au vu des conclusions du rapport du Commissariat
général du Plan.
Comme le souligne M. Olivier Davanne,
il est indispensable de s'assurer que
les réserves soient maintenues au niveau nécessaire pour
solvabiliser le système de retraite et non pas utilisées au fil
des échéances politiques comme une manne à la disposition
des gouvernements.
Il est également nécessaire d'assurer une gestion professionnelle
de ces réserves. A l'instar des fonds de pension américains, il
paraît nécessaire de déléguer la gestion de ces
fonds à des professionnels de la gestion financière,
indépendants des organismes de retraite.
Il faudrait au
préalable déterminer les orientations stratégiques de
cette gestion : poids des actions, des obligations et de l'immobilier,
degré de diversification internationale. Une telle
délégation réduirait le risque de " socialisation de
l'économie que peut toujours faire peser un tel fonds de
réserve : il s'agit en particulier d'éviter que les pouvoirs
publics ne soient tentés d'utiliser ces réserves pour
contrôler certaines entreprises, ou les secourir financièrement.
Par définition, si ce fonds de réserve doit rechercher une
plus forte rentabilité,
il sera fortement investi en actions et
orienté en partie significative vers les PME, le capital-risque ou les
marchés seconds.
Il n'est pas certain dès lors que les
partenaires sociaux et les syndicats soient les mieux placés pour
superviser sa gestion.
En conclusion,
la décision de créer ce fonds de réserve
revêt une dimension essentiellement symbolique et politique
. Le
Gouvernement craignait manifestement de se faire accuser d'attentisme sur la
question des retraites ; il a souhaité prendre une initiative
à l'occasion du projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 1999. Ce contexte explique le
caractère quelque peu précipité de cette décision
dont les modalités et les finalités restent encore très
incertaines.
Votre rapporteur n'entend pas, pour autant, condamner le principe d'un tel
fonds de réserve. Il relève simplement que le projet du
Gouvernement est manifestement inachevé.
Les objectifs de ce fonds de réserve sont encore flous, les
modalités de financement apparaissent dérisoires par rapport aux
besoins futurs, les modalités de gestion restent à définir.
Dans ces conditions, votre rapporteur vous propose d'accepter le principe de la
création d'un fonds de réserve pour les retraites et de renvoyer
la définition de sa finalité, des modalités de son
financement, de son fonctionnement et de sa gestion à un projet de loi
ultérieur, dans lequel le Gouvernement présenterait au Parlement
un dispositif cohérent et crédible.
Par la création de ce fonds de réserve, le Gouvernement prend
le risque de susciter des espoirs vite déçus.
Il y aurait un
grand péril à ce que nos compatriotes croient que ce fonds
résoudra les difficultés futures des régimes de retraite.
A l'évidence, ce type de fonds de réserve ne peut constituer
à lui seul une solution réaliste aux déséquilibres
futurs de nos régimes de retraites.
C. LES RÉFORMES INDISPENSABLES SONT ENCORE REPOUSSÉES
Aux yeux de votre rapporteur, deux réformes semblent particulièrement prioritaires et devraient être entreprises dans les meilleurs délais : la réforme des régimes spéciaux de retraite et la création de fonds de pension.
1. La nécessaire réforme des régimes spéciaux de retraite
Dans le
secteur public où aucune réforme n'a encore été
réalisée, le paiement des pensions constituera à terme une
charge considérable pour le budget. Entre 1995 et 2015, en francs
constants, les pensions à la charge du budget de l'Etat seraient
multipliées par 2,1, celles à la charge de la CNRACL par 3,2.
Votre rapporteur a bien conscience que la question des régimes
spéciaux est un sujet délicat. L'annonce d'une possible
réforme de ces régimes dans le cadre du plan Juppé
présenté à l'automne 1995 a en effet été en
partie à l'origine des mouvements sociaux des mois de
novembre-décembre 1995 et l'ampleur des protestations a conduit au
retrait des projets annoncés et, plus largement, à un blocage des
processus de réforme dans ce secteur.
