B. L'ACTION AU SEIN DES ORGANISATIONS INTERNATIONALES
La réforme de la coopération a notamment pour conséquence de davantage inscrire l'action de la France dans celle des institutions internationales.
1. Les institutions de Bretton-Woods
Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale interviennent l'une à côté de l'autre, la première afin de couvrir les déséquilibres des balance des paiements, la seconde pour favoriser la croissance économique.
a) Le Fonds monétaire international
Les facilités du FMI
Tranche
de réserve :
un Etat membre dispose d'une tranche de
réserve si les avoirs du Fonds dans sa monnaie nationale sont
inférieurs à la quote-part de l'Etat (cette règle limite
en pratique son montant à 25 % de la quote-part). La tranche de
réserve peut être assimilée à un dépôt
de réserves de change auprès du FMI, qui reste
immédiatement disponible pour l'Etat membre concerné. Un tirage
dans la tranche de réserve ne constitue donc pas un crédit de la
part du FMI et peut être effectué à tout moment, sans
condition.
Accord de confirmation :
le but de cette facilité est de
fournir aux pays membres une aide à la balance des paiements à
court terme (versements sur 12 à 18 mois) pour leur permettre de
financer des déficits de nature temporaire ou conjoncturelle. Le montant
maximum est égal à la quote-part.
Accord élargi de crédit :
ce mécanisme vise
à aider les membres à surmonter des difficultés de balance
des paiements dues principalement à des facteurs structurels et qui
nécessitent par conséquent une période d'ajustement plus
longue. Les versements sont effectués sur une durée de trois ans,
et leur montant total est limité à trois fois la quote-part.
Facilité de financement compensatoire et de financement pour
imprévus :
le volet financement compensatoire permet d'aider
les pays faisant état d'un besoin de balance des paiements imputable
à une baisse temporaire de leurs recettes d'exportation, ou à une
hausse excessive temporaire du coût de leurs recettes d'exportation, dues
à des facteurs indépendants de leur volonté. Le volet
financement pour imprévus a pour objet d'aider les membres qui sont
parties à des accords avec le FMI à maintenir leurs programmes
dans la voie tracée lorsque surviennent des perturbations
extérieures imprévues. L'utilisation de cette facilité est
essentiellement liée à l'évolution du prix des
matières premières.
Mécanisme de financement de stocks régulateurs :
le
FMI peut aider les membres pouvant faire état d'un besoin de balance des
paiements à s'acquitter de leurs contributions à la constitution
de stocks régulateurs internationaux.
Facilité d'ajustement structurel renforcée
(FASR) :
créée en 1987 et prorogée et élargie en 1994, la
FASR est destinée aux pays membres à faible revenu qui sont aux
prises avec des difficultés persistantes de balance des paiements. Le
pays sous programme avec le FMI au titre de la FASR bénéficie
d'un prêt versé en trois ans à un taux
d'intérêt concessionnel de 0,5 %, remboursable en dix ans
après une période de grâce de 5 ans et demi, à
condition de mettre en oeuvre un programme d'ajustement macro-économique
qui conduit à améliorer sensiblement sa situation de balance des
paiements et favoriser la croissance à moyen terme de son
économie. Le montant total est limité à trois fois la
quote-part.
Facilité supplémentaire de réserve
(FSR) :
créé en décembre 1997, ce mécanisme est
destiné aux pays membres qui éprouvent des difficultés de
balance des paiements exceptionnelles en raison de forts besoins de financement
à court terme résultant d'une perte soudaine et
déstabilisatrice de la confiance du marché, dont se ressentent le
solde de leurs opérations en capital et leurs réserves. Les
concours de la FSR sont engagés pour une durée maximale d'un an.
