2. Les enjeux de la PAC à l'aube de l'an 2000
Certains Etats membres souhaitent actuellement
un
rééquilibrage des différences de contribution nette des
quinze pays au budget communautaire
, fragilisant ainsi le principe
fondateur de solidarité financière entre les Etats membres de
l'Union européenne.
En outre, le citoyen Européen formule, quant à lui,
des
exigences fortes
: qualité et
sécurité des produits, aménagement du territoire,
protection de l'environnement. En la matière, l'imposition de normes
plus contraignantes ou de nouvelles fonctions pour l'agriculture doit
éviter de créer de nouvelles distorsions de concurrence par
rapport aux partenaires commerciaux de l'Europe. Les différents
débats au sein du CODEX alimentaire sont, à cet égard,
très révélateurs.
Ainsi, lors de la session à Paris de septembre 1998, le problème
de la somatotropine bovine a été abordé longuement. Cette
substance qui permet d'augmenter la production laitière des vaches est
interdite en Europe jusqu'au 31 décembre 1999.
Par ailleurs, l'élargissement de la Communauté aux
pays de l'Est Européen
pose à la PAC un défi sans
précédent
: l'agriculture des dix pays candidats emploie
en moyenne le
quart de leur population
active
(contre environ
6 % pour l'Europe des Quinze), soit plus d'agriculteurs que l'Union
européenne actuelle, pour
une production égale au
dixième seulement
de la production des Quinze. Même si la
perspective de l'élargissement pose, à terme, la question de la
réforme des politiques européennes (et notamment de la politique
structurelle), elle n'est toutefois pas un motif immédiat de
réforme de la PAC, compte tenu du calendrier des négociations.
De plus, les négociations agricoles multilatérales
à venir constituent une contrainte
dont la réflexion sur
l'avenir de la PAC ne peut s'affranchir, même si la question du choix
tactique du calendrier des deux négociations (communautaire, puis
multilatérale) reste posée. Le précédent des
négociations du cycle de l'Uruguay, qu'évoque le présent
rapport, est à cet égard instructif. Les auspices des futures
négociations de l'organisation mondiale du commerce (OMC), et notamment
la réforme de la politique agricole américaine, en 1996, ainsi
que la stratégie agricole mondiale de ce pays laissent présager
des
positions offensives de la part des partenaires commerciaux de
l'Europe
.
Enfin, les perspectives mondiales des marchés agricoles
à moyen terme,
dégagées par certaines
organisations internationales,
sont favorables
. L'augmentation
importante de la population mondiale d'ici à 2050 devrait s'accompagner
d'une augmentation plus que proportionnelle de la demande alimentaire -sous
réserve des évolutions technologiques- de l'accroissement des
niveaux de vie et de la diversification des régimes alimentaires dans
les zones émergentes.
La production, les échanges et les prix
des produits agricoles seraient ainsi globalement tirés vers le haut
.
Cette appréciation doit néanmoins être relativisée
eu égard, d'une part à la crise asiatique et à ses
conséquences sur les économies émergentes
d'Amérique latine, d'autre part à la crise russe.