Or, les perspectives financières de ces régimes ne sont pas plus
favorables que celles du régime des salariés : exprimé en
points de cotisation, le besoin de financement du régime des
fonctionnaires civils s'élève à plus de 10 points d'ici
2005 et celui des agents des collectivités locales à plus de
16 points. Ces régimes n'ont amorcé aucune réforme
alors que leur rapport démographique va se dégrader rapidement
dès l'an 2000, spécialement pour les fonctionnaires de l'Etat et
des collectivités locales.
Votre rapporteur estime par conséquent qu'il est aujourd'hui
indispensable d'engager sans tarder une réflexion en profondeur sur la
nature, les conditions d'équilibre et l'avenir de ces régimes.
La première étape d'une réforme pourrait être
l'institution d'un régime de retraite des fonctionnaires de
l'Etat.
2. L'introduction d'un complément de retraite par capitalisation, sous la forme de fonds de pension.
Les mots
" capitalisation " et " fonds de pension " soulèvent
débats et polémiques. La capitalisation existe pourtant
déjà dans le secteur privé comme dans le secteur public.
Dans le secteur public, on citera notamment le régime PREFON
destiné aux fonctionnaires et regroupe 160.000 adhérents pour 15
milliards de francs gérés. S'agissant du secteur privé, il
suffit d'évoquer les 150 régimes supplémentaires
d'entreprises existant aujourd'hui ou le dispositif créé par la
loi Madelin auquel avaient déjà souscrit 150.000
non-salariés à la fin de l'année 1996.
Un fonds de pension regroupe des fonds externes aux entreprises -les
créances qu'il représente ne figure pas au bilan-,
créé et alimenté par des accords contractuels dans
l'entreprise, la branche ou le secteur d'activité, à
adhésion facultative ou obligatoire. Le fonds de pension est investi en
actions, obligations ou immobilier
14(
*
)
.
Un fonds de pension est donc un système d'épargne, avec comme
objectif unique de verser un complément de revenu après la
retraite. Il peut être alimenté aussi bien par l'adhérent
que par l'entreprise. les droits acquis sont gérés selon un
principe de capitalisation, c'est-à-dire accumulés jusqu'à
la date de retraite effective, dans un compte ouvert au nom de chaque
bénéficiaire.
Votre commission considère depuis longtemps que l'introduction d'un
complément de retraite par capitalisation, sous la forme de fonds de
pension, est une réforme indispensable.
Le Gouvernement semble aujourd'hui se rallier enfin à cette position.
Votre rapporteur ne peut que s'en féliciter.
L'actuelle majorité a été pendant très longtemps
hostile à l'idée même de fonds de pension. Le Gouvernement
avait ainsi annoncé depuis l'origine qu'il n'appliquerait pas la loi du
25 mars 1997 créant les plans d'épargne-retraite, dite " Loi
Thomas ". Dans sa déclaration de politique générale,
M. Lionel Jospin avait indiqué que
" les dispositions
récemment adoptées en faveur des fonds de pension qui peuvent
porter atteinte aux régimes par répartition seront remises en
cause. "
La loi du 25 mars 1997 est donc restée inappliquée, faute de
décrets d'application. Le Gouvernement ne s'était pas
résolu pour autant à l'abroger. Comme l'a souligné, non
sans un certain cynisme institutionnel, M. Dominique Strauss-Kahn,
" l'abrogation de cette loi serait même à la limite
inutile car les décrets d'application n'ont jamais été
pris par ce Gouvernement, en sorte qu'elle ne peut avoir d'application
concrète ".
De manière assez ironique, la conversion soudaine du Gouvernement -et de
sa majorité- à la capitalisation a été
annoncée à l'occasion de la discussion à
l'Assemblée nationale, lors de l'examen du projet de loi de financement
de la sécurité sociale pour 1999, d'un amendement
présenté par le groupe communiste abrogeant la loi du 25 mars
1997 créant les plans d'épargne-retraite.
Lors du débat sur cet amendement, le 28 octobre 1998
15(
*
)
, Mme Martine Aubry a déclaré que
le Gouvernement n'était pas opposé
" à la
constitution d'une épargne à long terme, complétant, et
non concurrençant, la retraite par répartition, contrairement
à ce que faisait le dispositif prévu par la loi Thomas. ".
La ministre a précisé qu'elle avait travaillé en
collaboration avec le ministre de l'économie et des finances, dans le
cadre de la mission confiée à MM. Didier Migaud et
Jérôme Cahuzac, sur l'architecture de ce troisième
étage qui constituait
" un complément de la retraite par
répartition ".