Les prêts FSR sont à rembourser dans les douze à dix-huit
mois suivant la date de leur versement, mais le Conseil peut prolonger ce
délai de douze mois au maximum. Pour les douze premiers mois suivant la
date d'approbation, le taux d'intérêt est fixé à
300 points de base au-dessus du taux des facilités classiques. Ce
taux est majoré de 50 points de base au bout de cette période et
tous les six mois suivants, à concurrence de 500 points de base.
Ligne de crédit conditionnel
(LCC) : cette facilité
a été créée en 1999 pour prévenir les
crises. Elle est destinée d'une part à inciter les pays membres
qui pourraient faire l'objet d'une déstabilisation financière
liée à un phénomène de contagion à effectuer
les ajustements nécessaires avant que la crise ne puisse se
déclencher, et d'autre part à marquer le soutien de la
communauté internationale et limiter ainsi le risque d'un mouvement de
défiance des marchés financiers. Cette facilité est
très différente des précédentes dans le sens
où elle peut être accordée, en tant que ligne de
crédit, avant toute difficulté de balance des paiements. Elle est
en contrepartie conditionnée notamment par le respect des normes
internationales en matière de transparence et en matière
financière (ratio de solvabilité des banques par exemple). Le
montant de la LCC n'est pas limitée, mais les engagements doivent a
priori se situer dans une fourchette de 300 à 500 % de la
quote-part. La ligne de crédit est mise en place pour un an. Le
délai de remboursement est de 12 à 18 mois à compter
de la date de chaque décaissement et peut être prolongé de
12 mois au maximum. Les caractéristiques financières des
éventuels tirages sont identiques à ceux de la FSR.
Source : Les programmes économiques et financiers soutenus par
le FMI
La Facilité d'ajustement structurel renforcée (FASR) a
été créée en 1988 afin d'ajouter des ressources aux
Facilités d'ajustement structurel (FAS) mises en place pour accorder des
prêts concessionnels pour les pays ayant des problèmes persistants
de financement de la balance des paiements. Les ressources de la FASR viennent
de contributions bilatérales aux comptes de prêts et de
bonifications du FMI.
La France est le premier contributeur à la FASR en ce qui concerne les
bonifications d'intérêt, à égalité avec le
Japon (250 millions de DTS), et le second contributeur au compte de prêts
(750 millions de DTS) derrière le Japon. La France apportera en 1999 une
participation additionnelle de 350 millions de DTS sous forme de
prêts non concessionnels, en complément à d'autres
contributions bilatérales, pour financer la FASR actuelle jusqu'en
2000-2001. Ce nouveau besoin est justifié par
l'accélération des prévisions d'engagements au profit des
pays éligibles à la FASR, notamment en relation avec la mise en
oeuvre de l'initiative sur la dette PPTE (voir
infra
). A partir de 2001,
le bon fonctionnement de la FASR et l'absence de défaut de paiement des
pays qui en ont bénéficié devraient lui permettre de
s'autofinancer.
Pays de la ZSP : accords avec le FMI au 31 mai 1999
(en millions de DTS)
Pays membres |
Montant approuvé |
Solde non tiré |
Accord de confirmation |
2,50 |
2,50 |
Cap Vert |
2,50 |
2,50 |
Facilité d'ajustement structurel renforcée |
1.706,08 |
815,64 |
Bénin |
27,18 |
14,50 |
Burkina Faso |
39,78 |
- |
Cameroun |
162,12 |
54,04 |
République Centrafricaine |
49,44 |
41,20 |
République du Congo |
69,48 |
55,58 |
Côte d'Ivoire |
285,84 |
161,98 |
Ethiopie |
88,47 |
58,98 |
Gambie |
20,61 |
17,18 |
Ghana |
155,00 |
132,84 |
Guinée |
70,80 |
23,60 |
Madagascar |
81,36 |
54,24 |
Mali |
62,01 |
- |
Mozambique |
75,60 |
- |
Niger |
57,96 |
9,66 |
Rwanda |
71,40 |
47,60 |
Sénégal |
107,01 |
71,34 |
Tanzanie |
181,59 |
29,38 |
Ouganda |
100,43 |
43,52 |
Total |
1.708,58 |
818,14 |
(1
DTS = 1,36 $)
19 pays de la ZSP bénéficient donc des instruments du FMI :
la FASR pour 18 d'entre eux (sur un ensemble de 35 pays sous FASR), l'accord de
confirmation pour le Cap Vert. L'ensemble représentait un volume
d'engagements de 1,7 milliard de droits de tirage spéciaux (DTS).
