EXAMEN EN COMMISSION

Au cours d'une séance tenue le mercredi 20 octobre 1999 , sous la présidence de M. Bernard Angels, vice-président, la commission a procédé à l'examen des crédits de l'aménagement du territoire pour 2000, sur le rapport de M. Roger Besse, rapporteur spécial.

M. Roger Besse, rapporteur spécial , a tout d'abord rappelé que les crédits du ministère de l'aménagement du territoire ne constituaient que 3,5 % de l'effort total de l'Etat en faveur de l'aménagement du territoire dans le projet de loi de finances pour 2000. Cet effort s'établit à 55,2 milliards de francs.

Il a indiqué que le budget du ministère de l'aménagement du territoire augmentait de 7 % dans le projet de loi de finances pour 2000, atteignant 1,9 milliard de francs, répartis entre les crédits de fonctionnement de la Délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR), la dotation de la prime d'aménagement du territoire (PAT) et le Fonds national pour l'aménagement et le développement du territoire (FNADT).

Le rapporteur spécial a observé que l'augmentation des crédits du ministère était due à celle de la dotation de la prime d'aménagement du territoire, dont les crédits progressent de 105 millions de francs et s'élèvent, en 2000, à 420 millions de francs. Il a signalé que les crédits de fonctionnement de la DATAR, qui ne constituent que 1 % du total des crédits du ministère, progressaient de 10 % en 2000, en raison de la mise en place de nouvelles cellules de prospective.

S'agissant du FNADT, dont la dotation pour 2000 est de 1.391 millions de francs, le rapporteur spécial a indiqué que la stabilité du montant contrastait avec les évolutions de la répartition interne, caractérisée par un transfert des dépenses d'investissement vers des dépenses d'intervention. Il a expliqué ce mouvement par la volonté de la DATAR d'orienter sa politique contractuelle vers le soutien logistique à la définition de "conventions d'objectifs", qui sont appelées à préfigurer le contenu des nouveaux contrats de pays et contrats d'agglomération créés par la loi d'orientation pour le développement et l'aménagement durable du territoire du 29 juin 1999.

A l'issue de cette présentation générale des crédits, M. Roger Besse, rapporteur spécial, a formulé quelques observations.

Il a tout d'abord constaté que la position du Gouvernement sur le zonage oscillait entre un refus idéologique et une attitude pragmatique. Il a rappelé que le Gouvernement avait commandé plusieurs rapports sur ce sujet et que, même si aucun d'entre eux n'était parvenu à démontrer l'inefficacité des zonages, la ministre de l'aménagement du territoire avait affirmé à plusieurs reprises sa volonté de les réformer, afin notamment de les harmoniser avec les découpages européens.

M. Roger Besse, rapporteur spécial, a indiqué que, conformément à cette doctrine, la ministre, lors de la discussion au Sénat du projet de loi d'orientation pour l'aménagement durable du territoire, s'était opposée à un amendement de la commission spéciale, proposant de proroger jusqu'en 2006 les exonérations de charges fiscales et sociales pour les entreprises créées dans les zones de revitalisation rurale (ZRR).

Il a pourtant observé que l'article 58 du présent projet de loi de finances avait le même objet que l'amendement sénatorial rejeté par la ministre au mois d'avril et s'est félicité du ralliement, même tardif, du Gouvernement à une mesure en faveur de l'aménagement du territoire décidée par la précédente majorité.

Il a signalé qu'il conviendrait, en 2000, d'être attentif aux conséquences du recensement général de 1999 sur le périmètre des ZRR, défini en fonction des critères de population, et de veiller à la mise en place de mesures d'accompagnement en faveur des territoires qui perdront l'éligibilité.

Après avoir déploré la situation actuelle des fonds créés par la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995, en particulier le fonds d'investissements pour les transports terrestres et les voies navigables (FITTVN), le fonds de gestion de l'espace rural (FGER) et le fonds national de développement des entreprises (FNDE), M. Roger Besse a insisté sur les inquiétudes suscitées par la réforme de la prime d'aménagement du territoire.

Il s'est réjoui de l'abaissement des critères d'éligibilité à la PAT, qui les rend plus adaptés à la réalité des investissements en milieu rural, mais a déploré l'insuffisance de cet assouplissement. Il a vivement regretté que la révision de la carte de la PAT ait été réalisée sans consultation des élus locaux et au détriment des zones rurales les plus en difficulté.

Le rapporteur spécial a ensuite fait le point sur les négociations de la nouvelle génération de contrats de plan-Etat-régions. Il a rappelé qu'une première enveloppe de 95 milliards de francs, correspondant aux priorités fixées par l'Etat, avait été répartie lors du comité interministériel d'aménagement du territoire du 23 juillet 1999. Il s'est déclaré préoccupé par le fait que le ministère de l'équipement soit le seul dont la dotation baisse. Il a particulièrement déploré la réduction de 24 % de l'effort consacré aux routes.