Elle a ensuite décrit les trois caractéristiques du
système que le Gouvernement entendait mettre en place dès
1999 :
-
" il sera conçu dans un cadre collectif et sera
accessible réellement à l'ensemble des salariés, notamment
grâce à des dispositifs de solidarité "
;
-
" les avantages qu'il offrira devront profiter à
l'ensemble des salariés et ne pas fragiliser les comptes de la
sécurité sociale, aussi bien en ce qui concerne l'assurance
maladie que les retraites "
;
-
" les partenaires sociaux devront être associés
à sa mise en oeuvre et à son contrôle ".
La ministre a également ajouté qu'il s'agissait de faire en sorte
" qu'une partie de l'épargne consolide l'effort productif,
l'effort d'investissement des entreprises et donc, à terme, le
développement des richesses ".
Elle a conclu en déclarant que le Gouvernement était d'accord
pour à la fois abroger la loi Thomas, consolider le régime par
répartition et élaborer un système
d'épargne-retraite respectant les principes énoncés plus
haut.
La ministre a cependant précisé que l'abrogation de la loi du 25
mars 1997 ne semblait pas avoir sa place dans la loi de financement de la
sécurité sociale et serait inscrite dans le projet de loi portant
diverses mesures d'ordre social (DMOS) examiné par le Parlement au
début de l'année 1999.
M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie des finances et de
l'industrie, est intervenu pour indiquer qu'il était
" nécessaire de mettre en place un instrument d'épargne
à long terme ". " Non seulement cela répondra aux
besoins des épargnants, mais des masses de capitaux considérables
pourront ainsi se constituer et assurer à notre pays la maîtrise
de son appareil productif. "
a-t-il ajouté.
Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a conclu son
intervention en indiquant que le Gouvernement présenterait très
rapidement, en 1999, un texte spécifique ou, à l'occasion d'un
autre texte, un certain nombre d'articles,
" définissant les
caractéristiques de ce produit d'épargne collectif,
destiné au plus grand nombre, contrôlé par les
salariés, engageant la solidarité, ne mettant pas en cause le
système de répartition tout en répondant à un
besoin d'épargne individuel et à un besoin d'accumulation du
capital sur le sol national ".
Votre rapporteur se plaît à saluer ce " chemin de
Damas ". Il attend avec beaucoup d'intérêt et une certaine
impatience ce projet de loi dont ne sait s'il sera présenté par
le ministre de l'emploi et de la solidarité ou par le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie.
3. Des réflexions de plus long terme
A
plus long terme, deux débats de fond devront en outre être
abordés : la définition d'un mode d'indexation des pensions
sur longue période et le nécessaire allongement de la
durée de la vie active.
•
L'indexation des pensions
sur les prix instaurée
dans la pratique depuis 1987 était une mesure indispensable qui a permis
de préserver la situation financière des régimes de
retraite. Il serait d'ailleurs nécessaire qu'elle soit prolongée
dans les prochaines années.
L'indexation des pensions sur les prix est un mécanisme qui ne peut
toutefois être considéré comme totalement satisfaisant sur
une longue période. En période de hausse de la
productivité, elle conduit à terme à une
dégradation importante de la situation relative des retraités les
plus âgés, écartés des bénéfices de la
croissance. En période d'inflation, elle favorise les retraités
aux dépens des actifs.
Votre rapporteur serait favorable à l'introduction d'un mécanisme
de revalorisation du type " salaires nets - x % ", à l'image
de ce qui existe dans les régimes ARRCO-AGIRC où les
revalorisations s'effectuent selon un taux égal à
l'évolution des salaires nets - 1 %.
Il reste naturellement à déterminer ce que serait la variable x.
Un tel mécanisme permettrait toutefois d'associer les retraités
aux " fruits de la croissance " sans pour autant dégrader trop
sensiblement les comptes des régimes de retraite.
•
Allonger la durée de la vie active
est en principe
une des façons les plus efficaces d'éviter que le vieillissement
de la population ne se traduise par des déficits considérables ou
une forte augmentation des cotisations sociales.