L'aide budgétaire française s'inscrit dans le cadre
macro-économique soutenu par la communauté financière
internationale. Les concours à l'ajustement structurel octroyés
par la France depuis 1997 et 1998 diminuent en raison du redressement
économique des pays concernés et de la réussite des plans
d'ajustement structurels. Ces financements prennent la forme de subventions
pour les pays les moins avancés et de prêts bonifiés pour
les pays à revenus intermédiaires. Ils sont consentis aux nom et
risques de l'Etat. Les subventions sont inscrites au budget des affaires
étrangères tandis que les prêts sont financés par
l'AFD sous la forme d'emprunts sur les marchés financiers, avec
bonification du ministère des affaires étrangères (taux de
sortie maximum de 5%).
Répartition par pays des concours de l'AFD au titre de
l'ajustement structurel
(prêts et subventions)
(en millions de francs)
|
1997 |
1998 |
1999 |
Type |
Cameroun |
600 |
250 |
500 |
Prêt |
Centrafrique |
- |
20 |
40 |
Subvention |
Côte d'Ivoire |
- |
300 |
- |
Prêt |
Djibouti |
30 |
25 |
25 |
Subvention |
Guinée Bissau |
- |
- |
20 |
Subvention |
Guinée Conakry |
30 |
- |
- |
Subvention |
Madagascar |
80 |
- |
80 |
Subvention |
Mozambique |
- |
- |
30 |
Subvention |
Niger |
90 |
115 |
100 |
Subvention |
Tchad |
20 |
40 |
40 |
Subvention |
Togo |
20 |
- |
10 |
Subvention |
Total |
850 |
725 |
845 |
|
*
Prévisions
Source : Ministère de l'économie et des finances
b) La Banque mondiale
La Banque mondiale (banque internationale pour la reconstruction et le développement) intervient quant à elle en matière de financement des pays en développement. Elle dispose à cet effet de quatre institutions qui la complètent : la société financière internationale (SFI) pour les investissements privés, l'Association internationale pour le développement (AID), le Centre international de règlement des différends relatifs aux investissements et l'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA). Le collectif budgétaire de 1999 a prévu l'octroi de 742 millions de francs de crédits de paiement (et 90 millions de francs d'autorisations de programme) en faveur de l'AID.
Les
objectifs de la Banque mondiale
Article 1
er
des statuts
" La Banque a pour objectif :
1) D'aider à la reconstruction et au développement des
territoires des Etats-membres, en facilitant l'investissement de capitaux
consacrés à des fins productives -y compris la restauration des
économies détruites ou disloquées par la guerre, la
réadaptation des moyens de production aux besoins du temps de paix et
l'encouragement au développement des ressources et moyens de production
des pays les moins avancés.
2) De promouvoir les investissements privés à l'étranger
au moyen de garanties ou de participations aux prêts et autres
investissements effectués par les fournisseurs privés de
capitaux : et, à défaut de capitaux privés
disponibles à des conditions raisonnables, de compléter
l'investissement privé sous des modalités appropriées et
en fournissant à des fins productives des moyens financiers tirés
de son propre capital, des fonds qu'elle s'est procurés et de ses autres
ressources.
3) De promouvoir l'harmonieuse expansion, sur une longue période, des
échanges internationaux et l'équilibre des balances des
paiements, en encourageant les investissement internationaux consacrés
au développement des ressources productives des Etats-membres,
contribuant par là à relever, sur leurs territoires, la
productivité, le niveau d'existence et la situation des travailleurs.