Il a expliqué que le montant de la deuxième enveloppe correspondant aux priorités déterminées par les régions serait connu, et réparti, dans le courant du mois de novembre. Il a estimé que ce montant, initialement fixé à 10 milliards de francs, pourrait atteindre 25 milliards de francs.

Enfin, M. Roger Besse, rapporteur spécial, a considéré que le soutien à la création d'entreprises en zone sensible constituait une dimension essentielle de la politique d'aménagement du territoire.

A ce titre, il a indiqué qu'il suivait de près, depuis bientôt deux ans, le développement de structures d'aide à la création d'entreprises, les plates-formes d'initiative locale. Il a expliqué que ces associations rassemblaient des acteurs privés et publics et distribuaient des prêts d'honneur à des créateurs d'entreprises. Elles assurent également le suivi des créateurs et mettent en place des systèmes de parrainage. Il s'est félicité de leur efficacité et a indiqué que le "taux de mortalité" des entreprises aidées par les plates-formes était très inférieur au taux national. Il a insisté sur l'utilité, dans l'optique de l'aménagement du territoire, de structures qui permettent de créer des emplois marchands dans des zones en déclin économique.

Le rapporteur spécial a expliqué que l'action des plates-formes se heurtait parfois à des obstacles d'ordre législatif et réglementaire. Ainsi, il a déclaré que certaines plates-formes renonçaient à demander l'agrément fiscal du ministère du budget, car celui-ci n'est accordé qu'aux associations qui aident à la création d'entreprises, mais pas à celles qui soutiennent la reprise d'entreprises.

Il a indiqué que, compte tenu de l'importance du soutien à la reprise d'entreprises en milieu rural, il avait présenté un amendement à la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire, tendant à ouvrir le bénéfice de l'agrément fiscal aux associations qui pratiquent l'aide à la reprise. Il a regretté que ce dispositif n'ait pas été retenu par l'Assemblée nationale et a annoncé son intention de déposer à nouveau cet amendement lors du débat budgétaire pour 2000.

M. Philippe Marini, rapporteur général , s'est indigné de la baisse des crédits consacrés aux routes dans les nouveaux contrats de plan. Il a par ailleurs regretté la mise en sommeil des structures rassemblant les collectivités locales du grand bassin parisien.

Le rapporteur général a alors évoqué le rapport sur le dispositif public de promotion des investissements étrangers en France réalisé, pour l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques, par M. Serge Vinçon. Il a rappelé que ce rapport reprenait l'idée de la création d'une agence pour la promotion des investissements étrangers en France, regroupant les bureaux de la DATAR à l'étranger et les moyens de la délégation aux investissements internationaux du ministère de l'économie et des finances, et a demandé au rapporteur spécial quel était l'état d'avancement de ce projet.

M. Roger Besse, rapporteur spécial , a indiqué qu'un projet d'agence était actuellement soumis à l'arbitrage du Premier ministre, mais que son contenu n'avait pas encore été rendu public. Il a observé que les modalités selon lesquelles les collectivités locales et les acteurs privés pourraient être associés à l'agence n'avaient pas encore été arrêtées.

Il a partagé l'inquiétude du rapporteur général s'agissant de l'évolution des crédits consacrés aux routes dans les contrats de plan et a signalé que cette question avait suscité l'indignation des présidents de conseils généraux réunis en congrès la semaine précédente.

M. Jacques Chaumont a demandé selon quelles modalités la DATAR fournirait un soutien logistique à l'élaboration des contrats de pays.

M. Roger Besse, rapporteur spécial, a indiqué que par le biais de la section locale du FNADT, les collectivités qui souhaitent élaborer un projet commun de développement pourraient bénéficier de subventions leur permettant de financer l'embauche de techniciens d'un niveau élevé.

A l'issue de ce débat, la commission a décidé de réserver sa position sur les crédits de l'aménagement du territoire jusqu'à l'audition de la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.

*

Au cours d'une séance tenue le mercredi 27 octobre 1999 , sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a procédé à l'audition de Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. A l'issue de cette audition, la commission s'est prononcée sur les crédits de l'aménagement du territoire.

M. Roger Besse, rapporteur spécial , a déclaré que les explications apportées par la ministre au cours de son audition avaient tempéré le jugement négatif qu'il portait sur son budget. Il a néanmoins réaffirmé son désaccord avec les méthodes et les résultats des procédures de réforme des zonages PAT. De manière générale, il a considéré que les orientations de la politique du Gouvernement en matière d'aménagement du territoire, notamment dans le domaine des infrastructures, étaient en contradiction avec les positions constantes du Sénat. En conséquence, il a préconisé le rejet des crédits de l'aménagement du territoire inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.

La commission a alors décidé de proposer au Sénat de rejeter les crédits de l'aménagement du territoire


Réunie le 27 octobre 1999, sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a décidé de proposer au Sénat le rejet des crédits de l'aménagement du territoire inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000.

Elle a confirmé cette position au cours de sa réunion du 25 novembre, après avoir pris acte des modifications apportées par l'Assemblée nationale.

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