En déplaçant la limite qui sépare l'activité de
l'inactivité de 60 à 65 ans, on diminuerait en 2040 de
près d'un tiers le ratio de dépendance démographique
(inactifs/personnes d'âge actif).
Ceci supposerait de continuer à accroître la durée de
cotisation nécessaire pour bénéficier d'une retraite
à taux plein. Celle-ci sera déjà portée de 37,5
années en 1993 à 40 années en 2003 dans le régime
général. Il conviendra probablement d'aller au-delà pour
l'ensemble des régimes de retraite.
A plus long terme, on peut également envisager un recul de l'âge
légal de départ à la retraite, c'est-à-dire
à partir duquel il devient possible de toucher une pension, aujourd'hui
fixé à 60 ans.
Le principal obstacle à l'allongement de la durée de la vie
active réside cependant dans le fonctionnement du marché du
travail qui exclut de manière de plus en plus prématurée
les personnes les plus âgées. La France a en effet pour
caractéristique de présenter à la fois le plus faible taux
d'activité avant 25 ans et après 55 ans et la plus forte
réduction de l'activité aux âges élevés.
Comme le fait observer M. Olivier Davanne,
" il y aurait une certaine
hypocrisie à vouloir baisser significativement les taux de remplacement
offerts par les régimes de retraite à 60 ans sans
réfléchir aux moyens de garantir un accès à
l'emploi après cet âge. "
L'allongement de la durée d'activité suppose un changement des
mentalités et la création d'un marché du travail pour les
salariés âgés, avec l'encouragement du travail à
temps partiel ou à temps choisi.
*
* *
Sous réserve de ces observations et des amendements qu'elle propose dans le tome IV du présent rapport, votre commission vous demande d'adopter le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 pour ses dispositions relatives à l'assurance vieillesse.
1 L'objectif de dépenses figurant dans le projet de loi initial était de 781,1 milliards de francs. Il a été majoré de 300 millions de francs après l'adoption de la réforme de l'assurance veuvage et l'annonce, par le Gouvernement, d'une revalorisation de 2 % du minimum vieillesse et des minima de pension de réversion.
2
Rapport de la Cour des comptes sur la
sécurité sociale, septembre 1998, p. 636.
3
Voir sur ce point le rapport de M. Charles Descours (tome I du
présent rapport).
4 Les cotisations fictives mesurent la contribution des employeurs au financement des régimes d'assurance sociale qu'ils organisent eux-mêmes pour leurs propres salariés ou ayants droit. Selon les règles de la comptabilité nationale, les cotisations fictives équivalant aux cotisations que paierait l'employeur s'il existait un régime d'assurance sociale distinct. Elles sont évaluées par le montant des prestations directes versées, net de la retenue éventuellement demandée aux salariés et, le cas échéant, des transferts reçus de l'Etat et des versements au titre de la compensation.
5 Voir sur ce point l'analyse de M. Charles Descours (Tome I du présent rapport).
6
Les activités de ces associations doivent
concerner exclusivement les services rendus aux particuliers à leur
domicile : tâches ménagères ou familiales associées
à la garde d'enfants ou à l'assistance de personnes
âgées, handicapées ou ayant besoin d'une aide personnelle
à domicile.
7
Synthèse des constats et propositions de la mission sur les
services d'aide aux personnes, Inspection générale des
finances - Inspection générale des affaires sociales,
septembre 1998, p. 28.
8 Ce titre a été choisi en référence à l'oeuvre de Samuel Beckett " En attendant Godot " (1953).
9
Cette réforme reposait sur la loi du 22
juillet
1993 relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la
protection sociale et deux décrets du 27 août 1993 l'un relatif au
calcul des pensions de retraite modifiant le code de la sécurité
sociale et l'autre fixant les modalités de revalorisation des avantages
d'invalidité et de vieillesse et modifiant le code de la
sécurité sociale.
10
P. 629 et suivantes.
11
Tome I du présent rapport.
12
Eléments d'analyse sur le système de retraite
français, juin 1998.
13 Consolider la retraite en respectant un nouvel équilibre : rendement-efficacité économique-mutualisation des risques, équité sociale.
14
M. Jean-Hervé Lorenzi, Op. cit.
15
J.O. Débats Assemblée nationale,
2
ème
séance, 28 octobre 1998, pp. 7527 et
suivantes.