4) De combiner les prêts accordés ou garantis par elle avec les
prêts internationaux d'autre provenance, en donnant la priorité
aux projets les plus utiles et les plus urgents, quelle qu'en soit l'envergure.
5) De conduire ses opérations en tenant dûment compte des
répercussions économiques des investissements internationaux dans
les territoires des Etats-membres et de faciliter, pendant les premières
années de l'après-guerre, une transition sans heurts de
l'économie de guerre à l'économie de paix.
Dans toutes ses décisions, la Banque s'inspirera des objectifs
énoncés ci-dessus. "
Source : Rapport présenté au Parlement sur les
activités du FMI et de la Banque mondiale en application de l'article 44
de la loi de finances rectificative pour 1998.
2. Les banques régionales de développement
La
France est le quatrième actionnaire des banques régionales de
développement et le bailleur bilatéral de référence
pour les pays de la ZSP. Elle constitue donc un partenaire très
important des banques multilatérales de développement et,
singulièrement, de la Banque africaine de développement.
La coordination de l'action de la France avec celle de ces institutions
s'effectue d'abord en permanence par la présence au siège de
l'administrateur représentant la France. Puis, elle passe par la
réunion, le plus souvent à Paris, des groupes consultatifs
réunissant l'ensemble des bailleurs de fonds et le Gouvernement du pays
de la ZSP concerné. Enfin, dans chaque pays, cette coordination passe
par les contacts entre nos services, les agents de l'AFD et ceux des banques de
développement.
3. La particularité de la zone franc
L'accord
de coopération monétaire entre la France et les pays de la zone
franc institue pour chacune des trois banques centrales (Banque des Etats de
l'Afrique centrale, Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest et Banque
centrale des Comores) un compte courant ouvert à l'agence comptable
centrale du Trésor. Les soldes positifs de ces comptes
d'opérations, où les banques sont tenues de déposer
l'essentiel (au moins 65 %) de leurs avoirs extérieurs, sont
rémunérés trimestriellement par l'Etat français
à un taux de référence calculé sur la base des taux
d'intervention de la Banque de France. Suite à la dévaluation du
franc CFA et aux mesures d'allégement de la dette, les balances des
paiements des Etats de la zone franc se sont améliorées ce qui a
eu pour conséquence de redresser le niveau de leurs
disponibilités et de celui de leur compte d'opérations. Cela a
représenté une dépense nette de 985 millions de
francs en 1998.
Depuis le 1
er
janvier 1999, l'euro a remplacé, de fait, le
franc comme ancre monétaire du franc CFA et du franc comorien sans
affecter les mécanismes de coopération de la zone franc. Il n'y a
eu qu'un simple aménagement technique, à savoir la fixation d'une
parité fixe entre l'euro et le francs CFA d'un euro pour 655,957 francs
CFA. Le Conseil de l'Union a décidé le 23 novembre 1998 que
la France
" pouvait maintenir des accords sur des questions de change
qui la lient actuellement à l'UEMOA, à la CEMAC et aux
Comores "
. Une décision du Conseil serait cependant
nécessaire pour admettre un nouvel Etat dans la zone franc ou pour
modifier la nature intrinsèque de l'accord (par exemple en cas de remise
en cause du principe de convertibilité des francs CFA et comorien).
Cet ancrage à l'euro devrait avoir des conséquences positives
pour les pays de la zone franc. Ils se trouvent en effet désormais
adossés à la zone euro. De plus, ils ont un accès plus
facile au marché européen des capitaux par le libre transfert des
capitaux entre les pays de la zone et les membres de l'euro. Le marché
de l'euro sera plus profond et plus liquide et cette monnaie devrait s'imposer
comme instrument de réserve internationale. Les pays de la zone franc
bénéficieront enfin d'une pression à la baisse de leurs
taux d'intérêt.